[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (mercredi 16 juin)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 16 Juin 08:00:15 CEST 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- La revue « Reliefs » donne champ libre à la prairie <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/04/la-revue-reliefs-donne-champ-libre-a-la-prairie_6082794_3232.html>, Le Monde, 04/06/21, 08h00
2- La "punaise américaine", petite bête qui ronge les pinèdes du Liban <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/la-punaise-americaine-petite-bete-qui-ronge-les-pinedes-du-liban_154771>, AFP, 04/06/21, 10:00
3- Au Yémen, l'archipel de Socotra et sa biodiversité unique en danger <https://www.geo.fr/environnement/au-yemen-lexceptionnel-biodiversite-de-larchipel-de-socotra-en-danger-205028>, AFP, 07/06/21, 15:00
4- En Alsace, les cigognes plus nombreuses que jamais <https://www.geo.fr/environnement/en-alsace-les-cigognes-plus-nombreuses-que-jamais-205038>, AFP, 07/06/21, 17:00
5- Méditerranée : des chercheurs pointent l'"effondrement" de la biodiversité en 30 ans <https://www.geo.fr/environnement/mediterranee-des-chercheurs-pointent-leffondrement-de-la-biodiversite-en-30-ans-205044>, AFP, 07/06/21, 18:00
6- Plongées vers les coraux des profondeurs <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/06/07/plongees-vers-les-coraux-des-profondeurs_6083247_1650684.html>, Le Monde, 07/06/21, 18h30 
7- Entretien. « Pour mieux sonder les océans, il nous faudrait des véhicules autonomes, des bouées, des balises… » <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/06/07/pour-mieux-sonder-les-oceans-il-nous-faudrait-des-vehicules-autonomes-des-bouees-des-balises_6083249_1650684.html>, Le Monde, 07/06/21, 19h00
8- Chine : grande muraille de camions contre un troupeau d'éléphants <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/chine-grande-muraille-de-camions-contre-un-troupeau-d-elephants_154847>, AFP, 08/06/21, 09:00
9- Un baby boom d'antilopes saïgas nourrit l'espoir dans les steppes kazakhes <https://www.la-croix.com/baby-boom-antilopes-saigas-nourrit-espoir-steppes-kazakhes-2021-06-08-1301159993>, AFP, 08/06/21, 17:00
10- Inde : test de dépistage du Covid de 28 éléphants, après la mort d'une lionne imputée au virus <https://information.tv5monde.com/info/inde-test-de-depistage-du-covid-de-28-elephants-apres-la-mort-d-une-lionne-imputee-au-virus>, AFP, 09/06/21, 17:00
11- Aux Etats-Unis, bataille pour des noms d’oiseaux plus inclusifs <https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2021/06/10/aux-etats-unis-bataille-pour-des-noms-d-oiseaux-plus-inclusifs_6083604_4832693.html>, Blog Big Browser, 10/06/21, 12h41 
12- Crise climatique et de la biodiversité : 50 spécialistes mondiaux appellent à une lutte commune <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/06/10/crise-climatique-et-de-la-biodiversite-50-specialistes-mondiaux-appellent-a-une-lutte-commune_6083616_1652612.html>, Le Monde, 10/06/21, 15h39 
13- Création d'une réserve naturelle sur l'archipel des Glorieuses dans l'océan indien <https://information.tv5monde.com/info/creation-d-une-reserve-naturelle-sur-l-archipel-des-glorieuses-dans-l-ocean-indien-412309>, AFP, 10/06/21, 17:00
14- Pour la première fois en 80 ans, des loups sont nés dans le Colorado <https://information.tv5monde.com/info/pour-la-premiere-fois-en-80-ans-des-loups-sont-nes-dans-le-colorado-412356>, AFP, 10/06/21, 22:00
15- Rando d'éléphants en Chine : un mâle voyage en solitaire <https://information.tv5monde.com/info/rando-d-elephants-en-chine-un-male-voyage-en-solitaire-412444>, AFP, 11/06/21, 14:00
16- La plus longue avalanche sous-marine connue a parcouru plus de 1.000 km <https://www.futura-sciences.com/planete/breves/oceanographie-plus-longue-avalanche-sous-marine-connue-parcouru-plus-1000-km-4511/>, Futura-sciences, 11/06/21, 18:32
17- Enquête. Comment le poulpe a conquis l’humanité <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2021/06/11/comment-le-poulpe-a-conquis-l-humanite_6083781_4497916.html>, Le Monde, maj le 12/06/21 à 06h04
18- Neige rouge dans les Alpes : des scientifiques tentent de percer le mystère <https://www.leparisien.fr/environnement/neige-rouge-dans-les-alpes-des-scientifiques-tentent-de-percer-le-mystere-13-06-2021-UFS3MIOJJVF43GWU3WQ2E7KZYY.php>, Le Parisien, 13/06/21, 15h20
19- Deux petits rhinocéros de Java repérés dans un parc naturel d'Indonésie <https://information.tv5monde.com/info/deux-petits-rhinoceros-de-java-reperes-dans-un-parc-naturel-d-indonesie-412798>, AFP, 14/06/21, 11:00
En images
20- Marseille : une algue invasive prolifère dans les Calanques <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/marseille-une-algue-invasive-prolifere-dans-les-calanques_4660297.html>, France 2, journal de 20h, 11/06/21

Bien à vous,
Florence

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RAPPORTS & ÉTUDE DU JOUR : — Des experts de la crise climatique et de la biodiversité publient pour la première fois un rapport sur les moyens de faire face à ces défis, profondément interconnectés. (cf. item 12 & suite)
— La Méditerranée a connu en 30 ans un "effondrement" de sa biodiversité, une des plus importantes au monde, aujourd'hui gravement menacée, alertent les scientifiques de la Tour du Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, dans un rapport. (cf. item 5 & suite)
— En Polynésie française, des chercheurs affiliés au CNRS et un couple d’explorateurs ont effectué plus d’un millier de plongées pour comprendre comment se comportent les coraux vivant entre − 30 m et − 170 m. (cf. item 6)
ENTRETIEN DU JOUR : Julian Barbière, membre de la Commission océanique intergouvernementale, estime qu’il reste encore beaucoup à faire dans le domaine des sciences océanographiques, qu’il faudrait élargir à de nouveaux acteurs. (cf. item 7)
CITATION DU JOUR : "Socotra est la seule île au monde où aucun reptile, aucun oiseau ni aucune plante n'a disparu ces 100 dernières années, la seule. Nous devons nous assurer que ce soit toujours le cas", Kay Van Damme, biologiste belge (cf. item 3)
MYSTÈRE DU JOUR : Quinze éléphants d'Asie ont déjà parcouru 500 kilomètres depuis leur réserve naturelle et créent de sérieux dégâts au passage. Les raisons de cette fugue interrogent encore les scientifiques. (cf. item 8, suite & 15)
RENAISSANCES DU JOUR : — En Alsace, les cigognes blanches n'ont jamais été aussi nombreuses, selon un comptage national en cours, signe de la réintroduction réussie d'une espèce qui peut désormais voler de ses propres ailes. (cf. item 4)
— Un nouveau-né saïga témoigne du récent baby-boom au sein de cette espèce d'antilopes qui, ces dernières années, avait tutoyé l’extinction. (cf. item 9)
— Le Colorado a annoncé la naissance d'une première portée de loups gris en 80 ans sur son sol, une étape majeure pour les efforts de réintroduction de l'espèce dans cet Etat de l'Ouest américain. (cf. item 14)
— Deux petits rhinocéros de Java ont été repérés dans un parc national d'Indonésie, alors que les naissances sont devenues rares chez ce mammifère qui est l'un des plus menacés au monde. (cf. item 19)
RECOIN DU JOUR : Pour certains ornithologues américains, il est temps de rebaptiser des oiseaux dont les noms avaient été choisis en référence à des personnages liés à l’esclavage ou la colonisation. (cf. item 11)
ENQUÊTE DU JOUR : En pleine crise écologique, le poulpe fascine. L’animal terrifiant de jadis est aujourd’hui reconnu pour son intelligence, sa capacité à vivre en symbiose avec la nature. (cf. item 17)
CRAINTE DU JOUR : Une algue verte inquiète les scientifiques à Marseille (Bouches-du-Rhône). Sa prolifération dans la calanque de Callelongue interroge sur un éventuel impact sur la faune et la flore locale. (cf. item 20)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- La revue « Reliefs » donne champ libre à la prairie, Le Monde, 04/06/21, 08h00
Marion Dupont

La publication semestrielle consacrée « à la nature, à l’aventure et à l’exploration » dresse un panorama de ce paysage grandeur nature, et rappelle qu’il est surtout une « création » de l’homme. 
Coquelicots et trèfles des prés, herbes folles et herbacées, pâtures complantées… Le paysage fièrement végétal de la prairie se décline en une infinité de nuances de vert, de bleu, de gris sur la couverture (en relief, évidemment) du numéro 13 de la revue Reliefs. Opportunément placés par l’illustratrice Jade Khoo, des piquets de bois guident le regard du futur lecteur et structurent l’espace de la composition – une habile façon de rappeler que la plupart des prairies actuelles ont été aménagées par l’homme.
S’attarder sur le paysage ne relève pas seulement du plaisir de la flânerie. C’est au contraire tout l’intérêt de cette revue semestrielle transdisciplinaire : étoffer la pensée en lui offrant des supports de réflexion incroyablement variés, combinant image et texte. Schémas, infographies, portfolios, dessins, reproductions d’anciens documents cartographiques ou photographiques y dialoguent avec les tribunes, entretiens, articles, portraits, poèmes et autres extraits d’auteurs du passé – sans oublier la playlist qui accompagne chaque numéro.
D’Emile Zola à Théodore Monod
Plus proche du beau livre que de la feuille de chou, Reliefs se veut en effet un voyage en immersion dans chacun de ses sujets. La profusion de documents présentés tient la promesse d’une revue « dédiée à la nature, à l’aventure et à l’exploration », dans laquelle les planches d’entomologie de Maria Sibylla Merian et la prose d’Emile Zola sont autant d’évocations destinées à faire image dans l’esprit du lecteur.
Et si l’on ne boude pas le plaisir de feuilleter ce qui s’apparente à un carnet de voyage, l’équipe a pris soin de placer en page de garde une citation du naturaliste Théodore Monod. Sa réflexion sur la redéfinition de la figure et des pratiques du scientifique depuis le XIXe siècle sonne comme un avertissement contre une vision romantique de l’explorateur occidental, aujourd’hui critiquée.
> Lire aussi  Et si la prairie était l'avenir de la ville ?
Une fois le décor posé, vous voilà dans le vif du sujet. Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, brosse dans ce dossier un panorama des types de prairies et de leurs conséquences sur le climat et la biodiversité, complexifiant ainsi le propos selon lequel l’élevage serait incompatible avec la transition écologique.
S’ensuivent plusieurs inventaires, menés par les plus grands spécialistes de leurs domaines : l’écologue Philippe Grandcolas recense pour le lecteur la diversité des insectes des pâturages, l’ethnologue Anne-Marie Brisebarre répertorie les pratiques d’estivages contemporaines, pendant que l’historien du sensible Alain Corbin parcourt plusieurs siècles de littérature champêtre. Leurs travaux sont prolongés par les réflexions politiques des philosophes Joëlle Zask ou Pierre Charbonnier, comme pour en tirer les conclusions qui s’imposent. En variant les champs et les échelles d’analyse, le voyage aller-retour proposé par Reliefs laisse le lecteur plus attentif aux mondes passés, présents et futurs.
§ Revue Reliefs, n° 13, « Prairies », 184 p., 19 €
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/04/la-revue-reliefs-donne-champ-libre-a-la-prairie_6082794_3232.html>
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2- La "punaise américaine", petite bête qui ronge les pinèdes du Liban, AFP, 04/06/21, 10:00
Layal Abou Rahal

Dans son village accroché au flanc de la montagne libanaise, Elias Naïmeh récoltait chaque année 16 tonnes de pommes de pin. Aujourd'hui, sa production s'est effondrée à cause d'une "punaise américaine", redoutable insecte d'à peine quelques millimètres qui ronge les conifères.
Si le cèdre millénaire est le symbole du Liban, le petit pays coincé entre montagne et Méditerranée compte de vastes forêts de pins qui représentent environ 10% de ses surfaces boisées.
Dans un Liban réputé pour sa gastronomie raffinée, on retrouve les pignons de pin dans les plats et desserts traditionnels. Cet "or blanc", comme il est surnommé localement, est une manne financière pour les producteurs, grâce notamment aux exportations.
Mais dans sa pinède tranquille du Mont-Liban, près du village de Qsaybeh à l'est de Beyrouth, M. Naïmeh ausculte d'un air désolé ses conifères majestueux : des arbres sont dévorés par l'insecte. Les dégâts se voient à l'oeil nu.
Ici, un tronc et des branches desséchés. Plus loin, un arbre a perdu ses cônes, flétris et tombés au sol avant d'être arrivés à maturité.
"Ma production personnelle était de 16 tonnes de pommes de pin. Aujourd'hui elle dépasse à peine les 100 kg" par an, regrette le producteur.
Avant l'apparition de la punaise, il récoltait chaque année environ 600 kg de pignons de pins, de quoi lui assurer un revenu confortable d'un peu plus de 40.000 dollars (environ 33.000 euros).
Découverte sur le continent américain, l'espèce invasive a migré vers l'Europe avant d'être vue en Turquie en 2010. Cinq ans plus tard, on constatait sa présence au Liban, même si les producteurs enregistraient déjà des récoltes en baisse depuis quelques années.
- Réchauffement climatique -
Selon l'entomologiste forestier Nabil Nemer, l'insecte est présent dans toutes les forêts de conifères du Liban, mais l'impact est particulièrement dévastateur pour le pin et ses cônes fructifères.
"On remarque parfois plus de dix insectes sur un seul cône", raconte-t-il.
Résultat : le cône voit les graines qu'il contient être dévorées, perdant parfois jusqu'à 90% de ses pignons, et n'est plus qu'une coquille vide.
"Les températures élevées et la baisse des précipitations contribuent à modifier le cycle de vie des insectes et affaiblissent les arbres", affirme l'expert.
En attendant l'apparition d'"ennemis naturels" qui pourraient dévorer ou chasser l'insecte -- d'ici 10 à 20 ans selon M. Nemer -- la seule arme reste l'utilisation d'insecticides.
De quoi apporter un léger répit, confirme M. Naïmeh, qui dirige le syndicat des pinèdes. "La production s'est améliorée pour la saison 2016-2017", se souvient-il, le pourcentage de cônes flétris passant alors de 85% à 30%.
Mais dans un pays en plein effondrement, où les citoyens fustigent le désengagement de l'Etat, l'agriculture n'échappe pas aux manquements.
Impossible donc de pulvériser annuellement des insecticides dans toutes les pinèdes, d'autant qu'il faudrait aussi abattre les arbres morts pour empêcher les insectes de sauter vers les conifères voisins.
"Aujourd'hui, il n'y a pas plus de 200 tonnes" de pignons de pins récoltées au Liban, déplore M. Naïmeh qui réclame une mobilisation des autorités. Naguère, la production atteignait les 1.200 tonnes, soit 120 à 130 millions de dollars de revenus annuels pour le secteur.
Avec la dépréciation de la monnaie, le prix du kilo de pignons de pin a explosé et représente désormais près du double du salaire minimum, tandis que l'érosion du pouvoir d'achat limite la consommation sur le marché local.
- "Abandonner les forêts" -
Le village de Bkassine, dans le sud, se targue d'avoir la plus grande forêt de pins de tout le Moyen-Orient, avec 100.000 arbres plantés sur environ 220 hectares.
Certains pins font plus de 40 mètres de haut. Ici aussi sévit la punaise américaine. Tout comme le Tomicus piniperda, un coléoptère qui prolifère en suçant la moelle des arbres sous l'écorce, avant de s'attaquer aux bourgeons.
"La dernière production d'envergure remonte à 2013", se souvient Habib Fares, chef de la municipalité, évoquant depuis une chute d'environ 70% en raison des insectes.
Faute de financement suffisant, une section différente de la forêt reçoit chaque année des insecticides, quand il faudrait traiter l'ensemble des arbres.
Si le ministère de l'Agriculture participe aux campagnes de pulvérisation et à l'entretien des forêts, ce soutien a diminué avec la crise économique.
"L'ampleur du phénomène dépasse nos capacités", déplore M. Fares, interpellant les donateurs internationaux.
Dans un pays en faillite, M. Nemer note que les forêts peuvent participer à la solution pour "les sociétés locales, (qui) vivent en principe de ces cultures".
Mais, déplore-t-il, "si ça continue comme ça, elles pourraient abandonner leurs forêts".
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/la-punaise-americaine-petite-bete-qui-ronge-les-pinedes-du-liban_154771>
> En vidéo. La "punaise américaine", petite bête qui ronge les pinèdes du Liban <https://www.youtube.com/watch?v=6ufw_TSiFiY>, AFP, 04/06/21
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3- Au Yémen, l'archipel de Socotra et sa biodiversité unique en danger, AFP, 07/06/21, 15:00
Peter Martell

Arbres pluricentenaires semblables à des parapluies, les dragonniers de Socotra bordent les sommets accidentés de l'archipel yéménite du même nom, rappelant à la fois la richesse de la biodiversité locale et la crise environnementale qui la menace.
Ces arbres, qui font la renommée de l'archipel, sont décimés par des tempêtes de plus en plus intenses tandis que les plus jeunes plants sont avalés par les chèvres. Tout un écosystème, aussi fragile qu'unique, est ainsi menacé.
"Les arbres apportent l'eau, ils sont si importants à nos vies", explique Adnan Ahmed, professeur de mathématiques et guide touristique passionné par la faune et la flore locales.
"Sans arbres, nous aurons des problèmes", résume-t-il.
Situés dans les eaux turquoise de la mer d'Arabie au large des côtes sud du Yémen, les quatre îles et deux îlots rocheux de l'archipel de 50.000 habitants ont été relativement épargnés par le conflit qui dévaste ce pays pauvre de la péninsule arabique depuis plus de six ans.
Surnommé "les Galapagos de l'océan Indien", Socotra est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2008 "compte tenu de sa faune et de sa flore exceptionnellement riches et distinctes".
Sur les 825 espèces de plantes qui y ont été recensées, plus d'un tiers sont uniques, selon l'organisation onusienne. Le dragonnier de Socotra, dont la sève rouge sang possède des propriétés médicinales, est la plus emblématique d'entre elles.
Mais habitants comme scientifiques s'inquiètent de l'avenir de cet arbre qui doit lutter à la fois contre une planète qui se réchauffe, le surpâturage, la présence d'espèces invasives et des constructions incontrôlées.
"Les chèvres mangent les semis, on ne trouve des jeunes plants que sur les falaises et dans les endroits les moins accessibles", explique M. Ahmed, soulignant qu'il faut près d'un demi-siècle pour qu'un dragonnier de Socotra soit en mesure de se reproduire.
"Si rien n'est fait, il ne faudra pas longtemps avant qu'il n'y en ait plus", déplore-t-il.
- "Manque de temps" –
Si l'archipel "reste un trésor de biodiversité", selon le biologiste belge Kay Van Damme, "il se peut que nous manquions bientôt de temps pour protéger les espèces les plus iconiques".
Des arbres morts jonchent le plateau de Dixam, perché à 1.500 mètres d'altitude sur l'île principale de l'archipel, décimés par des bourrasques de vent.
Si rien n'est fait, tous "auront disparu en quelques décennies", selon M. Van Damme.
Les dix essences d'arbres à encens de l'île connaissent le même sort. Selon une étude basée sur des photographies, leur nombre a diminué de 78% entre 1956 et 2017.
"Si ça continue, les prochaines générations pourraient ne voir des arbres à encens de Socotra que dans des jardins botaniques, avec une petite plaque indiquant +disparu dans la nature+", estime le biologiste.
"Le système immunitaire de Socotra est désormais compromis", ajoute-t-il. Car moins de végétation signifie plus d'érosion des sols et de glissements de terrains.
- "Besoin de soutien" -
Les habitants de l'archipel sentent d'ores et déjà les conséquences du dérèglement climatique.
"Les vagues des dernières tempêtes ont brisé les fenêtres de nos maisons", raconte Abdullah Ahmed, 25 ans, originaire d'un village de pêcheurs de 40 habitants. 
Redoutant à la fois la montée des eaux et les glissements de terrains, la petite communauté s'est résignée à construire un nouveau village un peu plus dans les terres.
Pour sauvegarder leurs îles, les habitants font ce qu'ils peuvent. Ils ont par exemple créé une pépinière de la taille d'un terrain de football pour tenter de protéger les dragonniers de Socotra des chèvres.
On y trouve des dizaines de plants, résultats de 15 années de pousse.
"C'est un début, mais on a besoin de bien plus", explique Adnan Ahmed. "Nous avons besoin de soutien."
Sadia Eissa Suliman est née et a grandi dans la lagune de Detwah, classée zone humide d'importance mondiale selon un traité international.
"J'ai vu comment la lagune a changé", explique cette grand-mère de 61 ans, qui a observé des parcelles d'arbres être rasées et le plastique et les filets de pêche envahir l'eau.
Elle milite pour une interdiction de la pêche, lève des fonds pour protéger les arbres et tente désespéremment de faire la chasse aux déchets sur l'île.
Une détermination partagée par les scientifiques, qui veulent tout faire pour que Socotra ne devienne pas un énième cas d'étude de perte de biodiversité.
"Socotra est la seule île au monde où aucun reptile, aucun oiseau ni aucune plante n'a disparu ces 100 dernières années, la seule. Nous devons nous assurer que ce soit toujours le cas", assure M. Van Damme.
<https://www.geo.fr/environnement/au-yemen-lexceptionnel-biodiversite-de-larchipel-de-socotra-en-danger-205028>
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4- En Alsace, les cigognes plus nombreuses que jamais, AFP, 07/06/21, 17:00
Marie Julien

Leurs bruyants claquements de bec et leurs nids imposants font partie du paysage : en Alsace, les cigognes blanches n'ont jamais été aussi nombreuses, selon un comptage national en cours, signe de la réintroduction réussie d'une espèce qui peut désormais voler de ses propres ailes.
Jumelles sur les yeux, téléphone dans la main, Yves Muller scrute minutieusement les nids perchés sur un mât, un arbre ou un toit. "Un adulte avec trois jeunes", "un nid supplémentaire que je n'avais pas vu"..., dicte-t-il, avant de rentrer ces éléments dans une base de données localisant précisément chaque nid.
"Le but est de connaître exactement la population française de cigognes blanches et sa répartition, car si on veut protéger une espèce, il faut connaître ses effectifs", explique le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Alsace.
Depuis plusieurs semaines, des centaines d'observateurs bénévoles examinent nids et couvées de cigogneaux. 
Commune d'un millier d'habitants dans le parc naturel des Vosges du Nord, Neuwiller-lès-Saverne compte au moins trente nids. Certains atteignent plusieurs centaines de kilos et un mètre voire deux de haut. Chaque année les couples de cigognes ajoutent une épaisseur de branchages.
Jeune retraité et photographe amateur, Dominique se souvient avoir vu un premier couple d'oiseaux s'installer à Neuwiller-lès-Saverne "au début des années 1990". "Maintenant toutes les places sont occupées, c'est la crise du logement", plaisante celui qui a pris des milliers de photos de "(s)es voisines".
- 1.200 nids - 
Le recensement effectué par la LPO cette année est "le premier comptage exhaustif au niveau national" pour cette espèce, explique Yves Muller.
Si l'oiseau noir et blanc au bec rouge est présent depuis au moins le Moyen-Âge en Alsace et en est devenu un symbole, des cigognes blanches venues d'Espagne se sont aussi installées en nombre sur la façade atlantique du pays, en Charente-Maritime, en Gironde, ou dans le Morbihan.
Les données finales de ce comptage devraient être connues cet hiver. D'ores et déjà, une première estimation chiffre la population alsacienne à "1.200 nids occupés", avec, pour chacun, un couple d'oiseaux et jusqu'à cinq jeunes qui prendront leur envol vers la mi-juin.
Une telle population est du jamais vu, alors que la cigogne a frôlé l'extinction en Alsace. En 1974, Haut-Rhin et Bas-Rhin ne comptaient plus que neuf nids, alors qu'il y avait encore 145 couples en 1960.
Une très forte mortalité intervenait pendant la migration hivernale. Les cigognes étaient chassées, la sécheresse dans le Sahel les empêchait de trouver suffisamment de nourriture et les lignes électriques les fauchaient en plein vol.
- Reproduction en captivité -
L'Alsace se lance alors dans des opérations de réintroduction de son oiseau fétiche, avec des "enclos de repeuplement", dans lesquels sont élevées des cigognes en captivité, perdant en quelques années leur instinct migratoire. 
Les cigogneaux relâchés dans la nature ont permis à l'espèce de prospérer de nouveau rapidement. Quelque 79 couples sont dénombrés en 1990, puis 565 en 2011 et 788 en 2015.
"On a sauvé les cigognes d'Alsace, maintenant on laisse la population évoluer librement", explique Yves Muller, régulièrement interrompu par les claquements de bec d'une cigogne saluant son conjoint de retour dans le nid avant de régurgiter la nourriture rapportée aux cigogneaux.
Si la cigogne blanche reste une espèce protégée, la LPO plaide pour que l'oiseau ne soit plus nourri artificiellement et que la population se régule naturellement en fonction de la nourriture trouvée dans les zones humides.
Le sauvetage de la cigogne blanche a reposé sur une "spécificité" de l'espèce, celle de bien se reproduire en captivité.
"On ne peut pas faire avec tous les oiseaux ce qu'on a réussi avec la cigogne", regrette Yves Muller. En Alsace, le grand tétras ou le courlis cendré sont en voie d'extinction.
<https://www.geo.fr/environnement/en-alsace-les-cigognes-plus-nombreuses-que-jamais-205038>
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5- Méditerranée : des chercheurs pointent l'"effondrement" de la biodiversité en 30 ans, AFP, 07/06/21, 18:00

La Méditerranée a connu en 30 ans un "effondrement" de sa biodiversité, une des plus importantes au monde, aujourd'hui gravement menacée, alertent les scientifiques de la Tour du Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, dans un rapport publié lundi.
Le rapport "Méditerranée vivante" s'appuie sur des recherches approfondies sur les études publiées ces 30 dernières années, rassemblant les suivis d'abondance de plus de 80.000 populations animales dans cette région du globe où "le changement climatique est plus rapide et l’impact des activités humaines plus fort qu'ailleurs".
A l'échelle mondiale, le niveau de la mer a augmenté d'environ 15 cm au XXe siècle et la hausse s'accélère, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).
Constat du groupe de chercheurs : les populations de vertébrés du bassin méditerranéen ont baissé de 20% entre 1993 et 2016, et même de 52% dans les écosystèmes marins (pélagiques et côtiers) et de 28% dans les écosystèmes d’eau douce (zones humides et rivières).
Parmi toutes les espèces recensées par l'étude, ce sont les poissons qui sont les plus touchés, victimes de surpêche. Le thon rouge a ainsi vu sa population adulte baisser de 90%.
"La plupart des espèces subissent de plein fouet les effets de l’activité humaine et du changement climatique, dont l'ampleur devrait s'accroître au cours des prochaines décennies", indique Thomas Galewski, le coordinateur de l’étude.
"De plus, une proportion importante d’espèces sont endémiques du bassin méditerranéen et évoluent dans des aires de répartition restreintes, les rendant plus vulnérables encore", précise-t-il.
La Méditerranée, une des régions au monde comprenant le plus grand nombre d'espèces endémiques, est la seule mer au monde entourée de trois continents. Berceau de nombreuses civilisations, elle est aujourd'hui bordée de régions très urbanisées, qui concentrent plus de 500 millions d'habitants, et 360 millions de touristes par an (27% du tourisme mondial).
Les scientifiques relèvent toutefois l'impact "encourageant" de plusieurs actions de conservation comme l'encadrement de la chasse et de la pêche, la protection des habitats des espèces les plus rares, le contrôle des sources de pollution ou encore le renfort des effectifs par réintroductions. 
Certaines espèces comme le bouquetin des Alpes, le vautour moine, le pélican frisé et la tortue caouanne ont été sauvées par ces mesures.
Mais les scientifiques notent des marges de progression dans les efforts de conservation de la nature, et demandent notamment une meilleure collaboration de tous les pays, déplorant "un manque de données" sur certaines espèces, "du fait que la majeure partie des informations recensées vient des pays du Nord de la Méditerranée".
<https://www.geo.fr/environnement/mediterranee-des-chercheurs-pointent-leffondrement-de-la-biodiversite-en-30-ans-205044>
En savoir plus : 
> « Méditerranée vivante », une source inédite de données sur l’évolution de la biodiversité méditerranéenne <https://tourduvalat.org/actualites/mediterranee-vivante-une-source-inedite-de-donnees-sur-levolution-de-la-biodiversite-mediterraneenne/>, Tour du Valat, communiqué du 07/06/21
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6- Plongées vers les coraux des profondeurs, Le Monde, 07/06/21, 18h30 
Martine Valo

En Polynésie française, des chercheurs affiliés au CNRS et un couple d’explorateurs ont effectué plus d’un millier de plongées pour comprendre comment se comportent les coraux vivant entre − 30 m et − 170 m. 
Une nouvelle espèce de corail découverte, des observations scientifiques inédites à 172 mètres de profondeur : des résultats notables, mais la collaboration des plongeurs d’Under the Pole avec les chercheurs du Centre de recherches insulaires et Observatoire de l’environnement (Criobe/CNRS) ressemble avant tout à une belle rencontre. « La complémentarité entre nous était vraiment évidente », résume Laetitia Hédouin, chargée de recherche au Criobe, à Moorea, en Polynésie.
Elle et ses confrères, qui travaillent sur les coraux mésophotiques – c’est-à-dire vivant entre 30 m et 170 m sous la surface – souhaitaient aller voir en deçà de 50 m, mais la législation ne le leur permettait pas. C’est donc avec enthousiasme que Laetitia Hédouin a répondu à une petite annonce de Ghislain et Emmanuelle Bardout, l’équipe d’Under the Pole qui cherchait un programme scientifique à intégrer à bord de leur voilier. Leur aventure commune a duré treize mois, de l’été 2018 à l’été 2019, les a conduits dans les cinq archipels de Polynésie, cumulant, dans chacun des 22 sites retenus, plus de 1 000 plongées systématiques à des profondeurs différentes, pour rapporter plus de 6 000 échantillons de coraux mésophotiques.
> Lire aussi  Surchauffe, acidification, asphyxie, pollution, algues… L’état de l’océan continue de se dégrader à grande vitesse
L’une des questions qui animent les chercheurs du Criobe est celle de l’adaptation des coraux à la forte diminution de la lumière alors que celle-ci est indispensable à la zooxanthelle, l’algue unicellulaire photosynthétique qui loge dans leurs tissus et leur apporte son énergie. Ils ont pu constater à quel point ceux-ci modifient la morphologie de leur squelette pour y parvenir. « La pocillopora, par exemple, écarte en quelque sorte ses bras pour leur éviter la moindre ombre,rapporte Laetitia Hédouin. Nous savions que les coraux mésophotiques pouvaient prendre la forme de plateaux plats, comme de grandes roses, mais nous ignorions qu’ils pouvaient s’étendre sur 2 km de long et 20 à 30 m de large ! Et qu’il en existait à − 172 m. »
La communauté des poissons qui vivent près de la surface autour des récifs coralliens menacés de blanchissement, est-elle prête à migrer plus en profondeur ? « Dès qu’il y a un habitat, même atypique, la vie se développe,répond-elle. C’est une bonne nouvelle. Dans la bande des 6 à 20 mètres, les paysages sont assez homogènes, alors que, plus on descend, plus chaque île se révèle unique. C’est pour ça qu’il faut les protéger toutes. »
Une collaboration dans le temps
L’expérience de ces découvertes partagées a conforté l’envie de la chercheuse d’en apprendre davantage. Elle a décidé de se joindre au prochain programme d’Under the Pole. Cette quatrième mission doit les conduire, à partir de 2022, à étudier les zones mésophotiques des régions tempérées, tropicales et polaires aussi, les eaux de prédilection de Ghislain et Emmanuelle Bardout.
> Lire aussi  « Pour mieux sonder les océans, il nous faudrait des véhicules autonomes, des bouées, des balises… »
Le couple navigue avec ses deux jeunes enfants sur sa goélette, le Why. Tous deux ont commencé leurs exploits sous-marins par des descentes sous la banquise en 2010. « Un milieu en voie de disparition », commentent-ils. Derrière cette famille œuvre toute une équipe, dont une cinquantaine de bénévoles, pour rendre possibles leurs expéditions. « Il y a une dimension romantique derrière ce terme, note Ghislain Bardout. En réalité, si je garde la même passion et la même curiosité pour le milieu marin, en particulier à l’égard de l’Arctique et de l’Antarctique, je ne me vois ni comme un explorateur ni comme un chercheur, mais comme un entrepreneur avec des responsabilités, assure-t-il. Convaincre des partenaires, trouver des financeurs, cela a toujours été la réalité pour monter une importante expédition, au XVe siècle comme aujourd’hui. »
> Lire aussi  Emmanuelle et Ghislain Bardout : ils explorent les fonds marins pour sauver la planète
Le budget du programme Under the Pole IV est estimé à un million d’euros. L’équipe espère obtenir le label de la Décennie de l’ONU pour les sciences océaniques, afin d’acquérir une légitimité supplémentaire. Un deuxième voilier est en construction. Il est orienté davantage encore vers la plongée professionnelle et doté d’équipements scientifiques. Ses prochaines escales devraient le conduire au Svalbard, aux Canaries et aux Caraïbes, si le budget est bouclé d’ici là.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/06/07/plongees-vers-les-coraux-des-profondeurs_6083247_1650684.html>
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7- Entretien. « Pour mieux sonder les océans, il nous faudrait des véhicules autonomes, des bouées, des balises… », Le Monde, 07/06/21, 19h00
Propos recueillis par Martine Valo

Julian Barbière, membre de la Commission océanique intergouvernementale, estime qu’il reste encore beaucoup à faire dans le domaine des sciences océanographiques, qu’il faudrait élargir à de nouveaux acteurs. 
Au sein de la Commission océanique intergouvernementale (COI), un organisme basé à l’Unesco, à Paris, Julian Barbière, chef de la section des politiques marines et de la coordination régionale, témoigne de l’état de la recherche océanographique mondiale.
Quel est le rôle de la COI ?
Sa mission est de développer la coopération internationale, la coordination de programmes de recherche et d’observation marine, la conservation des environnements marins, l’atténuation des risques. Nous gérons par exemple les systèmes d’alerte au tsunami depuis le début des années 1960.
> Lire aussi  Surchauffe, acidification, asphyxie, pollution, algues… L’état de l’océan continue de se dégrader à grande vitesse
La COI a été créée à l’initiative de scientifiques après une expédition internationale dans l’océan Indien en 1960. Nous comptons 180 membres : l’agence américaine responsable de l’étude de l’océan et de l’atmosphère, le ministère de l’environnement français, celui de l’océan et des pêches pour le Canada… Notre rôle est de synthétiser les connaissances et de les communiquer aux décideurs politiques. C’est ce que nous avons fait par exemple au début des années 2000 au sujet de l’acidification de l’océan, qui était alors une question émergente.
Avez-vous contribué au « World Ocean Assessment » ?
Nous avons été à la base de ce travail d’évaluation. L’Assemblée générale des Nations unies nous avait demandé une étude de faisabilité en 2005-2006, puis les Etats ont pris la main sur ce processus. Il reste beaucoup à faire dans le domaine des sciences océanographiques : elles sont encore jeunes comparées à la météo, pour laquelle il existe des séries de données plus que centenaires et qui bénéficie d’une coopération internationale établie. L’observation régulière des paramètres chimiques est récente. La surveillance océanique comporte des lacunes. Il faudrait la renforcer autour des pôles, étudier davantage la colonne d’eau. On va jusqu’à 2 000 mètres sous la surface avec le système Argo, pas plus bas, alors qu’on commence juste à comprendre que des transformations sont en cours en profondeur. Les industries minières veulent aller sur ces grands fonds dont on connaît peu les écosystèmes. Il reste peut-être 700 000 à 1 million d’espèces à découvrir, sans compter les bactéries ! La COI souhaite promouvoir le principe d’une planification mondiale, organisée et participative, pour décider avec tous les acteurs des zones dévolues au tourisme, à la navigation, à la production d’énergie…
Que faudrait-il pour favoriser la progression de la recherche ?
Il nous faudrait des véhicules autonomes, des bouées, des balises… C’est toujours la même vingtaine d’Etats qui contribuent aux études. Dans notre rapport « Cartographie des capacités au service de la durabilité des océans », publié fin 2020, il apparaît qu’en moyenne seulement 1,7 % des budgets nationaux de la recherche est alloué aux sciences océaniques. Dans le cadre de la Décennie de l’ONU pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), commencée en février, nous allons annoncer le lancement d’une trentaine de programmes scientifiques internationaux innovants sur la biodiversité, le lien océan-climat…
> Lire aussi  Plongées vers les coraux des profondeurs
Notre ambition est de créer plus de partenariats, avec les sciences sociales déjà, afin d’aller vers une vision holistique de l’océan, mais aussi avec le secteur privé et les milieux de la philanthropie. Nous ne disposons par exemple que de 20 % des fonds cartographiés en haute résolution. Or, certaines entreprises spécialisées dans l’installation de câbles ou d’éoliennes disposent de telles cartes. Nous essayons de les convaincre de partager des données, et je ressens un certain engouement de leur part actuellement.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/06/07/pour-mieux-sonder-les-oceans-il-nous-faudrait-des-vehicules-autonomes-des-bouees-des-balises_6083249_1650684.html>
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8- Chine : grande muraille de camions contre un troupeau d'éléphants, AFP, 08/06/21, 09:00

Des camions-bennes ont été alignés en bordure d'habitations, dans le sud-ouest de la Chine, en guise de rempart contre des éléphants sauvages échappés d'une réserve qui ont déjà provoqué plusieurs millions de yuans de dégâts.
La quinzaine de pachydermes, dont trois éléphanteaux, ont quitté mi-avril leur réserve de Xishuangbanna, une région frontalière du Laos et de la Birmanie, pour se diriger plein nord à quelque 500 km, a rapporté la télévision chinoise.
L'histoire passionne les réseaux sociaux et tient en haleine le pays.
La raison de leur inhabituelle migration reste un mystère mais les éléphants ont mis à sac sur leur passage des champs de maïs et occasionné de nombreux dégâts matériels.
Dimanche, la chaîne publique CCTV a diffusé les images d'un convoi de camions stationnés le long d'une petite route de campagne pour tenter d'éloigner le troupeau de zones densément peuplées. 
"On est ici pour bloquer les éléphants", a indiqué à CCTV un chauffeur installé dans son véhicule rouge et qui dit agir sur demande des autorités.
"Tant qu'on aura besoin de moi, je resterai ici", a-t-il assuré, en grande périphérie de Kunming, une métropole qui compte plus de huit millions d'habitants.
Les autorités ont également mobilisé des milliers de personnes pour suivre les mouvements du troupeau avec des drones et des caméras infrarouges.
Des images de vidéosurveillance du week-end montraient les éléphants se promener nonchalamment dans les rues d'un village, laissant derrière eux des arbres aplatis et des portes de garage endommagées. 
"J'ai eu peur", a raconté une riveraine à CCTV, disant être tombée nez à trompe sur un éléphant "d'environ trois mètres de haut".
"Un éléphanteau a même foncé dans notre mur, avant de s'enfuir", a expliqué la dame d'un certain âge, dont le nom n'a pas été dévoilé.
Depuis le début de leur périple à la mi-avril, les éléphants ont ravagé environ 56 hectares de cultures, pour des dégâts évalués à 6,8 millions de yuans (870.000 euros), a indiqué la semaine dernière la télévision chinoise.
Les zoologues ne comprennent pas ce qui a pu amener le troupeau à quitter sa réserve sur une distance aussi longue. 
Les éléphants sauvages sont protégés en Chine, avec une population évaluée à 300 têtes, contre moins de 200 dans les années 1980. Ils vivent exclusivement dans la région touristique et tropicale de Xishuangbanna.
Les pachydermes tendent cependant ces dernières années à se rapprocher de villages, alors que les plantes qu'ils mangent habituellement sont remplacées par des espèces non comestibles.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/chine-grande-muraille-de-camions-contre-un-troupeau-d-elephants_154847>
Sur le même sujet :
> Vidéo. Un troupeau d’éléphants erre à travers la Chine à la surprise des zoologues <https://www.nouvelobs.com/monde/20210602.OBS44783/un-troupeau-d-elephants-erre-a-travers-la-chine-a-la-surprise-des-zoologues.html>, L’Obs avec AFP, 02/06/21, 14h43
> En Chine, la mystérieuse fugue d'un troupeau d'éléphants inquiète le pays <https://www.lefigaro.fr/international/en-chine-la-mysterieuse-fugue-d-un-troupeau-d-elephants-inquiete-le-pays-20210607>, Le Figaro, 08/06/21, 15:04
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9- Un baby boom d'antilopes saïgas nourrit l'espoir dans les steppes kazakhes, AFP, 08/06/21, 17:00
Abduaziz Madyarov

Un drôle de museau dépasse des herbes des vastes steppes arides du Kazakhstan : ce nouveau-né saïga témoigne du récent baby-boom au sein de cette espèce d'antilopes qui, ces dernières années, avait tutoyé l'extinction.
Gants en latex aux mains, Albert Salemgareïev, de l'Association pour la conservation de la biodiversité du Kazakhstan, se met à genoux face à l'antilopin pour le peser et le marquer, dans un effort de recensement du cheptel au moment où la saison de mise bas bat son plein.
"On fait très attention à ne pas blesser cette petite bête qui vient de voir le jour", explique-t-il avant d’accrocher la créature à une balance à crochet. 
Le bébé aux frêles pattes pèsera plus tard jusqu'à 50 kilos et galopera sans difficulté sur ce terrain accidenté, mais là il semble incroyablement vulnérable. 
Il y a six ans, les saïgas semblaient presque condamnés. En 2015, portée par un climat inhabituellement chaud et humide, une bactérie avait tué en 2015 quelque 200.000 bêtes, réduisant de moitié la population de cet animal aux grands yeux noirs et au museau en forme de trompe qui le rend si facilement reconnaissable.
Certains scientifiques craignent d'ailleurs qu'avec le changement climatique de telles épizooties puissent se répéter.
Aujourd'hui, si l'antilope bondit de nouveau dans les immenses steppes du Kazakhstan, c'est le résultat "de l'efficacité des mesures de conservation des populations et de lutte contre le braconnage", juge le ministère kazakh de l'Ecologie.
Les derniers relevés aériens ont montré que le nombre d'individus était passé entre 2019 et 2021 de 334.000 à 842.000.
- Cornes et braconnage -
Pour Fariza Adilbekova, coordinatrice de l'initiative de conservation Altyn Dala, le nombre des naissances en avril et en mai était un évènement "extrêmement réjouissant".
D'autant que l'épizootie de 2015 avait frappé en pleine période de mise bas, "quand les troupeaux se rassemblent en groupes serrés", facilitant les contaminations.
Cet épisode dramatique n'était que le dernier flirt de l'espèce avec l'extinction. Au début du 20e siècle, la chasse avait réduit à quelques milliers le nombre d'individus.
La période soviétique offrira aux saïgas une protection sans précédent, sous la forme d'une interdiction totale de chasse jusqu'aux années 1950 puis de quotas très stricts.
Mais la dislocation de l'URSS et les chaos des années 1990 voient le développement d'un braconnage effréné, favorisé par un juteux trafic de cornes des mâles qui sont utilisées dans la médecine traditionnelle de la Chine voisine. 
Avec l'espèce au bord du gouffre, le gouvernement kazakh s'est décidé à agir en durcissant la législation contre ce marché noir et renforçant son application à partir de la fin des années 2010. 
Un fait-divers terrible a aidé cette prise de conscience en 2019, avec le meurtre de deux gardes-chasse par des braconniers qui émeut l'opinion publique.
Ces crimes ont marqué un tournant car "la société a commencé à prêter attention au braconnage", note Fariza Adilbekova.
L'une des deux victimes, Ierlan Nourgaliev, est devenu un héros national, honoré notamment par une fresque murale à Almaty, plus grande ville du pays, le montrant berçant un jeune saïga.
- Le retour des mâles -
Si Mme Adilbekova salue le durcissement des mesures anti-braconnage et la récente décision de créer un parc national dans l'ouest du pays, mais elle regrette que certains projets d'infrastructure aillent de l'avant.
L'un d'eux est la construction d'une route de plus de 1.000 kilomètres à travers la steppe et le semi-désert de la moitié ouest du Kazakhstan, coupant les voies migratoires de l'antilope.
Le rebond de la population de saïgas crée également de nouveaux défis, estime l'autre spécialiste, Albert Salemgareïev. Dans le nord-ouest du pays, l'antilope se retrouve en concurrence avec le bétail domestique.
Mais dans l'ensemble, Albert Salemgareïev voit une "dynamique positive" pour l'espèce.
"Non seulement le nombre des saïgas augmente mais le nombre des mâles par rapport aux femelles augmente également", note l'expert.
Il y a cinq ans, le ratio mâle/femelle était descendu à un pour 18, or les dernières études suggèrent un ratio plus proche "d'un pour sept ou un pour huit", un effet de la baisse marquée du braconnage.
<https://www.la-croix.com/baby-boom-antilopes-saigas-nourrit-espoir-steppes-kazakhes-2021-06-08-1301159993>
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10- Inde : test de dépistage du Covid de 28 éléphants, après la mort d'une lionne imputée au virus, AFP, 09/06/21, 17:00

Vingt-huit éléphants ont été soumis à des tests de dépistage du Covid-19 dans une réserve forestière du sud de l'Inde, ont annoncé mercredi les autorités, après la mort d'une lionne d'Asie attribuée au virus. 
La lionne de neuf ans, dont l'espère est menacée, est morte début juin dans le parc zoologique Arignar Anna à Chennai (ancienne Madras), dans l'État méridional du Tamil Nadu,, selon la presse locale. Il s'agit du premier décès d'un animal en Inde imputé au virus.
Des tests de dépistage ont révélé que la lionne et huit autres félins, dont deux dans un état préoccupant, étaient porteurs du virus, a rapporté la semaine dernière le journal The New Indian Express de Chennai. 
"Après que les lions du zoo de Vandalur (parc zoologique Arignar Anna) ont été testés positifs au Covid-19, on nous a demandé de dépister les éléphants par précaution", a déclaré mercredi à l'AFP un garde-forestier du parc national de Mudumalai, dans le sud du Tamil Nadu.
Des analyses d'échantillons prélevés mardi sur 28 éléphants, dont deux éléphanteaux, doivent être réalisées par l'Institut indien de recherche vétérinaire dans l'État d'Uttar Pradesh (nord). Les résultats sont attendus d'ici une semaine.
"Les animaux n'avaient aucun symptôme, c'était juste par précaution", a précisé le garde-forestier.
"Les prélèvements en soi n'ont posé aucune difficulté", a-t-il ajouté, comme en témoignent des images d'une vidéo de la réserve tournées pendant le processus.
Quelque 21 tigres du parc de Bhagwan Birsa, dans l'État oriental de Jharkhand, ont aussi subi des tests de dépistage la semaine dernière après la mort d'un tigre de 10 ans qui présentait une forte fièvre, selon la presse locale.
L'agence d'information indienne Press Trust of India (PTI), citant les autorités de la réserve, a rapporté qu'un test d'antigène pratiqué sur le tigre s'était révélé négatif mais qu'elles attendaient encore le résultat d'un test RT-PCR.
<https://information.tv5monde.com/info/inde-test-de-depistage-du-covid-de-28-elephants-apres-la-mort-d-une-lionne-imputee-au-virus>
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11- Aux Etats-Unis, bataille pour des noms d’oiseaux plus inclusifs, Blog Big Browser, 10/06/21, 12h41 
Pierre Bouvier

La valorisation de la diversité va parfois se nicher dans des recoins inattendus. Ainsi, pour certains ornithologues américains, il est temps de rebaptiser des oiseaux dont les noms avaient été choisis en référence à des personnages liés à l’esclavage ou la colonisation.
Déboulonnage des statues de généraux confédérés, bases militaires, rues et équipes sportives rebaptisées… La mort de l’Afro-Américain George Floyd, au printemps 2020, sous le genou du policier blanc Derek Chauvin a donné le coup d’envoi à un mouvement visant à confronter les Etats-Unis aux symboles de leur passé raciste, esclavagiste et colonial.
Cette onde de choc a fini par toucher l’un des derniers bastions de la suprématie blanche : l’ornithologie. Cette branche de la zoologie, qui a pour objet l’étude des oiseaux et est encore pratiquée par une large majorité d’amateurs, est aujourd’hui en pleine introspection, comme l’illustre un récent séminaire de l’American Ornitological Association (Société américaine d’ornithologie, AOS), consacré aux noms vernaculaires des oiseaux d’Amérique du Nord.
> Analyse : L’égalité raciale reste à conquérir aux Etats-Unis
L’AOS, institution fondée en 1883, a été bousculée en août 2020 par une tribune publiée par Jordan Rutter et Gabriel Foley dans le Washington Post, appelant à décoloniser l’ornithologie. Les deux ornithologues écrivaient alors notamment que « le colonialisme entache les noms vernaculaires de plusieurs oiseaux [qui] à ce titre doivent être modifiés ».
« En Amérique du Nord, il n’y a que des hommes blancs – et quelques femmes blanches – dont le nom a été donné à des oiseaux [et à d’autres espèces]. Beaucoup parmi eux étaient des personnages ignobles, même selon les critères du XIXe siècle. Ils représentent une période de l’histoire coloniale et d’exploitation dont beaucoup de gens ressentent encore les effets », précisait Jordan Rutter au Monde.
Des cadavres dans le placard
Parallèlement, les deux ornithologues ont lancé le site Bird Names for Birds qui rappelle que le nom d’un oiseau peut décrire son apparence, son comportement, son habitat, son chant ou le nom d’une personne… Mais qu’un nom honorifique ne décrit rien de l’oiseau ou même de l’histoire : il sert juste à honorer quelqu’un. Le site répertorie plus 150 oiseaux dont les noms sont liés à des personnages « problématiques », comme William Alexander Hammond, John Bachman ou John Kirk Townsend.
Ce dernier a donné son nom au Townsend’s Solitaire (Myadestes townsendi, solitaire de Townsend) et au Townsend’s Warbler (Setophaga townsendi, paruline de Townsend). Non content d’explorer l’Ouest américain, cet ornithologue a pillé les crânes des tombes amérindiennes dans les années 1840, pour apporter sa pierre à la phrénologie et au racialisme, pseudosciences portées par son ami, le médecin et anthropologue Samuel George Morton.
> Histoire d’une notion : Le retour du « racialisme »
Dans son ouvrage Crania Americana, M. Morton cherchait à classifier toutes les races humaines en fonction de leurs caractéristiques crâniennes. Ses « travaux » ont servi de base à l’idéologie des esclavagistes et sécessionnistes du Sud, écrit Matthew Halley, un ornithologue, qui estime que sa discipline a « littéralement plus d’un cadavre dans le placard ».
Ornithologues pilleurs de crânes
Jordan Rutter et Gabriel Foley ont enjoint à l’AOS de s’engager sur la voie de la réforme. Son président, Mike Webster, a accepté d’étudier la question. « Nous voulons et allons changer les noms qui doivent être changés », a-t-il déclaré à la radio publique américaine NPR, soulignant notamment que le McCown’s longspur (Rhynchophanes mccownii, plectrophane de McCown), a déjà été rebaptisé thick-billed longspur, plectrophane à gros bec.
Cependant, cette révision s’est faite dans la douleur, rappelle l’Audubon Society, organisation environnementale qui doit son nom à l’ornithologue et naturaliste américain d’origine française, Jean-Jacques Audubon (lui-même égratigné par Jordan Rutter et Gabriel Foley, car pilleur de crânes d’Amérindiens à des fins pseudoscientifiques).
La question du changement de nom du McCown’s longspur a émergé après les violences de Charlottesville, le 12 août 2017, qui ont donné lieu à une vague de déboulonnage de statues de généraux confédérés. Robert Driver, un jeune ornithologue a découvert que John Porter McCown s’était battu pour la confédération. En septembre 2018, M. Driver écrit au comité de classification de l’AOS pour demander une révision du nom du Rhynchophanes mccownii, mais essuie un refus, en juillet 2019.
L’AOS estimait alors que McCown avait un intérêt avéré pour l’ornithologie avant la guerre de Sécession et que le comité n’était pas en mesure de juger le passé… Mais la proposition de Robert Driver a suscité un débat au sein de la communauté ornithologique et sur les réseaux sociaux. Elle a fini par dépasser le cas de John Porter McCown pour se déplacer vers la question de savoir si les oiseaux doivent porter le nom de telle ou telle personne.
Des principes de nommage désormais inadaptés
Après la mort de George Floyd, le comité de classification s’est décidé à prendre le train en marche, mais a expliqué aussi à l’Audubon Society qu’il rejetait l’idée d’une large révision parce qu’elle entraînerait une « instabilité massive » et qu’elle serait « mal accueillie » par les ornithologues et les scientifiques.
L’AOS explique au Monde « que les principes qu’elle suit pour nommer les oiseaux ont été édictés en 1983 et mis à jour en 2000 ». L’organisme reconnaît toutefois « qu’ils ne sont plus adaptés pour des noms potentiellement offensants ou controversés » et vient d’annoncer la création d’un comité de 18 ornithologues professionnels et amateurs, d’experts pour lancer le chantier de la révision. Charge à eux de présenter une série de recommandations au début de l’année 2022.
Jordan Rutter estime que l’ornithologie et l’observation des oiseaux – le birdwatching, en anglais – souffrent clairement d’un problème de diversité. Selon une étude réalisée en 2011 par le Fish and Wildlife Service, 93 % des ornithologues interrogés étaient blancs, tandis que seulement 4 % étaient noirs.
Chez Bird Names For Birds, on reconnaît pleinement que leur initiative ne mettra pas fin au racisme. « Mais la suppression de ces noms enverrait le message que la communauté ornithologique valorise l’inclusion et la diversité, plutôt que l’histoire et la tradition », lance Jordan Rutter.
Ironie de l’histoire, le jour de la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, à Central Park à New York, un incident éclatait entre Christian Cooper, un Afro-Américain passionné d’ornithologie, et Amy Cooper, une femme blanche. Le premier a demandé à la seconde de tenir son chien en laisse – une obligation dans le parc –, ce qu’elle a refusé de faire, appelant la police alléguant que Christian Cooper avait tenté de l’agresser. Cet incident a donné naissance à la Black Birder Week, semaine d’événements qui promeut le travail des ornithologues noirs.
<https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2021/06/10/aux-etats-unis-bataille-pour-des-noms-d-oiseaux-plus-inclusifs_6083604_4832693.html>
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12- Crise climatique et de la biodiversité : 50 spécialistes mondiaux appellent à une lutte commune, Le Monde, 10/06/21, 15h39 
Audrey Garric et Perrine Mouterde

Des experts des deux thématiques publient pour la première fois un rapport sur les moyens de faire face à ces défis, profondément interconnectés. 
Comment le dérèglement climatique aggrave-t-il l’érosion de la biodiversité, et comment la destruction du vivant accélère-t-elle le réchauffement ? Quelles solutions pourraient permettre de répondre simultanément à ces deux défis majeurs ? Des compromis sont-ils parfois nécessaires ? Pour la première fois, cinquante des plus grands spécialistes mondiaux de la biodiversité et du climat publient, jeudi 10 juin, un rapport commun sur le sujet. Ils y affirment l’impérieuse nécessité d’aborder conjointement ces crises pour espérer les résoudre.
« Le changement climatique menace de plus en plus la nature et les services qu’elle rend aux populations, a expliqué le climatologue Hans-Otto Pörtner, coprésident du comité de pilotage scientifique du rapport. Plus le monde se réchauffe, moins il y a de nourriture ou d’eau potable dans de nombreuses régions. Les changements de biodiversité, à leur tour, affectent le climat, en particulier par le biais d’impacts sur les cycles du carbone et de l’eau. Un avenir mondial durable est encore réalisable, mais il nécessite un changement radical. »
Ce rapport est le fruit d’un atelier virtuel qui a rassemblé pendant quatre jours, en décembre 2020, des experts sélectionnés par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Il s’agit de la première collaboration entre ces deux organismes qui évaluent l’état des connaissances scientifiques sur ces deux thématiques.
« Mélange complexe d’actions »
Les interactions entre climat et biodiversité sont connues de longue date, mais les deux aspects sont encore trop souvent traités séparément, tant du point de vue de la recherche que des politiques publiques. Alors que deux conférences internationales majeures devraient se tenir cette année ou au plus tard en 2022 (la COP15 sur la biodiversité, prévue en Chine, et la COP26 sur le climat, organisée en Ecosse), l’idée était de « pousser à une lutte conjointe pour maximiser les cobénéfices pour le climat, la biodiversité mais aussi la société, souligne Sandra Lavorel, écologue (CNRS) à l’université de Grenoble, membre du comité de pilotage scientifique de l’étude et membre de l’IPBES. Il n’y a pas de solution magique ni pour le climat, ni pour la biodiversité, ni pour les deux. La résolution de ces crises repose sur un mélange complexe d’actions, dépendant du contexte local »,prévient-elle.
> Lire aussi  « Il est moralement irresponsable de laisser la perte de biodiversité se poursuivre »
Parmi l’éventail d’actions nécessaires, les auteurs du rapport appellent à stopper la destruction des écosystèmes qui stockent beaucoup de carbone tout en abritant une forte biodiversité, en particulier les forêts, les zones humides, les tourbières, les pâturages, les savanes, les mangroves ou les eaux profondes. Ils estiment par exemple que diminuer la déforestation pourrait contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 0,4 à 5,8 milliards de tonnes équivalent CO2 par an – les émissions mondiales liées aux activités humaines s’élèvent à 59 milliards de tonnes équivalent CO2.
La restauration des écosystèmes dégradés fait partie des solutions « parmi les moins chères et les plus faciles à mettre en œuvre », assure aussi le rapport. Ses bénéfices sont nombreux : recréer des habitats pour les animaux et les plantes, contenir les inondations, limiter l’érosion des sols, permettre la pollinisation… Début juin, les Nations unies ont appelé la communauté internationale à restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030, soit une superficie supérieure à celle de la Chine.
Les aires protégées, l’un des piliers des politiques de conservation de la nature, doivent voir leur superficie augmenter mais aussi leur gestion s’améliorer et être davantage interconnectées. Si elles couvrent désormais 17 % des terres et 8 % des océans, le rapport évoque plutôt un objectif de 30 % à 50 % de la planète protégés efficacement.
Des monocultures néfastes
Un autre levier est déterminant pour agir à la fois sur le dérèglement climatique et sur l’érosion de la biodiversité : réformer en profondeur le système agricole en développant notamment l’agroécologie et l’agroforesterie, et en diversifiant les espèces végétales et forestières. Améliorer la gestion des terres cultivées et des pâturages, par la conservation des sols et la diminution de l’utilisation d’engrais, pourrait réduire les émissions de 3 à 6 milliards de tonnes, selon les experts.
> Lire aussi  Biodiversité : les aires protégées progressent en superficie et couvrent désormais au moins 17 % des zones terrestres
S’ils soulignent les synergies possibles, les chercheurs mettent aussi en garde contre certaines mesures prises pour limiter le changement climatique, ou s’y adapter, qui peuvent s’avérer néfastes pour la biodiversité – l’inverse étant également, mais plus rarement, vrai. C’est le cas, par exemple, des grandes plantations en monocultures sur des terres qui n’étaient pas précédemment des forêts en vue d’augmenter le stockage de carbone, comme les pins plantés en Nouvelle-Zélande ou les eucalyptus au Cerrado, en Amérique du Sud.
« Beaucoup d’Etats ou d’entreprises ont lancé des grandes initiatives pour planter des arbres, note Paul Leadley, professeur en écophysiologie végétale à l’université Paris-Saclay, l’un des auteurs du rapport conjoint GIEC-IPBES et principal auteur du rapport majeur de l’IPBES publié en 2019. Il était temps de dire haut et fort que les grandes plantations en monocultures, notamment d’espèces exotiques, ne sont pas bonnes pour la biodiversité mais ne sont pas très bonnes non plus pour le climat, car elles sont particulièrement vulnérables aux aléas climatiques ou aux attaques d’insectes. » 
> Lire aussi  La culture de l’avocat épuise les ressources en eau du sud de l’Espagne
« La nature ne peut pas tout faire »
Le rapport s’intéresse également aux risques associés à un développement massif des bioénergies. Mettre en place à grande échelle des cultures destinées à la production d’électricité, de chaleur ou de carburants – et non à l’alimentation – peut faciliter la transition énergétique mais risque de provoquer des tensions autour de l’usage des terres, d’éroder la biodiversité et d’augmenter les émissions de CO2 liées aux changements d’affectation des sols.
« En tant que scientifiques, nous sommes partiellement responsables, reconnaît Paul Leadley. Il y a une décennie, nous avons poussé en faveur de cette solution pour faire face au changement climatique. Lorsqu’elle est utilisée de façon modérée, elle peut être intéressante. Mais nous voyons maintenant les limites d’un développement très important. » Le scénario détaillé fin mai par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour atteindre la neutralité carbone en 2050 prévoit par exemple une croissance de 60 % des bioénergies qui nécessiterait d’augmenter de 25 % la surface consacrée aux cultures dédiées.
> Lire aussi  La bioénergie n’est pas sans inconvénients
« Ce rapport a le potentiel de rééquilibrer la conversation au sein de la communauté climat, salue Alexandra Deprez, spécialiste de la gouvernance internationale du climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales. Aujourd’hui, les liens entre les deux crises sont uniquement abordés du point de vue positif, pour dire en quoi la biodiversité peut aider à lutter contre le réchauffement. Avec ce rapport, les chercheurs montrent explicitement en quoi certaines solutions utilisées pour atteindre la neutralité carbone peuvent être néfastes pour la nature et disent que cela doit être pris en compte. »
Au-delà des différentes pistes d’action, le rapport rappelle qu’il est indispensable de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines. « La terre et l’océan font déjà beaucoup – ils absorbent près de 50 % du CO2 provenant des activités humaines – mais la nature ne peut pas tout faire », a souligné Ana Maria Hernandez Salgar, la présidente de l’IPBES. Ils appellent notamment à éliminer les subventions aux activités néfastes pour la biodiversité et le climat (production d’énergies fossiles, déforestation, etc.), à réduire notre consommation de protéines animales ou à repenser la façon de calculer la richesse, qui ne soit pas uniquement basée sur la croissance du PIB.
> Lire aussi  « La végétalisation de notre alimentation constitue une réponse aux enjeux climatiques et de santé publique »
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/06/10/crise-climatique-et-de-la-biodiversite-50-specialistes-mondiaux-appellent-a-une-lutte-commune_6083616_1652612.html>
Sur le même sujet : 
> Interview. « Climat et biodiversité doivent désormais être abordés ensemble », Actu-environnement, 10/06/21
Laurent Radisson 
Pour la première fois, le Giec et l'IPBES ont mené un travail commun sur les liens entre changement climatique et effondrement de la biodiversité. Anne Larigauderie explique ces liens et les solutions communes à mettre en œuvre.
Actu-Environnement : Ce travail commun entre les deux plateformes scientifiques est-il une première ?
Anne Larigauderie : Oui, tout à fait. C'est l'une des raisons pour lesquelles ce rapport revêt une importance particulière. C'est la première collaboration entre les deux organismes qui se sont chargés de fournir des expertises scientifiques, d'un côté sur le changement climatique, de l'autre sur la biodiversité. C'est important du point de vue du processus mais aussi du fond, sur les conclusions.
>> Suite à lire à : 
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/interview-anne-larigauderie-ipbes-climat-biodiversite-rapport-atelier-37685.php4>
> Climat et biodiversité, deux menaces « inextricablement connectées » <https://reporterre.net/Climat-et-biodiversite-deux-menaces-inextricablement-connectees>, Reporterre, maj le 11/06/21 à 09h36
En savoir plus :
> Workshop report. Biodiversity and Climate Change <https://www.ipbes.net/events/launch-ipbes-ipcc-co-sponsored-workshop-report-biodiversity-and-climate-change>, IPBES & IPCC, 10/06/21
<https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-37685-rapport-atelier-giec-ipbes-climat-biodiversite.pdf>
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13- Création d'une réserve naturelle sur l'archipel des Glorieuses dans l'océan indien, AFP, 10/06/21, 17:00

Une réserve naturelle nationale a été créée sur l'archipel inhabité des Glorieuses, situé dans l'océan indien entre Madagascar et l'archipel des Comores, selon un décret paru jeudi au Journal officiel.
La Réserve naturelle nationale de l'archipel des Glorieuses comprend l'ensemble des terres émergées, ainsi que les eaux de ce territoire qui dépend des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
L'archipel, dont les terres émergées représentent environ 7 km2, est composé de la Grande Glorieuse (3 km de diamètre), de l'îlot du Lys (600 mètres de diamètre), des roches Vertes et du rocher du Sud.
"La création de cette réserve naturelle nationale est une concrétisation phare de la stratégie nationale des aires protégées pour la prochaine décennie (2020-2030), annoncée par le président de la République le 11 janvier lors du One Planet Summit à Paris.
Elle contribue à l'objectif fixé par Emmanuel Macron : classer 30% de l'espace maritime et terrestre français en aires protégées, dont un tiers sous protection forte", selon un communiqué du ministère de la Transition écologique.
"Protéger 30% des espaces terrestres et marins français d'ici à 2022 est une belle ambition. Le véritable défi est de placer 10% de nos aires protégées sous protection forte. Au-delà des chiffres, l'enjeu est de concentrer nos efforts sur les +points chauds+ de biodiversité dont l'archipel des Glorieuses, et les écosystèmes remarquables qu'il abrite, est un parfait exemple", a déclaré à l'AFP Bérangère Abba, secrétaire d'État en charge de la Biodiversité.
Chacun des 35 "points chauds" de la biodiversité mondiale accueille au moins 1.500 espèces endémiques et a perdu plus de 70% de sa végétation d'origine. Les territoires français se trouvent dans cinq d'entre eux, selon un document du ministère.
Emmanuel Macron avait visité cet archipel en 2019 pour parler défense de la biodiversité, lors d'un déplacement à Mayotte.
"Grande Glorieuse compte 2.500 espèces, dont 20% sont menacées d'extinction", avait à l'époque expliqué le directeur de l'environnement des TAAF, Cédric Marteau. Parmi celles-ci figurent les holothuries (concombres de mer), les requins-citron, les requins pointe noire ou les requins pointe blanche.
Mais la plus emblématique de ces espèces est la tortue verte dont 2.500 pontes sont enregistrées chaque année sur la Grande Glorieuse.
En 2012, un parc naturel marin avait déjà été créé sur cet archipel.
<https://information.tv5monde.com/info/creation-d-une-reserve-naturelle-sur-l-archipel-des-glorieuses-dans-l-ocean-indien-412309>
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14- Pour la première fois en 80 ans, des loups sont nés dans le Colorado, AFP, 10/06/21, 22:00

Le Colorado a annoncé cette semaine la naissance d'une première portée de loups gris en 80 ans sur son sol, une étape majeure pour les efforts de réintroduction de l'espèce dans cet Etat de l'Ouest américain.
Début juin, un biologiste de l'Etat et un employé en charge de la gestion des ressources ont chacun rapporté avoir observé à distance deux loups déjà identifiés, John et Jane, avec trois petits. 
Les portées comportent généralement quatre à six louveteaux, et d'autres loups tout juste nés n'ont ainsi peut-être simplement pas encore été vus.
"Le Colorado abrite aujourd'hui notre première portée de loups depuis les années 1940", a déclaré le gouverneur du Colorado Jared Polis dans un communiqué publié mercredi, en qualifiant cette étape d'"historique". 
Les habitants de cet Etat ont voté l'année dernière en faveur d'une loi visant à la réintroduction de ces prédateurs d'ici 2023. 
"Nous continuons à surveiller de façon active la tanière, tout en faisant preuve d'une extrême prudence afin de ne pas mettre malencontreusement en péril la survie de ces petits", a déclaré la biologiste Libbie Miller. "Ne pas les perturber reste notre préoccupation principale." 
Quelque 250.000 loups habitaient le pays avant que les colons européens ne mènent des campagnes d'extermination durant le XXème siècle. 
Il y a aujourd'hui environ 6.000 loups gris dispersés dans 48 Etats. Il n'en restait plus qu'un millier lorsque les Etats-Unis les ont décrété espèce protégée à la fin des années 1970. 
Malgré cette bonne nouvelle venue du Colorado, les groupes de défense de l'environnement restent très inquiets quant à l'avenir de cette espèce, après que l'ancien président américain Donald Trump lui a retiré certaines protections fédérales l'année dernière, les exposant à la chasse. 
En mars, des chasseurs du Wisconsin ont tué 216 loups en trois jours, soit deux fois plus qu'autorisé, et ce qui représentait quasiment 20% de la population présente dans cet Etat.
<https://information.tv5monde.com/info/pour-la-premiere-fois-en-80-ans-des-loups-sont-nes-dans-le-colorado-412356>
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15- Rando d'éléphants en Chine : un mâle voyage en solitaire, AFP, 11/06/21, 14:00

L'un des 15 éléphants, dont la randonnée à travers champs et villages captive la Chine, s'est séparé de ses congénères et voyage désormais en solitaire, selon des images de la télévision nationale.
Le troupeau, qui comprend trois éléphanteaux, a déjà parcouru plus de 500 km dans le Sud-Ouest du pays, après avoir quitté sa réserve de Xishuangbanna, une région frontalière du Laos et de la Birmanie.
L'un des pachydermes, un mâle, se trouve désormais à 12 km du reste du troupeau après s'en être séparé en début de semaine, selon la chaîne publique CCTV qui retransmet 24 heures sur 24 l'évolution du troupeau sur son site internet.
La pérégrination des éléphants est surveillée en permanence par des drones et des centaines de fonctionnaires interviennent pour évacuer les populations sur leur passage.
Les animaux semblent en bonne santé et personne n'a été blessé alors qu'ils se sont aventurés en ville, ont traversé des autoroutes et visité granges et maisons à la recherche de nourriture.
Les dégâts à l'agriculture occasionnés par leur périple ont déjà été évalués à près d'un million d'euros.
Le troupeau a pénétré la semaine dernière sur le vaste territoire de la ville de Kunming, capitale de la province du Yunnan, qui compte plus de 8 millions d'habitants.
Les autorités ont placé des convois de camions en bordure de routes pour l'obliger à changer de direction.
Des images filmées mercredi montrent le troupeau en train de marcher à travers la jungle, alors que le mâle solitaire creuse le sol et se recouvre de poussière avec sa trompe.
Les zoologues ignorent pourquoi les éléphants ont quitté leur réserve en début d'année.
Les pachydermes tendent cependant ces dernières années à se rapprocher de villages, alors que les plantes qu'ils mangent habituellement sont de plus en plus remplacées par des espèces non comestibles.
Les éléphants sauvages sont protégés en Chine, avec une population évaluée à 300 têtes, contre moins de 200 dans les années 1980. Ils vivent exclusivement dans la région touristique et tropicale de Xishuangbanna.
<https://information.tv5monde.com/info/rando-d-elephants-en-chine-un-male-voyage-en-solitaire-412444>
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16- La plus longue avalanche sous-marine connue a parcouru plus de 1.000 km, Futura-sciences, 11/06/21, 18:32
Céline Deluzarche, journaliste

Tout le monde connaît les avalanches de neige, déclenchées par une instabilité du manteau neigeux. Mais avez-vous déjà entendu parler des avalanches sous-marines ? Ces flux de sédiments, plus correctement nommés « courant de turbidité », peuvent charrier des quantités de boue et de sable considérables en raclant les fonds sous-marins. En janvier 2020, une gigantesque avalanche s'est ainsi produite au large de l'Afrique de l'Ouest, dans un profond canyon à l'embouchure du fleuve Congo. « Plus d'un kilomètre cube de sable et de boue est descendu dans les profondeurs, et s'est écoulé sur plus de 1.100 kilomètres au fond de l'Atlantique », rapporte la BBC.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/breves/oceanographie-plus-longue-avalanche-sous-marine-connue-parcouru-plus-1000-km-4511/>
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17- Enquête. Comment le poulpe a conquis l’humanité, Le Monde, maj le 12/06/21 à 06h04
Nicolas Santolaria

En pleine crise écologique, le poulpe fascine. L’animal terrifiant de jadis est aujourd’hui reconnu pour son intelligence, sa capacité à vivre en symbiose avec la nature. Plongée dans une passion tentaculaire.
Où trouver un vrai mentor de nos jours ? Quelqu’un qui vous inspire ? Vous fait voir le monde autrement ? A vrai dire, pour débusquer cette perle rare, le mieux est peut-être de ne pas la chercher. C’est précisément ce qui est arrivé à James Reed, réalisateur de documentaires animaliers qui, au début des années 2010, s’est retrouvé anéanti par un burn-out. Epuisé par les tournages, incapable de s’occuper correctement de son fils, James avait le sentiment de vivre en dehors du monde, d’en être le spectateur asséché. C’est alors que lui est venue l’idée de renouer avec son enfance et d’aller plonger, comme il le faisait jadis, dans les eaux fraîches du « cap des tempêtes », à la pointe de l’Afrique du Sud. Sans combinaison, sans bouteilles, pour éviter de mettre des barrières entre lui et le milieu.
Au cœur des paysages planants des forêts sous-marines de kelp, palmant au milieu des requins-pyjamas, James recommence progressivement à se sentir vivant, jusqu’au jour où il croise la route d’un petit poulpe craintif, Octopus vulgaris pour les intimes, aussi couramment appelée pieuvre.« J’ai senti que cette créature était vraiment singulière, elle pouvait m’apprendre quelque chose, elle avait un truc particulier. Alors m’est venue cette idée folle : si j’allais là-bas tous les jours, tous les jours sans exception ? » 
Ce que James Reed fit, non sans être accompagné par l’objectif de la caméra. La Sagesse de la pieuvre (My Octopus Teacher), réalisé par Pippa Ehrlich et James Reed et diffusé sur Netflix depuis 2020, est le récit amniotique et volontiers antidépresseur de cette rencontre entre un être humain au bout du rouleau et un octopode aux nombreuses ventouses.
Transformiste et thaumaturge
« J’étais sidéré par la quantité de choses qu’elle m’enseignait. Elle m’a appris à ressentir que nous faisions partie de cet endroit, que nous n’étions pas de simples visiteurs », confie James Reed, en voix off, tombé amoureux de ce mentor transformiste et thaumaturge qui vit en symbiose parfaite avec son milieu. Après avoir été mis en confiance, l’animal, ici presque divinisé, finit par étendre l’un de ses tentacules en direction de l’homme comme pour lui réinsuffler le goût de vivre, mouvement qui rappelle ce détail de La Création d’Adam, fresque peinte par Michel-Ange dans la chapelle Sixtine du Vatican.
> Lire aussi :« La Sagesse de la pieuvre » : la psychanalyse par le poulpe, entre fascination visuelle et crises existentielles
Baigné de nappes de musique ostensiblement émouvantes, le film, qui a remporté l’Oscar du meilleur documentaire, le 25 avril, à Los Angeles, est une invitation à nous réinscrire de manière non verticale au cœur des écosystèmes et à reconnaître d’autres formes d’intelligences que la nôtre. Car, en voyant ces images, il apparaît incontestable que ce fort en bras élabore des stratégies, ruse, joue. Cette intelligence animale invite d’autant plus à l’humilité que le petit poulpe, dont la mère meurt peu après l’éclosion des œufs, doit tout apprendre seul, sans bénéficier du transfert de connaissances propre à la vie sociale.
« Du temps de Jules Verne, la pieuvre, c’était la bête méchante. C’est parce qu’elle était morphologiquement très différente de nous qu’elle faisait peur. Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’elle est plus proche que ce qu’on pensait, souligne le neurobiologiste et philosophe Georges Chapouthier, auteur de Sauver l’homme par l’animal (Odile Jacob, 2020). Il y a déjà des convergences au niveau de ses aptitudes, la vision, la préhension. Elle est capable de dévisser un bocal, de faire un détour pour atteindre son but, d’utiliser des noix de coco comme bouclier. Alors qu’on a longtemps pensé que l’intelligence était l’apanage des vertébrés, le constat que des capacités cognitives complexes peuvent se développer dans d’autres groupes nous invite à relativiser. »
> Lire aussi L’intelligence tentaculaire du poulpe
Naviguant en eaux troubles aux confluents du réel et du mythe, cet animal à sang bleu est, comme le souligne l’écrivain et historien de l’art Pierre Pigot dans son ouvrage Le Chant du Kraken (PUF, 2015), « une créature de la faille et du seuil », qui « ressurgit lorsque la civilisation prend peur de son reflet dans le miroir ». Alors que l’humain commence à comprendre que son rationalisme hégémonique le conduit tout droit à la catastrophe, la nécessité de réinstaurer un dialogue intime avec le vivant se fait jour. Pour cela, il faut des tuteurs, des entités médiatrices. En conséquence, le calamar furax qui hantait les imaginaires du XIXe siècle a laissé la place à une sorte d’« octopote » que l’on inviterait volontiers à l’apéro (prévoir des crabes).
Animal miroir
Viatique d’une réconciliation entre l’homme et le monde animal, votre nouveau copain gluant essaime un peu partout. Est-ce totalement fortuit si vous vous êtes mis à jouer à Squids Odyssey sur votre smartphone, un jeu dont les héros sont de petites seiches aventureuses, et que votre voisine de métro lit L’Octopus et moi, roman d’Erin Hortle (Dalva, 400 p., 22,90 €) ? Simple hasard si vos enfants regardent Les Octonautes, une série d’animation dont un des personnages principaux est une pieuvre océanographe et anthropomorphe ? Quand vos collègues constellent depuis des semaines leurs messages d’émojis à tentacules, et vont jusqu’à télétravailler au bistrot parisien Le Poulpe, à Belleville ?
> Lire aussi : Les poulpes dans les jeux vidéo
Alors que des calamars se sont envolés, jeudi 3 juin, vers la Station spatiale internationale pour une série d’expériences, que penser de cette vidéo de Nature vue plus de 4 millions de fois et intitulée « Poulpe en train de rêver » ? Sur les images, capturées par le professeur de biologie marine David Scheel, la pieuvre Heidi change plusieurs fois de couleur durant son sommeil, laissant penser à certains qu’elle manifeste ainsi les variations de son activité onirique.
> Lire aussi Le poulpe, gentil géant d’un livre pour enfants
Même si ce n’est pas prouvé, l’engouement pour cette idée témoigne du fait que nous considérons aujourd’hui le poulpe comme un animal miroir, son intelligence aux multiples facettes, émotionnelle, préhensive, outillée, de la situation, nous renvoyant aux spécificités de la nôtre, ainsi qu’aux excès dans lesquels elle semble parfois avoir versé.
« Au travers de l’éducation, ce que nous avons cultivé, ce sont surtout les aspects cognitifs abstraits et technologiques portés par l’hémisphère gauche, que l’on retrouve dans les langues ou les mathématiques,analyse Georges Chapouthier. Mais l’homme a aussi en lui des aptitudes émotives, menant à l’altruisme, l’empathie, que l’on ne développe pas beaucoup, ce qui est peut-être un des défauts de nos sociétés. Or, l’essentiel de la pensée animale est une pensée sans langage, une pensée de l’émotion, avec laquelle nous aurions tout intérêt à nous reconnecter, pour sortir de la faillite morale dans laquelle se trouve l’espèce humaine. »
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A certains indices, on peut mesurer que l’intérêt pour cette intelligence sensible va grandissant. Aujourd’hui, causer poulpe sur le réseau professionnel LinkedIn n’a rien d’aberrant, bien au contraire. La bestiole est désormais « inspirante », comme ont pu l’être, en leur temps, les harangues en col roulé de feu Steve Jobs.
« Ça crée immédiatement de la sympathie, de la plus-value, confie Caecilia Finck-Dijoux, 50 ans, spécialisée dans le conseil auprès des entreprises. Quand on a fondé notre boîte avec mon associée, on cherchait un nom en lien avec la mer. Comme on est plongeuses toutes les deux, le poulpe nous est apparu comme une évidence. Mais, en français, le mot a un côté mou. On a donc choisi le terme anglais, et on s’est appelé Octopus Marketing. Ça nous a semblé intéressant de nous identifier à cet animal qui a plusieurs tentacules, car, au travers de notre activité de conseil, on amène des bras supplémentaires chez le client. Par ailleurs, à l’image du poulpe, qui se fait oublier dans son environnement, j’adore me fondre dans les process des entreprises où j’interviens. »
> Lire aussi Monsieur Poulpe : « Le poulpe est quasiment devenu un symbole de la pop culture »
Sensualité et esthétisme
Comme la société de cash-back Poulpeo ou le groupe de post-punk Squid (« calamar », en anglais), aujourd’hui, de plus en plus de nos contemporains agitent les bras pour revendiquer leur appartenance à la team mollusque. Et il n’y a pas que dans le privé que l’animal fascine. Stéphanie, qui travaille dans la fonction publique, apprécie particulièrement la forme étrange de cet invertébré parfois comparé à un alien. « Il a un côté extraterrestre, c’est une sorte d’animal super-héros, qui possède plein de pouvoirs. Il peut traverser une plage en marchant, il peut changer de couleur, mimer son environnement, ses bras repoussent… » Bref, on n’est pas très loin d’un Avenger qui aurait pour base secrète, en ville, le banc de glace pilée de la poissonnerie.
« Le problème du poulpe, c’est que c’est bon », concède notre interlocutrice, qui vient d’en acheter un, avec pour projet de le cuisiner « à la galicienne, avec des pommes de terre ». Ce qui ne l’empêche pas d’être fascinée par la sensualité et l’esthétisme de la bestiole. « J’adore les représentations de poulpe, comme dans Le Rêve de la femme du pêcheurd’Hokusai. Je m’intéresse aussi à l’art japonais du gyotaku, qui consiste à imprimer des animaux marins sur une feuille après les avoir enduits d’encre. Le rendu des tentacules est particulièrement beau. Il y a peut-être quelque chose de sexuel derrière tout ça… » Oui, peut-être.
Garder une trace imprimée du vaste bestiaire peuplant notre planète, quand celui-ci semble plus que jamais menacé par notre appétit : cette pensée complexe traverse l’extraordinaire ouvrage de la philosophe Vinciane Despret, Autobiographie d’un poulpe (Actes Sud, 160 p., 19 €). Ce recueil de récits d’anticipation, à la croisée de l’éthologie la plus pointue et de la divagation poétique la plus ondoyante, met en scène des animaux autour des débats scientifiques que suscite leur évolution.
L’une de ces histoires pourrait être résumée ainsi : un jour, des pêcheurs des calanques de Cassis découvrent, sur des débris de poterie immergés au large, un texte rédigé avec de l’encre de poulpe commun. Que veulent dire ces inscriptions ? Qui peut les déchiffrer ? Pourquoi les poulpes se sont-ils mis à écrire ?
« Penser que les animaux n’écrivent pas, leur refuser même le langage, c’est simplement dû à notre incompétence à les comprendre. Tous les animaux savent écrire au travers de leurs traces, et tous les bons chasseurs savent lire. D’une certaine manière, je ne fais que tirer la réalité un peu plus loin, l’infléchir, l’accentuer », confie Vinciane Despret. Si l’on accepte cet angle de vue, on se met alors à percevoir le poulpe non plus comme un simple être adaptatif bon pour la grillade, mais comme un créateur à part entière. Un être imaginatif, « à la fois assez proche de nous et dans d’autres types de sensibilité, de sensorialité », artiste des profondeurs à la vie éphémère avec lequel il est possible d’entamer une conversation.
Pulsion de vie
Mais qu’est-ce que le poulpe a à nous apprendre, ou à nous réapprendre, au fait ? Peut-être, tout simplement, le fait de croire. Là où notre espèce ne semble plus voir que des culs-de-sac, ce contorsionniste, maître de l’évasion, est animé « par cette conviction quasi kafkaïenne : il y a toujours une issue ». Admirable pulsion de vie qui s’exprime au travers d’une manière singulière d’habiter le monde, à base de camouflage, de mimétisme comportemental et de science de l’esquive. Sans trop en révéler, on peut dire que si le poulpe se met soudain à écrire, ce n’est donc pas seulement par amour de la poésie, mais parce qu’une nouvelle menace plane sur lui, l’obligeant à évoluer.
« La question de l’extinction me hante depuis quelque temps et c’est ce que j’ai essayé de déployer sur un mode fictionnel et non triste. Tous ces animaux qui disparaissent, qu’on ne verra plus, qui auront un jour existé, comment est-ce que nous allons faire pour laisser quelque chose d’eux ? Voilà ce qui me hante », confie Vinciane Despret. Sa poulpe-fiction est d’autant plus troublante que, dans la réalité, l’animal qui l’inspire n’est pas véritablement en voie de disparition, la population des céphalopodes ayant largement augmenté ces soixante dernières années.
> Lire aussi « Autobiographie d’un poulpe », les fables symbiotiques de Vinciane Despret
C’est donc ici le poulpe mythique qui semble avoir été convoqué, celui qui siphonne nos angoisses les plus profondes pour nous les resservir sous une forme de théâtre mimétique, grâce à son étrange pouvoir métamorphe. Cette fois-ci, surfant sur le potentiel expressif de l’encre, il a peut-être juste pris l’allure provisoire d’un autre animal pour nous leurrer et nous édifier en même temps, une espèce qui produirait des traces à grande échelle afin de conjurer sa crainte de l’extinction. On vous laisse deviner laquelle.
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2021/06/11/comment-le-poulpe-a-conquis-l-humanite_6083781_4497916.html>
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18- Neige rouge dans les Alpes : des scientifiques tentent de percer le mystère, Le Parisien, 13/06/21, 15h20
Thomas Pueyo, notre correspondant à Villar-d’Arêne (Hautes-Alpes) 

Si vous partez en randonnée en haute montagne en ce moment, vous aurez sûrement la surprise de marcher sur d’étranges étendues de neige rouge sang. Un phénomène qui a pris de l’ampleur et sur lequel se penchent des chercheurs.
Le phénomène est naturel et sans danger. « Il s’agit de microalgues rouges du genre Sanguina, invisibles à l’œil nu, mais qui pullulent à tel point qu’elles colorent la neige. Cette prolifération spectaculaire s’appelle un bloom », détaille avec minutie Éric Maréchal, directeur de recherche au laboratoire de physiologie cellulaire et végétale de Grenoble (Isère). Il coordonne le consortium Alpalga (association des mots alpes et algue) qui réunit autour de l’étude des algues des neiges des chercheurs du CNRS, du CEA, de Météo France, d’Inrae, et de l’université de Grenoble.
« Quand vous skiez l’hiver, vous glissez sur ces microalgues. Mais on ne les perçoit pas car elles sont vertes et moins nombreuses, poursuit Éric Maréchal. C’est quand le rayonnement solaire devient très fort, à partir de mai, que les algues se fabriquent un bouclier de molécules rouges jouant le rôle de crème solaire. Cela coïncide aussi avec le moment où elles se multiplient et offrent des paysages surréalistes sur les sommets. »
Dans les Alpes, on parlait de « sang des glaciers » dans la tradition orale. Si le microscope a permis de percer ce mystère millénaire, sur lequel buttaient déjà des biologistes du XVIIIe siècle à l’instar de Saussure, d’autres questions taraudent les scientifiques du XXIe siècle. Ils se demandent par exemple pourquoi les « neiges rouges » prennent de l’ampleur ces dernières années. La piste de la hausse du CO2 dans l’atmosphère, due aux activités humaines, tient la corde, car les algues s’en nourrissent.
« Un monde méconnu »
« On défriche un monde méconnu, comme un océan inexploré à plus de 2000 mètres d’altitude », s’enthousiasme Éric Maréchal. « Personne n’avait imaginé toute cette vie sous la spatule de nos skis. Et pourtant, la neige ne se résume pas à des cristaux de glace. Elle abrite donc ces algues, qui se nourrissent du gaz carbonique et de lumière. Viennent ensuite les bactéries, qui les mangent. La connaissance de cet écosystème doit nous encourager à respecter davantage les montagnes. »
C’est à ce titre qu’on retrouve, avec surprise, le célèbre ultra-traileur Kilian Jornet associé au projet. « Sa culture scientifique des Alpes m’a surpris, confie Éric Maréchal. Sa fondation nous soutient sur le volet de la sensibilisation à l’environnement. Pour le reste, notre budget est assuré par l’Agence nationale de la recherche. »
Les premiers résultats d’Alpalga viennent d’être publiés dans « Frontiers in Plant Science ». Des tests ADN entre Isère, Savoie et Hautes-Alpes dévoilent une biodiversité insoupçonnée sur les reliefs, où une multitude d’espèces d’algues s’étagent selon l’altitude. La Sanguina ne se trouve ainsi qu’au-dessus de 2000 mètres.
De ces observations découlent de nouvelles énigmes : comment des algues vivent-elles dans un milieu aussi extrême que la neige, sans entrer en dormance ? Comment colonisent-elles le manteau neigeux ? À partir de quelle quantité de rayonnement se pigmentent-elles de rouge ?
Des algues qui accélèrent la fonte des neiges
Se pose enfin la question de leur influence sur la neige. « Malheureusement, la coloration rouge favorise la fonte des glaciers en supprimant l’effet albédo de la neige. Elle réfléchit moins le rayonnement solaire, chauffe et fond plus vite. Sur des zones sans glacier, cela raccourcit la durée d’enneigement, avec des conséquences en cascade sur l’alimentation des barrages ou l’irrigation agricole en plaine. C’est paradoxal : plus les microalgues se multiplient, plus elles contribuent à la disparition de leur milieu », analyse Éric Maréchal.
> À lire aussi Fonte des glaces : 50 ans après, un échantillon oublié révèle l’histoire alarmante du Groenland
Il espère prélever de nouvelles microalgues rouges dans quinze jours, au-dessus du Jardin du Lautaret (Hautes-Alpes) dirigé par Jean-Gabriel Valay, autre membre d’Alpalga. « Cette année, le sable du Sahara tombé en quantité modifie l’écosystème. On va voir comment réagissent les algues », se soucie ce dernier, qui ne doute pourtant pas de leur résilience. « Les molécules de la Sanguina sont très riches en antioxydants et pourraient intéresser le milieu de la santé pour lutter contre le vieillissement des cellules. Voire celui de l’énergie pour synthétiser de nouveaux carburants. » Bientôt du sang des glaciers à la pompe ? Cette microalgue n’a décidément pas fini de surprendre.
<https://www.leparisien.fr/environnement/neige-rouge-dans-les-alpes-des-scientifiques-tentent-de-percer-le-mystere-13-06-2021-UFS3MIOJJVF43GWU3WQ2E7KZYY.php>
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19- Deux petits rhinocéros de Java repérés dans un parc naturel d'Indonésie, AFP, 14/06/21, 11:00

Deux petits rhinocéros de Java ont été repérés dans un parc national d'Indonésie, alors que les naissances sont devenues rares chez ce mammifère qui est l'un des plus menacés au monde.
Les deux jeunes, qui auraient entre trois mois et un an, ont été filmés en mars par des caméras dissimulées dans le parc national d'Ujung Kulon, a indiqué le ministère de l'Environnement.
Ce parc de 5.100 hectares, à l'extrême ouest de l'île indonésienne de Java, est le dernier habitat sauvage de l'espèce.
"Notre équipe de surveillance des rhinocéros a obtenu l'image à partir des 150 caméras dissimulées dans la péninsule d'Ujung Kulon", a expliqué à l'AFP Anggono, le directeur des parcs nationaux d'Indonésie.
"Cette année, deux petits ont été repérés par les caméras, et l'an dernier deux autres avaient aussi été filmés", a indiqué le responsable qui comme de nombreux Indonésiens ne porte qu'un nom.
Après des années de déclin, la population totale de l'espèce est estimée à 73 individus.
Le rhinocéros de Java a une corne et de larges plis de peau faisant penser à une armure.
Ces rhinocéros se comptaient autrefois par milliers à travers toute l'Asie du Sud-Est jusque l'Inde et la Chine, mais ils ont été décimés par le braconnage et l'invasion de leurs zones de peuplement par les êtres humains.
<https://information.tv5monde.com/info/deux-petits-rhinoceros-de-java-reperes-dans-un-parc-naturel-d-indonesie-412798>
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En images
20- Marseille : une algue invasive prolifère dans les Calanques, France 2, journal de 20h, 11/06/21

Une algue verte inquiète les scientifiques à Marseille (Bouches-du-Rhône). Sa prolifération dans la calanque de Callelongue interroge sur un éventuel impact sur la faune et la flore locale.
Une algue recouvre tout sur 60 cm de hauteur, et forme un tapis verdâtre opaque. Aujourd’hui, sa présence dans la calanque de Callelongue, à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône inquiète les habitants, sur son éventuelle dangerosité. Les algues s’entassent sur la petite plage. Un biologiste marin a identifié le spécimen envahissant. "C’est une algue brune qui s’appelle rugulopteryx okamurae. C’est une espèce japonaise qui a été découverte au milieu des années 2000", précise Thierry Thibaut.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/marseille-une-algue-invasive-prolifere-dans-les-calanques_4660297.html>
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