[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur aléas climatiques, émissions de GES, dérèglement climatique, Accord de Paris & COP26 (lundi 21 juin)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 21 Juin 07:52:57 CEST 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- La plateforme du glacier Pine Island moins protectrice <https://global-climat.com/2021/06/13/la-plateforme-du-glacier-pine-island-moins-protectrice/>, Global-climat, 13/06/21
2- En Antarctique, une bibliothèque va accueillir la mémoire des glaciers menacés par le réchauffement climatique <https://www.lejdd.fr/Societe/en-antarctique-une-bibliotheque-va-accueillir-la-memoire-des-glaciers-menaces-par-le-rechauffement-climatique-4051419>, Le JDD, 14/06/21, 08h00
3- En Antarctique, la France décroche <https://www.lejdd.fr/Societe/en-antarctique-la-france-decroche-4051421>, Le JDD, 14/06/21, 08h00
4- Australie : après les catastrophes climatiques, des fermiers victimes de souris dévastatrices <https://information.tv5monde.com/info/australie-apres-les-catastrophes-climatiques-des-fermiers-victimes-de-souris-devastatrices>, AFP, 14/06/21, 09:00
5- Tribune. Loi Climat et résilience : « Nous vivons au-dessus de nos moyens écologiques » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/14/loi-climat-et-resilience-nous-vivons-au-dessus-de-nos-moyens-ecologiques_6084081_3232.html>, Le Monde, 14/06/21, 11h30
6- Climat : le monde "largement hors des clous", tance le patronat britannique <https://information.tv5monde.com/info/climat-le-monde-largement-hors-des-clous-tance-le-patronat-britannique-412820>, AFP, 14/06/21, 15:00
7- Tribune. « Le projet de loi Climat et résilience doit aujourd’hui aller plus loin dans la régulation de la publicité » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/14/le-projet-de-loi-climat-et-resilience-doit-aujourd-hui-aller-plus-loin-dans-la-regulation-de-la-publicite_6084106_3232.html>, Le Monde, 14/06/21, 17h00 
8- Loi « climat » : le Sénat se montre ambitieux sur certains aspects <https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/06/14/le-senat-se-montre-ambitieux-sur-certains-aspects-de-la-loi-climat_6084055_823448.html>, Le Monde, 14/06/21, 17h05
9- Le G7 ne parvient pas à prendre des mesures ambitieuses face à l’urgence climatique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/14/le-g7-echoue-a-prendre-des-mesures-ambitieuses-face-a-l-urgence-climatique_6084119_3244.html>, Le Monde, 14/06/21, 21h04 
10- Gel dévastateur dans le vignoble français : le réchauffement suspect numéro 1 <https://information.tv5monde.com/info/gel-devastateur-dans-le-vignoble-francais-le-rechauffement-suspect-numero-1-412907>, AFP, 15/06/21, 12:00
11- Climat : cri d'alarme scientifique sur un réchauffement irréversible <https://information.tv5monde.com/info/climat-cri-d-alarme-scientifique-sur-un-rechauffement-irreversible-412950>, AFP, 15/06/21, 18:00
12- Vague de chaleur précoce dans l'ouest des Etats-Unis, des records pourraient tomber <https://information.tv5monde.com/info/vague-de-chaleur-precoce-dans-l-ouest-des-etats-unis-des-records-pourraient-tomber-413004>, AFP, 15/06/21, 21:00
13- Climat : cinq ministres visés par une plainte déposée devant la Cour de justice de la République <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/16/climat-cinq-ministres-vises-par-une-plainte-deposee-devant-la-cour-de-justice-de-la-republique_6084436_3244.html>, Le Monde, 16/06/21, 21h20
14- Jusque dans les postes électriques, chasser le gaz réchauffant <https://information.tv5monde.com/info/jusque-dans-les-postes-electriques-chasser-le-gaz-rechauffant-413217>, AFP, 17/06/21, 10:00
15- A Grenoble, un "plan fraîcheur" pour lutter contre les canicules en augmentation <https://information.tv5monde.com/info/grenoble-un-plan-fraicheur-pour-lutter-contre-les-canicules-en-augmentation-413249>, AFP, 17/06/21, 13:00
16- Au moins 13 morts dans des inondations au Bhoutan et au Népal <https://information.tv5monde.com/info/au-moins-13-morts-dans-des-inondations-au-bhoutan-et-au-nepal-413271>, AFP, 17/06/21, 15:00
17- Interview. Cyril Dion : "On est obligés d'attaquer nos élus en justice pour qu'ils respectent leurs propres engagements" <https://www.lejdd.fr/Societe/cyril-dion-on-est-obliges-dattaquer-nos-elus-en-justice-pour-quils-respectent-leurs-propres-engagements-4052618>, Le JDD, 17/06/21, 15h46
18- Climat : Les négociations préalables à la COP26 s’achèvent sans aucune avancée notable <https://www.20minutes.fr/planete/3064443-20210617-climat-negociations-prealables-cop26-achevent-aucune-avancee-notable>, 20 Minutes avec AFP, 17/06/21, 18h24
19- Les négociations climatiques patinent à cinq mois de la COP26 <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/18/on-entre-dans-une-zone-tendue-les-negociations-climatiques-patinent-a-cinq-mois-de-la-cop26_6084668_3244.html>, Le Monde, 18/06/21, 14h46
20- Comment l’Agence internationale de l’énergie s’est convertie à la neutralité carbone <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/19/comment-l-agence-internationale-de-l-energie-s-est-convertie-a-la-neutralite-carbone_6084772_3244.html>, Le Monde, 19/06/21, 06h37

Bien à vous,
Florence

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AMINCISSEMENT DU JOUR : Des images satellites montrent que la plateforme de glace qui empêche le glacier Pine Island de s’effondrer dans la mer se désagrège plus rapidement qu’auparavant augmentant ainsi la contribution de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer. (cf. item 1 & suite)
CITATIONS DU JOUR : — "Les glaciers sont des livres uniques. Or on a à peine commencé à en lire quelques chapitres. Le temps presse pour les déchiffrer avant leur disparition. Perdre les glaciers, c'est perdre la mémoire.",  Jérôme Chappellaz, glaciologue et directeur de l'Institut polaire Paul-Émile-Victor (Ipev) (cf. item 2)
— "Nous sommes peut-être la dernière génération à pouvoir voir l'Arctique avec une banquise l’été", Stefanie Arndt, spécialiste de la banquise (cf. item 11 & suite)
DÉSINTÉRÊT DU JOUR : A l'inverse d'autres puissances, la France mise peu sur l'Antarctique, où elle possède deux stations scientifiques. Un budget supplémentaire est espéré. (cf. item 3)
INVASION DU JOUR : Après des années de sécheresse, des fermiers de l'est de l'Australie font, depuis des mois, face à une invasion de souris qui dévorent leurs récoltes. (cf. item 4)
SAISISSEMENT DU JOUR : La publicité en faveur des SUV [« sport utility vehicle », littéralement, « voiture utilitaire à caractère sportif »], ne représentant pas moins de trois heures cinquante d’antenne par jour et plus d’1,8 milliard d’euros d’investissements publicitaires par an, véhicule des stéréotypes en contradiction flagrante avec la réalité. (cf. item 7)
ADMONESTATION DU JOUR : A l’issue de la réunion du G7 au Royaume-Uni, la confédération des industries britanniques (CBI), qui représente le patronat, estime que le monde est "largement hors des clous" dans la transition climatique. (cf. item 6 & 9)
PRÉCOCITÉ DU JOUR : La quasi-totalité de l'ouest des Etats-Unis a été placée cette semaine en "état d'alerte" en raison d'une vague de chaleur particulièrement précoce avec des températures qui pourraient friser par endroits les 50°C. (cf. item 12)
PREMIÈRE DU JOUR : Cinq ministres visés par une plainte pour inaction climatique, une première en France. (cf. item 13, suite & 17)
TECHNOLOGIE DU JOUR : Au centre de R&D de Schneider Electric, à Grenoble, les ingénieurs ont mis au point un substitut et ce printemps voit le lancement d'une gamme de postes sans hexafluorure de soufre (SF6), un gaz à effet de serre ultra réchauffant. (cf. item 14)
DÉSASTRE DU JOUR : Pluies de mousson torrentielles au Bhoutan et au Népal. (cf. item 16)
DISSENSIONS DU JOUR : Les discussions préparatoires à la COP26 programmée en novembre en Ecosse, se sont déroulées sur fond de dissensions entre pays développés et pays en développement sur la question des marchés carbone et celle des financements climat. Le gouvernement britannique va convoquer une réunion ministérielle fin juillet pour tenter d’obtenir des progrès sur des points litigieux. (cf. item 18 & 19)
MUTATION DU JOUR : Comment l'Agence internationale de l’énergie, créée dans les années 1970 pour défendre les intérêts des pays importateurs de pétrole, appelle désormais à cesser les investissements dans les nouvelles installations fossiles. (cf. item 20 & suite)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- La plateforme du glacier Pine Island moins protectrice, Global-climat, 13/06/21
Johan Lorck

Pendant des décennies, la plateforme de glace aidant à retenir l’un des glaciers les plus rapides de l’Antarctique s’est progressivement amincie. L’analyse des images satellite révèle un processus plus dramatique ces dernières années : de 2017 à 2020, de gros icebergs au bord de la plateforme se sont détachés et le glacier s’est accéléré.
Des observations satellitaires récentes indiquent que la contribution de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer a considérablement augmenté ces dernières années. La plupart des pertes de glace sont concentrées dans l’Antarctique occidental.
L’un des glaciers les plus vulnérables de l’Antarctique de l’Ouest semble avoir été encore affaibli récemment. Des images satellites montrent que la plateforme de glace qui l’empêche de s’effondrer dans la mer se désagrège plus rapidement qu’auparavant. L’étude est publiée par des chercheurs de l’Université de Washington et du British Antarctic Survey dans la revue Science Advances.
La plateforme de glace de Pine Island est importante car elle aide à retenir ce glacier de l’Antarctique occidental relativement instable. Il ne faut pas confondre les plateformes de glace et la glace de mer. Les plateformes peuvent atteindre 2 km d’épaisseur (la partie émergée ne représente qu’un huitième de la hauteur réelle) et permettent de freiner l’avancée des glaciers. La glace de mer ne fait qu’en moyenne un mètre et n’a pas le même rôle protecteur. Les plateformes ne contribuent pas directement à l’élévation du niveau des océans car elles flottent déjà. En revanche, elles servent de point d’ancrage aux glaciers massifs de l’Antarctique : sans ces plateformes, les glaciers plongeraient directement dans l’eau. C’est donc indirectement que l’amincissement de la frange de glace qui borde le continent entraîne une montée du niveau des océans.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://global-climat.com/2021/06/13/la-plateforme-du-glacier-pine-island-moins-protectrice/>
En savoir plus :
> Ice-shelf retreat drives recent Pine Island Glacier speedup <https://advances.sciencemag.org/content/7/24/eabg3080>, Science Advances, 11 Jun 2021
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2- En Antarctique, une bibliothèque va accueillir la mémoire des glaciers menacés par le réchauffement climatique, Le JDD, 14/06/21, 08h00
Marianne Enault

L'Antarctique va accueillir à partir de 2023 des prélèvements glaciaires du monde entier. Collectés sur les sommets menacés par le réchauffement, ils seront légués aux générations futures.
Pour évoquer l'Antarctique, Jérôme Chappellaz, glaciologue et directeur de l'Institut polaire Paul-Émile-Victor (Ipev), commence par raconter une scène du Nom de la rose. "Vous vous souvenez quand le moine Guillaume de Baskerville sauve d'une bibliothèque en feu les ouvrages irremplaçables? Eh bien, nous faisons pareil avec les glaciers." Le chercheur a l'art de résumer son projet de cœur, Ice Memory. Lancée en 2013 par un petit groupe de scientifiques français, l'initiative vise à prélever des carottes (échantillons cylindriques du sol) de glace sur une vingtaine de glaciers menacés par le changement climatique et de les conserver en Antarctique. "Les glaciers sont des livres uniques. Or on a à peine commencé à en lire quelques chapitres, poursuit le directeur de l'Ipev. Le temps presse pour les déchiffrer avant leur disparition. Perdre les glaciers, c'est perdre la mémoire."
Les chercheurs ont identifié une vingtaine de sites sur les quelque 200.000 que compte la planète. Cette semaine, l'équipe, composée de scientifiques de dix pays, a prélevé de nouveaux cylindres gelés au massif du Mont-Rose, en Suisse. Avant cela, Ice Memory s'est attaqué au col du Dôme, dans les Alpes françaises, au glacier de l'Illimani, en Bolivie, au mont Elbrouz, dans le Caucase, et au Béloukha, dans l'Altaï russe.
18.000 ans d'histoire
Au printemps dernier, les glaciologues partis "carotter" le Grand Combin, sommet de 4.314 mètres à la frontière italo-suisse, ont eu la mauvaise surprise de découvrir de l'eau à 25 mètres de profondeur. "La glace est une bande enregistreuse sur laquelle l'accumulation de la neige consigne ce qui s'est passé pendant l'année, explique Jérôme Chappellaz. Quand la surface fond, l'eau pénètre à l'intérieur de la neige et vient effacer la bande enregistreuse." "Pour nous, le site est perdu", confirme Patrick Ginot, ingénieur de recherche IRD à l'Institut des Géosciences de l'Environnement.
Or cette glace renferme des milliers d'années d'histoire : dix-huit mille ans pour l'Illimani. "En l'analysant, il est possible de retrouver la température qu'il faisait quand le flocon de neige est tombé", explique Jérôme Chappellaz. Va ainsi être retracée l'histoire du climat. "L'analyse de la partie la plus récente de la carotte permet aussi d'étudier l'évolution de la qualité de l'atmosphère, poursuit Patrick Ginot. La glace ne ment pas : elle enregistre tout ce qui est passé dans l'atmosphère, les aérosols, les gaz, les bactéries, les microbes, et elle les stocke. On peut donc étudier l'impact de l'homme sur la qualité de l'air. »
> Lire aussi - En Antarctique, la France décroche
En 1965, le Français Claude Lorius comprend avant tout le monde qu'un trésor est pris dans les glaces. Alors chef de station à Dumont-d'Urville, la base française en Terre Adélie, le jeune glaciologue utilise des fragments de calotte glaciaire pour déguster son whisky on the rocks après une journée éreintante. Des bulles s'en échappent aussitôt. "Il a eu une révélation, raconte Jérôme Chappellaz. Il a compris que leur étude pouvait servir à analyser la composition de l'atmosphère."
L'Antarctique, "une terre vouée à la science et à la paix"
L'année prochaine, les chercheurs d'Ice Memory s'envoleront pour les cimes du glacier nord du Kilimandjaro, en Tanzanie. "C'est un site emblématique, témoigne Patrick Ginot. Il s'agit du dernier vrai glacier africain, dont la surface se réduit à grande vitesse." Lors de chaque expédition, une "carotte patrimoine" est destinée à l'Antarctique, une autre à des observations immédiates, à partager au sein de la communauté scientifique. "Ce n'est pas un projet de recherche mais un projet patrimonial, avance Anne-Catherine Ohlmann, directrice générale de la Fondation Université Grenoble Alpes (UGA), qui porte Ice Memory. Le but n'est pas de signer un bel article dans une revue." Financé pour moitié par des mécènes privés, dont la Fondation Prince Albert II de Monaco, le projet a coûté entre 4 et 6 millions d'euros depuis 2015. Les premières carottes, elles, pourraient être transportées en Antarctique à l'horizon 2023.
> Lire aussi - Jean-Louis Etienne lance son bateau vertical pour explorer l'océan Austral
Ce choix ne doit rien au hasard. D'abord parce que la zone est un congélateur naturel. La bibliothèque, construite dans la neige et sans matériau, sera située sur la station franco-italienne de Concordia, où la température moyenne est de - 55 degrés. Ensuite parce que l'Antarctique est un lieu symbolique. "C'est un territoire qui n'appartient à personne, rappelle Patrick Ginot. Une terre vouée à la science et à la paix."
Des carottes sans propriétaire
Les carottes glaciaires sont elles aussi sans propriétaire. "C'est un bien commun de l'humanité", considère Jérôme Chappellaz. En début d'année, les sept instituts porteurs du projet ont créé la Fondation Ice Memory afin, espèrent-ils, de gérer au mieux sa gouvernance. Ils l'imaginent déléguée à terme à l'Unesco. "Il faut pouvoir s'assurer que dans des centaines d'années, ces carottes seront accessibles aux chercheurs sur des critères scientifiques et non géopolitiques", explique ­Anne-Catherine Ohlmann.
Les générations futures se voient ainsi confier une banque de données à la valeur inestimable. Le legs est scientifique mais aussi politique. "À ces futurs chercheurs, nous disons : 'Voilà ce que nous avons su tirer de ces carottes, faites mieux', commente la directrice de l'UGA. Imaginez qu'aujourd'hui on trouve un coffre avec des graines enterrées avant la Révolution française, avec ce message : 'Nous sommes des chercheurs du XVIIe siècle, nous mettons ça dans une boîte car nous pensons qu'au XXIe siècle, vous saurez en faire quelque chose pour que votre humanité vive mieux.' C'est exactement ce qu'on veut faire." Avec Ice Memory, les glaciologues sont aussi des passeurs d'histoire.
<https://www.lejdd.fr/Societe/en-antarctique-une-bibliotheque-va-accueillir-la-memoire-des-glaciers-menaces-par-le-rechauffement-climatique-4051419>
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3- En Antarctique, la France décroche, Le JDD, 14/06/21, 08h00
Marianne Enault

A l'inverse d'autres puissances, la France mise peu sur l'Antarctique, où elle possède deux stations scientifiques. Un budget supplémentaire est espéré.
Paris accueillera à partir de lundi la 43e Réunion consultative du traité sur l'Antarctique. "À cette occasion, on saura si la France a quitté la cour des grands ou s'il y a un sursaut politique", juge le directeur de l'Institut polaire Paul-Émile-Victor (Ipev), Jérôme Chappellaz. Le 1er décembre 1959, 12 pays, dont les États-Unis et l'URSS, signent ce texte qui fait taire provisoirement les revendications territoriales sur ce bout du monde glacé. "Sa force est de faire de l'Antarctique une terre de sciences", témoigne le climatologue Jean Jouzel.
La base française Dumont-d'Urville vieillissante
Si le traité n'est pas menacé - le moratoire sur ses ressources court jusqu'en 2048 -, les équilibres entre nations le sont. La Chine y a de grandes ambitions et possède désormais cinq stations ; la France, deux. D'autres pays investissent massivement, la Nouvelle-Zélande et l'Australie, par exemple. Construite à la fin des années 1950, la base française Dumont-d'Urville est vieillissante. "Il nous faudrait un budget de 70 à 90 millions d'euros ventilé sur trente ans", détaille Jérôme Chappellaz. Il attend un signe de Matignon en soutien à la recherche française, en pointe sur l'étude des glaces.
> Lire aussi - En Antarctique, une bibliothèque va accueillir la mémoire des glaciers menacés par le réchauffement climatique
Mais cet espoir devrait être douché : Jean Castex, qui prendra la parole mardi lors d'un discours enregistré - le Premier ministre, cas contact, est en isolement - n'a pas prévu d'"annonces particulières" sur ce terrain-là, reconnaît son entourage.
<https://www.lejdd.fr/Societe/en-antarctique-la-france-decroche-4051421>
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4- Australie : après les catastrophes climatiques, des fermiers victimes de souris dévastatrices, AFP, 14/06/21, 09:00
Andrew Leeson

Après des années de sécheresse, des fermiers de l'est de l'Australie font, depuis des mois, face à une invasion de souris qui dévorent leurs récoltes. 
Muni d'un balai, Col Tink, fermier près de Dubbo, une petite ville reculée de Nouvelle-Galles du Sud, chasse des centaines de souris vers une grande cuve dans laquelle elles se noient. 
Cette méthode est la seule dont il dispose pour freiner ce fléau qui frappe de nombreuses fermes dans l'est de l'immense île-continent.
Mais jusqu'à présent, ses efforts sont vains. Les souris continuent de ronger ses réserves de céréales et de foin et elles ne manquent pas de s'attaquer à tout produit comestible. 
Sur des vidéos cauchemardesques qui ont fait le tour du monde, des milliers de souris grouillent dans les granges, les habitations et se déplacent par hordes à vive allure.
Il s'agit de la dernière calamité à frapper les fermiers australiens, après plusieurs années de sécheresse, de mois de feux de forêt dévastateurs à la fin 2019 et des inondations qui ont suivi. 
"Mon père est toujours en vie, il a 93 ans, et c'est les trois pires années de sa vie. Je pense que c'est probablement la pire invasion de souris jamais enregistrée", selon M. Tink, éleveur de bovins.
Il redoute que ce fléau ne perdure lors de l'hiver austral, qui débute en juin. 
"Si nous n'avons pas un hiver vraiment froid et humide, je m'inquiète un peu de ce qui va se passer au printemps", a expliqué à l'AFP cet homme de 65 ans.
Steve Henry, chercheur au sein de CSIRO, le centre de recherche scientifique public, n'est guère plus optimiste. 
"Quand une telle invasion de souris prend fin, elles disparaissent du jour au lendemain et ce n'est pas ce à quoi nous assistons actuellement", explique M. Henry, spécialiste des animaux nuisibles depuis près de trois décennies.
Les souris ont débarqué en Australie avec les premiers colons britanniques. 
Ce minuscule rongeur s'adapte parfaitement aux bonnes et mauvaises performance de l'agriculture australienne, liées au climat. Ce fléau est donc fréquent mais cette année, il a atteint des sommets. 
- "Une pente dangereuse" -
Cette année, les chiffres sont "tout simplement astronomiques", selon Terry Fishpool, 74 ans, un producteur de céréales de Tottenham, en Nouvelle-Galles du Sud. 
De grandes quantités de rongeurs ont été signalées dès le mois d'octobre et une récolte exceptionnelle, après la pire sécheresse jamais enregistrée, leur a permis de proliférer.
Bill Bateman, professeur associé à l'université Curtin en Australie-Occidentale, estime que jusqu'à présent, ces invasions de souris ne se produisaient qu'une fois par décennie, mais le changement climatique pourrait rendre ce phénomène plus fréquent. 
"Si nous n'avons plus d'hivers rigoureux, les souris auront de quoi survivre toute l'année, alors cela va devenir chronique", estime M. Bateman. 
Face à ce fléau, le gouvernement australien a annoncé un plan d'aide de plusieurs millions de dollars et mis au point un puissant pesticide, la bromadiolone, qui n'a pas encore été approuvé par les autorités. 
Mais cet anti-coagulant, qui agit plus rapidement et efficacement que les pesticides jusqu'ici répandus, a pour inconvénient de rester plus longtemps dans l'organisme des souris mortes ou agonisantes. 
Les experts redoutent donc qu'il ne tue également les animaux qui mangeront ensuite les souris empoisonnées. 
"L'utilisation de ce produit de deuxième génération de lutte contre les rongeurs est extrêmement inquiétante", estime M. Bateman, de l'école des sciences moléculaires et de la vie. 
"C'est une pente dangereuse" et son utilisation sur le long terme et rester dans l'environnement. En tuant les prédateurs naturels, il pourrait empoisonner les humains à travers la chaîne alimentaire, selon lui. 
"Nous allons vraiment nous attirer des ennuis à l'avenir, non seulement en détruisant notre biodiversité, mais aussi en détruisant nos moyens de défense contre toute future invasion de souris". 
Pour M. Henry, un usage des insecticides, des pièges et des méthodes jusque-là utilisés pourrait contribuer à réduire le nombre de souris si leur population continue d'augmenter après l'hiver.
Pour lui la priorité est donc de chercher des solutions à long terme, y compris sur les causes cet "énorme" fléau.
<https://information.tv5monde.com/info/australie-apres-les-catastrophes-climatiques-des-fermiers-victimes-de-souris-devastatrices>
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5- Tribune. Loi Climat et résilience : « Nous vivons au-dessus de nos moyens écologiques », Le Monde, 14/06/21, 11h30
Par Collectif

La Confédération paysanne et quatre associations écologistes déplorent, dans une tribune au « Monde », que la loi « Climat » ne soit pas à la hauteur des enjeux mis en évidence par la convention citoyenne pour le climat, afin de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité.
Tribune. Cinq semaines de débats à l’Assemblée nationale et plusieurs milliers d’amendements déposés auront seulement permis le maintien d’une multitude de dérogations et de systèmes de compensation qui vont permettre de continuer légalement à détruire notre « écosystème Terre ». Les intentions de la convention citoyenne pour le climat de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de stopper l’extension urbaine ont été largement détournées.
Nous vivons au-dessus de nos moyens écologiques. Pour lutter contre le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité, préserver un potentiel de production de biomasse mis à mal par le dérèglement climatique, il nous faudrait plus d’espaces naturels, agricoles et forestiers ; nous n’en disposons pas. Au regard du déséquilibre global, le code de l’urbanisme ne doit plus faire référence à la notion d’équilibre entre les espaces urbanisés et les autres espaces naturels, agricoles et forestiers.
L’objectif de « zéro artificialisation nette » était déjà critiquable quand France Stratégie [organisme d’évaluation et de prospective rattaché à Matignon] le proposait à l’horizon 2030, mais « l’ambitieux gouvernement » vise 2050 ! De plus, ce dernier demande aux législateurs de lui donner carte blanche pour définir et mesurer l’artificialisation quand les gouvernements successifs n’ont pas été capables de le faire depuis plus de dix ans.
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La réduction de l’artificialisation des sols par les collectivités ne deviendra une obligation qu’en 2027 au sein des plans locaux d’urbanisme, laissant ainsi jusqu’à 2037 pour une simple réduction de 50 % du rythme d’artificialisation. De plus cette division par deux en dix ans de l’artificialisation restera un vœu pieux, faute d’instruments fiables et non contestables et de compétences de l’État en matière d’extension urbaine.
Imposture
Autre trouvaille, la désartificialisation ou la « désimperméabilisation » des sols ! Oter le béton ou le bitume permettrait de compenser la destruction des surfaces « artificialisées ». Une fois le béton et le bitume supprimés apparaissent des terres compactées ; l’eau et l’air ne peuvent y circuler, la réserve hydrique y est faible, comme le stock de carbone ; ces terres ne pourront retrouver leur niveau antérieur fonctionnel qu’après plusieurs dizaines d’années au mieux. Si la désimperméabilisation présente un réel intérêt, elle ne peut constituer une contrepartie à l’artificialisation. C’est une imposture !
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Le recours à la compensation est présenté comme un outil pour préserver les espaces naturels, agricoles et forestiers qui assurent des fonctions de stockage de carbone, d’eau, d’éléments minéraux, de production de biomasse végétale, animale. Quand une surface de 10 hectares est compactée, imperméabilisée, même après « renaturation » le potentiel agricole et de biodiversité de ces hectares ne peut être considéré comme équivalent à des parcelles déjà existantes. En la matière, la compensation est un leurre. Au mieux un exercice de prestidigitateur. Le développement d’une offre de compensation condamne ladite compensation à n’être qu’un instrument de marché financier.
Il est proposé que les espaces « inutilisés » soient considérés comme des friches et donc susceptibles d’être artificialisés sans trop de contraintes ! Faut-il rappeler que les espaces naturels, agricoles et forestiers, « inutilisés » sont des espaces extrêmement précieux ; ils constituent des réservoirs de carbone, de biodiversité, de potentiel de production de biomasse avec des usages réversibles. Ce sont des pleins et non des vides et ne doivent plus être considérés comme réservoirs d’extension urbaine.
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La compensation basée sur « la logique » de neutralité de la dégradation permet, par exemple pour le secteur aéronautique, de continuer à émettre des GES en évitant simplement la déforestation, donc sans capture supplémentaire de carbone.
La compensation pour l’artificialisation repose sur la disponibilité de terres prêtes à être conservées, restaurées, voire reboisées. Elle tend déjà à favoriser des pratiques d’accaparement de terres, comme le montrent les engagements annoncés par le gouvernement français lors du One Planet Summit de janvier 2021, instaurant des effets de rente avec les crédits carbone ou les primes de restauration écologique.
Diversion
Emergent alors de nouvelles pratiques de contrôle des ressources avec une spécialisation accrue des territoires, entre ceux « non protégés de l’artificialisation » et ceux déclarés « protégés ». Les nouvelles coalitions d’intérêts qui en résultent, par les compromissions qu’elles recèlent, entre acteurs financiers, aménageurs, grands propriétaires fonciers, agro-entrepreneurs et opérateurs de la conservation de la nature, sont porteuses d’une aggravation des conflits d’usages, de valeurs et de crises sociales et politiques.
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Ces pratiques instaurent une nouvelle dynamique dans le financement d’actions de conservation de la nature, de reboisements, d’une agriculture de conservation, avec le risque de substitution aux politiques publiques, sans régulation et sans considération de l’intérêt général.
Enfin, la non reprise de l’essentiel des propositions de l’assemblée citoyenne, tirée au sort, le choix de la procédure accélérée, le renvoi à de nombreux décrets, ne renforcent ni les pratiques démocratiques ni la confiance entre les citoyens et l’Etat. Une fois de plus, le gouvernement veut faire diversion afin de ne pas s’engager frontalement, urgemment, à agir réellement contre les causes du dérèglement climatique et de l’érosion de la biodiversité.
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De nombreuses propositions d’amendements avaient été déposées par les différentes organisations non gouvernementales (ONG), certaines n’ont même pas été examinées sous prétexte de cavalier législatif, beaucoup ont été refusées. Nos parlementaires ont la responsabilité d’améliorer cette proposition.
§ Liste des signataires : Geneviève Bernard, présidente de la Fédération nationale Terre de liens ; Cécile Claveirole, membre du bureau de France nature environnement (FNE) ; Chloé Gerbier, juriste de l’association Notre affaire à tous ; Robert Levesque, président de l’association Améliorer la gouvernance de la terre, de l’eau et des ressources naturelles (aGter) ; Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/14/loi-climat-et-resilience-nous-vivons-au-dessus-de-nos-moyens-ecologiques_6084081_3232.html>
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6- Climat : le monde "largement hors des clous", tance le patronat britannique, AFP, 14/06/21, 15:00

La confédération des industries britanniques (CBI), qui représente le patronat, estime que le monde est "largement hors des clous" dans la transition climatique après la fin de la réunion du G7 au Royaume-Uni ce week-end. 
Elle enjoint le gouvernement britannique, hôte en novembre de la conférence environnementale internationale COP26 à Glasgow, d'accélérer les réformes concrètes, notamment dans le bâtiment et les transports.
L'organisation affirme que d'ici cinq prochains mois, Downing Street doit établir "une stratégie thermique et de construction pour des bâtiments verts" avec des indications précises sur la manière dont "il va soutenir financièrement les propriétaires pour rendre leur logement économe en énergie".
La plupart des chauffages de logements fonctionnent au gaz au Royaume-Uni.
La CBI recommande aussi de "débloquer les investissements dans les technologies vertes" et d'annoncer d'ici la COP26 le "calendrier pour la prochaine série de licences d'exploitation pour l'éolien offshore".
Enfin, l'organisation appelle à "donner la priorité à la décarbonisation des transports" en publiant un "nouveau plan pour les véhicules électriques d'ici la fin de l'année et en s'engageant à ouvrir 7 nouvelles vastes usines pour la production de batteries".
Le directeur général de la Confédération, Tony Danker, doit insister sur le fait que "le monde n'a pas le droit à l'échec. La crise climatique s'aggrave et nous sommes largement hors des clous", d'après des remarques reçues à l'avance du discours qu'il doit prononcer à la conférence CBI "Road to Zero" lundi.
Le Royaume-Uni s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et veut baisser ses émissions de CO2 de 78% d'ici 2035.
Les dirigeants du G7 se sont prononcés ce week-end pour une réduction de moitié de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, voire plus pour certains. 
Ils veulent tourner le dos aux centrales au charbon, énergie fossile la plus polluante, sauf si des mesures de compensation environnementale sont en place, comme le captage de CO2. Les aides publiques seront arrêtées dès cette année.
L'organisation écologiste Greenpeace a toutefois déploré l'absence de promesse d"'arrêter tous les nouveaux projets aux énergies fossiles - ce qu'il faut mettre en œuvre cette année pour limiter la hausse dangereuse de la température mondiale".
Parallèlement, le Trésor britannique a publié lundi une série de mesures destinées à protéger la biodiversité, promettant "de laisser l'environnement en meilleur état que nous l'avons trouvé".
Il souligne avoir annoncé un plan d'action pour les arbres en Angleterre, et mettre en place un "fonds de protection de la nature contre l'impact climatique" qui génèrera des financements privés.
<https://information.tv5monde.com/info/climat-le-monde-largement-hors-des-clous-tance-le-patronat-britannique-412820>
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7- Tribune. « Le projet de loi Climat et résilience doit aujourd’hui aller plus loin dans la régulation de la publicité », Le Monde, 14/06/21, 17h00 
Par collectif

Alors que débute, lundi 14 juin, au Sénat l’examen du texte, un collectif d’élus locaux et le WWF, appellent dans une tribune au « Monde » à la création d’une autorité indépendante afin de mieux contrôler le contenu des publicités.
Tribune. Partout, de fortes attentes citoyennes s’expriment en faveur de la régulation de la publicité, une publicité qui est aujourd’hui omniprésente dans nos rues, sur nos écrans, en somme, dans nos vies.
Ces attentes, les élus locaux y répondent en régulant l’implantation de supports publicitaires sur les territoires. Cependant, les collectivités ne peuvent agir sur les contenus qui relèvent de la responsabilité de l’Etat. Et il y a urgence à agir !
En effet, si la publicité n’a jamais eu pour fonction de dire toute la vérité, elle a néanmoins l’obligation de ne dire rien que la vérité. C’est d’ailleurs ce que soutient l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), organisme privé d’autorégulation des professionnels du secteur, qui s’est donné pour mission de « promouvoir une publicité saine, véridique et loyale ».
Contradiction flagrante
Si les professionnels du secteur en conviennent, quel est le problème ? Tandis qu’une publicité en faveur d’un vélo électrique reçoit un avis négatif de l’ARPP parce que créant un « climat anxiogène » en faisant référence à la pollution liée à l’automobile, les cas de « greenwashing » augmentent.
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Cette hausse est documentée dans la dernière édition du « Bilan 2019. Publicité & environnement » publié [en septembre 2020] conjointement par l’ARPP et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), cette dernière évoquant d’ailleurs des résultats « inquiétants » et pour cause ; les cas recensés ont pour ainsi dire doublé.
Dans ce contexte, une étude récente du WWF France est venue mettre en lumière un constat saisissant : la publicité en faveur des SUV [« sport utility vehicle », littéralement, « voiture utilitaire à caractère sportif »], ne représentant pas moins de trois heures cinquante d’antenne par jour et plus d’1,8 milliard d’euros d’investissements publicitaires par an, véhicule des stéréotypes en contradiction flagrante avec la réalité. C’est le cas de ces publicités vantant les SUV comme le moyen de communier avec une nature originelle, pure et préservée.
Ces publicités, qui s’affichent au quotidien dans nos territoires, font appel à nos paysages les plus spectaculaires, à ce que la nature a de plus beau à nous offrir… au profit de la deuxième source de croissance des émissions de CO2 en France sur la dernière décennie.
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Parce que nous ne pouvons plus accepter que les consommateurs soient délibérément induits en erreur et que l’autorégulation ne suffit manifestement pas, nous soutenons que le projet de loi Climat et résilience doit aujourd’hui aller plus loin dans la régulation de la publicité.
Mise en scène
Aller plus loin, c’est, s’agissant des SUV, qualifier de pratiques commerciales trompeuses leur mise en scène dans des paysages naturels tendant à faire croire à l’absence d’impacts environnementaux, en écho à la mobilisation du parc national des Calanques pour faire cesser l’usage abusif de son image par un constructeur automobile.
> Lire aussi  « Le projet de loi Climat et résilience constitue une double occasion manquée : respecter l’accord de Paris et faire confiance à la science »
Aller plus loin, c’est aussi créer une autorité indépendante de régulation de la publicité, réunissant des personnalités diverses, afin d’en garantir l’impartialité parce que les SUV ne sont qu’un cas parmi d’autres, tout aussi symptomatique qu’il soit.
A l’heure où le Sénat, représentant des collectivités, a souhaité donner la parole aux élus locaux avant de se saisir de ce projet de loi, nous en appelons aux sénatrices et sénateurs pour protéger nos concitoyennes et concitoyens ainsi que nos territoires. Si des considérations environnementales doivent pouvoir permettre à un annonceur de se démarquer de ses concurrents, encore faut-il qu’elles ne constituent pas une tromperie, fût-elle par omission.
§Liste des signataires : Béatrice Agamennone, vice-présidente de Metz Métropole et adjointe au maire de Metz (SE) ; Isabelle Autissier, présidente d’honneur du WWF France ; Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg (EELV) ; Michel Bisson, président de Grand Paris Sud et maire de Lieusaint (PS) ; François Chollet, vice-président de Toulouse métropole ; Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole et maire de Le Pont-de-Claix ; Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président de la métropole de Lyon ; Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen-Normandie et maire de Rouen (PS) ; Eric Piolle, maire de Grenoble (EELV) ; Patrice Vergriete, président de la communauté urbaine de Dunkerque et maire de Dunkerque (DVG).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/14/le-projet-de-loi-climat-et-resilience-doit-aujourd-hui-aller-plus-loin-dans-la-regulation-de-la-publicite_6084106_3232.html>
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8- Loi « climat » : le Sénat se montre ambitieux sur certains aspects, Le Monde, 14/06/21, 17h05
Rémi Barroux, Mariama Darame et Audrey Garric

Après les députés en mars, les sénateurs se lancent, lundi 14 juin, dans l’examen de ce texte issu de la convention citoyenne, qui compte désormais 218 articles. 
Le Sénat n’y échappera pas non plus. Après l’Assemblée nationale en mars, le Palais du Luxembourg se lance, lundi 14 juin, dans l’examen du tentaculaire projet de loi Climat et résilience. De 69 articles dans sa version initiale, le texte issu de la convention citoyenne pour le climat en compte désormais 218. Et ce n’est pas fini. Publicité, rénovation thermique, transports, énergies… Le Sénat, dominé par la droite, affiche un discours « ambitieux » pour ces deux semaines de débat en hémicycle. Près de 2 200 amendements ont été déposés, proportion rare au Sénat, après un nombre déjà record d’amendements en commission (1940).
Un temps perçus comme hostiles au processus de la convention citoyenne, les sénateurs se sont convertis progressivement au débat posé par les conventionnels. Aujourd’hui, certains vont même jusqu’à accuser les députés d’une certaine « frilosité » sur ce dernier grand texte environnemental du quinquennat. « Le texte de l’Assemblée nationale n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique », affirme ainsi Jean-François Longeot, président centriste de la commission de l’aménagement du territoire au Sénat et du développement durable.
En commission, les sénateurs ont introduit quelques avancées. Sur le volet des transports, ils ont approuvé une baisse de la TVA sur les billets de train de 10 % à 5,5 %, l’une des propositions de la convention citoyenne pour le climat, dont n’avaient pas voulu le gouvernement et les députés. Ils ont également voté un prêt à taux zéro mobilité pour faciliter l’acquisition d’un véhicule moins polluant pour les ménages modestes. « La facture climatique, ce sont d’abord les classes moyennes et les classes précaires qui la payent, donc il faut que nous puissions avancer ensemble sur ces sujets », prévient la sénatrice Les Républicains (LR) des Yvelines Marta de Cidrac, corapporteuse du texte.
« Débat plus ouvert »
Cette série de mesures incitatives a d’abord vocation à mettre la pression sur le gouvernement dans le cadre du prochain projet de loi de finances, la mère des batailles pour concrétiser de nombreux engagements de la loi « climat ».
Du côté des bâtiments, ils ont également renforcé la définition des rénovations énergétiques performantes, en excluant les logements de la classe énergétique C. « De façon inattendue, le Sénat s’est davantage positionné que l’Assemblée nationale sur la question de la justice sociale », relève Céleste Duriez, chargée de mission au Réseau Action Climat.
Parmi les autres « surprises positives », note-t-elle, les sénateurs sont venus « titiller » l’Assemblée sur l’épineuse question de la publicité, qui avait suscité beaucoup de débats. Alors que les conventionnels souhaitaient l’interdire sur tous les produits polluants, les députés s’étaient contentés de la bannir pour les énergies fossiles. Les sénateurs, eux, vont un peu plus loin, en la proscrivant pour les voitures les plus polluantes à partir de 2028. Elle ne sera également pas autorisée pour « les produits à impact environnemental excessif » dans l’audiovisuel public à partir de 2023.
> Lire aussi  L’examen du projet de loi Climat et résilience s’est achevé à l’Assemblée nationale
« Les sénateurs ont déposé moins d’amendements mais ont été plus incisifs, juge Céleste Duriez. Surtout, le débat a été beaucoup plus ouvert. » Seulement 5 % des amendements déposés en commission au Sénat ont été jugés irrecevables, contre 26 % à l’Assemblée – et 13 % en moyenne sur l’ensemble des projets de loi du quinquennat.
La portée de la loi parfois amoindrie
« Il y a quelques éléments qui peuvent donner l’impression que leur version est plus ambitieuse d’un point de vue climatique, mais il y en a beaucoup d’autres qui vont dans le sens inverse », s’agace le rapporteur de la loi « climat » à l’Assemblée, Jean-René Cazeneuve (La République en marche, Gers). Pour Ronan Dantec, sénateur écologiste de Loire-Atlantique, « le Sénat n’a pas voulu apparaître moins-disant que les députés et a fait un gros travail d’amendements ».
Derrière un discours aux accents volontaristes, les sénateurs ont néanmoins amoindri la portée du projet de loi sur certains articles. Ils ont maintenu pour deux années supplémentaires l’expérimentation des menus végétariens hebdomadaires dans les cantines scolaires, alors que l’Assemblée avait voté leur pérennisation. Ils ont également repoussé le calendrier concernant les « zones à faibles émissions », qui limitent la circulation des véhicules les plus polluants dans les agglomérations, laissant le choix aux pouvoirs locaux des modalités de son application.
Des changements qui seront sans doute annulés par l’Assemblée. « Aujourd’hui, dans la version du Sénat, il y a beaucoup trop de reculs qui ne sont absolument pas acceptables pour nous. Il faut qu’il fasse des efforts s’il veut une commission mixte paritaire conclusive », affirme M. Cazeneuve.
Les sénateurs envisagent d’ouvrir d’autres débats, notamment dans le domaine des énergies, sur la production d’hydrogène comme sur la place du nucléaire dans le mix énergétique français. Une des mesures consiste à empêcher la fermeture d’un réacteur si la capacité de production équivalente n’était pas fournie par les énergies renouvelables. « On ne remet pas en cause l’objectif de 50 % d’énergies renouvelables d’ici à 2035, mais on veut s’assurer qu’on ne soit pas dans une situation de black-out, si ce ratio n’était pas au rendez-vous », déclare Sophie Primas, la présidente LR de la commission des affaires économiques au Sénat.
Les associations déçues
Du côté du ministère de la transition écologique, on se dit « plutôt content de voir que les sénateurs n’ont pas détricoté le texte, ce qui est la marque que l’urgence d’agir n’est plus en débat ». Aucun des 69 articles initiaux du projet de loi n’a été supprimé, se félicite-t-on dans l’entourage de la ministre Barbara Pompili, où l’on défend néanmoins la nécessité de revenir aux « équilibres du texte initial ».
> Lire aussi : la ligne de crête de l’exécutif
Mais, pour les associations, le compte n’y est toujours pas. « On reste sur un texte qui ne nous permettra ni d’atteindre nos objectifs climatiques ni d’aller vers une véritable transition énergétique, faute de suffisamment de mesures fortes, d’obligations et d’échéances rapprochées », regrette Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes pour le WWF France. La France s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990, mais elle devra accroître encore davantage ses efforts, du fait du nouvel objectif européen d’au moins 55 % de réduction des émissions.
Un objectif dans le viseur des sénateurs à quelques mois du début de la présidence française de l’Union européenne, en janvier 2022. Un amendement centriste soutenu par la majorité des groupes a été déposé pour la séance : il prévoit d’inscrire avant l’article premier de la loi Climat et résilience l’engagement de la France sur l’objectif européen. « Une question de crédibilité », selon M. Longeot. « Un article tautologique et qui n’a pas de portée normative », pour le ministère de la transition écologique.
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/06/14/le-senat-se-montre-ambitieux-sur-certains-aspects-de-la-loi-climat_6084055_823448.html>
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9- Le G7 ne parvient pas à prendre des mesures ambitieuses face à l’urgence climatique, Le Monde, 14/06/21, 21h04 
Audrey Garric

Les sept grandes puissances se sont engagées à arrêter de financer les nouvelles centrales à charbon à l’étranger d’ici à la fin 2021, mais ont échoué à fixer une date de sortie du charbon et à s’attaquer aux autres énergies fossiles. 
« La crise climatique et écologique s’aggrave rapidement. Il faut donc fêter cela avec un barbecue de steaks et de homards pendant que des avions font des acrobaties dans le ciel. » Ce commentaire ironique, tweeté par la militante suédoise Greta Thunberg dimanche 13 juin, illustre la déception des experts du climat à l’issue d’un G7 qui n’est pas parvenu à prendre des mesures à la hauteur de l’urgence climatique.
Réunis à Carbis Bay, en Cornouailles (Royaume-Uni), les chefs d’Etat et de gouvernement de sept grandes puissances (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ont pourtant reconnu le besoin d’agir face à la « menace existentielle » entraînée par les « crises sans précédent et interdépendantes » du dérèglement climatique et de l’érosion de la biodiversité. « L’année 2021 devrait être un tournant pour notre planète (…), nous nous engageons à une révolution verte », ont-ils écrit dans leur communiqué commun publié à l’issue des trois jours de sommet.
Pour la première fois, ces nations, responsables de plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre de la planète, se sont engagées collectivement à atteindre la neutralité carbone « au plus tard » en 2050 et à réduire de moitié par rapport à 2010 leurs rejets carbonés d’ici à 2030. Pour la première fois également, le G7 a endossé l’objectif de ne pas dépasser un réchauffement climatique de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle − la limite la plus ambitieuse fixée par l’accord de Paris sur le climat de 2015.
« Pression sur le Chine »
Ce discours volontariste, qui réitère des engagements pris individuellement ces derniers mois, avait été rendu impossible ces quatre dernières années sous la présidence américaine du climatosceptique Donald Trump. « Si on a retrouvé un front commun pro-climat, le G7 n’a pas réussi à transformer ces grands objectifs climatiques en actions concrètes et rapides », déplore toutefois Lucile Dufour, responsable des politiques énergétiques au sein du think tank Institut international du développement durable (IISD).
La seule avancée concrète porte sur le charbon, la première source d’émissions de CO2. Le G7 s’est engagé à arrêter de financer, d’ici à la fin de l’année, les nouvelles centrales à charbon à l’étranger qui n’auraient pas recours à des technologies de captage et de stockage de CO2. Il versera en outre 2 milliards de dollars, d’ici à l’an prochain, pour aider les pays en développement à sortir de cette énergie. Ces discussions étaient jusqu’à présent bloquées par le Japon, dont 32 % du mix électrique provient du charbon. Alors que la Corée du Sud a pris un engagement similaire lors du sommet climat organisé par les Etats-Unis en avril, « cela met la pression sur la Chine, qui reste le dernier grand pays à financer le charbon à l’étranger », précise Armelle Le Comte, responsable des questions climatiques pour Oxfam France.
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« C’est bien entendu une bonne nouvelle, mais qui comble avant tout un retard de longue date. Désormais, l’urgence est de s’engager sur les autres énergies fossiles », réagit de son côté Lucile Dufour. Entre janvier 2020 et mars 2021, les pays du G7 ont davantage soutenu les énergies fossiles (189 milliards de dollars) que renouvelables (147 milliards), et le plus souvent sans conditions, selon un rapport auquel a contribué l’IISD, publié début juin. D’après une autre étude de l’IISD, les institutions financières internationales fournissent en outre quatre fois plus de financements pour les projets gaziers que pour l’éolien ou pour le solaire dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. « Cela enferme ces pays dans des impasses très carbonées », prévient Lucile Dufour.
Le G7 a échoué à aller plus loin sur les énergies fossiles. Il n’est pas parvenu à stopper les financements publics au pétrole et au gaz à l’étranger ni à fixer de date de fin de production des énergies fossiles, à commencer par le charbon. Les sept pays se sont seulement engagés à « mettre fin à tous les financements internationaux pour les énergies fossiles dès que possible ». Mi-mai, dans un rapport majeur, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirmait qu’aucun investissement dans de nouvelles installations pétrolières ou gazières ni dans de nouvelles centrales à charbon sans solution de capture ou de stockage du carbone ne devrait désormais être réalisé.
> Lire aussi  L’Agence internationale de l’énergie appelle à ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières ou gazières
Le rendez-vous manqué des financements climat
Il y a désormais urgence à tourner la page des énergies fossiles, alors que les émissions de CO2 devraient connaître cette année leur deuxième augmentation la plus forte de l’histoire, selon l’AIE, après la très forte baisse de 2020 liée à la pandémie. En cause : une reprise économique tirée par les énergies carbonées et, en particulier, le charbon.
Les pays du G7 ont, en outre, manqué le rendez-vous des financements climat, l’un des moteurs de l’action climatique. Les pays développés s’étaient engagés, dès 2009, à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an avant 2020 pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique. Or, cet objectif, devenu la base de la confiance entre Etats, n’a pas été tenu, selon le secrétaire général de l’ONU. Il fallait alors remettre la main au pot.
Si le G7 a réaffirmé cet objectif des 100 milliards, seuls le Canada et l’Allemagne ont pris de nouveaux engagements concrets. Le Canada a promis de doubler ses financements entre 2021 et 2025, pour atteindre 5,3 milliards de dollars canadiens, tandis que l’Allemagne vise 6 milliards d’euros par an d’ici à 2025, contre 4 milliards annuels actuellement. « Il n’y a aucune nouvelle annonce des Etats-Unis ou de la France [qui s’est engagée à verser 6 milliards d’euros par an d’ici à 2025], regrette Armelle Le Comte. Il faut augmenter les financements alors que les impacts du changement climatique s’accroissent pour les pays les plus vulnérables, qui sont les moins responsables de la crise climatique. »
> Lire aussi  2021, une année cruciale pour accélérer la lutte contre le dérèglement climatique
« Le G7 n’a pas réussi à poser les bases d’un succès à la COP26 car la confiance fait cruellement défaut entre pays riches et pays en développement », insiste Jennifer Morgan, directrice générale de Greenpeace international. A moins que d’autres annonces n’interviennent d’ici à cette 26e conférence mondiale sur le climat, qui se tiendra en novembre à Glasgow (Ecosse) et s’annonce comme la plus importante depuis l’accord de Paris.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/14/le-g7-echoue-a-prendre-des-mesures-ambitieuses-face-a-l-urgence-climatique_6084119_3244.html>
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10- Gel dévastateur dans le vignoble français : le réchauffement suspect numéro 1, AFP, 15/06/21, 12:00
Stéphane Orjollet

La probabilité d'un épisode de gel tardif comme celui qui a ravagé plusieurs vignobles français début avril a été nettement renforcée par le changement climatique et le sera encore plus à l'avenir, ont averti mardi des scientifiques.
"Probablement la plus grande catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle" pour le ministre français de l'Agriculture Julien Denormandie, ces gelées ont causé une perte estimée à un tiers de la production viticole française. Soit environ deux milliards d'euros de chiffre d'affaires pour la filière, selon le syndicat agricole FNSEA.
Arboriculteurs et betteraviers avaient également été affectés et le gouvernement a débloqué un "fonds de solidarité exceptionnel" d'un milliard d'euros pour l'ensemble des agriculteurs touchés.
Des scientifiques du réseau international World Weather Attribution, qui s'est fait une spécialité d'analyser le lien possible entre un événement météo extrême précis et le réchauffement, ont planché sur cet épisode, qui avait suivi une période de grande douceur ayant favorisé le bourgeonnement des cultures.
Ils ont analysé les données d'une zone couvrant notamment les vignobles de Bourgogne, Champagne et de la vallée de la Loire, passé également au crible plus d'une centaine de modélisations climatiques.
Résultat : le changement climatique a "augmenté d'environ 60%" la probabilité qu'un tel événement survienne en période de bourgeonnement, explique Robert Vautard, directeur de l'Institut Pierre et Simon Laplace de recherche en sciences de l'environnement, un des auteurs de l'étude.
Et le phénomène risque de "s'amplifier dans le futur", puisqu'un réchauffement de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, soit l'objectif de réchauffement maximal de l'accord de Paris qui semble pour l'instant hors de portée, verrait "encore 40% d'augmentation de la probabilité de ce type d'événement", souligne le scientifique.
- Existentiel -
Paradoxalement, le réchauffement rend moins fréquents et moins intenses les épisodes de gel. Mais il augmente dans des proportions encore plus grandes les phénomènes de chaleur précoce, comme la France en avait connu au mois de mars.
Une douceur qui favorise le "débourrement" de la végétation, qui sort plus tôt de sa dormance hivernale et bourgeonne. Et ce processus "arrive de plus en plus tôt," souligne Nicolas Viovy, du Laboratoire des sciences du climat de l'environnement, autre auteur de l'étude: "On a gagné quasiment 15 jours depuis les années 1980".
Résumé du phénomène, "plus il fait chaud et plus la végétation est exposée au risque de gel tardif", alors que cette notion même de tardif évolue, de plus en plus tôt dans la saison, poursuit-il. 
Un processus complexe dans lequel "c'est la combinaison des deux facteurs qui cause la gravité", souligne aussi Samuel Morin, directeur du Centre national de recherches météorologiques, unité mixte CNRS/Météo France, qui n'a pas personnellement participé à l'étude. Trois autres chercheurs de Météo-France co-signent le rapport, qui s'est notamment appuyé sur les relevés de l'établissement public.
"C'est un vrai pas en avant scientifique que d'être capable d'analyser des événements composites" de ce type, insiste-t-il, rappelant qu'on "ne peut pas dire d'un événement météo ponctuel : c'est à cause du changement climatique, mais on peut mesurer à quel point le changement climatique a modifié la probabilité que cet événement puisse se produire".
Une probabilité dont les conséquences peuvent peser lourd, comme le souligne Markus Reichstein du Max Planck Institute allemand, un des auteurs de l'étude. "Cela pourrait être essentiel d'un point de vue économique. Il y a la question de ce que feront les assureurs... Pour certains ça pourrait être une question existentielle".
<https://information.tv5monde.com/info/gel-devastateur-dans-le-vignoble-francais-le-rechauffement-suspect-numero-1-412907>
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11- Climat : cri d'alarme scientifique sur un réchauffement irréversible, AFP, 15/06/21, 18:00
Yannick Pasquet

La planète a peut-être déjà franchi un point de bascule vers un réchauffement climatique irréversible, avec à la clef des conséquences "en cascade" du Groenland à la Grande barrière de corail, a averti mardi le responsable de la plus grande expédition scientifique jamais menée au Pôle Nord.
"Seule l'évaluation des prochaines années permettra de déterminer si nous pouvons encore sauver la banquise arctique présente toute l'année grâce à une protection cohérente du climat, ou si nous avons déjà franchi cet important point de basculement du système climatique", a souligné l'Allemand Markus Rex à Berlin, huit mois après le retour de la mission internationale menée en Arctique.
Pendant près d'un an, des équipes internationales ont recueilli des données exhaustives, en particulier durant les mois où leur navire s'est laissé dériver dans les glaces du pôle Nord qui doivent livrer des informations précieuses sur le changement climatique.
"La disparition de la banquise d'été dans l'Arctique est l'une des premières mines dans le champ de mines, l'un des points de basculement que nous déclenchons en premier lorsque nous poussons le réchauffement trop loin", a expliqué M. Rex lors d'une conférence de presse avec la ministre allemande de l'Education et de la Recherche, Anja Karliczek.
- 'Début de l'explosion' -
Or, "on peut vraiment se demander si nous n'avons pas déjà marché sur cette mine et déjà déclenché le début de l'explosion", a insisté ce climatologue et physicien, scientifique de référence en matière d'étude de l'Arctique.
Si ce point de basculement a déjà été franchi, cela peut déclencher des effets néfastes "en cascade", a-t-il aussi averti, et "aggraver encore le réchauffement comme la disparition de la calotte glaciaire du Groenland ou le dégel de zones toujours plus vastes du permafrost arctique". La menace plane aussi sur les anciens glaciers.
"Aujourd'hui, nous ne savons pas non plus si nous pouvons sauver la Grande barrière de corail" en Australie, a-t-il souligné.
Au retour du brise-glace Polarstern de l'institut allemand Alfred-Wegener à son port d'attache de Bremerhaven, dans le nord-ouest de l'Allemagne, le 12 octobre, le chef de la mission baptisée MOSAIC avait déjà lancé un cri d'alarme concernant la banquise, affirmant qu'elle fondait à "une vitesse dramatique".
Le recul de la banquise en été est considéré par les scientifiques comme "l'épicentre du réchauffement global", selon Markus Rex.
Il avait alors affirmé avoir vu en été "de larges surfaces d'eau liquide quasiment jusqu'au pôle, entourées de glace qui était elle criblée de trous en raison d'une fonte massive".
Mardi, il a même assuré que la banquise avait reculé "plus vite durant le printemps 2020 que depuis le début des mesures" de la banquise et que l'étendue de glace durant l'été était moitié moindre que des décennies plus tôt. 
- 'Dernière génération' -
De son côté, la spécialiste de la banquise, Stefanie Arndt, a déploré que "nous sommes peut-être la dernière génération à pouvoir voir l'Arctique avec une banquise l'été".
Or cette banquise, a-t-elle souligné, est "un espace de vie important pour les ours polaires".
Les experts ont récolté plus de 150 térabytes de données ainsi que plus d'un millier d'échantillons de glace.
Jusqu'en 2023, les organisateurs de l'expédition tablent sur plusieurs centaines de publications scientifiques après analyses des éléments récoltés en Arctique "qui doivent permettre d'écrire un nouveau chapitre pour la compréhension du changement climatique", selon le site internet de la mission. 
Durant 389 jours, la mission menée conjointement par vingt pays et dotée d'un budget de 140 millions d'euros a étudié à la fois l'atmosphère, l'océan, la banquise et l'écosystème pour recueillir des données évaluant l'impact du changement climatique sur la région et le monde entier.
Au total, plusieurs centaines d'experts et de scientifiques ont séjourné en se relayant sur le navire qui s'est laissé glisser avec les glaces selon la dérive polaire, ce courant océanique qui s'écoule d'Est en Ouest dans l'océan Arctique. 
Chamboulée par la pandémie, la mission a été sauvée in extremis au printemps 2020.
Le Polarstern a parcouru au total 3.400 km en zigzag, soit une distance à vol d'oiseau de 1.923 km, se retrouvant à un moment donné à 1.500 km de distance de la zone de peuplement la plus proche.
<https://information.tv5monde.com/info/climat-cri-d-alarme-scientifique-sur-un-rechauffement-irreversible-412950>
Sur le même sujet : 
> Réchauffement climatique. Le « point de bascule » peut-être déjà atteint, alerte un scientifique <https://www.ouest-france.fr/environnement/climat/rechauffement-climatique-le-point-de-bascule-peut-etre-deja-atteint-alerte-un-scientifique-249796d8-cdc9-11eb-be9c-3813e0f99c01>, Ouest-France avec AFP, 15/06/21, 13h21
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12- Vague de chaleur précoce dans l'ouest des Etats-Unis, des records pourraient tomber, AFP, 15/06/21, 21:00

La quasi-totalité de l'ouest des Etats-Unis a été placée cette semaine en "état d'alerte" en raison d'une vague de chaleur particulièrement précoce avec des températures qui pourraient friser par endroits les 50°C.
"Une vague de chaleur prolongée et potentiellement record est en cours à travers l'ouest des Etats-Unis", concernant au total quelque 50 millions de personnes, ont mis en garde les services de la météo nationale américaine. Le pic de température sera variable selon les zones "mais la tendance est bien au-dessus de la normale, voire extrêmement élevée" et le phénomène durera au moins jusqu'au week-end, ajoutent-ils.
En moyenne, les températures sont supérieures d'environ 11°C aux moyennes saisonnières et c'est surtout dans les zones arides et désertiques d'Arizona et du Nevada que des records pourraient tomber.
La ville de Phoenix a par exemple enregistré lundi une température de 46°C (115°F) et le mercure pourrait approcher les 48°C en fin de semaine selon les dernières prévisions, avec des minimales qui resteront toutes les nuits supérieures à 30°C.
De telles conditions sont "rares, dangereuses et mortelles", préviennent les experts.
Dans l'Etat voisin du Nevada, Las Vegas risque de battre le record de chaleur établi en 1940, avec un thermomètre pouvant dépasser 46,5 °C mercredi. Un épisode aussi extrême et prolongé n'avait pas été enregistré dans cette région depuis le début de l'été 2013, selon des médias locaux.
Les autorités ont mis en place des "stations de rafraîchissement" en différents points de la ville et ont organisé avec des "influenceurs" spécialisés une campagne de sensibilisation aux dangers encourus par les animaux de compagnie et leurs propriétaires durant la canicule.
Le record mondial de température avait été officiellement enregistré le 10 juillet 1913 non loin de Las Vegas, dans la partie californienne de la Vallée de la mort : 56,7°C.
Outre l'impact sanitaire de la canicule, les autorités redoutent aussi les conséquences de la chaleur extrême pour les feux de forêt, particulièrement précoces et intenses cette année et aggravés par la sécheresse chronique qui sévit dans l'Ouest américain.
Selon les derniers relevés des agences gouvernementales, 88% de la région était en état de sécheresse, dont l'intégralité de la Californie, de l'Oregon, de l'Utah et du Nevada.
Or ces sols arides et la végétation desséchée créent à leur tour les conditions propices pour une augmentation des températures, instaurant un cercle vicieux dévastateur.
<https://information.tv5monde.com/info/vague-de-chaleur-precoce-dans-l-ouest-des-etats-unis-des-records-pourraient-tomber-413004>
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13- Climat : cinq ministres visés par une plainte déposée devant la Cour de justice de la République, Le Monde, 16/06/21, 21h20
Audrey Garric

L’eurodéputé Pierre Larrouturou, le réalisateur Cyril Dion et la militante écologiste Camille Etienne poursuivent Jean Castex, Bruno Le Maire, Barbara Pompili, Emmanuelle Wargon et Jean-Baptiste Djebbari au motif d’« abstention de combattre un sinistre ». 
« On ne va pas réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les tribunaux », lançait l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, en janvier dernier. C’est pourtant bien la stratégie poursuivie par des citoyens toujours plus nombreux, en France et à l’étranger, pour contraindre l’Etat à accroître la lutte contre la crise climatique. Dernier épisode en date : l’eurodéputé Pierre Larrouturou, le réalisateur Cyril Dion et la militante écologiste Camille Etienne ont déposé, mercredi 16 juin, une plainte contre cinq ministres devant la Cour de justice de la République (CJR) au motif d’« abstention de combattre un sinistre », en l’occurrence le changement climatique. Ce délit, inscrit au code pénal, est passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
Dans cette procédure dont Le Monde a eu la primeur sont visés le premier ministre Jean Castex, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, la ministre déléguée chargée du logement, Emmanuelle Wargon, et le ministre délégué chargé des transports, Jean-Baptiste Djebbari.
La plainte s’avère avant tout un « coup de pression », reconnaît M. Larrouturou, à l’origine de l’initiative. « Le but n’est pas de condamner ces ministres, mais de les pousser à agir », dit le député, habitué aux actions chocs, après avoir mené dix-huit jours de grève de la faim pour obtenir un renforcement du budget de l’Union européenne en faveur du climat et de la santé.
« Actions totalement insuffisantes »
Alors que le gouvernement est déjà sous le coup de deux recours en matière climatique – devant le Conseil d’Etat et le tribunal administratif de Paris – et que l’Etat a été condamné pour « carences fautives » dans la lutte contre le réchauffement climatique dans le procès de l’« affaire du siècle », « le gouvernement continue de prendre des actions totalement insuffisantes au regard de la crise climatique, déplore Pierre Larrouturou. Sanctionner l’Etat reste très impersonnel, et la menace de quelques millions d’euros d’amende ne suffit pas. Il faut maintenant viser les ministres pour les mettre face à leurs responsabilités personnelles ».
> Explications : Conseil d’Etat : le rapporteur public demande au gouvernement de muscler sa politique climatique
Dans cette nouvelle plainte, longue de 70 pages, les plaignants ont d’abord tenté de caractériser l’existence d’un « sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes », en montrant par exemple que le réchauffement climatique augmente la mortalité liée aux canicules et qu’il menace la production agricole, et donc l’accès à l’alimentation. Ils ont ensuite voulu prouver « l’abstention volontaire de combattre » le changement climatique de la part des cinq ministres. « Le sinistre était antérieur à leur entrée en fonctions, mais ils n’ont pas pris les mesures nécessaires pour le stopper et en éviter l’aggravation », argumente Julie Gonidec, l’avocate des plaignants, inscrite au barreau de Paris.
L’argumentation repose majoritairement sur le projet de loi Climat et résilience, issu des travaux de la convention citoyenne pour le climat (CCC) et actuellement débattu au Sénat. La plainte relève que l’ambition du projet de loi a été jugée insuffisante par différentes institutions (Haut Conseil pour le climat, Conseil économique, social et environnemental, etc.) et que les ministres, pris individuellement, sont responsables de « renoncements dans des matières cruciales à la mise en œuvre d’une politique de combat efficace du dérèglement climatique ».
La TTF (taxe sur les transactions financières) « refusée par le gouvernement français »
Selon le texte, les ministres ont renoncé à mettre en place un plan de rénovations obligatoires des bâtiments, à avancer l’interdiction de la vente de véhicules thermiques, actuellement fixée à 2040, ou à privilégier les trains plutôt que l’avion pour « une grande part des trajets intérieurs ». La plainte liste les mesures de la CCC que les ministres ont refusé de voir figurer dans le projet de loi et les amendements pour relever l’ambition du texte qu’ils ont retirés ou auxquels ils se sont opposés.
Pour appuyer l’idée d’un « refus de lutter vraiment contre le dérèglement climatique », les plaignants évoquent également la taxe sur les transactions financières (TTF), que « refuse le gouvernement français, et en particulier Bruno Le Maire ». Cette ressource, si elle était mise en place au niveau européen, pourrait rapporter jusqu’à 57 milliards d’euros par an, dont 10 milliards pour la France, selon un rapport du Parlement européen d’octobre 2020. « La présidence du Conseil de l’Union européenne a proposé aux Etats membres de trouver un accord avant le 30 juin avec une dizaine de pays en coopération renforcée pour taxer la spéculation. Nous avons beaucoup de pays qui nous soutiennent, mais la France bloque toujours », regrette M. Larrouturou, rapporteur général du budget européen 2021, qui pousse depuis des années en faveur de cette solution. Le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, Clément Beaune, a déclaré dans un article des Echos le 1er juin que la France était prête à une TTF, mais votée par les 27 Etats membres. « L’idée que la France bloquerait est donc farfelue », assure-t-il.
Pierre Larrouturou espère que cette plainte pourra « débloquer la négociation » sur la TTF avant le conseil des ministres de l’économie et des finances de l’UE de vendredi et le conseil européen des 24 et 25 juin, et permettra aussi « d’aller plus loin » sur le projet de loi Climat et résilience au Sénat. La plainte sera « mise à jour » à la fin de l’examen du texte, annonce-t-il.
« Pas possible de prouver le refus volontaire »
Après la condamnation de Shell par la justice néerlandaise et la loi allemande sur le climat qui a été retoquée par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, « les procès climatiques constituent une stratégie de plus en plus pertinente pour engager des rapports de force avec le pouvoir, là où on les perd dans la rue avec des mobilisations plus classiques », juge Cyril Dion, qui était par ailleurs le garant de la convention citoyenne pour le climat.
Reste à voir si la plainte devant la Cour de justice de la République a une chance d’aboutir. La CJR, qui a condamné en mars l’ancien ministre de la défense François Léotard à deux ans de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende dans l’affaire de Karachi, a reçu 1 780 plaintes depuis sa création en 1993, mais n’a jugé que sept affaires. Les plaintes doivent d’abord être validées par la commission des requêtes, qui les juge recevables ou non, avant d’être transmises à une commission d’instruction qui décide du renvoi ou non du ministre en procès.
« Compte tenu du cadre strict qui est celui du droit pénal, il n’est pas possible de prouver qu’il y a un refus volontaire de ces ministres de lutter contre le changement climatique, ni qu’il existe un lien de causalité entre l’inaction des ministres et les effets du réchauffement climatique », estime Marta Torre-Schaub, directrice de recherche (CNRS) à l’Institut des sciences juridiques et philosophiques de la Sorbonne et spécialiste du contentieux climatique, qui souligne que « toute l’action climatique ne dépend pas uniquement de ces personnes ». S’il trouve « intéressant » de rattacher le changement climatique à un sinistre, Sébastien Mabile, avocat spécialiste du droit de l’environnement, juge également « un peu faible » l’imputation de la responsabilité à chacun des ministres. « La plainte fait fi de la responsabilité du Parlement pour rehausser l’ambition de la loi Climat », ajoute-t-il.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/16/climat-cinq-ministres-vises-par-une-plainte-deposee-devant-la-cour-de-justice-de-la-republique_6084436_3244.html>
Sur le même sujet :
> Climat : plainte contre Castex et d'autres ministres devant la CJR <https://information.tv5monde.com/info/climat-plainte-contre-castex-et-d-autres-ministres-devant-la-cjr-413172>, AFP, 16/06/21, 22:00
> Climat : cinq ministres visés par une plainte pour inaction, une première en France <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/climat-cinq-ministres-vises-par-une-plainte-pour-inaction-une-premiere-en-france-149908.html>, Novethic  avec AFP, 17/06/21
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14- Jusque dans les postes électriques, chasser le gaz réchauffant, AFP, 17/06/21, 10:00
Catherine Hours

Le SF6 n'est pas le plus connu de tous et pourtant c'est un gaz à effet de serre ultra réchauffant, que les équipementiers électriques tentent désormais d'éliminer des postes d'électricité, où partout dans le monde il faisait - presque - merveille depuis 50 ans.
Au centre de R&D de Schneider Electric, à Grenoble, le sourire est de mise : les ingénieurs ont mis au point un substitut et ce printemps voit le lancement d'une gamme de postes sans hexafluorure de soufre (SF6).
"C'est dix ans de travail et une rupture technologique, estime Christophe Prévé, responsable de ces recherches. Alors par quoi remplacer ce gaz ? Par de l'air, comprimé à un niveau précis, répond Schneider.
L'objectif n'est pas anodin : le SF6, visé dès 1997 par le Protocole de Kyoto sur le climat, a un potentiel de réchauffement 23.000 fois supérieur à celui du CO2 et reste dans l'atmosphère jusqu'à 3.000 ans. C'est le plus puissant des gaz à effet de serre, même s'il en représente une petite part.
Pour son pouvoir isolant, il sert par exemple dans la production de magnésium et s'est un temps retrouvé dans les doubles vitrages ou des semelles de baskets.
Pas besoin de lui dans les disjoncteurs de particuliers. Mais dans les appareillages de moyenne tension, qui livrent l'électricité aux immeubles, hôpitaux, sites industriels et autres aéroports, le SF6 sert d'isolant essentiel à la sécurité : quand le courant doit être coupé, il permet d'éviter les arcs électriques. Sa présence permet de réduire la distance entre les phases et donc de miniaturiser les postes.
Mais le SF6 peut fuir, à sa production en usine chimique ou du poste électrique quand la cuve dans laquelle il est enfermé avec les phases montre un défaut d'étanchéité. Surtout, il peut finir dans la nature une fois le poste au rebut, s'il n'est pas pris en charge et traité.
- Réglementations en vue -
"Pour tout électro-technicien, le SF6 était fantastique de par ses propriétés," note Philippe Sauer, directeur Power systems France de Schneider. "Mais il faut s'en affranchir. Aujourd'hui c'est pour nous un devoir de proposer des équipements les plus verts possibles".
Et l'enjeu ne peut que croître avec la transition énergétique, qui annonce un boom de l'électricité, avec une demande accrue (transports, chauffage...) et une montée des renouvelables.
Chez tous les industriels, la course au sans-SF6 est lancée depuis des années.
A Grenoble, le flambant neuf laboratoire d'essais moyenne tension, construit sur le site historique de Merlin Gerin, ancêtre de Schneider Electric, a été le théâtre d'innombrables tests: résistance des matériaux à la corrosion ou aux chocs, impacts de la foudre... 
Et in fine, ce fut la solution de l'air, couplé à de petites ampoules de céramique à vide où la déconnexion peut se faire à grande vitesse, le tout encapsulé dans une cuve de quelques dizaines de centimètres dont le volume reste similaire aux anciens modèles. Car il fallait que ni la taille du poste ni son mode d'emploi ne changent pour le rendre acceptable, note l'industriel.
Ce sera pour le client un surcoût de quelques milliers d'euros (pour un poste d'une durée de vie de 30-40 ans, dont le coût total n'est pas précisé). Alors le sans-SF6 convaincra-t-il?
"Il y a les arguments environnementaux et en terme d'image" pour l'acheteur, souligne M. Sauer. "Mais aussi à partir du moment où des solutions technologiques existent, il y aura plus de contraintes réglementaires, voire un jour un bannissement" du SF6.
GreenAlp, le distributeur d'électricité de Grenoble, teste l'équipement depuis fin 2019.
"C'est le sens de l'histoire", dit Sébastien Julien, de GreenAlp. "Et la présence de SF6 est une contrainte technique et financière : il y a toujours un risque de fuite, on doit apprendre à manipuler, recycler..."
La Californie veut interdire le SF6 dans les équipements moyenne tension en 2025. L'UE pourrait prochainement renforcer son règlement sur les gaz fluorés.
A cette fin, un rapport de la Commission publié fin 2020 note que les alternatives au SF6 émergent du côté des industriels, pour un coût additionnel de 5% à 30%. Du fait du surcoût, note-t-il, "des mesures réglementaires seront sans doute nécessaires pour impulser la transition".
<https://information.tv5monde.com/info/jusque-dans-les-postes-electriques-chasser-le-gaz-rechauffant-413217>
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15- A Grenoble, un "plan fraîcheur" pour lutter contre les canicules en augmentation, AFP, 17/06/21, 13:00

Confrontée à des vagues de chaleur de plus en plus nombreuses et intenses, la ville de Grenoble a annoncé jeudi la mise en oeuvre d'un "plan fraîcheur" avec plus d'espace verts, de brumisateurs et moins de béton.
Avec le réchauffement climatique, la ville de Grenoble et Météo France prévoient jusqu'à 43 jours de canicule en 2050, contre 3 par an aujourd'hui. L'agglomération est située dans une cuvette qui peut devenir étouffante en été.
La municipalité souhaite "créer des espaces plus frais pour des endroits plus vivables", note son adjoint à la Nature en ville Gilles Namur, et "la fraîcheur passe par l'eau".
A chaque nouveau pic de chaleur, à Grenoble et ailleurs, les fontaines se transforment en piscines improvisées, quand ce ne sont pas des bornes incendies qui sont ouvertes de force pour créer des geysers urbains.
Pour contrer ces phénomènes interdits, la ville va installer plusieurs brumisateurs près des bassins d'ornements, notamment dans le quartier populaire du Mistral, et des brumisateurs temporaires, suspendus en hauteur pour éviter les dégradations.
Ces projections de micro-gouttes "nous met dans des conditions sanitaires acceptables" et consomme très peu d'eau, avance Gilles Namur, second adjoint du maire écologiste Eric Piolle.
"Nous avons la volonté de rouvrir les fontaines, de les rendre plus accessibles," ajoute l'adjoint, ces brumisateurs étant une expérimentation appelée à s'étendre si elle fonctionne.
Des écoles transformées en centre de loisirs l'été bénéficieront de matériel pour jouer avec l'eau, comme des tuyaux percés. De nouvelles bornes-fontaines, pour boire, seront également installées, le long de nouvelles pistes cyclables par exemple.
Ce "plan fraîcheur" met aussi en avant l'objectif de végétalisation et de "débitumisation" de la ville, notamment autour des écoles. "L'arbre est un climatiseur", avance M. Namur.
La ville envisage d'aménager, à terme, un bassin d'eau situé au sud de la ville, dans le quartier populaire de la Villeneuve, en plan d'eau à la baignade autorisée. Et rappelle, sur une carte dédiée aux points de fraîcheur, que la capitale des Alpes est entourée de montagnes et lacs d'altitude accessibles en bus.
<https://information.tv5monde.com/info/grenoble-un-plan-fraicheur-pour-lutter-contre-les-canicules-en-augmentation-413249>
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16- Au moins 13 morts dans des inondations au Bhoutan et au Népal, AFP, 17/06/21, 15:00

Au moins 13 personnes sont mortes au Bhoutan et au Népal et plusieurs autres sont portées disparues à la suite de pluies de mousson torrentielles qui ont provoqué des glissements de terrain et inondé des habitations, ont annoncé les autorités jeudi.
Dix cueilleurs de cordyceps --un champignon apprécié pour ses propriétés aphrodisiaques présumées-- sont morts lorsque leur camp de montagne isolé au nord de Thimphou, la capitale du Bhoutan, a été emporté par les eaux tôt mercredi.
Cinq autres ont été blessés et se trouvent dans un état stable à l'hôpital, ont indiqué les autorités.
Le Premier ministre du Bhoutan, Lotay Tshering, a adressé ses prières et présenté ses condoléances, indiquant qu'une équipe de secours avait été envoyée sur place.
"J'appelle instamment tous les habitants du pays à éviter de se rendre au bord de la rivière ou y camper, et à être prudents face à de tels accidents pendant la mousson", a-t-il ajouté dans un message sur Facebook.
Au Népal, les corps de deux travailleurs chinois ont été retrouvés jeudi à Sindhupalchok, près de la capitale Katmandou, portant à trois le nombre total de victimes des inondations dans le district.
Leurs corps ont été retrouvés à plus d'une centaine de kilomètres de l'endroit où ils avaient été emportés par la crue du fleuve Melamchi, ont indiqué les autorités.
Treize autres personnes sont toujours portées disparues, tandis que des centaines d'autres ont été déplacées, ont-elles ajouté.
"Nous voyons encore des possibilités de retrouver en vie les personnes disparues, car certaines d'entre elles pourraient avoir cherché refuge dans des endroits plus sûrs", a déclaré à l'AFP Arun Pokharel, le chef du district local.
Plus de 70 personnes ont été secourues. Mais les opérations de sauvetage ont été entravées par des pannes de télécommunications dans la région, a indiqué M. Pokharel.
La saison annuelle de la mousson est cruciale pour reconstituer les réserves d'eau dans toute l'Asie du Sud, mais elle est aussi source de décès et de destructions.
Le nombre d'inondations et de glissements de terrain meurtriers a augmenté ces dernières années au Népal. Selon les experts, le changement climatique et la construction de nouvelles routes pourraient être à l'origine de ces catastrophes.
Plus de 200 personnes ont été tuées dans des glissements de terrain et des inondations pendant la mousson l'année dernière au Népal.
<https://information.tv5monde.com/info/au-moins-13-morts-dans-des-inondations-au-bhoutan-et-au-nepal-413271>
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17- Interview. Cyril Dion : "On est obligés d'attaquer nos élus en justice pour qu'ils respectent leurs propres engagements", Le JDD, 17/06/21, 15h46
Propos recueillis par Aude Le Gentil

Les écologistes Camille Etienne, Cyril Dion et Pierre Larrouturou ont déposé une plainte contre Jean Castex et quatre autres ministres devant la Cour de justice de la République, pour "abstention de combattre un sinistre", le changement climatique. Ancien garant de la Convention citoyenne pour le climat, Cyril Dion explique au JDD l'objectif de cette action.
Après "l'Affaire du siècle", les militants écologistes s'en réfèrent une nouvelle fois aux tribunaux pour tenter de limiter la hausse des températures. Mercredi, le réalisateur Cyril Dion, l'activiste Camille Etienne et l'eurodéputé Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne) ont déposé une plainte devant la Cour de justice de la République contre cinq ministres, en dénonçant leur inaction contre le changement climatique. Le Premier ministre, Jean Castex, est visé, tout comme la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, et les ministres Jean-Baptiste Djebbari, délégué aux Transports, et Emmanuelle Wargon, déléguée au Logement.
"Par leur inertie, par les décisions qu'ils ont prises de façon délibérée et répétée, les ministres chargés d'organiser et de financer la lutte contre le dérèglement climatique sont complices de ce 'crime de l'humanité contre la vie' dont parlait Jacques Chirac à Johannesburg", estime la plainte, que l'AFP a pu consulter. Celle-ci dénonce une "abstention de combattre un sinistre", en se fondant sur l'article 223-7 du Code pénal. Le trio décrit d'un côté l'existence d'un sinistre, c’est-à-dire les effets déjà visibles du changement climatique en France, et de l'autre l'"insuffisance" des mesures prises et les "renoncements" de l'exécutif. Cyril Dion, le réalisateur qui avait soufflé l'idée de la Convention citoyenne pour le climat à Emmanuel Macron, explique au JDD les objectifs de cette plainte.
En février 2021, l'Etat a été condamné pour "carences fautives" par le tribunal administratif de Paris dans le cadre de "l'Affaire du siècle". Pourquoi initier une nouvelle démarche?
Ces démarches n'ont pas abouti à ce que le projet de loi Climat, qui est à l'étude au Sénat, soit conforme à l'objectif que la France s'est donné. Depuis le début, on est dans un bras de fer avec le gouvernement. On pourrait parler des parlementaires, mais on voit bien que le nœud du problème se situe dans les arbitrages ministériels. On porte plainte contre les ministres qui, à notre avis, ont délibérément amoindri les propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Elle avait pour objectif de réduire les émissions de la France d'au moins 40% d'ici 2030. Or on sait que ni cette loi Climat ni même l'ensemble des dispositifs mis en place depuis le début de cette mandature ne permettront d'atteindre cet objectif. D'autant que la France va s'engager avec l'Union européenne vers un objectif encore plus ambitieux d'une réduction de 55% des émissions.
Il ne s'agit pas de condamner des ministres pour condamner des ministres, mais de les mettre face à leurs responsabilités
Le sinistre évoqué dans la plainte existait avant l'entrée en fonction de ces ministres. Pourquoi les viser spécifiquement ?
Parce que ce sont eux qui sont en fonction. Il ne s'agit pas de condamner des ministres pour condamner des ministres, mais de les mettre face à leurs responsabilités. On est dans une démarche constructive. Ils sont encore en pouvoir de faire évoluer ce texte : le but, c'est qu'il le fassent!
Il ne s'agit donc pas tant de désigner des coupables que de mettre une pression supplémentaire pour agir ?
Exactement. Mais si cette démarche devait aboutir et que les ministres étaient condamnés, cela aurait aussi la vertu de faire réfléchir les prochains. Qu'ils se disent : "Oui, nous sommes comptables des décisions que nous prenons, pas seulement vis-à-vis des électeurs tous les cinq ans mais aussi vis-à-vis de la justice".
Le gouvernement a délibérément amoindri les propositions de la Convention
La plainte fait référence à des "renoncements". Lesquels ?
L'obligation de rénovation thermique sur les bâtiments par exemple. C'est LA mesure qui aurait le plus d'impact sur les émissions de gaz à effet de serre. La proposition du gouvernement – la fin des logements classés E et F d'ici 2028 – n'est absolument pas à la hauteur. La fin des chaudières à fioul a été retardée à 2022. Sur la question de l'alimentation, la Convention citoyenne demandait un repas végétarien par semaine. On est passés à une expérimentation pendant deux ans, avec une option végétarienne. C'est irresponsable de ne pas prendre les mesures qui s'imposent, d'autant que les arguments sont fallacieux. Le Réseau Action Climat vient de publier une étude qui montre que le remplacement des liaisons aériennes par le train lorsque le trajet en train fait moins de quatre heures, comme le souhaitait la Convention, a un effet multiplié par trois pour le climat par rapport au seuil de 2h30 voulu par le gouvernement.
Vous dénoncer une inaction "délibérée".
Le manque d'impact des mesures de la loi Climat a été mis en évidence par des organismes officiels, comme le Haut Conseil pour le climat, le Conseil national de la transition écologique et le Conseil économique, social et environnemental. On est dans une situation ubuesque : c'est le Premier ministre qui a signé la lettre de mission remise aux citoyens de la Convention, qui demandait des propositions pour réduire les émissions de 40%. Le gouvernement a délibérément amoindri les propositions de la Convention et s'est empêché de tenir les objectifs qu'il s'était lui-même fixé!
Les actions en justice sont de plus en plus victorieuses et ont une incidence sur la politique des gouvernements
En quoi les conséquences du réchauffement sont-elles déjà visibles en France ?
Rien qu'avec une augmentation de 1,5°C, le risque de décès lié aux fortes chaleurs est multiplié. Dans un certain nombre de régions françaises, on est déjà dans une situation de sécheresse, avec des incidences sur l'accès à l'eau et les rendements agricoles. On a aussi une multiplication des phénomènes extrêmes, comme les inondations, et des modifications dans la végétation. Dans le monde, plus de 30 millions de personnes ont été déplacées à cause d'événements climatiques en 2020. Il y a aussi la question de la disparition des espèces. Tout ce qui fait que la vie est agréable sur cette planète – l'air que l'on respire, l'eau, la pollinisation… – nous vient du monde vivant et sauvage.
Les actions en justice se multiplient sur la question du climat. Est-ce une nouvelle façon pour les militants d'instaurer un rapport de force ?
Il y a plus de 1.000 actions en justice dans le monde. Elles sont de plus en plus victorieuses et ont une incidence sur la politique des gouvernements. On l'a vu aux Pays-Bas, où l'association Urgenda a réussi à faire condamner l'Etat, qui a du coup mis en place un plan de 3 milliards d'euros pour réduire ses émissions. On l'a vu en Allemagne, où la Cour constitutionnelle a obligé l'Etat à revoir sa loi de 2019. On a aussi vu le pétrolier Shell condamné aux Pays-Bas à réduire de 25% ses émissions d'ici 2030. Je pense que le droit est en passe de devenir un levier essentiel. Cette stratégie se développe aussi à cause d'une forme d'incurie démocratique. On est obligés d'attaquer nos élus pour qu'ils respectent leurs propres engagements : dans quel genre de système démocratique est-on pour en arriver à des extrémités pareilles ?
<https://www.lejdd.fr/Societe/cyril-dion-on-est-obliges-dattaquer-nos-elus-en-justice-pour-quils-respectent-leurs-propres-engagements-4052618>
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18- Climat : Les négociations préalables à la COP26 s’achèvent sans aucune avancée notable, 20 Minutes avec AFP, 17/06/21, 18h24

Echec. Le gouvernement britannique va convoquer une réunion ministérielle fin juillet pour tenter d’obtenir des progrès sur des points litigieux
Après trois semaines de discussions en visioconférence, les négociations climat préalables à l’importante conférence climat COP26 à Glasgow en novembre se sont achevées jeudi. Si elles ont été particulièrement éprouvantes de l’avis de tous les participants, elles n’ont en revanche pas été très concluantes. « Je ne peux pas dire qu’il y ait eu de percées », a reconnu Patricia Espinosa, la responsable climat de l'ONU, lors d’une conférence de presse pour présenter le bilan de ces négociations climat.
« Il est nécessaire d’obtenir des orientations au niveau politique, » a-t-elle estimé, listant parmi les points sur lesquels subsistent des blocages, les questions de financement, de transparence, notamment dans le suivi des engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, du calendrier de mise en œuvre et des marchés carbone.
Une rencontre prévue à Londres
Il s’agit de points importants d’application de l’Accord de Paris de 2015 sur lesquels subsistent de profonds blocages et sur lesquels des progrès étaient espérés lors de cette session de négociations, qui ne devait toutefois pas déboucher sur des décisions fermes en raison de son format virtuel.
Le président britannique de la COP26, Alok Sharma, a indiqué de son côté que Londres allait convoquer les 25 et 26 juillet à Londres une rencontre d’un « groupe représentatif de ministres » de « plus de 40 pays » pour « bâtir sur le travail technique » accompli lors des dernières discussions.
Combler les écarts de financement
Cette réunion devra notamment aborder les moyens de « combler l’écart » entre les financements climat aux pays pauvres et la promesse des pays développés d’y consacrer 100 milliards par an en 2020. Une promesse qui n’est pas encore atteinte, mais que le sommet du G7 la semaine dernière a réaffirmée. « J’ai régulièrement insisté qu’il s’agissait d’une question de confiance, » a martelé Alok Sharma.
« Nous devons aller plus vite à l’approche de la COP26 », a-t-il lancé, appelant à « garder en vie (l’objectif de) 1,5 degré », le seuil le plus ambitieux de réchauffement de la planète fixé par l’accord de Paris, actuellement largement hors d’atteinte selon les scientifiques.
<https://www.20minutes.fr/planete/3064443-20210617-climat-negociations-prealables-cop26-achevent-aucune-avancee-notable>
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19- Les négociations climatiques patinent à cinq mois de la COP26, Le Monde, 18/06/21, 14h46
Audrey Garric

Les discussions préparatoires à la conférence mondiale, programmée en novembre en Ecosse, se sont déroulées sur fond de dissensions entre pays développés et pays en développement sur la question des marchés carbone et celle des financements climat. 
C’étaient les premières négociations climatiques après un an et demi d’interruption du fait de la pandémie de Covid-19. La première fois que les pays se retrouvaient depuis l’échec de la COP25 de Madrid, en décembre 2019. Jeudi 17 juin, les délégués de 197 Etats ont achevé trois semaines de discussions pour préparer la COP26, la 26e conférence mondiale sur le climat, qui devrait se tenir en novembre à Glasgow (Ecosse) et qui s’annonce comme la plus importante depuis l’accord de Paris, scellé lors de la COP21, fin 2015. Malgré l’urgence climatique qui s’aggrave, les délégués n’ont pas réussi à trouver de consensus, sur fond de tensions accrues entre pays développés et pays en développement sur la question des financements climat.
> Lire aussi  2021, une année cruciale pour accélérer la lutte contre le dérèglement climatique
Ces intersessions, qui réunissent habituellement plusieurs milliers de participants en juin à Bonn (Allemagne), se sont tenues pour la première fois de manière virtuelle. Les délégués se sont connectés trois heures par jour pour assurer la participation de tous malgré les différents fuseaux horaires et ont dû affronter de nombreux problèmes techniques. « C’était lourd et épuisant, mais on a réussi le pari de maintenir ces négociations et de remettre tout le monde dans le bain », se félicite Tosi Mpanu-Mpanu, le président de l’un des organes subsidiaires de la Convention climat pour les Nations unies.
Peu, voire pas de progrès
Ces discussions, qui ne se tiennent pas en présence de ministres, n’ont pas vocation à trancher les sujets, mais à avancer sur les points techniques et à préparer le travail politique de la COP. Les délégués n’y sont pas suffisamment parvenus, et les négociations n’ont débouché que sur des notes informelles. « Le rythme était lent, les pays ont avant tout répété leurs positions. Il y a eu très peu d’avancées sur des compromis, observe Aurore Mathieu, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat. A moins de cinq mois de la COP26, on rentre désormais dans une zone tendue. »
Les délégués n’ont enregistré que peu, voire pas, de progrès sur les trois principaux sujets à l’ordre du jour qui permettront de finaliser la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat. Le premier dossier, le plus épineux, concerne les marchés carbone, un sujet laissé en suspens aux COP24 et COP25 faute d’accord. Les Etats doivent élaborer les nouvelles règles visant la régulation des échanges d’émissions de CO2 qui permettent notamment aux pays les moins pollueurs de revendre des quotas à ceux qui émettent plus.
Les Etats devront ensuite finaliser le cadre de transparence de l’accord de Paris, qui permet de vérifier que les pays respectent leurs promesses. Il s’agit enfin de s’accorder sur un calendrier commun des objectifs climatiques. « Les négociateurs ont parfois tenté de rouvrir des sujets clos et, sur certains dossiers, il y a désormais plus d’options sur la table », avertit Tosi Mpanu-Mpanu.
Le choix des sujets à l’agenda a également suscité beaucoup de frustrations du côté des pays en développement. « On a passé beaucoup de temps sur des questions surtout importantes pour les pays développés, alors que nos priorités ont à peine été étudiées », regrette le Gabonais Tanguy Gahouma-Bekale, le président du groupe des négociateurs africains pour le climat, réuni en présentiel à Charm El-Cheikh (Egypte). Il cite la question de l’adaptation au changement climatique, les transferts de technologies du Nord vers le Sud, et les pertes et préjudices, c’est-à-dire les dégâts irréversibles – pertes humaines ou économiques – causés par les dérèglements du climat.
Des progrès nécessaires sur les financements climat
L’autre grand absent des discussions réside dans les financements climat. « On aurait pu en parler davantage dans le cadre de la transparence. On demande une meilleure évaluation du soutien fourni par les pays développés, ainsi que des besoins des pays en développement », avance Tanguy Gahouma-Bekale. Désormais, cet enjeu est celui qui conditionnera le succès ou l’échec de la COP26, préviennent les experts.
Les pays développés n’ont pas tenu leur objectif de mobiliser conjointement 100 milliards de dollars (84 milliards d’euros) par an pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique, et ce alors que les effets du réchauffement (ouragans, inondations, sécheresses…) s’aggravent.
Lors du G7, organisé mi-juin dans les Cornouailles (Royaume-Uni), les sept grandes puissances ont échoué à prendre collectivement de nouveaux engagements financiers. « Parvenir à cet objectif, qui est un plancher, sera essentiel pour reconstruire la confiance qui a été brisée avec les pays développés, avertit le négociateur gabonais. Ce n’est qu’à cette condition que nous serons prêts à avancer sur d’autres sujets. »
> Lire aussi  Le G7 ne parvient pas à prendre des mesures ambitieuses face à l’urgence climatique
Le président britannique de la COP26, Alok Sharma, a annoncé qu’une réunion serait convoquée les 25 et 26 juillet à Londres, rassemblant les ministres d’une quarantaine de pays afin « de faire davantage de progrès » sur la finance, l’adaptation, les pertes et dommages et les marchés carbone. La réunion des ministres des finances du G20, également prévue en juillet, pourrait aussi être l’occasion d’aller plus loin.
Incertitudes sur le nombre d’observateurs
« On attend une feuille de route de la part de la présidence britannique, pour savoir comment avancer d’ici à la COP26 et comment cette dernière sera organisée », avance Aurore Mathieu. La conférence sur le climat, prévue entre le 31 octobre et le 12 novembre, doit se tenir en présentiel, assure l’ONU. Le gouvernement britannique travaille également à fournir des vaccins à tous les délégués qui ne parviennent pas à en obtenir.
« Mais il y a des incertitudes sur la possibilité d’avoir une COP26 inclusive, avec autant d’observateurs que d’habitude », souligne Lola Vallejo, la directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales. Une inquiétude d’autant plus forte que plusieurs réunions des intersessions qui viennent de s’achever ont été interdites aux observateurs de la société civile (ONG, scientifiques, journalistes, etc.), sous la pression de la Chine et de l’Arabie saoudite.
> Lire aussi  Le sommet de Joe Biden, un « tournant dans l’action climatique » avant la COP26
Le succès de la COP26 se jouera aussi sur la volonté des Etats d’accroître leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Non seulement ces promesses s’avèrent pour l’instant insuffisantes pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle – l’un des seuils fixés par l’accord de Paris. Mais elles ne sont pour l’instant pas respectées, alors que les émissions de CO2 continuent d’augmenter. Si certains pays ont d’ores et déjà relevé leur ambition climatique (Union européenne, Royaume-Uni, Etats-Unis, etc.), d’autres grands émetteurs restent à la traîne. Le chemin jusqu’à la COP26 est encore long et tortueux.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/18/on-entre-dans-une-zone-tendue-les-negociations-climatiques-patinent-a-cinq-mois-de-la-cop26_6084668_3244.html>
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20- Comment l’Agence internationale de l’énergie s’est convertie à la neutralité carbone, Le Monde, 19/06/21, 06h37
Perrine Mouterde

Créée dans les années 1970 pour défendre les intérêts des pays importateurs de pétrole, elle appelle désormais à cesser les investissements dans les nouvelles installations fossiles. Un virage majeur. 
« Ce n’est pas nous qui le disons, ni même les scientifiques… C’est l’Agence internationale de l’énergie ! » Il y a quelques semaines encore, la « caution » Agence internationale de l’énergie (AIE) était brandie par des compagnies pétrolières pour justifier de nouveaux projets. Désormais, c’est par des militants pour le climat prônant la fin de l’industrie fossile que l’argument est utilisé. Un virage à 180 degrés, à la mesure de la mutation opérée par l’organisation dépendant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le 26 mai, l’AIE a publié un rapport qui détaille l’une des trajectoires possiblespour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050 et ainsi limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Un document qui « bouleverse le monde de l’énergie », selon les mots de l’hebdomadaire américain Times. Créée en 1974 par les Etats-Unis et leur secrétaire d’Etat de l’époque, Henry Kissinger, peu après l’embargo des pays arabes, l’agence avait pour mission de défendre les intérêts des pays importateurs d’or noir. Elle affirme désormais que les investissements dans de nouvelles installations pétrolières et gazières doivent cesser. Non pas au cours de la prochaine décennie, mais dès aujourd’hui.
> Lire aussi  L’Agence internationale de l’énergie appelle à ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières ou gazières
Publié en pleine période d’assemblées générales des majors du pétrole, ce scénario décrit un système énergétique dominé par le photovoltaïque et dans lequel 90 % de l’électricité est issue de sources renouvelables. Il pose aussi une série de jalons pour atteindre cet horizon en moins de trente ans, comme l’interdiction des ventes de chaudières au fioul et de voitures à moteur thermique, ou le développement des lignes de train à grande vitesse.
« Pour la première fois, la source de référence du secteur de l’énergie dit qu’atteindre la neutralité carbone est faisable, note Matthieu Auzanneau, spécialiste des questions pétrolières et directeur du cercle de réflexion sur la transition énergétique The shift Project. Elle explique que cela suppose des avancées technologiques, mais aussi des évolutions d’usages profondes. L’AIE dit qu’il faut moins prendre l’avion, c’est historique ! »
Fatih Birol, artisan du rapport
Depuis son bureau donnant sur la tour Eiffel, Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, observe avec satisfaction l’onde de choc provoquée par cette publication, dont l’importance a été soulignée par l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, le vice-président exécutif de la Commission européenne, Frans Timmermans, ou encore les ministres de l’énergie du Danemark ou du Chili.
Cet ingénieur turc de 63 ans, poids lourd de la maison depuis plus de deux décennies, en est le principal artisan. « Depuis vingt ans, aucun rapport n’a eu une telle influence, se réjouit-il. Les décisions prises par les gouvernements sont en train de changer, les décisions des banques centrales sont en train de changer, les stratégies des compagnies pétrolières sont en train de changer… L’impact est énorme. » 
Si ce rapport est inédit, Fatih Birol n’en est pas à son coup d’essai et a déjà largement influé sur les orientations de l’agence. Après avoir travaillé pour l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), il rejoint Paris et l’AIE en 1995. Entré comme analyste junior, il gravit les échelons pour devenir économiste en chef en 2008. Il pilote à ce titre le World Energy Outlook (WEO), un épais rapport présenté chaque automne détaillant les scénarios de production et de consommation d’énergie à moyen et long terme. La « bible du secteur », lue aussi bien par les chefs d’Etat et les investisseurs que par les grandes entreprises, les experts ou les activistes du monde entier.
> Lire aussi  Les fausses promesses des technologies de captage du carbone pour réduire les émissions de CO2
Fatih Birol appose sur ce « best-seller » davantage que son empreinte technique et stratégique : le WEO affiche chaque année une couverture aux couleurs jaune et rouge de son club de football fétiche, le Galatasaray. Une fois par semaine, l’ingénieur chausse d’ailleurs ses crampons pour un match entre collègues à côté des bureaux. Même si, depuis qu’il est le grand patron, ses équipes lui facilitent un peu trop la partie… En 2015, Fatih Birol est devenu le premier directeur exécutif issu du sérail, plusieurs de ses prédécesseurs ayant davantage un profil politique. Il a été réélu en 2019 pour un deuxième mandat.
Une prise de position qui s’est fait attendre
Lorsqu’il fait acte de candidature en 2015, il affirme vouloir moderniser l’agence. Elle a été créée par des pays riches, il veut en ouvrir les portes aux économies émergentes. Huit Etats, dont la Chine, l’Inde ou le Brésil, ont depuis obtenu le statut de « pays associé ». Fatih Birol veut aussi axer davantage le travail de l’organisation sur la transition vers les renouvelables, alors que le secteur de l’énergie est responsable de 80 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète. « Nous portons une grande responsabilité sur nos épaules, c’est ici que nous devons résoudre le problème du réchauffement, assure Fatih Birol. Je ne suis ni contre le charbon ni contre le pétrole, mais je suis pour le climat et pour une meilleure planète. Pour cela, nous devons réduire les émissions, il n’y a pas d’autre choix. »
> Lire aussi  La longue marche de la France pour atteindre 100 % d’énergies renouvelables
Malgré l’évidence, cette prise de position forte s’est fait attendre. L’agence a été critiquée pour ses positions conservatrices à l’égard des renouvelables et pour ne pas avoir placé plus tôt au cœur de son analyse la nécessité de limiter le réchauffement à 1,5 °C. « Cela fait cinq ans que les experts du climat et de l’énergie lui demandaient de reconnaître que les nouveaux investissements fossiles ne sont pas compatibles avec l’accord de Paris », souligne Sven Teske.
Ce chercheur à l’Institut pour des futurs durables de l’université de technologie de Sydney, en Australie, a analysé vingt ans de « World Energy Outlook » : il en conclut que l’AIE a toujours sous-estimé la capacité de développement des renouvelables, et notamment du solaire. « Le message de Fatih Birol n’a jamais vraiment été cohérent », critique-t-il.
Outre les scientifiques ou les ONG, des investisseurs et des chefs d’entreprise avaient également demandé à l’AIE, dans une lettre adressée à son directeur en 2019, de porter de façon plus claire un scénario 1,5 °C. « L’AIE a été aux prises avec le fait qu’elle a été créée pour assurer la stabilité de l’industrie fossile et a maintenu des liens étroits avec ce secteur, estime Kelly Trout, analyste au sein de l’organisation Oil Change International. Mais elle était arrivée à un point de rupture, il fallait changer si elle voulait être considérée comme crédible pour mener la transition. »
Timing « parfait »
L’agence elle-même n’est pas la seule à s’être réformée : les aspirations de ses pays membres ont aussi profondément évolué. Ces dernières années, de plus en plus d’Etats se sont engagés à décarboner leur économie d’ici à la moitié du siècle. Surtout, le Japon et les Etats-Unis – les deux principaux contributeurs financiers de l’AIE – ont adopté cet objectif. « L’action de l’AIE reflète les attentes de ses principaux mandants, et son mandant principal se trouve sur la Pennsylvania Avenue, à Washington », résume Matthieu Auzanneau.
« Sous Donald Trump, un tel rapport ne serait jamais sorti », ajoute Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat, à l’Institut français des relations internationales. En 2009, des membres de l’AIE avaient révélé que les Etats-Unis avaient fait pression sur l’organisation pour qu’elle minimise le risque d’une pénurie de pétrole, et qu’une règle interne était « de ne pas irriter les Américains ».
Aujourd’hui, le timing est « parfait », reconnaît Fatih Birol, alors que Joe Biden est à la Maison Blanche et que la conférence mondiale sur le climat (COP26), prévue en novembre en Ecosse, entend mettre l’accent sur la neutralité carbone. Lorsque la présidence britannique de la COP a officiellement demandé à l’AIE l’élaboration d’une feuille de route pour le secteur de l’énergie, le travail était déjà engagé. Soixante modélisateurs et experts ont été mobilisés à partir de septembre 2020 pour produire ce rapport.
Le patron de l’agence se défend de tout retard quant à la prise en compte des enjeux climatiques. « Nous avons toujours présenté plusieurs scénarios dans le WEO, argue-t-il. Dès 2009, nous disions : “Si vous ne réduisez pas le recours au fossile, le réchauffement climatique sera incontrôlable.” Et, depuis trois ans, nous avons un scénario de développement durable en ligne avec l’accord de Paris [pour un réchauffement limité à 2 °C]. Mais nous ne sommes pas des politiques, nous posons les options sur la table et nous disons aux gouvernements : “C’est à vous de choisir”. »
> Lire aussi  Le G7 ne parvient pas à prendre des mesures ambitieuses face à l’urgence climatique
Les responsables politiques choisiront-ils la voie de la neutralité carbone ? Peu après la publication du rapport, les pays du G7 se sont engagés à ne plus financer de centrales à charbon après 2021 et à éliminer progressivement le soutien aux autres énergies fossiles. Mais, ces derniers mois, malgré les promesses de « relance verte », ces mêmes pays ont davantage soutenu les fossiles(189 milliards de dollars, soit 159 milliards d’euros, entre janvier 2020 et mars 2021) que les renouvelables (147 milliards de dollars). Début juin, un rapport de Global Energy Monitor recensait aussi 432 projets de développement de mines de charbon, dont une majorité en Chine, en Australie, en Inde et en Russie.
« Gouffre entre ambitions et réalité »
Les principaux pays exportateurs de pétrole, tout comme certains pays d’Asie, ont balayé d’un revers de main le scénario de l’AIE, le ministre saoudien de l’énergie le qualifiant de « chimérique ». Le bilan des dix dernières années semble en partie lui donner raison : la part des fossiles dans la consommation d’énergie mondiale est aussi élevée qu’en 2009 (80,2 % contre 80,3 %) quand celle des énergies renouvelables n’a que légèrement progressé (de 8,7 % à 11,2 %), révèle un rapport du réseau REN21, publié le 15 juin.
« Le rapport de l’AIE a montré l’ampleur du gouffre entre les ambitions et la réalité du système électrique et, en cela, il peut avoir une valeur d’électrochoc importante, souligne Marc-Antoine Eyl-Mazzega. Les dirigeants ne se rendent pas compte de ce qu’implique le fait d’atteindre la neutralité carbone. »
> Lire aussi  « Les engagements actuels des Etats pour atteindre la neutralité carbone ne sont pas assez crédibles »
Fatih Birol, de son côté, se dit plus optimiste qu’il y a une décennie, en raison de l’élan politique, même si la voie est étroite. L’enjeu principal, selon lui, est celui de la coopération internationale : comment financer le développement des énergies renouvelables dans les pays émergents ? Comment faire en sorte que le PDG de la plus grande compagnie d’électricité d’Inde choisisse de construire des éoliennes et des batteries, plutôt que de nouvelles centrales à charbon moins onéreuses ?
« Prendre des décisions comme celles-ci à Paris ou à Delhi, ce n’est pas la même chose, insiste Fatih Birol. Le problème est que l’Europe n’a pas assez d’empathie pour les pays émergents. Or ces pays doivent faire partie de la solution, car les gaz à effet de serre n’ont pas de passeport. » L’Europe pèse pour moins de 10 % des émissions mondiales, rappelle-t-il.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/19/comment-l-agence-internationale-de-l-energie-s-est-convertie-a-la-neutralite-carbone_6084772_3244.html>
En savoir plus : 
> Flagship report. Net Zero by 2050 - A Roadmap for the Global Energy Sector <https://www.iea.org/reports/net-zero-by-2050>, International Energy Agency (IAE), 18/05/21
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