[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 publication (lundi 15 mars)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 15 Mar 08:10:41 CET 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.)
1- La Grande muraille verte, vecteur de développement durable au Sahel <https://theconversation.com/la-grande-muraille-verte-vecteur-de-developpement-durable-au-sahel-154195>, The Conversation, 23/02/21, 19:06
2- Michelin s'engage à produire des pneus "100% durables" d'ici 2050 <https://www.linfodurable.fr/michelin-sengage-produire-des-pneus-100-durables-dici-2050-24179>, AFP, 23/02/21
3- "La fabrique de l'ignorance" sur Arte : quand les industriels instrumentalisent la science contre l'environnement <https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/documentaire-rechauffement-climatique-neonicotinoides-quand-les-industriels-sement-le-doute-149553.html>, Novethic, 23/02/21
4- Après avoir limité la casse en 2020, Veolia veut plus que jamais s’offrir son concurrent Suez <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/25/veolia-veut-plus-que-jamais-s-offrir-son-concurrent-suez_6071162_3234.html>, Le Monde, 25/02/21, 11h09 
5- Environnement : Prague attaque la Pologne en justice <https://www.lesechos.fr/monde/europe/environnement-prague-attaque-la-pologne-en-justice-1293462>, Les Echos, 25/02/21, 14:45
6- 119 parlementaires européens dénoncent les « failles » du système d’évaluation des pesticides <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/25/119-parlementaires-europeens-denoncent-les-failles-du-systeme-d-evaluation-des-pesticides_6071226_3244.html>, Le Monde, 25/02/21, 20h46 
7- Reportage. Quelque chose est possible ici, même avec un salaire modeste » : dans les Cévennes et sur l’Aubrac, la revanche des épiceries et des arrière-pays <https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/26/quelque-chose-est-possible-ici-meme-avec-un-salaire-modeste-dans-les-cevennes-et-sur-l-aubrac-la-revanche-des-epiceries-et-des-arriere-pays_6071244_3224.html>, Le Monde, 26/02/21, 02h29
8- Que penser de la feuille de route « Numérique et environnement » ? <https://theconversation.com/que-penser-de-la-feuille-de-route-numerique-et-environnement-156065>, The Conversation, 28/02/21, 18:28
9- Ecologie, agriculture… Six formations pour une reconversion « verte » <https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/02/28/ecologie-agriculture-six-formations-pour-une-reconversion-verte_6071504_4401467.html>, M Campus, maj le 01/03/21 à 07h21
10- Qu'est-ce que la Green Tech encouragée par le gouvernement ? <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/gaz-effet-serre-quest-ce-green-tech-encouragee-gouvernement-85983/>, Futura sciences avec AFP-Relaxnews, 01/03/21
11- Redécouvrir ce à quoi nous tenons et le traduire... en actes ! <https://3kwcu.r.ag.d.sendibm3.com/mk/mr/IRIFcjb1XH74GiULAnSwVH5LupK0AP2BwwTQWDGCUBlmSRhfl-mUxqyXaRvT3GfTLUvRLJlpJhUbXtfiNwj09l6VBqtM0lu-TkLOs6giTsL963w>, TEK4life, Lettre du 02/03/21
12- Tribune. « Le “Green Deal” implique des changements majeurs dans la politique étrangère de l’Europe » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/02/le-green-deal-implique-des-changements-majeurs-dans-la-politique-etrangere-de-l-europe_6071698_3232.html>, Le Monde, 02/03/21, 13h30 
13- L’Autorité environnementale étrille des mesures de la loi Asap <https://reporterre.net/L-Autorite-environnementale-etrille-des-mesures-de-la-loi-Asap>, Reporterre, 02/03/21
14- Chronique. « Quand l’ingénierie sociale oublie la société » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/03/quand-l-ingenierie-sociale-oublie-la-societe_6071771_3232.html>, Le Monde, 03/03/21, 06h00 
15- Accor, Total… ces entreprises françaises liées à la junte militaire birmane <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/03/accor-total-ces-entreprises-francaises-liees-a-la-junte-militaire-birmane_6071825_3234.html>, Le Monde, 03/03/21, 20h07 
16- Green Recovery Tracker : un nouvel outil va traquer la part verte des plans de relance européens <https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/green-recovery-tracker-un-nouvel-outil-va-traquer-la-part-verte-des-plans-de-relance-europeens-149580.html>, Novethic, 03/03/21
17- Les eurodéputés travaillent sur une « taxe carbone » sur les produits fabriqués hors de l’UE <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/08/les-eurodeputes-travaillent-sur-une-taxe-carbone-sur-les-produits-fabriques-hors-de-l-ue_6072353_3210.html>, Le Monde avec AFP, 08/03/21, 14h24 
18- « Des millions de personnes » risquent « la famine » dans le monde, alerte le secrétaire général de l’ONU <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/11/des-millions-de-personnes-risquent-la-famine-dans-le-monde-alerte-le-secretaire-general-de-l-onu_6072810_3210.html>, Le Monde avec AFP, 11/03/21, 19h48 
En images
19- Portfolio. Islande : L’ile de la transition <https://www.wedemain.fr/decouvrir/islande-lile-de-la-transition/>, We Demain, 23/02/21
20- La fabrique de l'ignorance <https://www.youtube.com/watch?v=6IGVqsnxCE0>, ARTE, 24/02/21
Une publication
21- En ligne. Et si… le monde d'après ne ressemblait pas au monde d'avant ? <https://et-si.alternatiba.eu/>, Alternatiba, décembre 2020

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré. 

DÉFIS DU JOUR : Zone particulièrement vulnérable aux évolutions climatiques, l’Afrique subsaharienne est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis, souvent interconnectés : sécurité alimentaire et hydrique, réduction de la dégradation des terres, gestion durable des ressources naturelles et des écosystèmes ou encore réduction de l’extrême pauvreté. (cf. item 1 & suite)
ENGAGEMENT DU JOUR : Les pneus Michelin seront composés intégralement de matériaux durables (renouvelables, recyclées ou biosourcés) d'ici 2050, a promis le géant français des pneumatiques. (cf. item 2)
DOCUMENTAIRE DU JOUR : Freiner le progrès de la connaissance en utilisant la science contre elle-même : c’est la stratégie utilisée par certains industriels pour faire naître un doute sur la toxicité de leurs produits, ou remettre en question le réchauffement climatique. Un mécanisme décortiqué dans le documentaire ‘La fabrique de l’ignorance’. (cf. item 3 & 20)
PREMIÈRE DU JOUR : Le gouvernement tchèque a annoncé son intention de saisir la Cour de justice européenne pour contester l'extension de la mine de charbon de Turow, proche de sa frontière. Ce serait la première fois qu'un Etat européen intenterait une action judiciaire contre un de ses partenaires pour des motifs liés à l'environnement. (cf. item 5)
PRESSION DU JOUR : 119 parlementaires européens demandent à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de revoir ses procédures pour prendre en compte les « effets cocktail » de toutes les substances toxiques présentes dans les pesticides. (cf. item 6)
REPORTAGE DU JOUR : Sous le double effet de la crise sanitaire et de l’arrivée de nouveaux habitants, lassés de la vie citadine, certains commerces de proximité du Gard et de la Lozère connaissent une forme de renaissance. (cf. item 7)
DÉCRYPTAGE DU JOUR : Que contient la feuille de route 'numérique et environnement', dont le sous-titre est : « Faisons converger les transitions » ? (cf. item 8 & 10)
RECONVERSION DU JOUR : Monter une épicerie dédiée aux circuits courts, développer la RSE d’une entreprise, travailler dans un tiers lieu écologique, lancer des projets d’éducation aux questions environnementales… De nombreux cursus ont fleuri ces dernières années pour former des futurs professionnels de la transition écologique. (cf. item 9)
POINT DE VUE DU JOUR : La « plasticité anthropologique » ou la capacité de changer nos manières d’exister. (cf. item 11)
IMPACT DU JOUR : L’objectif européen de neutralité carbone pour 2050 va modifier profondément les relations de l’Union avec les pays étrangers fournisseurs d’énergie, dont certains devront céder la place à de nouveaux venus. (cf. item 12)
CRITIQUE DU JOUR : Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur le projet de décret portant diverses dispositions d’application de la loi d’accélération et de simplification de l’action publique et de simplification en matière d’environnement. (cf. item 13)
CHRONIQUE DU JOUR : L’historien Pierre-Cyrille Hautcœur regrette l’incapacité répétée des élites expertes à prendre en compte la vie réelle et l’avis des « gens ordinaires », comme l’a montré une fois de plus l’épilogue de la convention citoyenne sur le climat. (cf. item 14)
SOUILLURE DU JOUR : Les sociétés françaises implantées en Birmanie sont confrontées à la quasi-mainmise de l’armée, qui vient de commettre un coup d’Etat, sur l’économie du pays. (cf. item 15)
INITIATIVE DU JOUR : L’Institut de Wuppertal et le think-tank E3G ont développé un outil pour traquer la part verte des plans de relance européens. Le Green Recovery Tracker, veut analyser les mesures décidées par les États membres en fonction de leur effet positif ou négatif sur le changement climatique. (cf. item 16)
PROJECTION DU JOUR : Une « taxe carbone » sur les produits fabriqués hors de l’UE, une mesure qui vise à mettre fin à la concurrence étrangère déloyale et à éviter les délocalisations des activités industrielles de l’Union européenne vers des pays tiers moins regardants. (cf. item 17)
CITATION DU JOUR : "Mon message est simple : si vous ne nourrissez pas les gens, vous alimentez les conflits. La famine et la faim ne sont plus une question de manque de nourriture. Elles sont, maintenant, en grande partie fabriquées par l’homme – et j’utilise le terme délibérément. Au XXIe siècle, il n’y a pas lieu d’avoir des famines". Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU (cf. item 18)
RECUEIL DU JOUR : 60 intellectuel·le·s et artistes dessinent le monde d'après. Pour chacune des 28 thématiques, un·e auteur·ice (écrivain·e, économiste, scientifique, acteur·trice de terrain) et un·e artiste ont proposé leur interprétation de ce que pourrait être "l'après". (cf. item 21)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://letempsestvenu.org/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
______________________________________________________________________________________________________________________
1- La Grande muraille verte, vecteur de développement durable au Sahel, The Conversation, 23/02/21, 19:06
Par Sougueh Cheik, Docteur en sciences de l’environnement, Institut de recherche pour le développement (IRD)

Zone particulièrement vulnérable aux évolutions climatiques, l’Afrique subsaharienne est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis, souvent interconnectés : sécurité alimentaire et hydrique, réduction de la dégradation des terres, gestion durable des ressources naturelles et des écosystèmes ou encore réduction de l’extrême pauvreté.
Ces enjeux risquent d’être exacerbés par l’augmentation constante de la population dans la région, qui devrait progresser de 1,4 milliard d’ici à 2030 et de 2,1 milliards d’ici à 2050.
Au cœur de l’Afrique subsaharienne s’étend cette vaste région tropicale aride et semi-aride qu’on appelle le Sahel, et qui traverse tous les pays bordant le sud du Sahara du Sénégal à Djibouti. Dans cette zone, les deux tiers de la population vivent de la production animale et végétale.
Sur le plan environnemental, la hausse des températures et la modification des régimes de précipitations tendent à y exacerber les aléas environnementaux, accélérer la désertification, compromettre la sécurité alimentaire et accroître la dégradation de la biodiversité et des services écosystémiques.
Depuis des décennies, les sécheresses récurrentes sont par conséquent devenues une urgence prioritaire dans la région. En Afrique, la désertification touche environ 45 % de la superficie, des zones humides aux zones arides et semi-arides, et concerne environ 485 millions de personnes.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/la-grande-muraille-verte-vecteur-de-developpement-durable-au-sahel-154195>
Sur le même sujet : 
> Quinze ans après, où en est le projet de la Grande Muraille verte du Sahara ? <http://www.slate.fr/story/204980/desertification-sahara-sahel-grande-muraille-verte-changement-climatique-afrique>, Slate avec Quora, 14/03/21, 13h01
______________________________________________________________________________________________________________________
2- Michelin s'engage à produire des pneus "100% durables" d'ici 2050, AFP, 23/02/21

Les pneus Michelin seront composés intégralement de matériaux durables (renouvelables, recyclées ou biosourcés) d'ici 2050, a promis mardi le géant français des pneumatiques.
Le groupe précise dans un communiqué qu'il compte notamment développer la production biosourcée d'un composant du caoutchouc synthétique, le butadiène, qui est pour le moment issu du pétrole.
"Grâce à de la biomasse issue de déchets végétaux (bois, écorces de riz, feuilles et tiges de maïs), 4,2 millions de tonnes de copeaux de bois pourraient être intégrés dans les pneus Michelin chaque année", souligne le groupe, qui travaille à cette solution avec les sociétés Axens et IFP Energies Nouvelles.
Un autre composant du caoutchouc synthétique, le styrène, peut être produit à partir d'emballages ou de panneaux isolants. Michelin a établi un partenariat avec la société canadienne Pyrowave, qui travaille sur ce procédé et doit lancer un démonstrateur en France d'ici 2023.
Le Bibendum s'intéresse aussi aux bouteilles : il a investi dans la société française Carbios, qui travaille sur le recyclage d'objets en plastique PET, en une substance qui pourra servir à la fabrication de fil de polyester, qu'on trouve dans les pneus.
Le groupe a lancé début février la construction au Chili de sa première usine de recyclage, avec la société suédoise Enviro, qui va transformer les pneus fatigués du génie civil en plusieurs produits à base de caoutchouc, comme des pneus ou des bandes transporteuses.
En 2020, 28% des composants entrant dans la fabrication des pneumatiques produits par le groupe étaient composés de matériaux durables, d'origine naturelle ou recyclés.
Le groupe Michelin fait également partie avec Total, Carrefour ou Airbus de la Coalition pour l'énergie de demain, qui vise des résultats tangibles dès 2030 dans la réduction de l'impact climatique du transport et de la logistique.
Michelin doit présenter le 8 avril son nouveau plan stratégique pour les dix années à venir.
<https://www.linfodurable.fr/michelin-sengage-produire-des-pneus-100-durables-dici-2050-24179>
______________________________________________________________________________________________________________________
3- "La fabrique de l'ignorance" sur Arte : quand les industriels instrumentalisent la science contre l'environnement, Novethic, 23/02/21
Pauline Fricot

Freiner le progrès de la connaissance en utilisant la science contre elle-même : c’est la stratégie utilisée par certains industriels pour faire naître un doute sur la toxicité de leurs produits, ou remettre en question le réchauffement climatique. Un mécanisme décortiqué dans le documentaire La fabrique de l’ignorance, diffusé ce soir sur Arte, et disponible jusqu’au 23 avril sur le site internet.
Pourquoi a-t-il fallu près de 50 ans pour admettre la toxicité du tabac ? Comment se fait-il que certains questionnent encore l’origine humaine du réchauffement climatique ?  "Il n’y a pas de consensus " entend-t-on parfois dans les médias, et sous la plume même de scientifiques. Mais de quel consensus parle-t-on ? En revêtant les habits de juge et d’arbitre "la science est devenue une activité à influencer, à miner ou à corrompre"  pose d'emblée le documentaire "La fabrique de l'ignorance", réalisé par Pascal Vasselin et Franck Cuveillier. Diffusé ce soir sur Arte, il est également disponible sur le site internet de la chaîne jusqu'au 23 avril. Par le biais de témoignages de scientifiques, de professions de foi et de mea culpa, l'enquête dévoile et décortique les techniques innovantes et encore méconnues mises en œuvre par les industriels pour semer le doute sur la dangerosité de leurs produits.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/documentaire-rechauffement-climatique-neonicotinoides-quand-les-industriels-sement-le-doute-149553.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
4- Après avoir limité la casse en 2020, Veolia veut plus que jamais s’offrir son concurrent Suez, Le Monde, 25/02/21, 11h09 
Jean-Michel Bezat

Le numéro un mondial de l’eau et des déchets, qui a annoncé un résultat net de 415 millions d’euros en 2020 malgré la crise, prévoit une « forte croissance » en 2021 et espère toujours absorber son rival historique. 
C’est fort de deux succès judiciaires contre Suez obtenus deux jours plus tôt que le PDG de Veolia a présenté, jeudi 25 février, un exercice 2020 marqué par un résultat net courant de 415 millions d’euros, contre 760 millions un an plus tôt. L’année a été sauvée par un dernier trimestre dynamique (+ 0,9 % d’activité), où le numéro 1 mondial de la gestion de l’eau et des déchets a en partie compensé les pertes importantes enregistrées sur les six premiers mois de l’année lors du confinement de mars-mai.
> Lire aussi  Revers pour Suez dans sa bataille judiciaire contre Veolia
Le chiffre d’affaires a reculé de 4,3 % (à 26 milliards) et l’excédent brut d’exploitation avant impôts de 9,5 % (à 3,641 milliards). Le plan d’économies, relevé en cours d’année de 250 millions à 500 millions, a atteint 550 millions. L’endettement net s’accroît de 2,5 milliards et atteint 13,2 milliards, notamment en raison du rachat de 29,9 % des 32 % détenus par Engie dans Suez : d’un montant de 3,4 milliards, il a été financé en dette pour 1,45 milliard. Réalisée début octobre contre l’avis du gouvernement, qui prône une démarche « amicale », l’opération a fait de Veolia le premier actionnaire de son rival historique.
Une année 2021 décisive
Si les résultats ne sont pas à la hauteur de ce qu’il attendait avant la pandémie, son PDG souligne que 2020 s’en satisfait. « Ce sont de très bons résultats. Nous avons su faire face à la crise et préparer l’avenir », explique Antoine Frérot au Monde. Ce qui lui permet d’escompter « une forte croissance » en 2021 et un résultat « égal ou supérieur » à celui de 2019, historiquement haut. En attendant, Veolia proposera un dividende de 0,70 euro par action.
L’année 2021 sera décisive pour Veolia. Ou bien il absorbe son rival pour créer le « champion mondial de la transformation écologique » voulu par M. Frérot ; ou bien il ne parvient pas à convaincre les actionnaires, l’ex-Générale des eaux (Veolia) et l’ancienne Lyonnaise des eaux (Suez) se développant chacune de leur côté. Même si leurs activités mondiales sont complémentaires, un mariage n’est pas nécessaire à leur survie dans un secteur encore très fragmenté où leur avance technologique dans l’eau ou le traitement des déchets industriels toxiques peut encore faire la différence.
Les mois qui viennent vont être marqués par la poursuite de la guérilla judiciaire entre les deux maisons, notamment alimentée par les procédures lancées par la « proie ». M. Frérot l’affirme : « Ces obstacles, nous les lèverons tous, un à un, inévitablement. » Après avoir déposé, le 8 février, l’offre publique d’achat (OPA) sur les 70,1 % du capital qu’il ne détient pas encore, enregistrée par l’Autorité des marchés financiers contre l’opposition de Suez, le patron de Veolia assure qu’il « garde [son] calendrier ». Soit un bouclage de l’opération dans treize mois au plus tard avec les autorités antitrust de Bruxelles et d’une vingtaine de pays.
M. Frérot le répète : « Je ne vendrai jamais les 29,9 % que je détiens. » Il l’a dit de vive voix à Dominique Senequier, présidente du fonds Ardian. Avec le fonds Global Infrastructure Partners (GIP), elle cherche à dégager une solution négociée entre les parties, mais affirme « ne pas travailler aujourd’hui sur un projet de contre-OPA ». Le président de Suez, Philippe Varin, son directeur général, Bertrand Camus, et les autres membres du « board » restent hostiles à une offre de Veolia. Elle conduit à un « démantèlement » qui entraînerait, selon eux, des milliers de suppressions d’emplois sur un effectif de 90 000 salariés (dont 30 000 en France). Là où il y a, disent-ils, « la place pour deux leaders mondiaux ».
> Lire aussi  « Entre la proie, Suez, et le prédateur, Veolia, la bataille est aussi technologique »
La situation est bloquée. La médiation un moment envisagée – et soutenue par le gouvernement – ne semble plus d’actualité. Le patron de Veolia n’y croit pas et privilégie une discussion directe avec le conseil de Suez. « Nous pouvons être nos propres médiateurs », juge M. Frérot, qui demande aux administrateurs de Suez de le recevoir pour leur présenter son projet. « Soit ils acceptent d’en discuter dans le cadre d’un dialogue constructif, soit ils refusent et ce sera aux actionnaires de décider », prévient-il. Sauf revirement, on s’oriente vers le second scénario : le dernier mot reviendrait alors à l’assemblée générale de Suez, réunie en mai ou juin.
Une « nouvelle étape dans la “bunkérisation” »
Des actionnaires minoritaires fourbissent déjà leurs armes. C’est le cas du fonds activiste Ciam (moins de 1 % du capital de Suez). Dans une lettre adressée aux administrateurs de Suez, il leur demande d’examiner l’offre de Veolia « de manière objective et de bonne foi ». Celle-ci prévoit 18 euros par action en numéraire et une revente de Suez Eau France au fonds d’infrastructures Meridiam pour des raisons de concurrence dans l’Hexagone. En s’y refusant, écrivent les dirigeants du fonds, « votre conseil a franchi une nouvelle étape dans sa regrettable mais récurrente pratique de “bunkérisation” ». Ils en concluent que la prochaine assemblée générale s’exprimera sur la représentativité du conseil, « qui nous semble désormais plus que douteuse ».
Qui suivra Ciam dans sa démarche ? Pour qu’elle ait une chance de succès, il faut que Veolia lui apporte ses 29,9 % et puisse donc participer au vote de résolutions. Or, en cette période d’OPA, où Veolia est à la fois premier actionnaire et premier concurrent de Suez, l’exercice de ses droits d’actionnaires est soumis au contrôle des services antitrust de Bruxelles : il ne peut être autorisé à voter que si ses intérêts patrimoniaux sont en jeu. M. Frérot estime qu’ils le seront. Mais ce sera à la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, de trancher.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/25/veolia-veut-plus-que-jamais-s-offrir-son-concurrent-suez_6071162_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
5- Environnement : Prague attaque la Pologne en justice, Les Echos, 25/02/21, 14:45
Catherine Chatignoux

Le gouvernement tchèque a annoncé son intention de saisir la Cour de justice européenne pour contester l'extension de la mine de charbon de Turow, proche de sa frontière. Ce serait la première fois qu'un Etat européen intenterait une action judiciaire contre un de ses partenaires pour des motifs liés à l'environnement.
Après des mois d'un dialogue infructueux avec son voisin, le gouvernement tchèque a annoncé qu'il allait saisir la justice européenne pour contester l'extension d'une mine de charbon polonaise exploitée à la limite de sa frontière. Située en basse Silésie, la mine de Turow est active depuis 1904. Elle a reçu en 2020 du gouvernement polonais l'autorisation de poursuivre son activité jusqu'en… 2044. Le groupe énergétique public PGE qui exploite la mine veut même l'étendre.
Les riverains tchèques soutenus par leur gouvernement se plaignent non seulement du bruit, de la poussière mais surtout de l'assèchement progressif des cours d'eau. La mine de lignite prélèverait environ 30 litres d'eau par seconde, asséchant les nappes phréatiques et laissant des villages entiers à sec.
Le ministre des Affaires étrangères tchèque, Tomas Petricek qui va porter concrètement l'affaire devant la Cour de justice européenne, considère que la Pologne est dans l'illégalité pour avoir accepté cette extension sans consultation publique ni accord de la Tchéquie et pour avoir violé un certain nombre de directives européennes et accord internationaux.
>> Suite à lire à :
<https://www.lesechos.fr/monde/europe/environnement-prague-attaque-la-pologne-en-justice-1293462>
______________________________________________________________________________________________________________________
6- 119 parlementaires européens dénoncent les « failles » du système d’évaluation des pesticides, Le Monde, 25/02/21, 20h46 
Stéphane Mandard

Les élus demandent à l’Autorité européenne de sécurité des aliments de revoir ses procédures pour prendre en compte les « effets cocktail » de toutes les substances toxiques présentes dans les pesticides. 
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, pour European Food Safety Authority, en anglais) est sous pression. Dans une démarche inédite, 119 parlementaires européens dénoncent « les failles » du système d’évaluation des pesticides et lui demandent de revoir ses procédures pour en finir avec des « pratiques toxiques ». Un courrier argumenté d’une dizaine de pages, que Le Monde a pu consulter, a été envoyé à l’EFSA, jeudi 25 février. Une première étape qui pourrait aboutir à une saisine de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) si l’autorité n’apporte pas de réponse jugée satisfaisante dans un délai de deux mois.
> Lire aussi  Agriculture : les financements publics entretiennent la dépendance aux pesticides
Parmi les signataires, on retrouve les ténors de la gauche française – le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le patron du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, ou encore le député européen Europe Ecologie-Les Verts Yannick Jadot –, mais également l’eurodéputé La République en marche Pascal Canfin et des eurodéputés allemands, belges ou espagnols appartenant au courant écologiste et à la gauche.
L’eurodéputé (PS) Eric Andrieu est l’un des élus à l’initiative de la missive. C’est lui qui avait présidé, entre 2018 et 2019, la commission d’investigation sur le processus d’évaluation des pesticides en Europe (commission PEST), mise en place après le scandale des « Monsanto Papers ». « Dans nos travaux, nous avons pointé tous les défauts et limites de la procédure d’évaluation des pesticides (indépendance, ressources, transparence…). Or, rien n’a bougé. Je suis très heureux de cette initiative pour qu’enfin les choses changent », explique celui qui milite depuis des années pour l’interdiction du glyphosate.
Evaluer « avant la mise sur le marché »
La démarche des parlementaires donne un virage politique à la campagne « Secrets toxiques » lancée par un collectif d’associations – dont Campagne Glyphosate France, Générations Futures et Nature & Progrès – après la publication, en octobre 2020, d’une étude scientifique montrant la présence de substances potentiellement cancérogènes (arsenic, plomb ou hydrocarbures aromatiques polycycliques) non déclarées sur les étiquettes de quatorze pesticides commercialisés en Europe et en France. Une plainte contre X avait été déposée en décembre 2020 devant le tribunal de grande instance de Paris pour fraude à l’étiquetage, mise en danger de la vie d’autrui et atteinte à l’environnement. La campagne a reçu le soutien de 14 000 pétitionnaires.
> Lire aussi  La justice saisie pour « faire barrage » au retour des néonicotinoïdes
Dans le collimateur des parlementaires et des associations, la non-prise en compte par l’EFSA des « effets cocktails » associés à la présence de ces composés toxiques en plus de la substance active des pesticides. « L’EFSA évalue uniquement la substance déclarée active par l’industriel et donc sans regarder son effet cumulé avec d’autres substances présentes dans le produit final, relèvent les parlementaires. L’agence européenne affirme que ce sont les Etats membres qui évaluent ou réévaluent la sécurité de la formulation complète des pesticides vendus sur leur territoire. Ce n’est pas le cas aujourd’hui [en France] avec l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail] qui ne vérifie pas les effets à long terme de toxicité ou cancérogénicité des produits commercialisés. »
Ainsi, le glyphosate (substance active) est évalué et autorisé au niveau européen par l’EFSA, mais sa formulation commerciale (l’herbicide Roundup de l’entreprise Monsanto) est évaluée en France par l’Anses. Aussi, les parlementaires et les associations envisagent également d’envoyer une « mise en demeure » à l’Anses pour exiger le retrait des quatorze pesticides incriminés ainsi qu’« une meilleure évaluation systématique des pesticides avant la mise sur le marché ». Pour les élus, la prise en compte de l’ensemble des substances entrant dans la composition d’un pesticide (« le premier et peut-être le plus important des “effets cocktails” ») doit avoir lieu « dès la procédure d’autorisation ou de renouvellement d’une substance active déclarée ».
> Lire aussi  Pesticides interdits : révélations sur l’intense lobbying des industriels jusqu’au sommet de l’Etat
Dans leur courrier, les parlementaires « exigent que l’EFSA respecte le règlement européen ». Dans un arrêt rendu en octobre 2019, la CJUE rappelle en effet que les industriels ont la charge de prouver l’innocuité de leurs produits, et que tous les principes actifs doivent être déclarés et analysés pour leur effet isolé mais aussi pour leurs effets cocktail. En outre, ils demandent aussi à l’EFSA de publier les données brutes, articles et références sur lesquels elle se base dans ses évaluations.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/25/119-parlementaires-europeens-denoncent-les-failles-du-systeme-d-evaluation-des-pesticides_6071226_3244.html>
Sur le même sujet : 
> 119 élus européens dénoncent les failles dans l’évaluation des pesticides <https://reporterre.net/Un-collectif-d-associations-en-particulier>, Reporterre, 25/02/21
> Substances cachées dans les pesticides : des parlementaires demandent des comptes à l'Efsa <https://www.actu-environnement.com/ae/news/evaluation-pesticides-substances-coformulants-europe-37108.php4>, Actu-environnement, 25/02/21
______________________________________________________________________________________________________________________
7- Reportage. Quelque chose est possible ici, même avec un salaire modeste » : dans les Cévennes et sur l’Aubrac, la revanche des épiceries et des arrière-pays, Le Monde, 26/02/21, 02h29
Florence Aubenas

Sous le double effet de la crise sanitaire et de l’arrivée de nouveaux habitants, lassés de la vie citadine, certains commerces de proximité du Gard et de la Lozère connaissent une forme de renaissance.
Le camion manque à nouveau déraper dans un tournant, il se rattrape puis s’arrête le long de la rivière, tout secoué encore des cahots de la route. L’aube pointe à peine. Des arbres lourds de neige se devinent dans l’obscurité, la route luit de verglas. Accoudés au petit pont, deux hommes parlent chèvres et châtaignes. Toutes les semaines, le véhicule de la société Magne s’engage dans les à-pics pour approvisionner l’épicerie de Sainte-Croix-Vallée-Française, 272 habitants en Lozère, à une heure trente de Mende. Nous y voilà. Murs peints en blanc, citation de Voltaire au-dessus du rayon fromages : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. » Un bouddha sourit du côté des légumes, on décharge des granulés de bois devant la porte.
Voilà bientôt cinq ans que Marisa et David ont repris ce magasin. Ils encaissent aussi les amendes, envoient les Colissimo, vendent les billets de train depuis que l’Etat a fermé ses propres guichets. Tous les deux viennent d’Alès : elle travaillait dans un hypermarché, lui était restaurateur. Un divorce chacun, la quarantaine, et ce comptoir au bout de la route, l’anti-start-up par excellence. Dans la famille de Marisa, on s’est étonné : « Mais qu’est-ce que vous allez chercher là-bas ? »
Il y a une décennie encore, pas une banque n’aurait suivi un dossier comme le leur. A l’époque, « on constatait plus de fermetures que d’ouvertures, le secteur était au plus bas », commente Pierre Bonnefoy, patron de Magne, l’entreprise familiale qui assure la distribution alimentaire en camion depuis Mende. Spécialisé dans les petits commerces, Magne ravitaillait alors 300 épiceries dans la Haute-Loire, l’Aveyron ou la Lozère. « On s’est accrochés, on a continué à livrer là où personne ne voulait plus aller. » Aujourd’hui, ses tournées comptent 450 petits commerces, son chiffre d’affaires a grimpé de 16 millions à 23 millions d’euros en trois ans. L’avancée se remarque surtout dans les villages reculés, les arrière-pays, les territoires oubliés d’hier.
« Base arrière »
Certes, ce ne sont pas les Marisa et les David de Sainte-Croix qui vont repeupler la région. Difficile même de risquer un pronostic à moyen terme. Pourtant, à sa façon, la France des épiceries se retrouve maintenant à l’épicentre d’une migration discrète mais têtue des villes vers les villages. Le mouvement s’est amorcé et amplifié de crise en crise : celle des subprimes en 2008, puis celle des attentats en 2015. Cette fois, la pandémie a donné un coup d’accélérateur.
A une vingtaine de kilomètres de Sainte-Croix, on accède au village gardois des Plantiers, 259 habitants, par un lacet de goudron suspendu entre la roche et le vide, pas plus large que les rubans de réglisse dans les bocaux de l’épicerie-boulangerie. On l’appelle le « col de l’exil », le chemin où s’enfonçaient ceux des hameaux qui quittaient la terre pour la ville pendant les « trente glorieuses ». « J’espère le rebaptiser le col du retour », prévient le maire, Bernard Mounier.
Aux Plantiers, on se souvient du premier confinement, un an déjà, les voitures arrivant de partout, en pleine nuit, bagages ficelés sur le toit, « comme des réfugiés ». La région a enchaîné sur un été prodigieux, les campings et les hôtels bondés comme jamais, les visiteurs émerveillés. « On vous a vus à la télé : ce bon air, ces rivières, ce zéro virus. » Mais à l’automne, un quart des habitants des Plantiers étaient fauchés à leur tour par le Covid-19. Un retraité baisse la voix dans les rayons de l’épicerie, pour raconter l’avoir attrapé. « Soyons sincères, ça jetait un froid ici quand on se disait contaminé, comme si on avait fait des bêtises. »
> Lire aussi A la campagne, des épiceries multiservices pour « recréer un esprit village »
Qu’importe. Les vacances prochaines affichent complet dès le mois de juin, plus aucune maison n’est à vendre. Une famille nîmoise n’en revient pas d’avoir décroché une des dernières. Elle ne compte pas forcément s’installer, « on voulait surtout se garantir une base arrière », explique le père. Ici, l’épicerie-boulangerie est l’unique commerce, un boucher passe en camionnette, le pharmacien livre les médicaments, mais il faut pousser jusqu’à Saint-Jean-du-Gard pour le tabac ou Anduze pour les lunettes. On peut rester quinze jours sans téléphone. C’est cet isolement, justement, qui a décidé le père de famille nîmois : « On sera à l’abri, refuge et protection, au cas où… » A l’abri de quoi ? Lui-même peine à le dire. Frédéric Cheyssière, éducateur spécialisé, voit se dessiner une nouvelle géographie française. « A un moment, les gens vont quitter la ville, tout se durcit, trop de contraintes. Il faut s’y préparer. » Lui-même est parti de Valence, il y a trois ans.
Des candidats pour Nasbinals
Accrochée à la montagne, la maison de retraite est le plus gros employeur du coin, 22 résidents, 14 salariés. Des chasseurs remontent la rue en camionnette. Ici, tous les hommes – ou presque – font des battues, 250 sangliers ont été tués cette année dans la vallée. Laurine Rodriguez s’occupe de la cantine scolaire. Elle a 21 ans, elle a grandi en ville, à Beaucaire. Là-bas, elle n’a jamais été autorisée à prendre le bus seule ou à sortir non accompagnée. « Pourtant, on habite un bon quartier », elle dit. Son père, ouvrier dans une usine de papier, était content qu’elle s’installe aux Plantiers. Elle, sourire et fossettes : « Tout le monde n’a pas eu ma chance. » En deux ans, 15 arrivées ont été recensées, c’est beaucoup à l’échelle du village.
> Lire aussi « Pendant le confinement, on s’est sentis étouffés » : ces citadins qui partent vivre à la campagne
Plus haut, sur le plateau de l’Aubrac, les touristes de passage à Nasbinals s’exclament volontiers : « Ça rappelle l’Irlande. » « L’Irlande en mieux », précisent ceux qui ne repartent plus. A la mairie, Bernard Bastide s’exclame : « Osons l’optimisme ! » De l’après-guerre aux années 2000, le village a perdu 40 % de sa population, « on fuyait une misère noire », se souvient Jean de Rieutord, 84 ans, parti livrer du charbon à Paris. Lui-même était autrefois un de ces gamins loués dans les montagnes, « dormant avec les bêtes, lapant le lait de la traite comme une bête sauvage quand le patron avait le dos tourné ». Aujourd’hui, à Nasbinals, 542 habitants, le futur semble faire la pirouette. « Quelque chose est possible ici, même avec un salaire modeste », explique une aide-soignante, 47 ans. Elle compare son 60 m2 d’ici et son ancien studio, près de Montpellier, deux fois plus cher. Confrontée à l’afflux de demandes, la mairie peine à trouver des locations, alors qu’une trentaine de maisons dorment dans le village, volets fermés, des héritages partagés en majorité.
Cet hiver, il est tombé un mètre de neige, elle a tenu longtemps. Un couple, venu d’Avignon, a acheté des vélos électriques et un terrain à construire à la sortie du village. « Vous revendrez dans deux hivers, comme tout le monde », a prévenu la boulangère. Chez Bertrand, l’épicerie derrière l’église, un pèlerin pèse une banane et trois pommes. Un photographe pose près de la caisse une Thermos de café, à partager. On reste discuter longtemps, surtout depuis que les restrictions sanitaires ont fermé les bistrots.
« Proximité et service »
Une femme charge de grandes courses, elle emménage tout juste. Ça la fait rire qu’on la compare aux jeunes gens de Mai 68, retour à la terre, utopie et vie en communauté. « Nous, c’est pas politique : on n’a rien contre le système, c’est lui qui en a après nous. » Avec deux smic, la famille s’est longtemps accrochée, déménageant de plus en plus loin de Lyon. Ils en étaient à trois heures de trajets par jour et peut-être un licenciement pour elle, quand ils ont regardé la carte de France. Pourquoi pas la Lozère, avec son taux de chômage parmi les plus bas ? Reconverti dans le BTP après avoir été cariste, le mari a été surpris la première fois qu’on l’a payé en volaille et en confitures. « Ça prouve qu’on est intégrés », risque-t-elle.
> Lire aussi « Notre campagne s’endort, comme un vieillard qu’on oublie »
L’autre jour, quand une mère avec ses enfants a piqué des pots pour bébé à l’épicerie, Bertrand a fait semblant de regarder ailleurs. Il lâche : « On n’est pas survivalistes ni collapsologues, mais quelque chose est en train de s’écrouler. » Bertrand tient le magasin depuis six ans, après « un cursus parfois violent », la banlieue marseillaise, artisan puis chauffeur routier. Sa femme travaille dans le social. « Lui aussi, à sa manière », plaisante une habituée.
« Y en a plus ? », crie quelqu’un au fond de la boutique. Inutile de préciser quoi : le lait de Lozère, le nouveau totem, passé numéro un des ventes devant le pack Lactalis, pourtant moins cher et qu’on croyait indétrônable. Ici, comme dans la plupart des épiceries de la région, un autre glissement s’est opéré ces dernières années : on veut du cola ardéchois, des fromages et de la charcuterie fabriqués dans les villages voisins. Au départ, en 2017, le distributeur Magne, à Mende, avait juste rajouté certains produits locaux à son catalogue, une sorte de test. Ils sont plus de 700 maintenant, 30 % du chiffre d’affaires. « Dans notre circuit, la grosse guerre ne porte plus sur les prix, mais sur la proximité et le service », reprend le patron, Pierre Bonnefoy.
Plus de maquillage, plus de télé
Responsable des achats chez Magne, Marc Paulhan était au cœur de cette progression, tout le monde le voyait sur orbite, lancé sur la trajectoire classique : diriger un hypermarché au bord de la mer ou passer cadre dans un groupe international. Il avait fait ses preuves et s’était « construit une carapace pendant des années ». La suite de son histoire ressemble à une parabole de l’époque. A 42 ans, Marc Paulhan vient de reprendre une épicerie à Meyrueis, vers le causse Méjean, 950 habitants et une soixantaine de clients par jour, trois ou quatre fois plus l’été. « On voulait une vie simple », résume Géraldine, sa femme, qui travaillait dans une maison de retraite.
A la morte-saison, le village semble flotter dans des habits trop grands. Le parking est désert le long de la rivière. Le garagiste vient chercher du fromage, le fameux petit chèvre de la fermière là-haut. Une annonce pour un deuxième médecin à la maison de santé a été postée sur SOS Villages. Marc Paulhan part livrer Denise, la quarantaine, qui n’a pas le permis de conduire. Avec elle, le jeu des « avant-après » continue, la vie d’avant et celle d’après : « La fille que j’étais ne se serait jamais entendue avec celle que je suis devenue », dit-elle. Ses années à Montpellier lui reviennent, les cours de salsa avec Youyou, les transats sur les plages privées, les apéros en terrasse et le verre de cocktail qu’on photographie pour Instagram. Denise travaillait à la promotion en ligne d’une grande chaîne hôtelière, une existence en tailleur et valises à roulettes, tanguant très haut sur les talons aiguilles. « Je checkais mes notifications à 3 heures du matin, je me mettais dans des états pas possibles quand je n’avais pas de connexion. »
La pandémie a tout arrêté. Quand Denise a décidé de rester après les vacances, l’apprentissage a commencé, pas à pas. Pour la première fois de sa vie, elle passe un entretien d’embauche en jean et baskets, remplaçante dans la fonction publique. Elle cesse de se maquiller. Plus de télé. Budget coupé en deux. Le test fatidique a lieu le jour où le réseau SFR saute avec l’orage. Elle n’en revient pas elle-même. « Je l’ai bien vécu. » Sur sa page Facebook, elle publie une image, prise en randonnée, assortie d’un commentaire ému : « Je suis trop contente, j’ai croisé une biche. » En dessous, un forestier lui répond : « Désolé d’intervenir, je crois que vous avez vu un chevreuil. » Ils sont devenus amis. Denise a décroché de Facebook.
> Lire aussi « Opposer ville et campagne ne nous fera pas avancer »
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/26/quelque-chose-est-possible-ici-meme-avec-un-salaire-modeste-dans-les-cevennes-et-sur-l-aubrac-la-revanche-des-epiceries-et-des-arriere-pays_6071244_3224.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
8- Que penser de la feuille de route « Numérique et environnement » ?, The Conversation, 28/02/21, 18:28
Par Fabrice Flipo, Professeur en philosophie sociale et politique, épistémologie et histoire des sciences et techniques, Institut Mines-Télécom Business School

Le gouvernement a publié le 23 février 2021 sa feuille de route « Numérique et environnement », dont le sous-titre est : « Faisons converger les transitions ». Disons-le d’emblée : si quelques avancées sont notables, les ambitions sont très en deçà de ce qui serait nécessaire.
Un tel positionnement est malheureusement cohérent avec les reculades successives du gouvernement, notamment au regard des objectifs de l’accord de Paris, raison pour laquelle il a été récemment condamné pour « carences fautives » dans la lutte contre le réchauffement climatique dans le cadre de l’Affaire du siècle.
Que contient la feuille de route numérique ?
Cette stratégie numérique consiste en 17 mesures, regroupées sous trois chapitres : connaître les implications écologiques du numérique ; soutenir un numérique plus sobre (« Green IT ») ; « innover » dans le domaine d’un usage du numérique au service de la planète (« IT for green »). Les catégories sont classiques, ce sont les mêmes qui ont cours depuis plus de 15 ans.
« Connaître pour agir » consiste principalement en l’instauration d’un pouvoir de collecte de données par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), autorisant la mise en place d’un « baromètre environnemental » pour les acteurs du numérique, et de lancer des travaux de prospective, avec l’Ademe, notamment sur l’impact de la 5G et de l’Internet des objets.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/que-penser-de-la-feuille-de-route-numerique-et-environnement-156065>
______________________________________________________________________________________________________________________
9- Ecologie, agriculture… Six formations pour une reconversion « verte », M Campus, maj le 01/03/21 à 07h21
Romane Bonnemé

Chaque mois, « La Matinale » vous propose une liste de gestes pour la planète. Aujourd’hui, responsabilité sociale et environnementale des entreprises, agriculture, gestion de lieux « écolo »…  des idées de formations pour œuvrer au quotidien pour la transition écologique. 
La liste de la matinale
Monter une épicerie dédiée aux circuits courts, développer la responsabilité sociale et environnementale d’une entreprise, travailler dans un tiers lieu écologique, lancer des projets d’éducation aux questions environnementales… De nombreux cursus ont fleuri ces dernières années pour former des futurs professionnels de la transition écologique. Ces programmes, qui répondent à de nouveaux besoins ou de nouveaux modes de vie, rencontrent les aspirations de jeunes ou moins jeunes souhaitant faire concilier leurs valeurs avec leur métier au quotidien. Voici une sélection de six formations récentes et inspirantes.
• La plus « classique » : l’Institut Transitions
L’Institut Transitions, qui a ouvert ses portes en septembre 2019, accueille une cinquantaine d’élèves (la moyenne d’âge y est de 36 ans) pour une durée d’un an dans son parcours « nouvelles voies ». Cette formation est destinée aux personnes détentrices d’une licence ou d’un master qui ont « pris conscience de la nécessité de faire coïncider leur travail avec leurs valeurs », explique Martin Durigneux, fondateur de l’Institut Transitions, situé à Lyon.
Au programme : 120 heures sont consacrées à la compréhension des fondamentaux de la transition écologique (histoire économique et sociale, philosophie de la transition ou grands enjeux de la solidarité), 80 heures développent des « compétences transversales utiles sur le terrain » (prise de parole en public, animation d’équipes, communication…), et 30 heures abordent l’orientation professionnelle (connaissance de soi…). Le fil directeur de cette formation est un mémoire de recherche supervisé, et conçu comme un « tremplin professionnel », explique Martin Durigneux, qui a également fondé Anciela, une pépinière d’initiatives associatives à Lyon.
Généralement amenés à exercer dans des fonctions supports (ressources humaines, finances ou gestion de projets), les anciens de l’Institut Transitions gravitent dans le monde associatif ou au sein d’entreprises porteuses de la transition. « La majorité consacre son temps à l’insertion, à l’écologie, ou à l’inclusion des quartiers populaires, mais d’autres se sont tournés vers le jardinage », détaille Martin Durigneux.
Son point fort : ses liens forts avec l’écosystème lyonnais, « un terreau que l’on connaît, assure le fondateur de cet institut, notre légitimité vient de ce territoire vécu et connu humainement ».
§ Le tarif pour la formation d’un an s’élève à 4 860 euros, avec deux options selon le profil de l’apprenant : « en disponibilité » (cours en journée) ou « en activité » (cours en soirée).
• La plus expérimentale : Lumia
« La nature est notre véritable salle de cours », aime préciser l’animateur pédagogique de Lumia, Rémy Allamanno. Lancée en janvier 2020, cette nouvelle école est installée au cœur de la Régie agricole biologique de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes). Aucun niveau d’études ni prérequis n’est demandé. « La motivation, la puissance de l’engagement et la volonté d’agir, le tout enrobé d’une bonne dose de créativité » sont les éléments-clés d’appréciation d’une candidature, appuie M. Allamanno.
Pendant deux ans, la quarantaine d’apprenants se retrouve la moitié du temps hors les murs : dans la nature ou en interaction avec les territoires. Les 350 heures restantes sont consacrées à des « projets sociétaux transformatifs ». Pour les étudiants qui souhaiteraient approfondir l’un d’entre eux, l’incubateur de l’école peut les accompagner à le monter en deuxième partie de formation.
Son point fort : S’il « ne forme pas à un métier en particulier », ce cursus ouvre sur trois voies professionnelles : l’entrepreneuriat, la création de projet dans un collectif ou l’incorporation des outils et son expérience dans un secteur plus traditionnel.
§ Les frais de scolarité sont de 5 650 euros pour un an de formation.
• La plus « réseau » : la Green Management School
Lancée en septembre 2020, la Green Management School réunit des spécialistes et des personnalités (comme la climatologue Marie-Antoinette Melières, le politologue Loïc Blondiaux ou l’agronome Marc Dufumier) autour de sa cofondatrice Audrey Pulvar – par ailleurs candidate socialiste aux élections régionales en Ile-de-France.
L’école est ouverte à tous les profils avec un bac + 3 minimum, qu’ils soient en poursuite ou reprise d’études. D’une durée de deux ans, cette formation en gestion verte « neutre en carbone » peut s’effectuer en contrat de professionnalisation. Les élèves suivent les cours en partie en distanciel (une option qui perdurera après la crise du Covid) et en partie en présentiel, dans l’un des neuf campus du groupe d’écoles privées MediaSchool (Paris, Rennes, Reims, Strasbourg…).
La formation s’articule autour d’axes comme l’« affirmation de sa pensée altruiste », le développement « de son expertise sur des problématiques systémiques de nos sociétés », la « pensée critique bienveillante »… La Green Management School se revendique comme étant un tremplin vers des fonctions décisionnelles dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises, telles que « manager de la transition, directeur de la communication, chef de produit développement durable ou encore lobbyiste de l’environnement ».
Son point fort : Sur son site, le credo de la Green Management School est « d’inventer de nouveaux modèles pour les cinquante années à venir plutôt que de dupliquer le “business as usual” des cinquante dernières années ».
§ Deux options tarifaires sont proposées : celle à 6 920 euros pour la formation initiale et celles à 7 965 euros pour les contrats de professionnalisation.
• La plus « terrain » : le diplôme universitaire Espaces communs de Yes We Camp
« Nos étudiants sont des sachants à qui il manque une dernière impulsion pour se lancer dans l’aventure du tiers lieu. » Comme l’explique Julie Simon, le diplôme universitaire (DU) Espaces communs, dont elle est la coordinatrice, est avant tout une « mise en réseau de compétences ».
Si certains ont déjà les deux pieds dans ces tiers lieux, d’autres n’y ont mis qu’un seul orteil. Agés de 22 à 56 ans, les 18 élèves de la promotion en cours sont ici pour devenir des professionnels dans la gestion de ces lieux de partage, de solidarité et d’entraide, avec un esprit écologiste revendiqué. Espaces de coworking, « repair » cafés, sites de production entre fermiers ou de vente entre producteurs et consommateurs… Ces lieux ont un point commun : la promotion du développement durable et d’une économie socialement responsable.
Les deux tiers des 140 heures de la formation sont consacrés à des voyages d’études immersifs. Les promotions précédentes ont ainsi visité Coco Velten, à Marseille, Mains d’œuvres, à Saint-Ouen, ou Le Tri postal, à Bruxelles. Le reste s’attache aux compétences créatives, techniques et de projet pour élaborer ces lieux. « Les intervenants ne sont pas forcément des universitaires mais ce sont tous des professionnels ou des propriétaires de ces tiers lieux », souligne la coordinatrice du diplôme.
Son point fort : la formation continue est sanctionnée par un DU délivré par l’université parisienne Gustave-Eiffel d’un niveau bac + 2. Effectué de manière flexible sur dix-huit mois, le cursus propose trois phases de recrutement par an.
§ Le coût de la formation est de 1 200 euros.
• La plus immersive : Fertîle
Sous la forme de stages immersifs en pleine nature, Fertîle, l’école de la coopération et de l’engagement, est là pour « changer de monde, se couper de l’ancien et en découvrir un nouveau », explique Armonia Pierantozzi, sa cofondatrice. D’une durée de sept semaines, chaque séjour prend place dans un lieu différent : aujourd’hui en Sologne, demain dans le parc des Cévennes.
Ni certifiante ni diplômante, cette formation, qui offre un large éventail d’enseignements, vise à faire ressentir les enjeux écologiques. Pour ce faire, « chaque semaine a ses colorations : mettre les mains dans la terre, bricoler, construire, développer des outils d’animation ou assister à des cours sur la rhétorique », précise Armonia Pierantozzi.
L’idée est de prendre le temps de se questionner sur l’impact que chacun souhaite avoir dans sa vie professionnelle et personnelle. Les anciens élèves de la formation travaillent principalement dans l’économie sociale et solidaire, l’éducation… Mais, d’après Armonia Pierantozzi, certains électrons libres ont décidé de « retourner dans le CAC40 pour infiltrer leur entreprise » et y développer de nouvelles pratiques.
Son point fort : Chaque promotion est composée de 20 personnes, avec un objectif de complémentarité. « Nous recherchons des leaders comme des souteneurs, des créatifs comme des scientifiques », explique Armonia Pierantozzi.
§ Les tarifs s’échelonnent en trois paliers de 900 à 1 700 euros selon le confort du séjour souhaité (yourte, tente ou van pour le premier prix, et chambre avec salle de bain pour le plus élevé).
• La plus « agriculture urbaine » : L’Ecole du Breuil
Parce que l’agriculture n’est plus l’apanage du monde rural, l’Ecole du Breuil, située à Paris, dans le bois de Vincennes, propose depuis 2020 un Brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole (BPREA) spécialisé dans la formation de paysans urbains et périurbains. Pour être admis, il faut connaître un peu le monde agricole, « avoir un projet professionnel sérieux et être disponible à 100 % pendant toute la formation », détaille l’ancien coordinateur pédagogique, Etienne Le Bideau.
D’une durée de neuf mois, cette formation est à la fois « théorique, pratique, collective et agroécologique ». Les 1 200 heures se répartissent entre des cours théoriques et des travaux pratiques de gestion de la microferme de l’école. La plaquette pédagogique inclut également trois mois de stage obligatoire dans des structures agricoles.
De nombreuses portes s’ouvrent pour les anciens élèves diplômés : s’installer à leur compte en tant que maraîcher ou paysan, devenir animateur pédagogique, ouvrier agricole urbain ou responsable d’un site de production. Victime de son succès, le diplôme est complet pour 2021. Les prochaines sessions de recrutement ouvriront début septembre pour une rentrée en 2022.
Son point fort : les 13 hectares de l’Ecole du Breuil, un établissement géré par la Ville de Paris, offrent aux étudiants un espace pédagogique d’une rare diversité agronomique.
§ Le coût total du diplôme s’élève à 5 500 euros.
> Lire aussi  Des applications pour mieux s’orienter et se reconvertir professionnellement
<https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/02/28/ecologie-agriculture-six-formations-pour-une-reconversion-verte_6071504_4401467.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
10- Qu'est-ce que la Green Tech encouragée par le gouvernement ?, Futura sciences avec AFP-Relaxnews, 01/03/21

L'empreinte numérique représente entre 5 et 10 % des émissions globales de gaz à effet de serre en France. Environnement et numérique sont-ils antinomiques ? Pour réconcilier ces deux concepts, l'État vient de lancer un plan de 300 millions d'euros pour développer la Green Tech dont les objectifs sont clairement définis : maîtriser l'empreinte environnementale du numérique et créer un cercle vertueux autour des filières du recyclage et du reconditionnement, mais aussi favoriser l'éco-conception. 
Un plan de 300 millions d'euros a été mis sur la table pour développer et soutenir en France la Green Tech. Derrière ce concept se trouve une centaine d'entreprises qui mettent à disposition les nouvelles technologies et les innovations au service de l'environnement et de la transition écologique, dans divers domaines tels que les énergies renouvelables, le numérique responsable, l'économie circulaire, des transports propres.
L'unique but : améliorer sans cesse le bilan carbone de la France. Tout a commencé avec l'inauguration du label Green Tech Innovation, en 2016, par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Il permet notamment aux start-ups concernées de bénéficier de nombreux services de l'État.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/gaz-effet-serre-quest-ce-green-tech-encouragee-gouvernement-85983/>
______________________________________________________________________________________________________________________
11- Redécouvrir ce à quoi nous tenons et le traduire... en actes !, TEK4life, Lettre du 02/03/21
Par Jean-Jacques Perrier, TEK4life

La récente controverse sur le menu sans viande dans les cantines scolaires lyonnaises ‒ une solution temporaire d’adaptation aux nouvelles restrictions anti-covid ‒ rappelle l’importance de la dimension proprement existentielle de la reconversion écologique. Des anthropologues et économistes tels que Christian Arnsperger et Eloi Laurent ont montré que le projet humaniste d'un progrès pour tous, qui visait à satisfaire les besoins, à commencer par celui de manger à sa faim, est devenu une mécanique sans frein de croissance matérielle, donnant lieu à une compulsion permanente à produire et avoir toujours plus. D’autant que les inégalités sociales alimentent le sentiment de manque et la quête d'un « plus » (assimilé à du mieux) par ceux qui ont moins.
Du même coup, on perçoit la difficulté des politiques de reconversion écologique, qui doivent à la fois améliorer les vécus quotidiens et inégalitaires des gens (et de leurs enfants), et casser la logique existentielle de croissance. Compliqué mais pas impossible si l’on admet que nous avons tous la capacité de changer nos manières d’exister, ce que Arnsperger nomme la « plasticité anthropologique ».
>> Suite à lire et programme des webinaires à voir à :
<https://3kwcu.r.ag.d.sendibm3.com/mk/mr/IRIFcjb1XH74GiULAnSwVH5LupK0AP2BwwTQWDGCUBlmSRhfl-mUxqyXaRvT3GfTLUvRLJlpJhUbXtfiNwj09l6VBqtM0lu-TkLOs6giTsL963w>
______________________________________________________________________________________________________________________
12- Tribune. « Le “Green Deal” implique des changements majeurs dans la politique étrangère de l’Europe », Le Monde, 02/03/21, 13h30 
Par Collectif

Cinq experts observent, dans une tribune au « Monde », que l’objectif européen de neutralité carbone pour 2050 va modifier profondément les relations de l’Union avec les pays étrangers fournisseurs d’énergie, dont certains devront céder la place à de nouveaux venus.
Tribune. L’objectif de neutralité climatique de l’Union européenne (UE) d’ici à 2050, le « Green Deal » [« pacte vert »], n’est pas seulement un exercice révolutionnaire de modification des habitudes du continent en matière d’énergie, de consommation et de voyage. Il implique également des changements majeurs dans la politique étrangère et les relations diplomatiques de l’Europe.
Aujourd’hui, environ 70 % du bouquet énergétique de l’UE continuent de reposer sur les combustibles fossiles, tandis que les énergies renouvelables représentent moins de 15 %. Cette situation va complètement changer au cours des trente prochaines années si le Green Deal européen est couronné de succès.
Une baisse massive de la consommation de combustibles fossiles restructurera les relations de l’UE avec ses principaux fournisseurs, notamment la Russie, l’Algérie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et la Libye, dont les économies dépendent fortement des exportations d’énergie vers l’Europe. La fin de la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles leur porterait préjudice et pourrait même déstabiliser leurs gouvernements.
> Lire aussi  Ursula von der Leyen : « Un “green deal” européen pour ralentir le réchauffement de la planète »
Comme l’Europe représente environ 20 % des importations mondiales de pétrole brut, une forte baisse de la demande européenne affecterait aussi le marché mondial du pétrole en faisant baisser les prix, ce qui nuirait même aux producteurs qui exportent relativement peu d’énergie vers l’Europe, comme l’Arabie saoudite.
Désavantages et bénéfices
Dans une étude récente, nous avons décrit comment les effets géopolitiques du Green Deal européen se feront sentir au-delà des marchés de l’énergie (« The geopolitics of the European Green Deal », Bruegel, 2 février 2021). Les industries européennes s’inquiètent de leur compétitivité par rapport à leurs homologues étrangères, car elles devront payer des prix plus élevés pour le carbone et se conformer à des lois environnementales plus strictes.
Le Green Deal européen protégerait ces entreprises en introduisant un mécanisme dit « d’ajustement aux frontières », ou un tarif sur les biens importés basé sur leur contenu en carbone, équivalent au prix du carbone national. Une telle mesure aura inévitablement des répercussions sur les flux commerciaux et la politique mondiale.
> Lire aussi  Climat : l’ambition européenne revue à la hausse
Si certains pays seront désavantagés par le Green Deal européen, d’autres en bénéficieront. Une Europe plus verte devrait importer davantage de produits et d’intrants énergétiques propres. La Chine en bénéficierait, car elle domine le marché des minéraux dits de terres rares, qui sont essentiels pour les éoliennes, les moteurs de véhicules électriques et les applications dans d’autres domaines des technologies propres.
En outre, même si l’UE réduit sa consommation de combustibles fossiles, elle restera un important importateur net d’énergie. Cette énergie devra désormais provenir de sources à moindre intensité de carbone, comme l’électricité renouvelable et l’hydrogène vert, qui pourraient être importées de pays à fort potentiel en matière d’énergie solaire et éolienne, comme l’Algérie et le Maroc.
Sécuriser l’approvisionnement
L’UE doit prendre conscience des risques géopolitiques du Green Deal européen et préparer une stratégie de politique étrangère pour les gérer. Cette stratégie doit comprendre à la fois des actions visant à maîtriser les répercussions géopolitiques directes du Green Deal européen, et des actions visant à encourager son leadership écologique mondial.
Les mesures de la première catégorie consisteraient principalement à aider les pays voisins exportateurs de pétrole et de gaz à se préparer à la décarbonisation de l’UE. L’UE devrait œuvrer aux côtés de ces pays à leur diversification économique, notamment dans le domaine des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, qui pourraient à l’avenir être exportés en Europe.
> Lire aussi  « La gestion de la pandémie de Covid-19 et les mesures nécessaires à la sortie de crise conspirent à faire de l’environnement une question subsidiaire »
Elle devrait également améliorer la sécurité de son approvisionnement en matières premières essentielles et limiter sa dépendance vis-à-vis de la Chine par une plus grande diversification de l’approvisionnement, par l’augmentation des volumes de recyclage et le remplacement des matières premières critiques.
Enfin, l’UE doit collaborer avec les États-Unis et d’autres partenaires pour créer un « club du climat », dont les membres appliqueront des mesures similaires d’ajustement aux frontières en matière de carbone. Tous les pays, y compris la Chine, seraient les bienvenus s’ils s’engagent à respecter les objectifs et les règles du club.
Promouvoir des coalitions mondiales
Pour être le chef de file mondial de l’action en faveur du climat, l’UE devrait s’efforcer de devenir un créateur de normes, plus particulièrement en ce qui concerne l’hydrogène et les obligations vertes. Le fait d’exiger le respect de réglementations environnementales strictes comme condition d’accès au marché de l’UE encouragera fortement tous les partenaires commerciaux à passer au vert.
En outre, l’UE devrait exporter le Green Deal européen par le biais d’investissements d’énergie durable dans les pays en développement. Cela est en tout cas économiquement judicieux car les pays en développement ont des coûts marginaux de réduction des émissions plus faibles que les pays européens. Cela aiderait ainsi les entreprises de l’UE à pénétrer des marchés en croissance rapide, stimulant le développement et la diversification économiques dans les pays partenaires, ce qui constituerait un gain inestimable pour l’UE en matière de politique étrangère.
> Lire aussi  Craig Windram : les « points faibles » du « green new deal » européen
De plus, l’UE devrait promouvoir des coalitions mondiales de lutte contre le changement climatique, par exemple par le biais d’une coalition mondiale pour le permafrost et d’une coalition mondiale pour la réduction des émissions de CO2. De telles initiatives permettraient de financer des biens communs mondiaux qui nécessitent une coopération internationale.
Ensemble, ces actions constituent un cadre de politique étrangère pour le Green Deal européen. Elles répondent aux défis géopolitiques auxquels d’autres pays sont susceptibles d’être confrontés en raison du Green Deal et, plus généralement, du réchauffement climatique croissant, et offrent des moyens d’étendre la poussée de la décarbonisation au-delà de l’UE – ce qui sera une nécessité pour garantir le succès du « Green Deal » européen.
§ Liste des signataires : Mark Leonard, cofondateur et directeur du Conseil européen des relations internationales (European Council on Foreign Relations) ; Jean Pisani-Ferry, économiste à l’Institut de recherche européen Bruegel ; Jeremy Shapiro, directeur de la recherche du European Council on Foreign Relations ; Simone Tagliapietra, économiste à Bruegel, et Guntram Wolff, directeur de Bruegel.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/02/le-green-deal-implique-des-changements-majeurs-dans-la-politique-etrangere-de-l-europe_6071698_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
13- L’Autorité environnementale étrille des mesures de la loi Asap, Reporterre, 02/03/21
Source : Autorité environnementale

Promulguée le 7 décembre 2021, la loi Asap (accélération et simplification de l’action publique) en est maintenant à l’étape des décrets d’application. L’un d’eux, qui concerne la « simplification » du droit de l’environnement, a écopé d’un sévère avis de l’Autorité environnementale, adopté fin février et rendu public en ce début du mois de mars.
L’instance commence par rappeler son avis global sur cette loi, à laquelle elle reproche, dans ses articles 34 à 60, de « réduire significativement le champ de la participation du public, sans apporter de garantie nouvelle sur la façon dont les avis du public seront pris en compte suite aux consultations électroniques ».
En effet, la loi permet de remplacer les enquêtes publiques — avec présence physique d’un commissaire enquêteur chargé de recueillir l’avis des habitants par de multiples voies — par une simple consultation en ligne.
Par ailleurs, plus précisément, le décret sur lequel l’autorité se prononce prévoit qu’elle n’aurait plus que deux mois plutôt que trois pour rendre son avis sur un projet (routier, ferroviaire, immobilier...). Les raisons de ce raccourcissement « ne sont pas indiquées », souligne l’Autorité environnementale. Elle ajoute que vu le temps de maturation des grands projets qui lui sont soumis, il s’agit avant tout d’« une réduction de délais symbolique, sans incidence pour le calendrier des projets ».
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/L-Autorite-environnementale-etrille-des-mesures-de-la-loi-Asap>
______________________________________________________________________________________________________________________
14- Chronique. « Quand l’ingénierie sociale oublie la société », Le Monde, 03/03/21, 06h00 
Pierre-Cyrille Hautcoeur, Directeur d'études à l'EHESS

L’historien Pierre-Cyrille Hautcœur regrette, dans sa chronique, l’incapacité répétée des élites expertes à prendre en compte la vie réelle et l’avis des « gens ordinaires », comme l’a montré une fois de plus l’épilogue de la convention citoyenne sur le climat.
Chronique. Les membres de la convention citoyenne sur le climat, qui a terminé ses travaux le 28 février, ont exprimé leur mécontentement face à la faible prise en compte de leurs conclusions par le gouvernement. Tirés au sort et donc très divers par leurs expériences sociales, ces citoyens et citoyennes ont écouté nombre d’experts et soutenu des propositions qui, quoique parfois assez radicales, leur semblaient apporter des solutions à l’urgence climatique compatibles avec la poursuite de leurs modes de vie au prix de changements acceptables.
> Lire aussi  La convention citoyenne pour le climat se sépare sur une note sévère au gouvernement
La limitation du changement climatique peut donner lieu au projet d’ingénierie sociale le plus vaste jamais conçu puisqu’elle requiert des actions puissantes à l’échelle de la planète. Un tel projet aurait un côté paradoxal puisqu’il s’agirait de contrecarrer les conséquences d’actions humaines sur la nature menées durant des décennies par de grandes organisations publiques ou privées pourtant puissamment rationnelles, des champs pétroliers aux plantations de palmiers à huile.
Uniformisation, standardisation et destruction
James Scott, professeur de sciences politiques à Yale (Connecticut), connu pour ses travaux critiques sur les grands projets de développement, propose dans son ouvrage majeur enfin traduit en français (L’Œil de l’Etat. Moderniser, uniformiser, détruire, La Découverte, 540 pages, 28 euros) une relecture beaucoup plus générale et historicisée selon laquelle les Etats se construisent, au moins depuis l’époque justement dite « moderne », en uniformisant, standardisant et détruisant au nom de la « modernisation ». Les exemples qu’il prend incluent l’imposition des systèmes de poids et mesures, l’attribution de noms de famille ou l’urbanisme ; les terrains vont de la Chine des Qin à la Tanzanie des années 1970, la collectivisation soviétique et la Révolution française.
> Lire aussi  Les principales propositions de la convention pour le climat passées au crible
Significativement, le premier exemple étudié porte sur la sylviculture scientifique prussienne du XVIIIe siècle qui, pour obtenir une rentabilité maximale, réduit la forêt à une monoactivité de production de bois d’œuvre tiré de la monoculture de la « meilleure » espèce de pin. Ce faisant, elle élimine la diversité végétale et animale, et détruit des conditions essentielles de la vie des habitants (ramassage de fruits et champignons, collecte de petit bois ou d’écorces curatives, chasse, glandée des porcs…). A terme, la qualité des sols, et donc la productivité en bois elle-même, se détériore.
Revanche sur la rationalisation simplificatrice des experts
L’auteur montre que la complexité des interactions au sein du monde naturel et social prend ainsi sa revanche sur la rationalisation simplificatrice des experts, selon un scénario qui se reproduit sans cesse depuis dans les domaines les plus variés et à diverses échelles. Il en appelle, pour limiter les dégâts, à plus de modestie dans les projets, plus d’expérimentation, de décentralisation et de confiance dans l’inventivité pratique (la mêtis) des populations, et, finalement, à la décision démocratique.
> Lire aussi  Biodiversité : l’humanité face à ses responsabilités
Les connaissances scientifiques et l’organisation politique et sociale ont permis, depuis deux siècles, un accroissement de la production et de la population mondiale dans des proportions inimaginables jusque-là, et Scott n’en nie pas la puissance. Mais, si la diversité biologique est aujourd’hui reconnue comme essentielle à toute vie, il n’en est pas de même de la diversité humaine, des expériences et capacités d’adaptation et d’innovation qu’aucun expert ne peut maîtriser et qu’aucun algorithme ne peut résumer. Quoique en rêve le statisticien héritier du mathématicien belge Adolphe Quetelet (1796-1874), qui mit l’homme « moyen » au centre des représentations de la société, les politiques publiques ou privées ne peuvent réussir à terme en niant cette diversité.
Parce qu’un certain nombre de pratiques et de capacités ne sont pas identifiées, moins encore prises en compte par les spécialistes, il est sans doute juste de tirer au sort des citoyens aux expériences sociales variées, surtout pour des projets de grande envergure affectant des millions de vies. Il serait sans doute bon de les écouter davantage, non pour remplacer les experts ou les politiques : plutôt pour leur instiller un peu de modestie, d’étonnement, voire d’admiration.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/03/quand-l-ingenierie-sociale-oublie-la-societe_6071771_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
15- Accor, Total… ces entreprises françaises liées à la junte militaire birmane, Le Monde, 03/03/21, 20h07 
Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) et Julien Bouissou

Les sociétés françaises implantées en Birmanie sont confrontées à la quasi-mainmise de l’armée, qui vient de commettre un coup d’Etat, sur l’économie du pays. 
Le coup d’Etat militaire du 1er février en Birmanie vient de ramener le pays des années en arrière et place les entreprises étrangères occidentales – et notamment françaises – dans une position délicate. L’exemple du groupe hôtelier Accor, dont le partenaire local est Max Myanmar Group, illustre ces difficultés. En 2015, le groupe s’est associé à ce conglomérat proche de l’armée birmane pour ouvrir un hôtel cinq étoiles de 366 chambres, le Novotel Yangon Max, à Rangoun, capitale économique du Myanmar (nom donné à la Birmanie par le pouvoir militaire en 1989). L’investisseur birman est le célèbre homme d’affaires Zaw Zaw, devenu proche d’Aung San Suu Kyi après l’arrivée au pouvoir de l’ancienne dirigeante en 2015. Il possède aussi des plantations de caoutchouc, des stations-service et des entreprises de travaux publics.
> Lire aussi l’éditorial du « Monde » : En Birmanie, l’espoir broyé par l’armée
Selon la Mission internationale indépendante d’établissement des faits au Myanmar créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui a publié un rapport en 2019, cette entreprise a aidé l’armée à construire des infrastructures empêchant le retour des Rohingya sur leurs terres de l’Etat de Rakhine après les persécutions de 2017 qui les avaient poussés à l’exode. Grâce à ses donations, une barrière a été construite à la frontière entre le Myanmar et le Bangladesh, où 750 000 Rohingya avaient fui – quand ils n’avaient pas été tués.
Le partenaire d’Accor « doit faire l’objet d’une enquête criminelle et éventuellement être poursuivi en justice pour avoir contribué directement et de manière substantielle à un crime contre l’humanité », ont conclu les experts indépendants de l’ONU en 2019, même si, depuis, le groupe en question se serait affranchi de sa dépendance vis-à-vis de l’armée, selon une source bien informée à Rangoun. Pas de quoi faire hésiter Accor. Même depuis le coup d’Etat militaire qui, au 2 mars, a fait au moins une trentaine de morts parmi les manifestants. Le groupe hôtelier n’a pas répondu aux questions du Monde sur ce partenariat et indique simplement « suivre la situation au Myanmar », tout en affirmant au passage« soutenir le tourisme positif », sans donner plus de détails.
« Prix du plus gros contribuable »
L’ouverture de l’économie birmane à partir de 2011 a attiré de nombreux groupes français, même si leurs investissements – 5,6 millions d’euros lors de la dernière année fiscale (2019-2020) – restent faibles par rapport à ceux de leurs concurrents asiatiques originaires de Chine, du Japon, de Singapour ou encore de Thaïlande. Les entreprises françaises doivent fonctionner dans un pays qui vit sous la menace des sanctions occidentales, de l’instabilité politique et de l’incertitude juridique, et certaines risquent de voir leur réputation entachée. Surtout lorsque leurs partenaires sont contrôlés par l’armée birmane ou en sont proches.
> Lire le portrait : Min Aung Hlaing, le nouvel homme fort de la Birmanie : un général sans charisme et juriste pointilleux
Total exploite depuis 1992 une partie du champ gazier de Yadana, au large des côtes birmanes, et est devenu un important contributeur financier de l’Etat birman, à qui il a versé 257 millions de dollars (213 millions d’euros) en 2019. Sa filiale Moattama Gas Transportation Co, enregistrée aux Bermudes, a même reçu, en août 2020, des mains du président birman, Win Myint, le « prix du plus gros contribuable » dans la catégorie « entreprises étrangères » pour l’année fiscale 2018-2019. « Les investisseurs étrangers vont financer un régime militaire brutal et illégitime, comme c’était le cas avant 2011 », s’inquiète l’ONG Justice for Myanmar. Total n’a pas répondu aux questions du Monde et affirme dans un communiqué « conduire ses activités de façon responsable dans le respect des lois et des droits humains universels ».
Des entreprises françaises ont aussi tenté de vendre des systèmes d’identification biométrique au gouvernement birman. Un projet critiqué par les ONG, surtout après le « nettoyage ethnique » de 2017 qui a forcé à l’exil près de 750 000 Rohingya.Thales dit avoir renoncé à prospecter le marché birman, expliquant qu’elle « veille à ne pas se rendre complice de violations des droits de l’homme ». Son concurrent Idemia, qui se présente comme un« leader de l’identité augmentée », n’a pas répondu aux questions du Monde.
Le putsch militaire risque enfin de compliquer la réalisation de grands projets d’infrastructure dans lesquels sont impliqués des Français. Plusieurs ONG avaient demandé en 2019 à EDF de se retirer du projet de barrage hydraulique Shweli 3, pour éviter que l’armée ne réprime la population opposée à un tel projet. L’électricien français leur avait répondu en octobre 2019 qu’il organisait des consultations avec les populations locales, dans le respect des « meilleurs standards sociaux et environnementaux au monde ». Mais les habitants oseront-ils, désormais, exprimer leurs désaccords ?
Conglomérats géants
Autre grande entreprise française qui espérait tirer profit de l’expansion de la classe moyenne birmane, Canal+ a mis le pied dans le pays via une holding enregistrée à Singapour, cité-Etat réputée pour sa fiscalité avantageuse. Son bouquet satellite diffuse, entre autres, la chaîne de la télévision d’Etat Myanmar Radio and Television (MRTV). Contrairement à Facebook, qui a décidé de suspendre le compte de la chaîne, la filiale de Vivendi continue de la diffuser. « Nous n’avons pas la main pour couper son signal et nous ne pouvons donc pas empêcher la réception de cette chaîne gratuite par nos abonnés », se justifie le groupe télévisuel français.
> Lire aussi  En Birmanie, la répression des manifestations contre le coup d’Etat militaire prend un tour sanglant
Il y a aussi les entreprises qui, par manque de vigilance, soutiennent les hauts gradés. Prenez par exemple l’Azura Beach Resort. Cet hôtel en bord de plage, situé dans la région de Chaung Thar, est gratifié d’étoiles et de commentaires élogieux sur tous les sites de tourisme alors que, selon une enquête de l’ONG Justice for Myanmar, il appartient à Aung Pyae Sone, le fils du général Min Aung Hlaing, chef de l’armée birmane et auteur du putsch de février. Les agences de voyages en ligne Hotels.com ou encore Oui.sncf proposent même d’y séjourner. L’entreprise qui gère ces sites de réservation, Expedia, dit « enquêter » sur l’établissement en question.
Les entreprises contrôlées par la junte militaire, dont certaines sont associées à des groupes étrangers, échappent pour la plupart aux sanctions prises par les pays occidentaux, qui visent surtout les responsables militaires de manière individuelle. En Europe, les ministres des affaires étrangères des 27 Etats membres de l’Union européenne ont affirmé, lundi 22 février, qu’ils se tenaient « prêts à adopter des mesures restrictives visant les responsables directs du coup d’Etat militaire et leurs intérêts économiques ». « Les sanctions peuvent cibler seulement certaines administrations ou certaines personnes, militaires ou non, mais il faut d’abord réunir les preuves et constituer une base légale à ces sanctions », explique un diplomate européen.
« Il ne faut pas seulement cibler les militaires, dont l’épargne est souvent placée à Singapour, mais les vastes entreprises qui renforcent leur pouvoir », plaide Sophie Brondel, de l’association Info Birmanie. Leurs noms sont connus. Le rapport de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits au Myanmar de l’ONU a identifié deux conglomérats géants, la Myanmar Economic Holdings Limited (MEHL) et la Myanmar Economic Corporation (MEC), considérés comme « les plus opaques » du pays et possédant au moins 120 entreprises dans les secteurs de la construction, de la pharmacie, de la fabrication, de l’assurance, du tourisme ou encore de la banque, sans oublier le secteur minier, et notamment le jade.
Système menacé
« L’armée est incontournable car c’est elle qui donne les autorisations et les licences dans de nombreux secteurs d’activité », explique Guy Lubeigt, spécialiste de la Birmanie, ancien chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ses revenus sont difficiles à chiffrer. Selon un rapport d’Amnesty International, le seul conglomérat MEHL aurait distribué 18 milliards de dollars de dividendes, entre 1990 et 2011, aux militaires en activité ou retraités. Une manne qui a renforcé leur autonomie vis-à-vis du pouvoir civil.
Pour certains, la question économique sert même d’explication au coup d’Etat. « Pendant des décennies, l’armée a amassé des fortunes en contrôlant la bureaucratie d’Etat et en constituant des quasi-monopoles dans des secteurs-clés de l’économie, avance Htwe Htwe Thein, professeure à l’université australienne de Curtin. Or le programme de réformes du gouvernement conduit par la Ligue nationale pour la démocratie [LND, le parti dirigé par Aung San Suu Kyi] menaçait d’affaiblir progressivement ce système lucratif de capitalisme de connivence. » Même si la LND a veillé, lorsqu’elle était au pouvoir, à ne pas assécher les revenus des militaires, certaines de ses déclarations ont pu inquiéter l’armée.
« Les militaires contrôlent de grandes entreprises au Myanmar, dans l’aviation, la banque, l’énergie, les importations et d’autres encore », avait ainsi déclaré en 2018 Myo Nyunt, porte-parole de la LND, citant la résistance de la bureaucratie comme obstacle aux réformes économiques. Pour Romain Caillaud, un Français qui a longtemps habité en Birmanie avant de diriger à Tokyo le cabinet de conseil SIPA Partners, « une certaine inquiétude se faisait jour chez les militaires lorsque la LND était au pouvoir et prônait la transparence dans le milieu des affaires, ou mettait en avant son souci de lutte contre la corruption ».
> Lire aussi le décryptage du « Monde » : L’armée birmane cherche à s’allier les guérillas des ethnies minoritaires
Dès 2017 et la persécution des Rohingya, des entreprises ont commencé à quitter le Myanmar, à l’instar du cimentier LafargeHolcim. L’entreprise franco-suisse a annoncé à l’été 2020 la liquidation de sa filiale birmane, alors qu’elle était citée dans le rapport des experts indépendants de l’ONU comme entretenant des liens contractuels ou commerciaux avec l’armée. Le brasseur japonais Kirin a lui annoncé début février qu’il comptait rapidement mettre un terme à ses relations d’affaires avec l’armée birmane, avec laquelle il exploite localement deux brasseries. Le groupe s’est déclaré « profondément inquiet des récents agissements de l’armée en Birmanie », qui sont « contraires » à ses principes en matière de droits de l’homme.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/03/accor-total-ces-entreprises-francaises-liees-a-la-junte-militaire-birmane_6071825_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
16- Green Recovery Tracker : un nouvel outil va traquer la part verte des plans de relance européens, Novethic, 03/03/21
Arnaud Dumas

L’Institut de Wuppertal et le think-tank E3G ont développé un outil pour traquer la part verte des plans de relance européens. Le Green Recovery Tracker, qui sera officiellement lancé le 17 mars, veut analyser les mesures décidées par les États membres en fonction de leur effet positif ou négatif sur le changement climatique. Quatre pays ont déjà été passés en revue, dont la France.
Le 17 mars, deux instituts européens vont lancer un outil d’analyse des plans de relance européen. Le think-tank E3G et l’Institut de Wuppertal pour le climat, l’environnement et l’énergie ont mis au point le "Green Recovery Tracker" avec l’aide d’experts de chaque pays afin de déterminer quelle part de chaque plan de relance est réellement verte. Et de vérifier si les promesses d’un monde d’après plus vert et plus durable seront tenues.
Dans le cadre du Green Deal européen, la Commission a en effet créé une Facilité pour la reprise et la résilience, un fonds doté de près de 673 milliards d’euros qui seront fléchés vers les États membres sous forme de prêts ou de subventions. Cette facilité doit les aider à surmonter la crise sanitaire et économique, tout en rendant leurs économies plus durables. Pour y prétendre, les plans de relance des pays membres doivent prévoir un minimum de 37 % des dépenses pour des investissements et des réformes favorables au climat.
Le Green Recovery Tracker passe ainsi au crible toutes les mesures annoncées par chaque gouvernement européen afin de déterminer si elles sont positives ou non pour le climat. Le mètre-étalon pour évaluer les mesures, les chercheurs l’ont trouvé au sein même de la boîte à outil de la Commission. Il s’agit de la taxonomie des activités vertes, la réglementation adoptée l’année dernière pour déterminer, à partir de critères techniques précis, quelles activités économiques peuvent être déclarées vertes. Le traqueur classe ensuite les mesures entre celles qui sont très positives pour le climat, positives, négatives et très négatives. Une grande partie de ces plans se trouvent en zone grise, c’est-à-dire que les mesures n’ont soit aucun effet sur le climat, soit l’effet ne peut pas être mesuré.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/green-recovery-tracker-un-nouvel-outil-va-traquer-la-part-verte-des-plans-de-relance-europeens-149580.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
17- Les eurodéputés travaillent sur une « taxe carbone » sur les produits fabriqués hors de l’UE, Le Monde avec AFP, 08/03/21, 14h24 

Cette mesure vise à mettre fin à la concurrence étrangère déloyale et à éviter les délocalisations des activités industrielles de l’Union européenne vers des pays tiers moins regardants. 
Verdir les importations de l’UE pour réduire l’empreinte carbone du continent, c’est l’objectif des eurodéputés, qui ouvrent lundi 8 mars la voie à une « taxe carbone » pénalisant les produits issus de pays aux normes climatiques moins strictes. Ce mécanisme est prévu pour entrer en vigueur d’ici 2023.
En contrepartie, les importants « droits à polluer » distribués gratuitement aux entreprises européennes pour leur permettre d’affronter la concurrence internationale devraient être supprimés, selon la résolution débattue lundi au Parlement européen et votée mercredi.
La proposition d’un « ajustement des émissions de carbone » aux frontières vise à éviter les délocalisations des activités industrielles de l’UE vers des pays tiers moins regardants. Des « fuites » qui sapent les efforts des Européens pour réduire leur empreinte globale d’émissions de gaz à effet de serre, alors même que Bruxelles a relevé son objectif de réduction d’émissions pour 2030 (à − 55 % par rapport au niveau de 1990).
> Lire aussi  Dans l’industrie, la taxe carbone a réduit les émissions de CO2 sans détruire l’emploi
Vers un marché de droits à polluer ?
Comment taxer ces importations ? Plusieurs pistes sont évoquées et la Commission européenne tranchera d’ici juin, avant de soumettre sa proposition aux Etats membres et aux parlementaires.
« Une taxe sur la consommation sans contrepartie sociale serait malvenue. Il y a aussi l’idée d’un droit de douane, ce qui serait plus simple à comprendre pour l’opinion publique mais il faut l’unanimité » des Vingt-Sept, observe l’eurodéputé vert Yannick Jadot, rapporteur du texte. Pour lui, le plus probable reste l’instauration d’un marché d’échange de quotas d’émissions, c’est-à-dire de droits à polluer : l’entreprise exportatrice devrait prouver l’« intensité carbone » de sa production et, si celle-ci est supérieure au standard européen, elle devrait acquérir un quota.
Les prix pratiqués seraient équivalents à ceux du marché du carbone déjà existants au sein de l’UE, pour respecter les règles de non-discrimination de l’Organisation mondiale du commerce. L’UE pourrait fixer un niveau maximal d’émissions carbone liées à ses importations – qui se traduirait par un nombre limité de quotas mis en vente.
> Lire aussi  En Suède, le succès de la taxe CO2 presque trentenaire
Entre 5 et 14 milliards par an
Nouvelle source de revenus pour le budget de l’UE, ce mécanisme pourrait générer entre 5 et 14 milliards d’euros par an, « même si c’est d’abord un outil au profit d’une politique climatique », souligne Yannick Jadot. Cet instrument permettra notamment de « financer notre plan de relance. Mais ce n’est pas un mécanisme protectionniste », affirme l’eurodéputée Valérie Hayer (Renew, libéraux).
Cette taxation aux frontières bouleversera aussi le marché intérieur du carbone. Puisque la taxation aux frontières doit mettre fin à la concurrence étrangère déloyale, le texte prévoit la suppression rapide des quotas d’émission gratuits distribués au sein de l’UE aux entreprises des secteurs les plus polluants (sidérurgie, bâtiment, chimie…) pour qu’elles restent compétitives face aux importations. « Les industriels ne peuvent pas avoir le beurre et l’argent du beurre »et ces quotas gratuits sont « une faille qui protège une vaste majorité des secteurs gros émetteurs de carbone », souligne Doreen Fedrigo, de l’ONG Climate Action Network.
Mais certains eurodéputés s’inquiètent d’une transition trop rapide et d’un possible fardeau pour des entreprises devant soudainement s’acquitter d’un coût supplémentaire pour leurs émissions – même si la résolution prévoit un éventuel « rabais à l’exportation » pour les aider. « Il ne faut pas que cela fasse peser une charge disproportionnée sur les entreprises européennes, en particulier nos PME, déjà soumises à de trop nombreuses exigences administratives », observe l’eurodéputée Agnès Evren (PPE, droite pro-UE). « C’est le point le plus tendu des discussions », confirme M. Jadot, qui redoute l’adoption d’amendements pour édulcorer le texte et un débat difficile entre les gouvernements des Vingt-Sept.
> Lire aussi  Les industriels français en faveur d’une taxe carbone aux frontières
<https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/08/les-eurodeputes-travaillent-sur-une-taxe-carbone-sur-les-produits-fabriques-hors-de-l-ue_6072353_3210.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
18- « Des millions de personnes » risquent « la famine » dans le monde, alerte le secrétaire général de l’ONU, Le Monde avec AFP, 11/03/21, 19h48 

« Les chocs climatiques et la pandémie de Covid-19 alimentent [cette menace] », a souligné Antonio Guterres, jeudi. 
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti, jeudi 11 mars, le Conseil de sécurité qu’à défaut d’une « action immédiate », « des millions de personnes » risquent « la famine et la mort » dans le monde. « Les chocs climatiques et la pandémie de Covid-19 alimentent [cette menace] », a-t-il souligné, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur le lien entre la faim et la sécurité, en précisant que, dans une trentaine de pays, « plus de 30 millions de gens sont proches d’être déclarés en situation de famine ».
« Mon message est simple : si vous ne nourrissez pas les gens, vous alimentez les conflits », a-t-il martelé, en dénonçant la responsabilité de l’homme dans la création des famines : « La famine et la faim ne sont plus une question de manque de nourriture. Elles sont, maintenant, en grande partie fabriquées par l’homme – et j’utilise le terme délibérément », a-t-il précisé. Selon lui, « au XXIe siècle, il n’y a pas lieu d’avoir des famines ».
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a aussi souligné qu’il n’y avait « aucune raison de ne pas fournir de ressources aux personnes qui en ont un besoin urgent ». « Dans le monde d’aujourd’hui, la famine est causée par l’homme. Et si cela est causé par nous, cela signifie que nous devons aussi l’arrêter », a-t-elle estimé.
> Lire aussi  Kenya : à Kibera, « nous ne sommes pas morts du Covid-19 mais nous risquons de mourir de famine »
Au Yémen, « plus de 16 millions de personnes sont aujourd’hui confrontées à des niveaux de faim critiques, ou pire », a affirmé, de son côté, le patron du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, en précisant qu’il revenait d’un séjour dans ce pays en guerre depuis des années. « Nous nous dirigeons droit vers la plus grande famine de l’histoire moderne », a-t-il lancé, affirmant qu’« environ 400 000 enfants pourraient mourir [de faim] au Yémen cette année sans intervention urgente, soit un toutes les 75 secondes. »
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/11/des-millions-de-personnes-risquent-la-famine-dans-le-monde-alerte-le-secretaire-general-de-l-onu_6072810_3210.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
En images
19- Portfolio. Islande : L’ile de la transition, We Demain, 23/02/21
Simone Tramonte

Ici, on n’a pas de pétrole, mais on a de l’eau et des volcans ! Alimenté à 100 % en énergies renouvelables grâce à ses ressources naturelles, l’Islande compte atteindre la neutralité carbone dès 2040. Voyage sur une ile qui ne verdit pas seulement en raison de la fonte de ses glaciers.
Merci la géothermie ! C’est la clé de la réussite énergétique islandaise depuis les années 1970 : l’ile, située dans l’une des zones volcaniques les plus actives du monde, dispose dans son sous-sol d’une source d’énergie renouvelable à faible impact environnemental. Inaugurée en 1977, la centrale de Krafla a montré la voie. Seulement, aujourd’hui, cette énergie que l’on imagine souvent inépuisable est surexploitée pour répondre à une demande industrielle toujours croissante, et certains puits ont déjà perdu en puissance.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.wedemain.fr/decouvrir/islande-lile-de-la-transition/>
______________________________________________________________________________________________________________________
20- La fabrique de l'ignorance, ARTE, 24/02/21

Comment, des ravages du tabac au déni du changement climatique, on instrumentalise la science pour démentir... la science. Une vertigineuse investigation dans les trous noirs de la recherche et de l'information.
Pourquoi a-t-il fallu des décennies pour admettre officiellement que le tabac était dangereux pour la santé ? Comment expliquer qu'une part importante de la population croie toujours que les activités humaines sont sans conséquence sur le changement climatique ? Les pesticides néonicotinoïdes sont-ils vraiment responsables de la surmortalité des abeilles ? Pourquoi la reconnaissance du bisphénol A comme perturbateur endocrinien n'a-t-elle motivé que de timides interdictions ? Au travers de ces "cas d'école" qui, des laboratoires aux réseaux sociaux, résultent tous de batailles planifiées à coups de millions de dollars et d’euros, cette enquête à cheval entre l'Europe et les États-Unis dévoile les contours d'une offensive méconnue, pourtant lancée dès les années 1950, quand la recherche révèle que le tabac constitue un facteur de cancer et d'accidents cardiovasculaires. Pour contrer une vérité dérangeante, car susceptible d'entraîner une réglementation accrue au prix de lourdes pertes financières, l'industrie imagine alors en secret une forme particulière de désinformation, qui se généralise aujourd'hui : susciter, en finançant, entre autres, abondamment des études scientifiques concurrentes, un épais nuage de doute qui alimente les controverses et égare les opinions publiques.
Agnotologie 
Cette instrumentalisation de la science à des fins mensongères a généré une nouvelle discipline de la recherche : l'agnotologie, littéralement, science de la "production d'ignorance". Outre quelques-uns de ses représentants reconnus, dont l'historienne américaine des sciences Naomi Oreskes, cette investigation donne la parole à des acteurs de premier plan du combat entre "bonne" et "mauvaise" science, dont les passionnants "découvreurs" des méfaits du bisphénol A. Elle expose ainsi les mécanismes cachés qui contribuent à retarder, parfois de plusieurs décennies, des décisions vitales, comme le trucage des protocoles, voire la fabrication ad hoc de rats transgéniques pour garantir les résultats souhaités. Elle explique enfin, au plus près de la recherche, pourquoi nos sociétés dites "de l'information" s'accommodent si bien de l'inertie collective qui, dans le doute, favorise le business as usual et la consommation sans frein.
> Documentaire de Franck Cuvelier et Pascal Vasselin (France, 2020, 1h37mn) à revoir à :
<https://www.youtube.com/watch?v=6IGVqsnxCE0>
______________________________________________________________________________________________________________________
Une publication
21- En ligne. Et si… le monde d'après ne ressemblait pas au monde d'avant ?, Alternatiba, décembre 2020

Alternatiba, 60 intellectuel·le·s et artistes dessinent le monde d'après
Alternatiba a proposé à 60 intellectuel·le·s et artistes de dessiner ce que pourrait être ce "monde d'après" si on choisissait cette voie de la métamorphose écologique et sociale.
Nourrir, voyager, habiter, partager les ressources, apprendre, échanger, consommer, vivre ensemble,… Pour chacune des 28 thématiques, un·e auteur·ice (écrivain·e, économiste, scientifique, acteur·trice de terrain) et un·e artiste ont proposé leur interprétation de ce que pourrait être "l'après".
Ce recueil est une invitation à se projeter dès à présent dans un futur qui est loin d'être impossible : il renvoie ainsi vers tous les acteur·trice·s qui, dès aujourd'hui, sont en train d'en bâtir les contours. Chaque thématique est accompagnée d'une sélection d'actions très concrètes dont chacun·e peut s'emparer. N'attendons pas demain pour développer les alternatives qui existent déjà aujourd'hui : c'est dès à présent que nous pouvons commencer à transformer la fiction en réalité !
> Brochure/plaquette broché, 153 pages, A5, téléchargeable <http://et-si.alternatiba.eu/obtenir-et-si-en-pdf/>.
<https://et-si.alternatiba.eu>
<https://alternatiba.eu/2020/12/et-si-le-livre-alternatiba-reinvente-monde-demain-60-personnalites/>
<https://www.reseau-idee.be/outils-pedagogiques/fiche.php?media_id=5655>
______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permet :
• De vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/> de poser les premières pierres d’un nouveau monde
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
______________________________________________________________________________________________________________________
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20210315/054e9f31/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse