[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (vendredi 5 novembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Ven 5 Nov 07:59:33 CET 2021
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1- "La nouvelle Eco" : votre propre jus de fruit sarthois grâce au camion Pressi-Mobile <https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/la-nouvelle-eco-votre-propre-jus-de-fruit-sarthois-grace-au-camion-pressi-mobile-1602170963>, France Bleu Maine, 14/10/21
2- Entretien. Le profil génétique du cheval domestique « s’est répandu comme une traînée de poudre, il y a 4 200 ans, au nord du Caucase » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/20/origine-du-cheval-domestique-il-s-est-repandu-comme-une-trainee-de-poudre-il-y-a-4-200-ans-depuis-le-caucase_6099264_3244.html>, Le Monde, 20/10/21, 21h06
3- Ces restaurants qui font leur transition écologique : « On avait trente carcasses de pigeon en permanence, j’ai fini par saturer » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/20/on-fait-un-metier-ou-nous-prenons-des-choses-a-la-terre-ces-restaurants-qui-font-leur-transition-ecologique_6099128_3244.html>, Le Monde, 21/10/21, 10h14
4- Le Parlement européen adopte à une large majorité la stratégie « De la ferme à la fourchette » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/21/le-parlement-europeen-adopte-a-une-large-majorite-la-strategie-de-la-ferme-a-la-fourchette_6099346_3244.html>, Le Monde, 21/10/21, 10h58
5- Le projet d’« arrêté abeilles » du gouvernement provoque la colère des apiculteurs <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/21/le-projet-d-arrete-abeilles-du-gouvernement-provoque-la-colere-des-apiculteurs_6099422_3244.html>, Le Monde, 21/10/21, 19h18
6- Menacée d'extinction, l'huître plate pourrait revenir dans les assiettes <https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2021-10-22/lhuitre-plate-europeenne-est-menacee-mais-elle-pourrait-revenir-dans-les-assiettes-0c6a9644-1c9b-4760-8c75-eae2052e4e92>, AFP, 22/10/21, 21:00
7- L’inquiétante flambée des prix des matières agricoles <https://theconversation.com/linquietante-flambee-des-prix-des-matieres-agricoles-170493>, The Conversation, 24/10/21, 17:23
8- Aux Orcades, le régime aux algues des moutons fait saliver les climatologues <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/aux-orcades-le-regime-aux-algues-des-moutons-fait-saliver-les-climatologues_158542>, AFP, 27/10/21, 00h45
9- Face au changement climatique, les paysans africains vont devoir repenser leurs cultures <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/27/face-au-changement-climatique-les-paysans-africains-vont-devoir-repenser-leurs-cultures_6100044_3212.html>, Le Monde Afrique avec AFP, 27/10/21, 10h30
10- Nouvelle PAC : le gouvernement investit peu sur l’environnement <https://reporterre.net/Nouvelle-PAC-le-gouvernement-investit-peu-sur-l-environnement>, Reporterre, 27/10/21, 14h09
11- Climat : année noire pour l'apiculture en Alsace comme partout en France <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat-annee-noire-pour-l-apiculture-en-alsace-comme-partout-en-france_158558>, AFP, 27/10/21, 16:00
12- Les vaches au régime sans méthane ? <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20211027-les-vaches-au-r%C3%A9gime-sans-m%C3%A9thane>, AFP, 27/10/21, 20:00
13- De nouveaux agriculteurs expérimentent l'exotique en "circuit court" <https://www.la-croix.com/nouveaux-agriculteurs-experimentent-exotique-circuit-court-2021-10-26-1301182471>, AFP, 27/10/21, 22:00
14- Climat et agriculture : le gouvernement annonce une réforme du système assurantiel <https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/29/changement-climatique-et-risques-agricoles-le-gouvernement-annonce-une-reforme-du-systeme-assurantiel-agricole_6100308_823448.html>, Le Monde, 29/10/21, 10h34
15- Barrage de Caussade : peines de prison requises pour les représentants de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/29/barrage-de-caussade-peines-de-prison-requises-pour-les-representants-de-la-chambre-d-agriculture-du-lot-et-garonne_6100371_3244.html>, Le Monde, 29/10/21, 17h25
16- Chronique. « La pomme française garde son pouvoir d’attraction au pays de Newton » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/30/la-pomme-francaise-garde-son-pouvoir-d-attraction-au-pays-de-newton_6100424_3234.html>, Le Monde, 30/10/21, 07h18
17- Reportage. Les arbres ressuscités de Talensi, dans le nord du Ghana <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/01/les-arbres-ressuscites-de-talensi-dans-le-nord-du-ghana_6100534_3244.html>, Le Monde, 01/11/21, 05h52
18- Manger du reblochon l’été, du mont-d’or l’hiver : quelle saisonnalité pour les fromages ? <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/08/02/manger-du-reblochon-l-ete-du-mont-d-or-l-hiver-quelle-saisonnalite-pour-les-fromages_5338688_4355770.html>, Les Décodeurs, maj le 03/11/21 à 07h48
En images
19- Une journée d'été - La vie sauvage du jardin <https://www.arte.tv/fr/videos/098066-001-F/une-journee-d-ete-la-vie-sauvage-du-jardin/>, Arte, rediffusion le 26/10/21 à 11h55
20- Environnement : le Planet-Score, une étiquette pour respecter la nature <https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/environnement-le-planet-score-une-etiquette-pour-respecter-la-nature_4824767.html>, France 2, journal de 13h, 28/10/21
21- Environnement : transformer les déchets alimentaires en compost <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/environnement-transformer-les-dechets-alimentaires-en-compost_4829315.html>, France 2, journal de 13h, 01/11/21
Bien à vous,
Florence
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RECHERCHE DU JOUR : Une équipe internationale dirigée par le paléogénéticien Ludovic Orlando vient de préciser la source de domestication des chevaux actuels. (cf. item 2)
ADOPTION DU JOUR : La stratégie européenne "De la ferme à la fourchette" qui vise à réduire de 50 % le recours aux pesticides d’ici à 2030, et à atteindre un quart de surfaces cultivées en bio, a été adoptée par les eurodéputés malgré l’opposition du principal syndicat agricole européen, le Copa-Cogeca. (cf. item 4)
COLÈRE DU JOUR : Alors que la récolte de miel en 2021 a été la pire de ces dernières décennies, la filière conteste les dispositions prévues pour protéger les pollinisateurs des pesticides. (cf. item 5 & 11)
PETITS SOINS DU JOUR : Vieille de plusieurs millions d'années mais menacée d'extinction, l’huître plate est l'objet de l'attention des scientifiques et conchyliculteurs français qui cherchent à restaurer les derniers bancs sauvages de ce met d'exception. (cf. item 6)
INQUIÉTUDE DU JOUR : Si la récente flambée des prix énergétiques s’est imposée dans le débat public, la hausse des prix des matières agricoles est, elle, passée presque inaperçue. Elle est pourtant bien là et annonce de graves turbulences. (cf. item 7)
ADAPTATION DU JOUR : Les petits exploitants agricoles du monde entier vont devoir investir et repenser leurs cultures face au changement climatique en délaissant notamment le maïs, gourmand en eau, souligne le Fonds international de développement agricole (FIDA) dans un zoom sur 8 pays africains. (cf. item 9)
AVIS DU JOUR : L’Autorité environnementale a, dans un avis, décortiqué le volet français de la prochaine politique agricole commune et l’assure : les « pratiques plus favorables à l’environnement » auraient dû être davantage subventionnées. (cf. item 10 & suite)
CHIFFRE DU JOUR : Malgré le gel au printemps, la production française de pommes pourrait atteindre 1,37 million cette année, soit un volume quasi similaire à celui de 2020. (cf. item 16)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Depuis 2018, Pressi-Mobile parcourt la Sarthe pour proposer aux particuliers de presser leurs pommes et autres fruits. En 10 minutes, vous obtenez votre propre jus de fruit. (cf. item 1)
— Label Ecotable, journée Zéro carbo organisée par le guide Fooding… De plus en plus d’initiatives accompagnent les restaurateurs vers une offre plus responsable. (cf. item 3)
— Des moutons et des vaches qui se nourrissent d’algues pour partie de l’année ou en additif alimentaire, s’avèrent être moins émetteurs de méthane, deuxième gaz réchauffant derrière le CO2. (cf. item 8 & 12)
— A l'ère du changement climatique, des pionniers sont convaincus de la nécessité "de produire bio et local" et "inventent" le circuit court pour les produits exotiques. (cf. item 13)
— Au Ghana, à la frontière avec le Burkina Faso, un millier de paysans ont été formés aux principes de régénération naturelle des arbres, qui favorisent leur repousse au milieu des champs. Dix ans après le début du programme, de véritables miniforêts ont éclos. (cf. item 17)
— La permaculture, méthode d'agriculture douce et écologique inspirée de la nature elle-même, gagne à être mieux connue, Tanja Reinhard et Johannes Backes en montrent les bienfaits en posant leurs caméras dans un extraordinaire jardin de l’ouest de l’Allemagne. (cf. item 19)
— Inspiré du Nutri-Score, le Planet-Score sera bientôt appliqué sur les produits d'alimentation des Français. Cette étiquette aura pour but d'indiquer l'impact du produit sur l'environnement. (cf. item 20)
— Les biodéchets, qui représentent 30 % du volume de nos poubelles, sont le plus souvent incinérés, polluant la planète. Le réseau associatif des Alchimistes a décidé de transformer ces déchets en compost pour les jardins. (cf. item 21)
PÉDAGOGIE GUSTATIVE DU JOUR : Découvrez la meilleure période pour consommer vos fromages préférés. (cf. item 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- "La nouvelle Eco" : votre propre jus de fruit sarthois grâce au camion Pressi-Mobile, France Bleu Maine, 14/10/21
Julien Jean
Depuis 2018, Pressi-Mobile parcourt la Sarthe pour proposer aux particuliers de presser leurs pommes et autres fruits. En 10 minutes, vous obtenez votre propre jus de fruit.
C'est un pressoir de fruits itinérant. L'entreprise Pressi-Mobile arpente le département pour presser les fruits des particuliers et le transformer en pur jus. Lavage, pressage, préfiltration, pasteurisation et conditionnement : l'équipement permet d'assurer toute la chaine jusqu'au jus. Les particuliers doivent quant à eux évidemment apporter leurs fruits, 100 kilos au minimum (soit la production d'un petit pommier. En 10 minutes, les clients obtiennent 60 litres de jus, facturé 1€20 à 1€35 le litre, consommable pendant 1 an et jusqu'à 8 semaines après ouverture de la poche Pouch-Up dans laquelle il est conditionné.
Lutter contre le gaspillage alimentaire
Cet atelier de pressage mobile de pommes et fruits à pépins a été initialement lancé en Bretagne en 2012 avec le souci de lutter contre le gaspillage alimentaire. C'est en voyant des fruits pourrir au pieds des arbres chez des particuliers qu'Olivier Clerc a eu l'idée de créer cette société. Désormais, les camions de Pressi-Mobile se déplace dans tout le Nord Ouest du territoire et notamment en Sarthe depuis 2018. Le pressoir itinérant sera le 23 octobre à La Ferté Bernard et le 29 octobre à Sainte-Jamme-sur-Sarthe.
<https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/la-nouvelle-eco-votre-propre-jus-de-fruit-sarthois-grace-au-camion-pressi-mobile-1602170963>
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2- Entretien. Le profil génétique du cheval domestique « s’est répandu comme une traînée de poudre, il y a 4 200 ans, au nord du Caucase », Le Monde, 20/10/21, 21h06
Propos recueillis par Florence Rosier
Une équipe internationale dirigée par le paléogénéticien Ludovic Orlando vient de préciser la source de domestication des chevaux actuels.
Tous les chevaux domestiques actuels sont issus d’un processus de domestication qui a eu lieu au nord du Caucase, il y a 4 200 ans. C’est ce que révèle une vaste analyse des génomes, publiée le 20 octobre dans la revue Naturepar une équipe internationale coordonnée par Ludovic Orlando (CNRS, université de Toulouse), avec le concours du CEA et de l’université d’Evry. Le paléogénéticien décrit ces travaux.
Vous venez de trouver le berceau de la domestication de tous les chevaux actuels, au nord du Caucase et d’en dater l’origine. Vu l’importance de cet équidé dans l’histoire de l’humanité, n’est-il pas surprenant que cette découverte n’ait pas été faite plus tôt ?
Cela reste, en effet, pour moi, un grand sujet d’étonnement. Au début du XXIe siècle, nous ignorions toujours l’origine de cet animal au rôle pourtant crucial dans les migrations humaines, dans les déplacements quotidiens et dans la conquête de nouveaux territoires. Un animal qui, de surcroît, suscite admiration et passion, qu’on soit ou non cavalier…
> Lire aussi Pourquoi le cheval a toujours fasciné l’imaginaire humain
Il faut dire qu’on a été mis sur une fausse piste…
En effet. Avant la domestication du cheval actuel, nombre de tentatives ont avorté. On a même cru que l’une d’elles, celle du cheval de Botaï, qui a eu lieu 1 300 ans plus tôt et dans le territoire qu’on nomme aujourd’hui le Kazakhstan, était à l’origine de tous les chevaux actuels.
Mais en 2018, nous avons montré qu’il n’en était rien, dans une étude publiée dans la revue Science. A cette époque, le cheval de Botaï suscitait une controverse : avait-il vraiment été domestiqué ? Dans les campements humains de l’époque, on avait certes trouvé de nombreux ossements équins portant des traces d’usure sur les dents, caractéristique du port d’un filet ; la marque d’enclos enrichis en déjections animales ; et des tessons de céramiques portant la trace de lait de jument. Les données en faveur de cette hypothèse s’accumulaient donc, mais aucune n’emportait l’adhésion à elle seule.
C’est là que vous intervenez, en 2018, en déchiffrant les génomes de chevaux actuels et anciens. Qu’avez-vous trouvé ?
Nous avons comparé le livre de l’ADN de Botaï à celui commun à plus de 600 races de chevaux, actuels ou éteints, à travers le monde. Et nous avons eu une énorme surprise. Contrairement à l’idée dominante, Botaï n’avait pas du tout donné naissance à l’ensemble des chevaux domestiques actuels. En fait, il n’était l’ancêtre d’aucun d’eux.
> Lire aussi Il n’y a plus de chevaux sauvages sur Terre
Il fallait donc rechercher ailleurs l’origine des chevaux contemporains…
C’est l’objet de notre étude actuelle, qui passe au peigne fin l’Eurasie entière. Nous avons séquencé les génomes de 273 chevaux ayant vécu entre 50 000 et 200 ans avant notre ère. Verdict, il y a 4 500 ans encore, l’Eurasie était peuplée par une prodigieuse diversité de lignées de chevaux bien distinctes, au plan génétique. Mais de cette diversité, tout ou presque a disparu ! A partir d’il y a 4 200 ans à 4 000 ans de cela, en effet, un profil génétique particulier a commencé à sortir de son berceau localisé au nord du Caucase et à s’étendre bien au-delà de cette région d’origine. Celle-ci était auparavant cantonnée dans les plaines creusées par les actuels fleuves du Don et de la Volga, entre la mer Noire et la mer Caspienne – dans les steppes dites « pontiques ». Puis, en quelques siècles à peine (de – 4 000 ans à – 3 500 ans), cette lignée a supplanté toutes les autres populations de chevaux qui existaient dans le monde, en se diffusant à travers toute l’Asie et l’Europe, depuis la Mongolie jusqu’à l’Atlantique.
Pourquoi un tel succès ?
Ce profil génétique s’est répandu comme une traînée de poudre. Mieux : nous avons trouvé que le nombre de chevaux participant à la reproduction, dans cette lignée, n’a cessé de croître, à partir de 2 200 ans avant notre ère : en clair, les humains ont trouvé un moyen de contrôler leur reproduction. Pour comprendre les raisons de cet essor, nous avons comparé les génomes de cette lignée à ceux de tous les autres chevaux. A notre grande surprise, nous avons trouvé des différences très marquées dans deux régions du génome. Ces différences concernent deux gènes. Le premier, ZFPM1, semble gouverner la balance docilité-agressivité. Chez la souris, une version mutée de ce gène, en effet, rend ces rongeurs plus ou moins anxieux. Quant au second gène, GSDMC, ses effets ont été évalués à travers le suivi d’une cohorte humaine. Les personnes portant une version mutée de ce gène, en effet, souffrent de sténose lombaire, une maladie qui provoque des douleurs au dos et une marche douloureuse. Finalement, nous pensons donc que ces deux gènes ont été sélectionnés par les éleveurs pour, d’une part, faciliter les interactions entre les humains et les chevaux en rendant ces derniers plus dociles, d’autre part, faciliter la locomotion de cet animal, rendre son dos plus robuste et augmenter sa capacité de portage.
Revenons à votre étude de 2018. La domestication du cheval à Botaï a donné naissance à un cheval féral, avez-vous aussi montré…
C’est le cheval de Przewalski, en effet. Jusqu’en 2018, cet équidé, caractérisé par son aspect un peu massif, sa tête robuste, sa robe beige clair (« dun »), ses jambes habillées de noir et sa silhouette évoquant une représentation pariétale, était considéré comme l’ultime cheval sauvage au monde. Mais nous avons montré qu’il n’en est rien. Son génome ressemblait beaucoup à celui du cheval de Botaï : il est donc issu de cette lignée domestiquée il y a 5 500 ans. Puis, après un passage par une étape de « domestication », il est retourné vivre, libre, dans les steppes des contreforts de la Mongolie.
> Lire aussi la tribune (2015) : L’échappée belle du cheval de Przewalski
Comment a-t-il pu s’adapter à ce retour à la vie sauvage ?
L’analyse de son génome a révélé des changements survenus lors de ce retour à l’état sauvage. En particulier, le cheval de Przewalski a perdu un variant d’un gène, nommé TRPM1, impliqué dans l’apparition d’une robe léopard. Présent chez certains chevaux de Botaï, ce variant a sans doute été éliminé par la sélection naturelle chez Przewalski. Il provoquait, en effet, une mauvaise vision nocturne. Mal voir la nuit, en effet, n’est pas un problème pour un cheval domestiqué, maintenu dans un enclos. Mais dans la nature, avec les autres prédateurs qui rôdent, tel le loup, ce variant devenait délétère et a eu tôt fait de disparaître. Notre étude de 2018, par ailleurs, révélait que ce petit cheval féral souffre de deux handicaps : son génome a accumulé des mutations délétères, mais aussi des marques de consanguinité croissante. Face à l’adversité, ses chances naturelles de survie pourraient donc être diminuées. Raison de plus pour mettre l’accent sur les programmes de conservation de cette lignée, seule survivante d’un des premiers chevaux domestiqués.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/20/origine-du-cheval-domestique-il-s-est-repandu-comme-une-trainee-de-poudre-il-y-a-4-200-ans-depuis-le-caucase_6099264_3244.html>
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3- Ces restaurants qui font leur transition écologique : « On avait trente carcasses de pigeon en permanence, j’ai fini par saturer », Le Monde, 21/10/21, 10h14
Mathilde Gérard
Label Ecotable, journée Zéro carbo organisée par le guide Fooding… De plus en plus d’initiatives accompagnent les restaurateurs vers une offre plus responsable.
Pour Franck Baranger, le déclic est venu il y a quelques années, en voyant la montagne d’emballages de livraison s’entasser dans la cave de son restaurant parisien Le Pantruche. « La quantité de cartons qu’on pliait chaque semaine me paraissait délirante. » Dès lors, le restaurateur, à la tête aujourd’hui de quatre établissements dans le quartier de la rue des Martyrs, s’est mis en quête de fournisseurs livrant en caisses consignées et pouvant l’approvisionner en un seul point de contact.
En parallèle, le restaurateur a également revu son rapport à la viande. A ses débuts, le pigeon était un de ses plats signature. « On avait trente carcasses de pigeon en permanence en cuisine, j’ai fini par saturer. » Sans la supprimer totalement, le chef a décidé de servir la viande en fonction des arrivages des producteurs. « Si un fournisseur me propose un super train de cinq côtes de bœuf, je vais me permettre de les prendre. Mais je ne vais pas les mettre systématiquement à la carte. » Et, dans deux de ses quatre restaurants, il y a désormais toujours une option végétarienne.
> Lire aussi Consommation, impact climatique, effet sur la biodiversité… Radioscopie d’une planète carnivore
Mercredi 20 octobre, Franck Baranger participe, au côté de 70 autres restaurateurs, à une « journée Zéro carbo » (pour « zéro carbone ») organisée par le guide gastronomique Le Fooding. Une journée pendant laquelle des restaurateurs tenteront d’être les plus exemplaires possible : ils mettront en avant leurs efforts du quotidien, tout en allant plus loin ce jour-là, en proposant un menu totalement végétal, en se passant de cuisson au profit de marinades, ou en optant pour des cuissons lentes, à l’étouffée par exemple. « Notre but reste de faire plaisir au client en étant le plus invisible possible dans la nature, résume Franck Baranger. Mais ce n’est pas évident car on fait quand même un métier où nous prenons des choses à la terre. »
Mosaïque d’établissements
Pour préparer cette journée, Le Fooding a travaillé avec la société Ekodev, qui a mis en place une calculette évaluant l’empreinte carbone de tout ce qui entre dans l’élaboration du menu. Le guide a également défini une « charte zéro carbo » qui fixe plusieurs grands principes (choix des ingrédients, gestion des restes, cuisson, économies d’eau…). « Notre idée n’est pas de mettre qui que ce soit en porte-à-faux, précise Anouk Fauveau Le Fers, responsable de l’événement pour Le Fooding. Cette charte sert à aiguiller, pour imaginer un menu avec le plus faible impact possible en fonction des capacités de chaque établissement. »
> Lire aussi La polémique sur les menus sans viande dans les cantines scolaires passe à côté des vrais enjeux
A l’instar de Franck Baranger, de plus en plus de restaurateurs ont le souci de proposer une restauration plus responsable, en réponse à l’accumulation d’études montrant que la chaîne alimentaire pèse pour un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Et au-delà des grands noms de la gastronomie qui s’engagent pour une alimentation durable, comme Olivier Roellinger ou Thierry Marx, les questionnements écologiques traversent une mosaïque d’établissements de toutes catégories. Des démarches que la jeune société Ecotable encourage, en accompagnant et en auditant des restaurants, ainsi que par l’intermédiaire d’une plate-forme en ligne.
Créée en 2019, Ecotable a labellisé 150 établissements, parmi lesquels des restaurants indépendants, mais aussi des franchises ou des groupes de restauration collective d’entreprise. Tous les restaurants sont audités en fonction de leurs factures sur plusieurs semaines et selon huit axes (approvisionnement, déchets, consommation énergétique, conditions de travail…). « Notre but n’est pas de nous contenter d’être un label, mais d’être dans une démarche de progrès, insiste Fanny Giansetto, cofondatrice d’Ecotable. On propose ainsi des formations, on aide les restaurateurs à trouver les bons interlocuteurs et des fournisseurs. »
Valoriser les déchets est un défi
Si l’attention portée aux ingrédients, à la saisonnalité et à la traçabilité entre dans les mœurs, certains changements demeurent plus difficiles à mettre en œuvre – sur la conservation ou la consommation d’eau et d’énergie. Pour les restaurants de centre-ville, la valorisation des biodéchets reste aussi un défi. Fousseyni Djikine, à la tête de deux restaurants parisiens, dont BMK Paris-Bamako, un macaron Ecotable, n’a pas encore trouvé la solution de compost qui le satisfasse, faute de place pour pouvoir stocker ses biodéchets plusieurs jours de suite.
A Lyon, Alice Latgé et Louise Lecœur, qui ont ouvert Belle Lurette, deux macarons Ecotable, à l’été 2020 dans le quartier de Vaise, travaillent avec une entreprise qui collecte leurs biodéchets deux fois par semaine. « On en génère très peu car on fait très attention à tout cuisiner, notre carte évolue en permanence et nos assiettes sont bien calibrées », souligne Alice Latgé. « A la fin du service de midi, avec une cinquantaine de couverts, on n’a quasiment rien dans notre seau à compost », abonde Louise Lecœur. L’établissement, qui fonctionne comme une cantine de quartier le midi, évolue le soir en bar-guinguette, où les légumes restants du déjeuner sont transformés en tartinades pour accompagner l’apéritif.
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« Dès le départ, on voulait que notre projet soit vertueux, à la fois pour l’environnement mais aussi pour le client, avec des produits frais, sourcés »,poursuit Alice Latgé. Les deux associées, sorties d’école hôtelière il y a six ans et qui ont travaillé dans plusieurs restaurants traditionnels, savaient dès le départ que les cartes fixes à rallonge ne seraient pas pour elles. « Le souci environnemental est une évidence pour nous, mais on ne veut pas que toute notre communication tourne autour de ça. Le plus important reste que les clients passent un bon moment. » Dans une précédente vie, leur établissement était un bouchon lyonnais axé viande, charcuterie et ripailles. « Certains habitués ont eu du mal à prendre le virage mais une partie revient régulièrement », se réjouit Alice Latgé.
Plantations d’arbres fruitiers
Fousseyni Djikine a également dû faire de la pédagogie auprès de ses clients. Dans ses deux restaurants, il propose une cuisine traditionnelle du Mali et d’autres pays africains, adaptée pour tenir compte de la saisonnalité et de la disponibilité des matières premières. « Nous sommes partis des recettes très traditionnelles, cuisinées par la diaspora, dans lesquelles on retrouve les mêmes produits : tomates, poivrons, courgettes… Il a fallu expliquer pourquoi on sert en hiver notre mafé avec du chou-fleur ou du panais. Mais, quand nos clients goûtent, ils comprennent la démarche. »
BMK propose aussi des versions véganes de ces plats, « ce qui peut surprendre certains, mais, traditionnellement, en Afrique de l’Ouest, la viande est réservée aux jours de fête ». Pour quelques produits introuvables en France, comme l’hibiscus ou l’arachide, l’équipe a mis en place une filière d’approvisionnement depuis le Mali, compensée par des plantations d’arbres fruitiers dans la région de Kayes, d’où vient la famille du restaurateur.
Malgré dix-huit mois de pandémie de Covid-19 marqués par les confinements et les fermetures de restaurants, Fanny Giansetto à Ecotable constate que l’envie de changement des restaurateurs ne s’est pas érodée. « En se forçant à prendre une pause, certains ont même pu prendre du recul, se former – l’Etat a remboursé des formations en écoresponsabilité par exemple – et rencontrer d’autres fournisseurs. »
Reste la question des investissements nécessaires à certains changements, qui peut rebuter une partie des restaurateurs. « A court terme, c’est toujours plus cher de faire la transition écologique que de ne pas la faire », regrette Fanny Giansetto, qui plaide pour une fiscalité adaptée. La responsable d’Ecotable rêverait également de voir émerger une « loi EGalim » de la restauration commerciale, sur le modèle de celle qui fixe des objectifs à la restauration collective publique. La députée Barbara Bessot Ballot (Haute-Saône, La République en marche), qui a lancé en juin une mission d’information parlementaire sur la gastronomie, entend proposer début 2022 des pistes pour une « gastronomie durable ».
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<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/20/on-fait-un-metier-ou-nous-prenons-des-choses-a-la-terre-ces-restaurants-qui-font-leur-transition-ecologique_6099128_3244.html>
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4- Le Parlement européen adopte à une large majorité la stratégie « De la ferme à la fourchette », Le Monde, 21/10/21, 10h58
Mathilde Gérard
Déclinaison du pacte vert pour l’Europe, les principes portés par la Commission visent notamment à réduire de 50 % le recours aux pesticides d’ici à 2030, et d’atteindre à cette date un quart de surfaces cultivées en bio.
Elle aura finalement été votée largement malgré les protestations du principal syndicat agricole européen, le Copa-Cogeca, qui y voit les prémices d’un effondrement des rendements agricoles. La stratégie européenne « De la ferme à la fourchette » (en anglais, « Farm to fork » ou « F2F ») a été adoptée mardi soir 19 octobre par les eurodéputés, par 452 voix pour, 170 voix contre et 76 abstentions, selon les résultats rendus publics mercredi.
Déclinaison du pacte vert sur les questions agricoles et alimentaires, le document cadre avait été présenté en mai 2020 par la Commission européenne, en même temps que sa stratégie biodiversité. Il vise à favoriser une alimentation plus saine et plus durable, alors que la chaîne alimentaire pèse au niveau mondial pour un tiers des émissions de gaz à effet de serre et est reconnue comme un des principaux facteurs de perte de biodiversité.
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Dans ses grands principes, la stratégie F2F fixe comme objectifs de réduire de moitié le recours aux pesticides dans les champs européens d’ici à 2030, et de 20 % l’usage d’engrais chimiques. Elle prévoit qu’un quart des terres agricoles soient cultivées en agriculture biologique à cet horizon (contre 8,5 % selon les dernières données disponibles pour 2019) et de réduire de moitié les ventes d’antibiotiques pour les animaux d’élevage.
La stratégie ouvre par ailleurs la voie à une révision des directives européennes sur le bien-être animal, qui feront l’objet d’une évaluation. Dans leur vote, mardi, les eurodéputés ont ainsi réitéré leur position en faveur d’une interdiction progressive des cages dans les élevages européens et ont demandé « des mesures pour réduire la surconsommation de viande et d’aliments hautement transformés ».
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Débat sur la productivité
Le débat autour de la stratégie s’était enflammé ces dernières semaines sur la question des possibles baisses de productivité induites par ces principes. Plusieurs eurodéputés issus notamment du groupe PPE (Parti populaire européen, droite) ont dénoncé un « sacrifice de notre souveraineté alimentaire » et un « manque de transparence de la part de la Commission européenne ». En cause : une étude publiée le 28 juillet au cœur de l’été par un des bras techniques de la Commission, le Centre commun de recherche, qui anticipe, en fonction de quatre des objectifs de la stratégie, une baisse de la production agricole.
Des députés ont accusé la Commission d’avoir retenu plusieurs mois ce document, qui n’est pas une étude d’impact, mais qui modélise certaines conséquences possibles. Le 12 octobre, c’est une étude de l’université de Wageningen aux Pays-Bas, commandée par CropLife Europe, représentant de l’industrie des pesticides, qui prévoyait à son tour une chute des rendements agricoles en cas d’application de la stratégie F2F.
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A la veille du vote des eurodéputés, la fièvre était telle que la Commission a diffusé une fiche de clarification sur ces diverses modélisations. « Les études récemment publiées ne couvrent que quelques aspects des stratégies Farm to fork et biodiversité et doivent donc être traitées avec précaution », précise ce document. En particulier, elles n’ont pas tenu compte des évolutions des comportements alimentaires qui peuvent être encouragées par ces politiques ; aucune n’a évalué les effets d’une plus grande biodiversité sur les cultures ; le coût de l’inaction n’a pas non plus été calculé.
Pour la rapporteuse du texte au sein de la commission environnement, la Néerlandaise Anja Hazekamp (groupe de la gauche), ce texte permet « de ramener notre système alimentaire dans les limites de notre planète ». Moins enthousiaste, le rapporteur de la commission agriculture, l’eurodéputé italien Herbert Dorfmann (PPE), a insisté sur la nécessité de soutenir les agriculteurs dans l’atteinte de ces objectifs, afin que « la production ne vienne pas exclusivement de l’extérieur de l’UE ».
Les objectifs de la stratégie « De la ferme à la fourchette » ne figurent cependant pas dans la politique agricole commune (PAC) qui s’appliquera pour la période 2023-2027 et sur laquelle les eurodéputés voteront en deuxième lecture fin novembre. Les vingt-sept Etats membres seront néanmoins tenus de les intégrer dans les déclinaisons nationales de la PAC qu’ils soumettront et feront valider par la Commission européenne début 2022. « La Commission devra s’assurer que chaque Etat mette des objectifs appréciables et surtout des moyens pour atteindre ses objectifs », résume Eric Andrieu, vice-président du groupe Socialistes et Démocrates au Parlement de Strasbourg.
De son côté, la Commission, qui a présenté le 19 octobre sa feuille de route pour 2022, fait de la mise en œuvre de cette stratégie une de ses priorités pour l’année à venir. Celle-ci devra être déclinée à travers plusieurs textes législatifs. Bruxelles indique qu’une révision de la directive sur l’usage des pesticides est d’ores et déjà attendue au premier trimestre.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/21/le-parlement-europeen-adopte-a-une-large-majorite-la-strategie-de-la-ferme-a-la-fourchette_6099346_3244.html>
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5- Le projet d’« arrêté abeilles » du gouvernement provoque la colère des apiculteurs, Le Monde, 21/10/21, 19h18
Stéphane Foucart
Alors que la récolte de miel en 2021 a été la pire de ces dernières décennies, la filière conteste les dispositions prévues pour protéger les pollinisateurs des pesticides.
Au lendemain de la publication des chiffres de la récolte de miel 2021, qui a été la pire de ces dernières décennies, la filière apicole veut faire entendre sa voix. Dans un communiqué commun publié mercredi 20 octobre, l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), le Syndicat national d’apiculture (SNA) et l’association Terre d’abeilles protestent contre le projet d’« arrêté abeilles » en préparation. Ce texte réglementaire doit encadrer les conditions d’épandage de pesticides, afin de protéger les abeilles domestiques, les abeilles sauvages et les bourdons.
Il est jugé peu protecteur par la filière, qui a enregistré cette année une récolte de 7 000 à 9 000 tonnes, principalement en raison des conditions météorologiques.« C’est moins de la moitié de la récolte de 2020, et moins du tiers des récoltes que nous faisions dans les années 1990, avant l’arrivée des [insecticides] néonicotinoïdes », dit Frank Aletru, président du SNA.
Horaires d’épandages encadrés
Le projet de texte a été mis en consultation publique cet été et a recueilli un nombre considérable de commentaires – l’arbitrage est en cours à Matignon, et devrait aboutir à une publication imminente. Le nouvel arrêté remplacera le précédent, qui datait de 2003.
La filière apicole n’espère plus grand-chose. « Nous n’avons, à aucun moment, été consultés, tempête Christian Pons, le président de l’UNAF. Ni par les ministères chargés de la question, ni par aucun de leurs services techniques. Nos revendications ne sont pas entendues et ne l’ont jamais été. Il semble que ce soit la FNSEA [Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles] qui décide en réalité de tout. » De son côté, le ministère de la transition écologique assure que toutes les parties ont été consultées.
> Lire aussi La justice saisie pour « faire barrage » au retour des néonicotinoïdes
L’encadrement des heures autorisées pour les épandages est un élément clé du texte. Il est censé n’autoriser les traitements pesticides que lorsque les abeilles et les pollinisateurs ont une faible probabilité de se trouver sur les zones traitées. « Si le produit est autorisé (…) pour un usage en floraison, le traitement doit, sauf cas particulier, être réalisé dans les deux heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les trois heures qui suivent le coucher du soleil », précise le projet d’arrêté.
C’est l’un des points majeurs de crispation. « Cet encadrement des horaires d’épandage ne tient pas compte de la température, proteste M. Pons. On sait que le coucher du soleil n’est que l’un des indicateurs pertinents. Les abeilles peuvent continuer à sortir et à butiner lorsque la température est supérieure à environ 12 °C, or cela n’est pas pris en compte dans le projet de texte. Nous demandons que ce seuil soit inscrit dans l’arrêté. »
Le paramètre crucial de la température
Au ministère de la transition écologique, on estime que le nouvel arrêté « est une avancée majeure pour la protection des abeilles ». Le précédent, pris en 2003, « ne concernait qu’une petite partie des pesticides, les insecticides », alors que le nouveau « étend ce principe aux autres pesticides, herbicides et fongicides ». « La formule retenue est déjà très contraignante » pour les agriculteurs, ajoute-t-on au ministère du boulevard Saint-Germain.
Le ministère cite en outre l’avis rendu en 2019 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur le sujet, selon lequel « seule la luminosité peut être proposée comme condition indicatrice de l’absence d’activité de butinage des abeilles domestiques ».
Cependant, l’agence précise dans son rapport que cette opinion est due à une trop grande dispersion des indications présentes dans la littérature scientifique, non à une absence d’effet de la température sur le butinage d’Apis mellifera. Le seuil de 12 °C proposé par les apiculteurs est plutôt au-dessus des seuils estimés par la plupart des études citées par l’Anses dans son expertise. L’agence mentionne un total de huit études cherchant à fixer un seuil en deçà duquel les abeilles ne sortent pas butiner : cinq d’entre elles le situent à moins de 10 °C. Sur les trois autres, l’une situe la fameuse limite à 12 °C, l’autre entre 8,7 °C et 11,2 °C et la dernière, conduite en zone tropicale, le place à 16 °C.
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Besoin d’une signalétique claire
En outre, ajoute-t-on du côté des milieux apicoles, les pollinisateurs sauvages comme le bourdon butinent à des températures encore inférieures à celles de l’abeille domestique. « La plupart des espèces de bourdons sont (…) connues pour avoir une activité de vol à des températures ambiantes inférieures à celles de l’abeille domestique », confirme le rapport de l’Anses. Or l’« arrêté abeilles » est supposé protéger non seulement les abeilles à miel, mais aussi les abeilles sauvages et les bourdons. Ce seuil de température devrait donc être fixé à un niveau encore inférieur à 12 °C. La question de la température au moment du coucher du soleil est d’autant plus cruciale que le réchauffement climatique fait grimper les températures nocturnes.
> Lire aussi Bien choisir son miel, planter des fleurs… comment voler au secours des abeilles
Autre point d’achoppement : le traitement du blé, qui n’est pas encadré dans le projet d’arrêté. « Les pucerons présents sur le blé produisent du miellat que les abeilles viennent prélever, explique M. Aletru. Or le blé peut être traité sans encadrement horaire au motif qu’il ne serait pas fréquenté par les abeilles… On sait que cela est faux ! » Les apiculteurs réclament en outre un étiquetage explicite, indiquant sans ambiguïtés les produits nocifs pour les abeilles et les pollinisateurs. « Aujourd’hui, nous avons une “mention abeille” qui trompe les utilisateurs, dit M. Aletru. Si vous achetez un jouet qui porte une “mention enfants en bas âge”, vous allez naturellement vous dire que ce jouet leur convient… Ici, il faut comprendre l’inverse ! De nombreux agriculteurs croient spontanément que la “mention abeille” signifie : sans risques pour les abeilles. Il faut une signalétique claire ! »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/21/le-projet-d-arrete-abeilles-du-gouvernement-provoque-la-colere-des-apiculteurs_6099422_3244.html>
Sur le même sujet :
> Les apiculteurs inquiets du futur "plan pollinisateurs" <https://information.tv5monde.com/info/les-apiculteurs-inquiets-du-futur-plan-pollinisateurs-429563>, AFP, 22/10/21, 18:00
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6- Menacée d'extinction, l'huître plate pourrait revenir dans les assiettes, AFP, 22/10/21, 21:00
Sandra Ferrer
C'est la seule huître plate native d'Europe : vieille de plusieurs millions d'années mais menacée d'extinction, elle est l'objet de l'attention des scientifiques et conchyliculteurs français qui cherchent à restaurer les derniers bancs sauvages de ce met d'exception.
"Naturellement, l'espèce est quasiment absente de nos côtes. Il ne reste plus que quelques rares bancs", explique Stéphane Pouvreau, biologiste marin à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
Avec d'autres chercheurs et les comités conchylicoles de Bretagne (ouest), il se penche depuis 2018 sur le devenir de cette huître mythique, de son nom scientifique Ostrea edulis, connue depuis la nuit des temps mais victime de la surpêche puis de maladies parasitaires.
"L'huître plate a été exploitée pendant des siècles, depuis la préhistoire quasiment, et puis à partir du XVe siècle on assiste à une véritable surexploitation", poursuit le biologiste après avoir procédé à des relevés sur les dernières huîtrières sauvages de la rade de Brest, dans la baie de Daoulas.
A la fin du XIXe siècle, il n'y a ainsi quasiment plus d'huîtres plates en Bretagne. L'ostréiculture va lui donner un second souffle mais, dans les années 1970 et 1980, deux parasites, Marteilia et Bonamia, la déciment partout en Europe. Les ostréiculteurs se reportent alors sur une autre espèce, l'huître creuse du Pacifique, celle qu'on a désormais l'habitude de consommer.
Depuis le début des années 2000, l'huître plate est inscrite sur la liste des espèces menacées de la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique Nord-Est (OSPAR). Quant à sa production, elle atteint aujourd'hui péniblement les 1.500 tonnes par an en France, contre près de 90.000 pour l'huître creuse.
Conscients du risque de voir disparaître définitivement cette espèce qualifiée d'"ingénieur", car capable de favoriser localement la biodiversité marine, une centaine de scientifiques et gestionnaires se sont réunis en 2017 au sein de l'Alliance européenne pour la restauration de l'huître plate (NORA).
En France, cet élan a conduit l'équipe de Stéphane Pouvreau à répertorier une dizaine de petits foyers et à mettre en évidence les principaux facteurs qui freinent son développement : les prédateurs comme le bigorneau perceur et les dorades, ainsi que le manque de supports pour se fixer.
- Goût puissant et iodé -
Les larves d'huîtres nagent pendant une dizaine de jours dans la colonne d'eau, avant de chercher un support où s'accrocher. "On s'est aperçu qu'en leur offrant un support idéal on pouvait les capter et parvenir ainsi à reconstituer des huîtrières", explique Stéphane Pouvreau en remontant du fond de la baie de Daoulas une structure métallique triangulaire sur laquelle sont visibles des dizaines de petites huîtres.
L'installation de ce type de support laisse ainsi entrevoir la possibilité d'une restauration de cette espèce emblématique de la gastronomie française.
L'huître plate c'est "celle qui a fait la réputation de l'huître en France, c'est vraiment celle qui est entrée dans la gastronomie au XIXe siècle, celle que mangeaient les rois de France", plaide auprès de l'AFP Stéphane Alleaume, cogérant des Parcs de Saint-Kerber, entreprise ostréicole bretonne.
Sur le port de la petite cité bretonne réputée pour ses huîtres, Valérie et Philippe Bacquet, un couple de vacanciers, dégustent pour la première fois des huîtres plates. "C'est pas du tout le même goût que les huîtres creuses, c'est beaucoup plus fort et iodé, plus charnu, c'est très bon", assurent-ils.
L'ostréiculteur cancalais redoute cependant le verdict des consommateurs. "Ils ne sont pas nécessairement habitués. Nos consommateurs historiques sont plutôt âgés", souligne-t-il.
La profession, partenaire des scientifiques au sein des différents programmes de restauration entrepris depuis une dizaine d'années, entend cependant bien relancer la production de cette espèce qui, contrairement à l'huître creuse, préfère les eaux profondes.
"L'huître plate, en plus d'être emblématique de nos côtes, est sûrement la plus à même d'être une source de diversification intéressante pour nos entreprises", estime Benoît Salaun, directeur du Comité régional de conchyliculture de Bretagne Nord (CRCBN).
<https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2021-10-22/lhuitre-plate-europeenne-est-menacee-mais-elle-pourrait-revenir-dans-les-assiettes-0c6a9644-1c9b-4760-8c75-eae2052e4e92>
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7- L’inquiétante flambée des prix des matières agricoles, The Conversation, 24/10/21, 17:23
Par Christian de Perthuis, Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL
Si la récente flambée des prix énergétiques s’est imposée dans le débat public, la hausse des prix des matières agricoles est, elle, passée presque inaperçue. Elle est pourtant bien là et annonce de graves turbulences.
À court terme, elle renforce le poids des exportateurs de produits de base et celui des compagnies internationales de négoce. Simultanément, elle affecte les pays moins avancés et y accroît l’insécurité alimentaire. À plus long terme, la crise climatique va aggraver ces désordres alimentaires globaux si une priorité absolue n’est pas donnée au développement de l’agroécologie, au Sud comme au Nord.
Des prix agricoles proches de leurs plus hauts historiques
La FAO, l’organisation onusienne en charge des questions agricoles et alimentaires, publie chaque mois un indice du prix des denrées agricoles assurant l’alimentation de base. Depuis un an, cet indice ne cesse de grimper.
En septembre 2021, la hausse atteint 33 % sur douze mois. Le renchérissement des produits animaux est un peu plus lent que la moyenne. Celui des céréales à paille(hors riz) est légèrement supérieur. Le riz, qui joue un rôle central dans les approvisionnements de l’Asie, a en effet échappé à la surchauffe des marchés agricoles, une différence importante avec la précédente crise de 2008-2009. Le prix des oléagineux a plus que doublé.
Exprimé en pouvoir d’achat relativement aux biens industriels, le prix de ces matières agricoles a dépassé les pics atteints au lendemain de la crise financière de 2008-2009. Il s’approche de son plus haut historique, atteint lors de la crise de 1973 lorsque les États-Unis avaient imposé leur embargo sur le soja et l’OPEP celui sur le pétrole.
Peu d’observateurs s’attendent aujourd’hui à un reflux rapide des tensions sur ces marchés.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/linquietante-flambee-des-prix-des-matieres-agricoles-170493>
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8- Aux Orcades, le régime aux algues des moutons fait saliver les climatologues, AFP, 27/10/21, 00h45
A North Ronaldsay, minuscule île au large de l'Ecosse, les milliers de moutons ne se nourrissent que d'algues pendant l'hiver. Un régime unique qui d'après les climatologues réduit leurs émissions de méthane et pourrait aider à limiter la pollution de l'élevage.
Une soixantaine de personnes vivent dans cette île de cinq kilomètres de long seulement, réserve naturelle entourée de plages rocailleuses aux eaux turquoises.
Sur ce petit périmètre, il leur fallait jadis cultiver des légumes et nourrir quelques bovins. "Il n'y avait pas de place pour les moutons", raconte à l'AFP Scott Sinclair, agriculteur retraité et "personne âgée à plein temps", plaisante-t-il, qui a passé toute sa vie dans l'île.
Pour les canaliser hors des routes et jardins, les habitants ont construit il y a plusieurs siècle des clôtures en pierres.
Coincés au bord des plages, les moutons à l'épaisse toison brune, beige ou noire ont appris à brouter ce qui leur tombait sous les sabots, à savoir des algues.
S'ils ont encore de l'herbe à leur disposition pendant les mois d'été, à partir d'octobre, c'est leur seule option pour survivre jusqu'au printemps suivant.
D'autres animaux, y compris les poneys de l'archipel voisin des Shetland, ou des biches près des côtes écossaises, mangent aussi des algues, mais pour les chercheurs, leur consommation exclusive par les moutons de North Ronaldsay est unique au monde.
A 500 kilomètres plus au sud, à Dundee, à l'Est de l'Ecosse, Gordon McDougall, chercheur en science de l'environnement et en biochimie de l'institut James Hutton, explique que cela fait 20 ans que les scientifiques scrutent le régime des moutons des Orcades, l'archipel dont fait partie North Ronaldsay.
- Comme des spaghettis -
A l'heure de l'urgence climatique et à quelques jours du lancement de la conférence internationale COP26 à Glasgow, ce cas d'école pourrait changer la donne en matière d'élevage, l'une des industries les plus polluantes au monde.
En cause : les flatulences des animaux qui émettent du méthane. Un problème qui peut sembler vain ou saugrenu, mais pourtant crucial : le méthane est un gaz à effet de serre environ 30 fois plus puissant que le CO2, et vu la taille de l'industrie de la viande, c'est une question prioritaire pour les climatologues.
"Il y a différents composants dans les algues qui interfèrent avec le processus dont le méthane est fabriqué par les bactéries qui sont dans l'estomac des animaux", détaille M. McDougall.
A l'autre bout du monde, des chercheurs de l'université californienne UC Davis suivent la même piste que leurs homologues écossais.
Dans une étude publiée en mars sur le site de l'institution, ils soulignent qu'"un peu d'algues dans l'alimentation du bétail pourrait réduire les émissions de méthane des bœufs de jusqu'à 82%".
David Beattie, un autre chercheur de l'institut James Hutton en Ecosse, souligne qu'il y a "vraiment un gros mouvement au sein de l'industrie pour tenter de réduire l'empreinte climatique (...) Et je pense que les algues peuvent y contribuer".
Il ne s'agit pas forcément de proposer un régime 100% à base d'algues comme celui des moutons de North Ronaldsay, mais plutôt d'un complément à l'alimentation traditionnelle bovine ou ovine.
Les algues ne sont en effet pas disponibles pour l'instant en quantités suffisantes pour alimenter assez de bétail, note M. McDougall, ajoutant que prélever trop d'algues pourrait également avoir des effets nocifs sur les écosystèmes.
Mais cette bonne source de minéraux, vitamines et et oméga pourrait remplacer en partie notamment le soja, produit à l'autre bout du monde et souvent au prix d'une déforestation dévastatrice pour le climat
"Nous devons absolument prouver: quel type d'algue est le meilleur, quelle quantité il faut donner pour avoir l'effet optimal. Après, on peut monter en puissance à une échelle qui aurait un impact sur toute l'industrie agricole britannique", conclut Gordon McDougall.
A les voir avaler les plantes marines comme s'il s'agissait de délicieux spaghettis, on dirait que les moutons dodus de North Ronaldsay, pour leur part, ne s'en plaignent pas.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/aux-orcades-le-regime-aux-algues-des-moutons-fait-saliver-les-climatologues_158542>
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9- Face au changement climatique, les paysans africains vont devoir repenser leurs cultures, Le Monde Afrique avec AFP, 27/10/21, 10h30
A quelques jours de la COP 26 en Ecosse, le Fonds international de développement agricole plaide pour d’importants investissements en techniques, semences et formation.
Les petits exploitants agricoles du monde entier vont devoir investir et repenser leurs cultures face au changement climatique en délaissant notamment le maïs, gourmand en eau, souligne, mercredi 27 octobre, le Fonds international de développement agricole (FIDA) dans un zoom sur huit pays africains.
Plusieurs « cultures de base dans huit pays africains pourraient diminuer jusqu’à 80 % d’ici à 2050 dans certaines régions si les températures continuent d’augmenter en raison du changement climatique », met en garde cette institution spécialisée des Nations unies. « Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses en matière de pauvreté et de sécurité alimentaire, à moins de débloquer en urgence des fonds pour aider les fermiers vulnérables à adapter leurs cultures et leurs méthodes », ajoute le FIDA.
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A quelques jours de l’ouverture de la COP 26 en Ecosse, l’organisation plaide pour augmenter significativement les investissements destinés à financer l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement.
« L’adaptation est vitale »
Le FIDA a financé la réalisation par l’université du Cap (Afrique du Sud) de huit analyses du risque climatique dans autant de pays africains (Angola, Lesotho, Malawi, Mozambique, Ouganda, Rwanda, Zambie, Zimbabwe). Ces huit Etats sont « très différents : sans accès à la mer, côtiers, montagneux ou semi-arides », mais les perspectives sont « sombres » pour tous, est-il souligné. Entre 2040 et 2069, les températures sont attendues en hausse de 2 °C voire plus, jusqu’à 2,6 °C dans certains endroits. Dans le même temps, les précipitations vont devenir plus rares et erratiques, « avec des inondations menaçant les cultures et la stabilité des sols ».
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Dans ce contexte, « l’adaptation est vitale ». Des cultures s’en sortiront mieux, comme le manioc, l’arachide, les haricots, le sorgho et le millet, précise le rapport. « Planter des cultures alternatives n’est toutefois pas une solution rapide », d’autant que les foyers pratiquant une agriculture vivrière ont souvent des « préférences fortes » quant aux plantes qu’ils cultivent et qui entrent directement dans leur alimentation. Quant au maïs, mieux vaut privilégier les variétés à maturation précoce pour limiter les risques de perte de récolte.
Tous ces changements impliquent d’importants investissements en techniques, semences et formation, est-il relevé. Le rapport rappelle qu’avoir des outils pour transformer les récoltes, par exemple en farine ou chips de manioc, présente l’avantage d’éviter que les cultures ne se gâtent, tout en augmentant potentiellement les revenus des fermiers.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/27/face-au-changement-climatique-les-paysans-africains-vont-devoir-repenser-leurs-cultures_6100044_3212.html>
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10- Nouvelle PAC : le gouvernement investit peu sur l’environnement, Reporterre, 27/10/21, 14h09
Amélie Quentel
L’Autorité environnementale a sorti un rapport très critique sur les aides accordées par la France à l’agriculture. Elle a décortiqué le volet français de la prochaine politique agricole commune et assure : les « pratiques plus favorables à l’environnement » auraient dû être davantage subventionnées.
L’agriculture française reçoit 9 milliards d’euros par an de l’Union européenne. Une belle somme, certes, mais redistribuée de telle sorte que la France ne respectera pas « la trajectoire qu’elle s’est fixée tant en matière de changement climatique que de qualité des eaux et de reconquête de la biodiversité ». Voilà l’avertissement que lance l’Autorité environnementale au gouvernement, dans un avis adopté le 20 octobre dernier.
Cette instance indépendante se prononçait sur ce que l’on appelle le plan stratégique national (PSN), autrement dit la déclinaison au niveau français des règles de la PAC, la politique agricole commune à tous les États membres de l’Union européenne. Les règles d’attribution de son gigantesque budget sont revues tous les cinq ans environ, les discussions sont en cours pour la nouvelle version qui s’appliquera à partir de 2023. La France est donc en train de peaufiner son PSN qui doit être approuvé au plus tard le 31 décembre 2021 par la Commission européenne.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Nouvelle-PAC-le-gouvernement-investit-peu-sur-l-environnement>
En savoir plus :
> Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur le plan stratégique national de la politique agricole commune 2023-2027 <http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/211022_psn_pac_delibere_cle08263b.pdf>, CGEDD, 20/10/21
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11- Climat : année noire pour l'apiculture en Alsace comme partout en France, AFP, 27/10/21, 16:00
Damien Stroka
Il produisait 700 kg de miel par an, cette année ce ne seront plus que 50 kg : pour Charles Huck, apiculteur en Alsace la filière doit se réinventer pour survivre au "défi" du changement climatique.
"On est à la fin d'une forme d'apiculture", souligne cet homme de 72 ans, du haut de son demi-siècle d'expérience.
Ses ruches, une cinquantaine, sont nichées sur les hauteurs de Mutzig (Bas-Rhin), commune des contreforts des Vosges, à l'ouest de Strasbourg.
Arbres fruitiers, acacias et fleurs y constituent l'ordinaire de ses abeilles.
D'habitude, sa production annuelle de miel tourne autour de "700 kilos", qu'il vend sur les marchés locaux.
Mais cette année, "je suis descendu à 50 kilos".
Une chute vertigineuse qui n'a épargné aucun apiculteur français.
Selon les chiffres publiés la semaine dernière par l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), la récolte de miel nationale oscillera entre 7.000 et 9.000 tonnes cette année, contre 18.000 à 20.000 tonnes l'an passé.
En cette après-midi ensoleillée de la fin octobre, point de bourdonnements autour des ruches de Charles Huck : le mercure, qui peine à dépasser les 10°, n'incite pas les abeilles à sortir. "En dessous de 14°, elles restent à l'intérieur", glisse-t-il.
- "Cercle vicieux" -
"Une fois par an j'organise la transhumance des quinze à vingt ruches les plus productives pour qu'elles aient du châtaignier et du sapin des Vosges", explique-t-il.
Mais dans toute la France, le mauvais temps persistant au premier semestre et surtout l'épisode de gel du printemps ont grandement fragilisé les abeilles, se traduisant par une production de miel "catastrophique" sur l'ensemble du territoire, abonde Jean-Paul Charpin, président du syndicat d'apiculture de la Savoie.
Pour l'Unaf, 2021 est tout simplement la "pire année de l'apiculture" française.
En cause, selon le syndicat apicole : "le bouleversement climatique ressenti par les apiculteurs depuis une bonne quinzaine d'années" et qui a douché au printemps et cet été les ardeurs des abeilles.
"Il y a eu en avril et mai une alternance de froid, de pluie et de gel. Les abeilles ont été cloîtrées pendant des périodes assez longues" sans pouvoir bénéficier des floraisons, explique Charles Huck.
"Elles n'ont pas pu non plus faire assez de réserves pour la reine" qui, faute de nourriture suffisante, "bloque sa ponte", fragilisant ainsi la ruche qui manque d'abeilles et entraînant à son tour des récoltes "très faibles", poursuit-il. "Un véritable cercle vicieux" qui contraint l'apiculteur à redoubler de vigilance et de soins pour sauver son cheptel. Tâche ardue : dans le Grand Est, les "pertes hivernales" ont ainsi connu cette année une hausse "de 30% à 40% environ".
Une situation pas vraiment nouvelle et dont les prémices ont été décelées "au début des années 90": avant, "une ruche pouvait produire en moyenne 40 à 60 kilos de miel, aujourd'hui, si elle en donne 25 ou 30, on est déjà heureux...", explique l'apiculteur.
Moniteur apicole au Centre de formation professionnelle voisin d'Obernai, il dispense aussi ses conseils au sein du groupement de défense sanitaire apicole du Bas-Rhin.
- "Défi" -
Parmi les causes de cette érosion : "les maladies comme la varroase", les "pesticides" et "le manque de biodiversité", égrène M. Huck, qui constate que, "de Mutzig à Strasbourg, les champs n'ont plus de mauvaises herbes", signe de l'utilisation de produits phytosanitaires nocifs pour les abeilles et la biodiversité.
Des facteurs délétères auxquels se rajoute désormais le "changement climatique", avec "des saisons qui ne se déroulent plus normalement", avec des floraisons plus précoces et rapides, s'inquiète-t-il.
L'Unaf a alerté les pouvoirs publics sur la situation "catastrophique" des apiculteurs, afin que des aides soient débloquées pour "passer ce cap difficile".
Mais le mal est évidemment plus profond : "l'abeille ne peut presque plus survivre sans l'homme (...) On va vers moins de récolte de miel", estime M. Huck, qui appelle à "réinventer les méthodes" en développant "de bonnes pratiques, respectueuses des abeilles et de l'environnement".
L'apiculture "a encore mille ans devant elle", veut-il croire. "A nous de relever le défi".
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat-annee-noire-pour-l-apiculture-en-alsace-comme-partout-en-france_158558>
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12- Les vaches au régime sans méthane ?, AFP, 27/10/21, 20:00
Myriam Lemetayer
Quiconque observe une vache ruminer paisiblement dans un champ peine à imaginer qu'elle est en train de nuire à l'environnement...
Certes, les bovins ayant accès aux pâturages rendent des services à la planète en valorisant les prairies qui absorbent du CO2 et ne peuvent servir à alimenter directement les humains.
Mais dans le même temps, l'agriculture est responsable de 12% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, ce qui passe largement par les rejets de méthane, le deuxième gaz réchauffant derrière le CO2. L'agriculture et l'élevage génèrent de l'ordre de 40% du méthane lié aux activités humaines, le reste venant principalement du secteur gazier.
Cela est principalement dû au processus de digestion des ruminants qui libèrent du méthane en éructant, contrairement à une idée répandue qui attribuent ces rejets à leurs flatulences. 95% des émissions de méthane des bovins proviennent ainsi de leur gueule ou naseaux.
Mais la recherche, publique et privée, est inventive et multiplie les expériences, qui sont toutefois encore rarement prêtes à arriver dans les fermes.
Le géant américain Cargill développe en partenariat avec la start-up britannique Zelp un dispositif en forme de licol. Placé au-dessus des naseaux des vaches, il filtre le méthane pour le transformer en CO2, dont l'effet de réchauffement de chaque molécule est bien moindre par rapport à une molécule de méthane.
"Les premières données sont intéressantes, avec des réductions d'émissions de méthane de moitié", soulignait récemment auprès de l'AFP Ghislain Boucher, responsable du service ruminants chez le fabricant d'aliments pour animaux Provimi (filiale de Cargill).
Toutefois, l'appareil doit encore être testé "en conditions réelles" avant d'envisager une commercialisation fin 2022, voire en 2023.
A court terme, Cargill commence à commercialiser en Europe du Nord un additif alimentaire chimique, le nitrate de calcium : 200 grammes dans la ration quotidienne permettraient de réduire les émissions de méthane de 10%.
Le coût est estimé "entre 10 et 15 centimes par vache et par jour", précise M. Boucher, depuis les allées d'un sommet professionnel consacré à l'élevage, dans le centre de la France.
- Des algues au menu -
Selon une étude américaine, le potentiel des algues rouges comme additif alimentaire est largement plus élevé, avec des réductions d'émissions attendues de plus de 80%. Si ces résultats s'avèrent reproduisibles, il faudrait développer la culture des algues rouges, et de préférence à proximité des zones d'élevage, selon les chercheurs californiens.
Reste une inconnue de taille : la réaction des éleveurs - qui paieront plus cher sans voir les performances économiques des animaux augmenter sauf à se voir rémunérés sous forme de crédits carbone par exemple. Mais aussi des consommateurs soucieux de ce qui est servi aux bovins qui finissent dans leur assiette.
Les acteurs sondés par l'AFP s'accordent à dire qu'il serait déjà possible de réduire le nombre d'animaux jugés improductifs, par exemple en avançant l'âge auquel les vaches ont leur premier veau.
Un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement soulignait en mai 2021 que les solutions technologiques n'avaient qu'un "potentiel limité" pour réduire significativement les émissions du secteur.
Il préconisait d'abord des changements de comportement, comme la réduction du gaspillage alimentaire, l'amélioration de la gestion des élevages et l'adoption de régimes alimentaires dans lesquels la viande et les produits laitiers se font plus discrets voire disparaissent.
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20211027-les-vaches-au-régime-sans-méthane>
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13- De nouveaux agriculteurs expérimentent l'exotique en "circuit court", AFP, 27/10/21, 22:00
Hugues Jeanneaud
"Ça, c'est mon bijou !": Fred Morlot est fier de dévoiler une variété de canne à sucre originaire de la Réunion qu'il chouchoute dans ses serres au pied des montagnes des Pyrénées.
Avec sa compagne Lili Blandin, ce pépiniériste de 51 ans s'est lancé en 2017 dans l'acclimatation de fruits, légumes et aromates de l'île de l'océan indien au climat méditerranéen de la région de Perpignan.
Près de Toulouse, Violaine Percie de Sert et son mari Bruno Celsi se sont pour leur part mis à produire de l'aloe arborescens, plante originaire d'Afrique du Sud très prisée pour ses vertus médicinales. Jusque-là, ce couple se limitait à commercialiser, comme complément alimentaire, des feuilles venues des Canaries.
A l'ère du changement climatique, ces pionniers sont convaincus de la nécessité "de produire bio et local" et "inventent" le circuit court pour les produits exotiques.
"On s'est dit que c'était plus cohérent, lorsque l'on propose un produit bio, de produire local plutôt que de faire venir des feuilles par avion toutes les semaines", explique Bruno, ancien salarié de l'aéronautique comme son épouse.
L'aloe arborescens, "cousine de l'aloe vera", recèle "20 fois plus de produits actifs", précise Violaine, expliquant que les adeptes en mixent les feuilles pour faire des jus.
- Bio, donc local -
Lili et Fred ont pris le virage après un voyage à la Réunion. Elle est alors "infirmière en reconversion" et lui "pépiniériste avec trente ans de métier" à Torreilles, village voisin du Barcarès.
"Par hasard en 2013, un ami me demande de faire le jardin de son nouveau restaurant à la Réunion", lance Fred. Sur l'île, le couple est émerveillé par la richesse des étals de marchés et les saveurs de la cuisine créole.
"J'ai eu une illumination pour cette île, pour les gens", affirme Lili. Elle rapporte alors un régime de banane dans ses bagages. "En goutant un fruit, mon fils m'a dit : +C'est ça le vrai goût de la banane !+... Notre décision était prise de se lancer dans ce projet".
Violaine et Bruno ont quant à eux sauté le pas lors du départ à la retraite de leur producteur de Tenerife en 2015. Ils deviennent agriculteurs. Il leur a quand même fallu "deux ou trois ans" de tâtonnements pour réussir à acclimater la plante sous serre dans la région toulousaine.
- Saveurs des îles -
Dans les Pyrénées-Orientales, Lili et Fred ont réussi à recréer le climat de la Réunion sous onze serres et y cultivent aujourd'hui plus d'une soixantaine de produits tropicaux.
"Les plantes communiquent entre elles. Elles développent des stratégies de lutte contre les nuisibles", s'enthousiasme Fred, qui prône "les bienfaits de la polyculture" tout en arpentant ses plantations de gingembre, de mangues, d'aromates, etc.
Interrogé sur la capacité de ses bananiers à résister aux températures négatives dans les serres non chauffées, il répond simplement que c'est son "secret". Il se limite à évoquer "la préparation des sols" afin que la plante ait ce dont elle a "besoin pour lutter seule contre les stress".
Ce nouvel agriculteur préfère parler de la richesse des saveurs, montre des "pommes en l'air", sorte de patates qui poussent en surface, disserte sur "les jambrosades, petits fruits qui exhalent un parfum de rose" et affirme qu'il est primordial de cueillir "à maturité".
"Comme à la Réunion, on pollinise à la main les fruits du dragon (pitaya : ndlr) la nuit car ici on n'a pas la chauve-souris qui fait le boulot", plaisante l'ex-infirmière devant le magnifique fruit rouge d'un cactus filiforme.
Lionel Giraud, l'un des chefs étoilés qui se fournit là, estime que c'est un luxe que de disposer "de fruits exotiques en circuit court".
Ils permettent à ce grand cuisinier de Narbonne, soucieux de ne travailler que des produits locaux d'excellence, d'élargir sa palette de saveurs.
"Je pratique +une cuisine du vivant+ composée au jour le jour, avec ce que la nature nous offre", explique-t-il, évoquant "un soufflet aux fruits de la passion" ou "une soupe de goyave".
Un bémol : ces clients exigeants voudraient "plus de produits". Ce à quoi Lili et Fred répondent qu'ils préparent "quelque chose" pour 2024. Mais c'est encore un secret...
<https://www.la-croix.com/nouveaux-agriculteurs-experimentent-exotique-circuit-court-2021-10-26-1301182471>
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14- Climat et agriculture : le gouvernement annonce une réforme du système assurantiel, Le Monde, 29/10/21, 10h34
Le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, a déclaré vendredi qu’il présenterait le 1er décembre un projet de loi de réforme du système d’assurances agricoles pour couvrir les risques liés au changement climatique.
Après une année critique pour les récoltes agricoles massivement touchées par les dérèglements climatiques (grêle, inondations, sécheresse), le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, a annoncé vendredi 29 octobre qu’il présenterait un projet de loi pour réformer le système assurantiel agricole de couverture des risques, le 1er décembre en conseil des
« Je présenterai un projet de loi en décembre en conseil des ministres pour refondre ce système de couverture des risques, pour permettre aux agriculteurs d’être couverts », a déclaré M. Denormandie interrogé au micro de France 2.
> Lire aussi Les vignes des Hautes-Alpes, « front pionnier » face au changement climatique
Une réforme avant la fin de mandat
Le ministre a expliqué que le texte « sera[it] débattu dès la mi-janvier à l’Assemblée nationale, au Sénat à la fin du mois de janvier, pour faire en sorte que ce projet de loi puisse être adopté avant la fin de cette mandature ». Une entrée en vigueur serait fixée au 1er janvier 2023 coïncidant avec la mise en place du nouveau volet de la politique agricole commune.
L’annonce fait suite à une année particulièrement rude pour les agriculteurs, dont les récoltes ont été affectées par des épisodes de gel extrême, notamment en avril dans dix des treize régions métropolitaines, des pertubations orageuses violentes et d’importantes sécheresses. Dès le printemps, le gouvernement avait ainsi exprimé sa volonté de modifier en profondeur le système complexe de l’assurance des récoltes.
En septembre, M. Macron a annoncé la création d’un fond de 600 millions d’euros tous les trois ans pour indemniser les agriculteurs victimes de catastrophes environnementales et déclaré que ces deniers étaient les « premiers touchés par le réchauffement climatique ».
> Lire aussi Agriculture : une enveloppe de 600 millions d’euros par an aux agriculteurs pour l’assurance-récoltes
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/29/changement-climatique-et-risques-agricoles-le-gouvernement-annonce-une-reforme-du-systeme-assurantiel-agricole_6100308_823448.html>
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15- Barrage de Caussade : peines de prison requises pour les représentants de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, Le Monde, 29/10/21, 17h25
Philippe Gagnebet (Agen, envoyé spécial)
L’avocat général a requis, devant la cour d’appel d’Agen, des peines de prison ferme pour le président et vice-président de la chambre d’agriculture, dans le dossier du barrage illégal de Caussade. L’arrêt sera rendu le 17 décembre.
Echarpes tricolores et casquettes jaunes ont fait le siège, jeudi 28 octobre, du palais de justice d’Agen. Une centaine d’élus de tous bords, dont le maire d’Agen, Jean Dionis du Séjour, et environ un millier de militants du syndicat agricole Coordination rurale, sont venus en nombre à l’occasion du jugement en appel du président de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne, et de son vice-président, Patrick Franken. Ils avaient été condamnés en première instance en juillet 2020, dans le dossier du barrage illégal dit de Caussade, à neuf mois de prison ferme, ainsi qu’à 7 000 euros d’amende chacun. Des peines très rares dans un dossier environnemental et pour des responsables agricoles.
A l’issue d’une longue audience de six heures, l’avocat général de la cour d’appel d’Agen a requis les mêmes peines, avant que l’affaire soit mise en délibéré au 17 décembre. Aucun des deux mis en cause n’a souhaité faire de commentaire mais pour Pascal Béteille, président de la Coordination rurale 47, « notre mobilisation est un succès, la construction du lac une victoire, ce que nous voulons c’est la relaxe ».
Longue bataille
Tout au long de l’après-midi, les juges ont tenté, en questionnant longuement les prévenus, de dérouler le fil de ce projet qui remonte aux années 1980. Celui-ci prend réellement forme en 2015, lorsqu’un syndicat d’agriculteurs irriguant dépose une demande d’autorisation de travaux pour ériger un barrage dans la vallée du Tolzac, sur la commune de Pinel-Hauterive. A la suite d’une enquête publique positive, la préfecture du département publie le 29 juin 2018 un arrêté d’autorisation. Mais, début octobre 2018, un courrier signé des ministres de l’agriculture, Stéphane Travert, et de la transition écologique, François de Rugy, signale à la préfète que le projet n’est pas compatible avec le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux et la directive-cadre européenne sur l’eau.
> Lire aussi Dans le Lot-et-Garonne, le barrage de Caussade à nouveau jugé illégal, mais toujours en activité
Le 15 octobre, la préfecture retire donc son autorisation. C’est le début d’une longue bataille au tribunal administratif. « Nous en sommes à six condamnations et c’est ce qui a amené ces responsables qui se considèrent au-dessus des lois devant la justice pénale », a martelé Alice Terrasse, l’avocate de France nature environnement (FNE) et de la Sepanso, une fédération d’associations environnementales, qui se sont constituées parties civiles. Car malgré ces condamnations, dès décembre 2018, les travaux débutent, entièrement financés par la chambre d’agriculture pour un montant d’1,2 millions d’euros. Une digue de 300 mètres de longueur et 12 mètres de haut traverse aujourd’hui la vallée où serpente le petit cours d’eau du Tolzac et retient le lac artificiel de 920 000 m2 qui irrigue aujourd’hui une vingtaine d’exploitations où l’on cultive le maïs, les pruneaux, les oignons, la betterave ou encore les noisettes.
« Passage en force »
A la barre, Serge-Bousquet Cassagne a totalement assumé la construction de l’ouvrage : « A partir du moment où l’Etat nous a constamment baladés, nous nous sommes sentis humiliés, anéantis. Après de longues discussions, nous avons décidé de construire le barrage », s’est-il défendu. Patrick Franken, « présent sur le chantier chaque jour de 7 à 21 heures », a lui aussi assumé « l’entraide agricole et la nécessité de sauvegarder une activité dans la vallée pour des agriculteurs qui ont besoin d’eau ». Mais sans bureau d’étude ni écologues agréés et au mépris des règles de construction. Dans l’attente de la publication d’un rapport interministériel commandé par la ministre de la transition écologique, Christophe Dejean, avocat des prévenus, a préféré déplorer « un dossier complexe, sans véritable instruction, entre deux mondes qui s’affrontent et ne se parlent pas ».
> Lire aussi Les promoteurs du barrage de Caussade condamnés à de la prison ferme
Pour l’avocat général, « il ne s’agit pas seulement d’un bras de fer, mais d’un véritable passage en force ». Dans son réquisitoire, il a rejeté « une sorte d’idéal porté par des responsables agricoles », avant de conclure : « Cette retenue est totalement illégale, depuis le début. La société ne juge pas sur des postures mais bien sûr des infractions dûment constatées, et même revendiquées. » Tout au long du chantier, ces infractions se sont accumulées : destruction d’espèces protégées, mise en danger des habitations de la vallée, déplacement d’une ligne à haute tension – Enedis est également partie civile –, flou sur les contrats des locations de matériel ou d’embauches…
Prochaine étape de cette saga judiciaire le 17 décembre.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/29/barrage-de-caussade-peines-de-prison-requises-pour-les-representants-de-la-chambre-d-agriculture-du-lot-et-garonne_6100371_3244.html>
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16- Chronique. « La pomme française garde son pouvoir d’attraction au pays de Newton », Le Monde, 30/10/21, 07h18
Laurence Girard
Malgré le gel au printemps, la production française de pommes pourrait atteindre 1,37 million cette année, soit un volume quasi similaire à celui de 2020, observe Laurence Girard, journaliste économique au « Monde ».
Matières premières. Début avril, une vague de froid polaire déferlait sur la France. Peu de régions échappaient à la morsure du gel. Et les arboriculteurs frissonnaient d’inquiétude. Malgré les feux allumés dans les champs, ils craignaient que leurs espoirs de récolte ne partent en fumée. Alors que les pommes déboulent sur les étals et, de la rouge gala à la verte granny smith en passant par la jaune golden, jouent des feux tricolores aux yeux des consommateurs, l’heure est au premier bilan.
Combien les pomiculteurs ont-ils paumé ? « Par rapport à nos graves craintes du mois d’avril, la situation s’est améliorée », répond Daniel Sauvaitre, arboriculteur à Reignac en Charente et président de l’Association nationale pommes poires. Il explique : « Le gel a détruit les premières fleurs ouvertes, mais il y a eu beaucoup de floraisons secondaires. » Résultat, selon les estimations encore provisoires, la production française de pommes pourrait atteindre 1,37 million cette année. Soit un volume quasi similaire à celui de 2020, chiffré à 1,33 million de tonnes. Il s’agissait alors de la plus petite récolte depuis sept ans.
« Les Britanniques ont faim »
Même si, dans certaines régions, comme les Alpes, la vallée du Rhône et la Provence, les dégâts sont plus importants et si, parfois, des agriculteurs ont vu leur récolte de pommes partir en marmelade, le bilan global est moins amer qu’anticipé. Dame Nature a fait des miracles. Un coup de gel, et ça repart ! Bémol, toutefois, à cette symphonie pastorale, les fruits issus de cette seconde floraison sont plus petits et moins exempts de défauts. Pas d’inquiétude, toutefois, les fruits jugés moches par la distribution feront le bonheur des fabricants de jus et de compotes.
> Lire aussi « La pomme polonaise en fait des tonnes… »
Autre motif de satisfaction pour les arboriculteurs. La pomme française garde son pouvoir d’attraction au pays de Newton. « Nécessité fait loi. Les Britanniques ont faim et sont face à des rayons moins achalandés. Malgré le Brexit, le Royaume-Uni reste notre plus gros marché avec des prix rémunérateurs », affirme M. Sauvaitre. Près de 120 000 tonnes sont croquées outre-Manche. Pas de pépin britannique pour la pomme française…
La situation est moins florissante en Asie et au Moyen-Orient. Les arboriculteurs français perdent du terrain face à une concurrence renforcée. Ukraine, Serbie, Turquie, Italie, Macédoine se disputent les marchés, chacun pensant « c’est pour ma pomme », au risque d’écraser les prix. Surtout, la Pologne, dont les vergers ont été survitaminés grâce aux subsides européens, se classe désormais au troisième rang mondial des producteurs, derrière la Chine et les Etats-Unis. En 2021, avec la variété « champion », elle devrait engranger 4,2 millions de tonnes. De quoi peser sur les marchés. D’autant que certains pays ont fermé les frontières. L’embargo décrété en 2014 par la Russie sur les produits alimentaires européens est resté en travers de la gorge des Polonais. De même pour la France, quand l’Algérie a bloqué les flux en 2016. La pomme importée est devenue un fruit défendu…
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/30/la-pomme-francaise-garde-son-pouvoir-d-attraction-au-pays-de-newton_6100424_3234.html>
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17- Reportage. Les arbres ressuscités de Talensi, dans le nord du Ghana, Le Monde, 01/11/21, 05h52
Mathilde Gérard (Bolgatanga (Ghana), envoyée spéciale)
A la frontière avec le Burkina Faso, un millier de paysans ont été formés aux principes de régénération naturelle des arbres, qui favorisent leur repousse au milieu des champs. Dix ans après le début du programme, de véritables miniforêts ont éclos.
Et les abeilles sont revenues. Par dizaines de milliers. Sur les flancs des collines Tongo, à l’extrême nord du Ghana, tout près de la frontière avec le Burkina Faso, où ne poussaient que de rares arbustes il y a quelques années encore, les villageois de la communauté Wakii font repousser margousiers, diospyros et autres arbres indigènes. Ces collines majestueuses, qui trônent au milieu d’une immense plaine, sont parsemées de rochers cubiques posés ça et là, comme tombés du ciel. A leur sommet se trouve un site sacré, le mausolée Tengzug, à l’entrée duquel les visiteurs doivent dénuder le haut de leur corps. Désormais, ce sont les collines qui ont revêtu un dense habit végétal et qui résonnent du bourdonnement des abeilles. Sur les vingt-cinq ruches installées par la communauté, vingt et une ont été colonisées.
Dans cette région de savane au climat semi-aride, où, d’année en année, les saisons sèches s’éternisent un peu plus, des dizaines de communautés rurales s’activent autour de la ville principale de Bolgatanga à restaurer leurs terres agricoles en y faisant prospérer la végétation. Cette pratique, qui leur a été enseignée par l’ONG internationale d’aide au développement Vision du monde, porte le nom de régénération naturelle assistée (RNA). Derrière cette appellation légèrement ampoulée, on trouve un concept que tout jardinier connaît : lorsqu’on taille un arbre avec soin, celui-ci repart de plus belle. De souches coupées à ras ou calcinées peut ainsi rejaillir la végétation : c’est la « volonté de vie » des espèces végétales, décrite par de nombreux naturalistes.
Si elle a été pratiquée de façon spontanée pendant des siècles par divers peuples, la RNA pousse le concept de la régénération plus loin après qu’un agronome australien, Tony Rinaudo, l’a appliquée dans les années 1980 au Niger. Il en a théorisé les grands principes : encourager la repousse systématique des arbres existants à travers la taille et l’auto-ensemencement, utiliser les arbres comme ressource, en faisant coexister les essences, pour permettre l’émergence d’écosystèmes productifs. Toute végétation est en effet capable de se régénérer naturellement ; le mot-clé ici est qu’elle est « assistée » : l’homme y a toute sa part, et la végétation sert non seulement à préserver la biodiversité et à absorber du carbone, mais aussi à rendre des services aux communautés. Le terme anglais farmers-managed natural regeneration est encore plus explicite, puisqu’il place l’agriculteur au cœur même du processus.
Pour mesurer les effets rapides de la RNA, il faut se rendre chez Benjamin Asodene, dans le district Kassena Nankana West, au bout d’une hasardeuse piste de terre. L’agriculteur de 35 ans, à la barbe déjà bien blanchie, s’est converti à cette pratique il y a seulement un an. Et en quelques mois, les premiers résultats sont là. D’un tronc massif de combretum, tortueux, coupé ras, une dizaine de nouveaux arbres ont poussé. Leurs tiges s’élancent finement vers le ciel, sous le soleil étouffant de ce mois d’octobre, atteignant plus de 2 mètres de hauteur. A l’ombre bienvenue de leur feuillage prospèrent de l’arachide et de l’hibiscus, juste à côté des plants de maïs et de sorgho.
Jusqu’à l’an dernier, Benjamin pratiquait l’agriculture telle qu’on le lui avait toujours appris : avant chaque semis, il brûlait tout son terrain pour remettre le sol à nu. Désormais, plus de brûlis ni de coupes : le paysan laisse des arbres au milieu de ses champs et les déchets alimentent un compost. Il en est convaincu, son sol est plus fertile, l’arachide pousse beaucoup mieux à l’ombre des plants, et c’est tout un écosystème qui en bénéficie. Juste à côté de la parcelle régénérée, Benjamin montre sa récolte de maïs, abondante : de 4 kilos de grains, il a obtenu 200 kilos d’épis de maïs.
Fini les feux de brousse
Comme lui, près d’un millier de villageois du district de Talensi ont été formés aux techniques de régénération naturelle par Vision du monde. Depuis le lancement du programme il y a dix ans dans la région, 600 hectares de terres ont été restaurés. Une goutte d’eau à l’échelle du Ghana, qui s’est engagé à reboiser 2 millions d’hectares de terres d’ici à 2030, mais dont l’adoption enthousiaste par les communautés laisse entrevoir un déploiement possible à plus grande échelle. Une évaluation menée en 2012, à l’issue de la première phase du projet de Talensi, avait conclu que la densité sur ces terres agricoles restaurées atteignait 57 arbres par hectare, contre 5 arbres en moyenne seulement dans les champs de la région.
Ici, la régénération revêt tous les atours d’une saga, dont les pionniers sont les membres de la communauté Yameriga, les premiers à avoir été approchés par Vision du monde en 2009. Après accord du ministère ghanéen de l’agriculture, de l’assemblée du district, et du chef de la communauté, un monticule pelé est alors désigné pour expérimenter la RNA. Vision du monde, avec le soutien de l’Agence de développement d’Australie, forme vingt-cinq agriculteurs et entraîne en parallèle, avec le service national des forêts ghanéen, vingt-cinq « volontaires du feu », pour leur enseigner des bonnes pratiques préventives de débroussaillage contre les feux de brousse.
A voir aujourd’hui l’abondante végétation qui recouvre la colline, on peine à croire que celle-ci était déboisée. Neems, karités, combretum, faidherbia albida : une véritable « miniforêt » composée d’essences variées, atteignant 4 à 5 mètres de haut, y a éclos. Les villageois y récoltent fruits sauvages, baies rouges, piments et épices dowa-dowa, ainsi que des plantes médicinales, et les femmes y trouvent du bois en abondance pour la cuisine. Une centaine de mètres plus loin, une colline a été laissée en libre évolution : un témoin du passé, où seuls une poignée de végétaux survivent au milieu de touffes d’herbes en phase de jaunissement.
A quelques kilomètres de là, dans la communauté de Yagzore, vaches et chèvres broutent paisiblement. « Avant, pendant la saison sèche, nos bêtes devaient partir très loin pour pâturer, on en perdait souvent au passage, elles étaient parfois volées », raconte Kolog Babil, l’un des paysans formés par l’ONG. La RNA a amélioré les conditions de pâturage et permis de maintenir les animaux auprès de leurs éleveurs tout au long de l’année. Surtout, grâce à l’abandon des brûlis et à une meilleure protection de leurs terres, avec des zones tampons désherbées avant la saison sèche, les habitants de Yagzore n’ont plus souffert de feux de brousse depuis plusieurs années.
Autre avantage : grâce à un sol plus fertile, les termites prolifèrent. « Nos pintades sont beaucoup mieux nourries grâce aux termites en abondance qu’on vient chercher chaque matin, et on arrive à en tirer un meilleur prix sur les marchés », explique Topok Saparoug, dont la robe verte constellée de motifs végétaux fait écho au paysage environnant. Les années de bonnes récoltes, la communauté de Yagzore, qui fait pousser arachides, patates douces, sorgho, gombo, tomates, oignons et autres piments, parvient à être autosuffisante sur le plan alimentaire et à vendre ses surplus de récolte sur les marchés ; alors qu’il arrivait fréquemment qu’elle doive acheter des denrées lors de fortes sécheresses. « Depuis que nos arbres repoussent, les récoltes sont bien meilleures et on a nettement moins besoin d’acheter à l’extérieur », se réjouit Topok, juste avant d’assembler un fagot de branches de bois et de le hisser en un tour de main sur sa tête.
Pour ses défenseurs, la régénération naturelle permet de reboiser, à des frais nettement moindres qu’en replantant, puisqu’elle ne nécessite pas de matériel spécifique hormis quelques machettes, et du temps de formation, pour un résultat beaucoup plus durable. « Dans notre région, un arbre que l’on plante n’a que 15 % de chances de survie, assure Samuel Abasiba, responsable des programmes de RNA menés par Vision du monde dans la région. Et la RNA permet d’obtenir beaucoup plus de biomasse végétale qu’une plantation d’arbres rectilignes. »
Des cultures plus résistantes
Au Niger, où la RNA est pratiquée depuis 1983, 5 millions d’hectares ont été reverdis grâce à la régénération. Elle est aussi appliquée à grande échelle en Ethiopie, au Sénégal, au Burkina Faso, mais aussi en Indonésie ou au Timor oriental. « Il y a une condition sine qua non : pour qu’il y ait RNA, il faut qu’il y ait régénération », précise Régis Peltier, ingénieur de recherche sur les forêts au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), c’est-à-dire que dans les zones de désertification trop avancée, la RNA sera inopérante. En revanche, elle est vue comme particulièrement adaptée à des zones de transition entre déserts et forêts, comme le Sahel, car elle nécessite peu d’eau.
Face à l’urgence climatique, la RNA peut-elle être un levier de plus contre la désertification ? Dans son dernier rapport sur les forêts d’Afrique, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) la cite comme une approche permettant d’agir à la fois sur l’atténuation du réchauffement climatique, en favorisant l’absorption du carbone, et l’adaptation, car elle améliore la fertilité des sols et rend les cultures plus résistantes grâce aux principes d’agroforesterie. La FAO vante également la RNA comme une approche inclusive, qui transmet le savoir-faire aux populations.
Dans la région de Talensi, le réchauffement climatique est déjà une réalité. Entre 1960 et 2000, la température a augmenté de 1 °C dans l’ensemble du Ghana, et la plupart des modèles prédisent une hausse moyenne de 1 °C à 3 °C d’ici à 2060, qui pourrait être encore accentuée dans l’extrême nord du pays, où les températures atteignent fréquemment 42 °C lors des saisons sèches.
« Le changement climatique, on l’éprouve au quotidien. On n’a pas besoin de données pour s’en rendre compte, détaille Ankaara Faanye, employé de Vision du monde, qui poursuit des études sur le climat à l’université de Kumasi, à 560 kilomètres de Bolgatanga. On a de plus en plus d’inondations express, de sécheresses, de feux, de tempêtes. Le problème, c’est qu’une partie des paysans ont encore des croyances attribuant ces phénomènes à une punition de Dieu. Beaucoup ne savent ni lire ni écrire, c’est difficile de leur expliquer certains arguments scientifiques. » Au sein des villages, la prise de conscience vient souvent des femmes, car dans la répartition des tâches traditionnelles, ce sont elles qui vont chercher l’eau dans les puits, et les premières à constater qu’ils s’assèchent.
Si la crise climatique est dans toutes les têtes, lorsqu’il s’agit de convaincre les communautés d’adopter la RNA, les équipes de Vision du monde mettent d’abord en avant les bénéfices à court terme. « Pour que ça marche et que ce soit adopté, il est important de susciter des activités et sources de revenus complémentaires », insiste Samuel Abasiba. Vision du monde aide les villageois à sécuriser leurs revenus : ici, ce sont des ruches installées pour récolter du miel ; là, c’est une petite unité de transformation du karité, qui permet aux femmes de la communauté Shea-Dazoya d’avoir à disposition les outils nécessaires à l’obtention du précieux or blanc – le beurre de karité –, revendu ensuite sur les marchés.
Et un peu partout, ce sont également des groupes d’épargne qui sont formés dans les villages. Mercy Apana, 34 ans, montre avec fierté le carnet de comptes qu’elle tient pour la communauté Amantele. « On se réunit chaque semaine à vingt-cinq et on verse entre 2 et 10 cédis [entre 25 centimes d’euro et 1,40 euro]. Cela nous permet ensuite de consentir des crédits aux membres du groupe, lorsqu’il faut par exemple acheter des matières premières pour le tissage des paniers ou la fabrication du karité. » Ces tontines, majoritairement féminines, sont autant d’occasions de moments d’échanges joyeux et animés, où chacun et chacune imagine son avenir – démarrer des études supérieures, trouver des nouveaux débouchés pour la vente d’artisanat ou du karité…
Vertueuse pour la protection de l’environnement et l’économie locale, la régénération naturelle vise ainsi à redonner du pouvoir aux communautés. Parmi les pionniers de Yameriga, l’enthousiasme n’est pas près de retomber. Si le programme de soutien de Vision du monde, prévu sur dix ans, y est désormais clos, les villageois continuent de se faire les ambassadeurs de la RNA et de former de nouveaux paysans. A force d’être couronnées de succès, les terres restaurées pourraient-elles susciter de nouvelles convoitises ? Quand on demande au représentant du chef de la communauté, Joseph Zongdan, si son terrain reboisé pourrait un jour être cédé, il proteste : « Non, si on vendait, on aurait de l’argent immédiat, c’est tout. Alors que ce que nous offre cette forêt, c’est pour aujourd’hui et pour les générations futures. »
> Retrouvez tous les articles de notre dossier spécial COP26 ici. <https://www.lemonde.fr/cop26/>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/01/les-arbres-ressuscites-de-talensi-dans-le-nord-du-ghana_6100534_3244.html>
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18- Manger du reblochon l’été, du mont-d’or l’hiver : quelle saisonnalité pour les fromages ?, Les Décodeurs, maj le 03/11/21 à 07h48
Pierre Breteau
Saisonnalité du lait, de la demande ou même encadrement légal : quelle est la meilleure période pour consommer vos fromages préférés ?
On connaît la saisonnalité des fruits et des légumes, mais on sait souvent moins que le fromage, fierté française, est soumis, lui aussi, à des règles de saisons. Il est ainsi des fromages dont la saisonnalité est tout simplement imposée par les textes de loi, c’est le cas par exemple du mont-d’or (produit du Doubs) : il ne peut être produit qu’entre le 15 août et le 15 mars (par décret), il n’est donc disponible à la consommation qu’entre le 10 septembre et le 10 mai – visez bien.
Ils sont quelques-uns dans ce cas-là, à ne pas être disponibles à la vente hors saison, mais pour les autres, la saisonnalité est faite de « beaucoup de paramètres complexes », explique Clément Brossault, créateur de la fromagerie Goncourt (Paris 11e) : « Il y a une part de rêve sur le côté gustatif, il y a une part d’alchimie. »
>> Suite à découvrir à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/08/02/manger-du-reblochon-l-ete-du-mont-d-or-l-hiver-quelle-saisonnalite-pour-les-fromages_5338688_4355770.html>
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En images
19- Une journée d'été - La vie sauvage du jardin, Arte, rediffusion le 26/10/21 à 11h55
La permaculture est une méthode d’agriculture écologique inspirée de la nature elle-même. En été, la contrainte majeure est celle de l’eau : comment cultiver des haricots ou des courges en limitant les arrosages ? Les solutions, comme le paillage, l’usage de pots en terre cuite enterrés ou la gestion judicieuse du compost, s’avèrent même plus efficaces que celles prônées par l’agriculture conventionnelle.
Pour montrer les bienfaits de la permaculture, Tanja Reinhard et Johannes Backes ont posé leurs caméras dans un extraordinaire jardin de l’ouest de l’Allemagne géré selon ces principes. On y cultive fruits, fleurs, herbes et plantes potagères en symbiose, dans un écosystème unique adapté aux contraintes du site. L’expérimentation est de mise, et les jardiniers ne sont pas au bout de leurs surprises…
> Documentaire allemande (52 min) à revoir à :
<https://www.arte.tv/fr/videos/098066-001-F/une-journee-d-ete-la-vie-sauvage-du-jardin/>
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20- Environnement : le Planet-Score, une étiquette pour respecter la nature, France 2, journal de 13h, 28/10/21
Le Planet-Score sera bientôt appliqué sur les produits d'alimentation des Français. Inspirée du Nutri-Score, cette étiquette aura pour but d'indiquer l'impact du produit sur l'environnement.
Quel impact ont nos produits d'alimentation sur l'environnement ? C'est ce que veut mesurer le Planet-Score, une nouvelle étiquette, qui s'inspire fortement du Nutri-Score, chargé de noter la qualité nutritive des aliments. Pour cette évaluation de l'impact sur l'environnement, quatre critères seront pris en compte : l'utilisation de pesticides, leurs effets sur la biodiversité et le climat et le mode d'élevage.
Une étiquette qui ne convainc pas totalement
Les équipes de France 2 sont allées à la rencontre de Français afin de les questionner sur leur intérêt pour cette étiquette et son utilité. Un résultat mitigé. "C'est toujours bien d'avoir de l'information supplémentaire sur les produits qu'on mange, donc c'est forcément positif", estime un jeune homme. "Ce n'est pas pour moi le plus important, c'est quand même le produit en lui-même", pense une femme. L'étiquetage Planet-Score sera appliqué dans certains magasins d'ici peu et sur les plateformes en ligne.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/environnement-le-planet-score-une-etiquette-pour-respecter-la-nature_4824767.html>
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21- Environnement : transformer les déchets alimentaires en compost, France 2, journal de 13h, 01/11/21
Les biodéchets, qui représentent 30 % du volume de nos poubelles, sont le plus souvent incinérés, polluant la planète. Le réseau associatif des Alchimistes a décidé de transformer ces déchets en compost pour les jardins.
Transformer les déchets alimentaires en compost de manière ultra-locale : c'est le pari des Alchimistes, un réseau associatif d'entrepreneurs, présent dans huit régions en France. Deux fois par semaine, Paul Chevallier, un des salariés du réseau, vient récolter à vélo les déchets alimentaires d'une quinzaine de restaurants toulousains. Les déchets sont ensuite chauffés à 70°C puis mélangés à des petits morceaux de bois. En quelques semaines, on obtient un compost aussi nutritif que du terreau. "Cette matière peut ensuite être directement utilisée dans les jardinières, les potagers et sur les terres agricoles", explique Alice Pesso, directrice générale Les Alchimistes à Toulouse (Haute-Garonne).
10 millions de tonnes de déchets alimentaires
Présent dans huit régions françaises, le réseau Les Alchimistes est en pleine croissance. Dans la banlieue de Lyon (Rhône), où 2 000 tonnes de déchets peuvent être traitées chaque année, le site est déjà presque à saturation. L'initiative reste une goutte d'eau comparée aux 10 millions tonnes de déchets alimentaires par an en France. Dans le VIIe arrondissement de Lyon, un nouveau lieu de collecte des Alchimistes a vu le jour, pour inciter les habitants à déposer leurs déchets alimentaires. Un petit geste qui pourrait bien changer les choses.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/environnement-transformer-les-dechets-alimentaires-en-compost_4829315.html>
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