[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (mardi 23 novembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mar 23 Nov 07:59:49 CET 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- RDC : pêcher dans la mangrove du fleuve Congo <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/rdc-pecher-dans-la-mangrove-du-fleuve-congo_158898>, AFP, 05/11/21, 19:00
2- Récit. Ce combat, c’est “la” lutte de la région » : l’eau, source de conflits dans le Marais poitevin <https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/06/ce-combat-c-est-la-lutte-de-la-region-l-eau-source-de-conflits-dans-le-marais-poitevin_6101149_3224.html>, Le Monde, 06/11/21, 05h28
3- Dans les Deux-Sèvres, confrontation entre les opposants et les défenseurs des « mégabassines » d’irrigation <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/07/dans-les-deux-sevres-confrontation-entre-les-opposants-et-les-defenseurs-des-megabassines-d-irrigation_6101242_3244.html>, Le Monde, 07/11/21, 04h35 
4- L'"élixir" de Hakim Alilèche, une huile d'olive bio primée à l'international <https://www.la-croix.com/L-elixir-Hakim-Alileche-huile-olive-bio-primee-international-2021-11-08-1301184175>, AFP, 08/11/21, 08:00
5- 17 millions de Nigérians en insécurité alimentaire aiguë en 2022, selon le CH (Cadre harmonisé) <https://www.geo.fr/environnement/17-millions-de-nigerians-en-insecurite-alimentaire-aigue-en-2022-selon-le-ch-206992>, AFP, 08/11/21, 15:00
6- Ces start-up françaises qui composent l’assiette de demain <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/10/ces-start-up-francaises-qui-composent-l-assiette-de-demain_6101563_3234.html>, Le Monde, 10/11/21, 06h02 
7- Tribune. « Le temps est venu de refonder la PAC dans les valeurs du Pacte vert européen » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/12/le-temps-est-venu-de-refonder-la-pac-dans-les-valeurs-du-pacte-vert-europeen_6101810_3232.html>, Le Monde, 12/11/21, 07h00 
8- L'Inde juge le projet de texte de l'OMC sur la pêche "faible" et favorable aux pays riches <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20211112-l-inde-juge-le-projet-de-texte-de-l-omc-sur-la-p%C3%AAche-faible-et-favorable-aux-pays-riches>, AFP, 12/11/21, 11:00
9- Témoignage. Edouard Bergeon : « Enfant, je cultivais mon jardin potager, je vendais mes légumes » <https://www.lemonde.fr/le-monde-passe-a-table/article/2021/11/12/edouard-bergeon-enfant-je-cultivais-mon-jardin-potager-je-vendais-mes-legumes_6101871_6082232.html>, Le Monde, 12/11/21, 16h22
10- Les familles d’agriculteurs morts auront droit à un capital décès de près de 3 500 euros <https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/12/les-familles-d-agriculteurs-morts-auront-droit-a-un-capital-deces-de-pres-de-3-500-euros_6101904_3224.html>, Le Monde avec AFP, 12/11/21, 21h18
11- Après le vers de farine, le criquet migrateur autorisé dans les assiettes des Européens <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/12/apres-le-vers-de-farine-le-criquet-migrateur-autorise-dans-les-assiettes-des-europeens_6101905_3244.html>, Le Monde avec AFP, 12/11/21, 21h37 
12- Brésil : déforestation record en Amazonie en octobre <https://www.geo.fr/environnement/bresil-deforestation-record-en-amazonie-en-octobre-207051>, AFP, 12/11/21, 22:00
13- Crises alimentaires, sanitaires, climatiques, du vivant… Faut-il changer nos repas ? <http://sentiers.eu/marcher-avec/cpp-comite-de-la-prevention-et-de-la-precaution/article/faut-il-changer-nos-repas>, Blog Sentiers entre deux, 12/11/21
14- En 2016, l’Anses a enterré un rapport sur le glyphosate <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/16/en-2016-l-anses-a-enterre-un-rapport-sur-le-glyphosate_6102225_3244.html>, Le Monde, 16/11/21, 10h26 
15- L’Etat renonce provisoirement à privatiser le domaine de Grignon <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/15/l-etat-renonce-provisoirement-a-privatiser-le-domaine-de-grignon_6102174_3244.html>, Le Monde, maj le 16/11/21 à 10h47 
16- Lait, viande et pouvoir : en Somalie, "le dromadaire est roi" <https://information.tv5monde.com/info/lait-viande-et-pouvoir-en-somalie-le-dromadaire-est-roi-432658>, AFP, 16/11/21, 14:00
17- La Commission européenne veut interdire l'importation de produits issus de la déforestation <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/l-union-europeenne-propose-une-loi-pour-interdire-la-deforestation-importee-en-europe-150320.html>, Novethic, 18/11/21
18- La flambée des prix alimentaires fait craindre une aggravation de la faim dans le monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/19/la-flambee-des-prix-alimentaires-fait-craindre-une-aggravation-de-la-faim-dans-le-monde_6102644_3244.html>, Le Monde, 19/11/21, 06h09
19- Décryptage. Au Brésil, la déforestation de l’Amazonie, résultat de la politique de Jair Bolsonaro <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/20/au-bresil-la-deforestation-de-l-amazonie-resultat-de-la-politique-de-jair-bolsonaro_6102924_3244.html>, Le Monde, 20/11/21, 15h00 
En images
20- Dieppe : une conserverie itinérante pour cuisiner mieux et créer du lien <https://www.francetvinfo.fr/france/normandie/seine-maritime/dieppe-une-conserverie-itinerante-pour-cuisiner-mieux-et-creer-du-lien_4832919.html>, France 2, journal de 13h, 04/11/21
21- Agriculture : la production de patate douce se développe en France <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-la-production-de-patate-douce-se-developpe-en-france_4839963.html>, France 2, journal de 13h, 10/11/21
22- Pêche : les poulpes envahissent la côte atlantique et les étals des poissonniers <https://www.francetvinfo.fr/france/pays-de-loire/loire-atlantique/peche-les-poulpes-envahissent-la-cote-atlantique-et-les-etals-despoissonniers_4842551.html>, France 2, journal de 13h, 12/11/21
23- Le chanvre, du champ à l’immeuble <https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/emissions/jt-1920-paris-ile-de-france>, France 3 Ile-de-France, Le 19/20, 13/11/21
24- Brésil : la déforestation de la forêt amazonienne progresse de 22 % en un an <https://information.tv5monde.com/video/bresil-la-deforestation-de-la-foret-amazonienne-progresse-de-22-en-un>, TV5Monde, 19/11/21

Bien à vous,
Florence

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PREMIÈRES DU JOUR : — C’est la première fois que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ou gendarme français des pesticides fait disparaître, hors de toute procédure, un projet d’expertise qui devait être consacré au glyphosate. (cf. item 14)
— C’est "la première loi au monde qui va mettre fin à la déforestation importée", s’enthousiasme le député européen Pascal Canfin sur le réseau social Linkedin. (cf. item 17 & suite)
CHIFFRES DU JOUR : — Près de 17 millions de Nigérians seront en insécurité alimentaire aiguë en 2022, soit une hausse vertigineuse de personnes souffrant de la faim en un an dans le pays le plus peuplé d'Afrique, selon un rapport. (cf. item 5)
— Entre 2020 et juillet 2021, la déforestation de l’Amazonie a progressé de 22 %. 13.000 km² de végétation ont été rasés, un record sur les quinze dernières années. En moyenne, c’est l’équivalent de la superficie du Liban qui est rayée chaque année. (cf. item 12, suite, 19 & 24)
— Selon l’indice de la FAO, les denrées alimentaires de base ont augmenté de plus 30 % en un an. Combinée aux effets économiques de la crise sanitaire, cette inflation menace particulièrement un tiers de la population mondiale, déjà en insécurité alimentaire. (cf. item 18)
— En un an au Croisic, les quantités de poulpe pếchées ont été multipliées par quinze. (cf. item 22)
PORTRAITS DU JOUR : — Chaque jour, des pêcheurs, hommes et femmes, fouillent la vase à mains nues, en apnée sous plusieurs mètres d'une eau marronnasse à l'embouchure du fleuve Congo, pour dénicher des "huîtres d'eau douce", les bibwati. (cf. item 1)
— Hakim Alilèche, âgé de 48 ans, a renoncé à une carrière florissante dans les arts graphiques pour monter une oliveraie écologique sur les hauts plateaux d'Aïn Oussera, à 230 km au sud d’Alger. (cf. item 4)
— Ynsect, InnovaFeed, Agronutris… La « Food tech » hexagonale se développe, et avec elle de nouveaux produits alimentaires à base, entre autres, d’insectes ou d’algues. (cf. item 6, 11 & 13)
— Réalisateur, journaliste, restaurateur, agriculteur : Edouard Bergeon a de nombreuses casquettes. L’auteur du film « Au nom de la terre » a lancé une chaîne de télévision consacrée au monde agricole. (cf. item 9)
— Pour beaucoup de Somaliens, le camélidé est un cadeau des dieux : source de lait et de viande, bête de somme des longues transhumances dans le désert et - tandis que les événements climatiques extrêmes se multiplient dans la Corne de l'Afrique - valeur refuge en temps de crise. (cf. item 16)
RÉCIT DU JOUR : Dans la deuxième plus grande zone humide de France, au cœur des Deux-Sèvres, la création de bassins géants, en prévision de la saison sèche, suscite la colère de certains habitants et des militants écologistes, qui y voient l’emprise d’une « agriculture industrielle ». (cf. item 2 & 3)
AVIS DU JOUR : Le projet de texte de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) visant à interdire les subventions facilitant la surpêche est faible, déséquilibré et favorable surtout aux pays riches, a déclaré un haut fonctionnaire du ministère indien du Commerce. (cf. item 8)
DÉCISIONS DU JOUR : — Un capital décès de près de 3 500 € sera versé aux familles des agriculteurs non-salariés mourant après une maladie, un accident ou un suicide, a voté le Sénat. (cf. item 10)
— Face à l’hostilité générale des élus, Matignon abandonne la vente au promoteur Altarea Cogedim du site pédagogique et agricole qui accueille AgroParisTech, dans les Yvelines. (cf. item 15)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Réapprendre à cuisiner de façon saine et locale et créer du lien social grâce à un camion ambulant, c'est le principe de "La petite conserverie", dans la région de Dieppe. (cf. item 20)
— Originaire d'Amérique du Sud, la patate douce est l'un des trois légumes les plus consommés au monde. Or, depuis quelques années, sa production se développe également dans les Yvelines. (cf. item 21)
— Construire un immeuble avec du chanvre : à Boulogne-Billancourt, c’est un bailleur social qui vient d’inaugurer le plus haut immeuble d’Europe. (cf. item 23 & suite)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
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> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- RDC : pêcher dans la mangrove du fleuve Congo, AFP, 05/11/21, 19:00

Des dizaines de têtes sortent de l'eau, à bout de souffle, inspirent bruyamment et replongent. Chaque jour, des pêcheurs, hommes et femmes, fouillent la vase à mains nues, en apnée sous plusieurs mètres d'une eau marronnasse à l'embouchure du fleuve Congo, pour dénicher des "huîtres d'eau douce", les bibwati.
Ces huîtres, qu'ils récoltent depuis de lointaines années au fond du fleuve, sont la principale ressource des Assolongo, membres de la seule tribu autorisée à vivre dans la réserve naturelle du Parc marin des mangroves située à 600 km au sud-ouest de Kinshasa.
Après avoir traversé d'est en ouest toute l'Afrique centrale sur près de 5.000 km, le fleuve Congo se jette dans l'océan Atlantique en ces lieux où la République démocratique du Congo a conservé moins de 40 kilomètres de côte, coincés entre deux territoires angolais.
A l'embouchure du fleuve, il faut naviguer dans un labyrinthe naturel de près de 20.000 hectares de forêts inondées pour atteindre le village de Nteva. "Ici, nous n'avons pas d'électricité, quasiment pas de réseau téléphonique, pas d'école non plus", énumère Mbulu Nzabi, le chef du village.
Lui et ses administrés sont tous pêcheurs de bibwati. Contrairement au problème mondial d'érosion du littoral, eux gagnent chaque jour quelques millimètres de terre sur la mangrove en se débarrassant des coquilles, une fois vidées de leur chair.
"Nos grands-parents avaient construit leurs cases plusieurs dizaines de mètres en retrait de là où nous sommes aujourd'hui. Nous vivons sur un gros tas de coquilles de bibwati qui ne fait que grandir".
- Un écosystème fragile -
Depuis 1992, l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) se débrouille avec un budget annuel de moins de 100.000 dollars pour préserver la mangrove, un écosystème fragile, nécessaire à la reproduction de la faune océanique.
"Avant qu'il y ait le parc, on pouvait faire tout ce qu'on voulait", se plaint timidement le chef Mbulu Nzabi. "On pouvait pêcher les lamantins pour revendre la viande. On coupait les palétuviers pour faire du charbon de bois. Aujourd'hui tout est réglementé".
Depuis les plages de coquilles de Nteva, on voit d'immenses porte-conteneurs croiser des pirogues creusées dans des troncs d'arbres. Les navires de transport remontent le fleuve Congo pour aller déverser dans les ports de Matadi et Boma des produits manufacturés venant de Chine et des aliments surgelés qui inonderont les marchés de la capitale.
L'activité de ces deux ports, situés en amont de la réserve naturelle, seuls accès directs au commerce maritime international de la RDC, représente une menace pour la biodiversité fragile de la mangrove. 
A Nteva, la nuit est tombée. A la lueur de la pleine lune, une vingtaine de femmes et de jeunes filles se réunit devant une petite chapelle bringuebalante faite de branches de raphia. C'est la chorale de l'église catholique.
Pas de télévision ici ni de rumba saturée. Seuls les cantiques en langue kissolongo et le bruit des pas de danse sur les coquilles d'huîtres résonnent dans le calme de la nuit de la mangrove.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/rdc-pecher-dans-la-mangrove-du-fleuve-congo_158898>
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2- Récit. Ce combat, c’est “la” lutte de la région » : l’eau, source de conflits dans le Marais poitevin, Le Monde, 06/11/21, 05h28
Eric Collier (Deux-Sèvres, envoyé spécial)

Dans la deuxième plus grande zone humide de France, au cœur des Deux-Sèvres, la création de bassins géants, en prévision de la saison sèche, suscite la colère de certains habitants et des militants écologistes, qui y voient l’emprise d’une « agriculture industrielle ». Ils se sont donné rendez-vous, samedi 6 novembre, pour manifester leur opposition.
La plaine, la plaine, la plaine… Jamais le paysage ne prend de hauteur dans l’est du Marais poitevin, où s’étendent de vastes cultures, à peine découpées par de rares haies ou des fossés. Peu de relief, peu d’obstacles naturels, un rêve d’agriculteur. En cette fin d’octobre, la végétation a viré fauve, le temps des moissons tire à sa fin, seuls quelques pieds de maïs se dressent encore du côté de Mauzé-sur-le-Mignon, dans les Deux-Sèvres. Et au milieu coule une rivière. Coule ? Coulait ? Comment s’imaginer, en contemplant le mince filet d’eau qui se faufile à la sortie de la commune, que l’automne vient d’arriver ?
Le Mignon, c’est le joli nom du cours d’eau, s’écoule là, à une allure de souffreteux, pour le plus grand déplaisir des sociétés de pêche locales. « Si nous voulons vendre des cartes de pêche, il faut de l’eau dans les rivières toute l’année, comme c’était le cas avant les années 1990 », proteste Jean-Michel Grignon, 78 ans, président de la Fédération départementale de pêche des Deux-Sèvres.
« Avant les années 1990 », c’est-à-dire avant que l’impact des cultures intensives de maïs sur le système hydrologique local ne soit visible à l’œil nu et que les nappes phréatiques ne soient menacées d’épuisement dans le Marais poitevin, la deuxième plus grande zone humide de France, après la Camargue. Avant que les cultivateurs du coin ne sollicitent des sourciers, creusent des forages chez eux et appliquent le principe « c’est ma terre, c’est mon eau » pour arroser à volonté leurs maïs, très gourmands en été, au moment où la ressource est naturellement plus rare. Avant que ces agriculteurs, séduits par ce qui apparaissait encore comme le progrès, ne soient plus appelés que « les irrigants », pas forcément un compliment. « Les débuts de l’irrigation, dans les années 1980, sans aucun encadrement, ont transformé nos champs en gruyère et nos rivières en sentiers de randonnée », résume Joëlle Lallemand, présidente de l’Association de protection, d’information et d’études de l’eau et de son environnement (APIEEE).
Gigantesques cratères
Depuis, la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006 a érigé la ressource en bien commun. Des compteurs ont été installés sur les forages des agriculteurs, les volumes prélevés ont été contrôlés et réduits, mais pas au point de régler le sujet de la juste utilisation de la ressource, aggravé, là aussi, par le changement climatique. Si le niveau annuel des précipitations est assez constant, sa « distribution temporelle » pose problème, explique Alain Dupuy, professeur d’hydrogéologie à l’Institut national polytechnique de Bordeaux.
Il pleut davantage pendant les mois d’hiver et moins le reste du temps. D’où l’émergence d’une solution, déjà mise en œuvre chez les voisins vendéens : creuser de gigantesques cratères recouverts d’une bâche, ou géomembrane, afin de stocker les eaux d’hiver pour les utiliser à la saison sèche. Des « retenues de substitution » pour les ingénieurs qui les ont conçues, des « mégabassines » pour les habitants et militants qui reprochent notamment à ce système de stockage « d’accaparer l’argent public », d’encourager « une agriculture industrielle » et de mettre en danger le capital commun d’eau potable.
> Lire aussi Le Varenne agricole de l’eau ne fait pas l’unanimité
En quelques années, le sujet a pris une importance considérable dans cette zone de marais où la gestion de l’eau a toujours été au centre des débats et souvent source de conflits. « Ce combat, c’est “la” lutte du Poitou-Charentes, confie Julien Le Guet, l’un des porte-parole du collectif Bassines non merci, tandis qu’il mène sa barque à travers les méandres de la Venise verte, près d’Arçais. Il existe ici un attachement et un rapport à l’eau assez uniques. On est passé d’une situation où elle était si abondante qu’il a fallu la contrôler et la domestiquer pour mettre la zone en culture, à une situation où elle vient à manquer. » 
Pour le bassin-versant de la Sèvre niortaise, l’ensemble de rivières et canaux qui déversent leurs eaux dans le Marais poitevin et arrosent plus de 220 communes et près de 400 000 habitants, un projet initial envisageait la création de dix-neuf bassines. « Nous avons attaqué sur les deux critères, le nombre de retenues et les volumes de prélèvement »,rappelle Patrick Picaud, 66 ans, vice-président de Nature Environnement 17, l’une des associations à la pointe de la lutte contre les bassines.
« Tout ce qu’il ne faut pas faire »
Après une première phase de concertation, le nombre de bassines a été ramené à seize. En mai, le tribunal administratif de Poitiers a déclaré conformes sept ouvrages et donné dix mois aux promoteurs du projet global pour redimensionner les neuf autres bassines afin de réduire le prélèvement global à 6 millions de mètres cubes en hiver, au lieu des 6,9 millions prévus. Le coût global de l’opération a été estimé à 60 millions d’euros, financés à 70 % par de l’argent public − Agence de l’eau, Etat, collectivités locales − et à 30 % par les agriculteurs réunis en une Coop de l’eau. A charge pour cette société coopérative à statut privé de travailler en bonne intelligence et en concertation avec l’Etablissement public du Marais poitevin, qui continuera à surveiller l’état des nappes phréatiques et à proposer un plan de répartition des eaux.
Après deux mois de travaux de terrassement, le chantier de la bassine de Mauzé-sur-le-Mignon est en voie d’achèvement, à quelques centaines de mètres du cours du Mignon. C’est là, au bord de la route départementale 101, que les « antibassines » se sont donné rendez-vous, samedi 6 novembre, pour manifester. Aux yeux de ces opposants, défenseurs de l’environnement et adhérents des sociétés de pêche, ces retenues, censées sécuriser les cultures des « irrigants », sont un parfait résumé de « tout ce qu’il ne faut pas faire ». 
« Le modèle agricole adossé à ces bassines est le pire des modèles existant : on flingue la biodiversité, on produit des aliments de qualité douteuse destinés aux animaux et on contribue à l’accélération du changement climatique », insiste Benoît Biteau, ancien chercheur en agronomie devenu agriculteur à Sablonceaux (Charente-Maritime) et député européen (EELV). Plus jeune, il avait vu son père adopter ce modèle réputé gourmand en eau, en intrants et en financements publics. Mais depuis qu’il a repris l’exploitation, en 2007, et converti ses 230 hectares à l’agroécologie, il a l’impression, dit-il, de « reproduire le bon sens paysan de [s]on grand-père ». Tenu à l’isolement pour cause de Covid-19, l’élu, ancien vice-président du conseil régional de Poitou-Charentes, ne pourra prendre la parole comme il l’avait prévu lors de la manifestation du 6 novembre.
« Provocation publique »
En revanche, des leaders politiques comme Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon, déjà venus dire leur hostilité aux bassines en octobre 2020, n’ont pas été conviés. « On a fait savoir qu’on ne souhaitait pas la présence des candidats à la présidentielle », indique Julien Le Guet, du collectif Bassines non merci. Le 22 septembre, une autre manifestation, organisée sur le même site, avait attiré quelques centaines de personnes, entraîné des dégradations sur le chantier et provoqué des échauffourées entre militants et gendarmes. Un mois plus tard, Julien Le Guet, 44 ans, a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Collonges-sur-l’Autize, poursuivi pour « provocation publique et directe non suivie d’effet à commettre un délit ». Trois autres militants ont été interpellés le lendemain.
> Lire aussi Face à la sécheresse, les retenues d’eau artificielles, une solution de très court terme
« Tentative d’intimidation », ont protesté les organisations opposées aux retenues d’eau artificielles. « Nous n’interpellons pas des “antibassines” mais des personnes à qui l’on reproche des infractions », a réagi le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, interrogé par Le Courrier de l’Ouest. Les pouvoirs publics redoutent-ils l’installation d’une nouvelle zone à défendre, une ZAD ? Ce n’est pas le projet, assure Julien Le Guet. Le site ne se prête pas à une occupation. « Notre choix est celui de la mobilité, nous voulons agir sur l’ensemble du bassin-versant. » 
> Lire aussi « Stocker les eaux de pluie dans des retenues est un non-sens »
Le chantier de la retenue de Mauzé-sur-le-Mignon est désormais mieux protégé. De puissants projecteurs l’éclairent jour et nuit. Un garde, abrité dans un camping-car, veille sur les lieux et filtre les va-et-vient. Derrière les grillages, les pelleteuses ont creusé une sorte de très grand stade. « Plutôt le Camp Nou de Barcelone que le stade municipal de Mauzé », sourit Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau, qui conduit la visite des lieux, « une retenue de taille moyenne ». Soit 7 hectares d’emprise sur des terres agricoles cédées par leurs propriétaires pour conserver 245 000 mètres cubes d’eau. Avant sa mise en service, cet hiver si tout va bien, il restera à lisser les bords du cratère avec un broyeur, avant de poser une géomembrane qui assurera son étanchéité. Quatre points de remplissage devraient être actifs chaque année entre le 30 novembre et le 30 mars, « à condition que la nappe phréatique soit pleine ou en débordement ». L’été venu, huit « irrigants » bénéficieront directement de ces eaux.
« Des vaches, pas des bâches »
Thierry Boudaud, un agriculteur bientôt quinquagénaire, voit le pilotage public-privé de l’opération comme « un modèle de gouvernance ». Les engagements pris par les « irrigants » connectés au réservoir géant seront tenus, promet-il. Le protocole, établi de haute lutte après quelques ateliers de travail réunissant les différentes parties − agriculteurs, pouvoirs publics et associations −, sera respecté à la lettre : non seulement une partie des forages « privés » seront bouchés, mais des haies seront replantées, des fossés recréés et le retour à une plus grande biodiversité sera favorisé, il s’en porte garant. Son seul regret : la bonne gouvernance du programme des bassines − « un fonctionnement unique ! » − n’a « pas été suffisamment expliquée » et les opposants au projet « ne reconnaissent pas assez les instances de discussion ». « On ne va pas vider le marais avec ces retenues ! On n’est quand même pas un groupe de bourrins qui ont décidé de faire des retenues tout seuls dans leur coin ! »
Une partie de ses interlocuteurs se disent prêts à le suivre dans ce pari vertueux, où chacun respecterait ses engagements. « Si on n’arrive pas à se mettre d’accord sur la gestion de la ressource en eau, c’est quoi la solution ? Comment on avance ? », interroge Alain Dupuy, le professeur d’hydrogéologie. Mais tout le monde ne partage pas cet optimisme, y compris au sein du monde agricole. La Confédération paysanne sera présente à la manifestation du 6 novembre.
> Lire aussi Agriculture : l’Union européenne ne dissuade pas la surconsommation d’eau
« Il ne s’agit pas d’une opposition entre écolos et agriculteurs, mais d’une lutte de citoyens contre les agro-industries », tient à préciser Joëlle Lallemand. Autrefois chercheuse à l’Institut national de recherche agronomique, la présidente de l’APIEEE évoque des études « montrant que c’est bien l’irrigation qui assèche les rivières, pas les épisodes de sécheresse ».
Si elle n’a « rien contre l’irrigation », elle préférerait qu’on commence par « réparer ce qu’on a fait », qu’on replante davantage de haies, qu’on cesse de « rectifier » les rivières afin que l’eau retourne dans les nappes, que la zone humide retrouve son rôle naturel. « Et ensuite, si besoin, on pourra pomper. » De nature « un peu trouillarde, mais très déterminée », elle surveille la montée des tensions entre pouvoirs publics et opposants, qui l’encourage à rejoindre la manifestation de Mauzé-sur-le-Mignon, où elle pourrait se ranger derrière une banderole réclamant « des vaches, pas des bâches ». Elle ne croit guère à la théorie du ruissellement vertueux, encore moins à l’existence d’une « eau magique », éternellement à disposition.
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/06/ce-combat-c-est-la-lutte-de-la-region-l-eau-source-de-conflits-dans-le-marais-poitevin_6101149_3224.html>
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3- Dans les Deux-Sèvres, confrontation entre les opposants et les défenseurs des « mégabassines » d’irrigation, Le Monde, 07/11/21, 04h35 
Rémi Barroux (Mauzé-sur-le-Mignon, Deux-Sèvres, envoyé spécial)

Des milliers de personnes ont manifesté samedi contre le projet de seize « mégabassines » destinées à irriguer les terres agricoles. L’un des ouvrages a été en partie détérioré. 
Plusieurs milliers de personnes – 3 000 selon les organisateurs, « un peu plus de 1 500 » pour la préfecture – ont manifesté à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), samedi 6 novembre, contre un projet de construction de seize « mégabassines » destinées à l’irrigation. Début septembre, les travaux pour creuser la première d’entre elles, à proximité du village, ont mis le feu aux poudres, les opposants jugeant le chantier illégal. Ces réserves sont destinées à permettre, selon les mots de Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau, maître d’œuvre du projet, l’alimentation en eau de « 450 irrigants ». Avec un objectif de fin des travaux en 2026.
L’imposant cratère de ce qui s’appelle une « réserve de substitution » est déjà terminé, alors que le tribunal administratif de Poitiers a rejeté, le 27 mai, neuf des seize bassines, arguant de leur taille excessive. Une décision insuffisante pour une dizaine d’associations qui ont fait appel du jugement, dénonçant une « mauvaise information du public », le « surdimensionnement » de l’ensemble des ouvrages prévus, les « impacts sur les milieux terrestres, en particulier les habitats et les espèces protégées, voire menacées comme l’outarde canepetière »…
> Lire cet article de 2017 : Dans le Marais poitevin, la guerre de l’eau a débuté
Pour les opposants, la manifestation de samedi devait être une action d’envergure. Dans la foule bigarrée, les drapeaux de toutes les couleurs témoignaient de la diversité des organisations et associations présentes, d’Attac à l’association de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, ainsi que de l’imagination des participants qui avaient confectionné leurs pancartes, « Bassasine’s Creed », « Apocalypse d’eau », « Eau rage, eau désespoir »…
> Lire aussi « Ce combat, c’est “la” lutte de la région » : l’eau, source de conflits dans le Marais poitevin
Au cœur de la mobilisation, la question du modèle agricole et la préservation de la biodiversité. « Je suis là pour défendre les sols et l’eau, et une agriculture à l’opposé du modèle actuel », avance Lune (un prénom d’emprunt), une jeune femme de 29 ans, constructrice dans le bâtiment, venue de Paris, qui a choisi de devenir « activiste », bougeant de lutte en lutte, de ZAD en ZAD [zone à défendre], masque argenté sur le visage et toute de bleu vêtue, comme bon nombre de manifestants habillés de bleus de travail, de blouses de la même couleur, selon les consignes données par les organisateurs.
« Mauzé sur bassines »
Pascale Pavageau, elle, ne porte pas de bleu mais son écharpe tricolore d’adjointe (sans étiquette) au maire, à La Rochelard, petite commune de 580 habitants qui jouxte Mauzé. « Nous avons voté une motion contre ces bassines au printemps 2020 [une quarantaine de communes ont fait de même], car nous sommes contre cette infrastructure qui va profiter à certains, alors qu’elle est financée en partie par des fonds publics. Et, contrairement à ce qu’on nous a dit, elles ne vont pas se remplir avec les eaux de pluie mais bien par des forages, des prélèvements dans la nappe phréatique », s’indigne l’élue de 58 ans.
Vers 15 heures, le cortège, emmené par une dizaine de tracteurs, a quitté le village, avant d’être vite arrêté par les gendarmes mobiles très présents. La préfecture des Deux-Sèvres avait publié un arrêté d’interdiction des manifestations dans plusieurs secteurs, notamment là où se trouve le chantier de construction de la bassine de Mauzé, et fermé plusieurs routes. Mauzé-sur-le-Mignon avait des allures de Notre-Dame-des-Landes – la commune de Loire-Atlantique où devait être construit le nouvel aéroport nantais, une référence pour les luttes contre des projets d’infrastructure. Important dispositif de gendarmes sur toutes les voies d’accès à la zone, fouilles de véhicules à l’entrée du village, survol par deux hélicoptères jusque dans la soirée.
« Actes violents sur les forces de l’ordre »
Après des tirs de grenades lacrymogènes et une déambulation dans les champs et les sous-bois, le cortège, qui a bénéficié de l’expérience de dizaines d’habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, a rejoint en fin d’après-midi une bassine déjà en service. Après quelques échauffourées, les opposants ont en partie arraché la bâche qui imperméabilise la retenue, y mettant le feu par endroits. La pompe de la bassine a aussi été démontée. « Cette bassine est illégale, construite sans respecter la réglementation, il y a plus d’une dizaine d’années, et bénéficie de dérogations tous les ans de la part des autorités préfectorales », explique Samuel Godin, membre du bureau de la Confédération paysanne 79, en charge de l’organisation de cette journée.
En fin de journée, la préfecture a dénoncé, dans un communiqué, les « actes violents sur les forces de l’ordre, afin de contourner les dispositifs mis en place, occasionnant trois blessés chez les gendarmes avant de dégrader une retenue de substitution ». Selon Jean-Luc Tarrega, quatre interpellations ont aussi été effectuées pour transport d’explosifs.
Dans ce climat tendu, l’opposition à ces bassines semble s’élargir. Certaines des associations qui avaient signé un protocole d’accord, en décembre 2018, avec la Coop de l’eau – ce dernier prévoyait notamment « le développement de pratiques agricoles vertueuses, en faveur d’une agriculture durable » –, s’en sont retirées. Le scientifique Vincent Bretagnolle, directeur de recherche au Centre d’études biologiques de Chizé, qui était membre du Comité scientifique et technique mis en place après la signature du protocole, a estimé dans un entretien au Courrier de l’Ouest du 3 novembre que l’objectif contractuel de diminution de l’usage des pesticides par les agriculteurs irrigants des seize bassines ne serait pas tenu.
Pour Julien Le Guet, de Bassines Non Merci, c’est l’heure des choix. « Il faut que Julien Denormandie [le ministre de l’agriculture] explique, en pleine COP26, quels sont les choix opérés pour le modèle agricole. Nous, nous défendons une agriculture respectueuse de l’environnement, protectrice des paysannes et des paysans, et soucieuse de l’utilisation des ressources dont l’eau », plaide cet animateur nature de 44 ans, devenu l’une des figures de la lutte contre les bassines niortaises.
> Lire aussi A Glasgow, dans les rues, les églises ou autour du centre de conférence, la société civile tente d’exister en marge de la COP26
Six semaines plus tôt, à l’occasion du 75e congrès de la FNSEA, qui se tenait à Niort du 21 au 23 septembre, la présidente de la première organisation syndicale d’agriculteurs, Christiane Lambert, appelait, elle, le ministre à la fermeté face aux opposants : « Soyez ferme pour empêcher la naissance de nouvelles ZAD, dans les Deux-Sèvres ou ailleurs. » A Mauzé-sur-le-Mignon, la confrontation entre anti et pro bassines est loin d’être terminée.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/07/dans-les-deux-sevres-confrontation-entre-les-opposants-et-les-defenseurs-des-megabassines-d-irrigation_6101242_3244.html>
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4- L'"élixir" de Hakim Alilèche, une huile d'olive bio primée à l'international, AFP, 08/11/21, 08:00
Abdellah Cheballah

"Ces oliviers donnent un vrai élixir", s'extasie le néo-agriculteur algérien Hakim Alilèche, en observant ses arbres dont les branches ploient sous le poids de leurs fruits.
Cet homme de 48 ans a renoncé à une carrière florissante dans les arts graphiques pour monter une oliveraie écologique sur les hauts plateaux d'Aïn Oussera, à 230 km au sud d'Alger.
"L'huilerie est entrée en production il y a trois ans. J'ai choisi Aïn Oussera car les terres et l'eau y sont disponibles", explique-t-il à l'AFP.
Son huile d'olive a décroché en mai 2021 la médaille d'argent au Japan Olive Oil Price (Joop), un concours international d'huiles extra vierges. Elle a également remporté en février le premier prix du concours international Dubai Olive Oil Competition dans la catégorie "extra vierge récolte précoce".
"Ces distinctions nous ont vraiment rassurés car cela veut dire qu'on ne s'est pas trompés", se réjouit l'oléiculteur dans un pays où le marché bio est balbutiant.
Son oliveraie s'étend sur 40 hectares et compte pas moins de 15.000 oliviers dont 9.000 sont déjà en production.
"J'ai commencé à les planter progressivement à partir de 2005. J'aime l'agriculture et j'affectionne l'olivier depuis mon jeune âge. En Algérie, c'est un arbre sacré", dit-il.
Et produire de l'huile d'olive bio le "met directement dans cette ambiance de respect de la planète et de protection de la planète". 
- "S'inspirer" -
M. Alilèche a visité plusieurs pays producteurs, comme la Bosnie-Herzégovine, la Grèce, la France ou l'Italie pour s'"inspirer de leurs méthodes" d'extraction.
"L'oliveraie n'a jamais subi de traitement chimique et je ferai tout pour que ça reste ainsi", promet-il, un gobelet rempli d'huile à la main, tout juste sortie du pressoir moderne, venu spécialement d'Italie.
"C'est un vrai +alicament+ (médicament-aliment)", lance-t-il en dégustant le liquide doré et parfumé, avant de se diriger vers son champ où une vingtaine d'employés cueillent les olives.
Comme chaque année depuis l'entrée en production de son huilerie, M. Alilèche est en avance sur la saison. Normalement la cueillette ne commence pas avant la mi-novembre en Algérie pour s'achever un mois plus tard.
"La récolte précoce permet d'obtenir tous les bienfaits de l'olive, tout ce qui est anti-oxydants naturels", explique-t-il.
Les olives sont récoltées à la main pour ne pas abîmer l'arbre, puis déposées sur de grandes bâches en plastique. Elles sont ensuite transportées en cagettes jusqu'au pressoir tout proche. 
"La trituration le jour même permet aux olives de ne pas s'oxyder", souligne M. Alilèche.
A ce stade de maturation, le rendement est faible: seulement huit litres d'huile pour 100 kilos d'olives récoltées. Mais, à mesure que les olives mûrissent, le rendement s'améliore et la production par quintal grimpe à 18 litres d'huile.
"Notre huile est un produit de très haute qualité que nous souhaitons labelliser" en Europe, poursuit M. Alilèche, qui espère obtenir le certificat AB (agriculture bio) lors de la venue prochaine d'experts.
- "Dahbia" -
Selon M. Alilèche, le processus de fabrication de son huile, baptisée "Dahbia (dorée en arabe)", en hommage à sa mère et à son épouse, dont c'est le prénom, respecte "toute la chaîne écologique: pas de pollution, pas d'engrais".
Son taux d'acidité est de 0,16%, un cinquième de la norme de 0,8% fixée par le Conseil oléicole international pour l'huile extra vierge.
"L'indice de peroxyde, c'est-à-dire de la pureté de notre huile est de 3 alors que le taux autorisé doit être inférieur à 20", précise-t-il.
"Au moulin, on ne manipule pas beaucoup l'olive. Elle est lavée, pressée et enfin décantée", ajoute M. Alilèche en expliquant avoir rompu avec la coutume algérienne.
"Avant, on ne lavait pas les olives et elles restaient exposées pendant de longues périodes dans des sacs en plein air, ce qui avait pour effet d'altérer le goût de l'huile."
Alors que son exploitation bénéficie d'une irrigation au goutte à goutte, il redoute les effets du changement climatique, dans une région en proie ces dernières années à de fréquentes tempêtes de grêle en début d'été.
"Un quart d'heure de grêle et tout part en fumée. Il faudra attendre cinq longues années pour que l'olivier reprenne."
<https://www.la-croix.com/L-elixir-Hakim-Alileche-huile-olive-bio-primee-international-2021-11-08-1301184175>
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5- 17 millions de Nigérians en insécurité alimentaire aiguë en 2022, selon le CH (Cadre harmonisé), AFP, 08/11/21, 15:00

Près de 17 millions de Nigérians seront en insécurité alimentaire aiguë en 2022, soit une hausse vertigineuse de personnes souffrant de la faim en un an dans le pays le plus peuplé d'Afrique, selon un rapport financé par les Nations Unies.
Entre octobre et décembre, plus de 12,1 millions de Nigérians vivant dans 21 États sont confrontés à une situation d'insécurité alimentaire critique ou d'urgence, indique le rapport publié vendredi.
Et, selon les prévisions, ce total atteindra 16,8 millions de personnes entre juin et août 2022, soit une hausse de plus de 4 millions de personnes.
Cette année, l’État de Borno, situé dans le nord-est où les jihadistes mènent une insurrection depuis 12 ans, est la zone comptant le plus grand nombre de personnes (144.914) en proie l'insécurité alimentaire.
L'année prochaine, rien que dans cet Etat, ce nombre doublera pour atteindre 291.542 personnes, selon les prévisions. Plus de deux millions de personnes ont fui la région où des opérations militaires sont toujours en cours, contraints désormais de vivre dans des camps aux conditions déplorables.
Ce rapport, le "Cadre harmonisé" (CH), est publié deux fois par an sous l'égide du ministère nigérian de l'Agriculture avec l'appui technique et financier des Nations Unies et d'ONG.
Le géant ouest-africain, qui compte 210 millions d'habitants, fait face à une insécurité généralisée. Outre l'insurrection dans le nord-est, les forces armées tentent de faire face aux gangs de malfaiteurs armés - désignés localement sous le vocable de "bandits" - mettant le nord-ouest et le centre du Nigeria à feu et à sang, pillant et incendiant des villages et multipliant les enlèvements.
Très dépendante du pétrole, son économie a été durement frappée par la pandémie de coronavirus. L'année dernière, le Nigeria a connu sa deuxième récession en cinq ans, mais a renoué avec la croissance ces derniers mois. 
Mais l'inflation, notamment les prix des denrées alimentaires, reste élevée, plongeant les Nigérians dans la pauvreté.
<https://www.geo.fr/environnement/17-millions-de-nigerians-en-insecurite-alimentaire-aigue-en-2022-selon-le-ch-206992>
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6- Ces start-up françaises qui composent l’assiette de demain, Le Monde, 10/11/21, 06h02 
Laurence Girard

Ynsect, InnovaFeed, Agronutris… La « Food tech » hexagonale se développe, et avec elle de nouveaux produits alimentaires à base, entre autres, d’insectes ou d’algues, aiguisant l’appétit des investisseurs. 
Simili-steak à base de protéine végétale ou de viande cellulaire, faux lardons, foie gras de synthèse, farine d’insecte, desserts et boissons fermentés, ingrédients à base d’algues… La liste des nouveaux produits alimentaires destinés à s’inviter dans notre assiette ne cesse de s’allonger. Et pour cause : les jeunes pousses de la « Food tech » sont au fourneau et suscitent l’appétit des investisseurs.
Si le mouvement est mondial, en France aussi les entreprises profitent de cet engouement. Parmi les exemples récents figure celui d’Agronutris qui a levé, fin septembre, 100 millions d’euros pour industrialiser sa production de protéines à base d’insectes.
> Lire aussi   Article réservé à nos abonnés  Le burger vegan de Beyond Meat séduit la Bourse
Tous les fonds d’investissement salivent depuis l’épopée de Beyond Meat. La start-up américaine spécialisée dans le burger végan et autres saucisses sans protéine animale a fait une entrée fracassante en Bourse, en mai 2019. Au moment de son introduction, sa valorisation atteignait 3,8 milliards de dollars (environ 3,3 milliards d’euros, au cours actuel). Pas mal pour une entreprise qui affichait alors des pertes et un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions de dollars. Et un véritable jackpot pour les personnalités qui étaient entrées à son tour de table, à l’instar du cocréateur de Microsoft Bill Gates, du cofondateur de Twitter Evan Williams ou de l’ancien patron de McDonald’s, Don Thompson.
La société suédoise Oatly a, elle aussi, défrayé la chronique lors de sa cotation à Wall Street, en mai 2021. L’entreprise, qui produit des substituts de lait, de yaourt ou de glace à base d’avoine, a récolté 1,4 milliard de dollars. Au rang des heureux gagnants, cette fois, se trouvaient la présentatrice vedette de la télévision américaine Oprah Winfrey, l’actrice Natalie Portman ou le rappeur Jay-Z.
> Lire aussi :  Ynsect, la start-up spécialisée dans l’élevage d’insectes
En France, les plus importantes levées de fonds ont bénéficié aux projets d’élevage d’insectes. Ynsect, InnovaFeed et désormais Agronutris sont les coqueluches du marché. « En 2020, la French Food Tech a levé 606 millions d’euros, dont 360 millions d’euros pour les seuls Ynsect et InnovaFeed », souligne Matthieu Vincent, du cabinet d’études DigitalFoodLab. Il est vrai que la concrétisation industrielle de ces initiatives est gourmande en carburant financier.
> « Impact social et environnemental »
Agronutris veut déployer à Rethel, dans les Ardennes, une première unité de production de mouches soldats noires, dites Hermetia illucens, d’ici à la fin de 2022. Son concurrent, InnovaFeed, mise sur le même insecte dans son usine de Nesle (Somme), dont la mise en route a débuté il y a un an. Il a réuni 200 millions d’euros de financement.
> Lire aussi Article réservé à nos abonnés  Mouche soldat noir, ver de farine et autres insectes élevés en France
Ynsect, qui a levé 350 millions d’euros depuis sa création, en 2011, a opté pour le ver de farine, autrement dénommé Tenebrio molitor. Il sera élevé à grande échelle près d’Amiens. « Le bâtiment d’élevage est presque terminé, les équipements arrivent, mais la production ne démarrera pas avant l’été 2022 », explique Antoine Hubert, cofondateur de l’entreprise.
L’essentiel des insectes élevés dans ces usines est destiné à nourrir poissons, cochons ou chiens et chats. Cependant, l’Europe a donné son feu vert, en 2021, à la consommation humaine du Tenebrio molitor. Agronutris est sur les rangs. De même qu’Ynsect, qui a racheté la société néerlandaise Protifarm, plus avancée sur le sujet. Elle a d’ailleurs déjà signé un accord avec le fabricant autrichien de burger ZIRP pour lui fournir de la protéine de ver de farine.
> Lire aussi Emmanuel Faber devient associé du fonds de capital-risque Astanor Ventures
« Nous avons investi dans Ynsect, car la société retire une forte pression sur la biodiversité, en remplaçant les petits poissons transformés en poudre pour nourrir les poissons d’élevage par des protéines d’insectes », remarque Eric Archambeau, cofondateur d’Astanor Ventures. Ce fonds belge de capital-risque, créé en 2017 et doté de 264 millions d’euros, a accueilli, en octobre, un nouvel associé : Emmanuel Faber, ex-PDG de Danone. « Nous souhaitons investir dans des sociétés qui vont avoir un impact social et environnemental mesurable dans les secteurs alimentaire et agricole », déclare M. Archambeau. Il a d’abord misé sur le site de vente de produits frais La Ruche qui dit oui, et cherche maintenant des pépites dans le domaine de la protéine végétale.
Renforcer l’innovation au service de la souveraineté alimentaire
La protéine végétale, solution de remplacement à la protéine animale, est de plus en plus demandée par les consommateurs, ce qui séduit les fonds et les start-up. A l’image de la lyonnaise Hari & Co, qui commercialise des boulettes ou des galettes à base de légumineuse.
Mais l’offre s’étoffe surtout pour proposer des simili-œufs, laits, fromages, saucisses, steaks, poissons, ou des ingrédients de ces recettes. Astanor mise par exemple sur Baïo, dont l’ambition est de développer une caséine, et donc des fromages sans lait. Pour sa part, Algama s’est fixé comme objectif de créer des ingrédients à base de microalgues, et a lancé la mayonnaise sans œuf The Good Spoon.
Néanmoins, le rayon le plus fourni est celui des substituts au steak, à la charcuterie, voire au poisson concoctés à base de protéine végétale, que ce soit de pois, de soja, de blé ou de millet. Les Nouveaux Fermiers, rebaptisés HappyVore, La Vie, Nxtfood ou Kokiriki se disputent déjà la place sur les étals des supermarchés. Umiami est dans les starting-blocks. D’autres jeunes pousses privilégient la piste de la viande de synthèse, dite « cellulaire ». Tels Vital Meat ou Gourmey, qui cherchent respectivement à reproduire steak et foie gras en laboratoire.
Face à cette effervescence, le gouvernement a décidé de mieux identifier et accompagner les start-up de la Food tech, mais aussi de l’agritech au sein de la French Tech. Il en dénombre 215 prêtes à élaborer nos nouveaux menus, à robotiser les restaurants, à accélérer la livraison de repas sur le lieu de travail ou à domicile, et à transformer l’agriculture, que ce soit en robotisant les tâches ou en développant des fermes urbaines ou verticales. Le spectre est large. Le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, et le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, ont lancé l’initiative de la French AgriTech, fin août 2021. Avec l’objectif de renforcer l’innovation au service de la souveraineté alimentaire. Ils ont confié une mission à la Ferme digitale, chargée d’établir des propositions de structuration de cet écosystème.
> Lire aussi La crise due au coronavirus relance le débat sur la souveraineté alimentaire
Les ministres ont souligné le rôle joué par Bpifrance. La Banque publique d’investissement a accru son implication auprès de ces start-up, faisant passer ses financements de 80 millions à 135 millions d’euros entre 2018 et 2020. Le gouvernement irrigue aussi les projets avec le robinet du plan de relance et des investissements d’avenir. Il chiffre à 200 millions d’euros l’enveloppe dévolue à ce secteur sur cinq ans.
Discours bien rodé
« Nous avons reçu une subvention de 600 000 à 700 000 euros pour financer notre nouvel outil de production de charcuterie végane à Pontchâteau [Loire-Atlantique] », se félicite Thibault Jouault, cofondateur de l’entreprise Kokiriki. « Sur notre projet d’investissement industriel de 5 millions d’euros, nous avons reçu 1,4 million d’euros dans le cadre du plan de relance », témoigne pour sa part Laurent Coulloumme-Labarthe, cofondateur de la société Biogroupe située à Erquy, dans les Côtes-d’Armor. Il négocie une levée de fonds de 10 millions d’euros pour accroître ses capacités de production de boissons (kombucha), desserts et légumes bio et fermentés, et entrer dans les rayons de la grande distribution.
Si l’argent coule à flots, les actionnaires espèrent faire fructifier leur mise, soit en s’accordant sur une entrée en Bourse, soit en cédant l’entreprise. La famille Jouault a ainsi négocié en 2020 la cession au groupe Bel de All in Foods, forte de sa marque de fromage végan Nature & Moi. L’aventure n’est toutefois pas sans risque. La concurrence s’exacerbe avec l’arrivée sur ces marchés des grands groupes agroalimentaires et le foisonnement de start-up.
Autre sujet crucial : ces aliments doivent séduire le palais des consommateurs et les entreprises ne doivent pas les décevoir. Toutes ces start-up ont en effet un discours bien rodé sur l’impact environnemental positif de leur activité. Mais gare au retour de bâton ! Les Nouveaux Fermiers ont dû se rebaptiser HappyVore après une salve de critiques sur ce nom très éloigné de la réalité industrielle de leurs produits. Et cette société, qui mise sur le « made in France », refuse de dire où elle sous-traite la fabrication de ses lardons végétaux.
> Lire aussi Face au steak végétal, la France défend son bifteck
L’origine des ingrédients constitue également un enjeu, lorsque soja, coco, amande ou microalgues sont au cœur des recettes. Bernardo Sanchez Incera, ancien patron de Monoprix et actionnaire de Biogroupe, s’interroge, lui, sur l’ultratransformation de certains produits. « La protéine extrudée que l’on retrouve dans beaucoup de steaks végétaux n’est pas assimilable par l’organisme. Il n’y a pas de bénéfice nutritionnel », affirme-t-il. De son côté, l’américain Beyond Meat vient de subir un léger coup de froid en Bourse. L’action de cette société emblématique se négocie sous la barre des 100 dollars, en recul de 50 % depuis juillet. L’appétit des investisseurs est parfois versatile.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/10/ces-start-up-francaises-qui-composent-l-assiette-de-demain_6101563_3234.html>
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7- Tribune. « Le temps est venu de refonder la PAC dans les valeurs du Pacte vert européen », Le Monde, 12/11/21, 07h00 
Par Gilles Luneau, journaliste et réalisateur, auteur d’Atlas du climat

Alors que le Green Deal de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vise à mettre en place un système alimentaire durable au sein de l’Union européenne, la politique agricole commune relève désormais de « l’anachronisme politique, économique et écologique », explique le journaliste Gilles Luneau dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Avec pertinence et responsabilité, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, structure son mandat politique autour du Pacte vert (Green Deal), qui se décline en dix volets, et dont l’un des principaux est la stratégie « De la ferme à la fourchette ». Son but est de mettre en place un système alimentaire durable à l’horizon 2030, avec quatre objectifs :
• Réduire de 50 % l’utilisation des pesticides et des risques qui leur sont associés.
• Diminuer de 20 % au moins l’utilisation de fertilisants.
• Diminuer de 50 % les ventes d’antimicrobiens dans l’élevage et l’aquaculture.
• Atteindre 25 % des terres agricoles en agriculture biologique.
Cette proposition a été massivement soutenue par le Parlement européen, via la résolution adoptée le 20 octobre, par 452 voix pour, 170 contre et 76 abstentions. Par ce vote, les eurodéputés, toutes familles politiques confondues, souhaitent que la Commission fixe des objectifs ambitieux à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture afin de diminuer de 55 % les émissions de l’Union européenne (UE) en 2030. Ce qui est dans l’esprit et la lettre du volet climat du Pacte vert.
Industrialisation maximale
Ce double objectif de la Commission et du Parlement n’a qu’un seul obstacle : la politique agricole commune (PAC) ! Elle est un héritage du Vieux Monde forgé dans les décombres de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide qui lui succéda. Le monde bipolaire et positiviste des « trente glorieuses ».
> Lire aussi Le Parlement européen adopte à une large majorité la stratégie « De la ferme à la fourchette »
Nous devons à la politique agricole de cette époque d’avoir refondé l’Europe dans la paix et d’avoir, en subventionnant les volumes de production, regagné l’autosuffisance alimentaire de l’UE dès le milieu des années 1970, toutes productions agricoles confondues. En changeant la géopolitique mondiale, la chute du mur de Berlin et de l’empire soviétique a enivré l’Europe de croissance illimitée et sans frontières. Sous pression de l’Organisation mondiale du commerce, la PAC a alors rétribué les agriculteurs au prorata de leurs surfaces cultivées et les a mis en concurrence avec le monde entier. Ce choix a induit l’industrialisation maximale de l’agriculture.
Devenue dépendante des importations agroalimentaires, des pesticides, des engrais de synthèse, de l’énergie pétrolière, l’UE a perdu son autosuffisance alimentaire et ruiné une bonne partie de ses paysans. Ce que nombre d’économistes et d’intellectuels ont chanté comme un monde nouveau n’était que l’illusoire convulsion du même Vieux Monde se brisant sur la réalité de son bilan : une triple crise planétaire du climat, de la biodiversité et de la pandémie de Covid-19.
Nouvelle conscience mondiale des biens communs
L’inédite et cruelle perception par 7,8 milliards d’humains des limites physiques de leur planète esquisse une nouvelle conscience mondiale des biens communs et du devoir de les protéger. Une partie des solutions repose sur la façon dont nos sociétés occupent la surface terrestre, où l’agriculture joue un rôle de premier plan. Rappelons que l’agriculture est fondatrice de la civilisation et de la démocratie et que l’un des premiers devoirs d’un dirigeant politique est d’en assurer la bonne marche durable.
> Lire aussi L’intense lobbying de l’agro-industrie contre « Farm to Fork », le volet agricole du Pacte vert européen
Je ne déroulerai pas ici tous les archaïsmes agronomiques, économiques, environnementaux et sociaux de la PAC. Les rapports scientifiques sur le sujet s’entassent sur les étagères et s’il ne fallait en retenir qu’un, le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres suffit à clore le chapitre de l’agriculture dite conventionnelle et celui du dogme libertarien des avantages comparatifs assurant la suprématie économique des plus forts sur les plus faibles.
Je soulignerai simplement que cette vieille politique agricole mobilise 33,1 % du budget européen sans obligation de compatibilité des sommes versées avec la dynamique et l’ambition du Pacte vert. Ni aucune obligation de résultat.
Atteinte à la démocratie
Les lignes directrices de cette PAC ont été votées dans les dernières semaines de la mandature précédente avec la volonté délibérée de certains lobbys de priver la Commission et le Parlement, issus des dernières élections, de toute velléité d’atteintes aux rentes de situation de l’agriculture conventionnelle climaticide et écocidaire.
> Lire aussi La Commission européenne dévoile des feuilles de route ambitieuses pour la biodiversité et l’alimentation
Le temps est venu de tourner la page. Cette atteinte à la démocratie, à la liberté de décision de la Commission et à celle du Parlement est devenue inacceptable aux yeux de dizaines de millions d’Européennes et d’Européens, à qui l’UE demande l’effort de la révolution culturelle du Pacte vert. Cette révolution culturelle vitale ne peut s’accomplir sans révolution culturale, c’est pourquoi la Commission a eu la perspicacité de l’assortir de cette stratégie de la fourche à la fourchette. Alors pourquoi cette incohérence de la PAC dans le tableau ambitieux du Pacte vert ?
La Commission a le pouvoir de rectifier l’anachronisme politique, économique et écologique de la PAC en décidant de sa refondation dans les valeurs du Pacte vert et de la stratégie « De la ferme à la fourchette ». Elle a le pouvoir, le soutien du Parlement et le budget (celui de la PAC dont il faudra repenser les conditionnalités d’accès). La présidente de la Commission, qui a fait preuve de courage politique avec le Pacte vert, se saisira-t-elle du soutien massif du Parlement européen pour prendre rendez-vous avec l’histoire en inscrivant sa politique agricole dans l’esprit de ses propres lois et du temps ?
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/12/le-temps-est-venu-de-refonder-la-pac-dans-les-valeurs-du-pacte-vert-europeen_6101810_3232.html>
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8- L'Inde juge le projet de texte de l'OMC sur la pêche "faible" et favorable aux pays riches, AFP, 12/11/21, 11:00

Le projet de texte de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) visant à interdire les subventions facilitant la surpêche est faible, déséquilibré et favorable surtout aux pays riches, a déclaré à l'AFP un haut fonctionnaire du ministère indien du Commerce. 
Présenté le 8 novembre, le projet de texte révisé - visant à interdire les subventions qui contribuent à la surcapacité et à la surpêche et à supprimer celles qui favorisent la pêche illicite, non déclarée et non réglementée - doit être examiné au cours de la Conférence ministérielle du 30 novembre au 3 décembre à Genève, en Suisse. 
"Il ne change rien pour les grandes nations de pêche. Il est faible, déséquilibré et favorise les pays de pêche avancés", a déclaré vendredi à l'AFP le responsable du ministère indien du Commerce, sous couvert d'anonymat.
New Delhi soutient l'idée d'un pacte de l'OMC sur les subventions à la pêche, a-t-il ajouté, rappelant que les discussions en cours n'ont toujours pas abordé les sujets de préoccupation des pays en développement comme l'Inde. 
Le gouvernement indien avait prévenu cette année qu'il souhaitait que "les grands subventionneurs", comme les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, la Chine et l'Union européenne, "assument une plus grande responsabilité en diminuant leurs subventions et leurs capacités de pêche". 
"Tout accord doit reconnaître que les pays se trouvent à des stades de développement différents et que les accords de pêche actuels reflètent leurs capacités économiques actuelles", avait souligné le ministre indien du Commerce, Piyush Goyal, lors d'une réunion de l'OMC sur les subventions de la pêche en juillet dernier. 
Les discussions de l'OMC sur la pêche ont cours depuis deux décennies. 
Les subventions mondiales à la pêche sont de 14 à 54 milliards de dollars par an, selon l'OMC.
La cheffe de l'organisation Ngozi Okonjo-Iweala, qui a pris ses fonctions en mars, a fait de la conclusion d'un accord sur la pêche d'ici la fin de l'année une priorité.
"Les yeux du monde sont vraiment tournés vers nous", a-t-elle déclaré quand le président des négociations sur la pêche, l'ambassadeur colombien Santiago Wills, a présenté le nouveau projet de texte lundi. Ce texte devait être ensuite discuté article par article par les membres de l'OMC, dans l'espoir d'aboutir à une version consolidée avant la réunion ministérielle.
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20211112-l-inde-juge-le-projet-de-texte-de-l-omc-sur-la-pêche-faible-et-favorable-aux-pays-riches>
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9- Témoignage. Edouard Bergeon : « Enfant, je cultivais mon jardin potager, je vendais mes légumes », Le Monde, 12/11/21, 16h22
Camille Labro

Réalisateur, journaliste, restaurateur, agriculteur : Edouard Bergeon a de nombreuses casquettes. L’auteur du film « Au nom de la terre » a lancé l’année dernière une chaîne de télévision consacrée au monde agricole. 
« J’ai grandi dans la ferme familiale, à Jazeneuil en Poitou-Charentes, région de polyculture-élevage. Enfant, je cultivais mon jardin potager, je vendais mes légumes à la famille, je m’occupais des poules, je ramassais leurs œufs et parfois je les tuais pour me faire un peu d’argent de poche. J’allais vérifier le prix des denrées au supermarché et j’ajoutais deux francs au kilo car c’était bio et je les vendais directement à mes parents, en circuit court.
C’était l’école de la vie, une enfance heureuse, ancrée dans la terre et libre comme l’air, toujours à vélo, entouré de nature et d’animaux – jusqu’à mes 14 ans, lorsqu’un incendie a ravagé la ferme et détruit mon père, qui s’est suicidé peu après en avalant des pesticides. La vie ensuite a été très dure, on a vendu la ferme quatre ans plus tard, mais ma mère a continué d’exploiter les terres en location pour payer les dettes.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/le-monde-passe-a-table/article/2021/11/12/edouard-bergeon-enfant-je-cultivais-mon-jardin-potager-je-vendais-mes-legumes_6101871_6082232.html>
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10- Les familles d’agriculteurs morts auront droit à un capital décès de près de 3 500 euros, Le Monde avec AFP, 12/11/21, 21h18

La mesure votée par les sénateurs répond à un engagement du plan gouvernemental d’accompagnement des agriculteurs en détresse et de prévention du suicide, en permettant à la mutualité agricole d’améliorer l’aide apportée aux familles en cas de suicide. 
Elles n’y avaient pas droit jusqu’alors, à la différence des autres régimes de Sécurité sociale. Un capital décès de près de 3 500 euros sera versé aux familles des agriculteurs non-salariés mourant après une maladie, un accident ou un suicide, a voté le Sénat vendredi 12 novembre.
Les parlementaires ont adopté des amendements en ce sens venant des groupes RDSE (à majorité radicale) et Union centriste ainsi que du gouvernement, dans le cadre de l’examen en première lecture du projet de budget 2022 de la Sécu.
La mesure répond à un engagement du plan gouvernemental d’accompagnement des agriculteurs en détresse et de prévention du suicide, en permettant à la Mutualité sociale agricole d’améliorer l’aide apportée aux familles en cas de suicide du chef d’exploitation ou d’un membre de la famille travaillant sur l’exploitation.
> Lire l’enquête : Suicides d’agriculteurs, l’hécatombe silencieuse
Une réponse aux « attentes des familles endeuillées »
La corapporteuse Corinne Imbert (Les Républicains) a soutenu une mesure allant « dans le sens d’une plus grande équité » et qui n’entraînera pas de hausse de cotisation, comme s’y est engagé le gouvernement.
Par équité entre assurés agricoles, le montant du capital décès doit être équivalent à celui garanti aux ayants droit des salariés agricoles, soit un montant forfaitaire de 3 476 euros (valeur de 2021).
> Lire aussi « Prétendre défendre les agriculteurs dans les discours, tout en menant une politique qui les accule à la mort, est criminel »
Le Sénat avait lancé fin 2020 une consultation pour recueillir des témoignages de proches d’agriculteurs en difficulté ayant mis fin à leurs jours, afin « d’élaborer des pistes utiles et concrètes pour lutter contre ces drames silencieux ».
La proposition de ce capital décès figurait parmi les propositions à l’issue de la consultation. « Cela répond aux attentes de ces familles endeuillées », a souligné dans l’hémicycle le sénateur de l’Hérault Henri Cabanel (groupe RDSE).
> Lire aussi notre série sur l’« affaire Jérôme Laronze » : le parcours tragique d’un éleveur charolais déterminé à sortir du « circuit »
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/12/les-familles-d-agriculteurs-morts-auront-droit-a-un-capital-deces-de-pres-de-3-500-euros_6101904_3224.html>
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11- Après le vers de farine, le criquet migrateur autorisé dans les assiettes des Européens, Le Monde avec AFP, 12/11/21, 21h37 

C’est la deuxième autorisation par l’Union européenne d’un insecte comme aliment après le vers de farine en juin. Les insectes ont été identifiés comme une source de protéine alternative susceptible de permettre un système alimentaire plus durable. 
Après le vers de farine, le criquet migrateur se fraie un chemin vers l’assiette des consommateurs européens. La Commission européenne a autorisé, vendredi 12 novembre, la mise sur le marché en tant qu’aliment du Locusta migratoria, deuxième insecte ainsi reconnu par l’Union européenne (UE).
Il sera disponible en version surgelée, séchée ou en poudre, et sera vendu comme snack ou ingrédient d’un certain nombre de produits alimentaires, précise l’exécutif européen dans un communiqué.
Cette autorisation intervient après le feu vert de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), et un vote positif de la part des Etats membres. La première autorisation par l’UE d’un insecte comme aliment – les larves du ténébrion meunier, aussi appelées « vers de farine » – remonte à juin.
Riches en acides gras, protéines, vitamines, fibres et minéraux, les insectes sont considérés par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture comme des aliments très nutritifs et sains.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/12/apres-le-vers-de-farine-le-criquet-migrateur-autorise-dans-les-assiettes-des-europeens_6101905_3244.html>
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12- Brésil : déforestation record en Amazonie en octobre, AFP, 12/11/21, 22:00

La déforestation en Amazonie brésilienne a atteint 877 km2 en octobre, un record pour ce mois de l'année depuis cinq ans, selon les données officielles publiées vendredi, tandis que le gouvernement Bolsonaro a annoncé des objectifs climatiques ambitieux à la COP26.
À contre-courant de ces engagements, les alertes de déforestation enregistrées par le système de satellites de l'Institut national de recherches spatiales (INPE) ont atteint leur pire niveau pour un mois d'octobre depuis que ce système de calcul a été adopté, en 2016.
La surface déboisée dans la plus grande forêt tropicale du monde en octobre est 5% supérieure à la même période en 2020.
Depuis le début de l'année, la déforestation, que les spécialistes attribuent pour la plupart à des activité illégales de fermiers ou d'orpailleurs, a atteint 7.880 km2, un niveau pratiquement équivalent à celui de 2020 sur la même période (7.890 km2).
Ces chiffres demeurent alarmants pour un pays qui a signé à la COP 26 un accord international visant à mettre fin à la déforestation d'ici 2030.
Le gouvernement Bolsonaro a même annoncé qu'il avancerait de 2030 à 2028 l'échéance pour éradiquer la déforestation illégale au Brésil, qui abrite 60% de l'Amazonie. 
"Signer des accords ne change rien à la réalité des forêts. La déforestation et les incendies demeurent hors de contrôle et la violence contre les peuples indigènes ne cesse d'augmenter", a réagi Romulo Batista, de Greenpeace, dans un communiqué.
Selon lui, le gouvernement tente de "présenter le Brésil comme une puissance verte à la COP26" tandis que la déforestation ne cesse d'augmenter.
En octobre, l'INPE a par ailleurs recensé 11.549 foyers d'incendie en Amazonie, un chiffre très inférieur à celui de l'an dernier à la même époque (17.326), mais supérieur à celui d'octobre 2019 (7.855).
Le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, favorable à l'expansion d'activités minières ou agricoles dans des zones protégées, est accusé par les écologistes d'avoir privé de moyens humains et financiers les organes publics de préservation de l'environnement.
Un rapport du collectif d'ONG Observatoire du Climat a montré récemment que les émissions de CO2 avaient augmenté de 9,5% en un an au Brésil en 2020, en dépit de la pandémie. Au même moment, la moyenne mondiale baissait de 7%.
<https://www.geo.fr/environnement/bresil-deforestation-record-en-amazonie-en-octobre-207051>
Sur le même sujet : 
> Brésil : progression record de la déforestation en Amazonie <https://information.tv5monde.com/info/bresil-progression-record-de-la-deforestation-en-amazonie-433075>, AFP, 19/11/21, 06:00
> La déforestation de l’Amazonie brésilienne s’accélère, Le Monde avec AFP, 19/11/21, 07h02 
La plus grande forêt tropicale du monde continue de reculer, malgré les promesses faites par le gouvernement de Jair Bolsonaro à la COP26. Elle a perdu plus de 13 000 km2 en un an. 
Rien ne semble arrêter la déforestation de l’Amazonie brésilienne. Selon une estimation officielle publiée jeudi 18 novembre, celle-ci a encore augmenté de près de 22 % entre août 2020 et juillet 2021, par rapport à la période précédente. C’est le record des quinze dernières années.
L’exploitation dans la plus grande forêt tropicale du monde s’est étendue sur 13 235 km2 au cours de la période 2020-2021, la valeur la plus élevée depuis 2005-2006 (14 286 km2), selon les données du système de surveillance de la déforestation Prodes, de l’Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil.
> Lire aussi Au Brésil, la déforestation de l’Amazonie au plus haut depuis 2008
C’est la troisième année consécutive que la déforestation progresse depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui fait l’objet de critiques internationales pour avoir affaibli la surveillance des écosystèmes amazoniens et défendu les activités extractives dans les zones protégées.
Plus de militaires sur le terrain
Ces chiffres représentent « un défi pour nous et nous devrons être plus fermes face aux délits environnementaux », a reconnu le ministre brésilien de l’environnement, Joaquim Leite, lors d’une conférence de presse à Brasilia, peu après la publication du document.
Il a toutefois affirmé que ces données « ne reflètent pas exactement la réalité des derniers mois ». Le gouvernement brésilien dit avoir intensifié ses efforts pour lutter contre la déforestation illégale par une présence accrue de militaires dans les zones les plus touchées.
« A ceux qui persistent à commettre ces crimes environnementaux, (nous avertissons) que l’État brésilien va montrer sa pleine force en Amazonie », a déclaré le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Anderson Torres.
Dissimulation de données avant la COP26
« Ce résultat est le fruit d’un effort persistant, planifié et continu pour détruire les politiques de protection de l’environnement » sous le gouvernement Bolsonaro, a déclaré dans un communiqué Marcio Astrini, secrétaire exécutif de l’Observatoire du climat, qui regroupe les principales ONG et instituts environnementaux actifs au Brésil, dont le WWF et Greenpeace.
L’Observatoire a par ailleurs accusé le gouvernement d’avoir dissimulé les données jusqu’après la COP26, puisque le document, publié jeudi par l’INPE, lié au ministère des sciences, des technologies et de I’innovation, est daté du 27 octobre 2021.
> Lire aussi Démission du ministre de l’environnement du Brésil, impliqué dans des trafics de bois
« Le gouvernement avait déjà les données sur la déforestation en mains au moment de la Conférence sur le climat en Ecosse et les a délibérément omises », a déclaré l’ONG. Ce à quoi le ministre de l’environnement a répondu : « L’information que j’ai est qu’il a été divulgué aujourd’hui. »
La superficie du Liban déboisée tous les ans
À son arrivée au pouvoir en 2019, grâce en partie au soutien du puissant lobby de l’agronégoce, le président Bolsonaro a déclaré vouloir ouvrir les terres protégées et les réserves indigènes à l’agriculture et à l’extraction minière.
En résulte une moyenne annuelle de déforestation qui dépasse désormais les 10 000 km2 – la superficie du Liban − contre quelque 6 500 km2 pendant la décennie précédente.
Lors de la COP26 sur le climat, le Brésil s’est engagé à avancer de deux ans, de 2030 à 2028, la date limite pour éliminer la déforestation illégale sur son territoire, qui abrite 60 % de l’Amazonie. « Nous serons certainement plus fermes pour inverser les chiffres (de la déforestation) et atteindre l’objectif qui a été annoncé lors de la conférence », a conclu M. Leite lors de la conférence de presse.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/19/la-deforestation-de-l-amazonie-bresilienne-s-accelere_6102660_3244.html>
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13- Crises alimentaires, sanitaires, climatiques, du vivant… Faut-il changer nos repas ?, Blog Sentiers entre deux, 12/11/21
André-Jean Guérin

Des alimentations disruptives, smart, flexitarienne, s’annoncent-elle ?
Faut-il nous préparer à manger des insectes, des algues, des bactéries, de la viande synthétisée à partir de légumineuses ? Nos plantes alimentaires seront-elles génétiquement modifiées ? Nos plats composés à partir de molécules extraites et recombinées ?
Le concept d’aliments disruptifs (disruptive food) ou aliments perturbateurs, « correspond à toute expérience qui, à travers une invention (technologique, process, service, marketing, sociétale) permet la consommation d’un type d’aliment ou de produits auparavant tabous, interdits ou inconnus au sein d’une culture alimentaire donnée » [1]
De plus en plus d’entreprises semblent y croire et investissent en R&D pour développer de nouveaux aliments [2]. Les habitudes alimentaires sont profondément ancrées chez les individus et dans les société nous rappellent les sociologues, et les nouveaux aliments risquent même de bousculer l’ordre établi avec des produits auparavant tabous, interdits ou inconnus au sein d’une culture alimentaire donnée.
>> Suite à lire à :
<http://sentiers.eu/marcher-avec/cpp-comite-de-la-prevention-et-de-la-precaution/article/faut-il-changer-nos-repas>
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14- En 2016, l’Anses a enterré un rapport sur le glyphosate, Le Monde, 16/11/21, 10h26 
Stéphane Foucart

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail devait donner un avis sur la solidité des tests utilisés dans l’expertise européenne pour détecter une éventuelle génotoxicité des produits à base de l’herbicide controversé. 
Le 10 mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classait le glyphosate cancérogène probable pour l’homme et ouvrait une controverse durable sur la sûreté du pesticide de synthèse le plus utilisé en France et dans le monde. Deux semaines plus tard, cinq ministères saisissaient l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) d’un avis sur la question. La première partie de cette expertise a été publiée en février 2016. Selon nos informations, la seconde a été enterrée par l’Anses.
> Lire aussi Glyphosate : l’expertise européenne a exclu de son analyse l’essentiel de la littérature scientifique
C’est la première fois que le gendarme français des pesticides fait ainsi disparaître, hors de toute procédure, un projet d’expertise. « Une telle situation est inédite. Normalement, l’expertise, une fois enclenchée, ne peut être interrompue sans raison, dit un fin connaisseur de l’agence. C’est une garantie de l’indépendance du processus : une fois qu’une question a été posée à des scientifiques, l’agence ne doit pas pouvoir ignorer la réponse qu’ils apportent. »
Dans leur lettre de saisine, les tutelles de l’Anses lui demandaient d’éclairer les divergences entre le CIRC et l’expertise préliminaire européenne, conduite par l’Allemagne. Au contraire du CIRC, celle-ci dédouanait le glyphosate de tout potentiel cancérogène. Pour répondre, l’Anses avait réuni un groupe de quatre chercheurs extérieurs à l’agence – trois toxicologues et un épidémiologiste – et leur avait demandé deux rapports distincts.
> Lire aussi Réautorisation du glyphosate en Europe : la qualité des études réglementaires en cause
Divergence entre les expertises
Le premier sur les arguments en faveur ou en défaveur d’une classification du glyphosate pur comme cancérogène probable. Le second sur la robustesse des tests utilisés dans l’expertise européenne pour détecter une éventuelle génotoxicité (toxicité pour l’ADN) des herbicides à base de glyphosate – c’est-à-dire non pas la substance active seule, mais les produits tels qu’ils sont commercialisés.
Cette question est cruciale pour comprendre la divergence entre les expertises conduites par les agences réglementaires et le CIRC. Les tests pris en compte par les premières ne détectent pas de propriétés génotoxiques au glyphosate ou aux herbicides qui en contiennent, tandis que la grande majorité des études académiques considérées par le CIRC suggèrent, au contraire, que ces produits sont bel et bien génotoxiques. Des travaux publiés en janvier 2019 par Charles Benbrook, dans la revue Environmental Sciences Europe, ont documenté précisément cet hiatus.
> Lire aussi Glyphosate : pourquoi la cacophonie persiste sur l’herbicide controversé
Le premier volet du rapport, publié le 9 février 2016, estimait que le CIRC était allé trop loin dans sa classification du glyphosate, et qu’une classification de la substance comme cancérogène « suspecté » plutôt que « probable » pouvait alors « se discuter ». « Cet avis a pour objet de répondre à la première question posée, peut-on y lire. En ce qui concerne la deuxième question, les travaux du GECU[groupe d’expertise collective d’urgence] se poursuivent et feront l’objet d’un rapport additionnel en avril 2016. »
Justification surprenante
Interrogée, l’Anses confirme que ce deuxième volet a été présenté à son comité d’experts spécialisés (CES) sur les pesticides, au cours d’une réunion des 27 et 28 septembre 2016. « Ils [les membres du CES] l’ont vu une fois et ensuite le travail a été abandonné et laissé de côté parce que les travaux de l’Union européenne [sur le sujet] sont venus nous rattraper », dit-on à la direction des produits réglementés de l’Anses. Une justification surprenante, ce second rapport ayant été demandé non pour accompagner la procédure européenne, mais précisément pour évaluer sa solidité. La question posée aux experts était en effet de déterminer « si les études de génotoxicité réalisées sur la préparation représentative du dossier européen (…) sont suffisamment robustes compte tenu des protocoles utilisés ».
> Lire aussi Cancer et glyphosate : le complément d’expertise de l’Anses n’aura pas lieu
Pourquoi la réponse proposée par les experts sollicités par l’agence n’a-t-elle pas fait l’objet d’une délibération formelle et n’a-t-elle été ni rejetée, ni adoptée et publiée ? L’Anses admet ne disposer d’aucun document, décision écrite ou compte rendu délibératif, justifiant l’abandon du projet de rapport. Aucun des membres du CES de l’Anses que Le Monde a pu contacter ne se souvient de l’examen du texte ou n’a souhaité s’exprimer. Le président du CES, le toxicologue Eric Thybaud, désormais retraité, n’a pu être joint.
Quant aux deux auteurs du projet de rapport que Le Monde a pu identifier, il s’agit des toxicologues Bernard Salles (université de Toulouse, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, Inrae) et Fabrice Nesslany (Institut Pasteur de Lille). Le premier confirme avoir participé au projet d’expertise mais ne souhaite pas en détailler la teneur, ni le rendre public sans autorisation de l’Anses. Le second n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/16/en-2016-l-anses-a-enterre-un-rapport-sur-le-glyphosate_6102225_3244.html>
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15- L’Etat renonce provisoirement à privatiser le domaine de Grignon, Le Monde, maj le 16/11/21 à 10h47 
Denis Cosnard

Face à l’hostilité générale des élus, Matignon abandonne la vente au promoteur Altarea Cogedim du site pédagogique et agricole qui accueille AgroParisTech, dans les Yvelines. 
Inutile de s’entêter et d’aller vers un « fiasco programmé », surtout en pleine campagne présidentielle. Alerté de toutes parts sur les risques d’une opération devenue très polémique, le gouvernement a officiellement renoncé, lundi 15 novembre, à privatiser dans l’immédiat le domaine de Grignon (Yvelines), ce berceau de l’agronomie française qui accueille actuellement l’école d’ingénieurs AgroParisTech. Un peu comme il avait abandonné fin 2019 le gigantesque site de loisirs et de commerces Europacity envisagé dans le Triangle de Gonesse (Val-d’Oise).
Trois mois et demi après avoir annoncé la vente de Grignon au promoteur immobilier Altarea Cogedim, l’Etat remet ainsi en cause le projet qu’il avait lui-même choisi, après en avoir longuement dessiné les contours. « Il n’est pas possible de maintenir la procédure engagée », reconnaît un communiqué de la préfecture des Yvelines. Une nouvelle « procédure de cession » sera lancée « au second semestre 2022 », précise simplement la préfecture. Ce qui renvoie la décision finale – privatiser ou non, comment, et au profit de qui – au gouvernement qui sera issu des élections du printemps 2022. « Nous prenons acte de la décision de l’Etat », a sèchement réagi Altarea Cogedim lundi. Cette remise à plat marque l’échec d’une privatisation qui, depuis des mois, suscitait de plus en plus d’opposition.
Tout est parti de la volonté de regrouper les quatre sites d’AgroParisTech dispersés en Ile-de-France en un seul campus, sur le plateau de Saclay (Essonne), une « zone d’excellence » en matière de recherche. Lancé en 2008 sous Nicolas Sarkozy, le projet est ensuite validé par les équipes de François Hollande puis d’Emmanuel Macron. La vente du site parisien de Claude-Bernard et celle de Grignon doivent financer l’installation à Saclay.
Un dossier emblématique
C’est dans ce cadre que l’Etat organise, en 2020, un appel d’offres pour céder Grignon, un vaste et beau domaine qui, à une vingtaine de kilomètres de Versailles, comprend un château du XVIIe siècle, 130 hectares de terres agricoles, et plus de 133 hectares de bois. Quatre candidats répondent et, fin juillet, l’offre d’Altarea Cogedim, évaluée à 18 millions d’euros, est retenue. Le promoteur prévoit notamment de construire sur place une centaine de logements, une maison de retraite, une résidence pour personnes âgées, et d’accueillir des séminaires et divers événements dans le château, inscrit au titre des monuments historiques.
> Lire aussi A Grignon, les étudiants refusent que le domaine agricole et le château soient vendus au privé
Mais, au fil du temps, ce scénario suscite des réticences croissantes. Les étudiants, les anciens élèves montent au créneau, et le site est bloqué trois semaines. Les écologistes crient à la « bétonisation » d’un domaine emblématique, alors qu’il faudrait au contraire préserver les terres agricoles et améliorer l’autonomie alimentaire de l’Ile-de-France. Les communistes et La France insoumise y voient un nouveau cadeau fait aux « promoteurs assoiffés de terres et de biens publics ». La droite et les élus locaux se mobilisent eux aussi contre un projet dicté par la direction de l’immobilier de l’Etat, depuis Bercy, sans les associer. Avant même l’attribution du marché, la sénatrice (Les Républicains, LR) Sophie Primas met en garde le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie : « Attention, ce dossier est emblématique de tout ce qu’on reproche à la Macronie : on dit qu’on écoute les territoires, et on fait l’inverse. » Le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, saisit de son côté Jean Castex.
« On se remet tous autour de la table ! »
Le préfet des Yvelines, Jean-Jacques Brot, alerte également le premier ministre sur toutes les faiblesses, notamment juridiques, de l’opération. A la fin de l’été, il lui envoie une note, révélée par Mediapart, dans laquelle il souligne combien la transaction risque de devenir « un point de friction et de controverse », le symbole d’une cession bricolée par l’Etat pour un gain minime, au profit d’un opérateur « que seule anime une volonté de densifier par des logements de luxe la partie historique (…) et de thésauriser du foncier pour le reste ». « Il est certainement encore possible de s’épargner le funeste enclenchement de ce fiasco programmé », ajoute-t-il.
Pour l’Etat, la pression devient trop forte. Julien Denormandie confie une mission de concertation au directeur d’AgroParisTech, se range aux arguments des opposants, et au bout du compte, Matignon arbitre : le projet est suspendu. L’installation de l’école à Saclay en 2022 n’est pas remise en cause. En revanche, tout reste ouvert pour Grignon. « Cette victoire nous donne six à huit mois pour enrichir notre propre projet », se réjouit Mathieu Baron, le délégué général de l’association Grignon 2000, dont la proposition « d’intérêt général » à 13 millions d’euros était en concurrence avec celle d’Altarea Cogedim. « Je vais me battre pour qu’il n’y ait pas de logements, afin que le site ne soit pas démantelé et qu’il se concentre sur la recherche et la transition écologique, promet Nadine Gohard, la maire (sans étiquette) de Thiverval-Grignon. Maintenant, on se remet tous autour de la table ! »
> Lire aussi La vente du site pédagogique et agricole de Grignon rencontre une vive opposition
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/15/l-etat-renonce-provisoirement-a-privatiser-le-domaine-de-grignon_6102174_3244.html>
Sur le même sujet : 
> L’Etat renonce à vendre le domaine de Grignon au promoteur Altarea Cogedim <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/15/l-etat-renonce-a-vendre-le-domaine-de-grignon-au-promoteur-altarea-cogedim_6102124_3244.html>, Le Monde avec AFP, 15/10/21, 17h29
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16- Lait, viande et pouvoir : en Somalie, "le dromadaire est roi", AFP, 16/11/21, 14:00
Nick Perry

Ali Abdi Elmi a soif et son voyage à travers le désert somalien s'annonce long et pénible. Le nomade se tourne vers l'un de ses dromadaires, fait couler un peu de son lait dans une coupe en bois et se délecte d'une grande rasade.
"J'ai cinq enfants et nous dépendons tous du lait de dromadaire pour survivre", commente cet homme de 40 ans à la peau tannée par le soleil, rencontré à plus d'une heure de Hargeisa, au Somaliland, région du nord-ouest de la Somalie qui a fait sécession depuis 1991.
Pour beaucoup de Somaliens, le camélidé est un cadeau des dieux: source de lait et de viande, bête de somme des longues transhumances dans le désert et - tandis que les événements climatiques extrêmes se multiplient dans la Corne de l'Afrique - valeur refuge en temps de crise.
Réputé hautain et grincheux, le dromadaire est en Somalie célébré dans les chants populaires comme un symbole de prospérité. On l'échange lors des mariages ou pour régler des conflits.
L'élevage de dromadaires, ou d'autre animaux, est un pilier de l'économie de la Somalie, pays rural de quelque 15 millions d'habitants parmi les plus pauvres au monde, dévasté par les guerres et les catastrophes climatiques.
L'industrie du bétail est l'un des principaux contributeurs à la croissance économique en Somalie et représente, en temps normal, 80% des exportations selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Les dromadaires sont largement moins nombreux que les moutons et les chèvres. Mais avec sept millions de têtes, la Somalie en accueille l'un des plus importants cheptels au monde.
Conférant du respect à leur propriétaire, ils sont aussi une source de richesse. 
"Nous n'avons pas de pétrole. Les dromadaires sont notre pétrole", affirme Abdi Rashid, un marchand du plus grand marché au bétail de Hargeisa, capitale du Somaliland.
- Icône -
Une bête particulièrement robuste peut coûter jusqu'à 1.000 dollars (860 euros), estime Khosar Abdi Hussein, le chef du marché, où le lait est vendu frais et où même l'urine de dromadaire - à laquelle on prête de nombreuses vertus - est embouteillée.
Les ventes sont conclues par des poignées de mains serrées sous le secret des grands châles portés par les chameliers. Le nombre d'articulations et de doigts que l'on touche ainsi permet de déterminer le prix.
La transaction est finalisée par un transfert d'argent mobile, seule touche de modernité à ce commerce millénaire. 
"Les dromadaires sont très importants dans la culture somali parce que quelqu'un est considéré comme riche ou peut monter en statut social en fonction du nombre de dromadaires qu'il a", poursuit M. Hussein, qui affirme en posséder neuf. 
Mais en Somalie, où près de 70% de la population vit dans la pauvreté selon la Banque mondiale, peu de gens possèdent ne serait-ce qu'un seul dromadaire. 
M. Elmi fait partie des deux tiers de Somaliens qui élèvent du bétail et, bien qu'il en tire des revenus limités comparé aux marchands, il considère ses bêtes comme un don de Dieu. 
L'animal continue de produire du lait même dans les périodes de sécheresse, nourrissant les nomades qui peuvent passer un mois dans le désert sans autre moyen de survie. 
"Le lait est bon pour nous, parce que les chameaux paissent sur des arbres aux propriétés médicinales qui aident à combattre les maladies", raconte M. Elmi.
Dans les périodes difficiles, l'éleveur peut toujours vendre du lait pour acheter des biens essentiels pour sa famille.
Lorsque ce n'est plus suffisant, il peut faire abattre l'une de ses bêtes et vendre en ville sa viande, considérée comme un mets de choix. 
- Vie rude -
La vie des éleveurs est difficile et rendue plus dure encore par les pluies de plus en plus erratiques dans la Corne de l'Afrique qui s'assèche rapidement selon des scientifiques américains.
Le réchauffement climatique force les nomades à parcourir de plus grandes distances pour trouver eau et pâturages. 
Fin 2020, le cyclone Gati - la tempête tropicale la plus forte ayant jamais touché la Somalie - a tué des milliers de dromadaires et autres têtes de bétail. Les inondations avaient alors transformé le désert en mer.
Deux ans plus tôt, une sécheresse prolongée avait décimé jusqu'à 60% des troupeaux dans certaines parties du pays, selon la FAO. 
Ces pertes ont pour conséquence systématique d'augmenter la faim en Somalie, poussant des millions de personnes à fuir vers des villes qui leur sont étrangères.
Au Somaliland, les autorités veulent relocaliser ces déplacés le long du golfe d'Aden - un environnement inconcevable pour les gens du désert. 
Hussein, le patron du marché, ne voit pas les chameliers se convertir à la pêche : "Ici, le dromadaire est roi".
<https://information.tv5monde.com/info/lait-viande-et-pouvoir-en-somalie-le-dromadaire-est-roi-432658>
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17- La Commission européenne veut interdire l'importation de produits issus de la déforestation, Novethic, 18/11/21
Pauline Fricot

La Commission européenne a proposé de nouvelles règles visant à interdire l'importation de produits issus de la déforestation, comme le cacao, l'huile de palme ou le café. Les entreprises concernées devront mettre en place un système de traçabilité. Si le texte est salué par les ONG, celles-ci déplorent cependant des lacunes. 
C’est "la première loi au monde qui va mettre fin à la déforestation importée", s’enthousiasme le député européen Pascal Canfin sur le réseau social Linkedin. Dans le cadre de son Pacte Vert, la Commission européenne a proposé le 17 novembre une nouvelle réglementation visant à interdire l’importation au sein de l’Union européenne (UE) de produits dont l’exploitation provoque la destruction des forêts. Six produits sont visées par le texte : le café, le cacao, le bois, l’huile de palme, le soja et le bœuf. 
Dans les faits, une fois le texte adopté, les entreprises concernées devront apporter la garantie que les produits mis en vente sur le marché européen ne sont pas issus d’une parcelle déboisée après le 31 décembre 2020. Elles seront dans l’obligation de mettre en place un système de géolocalisation et de traçabilité de leurs produits jusqu’à la parcelle. L'Union européenne pourraient sanctionner les entreprises qui ne respecteraient pas ces exigences. Parallèlement, la Commission souhaite construire un classement des pays exportateurs en fonction des risques de déforestation.
Un défi ambitieux. Entre 1990 et 2020, le monde a perdu 420 millions d'hectares de forêts, une superficie plus vaste que celle de l'Union européenne et l’UE reste en 2021 le deuxième plus grand importateur de matières premières liées à la déforestation, estime le Fonds Mondial pour la nature (WWF). Elle est à l’origine de 16 % de la destruction associée au commerce international, derrière la Chine (24 %) mais devant l'Inde (9 %) ou les États-Unis (7 %).
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/l-union-europeenne-propose-une-loi-pour-interdire-la-deforestation-importee-en-europe-150320.html>
Sur le même sujet : 
> L’UE veut lutter contre la déforestation <https://www.ouest-france.fr/europe/ue/l-ue-veut-lutter-contre-la-deforestation-3fbac52a-47c2-11ec-adcb-13dc6f47ae64>, Ouest-France, 17/11/21, 19h28
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18- La flambée des prix alimentaires fait craindre une aggravation de la faim dans le monde, Le Monde, 19/11/21, 06h09
Mathilde Gérard

Selon l’indice de la FAO, les denrées de base ont augmenté de plus 30 % en un an. Combinée aux effets économiques de la crise sanitaire, cette inflation menace particulièrement un tiers de la population mondiale, déjà en insécurité alimentaire. 
Les prix mondiaux alimentaires n’ont pas été aussi hauts depuis dix ans. L’annonce, début novembre, par l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), que son indice mensuel de mesure des prix alimentairesavait atteint son niveau le plus élevé depuis juillet 2011, a fait l’effet d’une bombe. En douze mois, cet indicateur, qui agrège les prix sur les marchés internationaux de plusieurs denrées de base (céréales, sucre, viande, produits laitiers…), a grimpé de plus de 30 %. De quoi faire craindre une crise économique et alimentaire prolongée, alors que le monde n’en a toujours pas fini avec la pandémie de Covid-19 et que plusieurs pays remettent en place des mesures de restrictions.
Cette hausse des prix s’inscrit dans un panorama déjà préoccupant où près d’une personne sur dix souffre de la faim, et un tiers de la population mondiale est en insécurité alimentaire, c’est-à-dire qu’elle n’a pas accès de façon régulière à une alimentation adéquate.
En plus des pertes d’emplois et de revenus liés au Covid-19, l’inflation alimentaire vient ainsi rajouter un ingrédient au cocktail explosif de la faim. « Les voyants sont au rouge, on est dans une situation critique parce que la hausse de la faim est très nette, l’insécurité alimentaire est présente à la fois au Nord comme au Sud, et on a une population rurale très fragilisée et peu soutenue par les plans de réponse au Covid-19. On risque ainsi d’avoir une crise dans la crise », s’inquiète Valentin Brochard, chargé de plaidoyer au CCFD-Terre solidaire.
> Lire aussi Près d’un tiers de la population mondiale en insécurité alimentaire, en forte hausse en 2020
Plusieurs facteurs expliquent la flambée actuelle des prix : elle est d’abord le reflet de la progression continue du prix de l’énergie depuis 2020, ce que confirme une analyse de la FAO qui montre que cette hausse suit la même tendance que celle des coûts des engrais, pesticides et de l’énergie. Elle épouse aussi deux tendances lourdes de long terme : la multiplication des aléas climatiques dus au réchauffement (sécheresses, inondations…) et le développement des agrocarburants, qui entraîne une compétition entre produits agroalimentaires et énergétiques dans l’utilisation des terres arables.
« Une crise des filières agroalimentaires »
Pour chaque matière première, des facteurs indépendants contribuent par ailleurs aux évolutions : le blé (dont la tonne s’échange depuis la mi-novembre à un niveau historiquement haut de près de 300 euros) a pâti, en 2021, de mauvaises récoltes en Amérique du Nord. La production mondiale d’huile de palme est particulièrement faible, en raison notamment d’une pénurie de main-d’œuvre en Malaisie ; le cours des huiles végétales a ainsi pris 9,6 % entre septembre et octobre. La production de canne à sucre, pour sa part, fait les frais d’importantes gelées en juillet au Brésil, le premier exportateur mondial. Mais la conjonction de tous ces facteurs rend la situation particulièrement critique. « Chacune de ces cultures voit ses prix grimper pour des raisons propres, mais c’est très inquiétant qu’elles soient toutes en hausse au même moment », avertit Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO.
La montée des prix découle aussi de l’ajustement compliqué entre l’offre et la demande en période de pandémie. « Une grande partie des problèmes rencontrés sont logistiques ou liés à la disponibilité de la main-d’œuvre. C’est symptomatique du rebond de la demande dans une situation où la pandémie n’est pas encore maîtrisée », analyse William Masters, professeur d’économie de l’alimentation à l’université Tufts (Boston, Etats-Unis). « C’est la première crise alimentaire mondiale qui ne provient pas de la production agricole elle-même, mais qui est une crise des filières agroalimentaires », poursuit l’universitaire américain.
Si l’indice de la FAO ne reflète que partiellement le prix réellement payé par le consommateur, les hausses sont bien réelles dans de nombreux pays, en particulier ceux qui dépendent des importations. En Ouzbékistan par exemple, le gouvernement, qui traque l’« indice du plov », du nom du plat national composé de riz, bœuf, carottes, oignons et pois, a recensé une hausse de 30 % de celui-ci entre janvier et septembre.
> Lire aussi   « Je ne mange plus que la “mort subite” » : en Côte d’Ivoire, le prix des denrées alimentaires explose
« Ces hausses sont très préoccupantes car les populations se tournent vers des aliments moins chers, souvent moins sains, souligne Rob Vos, directeur de la division des marchés à l’International Food Policy Research Institute (Ifpri). Pour la sécurité alimentaire, on surveille beaucoup le prix des céréales, mais on voit que les matières premières non céréalières augmentent aussi, notamment les fruits et légumes. » 
Hausse du nombre de personnes en risque de famine
Pour avoir une approche plus fine du coût d’un régime équilibré, William Masters et ses collègues de l’université Tufts ont mis au point un autre outil de mesure, qui a permis aux Nations unies (ONU) d’estimer que trois milliards de personnes dans le monde (soit près de 40 % de la population) n’ont pas le pouvoir d’achat suffisant pour se nourrir sainement. « Nos indicateurs montrent que, depuis avril 2020, les fluctuations des prix payés par les consommateurs pour l’alimentation ont augmenté, et globalement leur moyenne est 3 % plus élevée que les prix des autres biens et services, précise William Masters. On peut supposer que si on maîtrise la pandémie, ce différentiel redescendra, mais entretemps, on est dans une période de forte volatilité. »
Pour l’heure, l’impact du bond des prix alimentaires ces derniers mois ne se traduit pas encore dans les données sur la faim dans le monde. Le dernier rapport annuel onusien sur le sujet, publié en juillet, a évalué que l’insécurité alimentaire a gagné autant de terrain en 2020 sous l’effet du Covid-19 que lors des cinq années précédentes cumulées. Concernant les situations les plus critiques, le Programme alimentaire mondial (PAM) a fait état d’une hausse du nombre de personnes en risque de famine, de 42 millions début 2021 à 45 millions fin octobre, particulièrement en Afghanistan, en Syrie et au Yémen. Selon le directeur du PAM, David Beasley, la situation pourrait empirer en raison de l’inflation.
> Lire aussi Faim dans le monde : « La vraie solution n’est pas de distribuer de la nourriture, mais d’aider les populations à produire »
« Il y a trois causes principales de la faim dans le monde – les conflits, le réchauffement climatique et les crises économiques, qui se sont amplifiées et aggravées sous l’effet du Covid-19, résume Nynne Warring, économiste au PAM. Les prix de l’alimentation jouent un rôle majeur : depuis deux ans, une partie de la population a déjà fait des compromis sur son alimentation, à cause des pertes d’emploi et de revenus. Non seulement elle a moins d’argent dans la poche, mais cela coûte plus cher d’acheter de la nourriture. »
Les ONG, de leur côté, regrettent le manque de mobilisation internationale, malgré la tenue en septembre d’un sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires. « Il faut faire très attention à ne pas reproduire la lenteur de la réponse à la dernière crise alimentaire de 2011-2012, quand la communauté internationale avait mis près d’un an à se réveiller sur le sujet », alerte Valentin Brochard, du CCFD-Terre solidaire.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/19/la-flambee-des-prix-alimentaires-fait-craindre-une-aggravation-de-la-faim-dans-le-monde_6102644_3244.html>
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19- Décryptage. Au Brésil, la déforestation de l’Amazonie, résultat de la politique de Jair Bolsonaro, Le Monde, 20/11/21, 15h00 
Bruno Meyerfeld (Brasilia, envoyé spécial)

En un an, 13 000 km2 de forêt tropicale ont disparu, un record. Le gouvernement dit aujourd’hui vouloir agir, mais son bilan en matière environnementale parle contre lui. 
Les années se suivent et se ressemblent, mais pour le pire. Au Brésil, la déforestation en Amazonie a une nouvelle fois atteint des niveaux records. En seulement un an, plus de 13 000 km2 de forêt tropicale ont été rasés, sur la période allant d’août 2020 à juillet 2021, selon les données transmises par l’Institut national de recherche spatiale (INPE). L’équivalent de la superficie d’un pays comme le Liban ; plus de 120 fois celle d’une ville comme Paris
Voilà quinze longues années que le Brésil n’avait pas connu de tels niveaux de destruction. Le nombre de kilomètres carrés de forêt tropicale détruit chaque année y a pratiquement doublé par rapport à 2018. Et la tendance va en s’accélérant : selon l’INPE, en une année seulement, la déforestation a augmenté de près de 22 %.
> Lire aussi Au Brésil, la déforestation de l’Amazonie au plus haut depuis 2008
Au cœur des accusations, on trouve encore et toujours Jair Bolsonaro. Arrivé au pouvoir en 2019, le président du Brésil s’est illustré en démantelant les institutions chargées de la protection de l’environnement. « Les chiffres de l’INPE n’ont malheureusement rien de surprenant. Ce président fait exactement ce qu’il a promis durant sa campagne. Il applique son programme », déplore Antonio Oviedo, chercheur à l’Institut Socioambiental (ISA).
Ces chiffres représentent néanmoins un camouflet sévère. Isolé depuis la sortie du pouvoir de Donald Trump, le gouvernement de Brasilia est désormais soumis à la pression intense et conjuguée des Etats-Unis et de l’Union européenne (UE) afin de réduire la destruction de l’Amazonie. Jair Bolsonaro, comprenant que les vents avaient changé, a promis de donner des gages.
Changement de ton
Du côté du gouvernement, fini les discours à l’emporte-pièce sur la fin des réserves indigènes et l’exploitation à tous crins de la forêt. « A ceux qui persistent à commettre ces crimes environnementaux, [nous avertissons] que l’Etat brésilien va montrer sa pleine force en Amazonie », a ainsi déclaré, jeudi, le ministre de la justice et de la sécurité publique, Anderson Torres, dans un changement bien notable.
Officiellement, le gouvernement est au combat. A trois reprises, depuis le début du mandat, les forces armées ont été mobilisées afin d’éteindre les incendies. Au mois de juin, un nouveau ministre de l’environnement a été nommé ; en lieu et place du très polémique Ricardo Salles, on trouve désormais le plus diplomate Joaquim Leite, ex-secrétaire à l’Amazonie et aux Services environnementaux au sein du ministère.
Récemment, plusieurs engagements concrets ont été pris. A la COP26 de Glasgow (Ecosse), le Brésil s’est engagé à mettre fin dès 2028 à la déforestation illégale en Amazonie, soit deux ans plus tôt que la date prévue initialement. Une annonce immédiatement saluée par les chancelleries occidentales.
> Lire aussi Au Brésil, au plus près des derniers peuples « isolés »
Mais problème : rien de tout cela n’a été suivi d’effet. Tout l’inverse. La déforestation en Amazonie brésilienne a atteint 877 km2 en octobre, un record depuis cinq ans. Selon le quotidien Folha de Sao Paulo, les opérations de l’armée brésilienne auraient coûté la somme de 550 millions de reais (86 millions d’euros, soit six fois le budget de l’Institut brésilien de l’environnement [Ibama]), mais n’ont pas eu la moindre efficacité sur le terrain.
Dissimulation avant la COP26
« Tout ça, c’est du maquillage vert. Des propos de façade ! », dénonce Cristiane Mazzetti, porte-parole de l’ONG Greenpeace au Brésil. Les organisations de défense de l’environnement accusent le gouvernement d’avoir eu connaissance des chiffres de la déforestation avant la COP26, et d’en avoir dissimulé les résultats. « Le Brésil signe des accords pour rassurer ses partenaires. Mais, à la maison, il poursuit sa politique anti-environnement », insiste-t-elle.
+ Graphique : Surfaces concernées par la déforestation en Amazonie <https://img.lemde.fr/2020/12/02/0/0/1050/684/1328/0/45/0/5eda30e_274941655-pla-4920-bresil-deforestation-web.png>
Des sanctions pourraient-elles être prises ? En octobre, l’ONG autrichienne AllRise a déposé une plainte à la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité » contre Jair Bolsonaro pour son rôle dans la déforestation. La Commission européenne projette quant à elle d’interdire l’importation de produits agricoles liés à la destruction de la nature, dont le soja et la viande bovine.
> Lire aussi « Il n’y a plus de limite ! » : au Brésil, la déforestation augmente, conséquence indirecte du coronavirus
Mais, dans les ambassades à Brasilia, on préfère croire à la bonne volonté du gouvernement. « On est heureux de voir que le discours a changé. Alors, c’est vrai qu’il y a aujourd’hui une contradiction entre les mots et les actes. Si ça continue, il pourrait y avoir rupture. Mais on pense que le Brésil peut bouger. On espère ne pas en arriver là », confie un diplomate européen en poste dans la capitale brésilienne.
Les déclarations les plus récentes n’ont rassuré personne. « Les attaques dont souffre le Brésil en relation avec l’Amazonie ne sont pas justes. Là-bas, plus de 90 % du territoire est préservé, il n’a pas changé depuis qu’il a été découvert en l’an 1500 », a expliqué Jair Bolsonaro le 15 novembre, niant tout problème lié à la déforestation. « Ce gouvernement ne changera jamais de ligne », tranche Antonio Oviedo.
L’Amazonie émet désormais plus de CO2 qu’elle n’en absorbe
La forêt pourrait atteindre sous peu un point de non-retour. Selon une étude publiée au mois de juillet par la revue Nature, une grande partie de la forêt amazonienne émettrait désormais plus de CO2 qu’elle n’en absorbe. « La déforestation et la dégradation de la forêt réduisent les capacités de l’Amazonie à agir comme puits de carbone », s’alarmaient les chercheurs à l’origine de l’article.
> Lire aussi « L’Amazonie brésilienne n’assure plus son rôle de poumon de la planète »
Les défenseurs de l’environnement mettent aujourd’hui tous leurs espoirs dans un homme âgé de 76 ans, Luiz Inacio Lula da Silva. L’ancien président est grand favori du scrutin suprême brésilien prévu pour octobre 2022 et ne se prive pas de rappeler les progrès effectués du temps où gauche était au pouvoir (avec une baisse de 80 % de la déforestation entre 2004 et 2012). Durant cette période, plusieurs scandales environnementaux avaient néanmoins fait grand bruit, dont le plus connu demeure la construction en Amazonie du barrage de Belo Monte sur le rio Xingu, dénoncé par les ONG.
« En cas de retour de la gauche, tout sera différent ! », assure néanmoins Alessandro Molon, député du Parti socialiste Brésilien (PSB, gauche), engagé sur les questions d’environnement. Ce dernier appelle à rien de moins qu’un « Green New Deal [pacte vert] » pour le Brésil : « Aujourd’hui, je me sens triste et honteux de voir mon pays dans cet état. On ne peut plus faire confiance à Bolsonaro. Seul un nouveau gouvernement peut permettre au Brésil de retrouver sa place dans la lutte pour la protection de l’environnement. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/20/au-bresil-la-deforestation-de-l-amazonie-resultat-de-la-politique-de-jair-bolsonaro_6102924_3244.html>
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En images
20- Dieppe : une conserverie itinérante pour cuisiner mieux et créer du lien, France 2, journal de 13h, 04/11/21

Réapprendre à cuisiner de façon saine et locale et créer du lien social grâce à un camion ambulant, c'est le principe de "La petite conserverie", dans la région de Dieppe.
Au volant de son camion, La petite conserverie, Augustine Normand sillonne la région de Dieppe (Seine-Maritime). Elle anime un atelier itinérant, pour apprendre à faire des conserves. Deux à trois fois par semaine, elle va à la rencontre des habitants. Et ça fonctionne : chaque semaine, son atelier fait le plein.
Faire des rencontres
Ce jour-là, il se déroule chez Clémence Hollmaert. La maraîchère pratique la permaculture et aime partager son savoir. "C'est l'occasion de faire découvrir de nouvelles pratiques agricoles. Les participants repartent avec des clés pour le refaire chez eux." Lors des ateliers, on apprend à cuisiner, à manger local, mieux et à ne rien jeter. Pour Grégory Célo, l'un des créateurs du projet de conserverie, les ateliers sont également des moments de rencontre. "On ne vient pas seulement pour faire de la cuisine, mais aussi pour faire des choses ensemble et créer du lien", témoigne-t-il.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/france/normandie/seine-maritime/dieppe-une-conserverie-itinerante-pour-cuisiner-mieux-et-creer-du-lien_4832919.html <https://www.francetvinfo.fr/france/normandie/seine-maritime/dieppe-une-conserverie-itinerante-pour-cuisiner-mieux-et-creer-du-lien_4832919.html>>
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21- Agriculture : la production de patate douce se développe en France, France 2, journal de 13h, 10/11/21

Originaire d'Amérique du Sud, la patate douce est l'un des trois légumes les plus consommés au monde. Or, depuis quelques années, sa production se développe également dans les Yvelines.
C'est l'un des trois légumes les plus consommés au monde. Il y a encore quelques années, on ne trouvait la patate douce que dans les rayons des légumes exotiques. Désormais, de plus en plus de personnes en consomment et elle est même cultivée en France. En mai dernier, Xavier Dupuis, agriculteur à la ferme des Garennes aux Mureaux (Yvelines), s'est lancé dans la culture de patate douce biologique et a appris peu à peu à manier le produit avec délicatesse, notamment lors de la récolte. L'agriculteur utilise une petite parcelle de 2 000 mètres carrés pour cultiver ses patates douces, lui qui dispose d'une exploitation de 111 hectares.
Un prix plus élevé que celui de la pomme de terre
Certains agriculteurs disposent de leur propre boutique à côté de leur champ. Une production locale qui attire les clients. Mais si le produit s'est démocratisé, son prix, 4,90 euros le kilo, reste plus élevé que celui de la pomme de terre. "La patate douce, on n'en produit pas beaucoup. On a souvent des ratés donc on est obligés de la vendre un petit peu cher", explique Simon Kiéné, ouvrier agricole à la ferme de La Haye aux Mureaux.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-la-production-de-patate-douce-se-developpe-en-france_4839963.html>
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22- Pêche : les poulpes envahissent la côte atlantique et les étals des poissonniers, France 2, journal de 13h, 12/11/21

L’invasion de poulpe qui touche la côte atlantique inquiète les marins-pếcheurs. Ils mangent tout, notamment les coquilles Saint-Jacques et les homards.
Au large des côtes atlantiques, les poulpes prolifèrent. Au port du Croisic (Loire-Atlantique), lors du déchargement des bateaux, les caisses en sont pleines. “Il n’y a que des poulpes”, confirme un pêcheur, qui, d’habitude, ramène des crabes et des homards. Cette fois, il en a pêché plus d’une tonne, contre 100 kg en temps normal.
Une augmentation des températures
“S’ils ont tout mangé, ça mettra quelques années à revenir. C’est l’avenir qui nous dira ce qu’il faut qu’on fasse”, s’inquiète Jerôme Debec. En un an au Croisic, les quantités de poulpe pếchées ont été multipliées par quinze. Selon des biologistes marins, cette hausse peut s’expliquer par une augmentation des températures l’an passé. Pour le moment, il se vend plutôt bien : autour de 7 euros le kilo. En raison de sa forte présence, les poissonniers locaux ont cependant moins de rougets, moins de soles ou d’autres variétés de petits poissons à proposer à leurs clients.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/france/pays-de-loire/loire-atlantique/peche-les-poulpes-envahissent-la-cote-atlantique-et-les-etals-despoissonniers_4842551.html>
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23- Le chanvre, du champ à l’immeuble, France 3 Ile-de-France, Le 19/20, 13/11/21

Construire un immeuble avec du chanvre, cette plante a des vertus multiples. A Boulogne-Billancourt, c’est un bailleur social qui vient d’inaugurer le plus haut immeuble d’Europe.
> Reportage à voir à partir de 00:01:48 à :
<https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/emissions/jt-1920-paris-ile-de-france>
Sur le même sujet :
> Hauts-de-Seine : une première européenne pour le béton de chanvre <https://www.batiactu.com/edito/hauts-seine-premiere-europeenne-beton-chanvre-58976.php>, Batiactu, 06/03/20, 12:10
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24- Brésil : la déforestation de la forêt amazonienne progresse de 22 % en un an, TV5Monde, 19/11/21
G. Lunkiesa

Entre 2020 et juillet 2021, la déforestation de l’Amazonie a progressé de 22 %. 13.000 km² de végétation ont été rasés, un record sur les quinze dernières années. Incendies multiples, activités minières illégales et cultures intensives menacent la forêt tropicale. Le gouvernement climato-sceptique de Jaïr Bolsonaro est pointé du doigt. En moyenne, c’est l’équivalent de la superficie du Liban qui est rayée chaque année.
> Vidéo à voir à : 
<https://information.tv5monde.com/video/bresil-la-deforestation-de-la-foret-amazonienne-progresse-de-22-en-un>
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