[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur énergies, ressources, transports, habitat, urbanisme & aménagement du territoire (vendredi 26 novembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Ven 26 Nov 08:10:09 CET 2021
Bonjour à tous,
Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants :
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1- Dévoilement du premier ferry maritime à hydrogène d’Europe <https://cordis.europa.eu/article/id/435312-unveiling-europe-s-first-hydrogen-powered-seagoing-ferry/fr>, Cordis pour Europa, 10/11/21
2- L’acier « décarboné » d’Ascoval, trop cher, pourrait être momentanément produit en Allemagne <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/18/l-acier-decarbone-d-ascoval-trop-cher-pourrait-etre-momentanement-produit-en-allemagne_6102616_3234.html>, Le Monde, maj le 19/11/21 à 03h00
3- La Norvège manque de voitures thermiques à taxer <https://korii.slate.fr/biz/automobile-norvege-manque-voitures-thermiques-taxer-electriques-impots-finances-publiques>, Korii, 19/11/21, 07h00
4- Vietnam : une île paradisiaque, livrée aux ambitions démesurées des promoteurs <https://information.tv5monde.com/info/vietnam-une-ile-paradisiaque-livree-aux-ambitions-demesurees-des-promoteurs-433229>, AFP, 20/11/21, 13:00
5- Isère : Le « béton de bois » TimberRoc affiche un bilan carbone négatif <https://www.20minutes.fr/planete/3174551-20211117-isere-le-beton-de-bois-timberroc-affiche-un-bilan-carbone-negatif>, 20 Minutes avec agence, 21/11/21, 14h05
6- Des habitants expropriés payent cher le retour du Moto GP en Indonésie <https://information.tv5monde.com/info/des-habitants-expropries-payent-cher-le-retour-du-moto-gp-en-indonesie-433363>, AFP, 21/11/21, 16:00
7- Dans le Var, les « déballes » de déchets du bâtiment en procès <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/21/dans-le-var-les-deballes-de-dechets-du-batiment-en-proces_6103056_3244.html>, Le Monde, 21/11/21, 20h06
8- Le premier navire au monde fonctionnant à l’ammoniac pourrait prendre la mer dès 2022 <https://dailygeekshow.com/navire-ammoniac/>, Daily Geek Show, 22/11/21
9- Deuxième édition du Fonds friches : 1133 hectares seront traités <https://www.actu-environnement.com/ae/news/2e-fonds-friches-38582.php4>, Actu-environnement, 22/11/21
10- Reportage (1er volet). Dans le Nevada, un projet de mine géante de lithium menace toute une région <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/23/dans-le-nevada-un-projet-de-mine-geante-de-lithium-menace-toute-une-region_6103223_3244.html>, Le Monde, 23/11/21, 05h48
11- Pas de risque de « black-out » d’électricité en France, même si l’hiver s’annonce « sous vigilance », selon RTE <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/23/electricite-l-hiver-s-annonce-de-nouveau-sous-vigilance_6103262_3234.html>, Le Monde, 23/11/21, 13h30
12- L’avenir du pétrole est derrière lui <https://www.lemonde.fr/blog/huet/2021/11/23/lavenir-du-petrole-est-derriere-lui/>, Blog Sciences, 23/11/21
13- Reportage (2e volet). Quand la Salton Sea se réinvente en « Lithium Valley » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/24/quand-la-salton-sea-se-reinvente-en-lithium-valley_6103346_3244.html>, Le Monde, 24/11/21, 05h24
14- Le charbon, un polluant incontournable dans le rude hiver afghan <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-charbon-un-polluant-incontournable-dans-le-rude-hiver-afghan_159394>, AFP, 24/11/21, 06h45
15- Au ministère comme sur TikTok, Djebbari promeut l’avion <https://reporterre.net/Au-ministere-comme-sur-Tik-Tok-Djebbari-promeut-l-avion>, Reporterre, 24/11/21, 09h31
16- Transition énergétique : les pays producteurs d'Afrique n'entendent pas renoncer au fossile <https://www.la-croix.com/Transition-energetique-pays-producteurs-Afrique-entendent-pas-renoncer-fossile-2021-11-24-1301186734>, AFP, 24/11/21, 09:43
17- Contrôle technique des deux-roues : radars antibruit et primes à la conversion comme mesures alternatives <https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/controle-technique-des-deux-roues-radars-antibruit-et-primes-a-la-conversion-comme-mesures-alternatives_2163030.html>, AFP, 24/11/21, 21:12
18- A Paris, le stationnement payant des deux-roues motorisés repoussé à septembre 2022 <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/25/a-paris-le-stationnement-payant-des-deux-roues-motorises-repousse-a-septembre-2022_6103617_3234.html>, Le Monde avec AFP, 25/11/21, 19h20
En images
19- Lyon : les terrasses chauffées interdites par le maire <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/restauration-hotellerie-sports-loisirs/lyon-les-terrasses-chauffees-interdites-par-le-maire_4856135.html>, France 3, Le 12/13, 23/11/21
20- Batteries électriques : une mine de lithium va-t-elle dévaster une vallée de 20 000 habitants en Serbie ? <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/alerte-pollution/video-batteries-electriques-une-mine-de-lithium-va-t-elle-devaster-une-vallee-de-20-000-habitants-en-serbie_4857641.html>, France 2, L’œil du 20h, 24/11/21
Bien à vous,
Florence
NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.
DOSSIER DU JOUR : C’est maintenant au tour du lithium d’attirer d'âpres convoitises et une exploitation débridée. (cf. item 10, 13 & 20)
TECHNOLOGIES DU JOUR : — Le projet HySeas III, premier ferry maritime d’Europe propulsé par des piles à combustible à hydrogène, a dévoilé ses premières images. (cf. item 1)
— L’entreprise CCB Greentech, basée à Beaurepaire (Isère), vient de mettre au point le premier « béton de bois » totalement écologique. Ce TimberRoc comportant 90 % de bois, du ciment et un additif à la composition secrète ne produirait en effet aucun carbone. (cf. item 5)
— Une filiale de la société minière australienne Fortescue Metals Group développe actuellement un navire qui devrait fonctionner presque entièrement à l’ammoniac. (cf. item 8)
BÉTON & BITUME DU JOUR : — 40.000 chambres d'hôtel, un téléphérique au Guinness des records, une Venise en miniature, 160 tonnes d'ordures générées chaque jour : l'île vietnamienne de Phu Quoc, a profité de la pandémie pour accélérer son développement, un bétonnage à haut risque pour le paradis tropical. (cf. item 4)
— L'île de Lombok a accueilli la première course de Superbike sur un nouveau circuit moto en Indonésie, mais le projet touristique dont le circuit fait partie a été critiqué par l'Onu pour des expropriations forcées. (cf. item 6)
MAFIA DU JOUR : Un préjudice évalué par la justice à plus de dix millions d’euros. Des zones naturelles classées, polluées à jamais par l’arsenic et le plomb. Des victimes traumatisées par le cynisme et la brutalité des procédés auxquels elles ont été confrontées avec des déversements sauvages de déchets de chantier organisés à grande échelle par 7 sociétés de bâtiment, travaux publics et transports du Var et des Alpes-Maritimes. (cf. item 7 & suite)
BONUS DU JOUR : Les friches représentent un gisement foncier dont la mobilisation et la valorisation contribuent à freiner l'artificialisation d'espaces naturels. (cf. item 9)
BOULIMIE DU JOUR : Bien des pays ne peuvent ou ne veulent renoncer aux énergies fossiles. (cf. item 14 & 16)
COMPLAISANCE DU JOUR : Après la suppression du contrôle technique par le gouvernement et la projection d’une prime à la conversion d'un montant pouvant atteindre 6.000 €, des « contraintes dites techniques » empêchent de mettre en place le stationnement payant des deux-roues motorisés à Paris dès janvier, comme cela avait été voté en juillet. (cf. item 17 & 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Démission de Nicolas Hulot <http://r.mail.fnh.org/mk/mr/AJw2TWE2FxIJSP_nUbGV9DBWuagtPvCD0f3UMdC7v_hbYNhvwTlMLGbkqJkb1odYvvFIVlg_nWk4LeTvVY7fmxpZY3vLRghbi-OJ57rhjJWzLJeJkBoYiolK7a2M> (24/11/21)
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Dévoilement du premier ferry maritime à hydrogène d’Europe, Cordis pour Europa, 10/11/21
À quoi ressemblera le premier ferry maritime d’Europe propulsé par des piles à combustible à hydrogène ? Le projet HySeas III, financé par l’UE, a publié les premières images à mesure que progressent les tests des composants clés du navire.
Les premières conceptions de ce qui deviendra le premier ferry maritime européen à pile à combustible ont été achevées, nous permettant de savoir à quoi ressemblera très probablement le navire. Développé dans le cadre du projet HySeas III, financé par l’UE, le ferry à double extrémité pour passagers et voitures pourra transporter 120 passagers et 16 voitures ou 2 poids lourds. Les conceptions, par AqualisBraemar LOC Group, fournissent un plan pour les futurs voyages en ferry zéro émission. «Voir les conceptions donne vie au projet», fait remarquer John Salton de Caledonian Maritime Assets Ltd (CMAL), partenaire du projet HySeas III, dans un communiqué de presse publié sur le site web de la société. «La conception du navire est largement basée sur nos plus grands navires de classe loch, qui sont à double extrémité. Une fois les conceptions approuvées, nous passerons à l’étape suivante du projet qui verra la construction du moteur utilisé dans les études de faisabilité», explique le gestionnaire de flotte et directeur de projets de CMAL. Le navire a été conçu pour parcourir la voie qui sépare Kirkwall de Shapinsay dans l’archipel des Orcades, au nord de l’Écosse continentale, où l’hydrogène est produit à l’aide de l’énergie éolienne. Cependant, le ferry pourra également opérer dans d’autres ports où de l’hydrogène pourrait devenir disponible. Selon le Rapport environnemental 2021 sur le transport maritime européen, les navires sont responsables de 13,5 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports dans l’UE. En ce qui concerne l’état des émissions du transport maritime au Royaume-Uni, John Salton fait observer : «Nous savons que le transport maritime reste le plus grand émetteur de gaz à effet de serre du Royaume-Uni, et notre projet Hyseas III ouvrira la voie au premier navire de haute mer utilisant des énergies purement renouvelables.»
>> Suite à lire à :
<https://cordis.europa.eu/article/id/435312-unveiling-europe-s-first-hydrogen-powered-seagoing-ferry/fr>
En savoir plus :
> HySeasIII, the project <http://www.hyseas3.eu/the-project/>
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2- L’acier « décarboné » d’Ascoval, trop cher, pourrait être momentanément produit en Allemagne, Le Monde, maj le 19/11/21 à 03h00
Laurie Moniez (Lille, correspondante)
Conséquence de la flambée du prix de l’énergie, une partie de la production de l’aciérie électrique Ascoval pourrait être délocalisée vers des hauts-fourneaux allemands plus polluants.
Comment concilier les ambitions françaises d’une industrie décarbonée avec la réalité ? Quelques jours après la clôture de la COP26 à Glasgow, l’annonce d’une possible délocalisation temporaire d’une partie de la production de l’acier « décarboné » de l’aciérie électrique nordiste Saarstahl Ascoval vers une autre usine polluante du groupe, en Allemagne, fonctionnant à partir de hauts-fourneaux au charbon et minerais, est un sacré pied de nez à la lutte contre le réchauffement climatique.
Conséquence de la flambée du prix de l’énergie, l’aciérie électrique Ascoval a vu la tonne de son acier « vert » passer de 200 euros à 300 euros et produit donc à perte depuis septembre. Dans un bref courriel, SHS-Saarstahl, le nouveau propriétaire allemand du site depuis août, explique : « Ascoval est un actif stratégique pour nous permettre de produire de l’acier vert. Malheureusement, la situation de marché actuelle est inattendue, disruptive et, nous espérons, de courte durée. » Le carnet de commandes de l’usine de Saint-Saulve est toujours plein mais les clients rechignent à voir répercuter sur leurs factures la hausse de 30 % du coût de l’acier.
> Lire aussi Ascoval, à Saint-Saulve : « Vous entendez le bruit ? Ça tourne dans l’usine »
« On marche sur la tête »
Parmi les solutions, SHS-Saarstahl étudie la possibilité de produire environ 40 % (soit 7 000 à 9 000 tonnes) de sa production mensuelle de rails petit format sur son site allemand. L’usine de Saint-Saulve fermerait la dernière semaine de décembre ainsi qu’une semaine par mois jusqu’à fin mars, le temps que le prix de l’électricité revienne à un niveau acceptable. « C’est hallucinant, dénonce le délégué syndical CGT Nacim Bardi. On était en pleine activité, on était passé à quatre équipes, on vient de recruter une trentaine de personnes, et, là, on va voir une partie de notre production être réalisée en Allemagne car l’électricité coûte trop chère ! On marche sur la tête. »
Les 300 ouvriers d’Ascoval craignent que le provisoire ne devienne pérenne. « On est dépités, soupire Nacim Bardi. Les clients comme la SNCF voulaient des rails “verts” et on va leur fournir du rail “noir”. » Pour honorer les commandes, les dirigeants devront décider dans les prochains jours, avant le CSE du 29 novembre, s’ils délocalisent provisoirement ou s’ils continuent de produire à perte sur le site d’Ascoval. Depuis cette annonce le 16 novembre, de nombreux élus des Hauts-de-France sont montés au créneau pour demander à l’Etat d’intervenir, notamment pour que le gouvernement propose des tarifs préférentiels d’électricité.
> Lire aussi Pour les aciéries, la facture d’électricité flambe
Du côté du cabinet de la ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, on annonce qu’Ascoval va changer de fournisseur d’électricité le 1er janvier 2022 et passer chez EDF, qui garantira un contrat plus stable. La SNCF, principal client d’Ascoval, va devoir également accepter de revoir son contrat puisque le prix de ses rails n’a pas été indexé sur les hausses actuelles. Or, le coût de l’électricité et de la ferraille est actuellement au plus haut en Europe.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/18/l-acier-decarbone-d-ascoval-trop-cher-pourrait-etre-momentanement-produit-en-allemagne_6102616_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/18/l-acier-decarbone-d-ascoval-trop-cher-pourrait-etre-momentanement-produit-en-allemagne_6102616_3234.html>>
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3- La Norvège manque de voitures thermiques à taxer, Korii, 19/11/21, 07h00
Repéré par Thomas Burgel sur Wired
Génial pour l'environnement, moins pour les finances publiques.
Le chiffre impressionne, plus encore s'il est comparé à la situation française: comme le relate Wired, 77,5% des véhicules achetés en Norvège en septembre 2021 étaient électriques quand, malgré une très forte progression, le même chiffre n'était que de 7,9% en France sur les premiers mois de la même année.
La Norvège, qui tire pourtant ses grandes richesses du pétrole, qu'elle exploite jusqu'ici abondamment, notamment son colossal fonds souverain, est donc en passe de réussir dès demain ou presque le pari que toutes les autres nations «vertes» rêvent d'atteindre un jour: ne plus vendre de véhicule à essence ou au diesel d'ici à 2025.
C'est bien sûr une excellente nouvelle pour l'environnement et un meilleur contrôle des émissions de gaz à effet de serre. Et c'est à la fois un modèle à suivre, mais un casse-tête pour les finances publiques du pays : la Norvège manque désormais cruellement de véhicules à taxer.
Car cette réussite est à mettre sur le compte de larges et anciennes incitations fiscales en faveur de l'électrique, qui, aujourd'hui, coûtent si cher au pays que son gouvernement de centre-gauche fraîchement élu pourrait décider de revenir en arrière.
>> Suite à lire à
<https://korii.slate.fr/biz/automobile-norvege-manque-voitures-thermiques-taxer-electriques-impots-finances-publiques <https://korii.slate.fr/biz/automobile-norvege-manque-voitures-thermiques-taxer-electriques-impots-finances-publiques>>
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4- Vietnam : une île paradisiaque, livrée aux ambitions démesurées des promoteurs, AFP, 20/11/21, 13:00
Tran Thi Minh Ha et Alice Philipson à Hong Kong
Des milliers de chambres d'hôtel, un téléphérique au Guinness des records, une Venise en miniature : l'île vietnamienne de Phu Quoc, qui a rouvert samedi au tourisme international, a profité de la pandémie pour accélérer son développement, un bétonnage à haut risque pour le paradis tropical.
Quelque 200 Sud-Coréens ont les été premiers visiteurs étrangers depuis 20 mois à débarquer sur l'île, nichée à quelques encablures du Cambodge, dans les eaux cristallines du golfe de Thaïlande.
"C'est la première fois que je quitte la Corée du Sud depuis le début de la crise sanitaire (...) Je me sens en sécurité. On est tous vaccinés", commente à l'AFP Tae Hyeong Lee.
Le groupe logera dans un resort de 12.000 chambres, pourra se promener en gondole, s'étourdir sur les manèges du parc d'attractions, taper la balle sur un 18 trous immaculé, nourrir les girafes au zoo safari et jouer à la roulette dans un casino digne de Las Vegas.
"Je suis tellement excitée à l'idée d'accueillir nos premiers visiteurs", s’enthousiasme Ngo Thi Bich Thuong, employée du gigantesque complexe, baptisé Phu Quoc United Center.
Sur plus de 1.000 hectares et des kilomètres de littoral au nord-ouest de l'île, il a ouvert ses portes il y a six mois, en pleine pandémie.
Le puissant conglomérat vietnamien VinGroup (BTP, tourisme, automobile, centres commerciaux, éducation...) a investi 2,8 milliards de dollars dans le projet.
Les ambitions du groupe du milliardaire Phạm Nhật Vượng sont grandes: faire de Phu Quoc "une nouvelle destination internationale sur la carte touristique mondiale".
- 40.000 chambres d'hôtel -
Le bétonnage se propage ailleurs sur l'île.
"En tout, 40.000 chambres d'hôtel ont été construites, sont prévues ou en cours de construction", relève Ken Atkinson, vice-président du Conseil consultatif du tourisme vietnamien. "C'est plus de clés d'hôtel qu'à Sydney".
Au sud, un autre promoteur, Sun Group, a investi dans des parcs de loisirs et un téléphérique de près de 8 kilomètres, l'un des plus longs du monde, enregistré au Guinness des records.
"L'île d'émeraude" est longtemps restée à l'écart des circuits touristiques, se consacrant à la pêche, la culture du poivre vert et l'élevage de perles.
La nature y est si florissante qu'en 2006 elle est classée "réserve mondiale de la biosphère" par l'Unesco.
Mais les plages de sable blanc ne tardent pas à attirer les investisseurs qui rêvent d'en faire un nouveau Phuket, l'île thaïlandaise qui a accueilli dix millions de visiteurs internationaux en 2019.
En 2012, un aéroport international est ouvert à Phu Quoc. Sept ans plus tard, cinq millions de touristes, dont plus de 500.000 étrangers - des Chinois, Russes, Japonais, Sud-Coréens - déferlent sur les plages.
- "Déluge de plastique" -
Même si une partie de l'île reste classée zone protégée, ce développement éclair inquiète.
"Phuket a mis des années à grandir, mais le Vietnam a tendance à vouloir tout faire d'un seul coup", déplore Ken Atkinson. "Je ne pense pas que l'on accorde suffisamment d'attention à ce qui serait dans l'intérêt à long terme de Phu Quoc".
Les eaux cristallines regorgent de récifs coralliens et les plages étaient autrefois des lieux de ponte plébiscités par les tortues vertes et les tortues imbriquées, des espèces menacées.
Aucune nidification n'a eu lieu ces dernières années, relevait l'UNESCO en 2018.
Et les déchets plastiques engendrés par le tourisme ont déjà eu un effet désastreux sur l'écosystème.
Avant la pandémie, environ 160 tonnes d'ordures étaient générées chaque jour, d'après le Fonds mondial pour la nature (WWF).
L'organisation dénonçait "un déluge presque inimaginable de plastique" qui menaçait la vie marine. Elle mettait en garde contre une gestion des déchets "inadaptée" face à l’explosion du tourisme.
"De plus en plus de visiteurs sont conscients de l'environnement, ils ne voudront pas se rendre sur des plages jonchées de détritus ou se baigner dans une mer polluée par les eaux usées", prévient Ken Atkinson.
Mais les habitants, coupés de la manne financière des touristes étrangers depuis des mois, ont hâte de voir les affaires repartir.
"Si Phu Quoc ne se développait pas, ce ne serait qu'une perle non découverte", estime Chu Dinh Duc qui a monté une petite structure hôtelière à l'écart des gigantesques ressorts.
Lai Chi Phuc, guide touristique, attend aussi avec impatience le retour des visiteurs.
"Tout le monde voulait s'échapper de Phu Quoc quand j'étais enfant", se souvient le jeune homme de 33 ans, parti longtemps travailler sur le continent. "Grâce aux touristes, j'ai pu enfin revenir dans mon île".
<https://information.tv5monde.com/info/vietnam-une-ile-paradisiaque-livree-aux-ambitions-demesurees-des-promoteurs-433229>
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5- Isère : Le « béton de bois » TimberRoc affiche un bilan carbone négatif, 20 Minutes avec agence, 21/11/21, 14h05
Construction. Le groupe Lafarge, séduit par l’innovation, a investi dans le capital de CCB Greentech
Bilan carbone négatif pour l’entreprise CCB Greentech, basée à Beaurepaire (Isère), qui vient de mettre au point le premier « béton de bois » totalement écologique. Ce TimberRoc comportant 90 % de bois, du ciment et un additif à la composition secrète ne produirait en effet aucun carbone, indique France 3 Auvergne Rhône-Alpes.
Il est par ailleurs produit avec du bois issu de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « C’est le mécanisme de la photosynthèse : un arbre sain va capter du dioxyde de carbone pendant sa croissance, a expliqué Laurent Noca, cofondateur de CCB Greentech. Nous emprisonnons ce carbone dans le béton de bois sur un temps long, ce qui nous permet d’avoir ce bilan carbone négatif. »
Trois fois plus léger que le béton classique
En plus de posséder des qualités écologiques indéniables, le TimberRoc serait trois fois plus léger que le béton classique grâce aux caractéristiques du bois. Ainsi, les panneaux sont facilement modulables et constituent un excellent isolant. « Tout ce savoir-faire que l’on a accumulé depuis quinze ans, aujourd’hui on l’a mis en licence technologique auprès d’industriels. Ils vont désormais pouvoir fabriquer ce béton de bois, le mettre en œuvre et le commercialiser pour des chantiers variés », s’est félicité Laurent Noca.
L’innovation que représente le TimberRoc a séduit le groupe Lafarge, spécialisé dans les matériaux de construction, qui a investi dans le capital de CCB Greentech.
<https://www.20minutes.fr/planete/3174551-20211117-isere-le-beton-de-bois-timberroc-affiche-un-bilan-carbone-negatif>
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6- Des habitants expropriés payent cher le retour du Moto GP en Indonésie, AFP, 21/11/21, 16:00
Haeril Halim, avec Lucie Godeau à Jakarta
L'île de Lombok a accueilli dimanche des milliers de fans pour la première course de Superbike sur un nouveau circuit moto en Indonésie, mais le projet touristique dont le circuit fait partie a été critiqué par l'Onu pour des expropriations forcées.
Plusieurs villages ont été déplacés de gré ou de force et une quarantaine de familles restent bloquées au centre du circuit de Mandalika, résistant aux intimidations pour céder leurs terres.
Avec une population de plus de 270 millions d'habitants, qui se déplace surtout en deux roues, l'Indonésie compte l'une des plus grandes communautés de fans de courses de moto sur la planète.
L'épreuve de Superbike dimanche, sur le circuit de 4,3 km aux 17 virages, est un prélude à celle du Moto GP, la catégorie reine des Grands Prix de moto, qui se tiendra en mars 2022 à Lombok, île voisine de Bali.
"Je suis venue pour voir le World Superbike. C'est vraiment cool et je peux à peine croire" que l'Indonésie a ce circuit, lance Rini Yuniarti, venue de Bali.
Avec le projet Mandalika, le gouvernement indonésien espère la création de milliers d’emplois et attirer jusqu’à 2 millions de touristes étrangers par an grâce au circuit de Moto GP et un complexe hôtelier dans une zone de plus de mille hectares bordée de plages de sable blanc.
Mais le projet a donné lieu à de nombreux conflits entre les habitants expropriés et les autorités.
Au centre du circuit, un panneau indique "cette terre appartient à l'Etat", mais Abdul Latif, 36 ans, est resté avec ses quatre enfants car il n'a pas reçu les compensations promises.
"La vie est très difficile ici en ce moment (...) l'accès a été très restreint. Nous jouons au chat et à la souris avec la sécurité qui garde la zone".
Les puits ont été asséché pendant six mois et les vaches sont devenues maigres, dit-il.
- Difficile d'aller à l'école -
Un voisin âgé de 54 ans, Abdul Kadir, se plaint que les jeunes puissent difficilement aller à l'école car ils sont bloqués sur le chemin par la sécurité.
Pour que le circuit soit prêt à temps, des évacuations forcées ont eu lieu et certains résidents ont été contraint d'accepter des compensations sous-évaluées, explique l'avocat spécialisé dans les droits humains Widodo Dwi Putro.
Sibawai, un fermier de 53 ans a perdu l'essentiel de son terrain. Il raconte que les autorités ont essayé de l'expulser plusieurs fois. Mais en janvier 2021 il n'a pu s'y opposer.
"Ils ont déployé quelque 700 policiers. J'ai essayé d'empêcher les bulldozers d'entrer sur mon terrain mais on m'a expulsé".
De nombreux habitants ont dû récupérer les restes de leurs ancêtres enterrés dans la zone du chantier pour les transporter ailleurs.
- Appel au respect des droits humains -
Des experts mandatés par l’ONU ont appelé en mars le gouvernement indonésien et les entreprises impliquées dans le projet "à respecter les droits humains".
Selon le rapporteur spécial sur les droits de l’homme Olivier De Schutter, ce projet "a donné lieu à des plaintes pour accaparements de terres, évictions de communautés autochtones de l'ethnie Sasak et intimidations et menaces à l'encontre de défenseurs des populations locales".
Plusieurs sociétés internationales, bien qu'associées au projet initial de trois milliards de dollars, ont démenti à l'AFP y prendre encore part, dont le constructeur Vinci et le Club Med.
Mais le groupe Accor exploite un Novotel sur place et termine la construction d'un hôtel Pullman.
Accor a indiqué à l'AFP ne pas avoir "connaissance de plaintes en cours qui viseraient le groupe" et souligne ne pas être propriétaire du terrain ou de l'hôtel, qu'il gèrera pour la société publique indonésienne Indonesia Development Tourism Corporation (IDTC).
La Banque asiatique d’investissement en infrastructure (AIIB), qui doit apporter 250 millions de dollars au projet, a réalisé sa propre étude et souligne ne pas avoir identifié de violations des droits de l'homme.
Lombok, fait partie des "dix nouveaux Bali", les régions où l'Indonésie veut développer le tourisme en priorité.
Cette île pauvre peine à se reconstruire depuis qu'un fort tremblement de terre l'a frappée en 2018 faisant plus de 500 morts.
Pour la plupart des habitants, les billets pour les courses de moto sont trop chers, et certains en sont réduits à regarder la course depuis une colline qui surplombe le circuit.
Le risque de tremblements de terre et tsunamis qui pèsent sur le site inquiète Maharani, un défenseur de l'environnement de l'ONG Lombok Research Centre.
"Un glissement de terrain pourrait recouvrir le circuit. Et en cas de tsunami, il pourrait être submergé", dit-il.
Au centre du circuit, Abdul Latif n'a pas le cœur à regarder la course. "Je me sens abandonné et isolé. Comme un oiseau en cage".
<https://information.tv5monde.com/info/des-habitants-expropries-payent-cher-le-retour-du-moto-gp-en-indonesie-433363>
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7- Dans le Var, les « déballes » de déchets du bâtiment en procès, Le Monde, 21/11/21, 20h06
Gilles Rof (Trans-en-Provence (Var), envoyé spécial)
Le tribunal de Draguignan juge, à partir du 22 novembre, un réseau de sociétés qui organisait des déversements sauvages de déchets de chantier dans des zones naturelles. Le phénomène perdure.
Un préjudice évalué par la justice à plus de dix millions d’euros. Des zones naturelles classées, polluées à jamais. Des victimes traumatisées par le cynisme et la brutalité des procédés auxquels elles ont été confrontées. Le procès qui s’ouvre, lundi 22 novembre, devant le tribunal judiciaire de Draguignan (Var) est celui d’une atteinte à l’environnement de grande échelle. Pendant cinq jours, durée inédite pour un procès traitant de dépôts sauvages de déchets de chantier, sept sociétés de bâtiment, travaux publics et transports du Var et des Alpes-Maritimes, dont une sans existence réelle, et onze prévenus sont jugés pour abandon et gestion irrégulière de déchets en bande organisée sur vingt et un sites de l’arrière-pays.
La majorité des mis en cause répondent aussi d’escroquerie en bande organisée, de menaces de mort ou d’extorsions par violence. Et d’infractions à la législation du travail. Ils encourent des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison et un million d’euros d’amende. Partie civile, l’association France Nature Environnement (FNE), dont certains membres ont activement participé à la dénonciation de ces « déballes » sauvages, chiffre à 250 000 euros son préjudice moral, regrettant des « manœuvres illégales extrêmement impactantes pour l’environnement ».
Un don de terre végétale
Sur son terrain de Trans-en-Provence, classé en zone naturelle sur le plan d’urbanisme de cette petite commune du Haut-Var, Marc – le prénom a été modifié –, 68 ans, reste interdit face aux montagnes de déchets qui bouchent encore son horizon. Comme la plupart des victimes de ce réseau, cet ingénieur de formation refuse de voir sa véritable identité dévoilée, par crainte de représailles. L’émotion l’étrangle quand il raconte ce qu’il appelle son « calvaire ». En décembre 2018, ce retraité répond à une annonce postée sur le site Leboncoin. Son interlocuteur propose un don de terre végétale. Lui en a besoin pour créer un potager. « Il me fallait 300 m3 environ », explique-t-il. Une semaine plus tard, un incessant défilé de camions – « près d’une centaine, certains jours » insiste-t-il – afflue dans son bout de colline provençale, perché en haut d’un chemin étroit, et déverse résidus de chantiers de démolition, ferrailles, plaques de goudron et briquettes concassées, glaise. Un relevé géométrique estimera à 5 000 m3 le volume déposé.
Trois ans plus tard, blocs de béton armé, plastiques et morceaux de bitume émergent encore des tas terreux compactés par les pluies. Noyés sous les couches, chênes verts et pins étouffent, quand ils n’ont pas été déracinés. Aux enquêteurs, Marc a raconté les menaces de mort lorsqu’il a tenté d’empêcher les entrées en force sur sa propriété. Les entrepreneurs « m’ont dit que, dans notre milieu, les problèmes se règlent à coups de fusil », témoigne-t-il. « J’ai peut-être été naïf, mais j’étais désemparé. J’avais acheté ce terrain pour passer une belle retraite, aujourd’hui, je suis suivi pour dépression », explique-t-il. Marc s’est porté partie civile dans l’espoir que le procès marquera « une rupture avec ces pratiques scandaleuses et dangereuses ».
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Pollutions à l’arsenic et au plomb
A quelques kilomètres de ce terrain, dont la remise en état est estimée à 180 000 euros, des viticulteurs demandeurs de terre végétale pour aménager de nouvelles parcelles ont été submergés par ce même réseau que la presse locale a surnommé « la mafia des déchets ». Des déversements, réalisés sans autorisation préalable et sans traçabilité des déchets, ont fait monter le niveau de certains terrains de quinze mètres. Au château de Thouar, dans la commune voisine du Muy, des analyses réalisées par la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) ont relevé des pollutions à l’arsenic et au plomb, impactant 240 tonnes de terre.
Le code de l’environnement est clair. Il stipule que la gestion des déchets est de la responsabilité de ceux qui les produisent ou les détiennent, « jusqu’à leur élimination ou valorisation finale ». Les entreprises du BTP doivent ainsi utiliser des sites agréés, notamment les installations de stockage de déchets inertes (ISDI). Les déballes sauvages sont des aubaines financières. Selon l’enquête, « le traitement régulier d’un camion de 20 tonnes dans un centre de traitement des déchets agréé revient entre 180 et 270 euros hors taxes. Sur les sites illégaux, les entreprises payaient 50 euros le camion, sans taxe. Soit plus de quatre fois moins. »
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L’instruction, basée sur le travail de près de 200 gendarmes, des procès-verbaux et des écoutes téléphoniques, révèle un système organisé et répétitif, orchestré par un quarteron de sociétés. Certaines remportaient des marchés de démolition et de déblaiements sur des chantiers du Var et des Alpes-Maritimes, en proposant des prix serrés. D’autres, spécialisées dans le transport et le terrassement, cherchaient des sites de déchargement. Une vingtaine aurait ainsi été ouverte sur des terrains privés et publics entre 2017 et 2020, pour des volumes de plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes.
Un fléau endémique dans le Var
Les différents prévenus étaient en contact régulier, s’entraidant parfois pour trouver des destinations aux camions, s’affrontant pour récupérer des déballes à leur seul profit, se menaçant même entre eux. La règle du milieu veut que celui qui trouve un site encaisse une dîme pour chaque camion déversé par les autres entreprises. Entendue à titre de témoin, une salariée d’une des sociétés incriminées a expliqué aux enquêteurs que 90 % des déchets atterrissaient dans des dépôts illicites : « dix à quinze camions par jour, sur une période de plusieurs semaines, jusqu’à ce que la police débarque ou que la déballe soit pleine ».
Dans le Var, et plus largement dans le Sud-Est, le fléau des décharges sauvages est endémique. Selon le plan régional de gestion des déchets, publié en juin 2019, quatorze millions de tonnes de déchets sont produites par an par le secteur du BTP en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sur ce total, 1,79 million est évacué ou stocké illégalement, soit 12 %. Le Var, avec 560 000 tonnes, et les Alpes-Maritimes, avec 700 000 tonnes, sont, selon les projections de la Dreal, les départements les plus touchés par ces irrégularités. « Dans nos départements, il n’y a pas de limite à ce que l’on voit », s’alarme Jeannine Blondel, 84 ans, vice-présidente de la fédération FNE Alpes-Maritimes et figure locale de la lutte contre les déchets sauvages. Il y a quelques semaines, elle accompagnait des reporters du journal Nice-Matin sur la commune de Spéracèdes, où une simple piste forestière s’est transformée en déballe sauvage avec dépôts d’amiante. Un dossier pour lequel FNE a déposé plainte il y a près de deux ans, sans retour pour l’instant.
En août 2019, le décès de Jean-Mathieu Michel, maire de la petite commune de Signes, renversé par le chauffeur d’une camionnette venu déballer sur un chemin de sa commune, a pourtant constitué un électrochoc. L’instruction pour homicide involontaire a été bouclée à l’été 2021, mais le dossier n’est pas encore jugé. « Cette affaire symbolique aurait mérité un traitement plus rapide. Deux ans et demi plus tard, la réponse pénale n’a plus rien d’exemplaire », regrette Me Jean-Claude Guidicelli, avocat toulonnais du fils de Jean-Mathieu Michel.
La responsabilité des maîtres d’ouvrage
Maire de La Roquebrussanne, petit village du massif de la Sainte-Baume, et président de l’association des maires ruraux du Var, Michel Gros reconnaît que la mort de celui qu’il appelle toujours son « ami Jeannot » a entraîné « une prise de conscience des services de l’Etat sur le sujet des dépôts sauvages ». Une mobilisation encore insuffisante, selon lui. « On voudrait un procès exemplaire pour que ces décharges sauvages qui défigurent nos paysages cessent », souffle-t-il.Lui-même a conduit plusieurs opérations dans le parc régional de la Sainte-Baume qu’il préside. « On bloque, d’un côté, les déchets sont déposés, de l’autre. On le déplore entre maires, mais on se sent démunis », reconnaît-il.
Refusant que son secteur soit désigné comme bouc émissaire, la Fédération du bâtiment et travaux publics du Var a rejoint les rangs des parties civiles au procès de Draguignan. « Ces réseaux font une concurrence déloyale aux entreprises qui respectent les lois et dégradent l’image de nos adhérents », défend son président Jean-Jacques Castillon. Appelant à des sanctions lourdes, cet entrepreneur souligne toutefois l’absence de maîtres d’ouvrage au rang des prévenus. « Selon le code de l’environnement, les déchets de chantier leur appartiennent. Et suivre les bons de mise en décharge relève de leur responsabilité. Ils ne doivent pas seulement signer leurs contrats à l’aune des prix pratiqués », pointe-t-il.
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Cette question de la responsabilité partagée avec les maîtres d’ouvrage sera sûrement une des lignes de défense des prévenus au procès de Draguignan. Dans une audition, l’un des patrons renvoyés devant la justice n’a pas manqué de souligner qu’en acceptant par contrat les tarifs qu’il proposait, les donneurs d’ordre savaient qu’une évacuation en structure agréée était « forcément impossible ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/21/dans-le-var-les-deballes-de-dechets-du-batiment-en-proces_6103056_3244.html>
Sur le même sujet :
> Côte d'Azur : la "mafia des déchets" sur le banc de la justice <https://information.tv5monde.com/info/cote-d-azur-la-mafia-des-dechets-sur-le-banc-de-la-justice-433430>, AFP, 22/11/21, 10:00
> Mafia des déchets" : l'association France nature environnement attend un procès "pour l'exemple" <https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/justice-proces/mafia-des-dechets-l-association-france-nature-environnement-attend-un-proces-pour-l-exemple_4854701.html>, France info, 22/11/21, 16:36
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8- Le premier navire au monde fonctionnant à l’ammoniac pourrait prendre la mer dès 2022, Daily Geek Show, 22/11/21
Gabrielle Andriamanjatoson - Source : New Atlas
Cette entreprise utilise déjà l'ammoniac comme source d'énergie pour ses locomotives
Limiter l’usage des combustibles fossiles figure désormais dans les priorités de tous les pays du monde pour lutter contre le changement climatique. Dans le domaine des transports, diverses alternatives existent pour remplacer les carburants traditionnels, et une entreprise australienne développe actuellement ce qui pourrait être le premier bateau au monde alimenté avec de l’ammoniac.
Un premier pas pour décarboniser le secteur maritime
En matière de production de gaz à effet de serre, les transports sont responsables d’environ 24 % des émissions mondiales. Si c’est le transport routier qui contribue le plus à la pollution, il est tout de même important de prendre en compte et d’apporter des changements pour les autres types de transport. En effet, même si le transport maritime est bien moins polluant, opter pour des alternatives avec moins d’émission de gaz à effet de serre reste tout aussi important. Dans cette optique, une filiale de la société minière australienne Fortescue Metals Group développe actuellement un navire qui devrait fonctionner presque entièrement à l’ammoniac.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/navire-ammoniac/>
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9- Deuxième édition du Fonds friches : 1133 hectares seront traités, Actu-environnement, 22/11/21
Agnès Sinaï
Lancée en juillet par les préfets de région, la deuxième édition du Fonds friches a retenu 503 lauréats, sur 1130 candidatures, pour plus de 280 millions d'euros de subventionsoctroyées. Sont concernées les friches urbaines, commerciales, aéroportuaires, ferroviaires ou routières, industrielles, militaires ou minières. Les lauréats sont des collectivités, des entreprises publiques locales, des sociétés d'économie mixte, des bailleurs sociaux ainsi que des opérateurs et établissements publics d'État, et des entreprises privées.
Sélectionnés dans toute la France et en outre-mer, ces 503 projets vont traiter 1133 hectares de friches où seront construits plus de 1,833 million de mètres carrés de logements (soit l'équivalent de plus de 25 000 logements), dont 40 % de logements sociaux, et plus de 1,83 million de mètres carrés de surfaces économiques (bureaux, commerces, tiers-lieux, industries).
Près des deux tiers de ces projets sont inscrits dans au moins un dispositif contractuel avec l'État (Petites villes de demain, Action cœur de ville, opération de revitalisation du territoire, projet partenarial d'aménagement, territoires d'industrie…). Les lauréats du deuxième appel à projets de l'Ademe, également partie prenante, seront annoncés d'ici à mi-décembre.
Les friches représentent un gisement foncier dont la mobilisation et la valorisation contribuent à freiner l'artificialisation d'espaces naturels.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/2e-fonds-friches-38582.php4>
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10- Reportage. Dans le Nevada, un projet de mine géante de lithium menace toute une région, Le Monde, 23/11/21, 05h48
Corine Lesnes (Thacker Pass (Nevada), envoyée spéciale)
Dans une enquête en deux volets, « Le Monde » raconte la ruée mondiale vers ce nouvel « or blanc » indispensable à la fabrication des voitures électriques. Première partie : Thacker Pass, le plus grand gisement d’Amérique du Nord, où toute une zone risque d’être sacrifiée au nom de la transition énergétique.
Max Wilbert a planté sa tente à Thacker Pass, le 15 janvier, le jour même où l’administration Trump donnait son feu vert à la mine de lithium. Les trois premiers jours ont été formidables. « Je me suis dit : ça ne va peut-être pas être trop dur », relate-t-il. Le quatrième jour, le blizzard s’est abattu sur le campement. La température est descendue à – 18 °C, la neige volait de tous côtés. Le baptême du froid ne l’a pas découragé, pas plus que son camarade Will Falk, l’avocat qui est entré en rébellion avec lui. « Ça n’est rien à côté de la tempête politique que nous affrontons », assure-t-il crânement.
Dix mois ont passé, Max Wilbert est toujours là. Les fleurs jaunes dites rabbit brush (Chrysothamnus) ont succédé à la neige. A force de les contempler au ras du sol, les buissons de sauge lui font l’effet d’arbres entiers, comme des bonsaïs. « Certains pieds ont une centaine d’années », admire-t-il. L’écologiste a été rejoint par quelques amis, dont Daranda Hinckey et sa famille, la tribu indienne voisine des Paiute-Shoshone, qui se relaient pour occuper les lieux (sur les terres fédérales, il est interdit de camper plus de quatorze jours d’affilée). Les tentes sont massées autour de l’enclos où la compagnie minière Lithium Americas a installé une station météo, en avant-garde de l’armada qu’elle a l’intention de déployer.
A 1 500 mètres d’altitude, entre Nevada et Oregon, Thacker Pass est l’un de ces endroits où l’homme se sent tout petit. « En partant d’ici, vous pourriez marcher vers le nord sur plus de 50 kilomètres sans voir une route pavée, décrit l’environnementaliste. De l’autre côté, 100 kilomètres avant de trouver une ville. » La cuvette a été formée par un volcan préhistorique, depuis longtemps endormi. Les montagnes se sont séparées « comme une miche de pain coupée en deux », ajoute le rancher Edward Bartell, dont les vaches grignotent – et « digèrent », ce qui a l’air de l’étonner – les plantes du désert, jusqu’en décembre, après quoi il leur sert un peu de luzerne pour passer l’hiver.
Alimenter un million de voitures électriques
En se baissant, Max Wilbert ramasse un morceau d’argile mêlé de poussière blanche argentée : le lithium. La caldera de Thacker Pass recèlerait le plus grand gisement de l’Amérique du Nord. « Li », selon la nomenclature du premier groupe du tableau périodique des éléments, est un métal léger, capable de conserver une grande quantité d’énergie en un volume réduit. Jusqu’à ces dernières années, il était surtout connu pour son étrange pouvoir de stabiliser les troubles maniaco-dépressifs : la demande mondiale était modeste. Le changement climatique en a fait l’accessoire indispensable de la grande transition énergétique post-carbone : « l’or blanc » d’un monde qui ne peut plus se passer d’électronique. Le métal alcalin est maintenant réquisitionné partout : éoliennes, panneaux solaires, batteries de portable, et, surtout, véhicules électriques. Selon l’Agence internationale pour l’énergie, la demande mondiale pourrait être multipliée par 40 dans les vingt prochaines années.
Thacker Pass a toutes chances d’être sacrifié. Et, paradoxalement, au nom de la défense de l’environnement. L’entreprise – canadienne – Lithium Americas a proposé un projet gigantesque qui amènera une zone industrielle en plein désert. La sauge et les touffes de cheatgrass (brome) laisseront la place à une mine à ciel ouvert de 520 hectares, à quoi s’ajouteront une usine de production d’acide sulfurique, un héliport et un site de déchets toxiques. Selon le dossier présenté au Bureau of Land Management (BLM), l’organisme du ministère de l’intérieur qui a donné le feu vert aux travaux, le puits va descendre à 110 mètres de profondeur, l’équivalent d’un immeuble de 30 étages. L’opération consommera 10 millions de litres d’eau par jour et 41 000 litres de diesel. L’exploitation est prévue pour quarante-six ans. Quand la mine tournera à plein, la production pourrait couvrir un quart de la demande mondiale de lithium et alimenter un million de voitures électriques.
L’enjeu est monumental. Dans la compétition planétaire aux minéraux, les Etats-Unis sont distancés. Le lithium provient d’Australie (49 %), de Chine (17 %), du Chili (22 %) et d’Argentine (8 %). Les Etats-Unis, qui possèdent environ 10 % des réserves mondiales, ne comptent qu’une mine en activité, à Silver Peak, dans le Nevada, à 500 kilomètres au sud de Thacker Pass, et elle ne fournit que 5 000 tonnes par an, une quantité insignifiante par rapport à la production mondiale (82 000 tonnes en 2020). Le retard est le même dans la fabrication des batteries de lithium-ion. La Chine abrite 107 des 142 usines mondiales. Les Etats-Unis neuf seulement, alors qu’ils sont exportateurs de véhicules électriques.
> Lire la tribune : Didier Julienne : « La guerre du lithium n’aura pas lieu »
Il y a urgence
Début 2021, l’administration Biden a décidé de passer la surmultipliée. Le 24 février, dans son décret pour sécuriser les filières d’approvisionnement américaines en produits essentiels, le président a réclamé une meilleure utilisation des réserves nationales en lithium. Jennifer Granholm, la secrétaire à l’énergie, a expliqué que les Etats-Unis étaient en compétition avec la Chine pour la domination du marché des voitures électriques. « Allons-nous gagner ou perdre ? C’est l’approvisionnement en minéraux essentiels comme le lithium et le cobalt qui va en décider. » En juin, la Maison Blanche a publié un plan visant à « développer urgemment » les projets de batteries au lithium. Il y a urgence en effet : Joe Biden a décrété que les véhicules électriques devraient représenter 50 % des ventes d’automobiles aux Etats-Unis avant 2030. Des dizaines de modèles sont annoncés par les constructeurs, de Tesla à Ford et General Motors.
> Lire aussi Un sommet sur la voiture électrique à la Maison Blanche… sans Elon Musk
Les annonces gouvernementales ont dopé les investissements. Pendant le premier trimestre 2021, les mines de lithium ont levé 3,5 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) à Wall Street, sept fois plus que le total entre 2018 et 2020, selon l’agence Bloomberg. Lithium Americas – dont le principal actionnaire est la compagnie chinoise Ganfeng Lithium – a collecté 500 millions de dollars en vantant son projet dans le Nevada. Il promet une production initiale annuelle de 30 000 tonnes decarbonate de lithium, le composé qui intervient dans la fabrication des cathodes de batteries, puis de 66 000 tonnes à partir de 2026.
Le désert du Nevada pèse peu dans un tel contexte. Ceux qui n’y restent pas assez longtemps pour apercevoir les antilopes pronghorn, les aigles royaux ou les mouflons, n’y voient que le royaume du vide et du vent. Le lithium y a été découvert dans les années 1970 presque par hasard, par Chevron, qui cherchait plutôt de l’uranium.
Quand Lithium Americas a racheté les droits d’exploitation en 2014, les habitants n’ont pas compris tout de suite la magnitude du projet. « On a vu passer quelques camions, on a cru que ce n’était pas grand-chose », relate Edward Bartell. En décembre 2017, dans son décret 13 817, Donald Trump a décidé de raccourcir les délais pour les études d’impact sur l’environnement – le dispositif réglementaire qui permet aux écologistes de ralentir les projets d’extraction. Après, il y a eu un « changement massif » d’échelle, note l’éleveur, et d’allure. A cause de la pandémie, les réunions d’information du BLM ont été conduites en ligne. Les tribus indiennes estiment ne pas avoir été suffisamment consultées. « Ça s’est fait en moins d’un an, comme s’il y avait urgence », dénonce Edward Bartell.
Des dangers potentiels
Ed Bartell possède 500 vaches et, vu la parcimonie avec laquelle pousse la végétation, il n’a pas trop des 50 000 acres à sa disposition – dont les neuf dixièmes sont des terrains publics – pour les nourrir. Tous les jours, il fait la tournée des abreuvoirs avec un vieux pick-up Ford, et dans la poche un téléphone à clapet à peine moins âgé. Sa famille – plusieurs générations de ranchers – est en première ligne du combat contre le Goliath du lithium. C’est elle qui a porté plainte : contre le BLM pour négligences dans l’autorisation donnée au projet et contre Lithium Americas pour le détournement de l’eau. « On n’avait pas le choix », dit-il. Trois associations locales de défense de l’environnement se sont jointes à la procédure déposée devant le tribunal fédéral à Reno, la capitale du Nevada du nord.
Planté sur sa terre, dans un décor dont il décrit chaque pic et chaque ruisseau, Ed Bartell fait la liste des dangers potentiels. Pour séparer le lithium de l’argile, Lithium Americas a prévu d’utiliser une solution d’acide sulfurique, un procédé qui n’est employé nulle part ailleurs. La production nécessitera 5 800 tonnes d’acide sulfurique par jour. Le soufre sera acheté aux raffineries de pétrole de la région et transformé sur place. « Ce soufre qu’on ne met même pas dans le carburant de nos voitures à cause de la pollution, s’exclame l’exploitant. Ils vont le mélanger à l’eau et le transformer en acide. En plein désert ! » Le soufre sera lui-même amené par camion : 75 semi-remorques emprunteront chaque jour la Highway 293. « Et ça n’est qu’un aller simple ! », s’insurge Ed Bartell. Les rejets d’acide sulfurique seront ensevelis sur place. Un vaste dépôt de produits chimiques va recouvrir ce qui est aujourd’hui une zone où vivent des espèces rares comme le tétras des armoises (sage grouse) et le lapin pygmée.
Lithium Americas répond que la couche d’argile est assez épaisse pour empêcher les infiltrations toxiques dans la nappe phréatique. « Ça ne nous rassure pas, lâche le rancher. Le procédé qu’ils comptent utiliser n’a jamais été expérimenté à une échelle commerciale. » L’entreprise a implicitement reconnu que les habitants avaient quelque raison de s’inquiéter. L’école du hameau d’Orovada, 155 habitants, qui se trouvait un peu trop près de l’embranchement où tourneront les camions de soufre, va être déplacée. Lithium Nevada (la filiale locale) la rebâtira en grand, avec des ordinateurs pour tous.
« On remplace une pollution par une autre »
Pour les ranchers, le désastre risque surtout de venir de l’eau. Exceptionnellement, on n’en manque pas, dans cette partie de l’Ouest américain. L’eau provient des ruisseaux qui descendent de la montagne Sawtooth et des sommets avoisinants. Lithium Americas assure que rien ne changera dans un premier temps : il a acheté une ferme entière, pour bénéficier de ses droits en eau. Le puits se trouve à 25 km mais l’entreprise n’en est plus à quelques transports près : un aqueduc sera aménagé. Dans la deuxième phase, elle reconnaît qu’elle devra pomper dans la nappe phréatique : quelque 12 000 litres par minute.
Le rancher a fait ses calculs. D’après l’étude même du BLM, le niveau de la nappe phréatique va passer de 3,6 m de profondeur à 7,3 m sur ses terres. Une partie de la végétation n’y survivra pas, ni la totalité du bétail. « Il faudra réduire le nombre de vaches. Financièrement, ça va être dévastateur. » La faillite, sauf à changer de vie, abandonner l’élevage et vendre l’eau à la mine, comme le conseillent les partisans du développement. Le rancher n’est pas convaincu que l’extraction du lithium à coup d’acide sulfurique, au nom de la lutte contre les émissions de gaz toxiques, soit une juste cause. « On remplace une pollution par une autre », soupire-t-il.
La tribu des Paiute-Shoshone, elle aussi, a été prise de court. Au début, elle n’avait même pas émis d’objections, mais fin décembre 2020, quand un nouveau gouvernement tribal a été élu et qu’il a étudié le dossier environnemental, il s’est retiré de l’accord informel conclu avec la mine. Les « natifs » plaident que Thacker Pass est sacré, même si le col se trouve à 70 km – comme aime à le souligner Lithium Americas – de la réserve de Fort McDermitt, à la lisière de l’Oregon. En langue paiute, rappellent-ils, le col s’appelle Peehee mu’huh, ou « lune pourrie ». Le nom vient d’un massacre qui a eu lieu à une date imprécise – c’était un raid intertribal – avant un autre massacre, dont la date, est, elle, bien connue : il a été le fait de la cavalerie du Nevada, qui a tué 31 villageois, le 12 septembre 1865.
Il n’y a pas grand-chose à faire sur la réserve
Le débarquement de la mine canadienne a ravivé le traumatisme historique. Cette année, le massacre a été commémoré sur les lieux mêmes pour la première fois. Le BLM n’a pas apprécié. Max Wilbert et Will Falk ont écopé d’une amende de 49 980 dollars pour avoir monté quelques planches : des latrines à destination des anciens.
Les membres de la tribu ne sont pas tous d’accord sur la mine, mais comme il n’y a pas grand-chose à faire sur la réserve, à part travailler à la ferme de cannabis (l’exploitation a été légalisée dans l’Etat en 2017), une quarantaine d’habitants ont manifesté de l’intérêt pour les formations que propose Lithium Nevada. D’autres, comme Dorece Antonio, 49 ans, ont décidé de porter plainte pour empêcher les excavations. A l’indignation de la tribu, la justice a refusé de considérer la tradition orale comme un élément suffisant pour prouver que c’est bien au col de Thacker Pass que le massacre s’est produit. Qu’à cela ne tienne. Dorece a fait des recherches et trouvé une trace écrite : un article du 30 septembre 1865 du journal Owyhee Avalanche qui mentionne ce que la presse appelait à l’époque une « bagarre indienne » sur les lieux.
Ce soir, Myron Smart, l’un des anciens, est venu au camp, raconter ce qu’il sait. Autour du feu se trouvent Max Wilbert, descendu de la Ford Fusion qui lui sert de bureau ; Daranda Hinckey, 23 ans, une étudiante qui est revenue à la réserve pendant la pandémie, et qui a fondé le groupe anti-lithium People of Red Mountain, son chien Shiduh (« chien », en paiute). Et Dorece Antonio, qui a déposé sa plainte le 1er octobre devant le tribunal fédéral à Reno. La maman de quatre enfants a découvert qu’elle était elle-même une descendante du légendaire Ox Sam, l’un des trois survivants du massacre de 1865. « Les victimes n’ont jamais eu de sépulture, note-t-elle. Mes ancêtres sont toujours à Thacker Pass. »
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Pour empêcher les excavations, les militants invoquent la loi de 1990 sur la protection et la restitution des tombes amérindiennes (Native American Graves Protection and Repatriation Act, NAGPRA) mais sans illusion. « De toute façon, la loi NAGPRA n’empêche pas les mines d’opérer », explique Max Wilbert. Le texte prévoit seulement que les tribus sont en droit de récupérer les restes des ancêtres : libre à elles de les enterrer ailleurs. Ed Bartell, lui non plus, n’est pas des plus optimistes sur ses chances d’interrompre ce qui parait inéluctable. La décision judiciaire qui pourrait suspendre le chantier est attendue pour début 2022. « Beaucoup de gens pensent que la mine va arriver quoi qu’ils en pensent, explique le rancher. Alors ils se disent : autant essayer d’en tirer quelque chose. »
Les rêves de grandeur sont de retour
Lithium Americas a annoncé des salaires qui représenteront le double du revenu moyen par habitant. Et elle met en avant son engagement « vert ». « Nous répondons à l’appel de Joe Biden pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement des Etats-Unis et lutter contre la crise climatique », assure le porte-parole Tim Crowley. Le PDG, Alexi Zawadzki, hydrologiste de formation, se présente comme un écologiste convaincu. « Bien sûr, je suis là pour faire de l’argent, expliquait-il en octobre 2019 au site Sierra Nevada Ally. Mais ma philosophie entre aussi en ligne de compte. Ma grande motivation, c’est de décarboner l’économie. »
Winnemucca est la ville la plus proche de Thacker Pass. A 100 kilomètres au sud du futur chantier, la mine n’y compte que des amis. Dave Mendiola, le directeur des services du comté de Humboldt, balaie les inquiétudes. Le county manager est un quinquagénaire solide, descendant des nombreux Basques qui ont émigré dans le Nevada au début du XXe siècle (ses grands-parents ont été blanchisseurs dans une pension pour éleveurs de moutons avant de racheter l’hôtel). La commune, fondée en 1866, est attachée à son héritage européen. Chaque été, elle organise un festival basque. Sur les panneaux de circulation qui mettent en garde contre les troupeaux, les bêtes ont des airs de vachettes de feria.
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Dave Mendiola occupe un bureau au deuxième étage du tribunal du comté, un bâtiment de 1921 dont l’escalier de marbre et les colonnes ioniques témoignent des ambitions de l’époque. Grâce à la mine, les rêves de grandeur sont de retour. Elle assurera 75 millions de dollars recettes fiscales et emploiera 800 ouvriers pour la construction, puis quelque 200 pour les opérations. Les élus locaux ont « confiance » dans la compagnie qui « sait ce qu’elle fait », justifie le directeur. Et toute confiance aussi dans les fonctionnaires du Nevada pour faire appliquer la législation sur l’environnement. « Lithium Americas a acheté les droits d’exploitation. Ils sont dans leur droit pour autant qu’ils respectent le processus », explique-t-il.
Dans un comté où 70 % des électeurs ont voté pour Donald Trump, personne n’en veut aux républicains d’avoir bousculé les écologistes en exigeant que les études d’impact sur l’environnement soient bouclées en moins d’un an. Le comté dépend à 45 % du secteur minier. « Notre travail, à nous, résume Dave Mendiola,c’est de construire assez de logements. » L’Etat a d’ailleurs ouvert lui-même les bras à Lithium Americas. La mine va bénéficier d’une réduction d’impôts de 9 millions de dollars sur dix ans. « Le Nevada a la possibilité de devenir pour l’énergie ce que Wall Street est à la finance ou la Silicon Valley, à la technologie », s’est enthousiasmé le gouverneur – démocrate – Steve Sisolak en janvier.
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Pour les écologistes, Thacker Pass est devenu l’emblème d’une réalité compliquée. Les solutions pour une énergie propre requièrent des métaux – lithium, cobalt, nickel – dont l’extraction n’est pas inoffensive. « L’intention est bonne ; beaucoup de gens veulent être du bon côté : protéger la planète. Mais la plupart des techniques qui sont décrites comme des solutions au réchauffement climatique posent problème », juge Max Wilbert. Le militant a grandi à Seattle dans une famille progressiste qui a participé aux débuts du mouvement antimondialisation de 1999, pendant la conférence de l’Organisation mondiale du commerce à Seattle. Il était trop jeune pour accompagner son père et sa sœur aux manifestations mais il s’est rattrapé.
Avec deux autres membres du groupe Deep Green Resistance, qui prône la décroissance, Derrick Jensen and Lierre Keith, il vient de publier un livre où il recense les « mensonges » et « l’hypocrisie » des grandes organisations de défense de l’environnement (Bright Green Lies : How the Environmental Movement Lost Its Way, and What We Can Do About It, Monkfish Book, non traduit). Alors que le recours aux énergies vertes augmente, souligne-t-il, la consommation d’énergies fossiles ne diminue pas. « On fait croire aux gens qu’on va sauver la planète grâce aux voitures électriques. C’est une erreur. » Le message de Max et ses amis de Thacker Pass est clair : si les humains continuent à détruire la biodiversité, les voitures, mêmes propres, ne leur seront pas d’un grand secours.
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§ Article suivant : Le lithium sauvera-t-il la Salton Sea ?
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/23/dans-le-nevada-un-projet-de-mine-geante-de-lithium-menace-toute-une-region_6103223_3244.html>
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11- Pas de risque de « black-out » d’électricité en France, même si l’hiver s’annonce « sous vigilance », selon RTE, Le Monde, 23/11/21, 13h30
Adrien Pécout
Le gestionnaire national du Réseau de transport d’électricité écarte tout risque de pénurie mais n’exclut pas des « situations de tensions ».
En perspective des flocons de neige et du grand froid, la question a de quoi faire frissonner : la France aurait-elle à redouter une pénurie électrique ? Réponse rassurante : même dans le pire scénario, le gestionnaire national du Réseau de transport d’électricité (RTE) exclut toujours tout risque de « black-out » et de« perte généralisée de l’alimentation électrique sur l’ensemble du territoire ».
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Pourtant, comme attendu, l’hiver à venir nécessitera une « vigilance particulière »pour maintenir l’équilibre entre les besoins en consommation et les capacités de production. Ce fut déjà le cas en 2020 et ce le sera en principe jusqu’en 2023, notamment en raison de la maintenance du parc nucléaire. « Aucun scoop » par rapport au point établi au mois de mars, rappelle Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE.
Une mesure spéciale
Une nouveauté, cependant : de plus en plus d’incertitudes pesant sur le système électrique, les prévisions de l’hiver se feront en plusieurs temps. La première communication du gestionnaire national, en date du lundi 22 novembre, a surtout porté sur les risques de tension d’ici à la fin d’année 2021. Ceux-ci « demeurent relativement faibles », selon le rapport, sur la base de projections météorologiques. Deux autres notes suivront, l’une au plus tard début janvier 2022, l’autre fin janvier pour février ; deux mois en vue desquels les risques « apparaissent en revanche plus élevés ». « Nous ne pouvons pas exclure d’entrer ponctuellement dans des situations de tension sur l’équilibre offre-demande, des situations où les marges de production ne seraient pas à la hauteur »,reconnaît Jean-Paul Roubin, directeur de l’exploitation auprès de RTE.
Une telle éventualité pourrait entraîner, par exemple, l’activation d’une mesure spéciale. L’« interruptibilité » permet une baisse immédiate de consommation de certains sites industriels sous contrat, en échange d’une contrepartie financière. En ultime recours, des « délestages » seraient aussi à envisager. Ces coupures cibleraient les ménages d’une même zone géographique, durant deux heures au maximum, tout en préservant les usagers « sensibles ».
Les trois premières semaines de janvier dépendront du froid. Mais aussi du vent, dans la mesure où les éoliennes constituent déjà une part non négligeable du mix électrique français (7,9 % en 2020). « Dans la mesure où notre système énergétique se transforme, d’autres paramètres que les épisodes de froid sont maintenant à prendre en compte », souligne Nicolas Goldberg, conseiller énergie pour le cabinet Colombus Consulting.
Un autre point d’interrogation concerne le nucléaire, principale source de production électrique dans le pays (67 % en 2020). Sur les 56 réacteurs du parc, cinq font en ce moment l’objet d’arrêts dans le cadre de visites décennales. Sept autres sont au programme de 2022, contre moins de cinq par an en moyenne entre 2016 et 2019. Les inspections s’expliquent par l’âge des centrales s’approchant de leur quarantième anniversaire.
Déploiement notable
Le ralentissement dû au Covid-19 n’a pas arrangé les choses depuis un an, avec « des arrêts plus longs et potentiellement moins bien positionnés », selon RTE. « Les impacts de la crise sanitaire sont durables, souligne M. Veyrenc. Il faut s’attendre pour cet hiver à une disponibilité du parc nucléaire plus faible que la moyenne historique. » Problème : avec la reprise de l’activité économique, la consommation globale d’électricité devrait revenir à des niveaux proches de la période d’avant la pandémie.
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En complément de l’hydraulique (stockable, par exemple pour le soir), ou encore d’interconnexions à l’étranger, l’énergie solaire pourra apporter sa part hivernale « jusqu’en milieu de journée », estime RTE. La filière photovoltaïque a bénéficié d’un déploiement notable en 2021 : près de 1 700 mégawatts de puissance raccordés au réseau électrique au cours des trois premiers trimestres, alors qu’il s’agissait plutôt de 500 sur la même période ces six dernières années.
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A l’inverse, « la France a fermé du pilotable depuis une décennie, comme des centrales thermiques, ou celle nucléaire de Fessenheim » (Haut-Rhin), rappelle Nicolas Goldberg. Dans le cas du fioul et du charbon, ces fermetures contribuent à amoindrir les émissions de dioxyde de carbone responsables du réchauffement climatique. Mais, poursuit-il, « un système électrique avec moins de pilotable laisse moins de marge et donc davantage d’incertitudes ». En Bretagne, la centrale thermique au gaz de Landivisiau (Finistère) est toutefois censée être opérationnelle à compter du 1er février 2022.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/23/electricite-l-hiver-s-annonce-de-nouveau-sous-vigilance_6103262_3234.html>
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12- L’avenir du pétrole est derrière lui, Blog Sciences, 23/11/21
Sylvestre Huet
Pétrole, le déclin est proche. Avec le titre de leur livre (1) Matthieu Auzanneau et Hortense Chauvin ne tournent pas autour du pot. Leur objectif ? Faire le point sur la menace d’une pénurie de pétrole et en explorer les conséquences. Leur message : le pic est bien plus proche que ce que vous croyez. Il surviendra probablement «durant la décennie 2020», osent-ils affirmer.
Une chose est certaine, le pic de production du pétrole dit conventionnel – ou à bas prix – est déjà loin derrière nous. En 2008 exactement. Un pic… en forme de plateau néanmoins. Si la production d’or noir par des champs pétroliers faciles d’accès et des réservoirs de grandes dimensions est bien passée par un pic en 2008, la baisse consécutive n’est pas une chute rapide. Un pic parfaitement prévu, par les géologues Colin Campbell et Jean Laherrère dans un article publié en 1998 où ils le prévoyaient pour «probablement d’ici à 10 ans». En 2019, cette production n’était inférieure que de 4% au maximum survenu onze ans plus tôt. Certes… mais cette diminution lente est inexorable soulignent les deux auteurs, car elle s’opère alors même que les pétroliers font leur maximum pour extraire de ces champs le plus possible de pétrole… et de revenus. Toutes les technologies disponibles pour augmenter le taux d’extraction du pétrole gisant dans ces sites sont déployées et c’est malgré cet effort acharné que la production diminue. Un rebond est donc tout à fait improbable.
La cause fondamentale de ce pic réside dans la limitation géologique planétaire. La quantité de pétrole qu’elle contient est fixe, puisqu’il a été formé il y a des dizaines ou des centaines de millions d’années. Or, « le volume de découvertes de pétrole conventionnel ne cesse de diminuer depuis… le milieu des années 1960 », notent les auteurs. Et, malgré une technologie beaucoup plus sophistiquée qu’à l’époque, les forages exploratoires sont de moins en moins chanceux, comme diraient les Québecois. Les champs sont moins souvent trouvés, plus petits, plus difficiles d’accès, avec des pétroles de moindre qualité. Au total, depuis 35 ans et chaque année (sauf 2010), la consommation de pétrole est supérieure à la quantité découverte.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/blog/huet/2021/11/23/lavenir-du-petrole-est-derriere-lui/>
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13- Reportage (2e volet). Quand la Salton Sea se réinvente en « Lithium Valley », Le Monde, 24/11/21, 05h24
Corine Lesnes (Salton Sea, envoyée spéciale)
Dans une enquête en deux volets, « Le Monde » raconte la ruée vers le lithium, indispensable à la fabrication des voitures électriques. Deuxième partie : le lac intérieur du sud de la Californie recèle d’importantes ressources de lithium pour lesquelles les candidats à l’exploitation se bousculent.
A 69 mètres sous le niveau de la mer, la Salton Sea fait figure de nouvelle frontière américaine du lithium. En fait de « mer », il s’agit d’un immense lac intérieur d’eau salée, au sud-est de la Californie. Un étrange no man’s land, entre Palms Springs, la capitale mondiale du golf – 130 parcours d’un vert de bocage normand au milieu du désert – et Brawley, à 40 km de la frontière mexicaine, une bourgade d’ouvriers agricoles comptant 85 % de Latinos. En 1896, les premiers settlers ont donné à la région le nom d’« Imperial Valley ». Leurs descendants en ont fait un potager qui alimente toute l’Amérique en laitues, asperges et melons. Aujourd’hui, la Salton Sea est l’une des terres promises de la lutte pour le climat: elle recèle d’imposantes ressources de lithium, le métal indispensable à la fabrication des voitures électriques.
> Lire aussi Dans le Nevada, un projet de mine géante de lithium menace toute une région
Les pieds dans la caillasse, Jim Turner fait le tour du propriétaire au lieu-dit Hell’s Kitchen, une butte qui domine le littoral cerné de limon blanc. Le chantier du groupe énergétique Controlled Thermal Resources a commencé le 15 novembre. Un premier puits qui va descendre à 2 430 mètres de profondeur et sera opérationnel en 2022. La terre est labourée de tranchées. Des silex apparaissent. La poussière ne demande qu’à profiter du vent pour répandre les particules toxiques qui donnent à l’Imperial Valley l’un des taux de maladies respiratoires les plus élevés du pays.
Le ciel bleu est parcouru de plumes d’une blancheur immaculée : c’est la vapeur qui s’échappe des 11 centrales géothermiques (49,9 mégawatts) construites depuis 1982. La Salton Sea abrite le réservoir d’énergie géothermale le plus important des Etats-Unis. La faille sismique de San Andreas, qui traverse la Californie sur 1 200 km, s’y arrête, près d’une ancienne station balnéaire aujourd’hui fantôme, Bombay Beach, où une communauté d’artistes du désert organise chaque année une « Biennale » aux œuvres éphémères faites d’épaves et d’objets rongés par le sel.
Hell’s Kitchen, la cuisine de l’enfer, doit son nom à un aventurier nommé Charles Davis, qui y avait ouvert un saloon dans les années 1920, à une époque où les geysers étaient encore en activité. Trente ans plus tard, la « mer » était devenue la « riviera du désert » pour les célébrités d’Hollywood. Il y avait des marinas, des hôtels chics, des cormorans, des pélicans. Aujourd’hui, on ose à peine s’approcher de l’eau, gardée par des panneaux : « Interdit de pénétrer ». Les pas s’enfoncent dans la « playa », le résidu issu de l’assèchement du lac.
Un désastre écologique
La Salton Sea s’est formée en 1905, par accident, à la suite d’une crue du Colorado, que les fermiers avaient cru pouvoir dompter dans leurs canaux d’irrigation. Elle vit en circuit fermé, alimentée par les eaux rejetées par les exploitations agricoles, chargées de pesticides et d’engrais. Depuis vingt ans, la sécheresse a accéléré l’évaporation. Les algues sont apparues, les carcasses de tilapia. En 2003, à la suite d’un accord de partage de l’eau du Colorado, les fermiers ont été obligés de céder une partie de leur quota à la ville de San Diego. Depuis, elle a perdu 104 km², soit un huitième de sa superficie. Les poissons ont succombé au manque d’oxygène. La Salton Sea est devenue un désastre écologique. Le genre d’endroits qui attire les artistes, les ermites, et maintenant les chasseurs d’« or blanc » : le lithium.
Jim Turner a travaillé pour toutes les usines géothermiques de la région. Chez Berkshire Hathaway Energy, la filiale du conglomérat de Warren Buffet, qui possède dix des centrales géothermiques. A Energy Source, la start-up de San Diego qui a ouvert la onzième en 2012. Depuis 2017, Jim dirige Controlled Thermal Resources (CTR), l’entreprise australienne qui est en pointe dans la course au lithium de la Salton Sea.
Diplômé de physique des supraconducteurs, formé chez Dow Chemical, l’ingénieur a assez de bouteille pour se souvenir de l’époque où le lithium n’intéressait ni les marchés ni les entrepreneurs. « Il y a dix ans, le prix de la tonne de carbonate était de 600 dollars. L’autre jour, il a terminé à 30 000 dollars. » Entre-temps, les véhicules électriques sont devenus l’enjeu de batailles stratégiques mondiales, et avec eux, les batteries au lithium. Les projets d’extraction se multiplient. La question est partout la même : comment produire le lithium de la manière la moins destructrice possible pour l’environnement que l’on prétend sauver.
La Salton Sea est devenue l’objet de toutes les convoitises. « Quarante pour cent du lithium mondial pourrait se trouver ici », affirme Eduardo Garcia, le représentant de la circonscription à l’assemblée de Californie et auteur de l’expression« Lithium Valley », en référence à la vallée du silicium, la Silicon Valley. General Motors qui s’est fixé comme objectif de passer au tout électrique en 2035, a annoncé début juillet un investissement de plusieurs millions de dollars dans CTR. La Californie, elle, a formé une « Lithium Valley commission » pour proposer des pistes de développement. « On a l’occasion d’établir une industrie entière. Non seulement de lithium mais de batteries et jusqu’aux automobiles elles-mêmes », rêve M. Garcia.
Une technique tombée dans l’oubli
A Hell’s Kitchen, Jim Turner contemple avec gourmandise les berges de la Salton Sea en voie de disparition. Plus la mer recule, plus elle expose de nouveaux terrains à conquérir. « Notre première usine va être de ce côté,montre-t-il. La deuxième, de l’autre côté de ce réservoir d’eau. » Les troisième et quatrième sont encore immergées. « Mais d’ici 2026-2028, l’eau se sera évaporée. On pourra forer. » CTR prévoit de produire 20 000 tonnes d’hydroxyde de lithium, mi-2024, de quoi alimenter 6 millions de véhicules électriques. Elle n’a pas encore les permis d’exploitation ni passé le contrôle d’impact sur l’environnement, ni même négocié un accord pour l’approvisionnement en eau, jalousement gardée par les fermiers, mais n’a manifestement aucune inquiétude. Les élus locaux ont écrit mi-septembre au président Joe Biden pour lui demander d’accélérer les formalités.
Le directeur des opérations ne parle pas « d’extraction » du lithium mais de « récupération ». Le procédé, sans précédent au monde, est à double détente. Dans un premier temps, l’usine géothermale pompera l’eau chaude (à 343 °C) qui se trouve sous la Salton Sea. Mais au lieu de réinjecter tout de suite la saumure dans le sous-sol, l’eau sera délestée au passage de ses sels de lithium.
Une start-up de la baie de San Francisco, Lilac Solutions, soutenue par Breakthrough Energy Ventures, le fonds d’investissements « verts » de Bill Gates, Jeff Bezos et Michael Bloomberg, a réactivé une ancienne technique : l’échange d’ions grâce à de petites perles couvertes de résine (procédé identique à celui qui est utilisé pour purifier ou adoucir l’eau). Le lithium est collecté en quelques heures – alors qu’il faut des années au Chili par exemple pour isoler le lithium de la solution salée par évaporation dans des cuves gigantesques. « Ce sera 100 % green », assure Jim Turner.
> Lire aussi « Les voitures électriques ne seront pas un âge d’or du nickel »
Le projet a de quoi faire rêver les élus locaux. Dans l’Imperial Valley, un cinquième des 180 000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le chômage atteint près de 20 %. A elle seule, la première usine CTR va apporter 480 emplois dans la construction et 930 pour les opérations. Le 28 octobre, la deuxième réunion publique de la Lithium Valley Commission a quand même témoigné de quelques bémols quant au « rush sur le lithium ».
« Tout le monde est très enthousiaste à l’idée d’être dans les premiers à développer une technologie zéro-émission, résume Mariela Loera, de l’association de justice environnementale Leadership Counsel for justice and accountability. Mais on ne peut pas reproduire une situation nocive pour la population dans le but de faire avancer les objectifs climatiques. » Selon la jeune femme, les écologistes sont partagés. « Au siège, les organisations soutiennent tout ce qui peut accélérer le développement des véhicules électriques. Au niveau local, c’est plus compliqué ».
La Salton sea reste « une poubelle »
A Brawley, les habitants eux aussi ne demandent qu’à y croire. Ils ont déjà vu beaucoup de promesses de développement : le commerce transfrontière, aux beaux jours de la mondialisation ; le rush du solaire dans le désert de Mojave ; une première tentative d’exploitation du lithium, en 2015, par la société Simbol Materials, qu’Elon Musk avait offert de racheter pour 325 millions de dollars.
Rien n’a changé. La Salton Sea reste « une poubelle », déplore Sandra Ramirez, 45 ans, arrivée du Mexique pour travailler dans les champs, il y a vingt-cinq ans. L’un de ses quatre enfants, âgé de 17 ans, souffre de problèmes respiratoires, comme sept jeunes sur dix dans la vallée. « Les enfants ont le nez qui saigne. Le docteur nous dit : c’est normal, ça arrive. Mais j’ai été enfant, je sais bien que ça n’arrive pas comme ça tout le temps. » Le taux de mineurs admis aux urgences pour des crises d’asthme est deux fois plus élevé dans le comté que pour l’ensemble de la Californie.
Luis Olmedo dirige le Comite Civico del Valle, une organisation caritative fondée par son père, ouvrier agricole, en 1987. L’association est devenue le quartier général des initiatives sociales du comté. Les kits sanitaires de sécurité anti-Covid sont prêts pour la distribution, au pied des affiches qui mettent en garde contre les émanations toxiques venues de la Salton Sea. Luis Olmedo a été invité à siéger à la Lithium Valley Commission. Il compte y porter la voix des populations négligées. « Nous sommes favorables aux énergies renouvelables, c’est clair. Favorables au lithium, oui, s’il n’est pas extrait par des mines à ciel ouvert. Si le procédé qui nous est présenté pour la Salton Sea est un moyen sûr, alors allons-y. Mais il faut que les responsables prennent en compte en priorité l’impact sur l’environnement. Et qu’ils acceptent de négocier un accord de partage des bénéfices avec la population. »
Le Comite Civico se bat depuis des années pour la justice environnementale. Il a déployé 70 appareils de mesure de la qualité de l’air dans les quartiers et organise des « toxic bus tours » qui ont été copiés dans toute la Californie. Il s’agit de montrer aux responsables des agences de régulation de l’environnement les infractions constatées par les citoyens eux-mêmes. Cette année, Luis Olmedo a levé des fonds pour acheter deux voitures électriques qui effectueront les tournées de relevés environnementaux. Des bornes de recharge sont en cours d’installation devant l’association. Les exclus d’hier ne demandent qu’à participer à la révolution énergétique, mais à condition, cette fois, d’en bénéficier.
> Lire aussi Au Tibet, la plaie ouverte des mines de lithium
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/24/quand-la-salton-sea-se-reinvente-en-lithium-valley_6103346_3244.html>
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14- Le charbon, un polluant incontournable dans le rude hiver afghan, AFP, 24/11/21, 06h45
Sur un marché proche de Kaboul, le charbon arrive par tonnes depuis les mines du nord de l'Afghanistan. Bientôt, de nombreux habitants le brûleront pour se chauffer et respireront l'un des airs les plus pollués au monde, faute d'alternative en cet hiver de grave crise économique.
Chez les quelque quarante employés d'Abdullah Rahimi, un des gérants du marché, pas un centimètre de peau ne semble avoir échappé à la poussière noire. Le charbon s'est glissé au plus profond des rides des aînés. Il est déjà bien installé sous les ongles des plus jeunes, dans leurs bronches aussi probablement, alors que certains n'ont même pas 15 ans.
Ils se lancent des blocs de charbon pour vider les camions, poussent des brouettes chargées de sacs, font des tas à coup de pelle, chargent les véhicules des clients.
"Le salaire dépend du nombre de clients. En moyenne, on gagne entre 200 et 300 afghanis par jour" (entre 1,90 et 2,85 euros), explique l'un d'eux, Abdul Ghafar Karimi, 35 ans. Avant, il était mineur et mieux payé, "500 afghanis par jour" (4,75 euros). Mais il a changé de travail, car c'était "trop dangereux". Tous les ans, les accidents dans les mines afghanes font plusieurs morts.
"Les gens viennent sur ce marché parce que c'est moins cher que dans Kaboul", explique Abdullah Rahimi: 10.000 afghanis (95 euros) la tonne de charbon, contre plus de 14.000 (132 euros) en ville.
- Brouillard toxique -
Ici, on est loin des discussions de la COP26 qui ont eu lieu au début du mois à Glasgow (Ecosse) pour lutter contre le changement climatique, et ont désigné le charbon parmi les principaux responsables. Sur le marché, les travailleurs n'en ont pas entendu parler.
L'Afghanistan, l'un des pays les plus pauvres du monde, en reste un modeste pollueur. En 2018, un Afghan polluait en moyenne 75 fois moins qu'un Américain (0,2 tonne métrique de CO2 par an, contre environ 15), selon la Banque mondiale.
Mais la pollution fait des ravages à Kaboul. Tous les hivers, l'air de la capitale, située à 1.800 mètres d'altitude, devient lourd et nocif à cause des fumées des chauffages domestiques au charbon, au bois et tout autres rebuts pouvant être brûlés, des ordures ménagères aux pneus de voitures.
Des montagnes environnantes, on voit alors clairement l'épais nuage de pollution qui recouvre la cuvette où vivent au moins 5 millions d'habitants.
Dimanche, selon le site de la société suisse IQ Air qui mesure la pollution aérienne dans le monde, Kaboul était la sixième pire ville du globe pour la qualité de l'air, derrière New Delhi (Inde) et Lahore (Pakistan), enveloppées ces jours-ci d'un épais brouillard de pollution toxique.
"Si on avait de l'électricité et du gaz, les gens n'utiliseraient pas le charbon", souligne Abdullah Rahimi. "Mais c'est assez abordable" et ils ne peuvent "pas faire autrement".
"Le réchauffement climatique est un problème pour le monde entier. Nous en sommes conscients ici. Il fait de plus en plus chaud, nous n'avons plus de neige tous les hivers comme avant", souligne un client, Amanullah Daudzai, vêtu d'un shalwar kamiz beige, l'ample habit traditionnel afghan.
- "Affaires à zéro" -
"La pollution provoque de graves maladies respiratoires", et "tous les Afghans savent ce que le charbon fait", poursuit-il. "Mais c'est moins cher".
Mais à Kaboul, l'environnement est loin d'être le premier motif d'inquiétude. Depuis que les talibans ont repris le pouvoir en août, l'aide internationale s'est tarie et l'économie est en partie à l'arrêt. Le chômage explose, des salaires ne sont plus payés, la misère et la faim s'étendent. Et le charbon se vend moins.
"Avant on vendait le chargement d'un ou deux camions en une journée. Maintenant, il nous faut 15 ou 20 jours", soupire Abdullah Rahimi. Les prix du charbon ont augmenté de 9% depuis un an, notamment à cause du transport plus cher.
Mohammad Yusuf Mangal, un agent immobilier de 21 ans, vient lui d'acheter cinq tonnes après négociation. Il lui en faudra six de plus pour se chauffer tout l'hiver. "Les affaires sont à zéro" mais "nous devons acheter du charbon pour survivre" à l'hiver, dit-il.
Sur un autre marché, Sharifa Atayee, une veuve de 38 ans avec cinq enfants à charge venue se renseigner sur les prix, renonce : "C'est trop cher cette année", dit-elle. Elle ignore quand elle pourra en racheter.
Avant, elle travaillait dans la police, mais n'a plus d'emploi depuis l'arrivée des talibans. Désormais sans salaire, elle a beau avoir vendu tout son or et ses bijoux, cela ne suffit plus.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-charbon-un-polluant-incontournable-dans-le-rude-hiver-afghan_159394>
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15- Au ministère comme sur TikTok, Djebbari promeut l’avion, Reporterre, 24/11/21, 09h31
Justine Guitton-Boussion
Le ministre des Transports est devenu très populaire sur les réseaux sociaux, surtout avec ses vidéos sur TikTok. Un engouement dont il se sert pour vanter l’action du gouvernement. Et promouvoir le très polluant secteur aérien.
C’est le ministre en vogue du moment. Jean-Baptiste Djebbari, chargé des Transports au sein du gouvernement depuis 2019 [1], a la cote sur les réseaux sociaux. « Il est absolument incroyable », peut-on lire sous ses vidéos, sur la plateforme TikTok où il cumule les 536 000 abonnés. « Monsieur, vous êtes un génie », ajoute un adolescent. « Présentez-vous à la présidentielle ! » poursuit même un autre jeune.
Depuis le mois de juin, Jean-Baptiste Djebbari publie régulièrement de courtes vidéos humoristiques sur ce réseau social particulièrement populaire chez les jeunes. On le découvre dans toutes les situations : enfourchant son vélo, au volant d’une voiture électrique Tesla, aux commandes d’un train...
La mise en scène va souvent plus loin. En septembre, il a posté une vidéo où, grâce à la magie du montage, ses vêtements passent d’un costard à une tenue de pilote de voiture de course. « La Formule E est le premier sport automobile neutre en carbone », précise-t-il dans la légende. En octobre, il s’est filmé dans un train de nuit, avec un filtre transformant son visage en tête de rat pour souligner sa radinerie. « Prendre un aller-retour en train de nuit pour payer deux nuits d’Airbnb en moins », plaisante-t-il.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Au-ministere-comme-sur-Tik-Tok-Djebbari-promeut-l-avion>
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16- Transition énergétique : les pays producteurs d'Afrique n'entendent pas renoncer au fossile, AFP, 24/11/21, 09:43
Les pays africains producteurs de gaz et de pétrole, ainsi que ceux où de récentes découvertes de ces énergies fossiles suscitent des espoirs de développement, n'entendent pas pour l'instant y renoncer en dépit des recommandations de la dernière conférence climat de Glasgow en Ecosse, la COP26.
L'accord final arraché à Glasgow a pour la première fois explicitement mis en cause les énergies fossiles comme principaux responsables du réchauffement climatique, appelant à "la sortie des subventions inefficaces" à ces énergies.
S'ils se disent prêts à participer à la lutte contre le réchauffement de la planète alors qu'ils font partie de ceux qui y contribuent le moins, les pays pétroliers et gaziers d'Afrique subsaharienne tels que le Nigeria et l'Angola - les deux plus gros producteurs de cette région - estiment qu'y renoncer, ce serait renoncer au développement et à la lutte contre la pauvreté.
"Limiter le développement des projets liés aux énergies fossiles, en particulier le gaz naturel, aurait un impact profondément négatif", a récemment déclaré le vice-président nigérian Yemi Osinbajo.
+ Graphique : Les émissions ce CO2 dans le monde / COP26 <https://i.la-croix.com/729x0/smart/2021/11/24/1301186734/emissions-CO2-monde_1.jpg>
Il admet "que tous les pays doivent participer à la lutte contre le changement climatique", mais ajoute aussitôt qu'"une transition globale en vue de sortir des énergies fossiles doit tenir compte des différences entre les pays (du Nord et du Sud) et permettre des passages diversifiés" vers des énergies propres comme le solaire, l'éolien et, dans une moindre mesure, l'hydroélectricité, a-t-il estimé.
"Pour des pays comme le Nigeria, riche en ressources naturelles mais encore pauvre sur le plan énergétique, la transition ne doit pas se faire aux dépens d'une énergie fiable et abordable pour la population, les villes et les industries", selon lui.
"Au contraire, elle doit être inclusive et équitable, ce qui veut dire préserver le droit au développement durable et à l'éradication de la pauvreté comme inscrit dans les traités internationaux comme l'accord de Paris sur le climat de 2015".
- Injuste répartition -
Ce discours en faveur du développement grâce aux énergies fossiles se heurte cependant à la réalité d'une redistribution injuste des revenus du gaz et du pétrole constatée dans les pays producteurs.
En Angola, le pétrole représente la moitié du Produit intérieur brut (PIB) et 89% des exportations, mais plus de la moitié des quelque 34 millions d'habitants vit avec moins de deux dollars par jour et le taux de chômage est de 31%.
Le gouvernement du président Joao Lourenco a lancé une vaste campagne anti-corruption en vue de récupérer les milliards de dollars qu'il soupçonne avoir été détournés sous le régime de son prédécesseur José Eduardo dos Santos, en premier lieu par lui-même et ses enfants, Isabel et José Filomeno.
Autre ancienne colonie portugaise d'Afrique australe, le Mozambique mise pour accélérer sa croissance sur les immenses champs de gaz naturel découverts dans l'océan Indien au large de ses côtes septentrionales, en dépit d'une forte présence de groupes jihadistes armés.
Militant écologiste mozambicain, Daniel Ribeiro note que "si on regarde le modèle des énergies fossiles en Afrique, il est très clair que ça n'a pas contribué" au développement, mais au contraire à "augmenter la dette et la corruption".
Il affirme que dans son pays, "l'évasion fiscale" liée aux projets gaziers favorise "l'élite dirigeante" et le Front de libération du Mozambique (Frelimo), au pouvoir depuis l'indépendance en 1975. Raison pour laquelle selon lui, Maputo "combat tout type d'évolution" vers des énergies propres.
- Le financement, "défi majeur" -
En Afrique de l'Ouest, la colère monte en Côte d'Ivoire chez des jeunes qui se sentent lésés par l'absence de retombées de l’exploitation du pétrole et du gaz au large de Jacqueville, près d'Abidjan.
Fin octobre, ils ont bloqué des travaux de pose de pipelines, bloquant un projet d'exploitation de gaz sous-marin. "Je n'arrive pas à comprendre qu'un village qui abrite une plateforme pétrolière n'ait aucune caserne de pompiers, ni un collège, et que les hôpitaux ne soient pas approvisionnés", s'étrangle un de ces jeunes.
Pallier les carences de l'exploitation pétrolière en assurant une transition vers les énergies propres reste néanmoins un objectif possible, à condition que les pays du Nord qui polluent le plus tiennent leurs promesses à aider les pays du Sud, premières victimes du réchauffement climatique.
"La question du financement reste un des défis majeurs à relever", note Cheikh Tidiane Wade, géographe sénégalais spécialiste de l'environnement, dont le pays entend commencer à produire du gaz fin 2023 et sortir son premier baril de pétrole en 2024.
En 2009, les pays du Nord avaient promis de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an. Mais la promesse n'est toujours pas tenue, aiguisant le ressentiment des pays en développement dans un contexte de crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 qui ajoute à leur fardeau.
La COP26 a appelé les pays riches à tenir leur promesse.
Avec un accès aux marchés financiers appropriés, les énergies renouvelables pourraient représenter jusqu'à 67% de la production d'électricité en Afrique subsaharienne d'ici 2030, selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).
<https://www.la-croix.com/Transition-energetique-pays-producteurs-Afrique-entendent-pas-renoncer-fossile-2021-11-24-1301186734>
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17- Contrôle technique des deux-roues : radars antibruit et primes à la conversion comme mesures alternatives, AFP, 24/11/21, 21:12
Des mesures alternatives au contrôle technique des deux-roues vont être mises en place, dont une prime à la conversion et des radars antibruit, a annoncé mercredi le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
Les mesures couvrent "les enjeux de sécurité routière, de lutte contre la pollution et le bruit", selon un communiqué du ministère.
Une prime à la conversion d'un montant pouvant atteindre 6.000 euros et sans condition de revenus sera notamment créée "pour l'achat de deux-roues électriques ou très peu polluants".
Le contrôle technique des deux-roues, exigé par l'Union européenne depuis 2014, devait en principe être mis en place au 1er janvier 2022 au plus tard par chaque État membre.
En France, un décret - paru le 11 août 2021 - avait fixé une entrée en vigueur progressive à partir de 2023. Mais le président de la République, Emmanuel Macron, l'avait suspendu dès le lendemain, estimant que "ce n'était pas le moment d'embêter les Français", avait avancé un conseiller de l'exécutif pour justifier cette décision. L'exécutif planchait depuis sur des mesures alternatives.
Outre la prime à la conversion, dès 2022, "des radars pour contrôler les émissions sonores, notamment des deux-roues" seront installés, dans un but pédagogique dans un premier temps, parallèlement au "maintien d'un niveau de sanctions pour les pots d'échappement non homologués ou trafiqués, pouvant atteindre 1.500 euros et l'immobilisation du véhicule".
Parmi les mesures concernant la sécurité, le gouvernement renforcera sa communication sur le port des gants et prévoit une adaptation du permis voiture (B) pour y intégrer "la problématique de la sécurité des deux-roues".
Enfin, le gouvernement veut renforcer "le dispositif de signalisation des angles morts des véhicules lourds".
Ce dispositif alternatif a été présenté mercredi par M. Djebbari aux fédérations de motards, selon le ministère, qui ajoute que les mesures seront soumises dans les jours à venir à la Commission européenne.
La plupart des pays européens ont déjà mis en place ce contrôle technique. Seuls la Finlande, l'Irlande et les Pays-Bas ont adopté des mesures alternatives pour réduire le nombre d'accidents, qui leur ont permis de le contourner.
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/controle-technique-des-deux-roues-radars-antibruit-et-primes-a-la-conversion-comme-mesures-alternatives_2163030.html>
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18- A Paris, le stationnement payant des deux-roues motorisés repoussé à septembre 2022, Le Monde avec AFP, 25/11/21, 19h20
Des « contraintes techniques » empêchent de mettre en place le stationnement payant des « 2RM » à Paris dès janvier, comme cela avait été voté en juillet par le Conseil de Paris, a déclaré la Ville.
Ce n’est qu’une question de temps. Les propriétaires de deux-roues motorisés n’auront pas à payer le stationnement à Paris avant septembre 2022, a annoncé, jeudi 25 novembre, la Ville.
Des « contraintes techniques » empêchent de mettre en place le stationnement payant des « 2RM » à Paris dès janvier, comme cela avait été voté en juillet par le Conseil de Paris, a déclaré David Belliard, adjoint écologiste à la maire Anne Hidalgo (PS), chargé notamment des mobilités.
« L’Etat a fait barrage », a-t-il affirmé, en regrettant une « forme d’impunité » à l’égard des « 2RM », après « l’exemption de contrôle technique » notamment. Des mesures alternatives à ce dernier ont ainsi été annoncées aux fédérations de motards mercredi par le ministre délégué aux transports, Jean-Baptiste Djebbari. Parmi celles-ci, vont être mis en place une prime à la conversion et des radars antibruit.
> Lire aussi Motos et scooters redoutent d’être « bannis » de Paris
Mobilisation des « motards en colère »
La Ville avait sollicité les services de l’Etat et conclu une convention avec l’interface France Connect permettant de s’authentifier sur les sites gouvernementaux, afin notamment de « faciliter » les démarches des propriétaires de deux-roues souhaitant faire une demande de carte de résident.
Environ 500 « motards en colère », selon les chiffres de la préfecture de police, ont manifesté samedi contre le stationnement payant dans les rues de la capitale.
La mairie assure que la mise au point technique du dispositif sera finalisée en juillet, ce qui justifie la mise en place du stationnement payant à partir de septembre.
> Lire aussi Paris rend payant le stationnement des motos et des scooters
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/25/a-paris-le-stationnement-payant-des-deux-roues-motorises-repousse-a-septembre-2022_6103617_3234.html>
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En images
19- Lyon : les terrasses chauffées interdites par le maire, France 3, Le 12/13, 23/11/21
Il faudra dire adieu aux terrasses chauffées en hiver à partir de mars 2022. Une mesure effective dès maintenant à Lyon, où le maire écologiste, Grégory Doucet, a pris cette décision par arrêté préfectoral, cinq mois avant tout le monde.
Sortez les plaids, vous allez en avoir besoin. Depuis le 1er novembre, la ville de Lyon (Rhône) a interdit tous les cafés et restaurants ayant une terrasse sur l'espace public d'utiliser des chauffages extérieurs, car ils émettraient trop de CO2. Si dans certains établissements, le message n'est pas passé, pour le plus grand plaisir des clients "Je profite des derniers disponibles", souligne une jeune femme. À Lyon, sur environ 2 000 terrasses, seule une centaine serait chauffée. "Avec le froid qui va arriver, on va le sentir, on perd quelques tables", explique un responsable d'établissement.
Cinq mois plus tôt qu'ailleurs en France
Avec cinq mois d'avance, la ville de Lyon anticipe une mesure qui sera applicable partout en France au printemps. Un timing incompréhensible pour l'union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie du Rhône : "On sort d'une période compliquée par le Covid avec nos presque dix mois de fermeture. On estimait pouvoir s'adapter à cette nouvelle mesure à partir de l'été prochain", déplore Thibault Salvat. La ville de Lyon n'a pas souhaité s'exprimer à ce sujet. Tout contrevenant s'expose à une amende ou à un non-renouvellement de son espace.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/restauration-hotellerie-sports-loisirs/lyon-les-terrasses-chauffees-interdites-par-le-maire_4856135.html>
Sur le même sujet :
> Chauffage en terrasses interdit dès cet hiver à Lyon <https://information.tv5monde.com/info/chauffage-en-terrasses-interdit-des-cet-hiver-lyon-433952>, AFP, 25/11/21, 17:00
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20- Batteries électriques : une mine de lithium va-t-elle dévaster une vallée de 20 000 habitants en Serbie ?, France 2, L’œil du 20h, 24/11/21
Le lithium, indispensable aux batteries des voitures électriques, devient une des matières les plus convoitées. Mais l'exploitation des gisements provoque des dégâts sur l'environnement. En Serbie, le groupe australien Rio Tinto a acheté des terres riches en minerai de lithium, mais la population ne compte pas laisser la multinationale dévaster sa vallée.
>> Suite à lire et reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/alerte-pollution/video-batteries-electriques-une-mine-de-lithium-va-t-elle-devaster-une-vallee-de-20-000-habitants-en-serbie_4857641.html>
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