[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international (vendredi 15 octobre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 15 Oct 07:59:19 CEST 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Enquête. « Pandora Papers » : du roi Abdallah II à Tony Blair, des dizaines de dirigeants politiques éclaboussés par le scandale <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/10/03/pandora-papers-du-roi-abdallah-ii-a-tony-blair-des-dizaines-de-dirigeants-politiques-eclabousses-par-le-scandale_6096962_4355770.html>, Le Monde, maj le 04/10/21 à 02h38
2- Enquête. « Pandora Papers » : la part d’ombre de Baker McKenzie, cabinet d’avocats « global » <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/10/04/pandora-papers-la-part-d-ombre-de-baker-mckenzie-cabinet-d-avocats-global_6097101_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, 04/10/21, 20h54
3- Sans décarbonation de l’économie, la finance verte restera un leurre <https://theconversation.com/sans-decarbonation-de-leconomie-la-finance-verte-restera-un-leurre-168757>, The Conversation, 04/10/21, 20:47
4- Devoir de vigilance : les sénateurs délèguent la compétence au tribunal de commerce, au grand dam des associations <https://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/devoir-de-vigilance-les-senateurs-deleguent-la-competence-au-tribunal-de-commerce-au-grand-dam-des-associations-150213.html>, Novethic, 06/10/21
5- Ces entrepreneurs africains qui aident à relever le défi du développement <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/07/ces-entrepreneurs-africains-qui-aident-a-relever-le-defi-du-developpement_6097452_3212.html>, Le Monde Afrique, 07/10/21, 10h00 
6- Entretien. Une chimie écolo, la "plus grande fierté" du Nobel David MacMillan <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/une-chimie-ecolo-la-plus-grande-fierte-du-nobel-david-macmillan_158107>, AFP, 07/10/21, 11:00
7- Livre. « Une histoire des luttes pour l’environnement » : trois siècles de combats pour la Terre et le climat <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/08/une-histoire-des-luttes-pour-l-environnement-trois-siecles-de-combats-pour-la-terre-et-le-climat_6097567_3232.html>, Le Monde, 08/10/21, 06h00 
8- Cent trente-six pays, dont l'Irlande et la Hongrie, s'accordent sur une taxation minimale à 15% des multinationales <https://www.francetvinfo.fr/economie/impots/un-accord-trouve-entre-136-pays-pour-une-taxation-minimale-des-multinationales-de-15_4800173.html>, France info avec AFP, 08/10/21, 23:52
9- Bruxelles recherche une « coalition internationale » sur le commerce des produits écologiques <https://www.euractiv.fr/section/developpement-durable/news/bruxelles-recherche-une-%E2%80%89coalition-internationale%E2%80%89-sur-le-commerce-des-produits-ecologiques/>, EurActiv, 08/10/21
10- Les agences de voyages ne veulent pas entendre parler de révolution écologique ! <https://www.tourmag.com/Les-agences-ne-veulent-pas-entendre-parler-de-revolution-ecologique-_a110596.html>, TourMag, 08/10/21
11- 5G : Bruxelles enregistre une initiative citoyenne demandant une meilleure prise en compte des risques <https://www.actu-environnement.com/ae/news/5g-bruxelles-enregistre-initiative-citoyenne-demandant-meilleure-prise-en-compte-risques-38322.php4>, Actu-environnement, 08/10/21
12- [Édito] Les États membres suivront-ils la ligne verte tracée par l’Union européenne ? <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/edito-les-etats-membres-suivront-ils-la-ligne-verte-tracee-par-l-union-europeenne-150219.html>, Novethic, 08/10/21
13- Taxation des multinationales : un accord sur un taux de 15 % signé par 136 pays <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/08/taxation-des-multinationales-un-accord-sur-un-taux-de-15-vient-d-etre-signe-par-136-pays_6097670_3234.html>, Le Monde, maj le 09/10/21 à 06h33 
14- Publication du budget vert 2022 <https://www.economie.gouv.fr/publication-budget-vert-2022>, Ministère de l’économie, des finances et de la relance, 11/10/21
15- Une ONG porte plainte pour « crime contre l’humanité » contre Bolsonaro <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/12/une-ong-porte-plainte-pour-crime-contre-l-humanite-contre-bolsonaro_6098011_3210.html>, Le Monde avec AP et AFP, 12/10/21, 10h16
16- France 2030 : Emmanuel Macron dégage 30 milliards d’euros pour son plan d’investissement <https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/12/france-2030-macron-degage-30-milliards-d-euros-pour-son-plan-d-investissement_6098019_823448.html>, Le Monde, 12/10/21, 12h51 
17- L’UE lance la plus grande émission d’obligations vertes au monde <https://www.euractiv.fr/section/climat/news/lue-lance-la-plus-grande-emission-dobligations-vertes-au-monde/>, EurActiv, 13/10/21
18- « L’affaire du siècle » : la justice demande au gouvernement de « réparer le préjudice écologique » dont il est responsable <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/10/14/l-affaire-du-siecle-la-justice-demande-au-gouvernement-de-reparer-le-prejudice-ecologique-dont-il-est-responsable_6098357_1652612.html>, Le Monde, 14/10/21, 13h01
19- Climat : nous l’avons fait, l’Etat n’a plus le choix ! <http://r.aldebaran.laffairedusiecle.net/mk/mr/dkhocpiueulhFg-KIkGSGGDP2AKH8T5xrOqYVnjESN21x02jwZX2ykvTg1CL-z5H2HnJmZMYNBjEYN0j6tIOW7iwyKryhoi98M7DEcM1adTUps4fesfgMf8SeNJVTFjN7dKzqoRSLsKVHNwbIsUzQNE>, L’Affaire du Siècle, 14/10/21, 18:23
En audiovisuel
20- A l’issue du périple du Train de la Relance, revivez nos 36h d'émission à la rencontre de 150 acteurs de terrain <https://reportersdespoirs.org/letrain/>, Reporters d’espoirs, Nouvelles du 06/10/21
21- Taxation des multinationales : quels sont les détails de cet accord historique ? <https://www.francetvinfo.fr/economie/impots/paradis-fiscaux/taxation-des-multinationales-quels-sont-les-details-de-cet-accord-historique_4801379.html>, France 2, journal de 20h, 09/10/21
Une publication
22- Sapiens Tome 2  - Album : Les piliers de la civilisation <https://www.albin-michel.fr/sapiens-tome-2-bd-9782226457622>, de Yuval Noah Harari, David Vandermeulen, Daniel Casanave, Editions Albin Michel, 13/10/21

Bien à vous,
Florence

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ENQUÊTES DU JOUR : Un roi, sept présidents et quatre premiers ministres en exercice. Des centaines de responsables politiques issus de plus de 90 pays. La liste des personnalités politiques qui apparaissent dans les « Pandora Papers » ressemble à un véritable catalogue du gotha politique mondial. La « firme globale » Baker McKenzie a joué de son influence pour limiter les réglementations internationales et satisfaire ses clients à la réputation parfois sulfureuse. (cf. item 1 & 2)
M’ENFIN DU JOUR : Après plusieurs années de négociations, 136 pays représentant 90% du PIB mondial, se sont accordés pour imposer une taxation minimale à 15% sur les multinationales, a annoncé l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), après les ralliements de l'Irlande, de l'Estonie et de la Hongrie. (cf. item 8, suite, 13 & 21)
QUESTIONNEMENTS DU JOUR : — Sans la contribution des banques il n’y aurait pas de prospection pétrolière en Arctique. Si la finance est sans aucun doute un enjeu, la « finance verte » est-elle la solution ? (cf. item 3)
— Le message de la Commission européenne : il est urgent de réorienter l’économie et la finance pour que la nature cesse de payer le prix d’un modèle qui la détruit, trouvera-t-il un relais dans les pays membres ? (cf. item 12)
VOTE DU JOUR : Les tribunaux de commerce pourraient bientôt devenir les seuls compétents pour juger les affaires fondées sur le devoir de vigilance. C'est ce qu'ont voté les sénateurs, fin septembre, contre l'avis du gouvernement. (cf. item 4)
AVENIR DU JOUR : — Quel point commun entre les sociétés mPharma, Easy Solar et Sanergy ? Toutes les trois opèrent sur le continent africain et sont des entreprises à vocation sociale ou environnementale les mieux placées pour fournir des « services essentiels et de qualité », selon la Banque mondiale. (cf. item 5)
— L'Américano-britannique David MacMillan a été récompensé du prix Nobel de chimie pour l'élaboration d'une nouvelle technique permettant de fabriquer des molécules de façon respectueuse de l'environnement, sa "plus grande fierté ». (cf. item 6)
PUBLICATION DU JOUR : Quatre historiens publient une sélection richement illustrée de révoltes souvent oubliées et mobilisables dans les contestations actuelles. (cf. item 7)
ENGAGEMENT DU JOUR : La Commission européenne convoquera une réunion ministérielle l’année prochaine afin de promouvoir le commerce comme moyen d’atteindre les objectifs climatiques et environnementaux. (cf. item 9)
ICE DU JOUR : La Commission européenne a enregistré une initiative citoyenne européenne (ICE) intitulée "Stop à la 5G - Restons connectés, mais protégés". (cf. item 11)
CHIFFRES DU JOUR : — Le budget vert de la France révèle 10,8 milliards d'euros de dépenses défavorables à l'environnement en 2022. (cf. item 14 & suite)
— La Commission européenne a émis des obligations vertes d’une valeur de 12 milliards d’euros sur les marchés financiers, afin de financer les composantes écologiques de son fonds de relance contre le coronavirus, doté de 800 milliards d’euros. (cf. item 17)
ULTIMATUM DU JOUR : Dans 'l'Affaire du siècle', le tribunal administratif donne jusqu’au 31 décembre 2022 à l’exécutif pour prendre « toutes les mesures utiles » afin de compenser l’excès d’émissions de CO2 constaté entre 2015 et 2018. (cf. item 18 & 19)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Enquête. « Pandora Papers » : du roi Abdallah II à Tony Blair, des dizaines de dirigeants politiques éclaboussés par le scandale, Le Monde, maj le 04/10/21 à 02h38
Jean-Baptiste Chastand, Anne Michel, Jérémie Baruch, Maxime Vaudano et ICIJ 

La fuite de documents confidentiels, source de l’enquête menée par « Le Monde » et l’ICIJ, révèle que de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement dissimulent leur fortune derrière des sociétés-écrans anonymes.
Un roi, sept présidents et quatre premiers ministres en exercice. Des centaines de responsables politiques issus de plus de 90 pays. La liste des personnalités politiques qui apparaissent dans les « Pandora Papers » ressemble à un véritable catalogue du gotha politique mondial. Tour d’horizon des principales révélations de cette fuite de 12 millions de documents confidentiels sur les paradis fiscaux, obtenue par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et épluchée pendant plus d’un an par 150 médias internationaux.
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Les « Pandora Papers », c’est quoi ?
« Pandora Papers » est une enquête collaborative menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en partenariat avec 150 médias internationaux, dont Le Monde. Elle repose sur la fuite de près de 12 millions de documents confidentiels, transmis par une source anonyme à l’ICIJ, provenant des archives de quatorze cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore dans les paradis fiscaux (îles Vierges britanniques, Dubaï, Singapour, Panama, les Seychelles…).
Cinq ans après les « Panama Papers », l’enquête révèle l’ampleur des dérives de l’industrie offshore et de ses sociétés anonymes. Elle montre comment ce système profite à des centaines de responsables politiques, et comment de nouveaux paradis fiscaux prennent le relais à mesure que les anciens se convertissent à la transparence.
> A lire : « Pandora Papers » : plongée mondiale dans les secrets de la finance offshore
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• Andrej Babis, premier ministre tchèque
C’est une villa de deux étages avec billard, salle de cinéma, sauna et piscine, entourée d’un gigantesque domaine de seize parcelles dans les collines de Mougins (Alpes-Maritimes), dans l’arrière-pays cannois. Sur la Côte d’Azur, la plupart des voisins du château Bigaud ne savent pas qu’il appartient au premier ministre tchèque, Andrej Babis, 67 ans, sixième fortune de son pays, qui l’a acheté en 2009 par le biais d’une cascade de sociétés offshore. Entré en politique en 2011 en promettant une « révolution anticorruption », M. Babis dirige le gouvernement de ce pays d’Europe centrale depuis 2017.
Si ce francophile ne s’est jamais caché de posséder le restaurant étoilé voisin, le Paloma, fermé en 2019, il n’avait pas déclaré détenir 40 000 m2 de propriétés diverses de l’autre côté de la rue, grâce à une myriade de sociétés domiciliées à Monaco, aux îles Vierges britanniques (BVI) et aux Etats-Unis. Aucune des déclarations de patrimoine qu’il a dû remplir depuis sa première élection au Parlement, en 2013, ne fait ainsi apparaître SCP Bigaud, Blakey Finance ou Boyne Holdings, ces sociétés offshore révélées par les « Pandora Papers ».
Lorsqu’il a acquis le château Bigaud en 2009, pour la somme de 14 millions d’euros, puis demandé un prêt de 1,75 million d’euros à la Sogelife, une filiale de la Société générale, pour financer des travaux et son extension, le milliardaire a eu recours à un montage opaque qui empêchait complètement de l’identifier. « Un type de structure typique pour faire de l’évasion fiscale ou du blanchiment d’argent », estime même Christoph Trautvetter, un expert du réseau allemand pour la justice fiscale, interrogé par nos partenaires de la télévision publique allemande ARD.
M. Babis n’a pas souhaité répondre aux questions du Consortium, mais « toutes nos transactions ont eu lieu de façon parfaitement légale et nous avons payé toutes les taxes requises », a contesté par e-mail Karel Hanzelka, porte-parole de son groupe, Agrofert. En pleine campagne électorale pour les législatives des 8 et 9 octobre, M. Babis est déjà mis en cause par la Commission européenne parce qu’il continue à diriger ses entreprises en sous-main, alors qu’elles bénéficient de millions d’euros de fonds européens.
Connu pour mélanger ses affaires professionnelles, familiales et politiques, M. Babis a aussi utilisé sa femme, Monika Babisova, pour ses propriétés de la Côte d’Azur. Elle apparaît ainsi brièvement comme actionnaire du montage, en 2018, au moment où le château Bigaud et ses parcelles attenantes sont rapatriés des sociétés offshore vers l’une des holdings tchèques de M. Babis. Baptisée SynBiol, elle est officiellement spécialisée dans « les carburants » et « la production de produits chimiques dangereux ».
• Tony Blair, ancien premier ministre britannique
« Nous devons contrer les abus du système fiscal, proclamait Tony Blair lors de sa campagne victorieuse pour prendre la tête du Parti travailliste, en 1994. Pour ceux qui peuvent recourir aux bons comptables, le système fiscal est un paradis d’escroqueries, d’avantages et de profits. » Près de trente ans plus tard, les convictions de l’ancien premier ministre britannique (1997-2007) semblent avoir disparu.
En 2017, M. Blair et son épouse, Cherie, ont recouru à un montage offshore qui leur a permis d’économiser 340 000 livres sterling (380 000 euros) de taxes sur l’achat d’une belle propriété victorienne dans un quartier huppé de Londres, pour la coquette somme de 7,3 millions d’euros.
Les « Pandora Papers » révèlent que le couple Blair n’a pas acheté directement l’immeuble de quatre étages à son précédent propriétaire, Romanstone International Limited. A la place, les époux ont acquis directement les parts de cette société offshore installée aux BVI, qui appartenait à un ministre bahreïni, Zayed Ben Rachid Al-Zayani. Aux yeux des autorités britanniques, l’immeuble n’a donc pas changé de mains, ce qui leur a permis d’échapper aux frais de mutation normalement réclamés pour toute vente de bien immobilier sur le sol britannique.
Contactée par le Guardian, Cherie Blair n’a pas contesté avoir bénéficié de cette optimisation fiscale agressive, bien que légale. Elle a insisté sur le fait que les conditions de cette vente avaient été fixées par le vendeur.
• Abdallah II, roi de Jordanie
Le roi de Jordanie, Abdallah II, est à la tête d’un véritable empire immobilier jusqu’alors inconnu du public, composé d’au moins quatorze luxueuses résidences au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, estimées à plus de 106 millions de dollars. Pour le construire en toute discrétion, il a fait appel à un comptable britannique, qui a constitué une trentaine de sociétés-écrans aux BVI et au Panama. Sa plus récente acquisition est une villa à Malibu (Californie) qui donne sur la plage.
Tous les documents des « Pandora Papers » confirment l’attachement de l’entourage du roi à la confidentialité de ses affaires immobilières. Jusqu’aux échanges de son gérant de fortune, Andrew Evans, avec les prestataires offshore qui administrent ses sociétés. Dans ces e-mails, Abdallah II est désigné tantôt comme « le bénéficiaire effectif », tantôt comme « vous-savez-qui », mais jamais par son nom. M. Evans a même exigé du prestataire panaméen Alcogal un traitement de faveur, justifié par le caractère « exceptionnellement sensible » de ce client, en ne conservant que des copies papier des documents, pour limiter les risques de fuite. Les documents témoignent également des efforts entrepris par ces intermédiaires pour dissimuler l’identité du roi, aussi bien dans les registres publics que dans les informations transmises aux autorités des BVI.
Sollicité par l’ICIJ, le monarque a fait savoir par ses avocats que ces propriétés avaient été achetées avec ses deniers personnels et que la loi jordanienne l’exemptait de payer des impôts. Il explique que son recours à des structures offshore est justifié par des « raisons légitimes de sécurité et de confidentialité ». Abdallah II a également des raisons plus politiques d’éviter d’étaler sa richesse au grand public : son pays, singulièrement plus pauvre que son voisin saoudien, dépend en grande partie de l’aide financière internationale, qui s’élevait à 3,7 milliards de dollars en 2020.
• Nicos Anastasiades, président chypriote
Elle n’est ni le plus grand ni le plus peuplé des Etats de l’Union européenne. Mais la République de Chypre est sans conteste l’un des pivots de l’argent douteux au sein du continent européen, du fait de l’opacité de son système financier et de sa porosité avec les intérêts russes.
Le président de la République, Nicos Anastasiades, en sait quelque chose. Pendant longtemps, il était à la tête d’un cabinet d’avocats étroitement lié au monde de l’offshore, qui porte toujours son nom : Nicos Chr. Anastasiades & Partners. Si le chef d’Etat a officiellement quitté le cabinet au moment d’accéder à la fonction suprême, en 2013, il y conserve un bureau, et deux de ses filles en sont les associées.
> Lire aussi A Chypre, le scandale des « passeports en or »
Déjà mis en cause dans le scandale de blanchiment « Troika Laundromat » (« lavomatic Troika »), puis dans une affaire « des visas dorés », le cabinet du président confirme avec les « Pandora Papers » ses liens avec les oligarques russes. En 2015, la firme a ainsi aidé le milliardaire et ancien sénateur Leonid Lebedev à contourner les règles de transparence l’obligeant à se déclarer comme propriétaire de quatre sociétés chypriotes. Le cabinet a aussi rédigé des lettres de référence à Alexander Abramov, un magnat de l’acier proche du Kremlin, quelques jours après son placement sous sanctions américaines. Contacté, son actuel directeur a réfuté toute irrégularité.
• Denis Sassou Nguesso, président congolais
Selon les « Pandora Papers », Denis Sassou Nguesso, a détenu, pendant près de vingt ans, une société offshore aux BVI. Dénommée Inter African Investment Ltd, elle a été enregistrée le 28 août 1998, moins d’un an après le début de sa mandature. Elle était propriétaire d’un compte bancaire dans la branche londonienne de la banque portugaise Espirito Santo.
Aidé par le gérant de fortune suisse FidElite, le président de la République du Congo a d’abord utilisé les services du cabinet panaméen Mossack Fonseca pour structurer son montage offshore, lui permettant de détenir dans le plus grand secret une seconde société, Ecoplan Finance Ltd. Le président a installé sa fille Julienne parmi les directeurs et administrateurs d’Ecoplan. Cette société détenait la majorité des parts de la société congolaise Escom Congo, une entreprise de construction immobilière ayant pignon sur rue, détentrice de droits dans des mines diamantaires. Selon le consortium de journalistes africains Ancir, le chiffre d’affaires annuel de la société serait de 150 millions d’euros. Les sociétés des BVI ont été dissoutes après le scandale des « Panama Papers ». Contacté, le président congolais n’a pas donné suite.
Les autres dirigeants cités
• Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky était copropriétaire d’une société aux BVI liée à l’industrie cinématographique. Peu avant son élection en 2019, il a transféré ses parts à l’un de ses plus proches conseillers, Serhiy Shefir.
• Malte. L’ancien commissaire européen John Dalli a omis de divulguer sa participation dans une mystérieuse société aux BVI, qu’il a transmise à ses filles lors de son entrée au gouvernement maltais, en 2008.
• Monténégro. Le président Milo Djukanovic et son fils sont bénéficiaires de deux « trusts » et de deux sociétés-écrans aux BVI.
• Azerbaïdjan. Les « Pandora Papers » confirment l’ampleur de la fortune du clan présidentiel Aliev, qui détient notamment 100 millions d’euros de propriétés immobilières à Londres.
• Kenya. La famille du président Kenyatta, figure de la lutte anticorruption, est propriétaire d’une fondation secrète au Panama, détenant plus de 30 millions de dollars (26 millions d’euros).
• Gabon. Le président Ali Bongo a contrôlé à la fin des années 2000 deux sociétés offshore aux BVI, lorsqu’il occupait encore les fonctions de ministre de la défense.
• Côte d’Ivoire. Le premier ministre Patrick Achi contrôlait une société aux Bahamas jusqu’à au moins 2006.
• Tchad. Zakaria Déby, frère de l’actuel président tchadien, a créé en 2008 une société seychelloise en association avec un cousin et un trafiquant d’armes présumé.
• Liban. L’actuel premier ministre, Najib Mikati, a acheté en 2010 une propriété de 10 millions de dollars (7,5 millions d’euros) à Monaco par l’intermédiaire d’une société panaméenne. Son prédécesseur Hassan Diab a détenu, plus récemment, une société aux BVI.
• Equateur. Le président Guillermo Lasso a secrètement détenu des comptes bancaires aux Etats-Unis, par l’intermédiaire d’une fondation au Panama, puis d’un « trust » au Dakota du Sud.
• République dominicaine. Le président Luis Abinader est lié à deux sociétés panaméennes créées plusieurs années avant son élection.
• Brésil. Le ministre de l’économie, Paulo Guedes, qui défend publiquement des mesures anti-offshore, avait lui-même ouvert une société-écran aux BVI en 2014.
> Tous les articles consacrés à l’enquête « Pandora Papers » sont disponibles dans cette rubrique <https://www.lemonde.fr/pandora-papers/>.
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/10/03/pandora-papers-du-roi-abdallah-ii-a-tony-blair-des-dizaines-de-dirigeants-politiques-eclabousses-par-le-scandale_6096962_4355770.html <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/10/03/pandora-papers-du-roi-abdallah-ii-a-tony-blair-des-dizaines-de-dirigeants-politiques-eclabousses-par-le-scandale_6096962_4355770.html>>
Sur le même sujet : 
> Les milliards offshore de dizaines de dirigeants exposés par un groupe de journalistes <https://information.tv5monde.com/info/les-milliards-offshore-de-dizaines-de-dirigeants-exposes-par-un-groupe-de-journalistes-427044>, AFP, 03/10/21, 23:00
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2- Enquête. « Pandora Papers » : la part d’ombre de Baker McKenzie, cabinet d’avocats « global », Blog Les Décodeurs, 04/10/21, 20h54
Maxime Vaudano, Jérémie Baruch, Anne Michel et Sydney Freedberg (ICIJ) 

La firme prestigieuse, dirigée par Christine Lagarde entre 1999 et 2005, joue de son influence pour limiter les réglementations internationales et satisfaire ses clients à la réputation parfois sulfureuse.
C’est la Rolls-Royce des cabinets d’avocats. Baker McKenzie. La première des « firmes globales », capable d’intervenir dans tous les domaines du droit sur les cinq continents. Une marque à la réputation irréprochable, représentée par près de 5 000 avocats dans 46 pays, dans laquelle les clients les plus prestigieux peuvent placer leur confiance les yeux fermés. Un réseau puissant d’« anciens », qui, à la manière de la banque Goldman Sachs, occupent désormais les fonctions publiques les plus éminentes – comme Christine Lagarde, patronne du cabinet entre 1999 et 2005, et désormais présidente de la Banque centrale européenne.
Mais « BMK » a aussi une part d’ombre, que dévoile l’enquête « Pandora Papers », conduite par Le Monde avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) : celle d’un pilier du monde de la finance offshore, cette économie parallèle qui bénéficie aux individus et entreprises en quête d’opacité ou de défiscalisation. Des milliers de documents confidentiels obtenus par l’ICIJ détaillent comment le cabinet aide ses clients à profiter des avantages de l’industrie offshore, tout en contribuant à influencer les réglementations dans un sens favorable à leurs intérêts.
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Les « Pandora Papers », c’est quoi ?
« Pandora Papers » est une enquête collaborative menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en partenariat avec 150 médias internationaux, dont Le Monde. Elle repose sur la fuite de près de 12 millions de documents confidentiels, transmis par une source anonyme à l’ICIJ, provenant des archives de quatorze cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore dans les paradis fiscaux (îles Vierges britanniques, Dubaï, Singapour, Panama, les Seychelles…).
Cinq ans après les « Panama Papers », l’enquête révèle l’ampleur des dérives de l’industrie offshore et de ses sociétés anonymes. Elle montre comment ce système profite à des centaines de responsables politiques, et comment de nouveaux paradis fiscaux prennent le relais à mesure que les anciens se convertissent à la transparence.
> A lire : « Pandora Papers » : plongée mondiale dans les secrets de la finance offshore
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Bien que les archives internes de Baker McKenzie ne figurent pas dans la fuite des « Pandora Papers », le groupe est mentionné indirectement dans plus de 7 500 documents provenant de cabinets offshore installés au Panama, à Chypre ou aux îles Vierges britanniques (British Virgin Islands, BVI). On y découvre que « BMK » leur a délégué la création et l’administration de centaines de sociétés-écrans pour le compte de ses clients, évitant ainsi de se compromettre directement. Des sociétés qui se révèlent souvent être des coquilles vides, simples structures d’interposition destinées à profiter des avantages des paradis fiscaux dans lesquelles elles sont enregistrées.
Sollicité par l’ICIJ, le cabinet a refusé de s’étendre sur la raison d’être de ces sociétés offshore, en renvoyant la responsabilité aux intermédiaires ou aux clients finaux. Mais plusieurs documents des « Pandora Papers » interrogent. Comme cet échange d’e-mails, en 2008, entre le bureau de « BMK » en Floride et un prestataire offshore, autour d’une société ouverte aux BVI pour le compte d’un riche Canadien, qui souhaite clairement « se protéger des taxes foncières américaines ». Ou, quatre ans plus tard, lorsqu’un employé du cabinet participe au transfert aux BVI des sociétés d’un milliardaire américain jusqu’alors installées au Panama, au moment même où la pression internationale sur ce pays s’intensifie.
Exploiter les failles de la loi
Si ces montages sont anciens, le leak (« fuite ») contient des échanges beaucoup plus récents, provenant notamment de la branche de Baker McKenzie en Floride, qui emploie de nombreux avocats spécialistes de la fiscalité et des structures offshore opaques. Ainsi, en juillet 2017, une employée du cabinet demande à un correspondant aux BVI une société offshore « disponible » pour l’un de ses clients – qui fera, quelques mois plus tard, l’acquisition discrète d’une superbe villa de millionnaire à Miami Beach.
Interrogée, la direction de « BMK » se défend catégoriquement de favoriser la fraude fiscale. « La fiscalité est au cœur de notre expertise, écrit la firme dans une réponse écrite aux questions du Monde et de l’ICIJ. Nous aidons nos clients à évaluer et à remplir leurs obligations fiscales à l’échelle mondiale, et à naviguer dans des règles fiscales très complexes. C’est pour cela qu’ils font appel à nous. »
Il y a quelques années, les « Paradise Papers » avaient révélé le concours apporté par le cabinet à Apple et Nike dans leur réorganisation face au durcissement des règles fiscales en Irlande et aux Pays-Bas. Aujourd’hui, ce même cabinet assure « soutenir » les efforts en cours de la communauté internationale pour mettre en place une taxation minimale des multinationales, « afin d’apporter plus de simplicité et d’équité au système [fiscal] mondial ». Mais en coulisses, la firme mène depuis des décennies un intense lobbying politique. Sa cible : les réglementations visant à durcir la lutte contre les paradis fiscaux et le blanchiment d’argent.
Les « nominees », un service recherché
Selon le décompte de l’ICIJ, au moins 300 avocats du cabinet sont intervenus auprès des Etats ou des organisations internationales sur ces sujets. En Australie et à Hongkong, ils se sont mobilisés contre des réformes anti-évasion fiscale. Aux Emirats arabes unis, ils ont participé à la mise en place de zones franches – des territoires peu imposés et peu contrôlés, qui peuvent rapidement se muer en sanctuaires pour les activités illicites. « Baker McKenzie est régulièrement sollicité pour aider les gouvernements, les régulateurs et l’industrie à analyser et développer de potentielles nouvelles législations à travers le monde », indique le cabinet, qui assure qu’il s’agit d’une « très petite portion » de son activité.
> Lire aussi « Paradise Papers » : Jersey, l’échappatoire fiscale d’Apple pour continuer à minimiser son impôt
Les « Pandora Papers » offrent des clés permettant d’expliquer l’attachement de Baker McKenzie au statu quo réglementaire. Le groupe propose en effet à ses clients l’un des services les plus recherchés dans l’univers de l’offshore : des nominees, ces sociétés prête-noms utilisées pour occulter la véritable identité des actionnaires et directeurs. Pour cela, « BMK » a immatriculé des filiales aux noms discrets aux quatre coins du monde, comme Abogado à Singapour, ou B. & McK. Nominees à Hongkong, qui ont agi – contre rémunération – comme nominees pour des milliers de sociétés au cours des dernières décennies. Or, toutes les institutions de référence considèrent les nominees comme un risque majeur en matière de fraude fiscale et de blanchiment d’argent, du fait de leur potentiel d’opacification.
Le cabinet explique que ses nominees assurent « des activités de routine », faites de formalités administratives, et sont soumises à une supervision étroite des autorités locales. En outre, Baker McKenzie explique prévenir les risques d’abus en procédant à « des vérifications poussées sur tous ses clients potentiels », pour détecter les personnalités « politiquement exposées », sous sanctions, ou faisant l’objet de « publicité négative dans les médias ». « Nous ne travaillons pas avec des personnages peu recommandables », proclame le code d’éthique du cabinet, qui conseille à ses avocats de se poser les questions suivantes avant d’accepter un nouveau client : « Serais-je embarrassé(e) si mes amis ou ma famille en avaient connaissance (…) [ou] si cela était relaté dans un blog ou un reportage ? »
Hôtels de luxe et pots-de-vin
Or, plusieurs clients, dont les noms sont révélés par les « Pandora Papers », auraient, avec le recul, certainement du mal à franchir ce test déontologique. Comme Du Shuanghua, un magnat chinois de l’acier cité dans une gigantesque affaire de corruption ; Ihor Kolomoïsky, un oligarque ukrainien accusé d’avoir siphonné 5,5 milliards de dollars dans la banque qu’il détenait avant sa nationalisation. Ou encore Jho Low, le personnage-clé du scandale du fonds souverain malaisien 1MDB, l’un des plus grands détournements d’argent public de l’histoire.
Les documents examinés par l’ICIJ montrent que M. Low s’est largement appuyé sur les services de Baker McKenzie à Hongkong et en Malaisie pour monter un entrelacs de sociétés offshore, qui ont servi à acheter des hôtels de luxe en Californie et à payer des pots-de-vin au premier ministre malaisien. L’enquête judiciaire a également établi le rôle central joué par « BMK » dans la création du fonds souverain, et sa connaissance intime des activités de M. Low, de ses comptes en Suisse et de ses liens avec la classe politique malaisienne.
Ces éléments auraient-ils dû alerter le cabinet, et le conduire à couper les ponts avant l’explosion du scandale ? C’est l’avis de Keith Prager, un expert antiblanchiment américain qui a examiné les documents pour le compte de l’ICIJ. Mais aussi des dirigeants actuels du fonds 1MDB, qui ont réclamé 1 milliard de dollars à la branche malaisienne de Baker McKenzie pour manquement à ses obligations professionnelles – une plainte retirée en juillet, sans qu’on sache si un accord financier confidentiel a été conclu hors des tribunaux. La direction de « BMK » s’est refusé à répondre aux questions détaillées de l’ICIJ sur ce dossier sensible, tout en précisant : « Si nous nous apercevons que des clients s’engagent dans des activités qui ne sont pas conformes à nos vérifications initiales, (...) nous mettons fin à notre collaboration avec eux. »
Au rang des clients encombrants, les fabricants d’armes figurent généralement en bonne place – surtout lorsqu’ils sont liés à des régimes autoritaires et placés sous sanctions internationales. Baker McKenzie a proposé ses services à plusieurs d’entre eux.
En Chine, le cabinet conseille depuis près de vingt ans l’entreprise d’Etat Aviation Industry Corporation of China, un mastodonte du complexe militaro-industriel qui fabrique avions, hélicoptères et drones de combat, placé sur liste noire américaine en 2020.
En Russie, il s’est mis au service du géant public de l’armement Rostec. Placé sous sanctions occidentales depuis l’annexion de la Crimée, en 2014, le conglomérat russe cherchait, en 2016, un cabinet d’avocats doté d’« une expérience dans le conseil des organisations russes sanctionnées (…) par les Etats-Unis et l’Union européenne » pour faciliter la cession de sa participation dans une mine de cuivre en Mongolie. C’est la branche russe de Baker McKenzie qui a remporté le marché, sans se douter que la vente finirait en tempête politico-judiciaire, en raison de forts soupçons de corruption autour de l’acheteur de la mine, une entreprise qui s’est révélée liée au premier ministre mongol.
Bureaux indépendants
Le cabinet assure avoir cessé de travailler avec Rostec en 2016. Mais, deux ans plus tard, il a mis son expérience au service de la banque VTB, réputée proche du Kremlin, pour l’aider à financer un projet d’aéroport près de Saint-Pétersbourg malgré les sanctions occidentales.
« BMK » a refusé de s’exprimer en détail sur ces clients, invoquant le secret professionnel, tout en insistant sur le fait qu’aucune règle n’interdit aux avocats de travailler avec des entités sous sanctions internationales. De fait, les tensions géopolitiques n’ont jamais constitué un frein pour Baker McKenzie, qui se targue d’être le premier cabinet occidental à avoir posé ses valises en URSS, dès 1989. Si la firme peut naviguer avec autant d’aisance sur les flots de l’économie mondialisée, c’est qu’elle n’est plus depuis longtemps un simple cabinet d’avocats américain.
> Lire aussi D’un cabinet d’avocats à la Banque centrale européenne : Christine Lagarde, les clés d’une ascension
Né à Chicago (Etats-Unis), en 1949, de la rencontre dans un taxi des avocats Russell Baker et John McKenzie, le cabinet, alors appelé « Baker & McKenzie », a rapidement installé des antennes en Europe, puis en Asie, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est. Fidèle à un modèle de franchise qui lui a longtemps valu des comparaisons peu goûtées avec McDonald’s, le cabinet a tenu à maintenir des « murailles de Chine » entre ses quelque 70 bureaux. Juridiquement et financièrement indépendants, ils sont simplement adhérents d’une confédération baptisée « Baker & McKenzie International », organisée sous le statut d’une association de droit suisse, dirigée collégialement par les associés les plus prestigieux du cabinet à travers le monde.
Ce modèle s’avère bien commode pour éviter que l’ensemble du groupe soit tenu responsable en cas de pertes financières ou d’ennuis judiciaires d’un de ses bureaux. Mais la direction de « BMK » soutient qu’elle n’a pas d’autre choix : une structure unifiée sur le modèle des multinationales serait impossible, en raison de la multiplicité des règles locales, qui imposent des standards juridiques et financiers différents selon les pays.
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Quand Christine Lagarde réorganisait « BMK »
Ce fut sa rampe de lancement en politique : avant de devenir ministre de l’économie, puis directrice générale du Fonds monétaire international, et enfin présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde a dirigé pendant cinq ans le cabinet Baker McKenzie.
Après une carrière brillante au sein du bureau parisien du cabinet, elle devient, en 1999, la première femme à présider le comité exécutif mondial de « BMK ». Sous son impulsion, le cabinet entreprend une vaste réorganisation : en 2004, la firme de Chicago coupe ses racines américaines ; elle est dorénavant gérée par une association de droit suisse, coiffée par un comité exécutif composé des associés les plus importants de chaque bureau.
A l’époque, Christine Lagarde et son équipe en profitent pour lancer un plan d’économies, en centralisant toutes les fonctions support globales (communication, comptabilité, financement) aux Pays-Bas, dans des sociétés qui existent encore aujourd’hui. Le choix de ce pays européen, connu pour ses avantages fiscaux considérables, n’est « pas lié à des raisons fiscales », assure aujourd’hui le cabinet. La substance de cette implantation peut toutefois être interrogée, puisque près d’un milliard d’euros transitent chaque année dans les comptes de la principale structure, Baker & McKenzie International BV, qui compte à peine cinq employés à plein temps, et dont Mme Lagarde fut un temps la directrice.
Depuis son entrée en politique, en 2005, Christine Lagarde s’est toujours faite la pourfendeuse des paradis fiscaux. Pourtant, à son époque, « BMK » comptait déjà plusieurs structures offshore dans des juridictions peu recommandables. Le bureau russe de la firme, Baker & McKenzie CIS, est par exemple piloté depuis les années 1990 depuis une société-écran dans l’île de Guernesey. Sous la présidence de Mme Lagarde, « BMK » a également lancé une start-up d’informations juridiques en ligne, Law in Context, détenue par des sociétés gigognes à Singapour et aux Bermudes, dont elle était l’administratrice.
Contactée, la présidente de la BCE n’a pas souhaité commenter ces éléments, renvoyant vers la direction actuelle de Baker McKenzie. Elle a fait savoir par sa porte-parole qu’elle « soutient les propositions de l’OCDE sur la taxation minimale des multinationales » et « les efforts pour rendre le système fiscal plus équitable et plus juste ».
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Retrouvez nos articles sur les « Pandora Papers »
> Tous les articles consacrés à l’enquête « Pandora Papers » sont disponibles dans cette rubrique <https://www.lemonde.fr/pandora-papers/>.
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/10/04/pandora-papers-la-part-d-ombre-de-baker-mckenzie-cabinet-d-avocats-global_6097101_4355770.html <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/10/04/pandora-papers-la-part-d-ombre-de-baker-mckenzie-cabinet-d-avocats-global_6097101_4355770.html>>
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3- Sans décarbonation de l’économie, la finance verte restera un leurre, The Conversation, 04/10/21, 20:47
Par Francesc Relano, PhD, finance, développement, ICN Business School & Elisabeth Paulet, PhD, finance, banque systèmes financiers, ICN Business School

Dire que le changement climatique représente un défi majeur pour l’humanité est devenu une affirmation presque tautologique qui fait largement consensus, notamment dans le milieu scientifique. Que le secteur financier joue un rôle de taille dans l’aggravation de ce dérèglement est un peu moins connu. Rappelons pourtant que sans la contribution des banques il y n’aurait pas de prospection pétrolière en Arctique : la finance est donc sans aucun doute un enjeu.
Il existe néanmoins un lieu commun fallacieux et contre-intuitif qu’il convient de mettre au clair. Contrairement à ce que beaucoup pensent, la « finance verte » n’est pas nécessairement la solution.
De la COP21 (Paris) à la COP26 (Glasgow)
Pour mieux comprendre, faisons un bond en arrière. En 2015, lors de la conférence sur le climat de Paris, les États s’accordent sur l’objectif suivant : contenir l’augmentation de la température moyenne de la planète en dessous des 2 °C à l’horizon 2100, et même, si possible, sous les 1,5 °C. Ce qui implique de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre la neutralité carbone (zéro émission nette) en 2050.
La COP26 prévue à Glasgow pour novembre 2021 va certainement faire le point sur toutes ces ambitions. Il s’agira notamment de s’assurer qu’on ne se détourne pas trop de la voie menant à la neutralité carbone. Jusqu’à présent, les rapports annuels des Nations unies ne sont en la matière très optimistes. Les actions engagées apparaissant largement incompatibles avec le respect de la feuille de route fixée à Paris. Loin de s’endiguer, les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
Dans ce contexte, quel rôle joue la finance dans le problème et à quel point est-elle susceptible de faire partie de la solution ? Pour atteindre les accords de Paris, ce n’est pas la seule finance qu’il faudrait changer mais bien tout notre système de vie : notre façon de produire, de consommer et bien sûr, de faire du commerce.
Il est donc évident, pour commencer, que la finance à elle seule, verte ou pas, ne sauvera pas la planète. Voyons néanmoins quel a été son impact dans l’évolution récente du problème et les perspectives d’avenir. Pour cela, analysons d’abord les deux éléments principaux du système financier : le marché financier et le secteur bancaire.
>> Suite à lire à : 
<https://theconversation.com/sans-decarbonation-de-leconomie-la-finance-verte-restera-un-leurre-168757>
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4- Devoir de vigilance : les sénateurs délèguent la compétence au tribunal de commerce, au grand dam des associations, Novethic, 06/10/21
Marina Fabre

Les tribunaux de commerce pourraient bientôt devenir les seuls compétents pour juger les affaires fondées sur le devoir de vigilance. C'est ce qu'ont voté les sénateurs, fin septembre, contre l'avis du gouvernement. Les associations craignent que cette mesure ne vide de son sens la loi de 2017 qui oblige les multinationales à prendre en compte leurs impacts environnementaux et sociaux sur l'ensemble de leurs chaînes de valeur.
C’est une mesure qui peut paraître anecdotique. Et pourtant, elle crée une véritable levée de boucliers de la part des associations. Le 29 septembre, dans le cadre de l’examen du projet de loi "confiance dans l’institution judiciaire", les sénateurs ont choisi de confier au tribunal de commerce la compétence pour juger les affaires liées au devoir de vigilance. Ce dernier, voté en 2017, oblige les entreprises multinationales à assurer une activité de production respectueuse des droits humains et de l’environnement sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. 
"Les juges des tribunaux de commerce sont des commerçants élus par leurs pairs. Ils tirent leur légitimité de leur connaissance du monde des affaires alors que le devoir de vigilance concerne la protection des droits humains et environnementaux, il dépasse très largement les enjeux commerciaux", explique à Novethic Juliette Renaud, responsable de campagne "régulation des multinationales" des Amis de la Terre. "Il y a un risque de vider de sa substance le devoir de vigilance avec une vision trop restrictive", craint-elle. L’ONG, comme le gouvernement, a plaidé pour que le devoir de vigilance soit jugé par un tribunal judiciaire. "Ne bradons pas les droits humains au profit du tribunal de commerce", a appelé le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/devoir-de-vigilance-les-senateurs-deleguent-la-competence-au-tribunal-de-commerce-au-grand-dam-des-associations-150213.html>
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5- Ces entrepreneurs africains qui aident à relever le défi du développement, Le Monde Afrique, 07/10/21, 10h00 
Marie de Vergès 

Entrepreneuriat africain (1/3). Les entreprises à vocation sociale ou environnementale sont les mieux placées pour fournir des « services essentiels et de qualité », selon la Banque mondiale. 
Quel est le point commun entre les sociétés mPharma, Easy Solar et Sanergy ? A priori pas grand-chose, sinon qu’elles opèrent toutes les trois sur le continent africain. La première, fondée par un entrepreneur ghanéen, est active dans le domaine de la santé. Elle négocie auprès des géants pharmaceutiques pour casser les prix des médicaments et offrir des traitements accessibles au plus grand nombre dans huit pays africains. En juin, mPharma a été identifiée par le World Economic Forum comme l’une des 100 start-up pionnières de la tech mondiale.
> Lire aussi  Au Ghana, une entreprise casse le prix des médicaments
Easy Solar, elle, est positionnée dans le secteur de l’énergie. Son cœur de métier : fournir de l’électricité propre et bon marché à quelque 550 000 foyers isolés en Sierra Leone et au Liberia, grâce à des appareils autonomes fonctionnant à l’énergie solaire. Pendant la pandémie de Covid-19, l’entreprise s’est efforcée de maintenir son service en envoyant des jours d’électricité gratuits à ses clients. En 2018, sa cofondatrice, la Sud-Africaine Nthabiseng Mosia, avait été classée par le magazine Forbes parmi les 30 jeunes entrepreneurs les plus prometteurs du continent.
« Un nouveau type d’acteur »
Au Kenya, la société Sanergy mêle hygiène et recyclage. Dans les bidonvilles de Nairobi, cruellement dépourvus d’installations sanitaires, elle place des toilettes sèches dont elle récupère ensuite le contenu pour en faire de l’engrais et élever des mouches dont les larves servent à fabriquer de l’alimentation animale. Sanergy est en lice pour le nouveau prix Earthshot, lancé au Royaume-Uni par le prince William, pour récompenser des solutions apportées à la crise climatique.
Chacune est spécialisée dans un domaine différent, mais ces trois entreprises ont en partage une philosophie : la rentabilité n’est pas leur seul horizon. Leur vocation est d’abord sociale ou environnementale. Combien sont-elles en Afrique, ces sociétés tournées vers les populations les moins bien loties ? Les statistiques manquent pour cerner l’ampleur du phénomène. Mais « les entreprises sociales ont émergé comme un nouveau type d’acteur du développement », résumait la Banque mondiale dans un rapport publié en 2017.
Il faut dire que la palette des besoins est infinie sur le continent le plus pauvre du monde. En matière énergétique, plus de la moitié de la population africaine, particulièrement dans les campagnes, est toujours privée d’électricité. Faute d’infrastructures et de moyens pour l’école, une femme sur deux ne sait ni lire ni écrire dans la zone d’Afrique subsaharienne. L’accès aux soins et à l’hygiène est une gageure pour les communautés les plus démunies.
La liste est encore longue et les acteurs traditionnels, tels que les gouvernements, la société civile ou les entreprises à but purement lucratif « ont été jusqu’ici incapables de résoudre le problème de la fourniture de services essentiels et de qualité », constatait la Banque mondiale dans son rapport. De quoi laisser le champ libre aux entrepreneurs soucieux de développement.
Pauvreté extrême en hausse
Ces problématiques sont démultipliées à l’ère du Covid-19. Avec la crise sanitaire, la pauvreté extrême est en hausse sur le continent, pour la première fois en plus de vingt ans. Des millions d’emplois ont été détruits, alors même qu’au cours des deux prochaines décennies, 450 millions de jeunes Africains devraient venir grossir les rangs de la population active. Le défi de l’emploi n’a jamais été plus pressant.
Sur ce terrain-là également, les entreprises à vocation sociale ont un rôle à jouer. « Nos recherches suggèrent qu’elles sont plus susceptibles que les entreprises traditionnelles à but lucratif de donner la priorité à la création d’emplois », écrivait le British Council dans un rapport publié fin 2020. Attentives à recruter au sein des communautés vulnérables – parmi les femmes, notamment – et fréquemment investies dans le secteur éducatif, « les entreprises sociales en Afrique subsaharienne atténuent l’impact du Covid-19 sur l’emploi et le maintien des moyens de subsistance », estime l’organisme culturel britannique, qui a mené l’enquête dans dix pays africains.
Encore faut-il, pour ces sociétés, trouver les moyens de mener leur mission sur le long terme. Certaines ont su s’approprier avec succès les outils du numérique ou compter sur le soutien des bailleurs internationaux qui s’intéressent de plus en plus à ces relais locaux du développement. Mais elles sont nombreuses à buter sur des problèmes de financement, d’infrastructures ou d’incertitude réglementaire. Les même défis auxquels sont confrontées le reste des PME africaines et qui les empêchent trop souvent de réaliser pleinement leur potentiel.
§ Cet article fait partie d’un dossier réalisé en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD).
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/07/ces-entrepreneurs-africains-qui-aident-a-relever-le-defi-du-developpement_6097452_3212.html>
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6- Entretien. Une chimie écolo, la "plus grande fierté" du Nobel David MacMillan, AFP, 07/10/21, 11:00
Lucie Aubourg

L'Américano-britannique David MacMillan a été récompensé mercredi du prix Nobel de chimie pour l'élaboration d'une nouvelle technique permettant de fabriquer des molécules de façon respectueuse de l'environnement, sa "plus grande fierté".
Il a répondu* aux questions de l'AFP quelques heures après l'annonce du jury, depuis le New Jersey où il vit et travaille à l'université de Princeton, tout en n'oubliant pas ses origines : "Je dis toujours aux gens que je suis Ecossais", a-t-il souligné dans un sourire.
- Comment avez-vous appris avoir remporté le Nobel ? -
Benjamin List (qui a également remporté le Nobel avec M. MacMillan mercredi, ndlr), m'a envoyé un message à 05H30 ce matin, et j'ai vraiment pensé que c'était une blague. Je lui ai dit, "c'est juste une blague", et je me suis rendormi. Environ 20 minutes plus tard, mon téléphone n'arrêtait pas de vibrer. Je suis descendu à la cuisine et j'ai vu ma photo à la Une du site du New York Times. Je suis quasiment tombé de ma chaise.
J'étais extrêmement surpris, je ne m'y attendais vraiment pas. Je suis très heureux, comme vous pouvez l'imaginer.
- En quoi votre découverte a-t-elle changé la donne ? -
Les réactions chimiques constituent tout ce qui se trouve autour de nous, les médicaments, les matières... Et elles requièrent une catalyse (accélération de la réaction, ndlr). 
La catalyse réclamait en général beaucoup de choses toxiques. Quand vous mettez du métal dans l'océan ou l'eau, cela peut être toxique pour les animaux qui y vivent.
Il y a environ 23 ans, on a eu cette idée : pourquoi n'utiliserait-on pas le même type de molécules que l'on trouve dans notre corps ? 
Ces molécules organiques se dégradent très rapidement dans la nature. On savait qu'elles seraient plus faciles à manipuler, à développer, et on savait aussi qu'elles seraient biodégradables, et ne poseraient donc pas de problème pour l'environnement. 
- Les applications sont multiples. De quoi êtes-vous le plus fier ? -
Les gens utilisent (cette technique) pour faire des médicaments à très, très grande échelle. Et pour faire des médicaments pour tout le monde, vous devez en faire dans d'énormes quantités. Utiliser des catalyseurs qui permettent cela et soient en même temps respectueux de l'environnement est ma plus grande fierté. 
- A quoi attribuez-vous le succès de cette technique ? -
Quand on a publié (les premiers résultats), ça a pris de façon incroyable. Ça s'est répandu et les gens ont commencé à l'adopter très rapidement, ce qui était très enthousiasmant. 
Aucun scientifique ne travaille en vase clos. C'est parce que la communauté scientifique a appuyé cette découverte, a commencé à l'utiliser et à inventer à partir de cela, que c'est devenu important. 
- C'était il y a 20 ans... Sur quoi travaillez-vous aujourd'hui ? -
Nous travaillons toujours sur l'organocatalyse, mais en utilisant maintenant la lumière. Nous avons passé beaucoup de temps là-dessus. 
Ce travail est aujourd'hui très utilisé pour faire des médicaments et d'autres matériaux. Nous venons de commencer à l'appliquer en biologie. Nous sommes très enthousiastes.
*L'interview a été légèrement modifiée pour des questions de lisibilité.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/une-chimie-ecolo-la-plus-grande-fierte-du-nobel-david-macmillan_158107>
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7- Livre. « Une histoire des luttes pour l’environnement » : trois siècles de combats pour la Terre et le climat, Le Monde, 08/10/21, 06h00 
Rémi Barroux

Quatre historiens publient une sélection richement illustrée de révoltes souvent oubliées et mobilisables dans les contestations actuelles. 
Livre. Il y a les luttes actuelles contre des projets portant atteinte à l’environnement ou nuisibles au climat, tels le combat pour les terres agricoles à Gonesse (Val-d’Oise), le tunnel ferroviaire Lyon-Turin, contre les projets de centres Amazon ou de Center Parcs ici ou là. Il y a aussi celles d’hier qui ont défrayé la chronique : contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, en Loire-Atlantique, celle des antinucléaires à Plogoff (Finistère), et, bien sûr, le mouvement historique pour la défense du Larzac contre l’extension d’un camp militaire…
Mais les luttes d’avant-hier sont pour la plupart inconnues de ceux qui se mobilisent aujourd’hui. Qui se souvient de la lutte menée en 1910 pour protéger la calanque de Port-Miou, à Marseille, contre « une industrie destructrice » ? Qui connaît le combat des agriculteurs qui, dès 1888, à Ashio, au Japon, luttèrent contre les graves nuisances dues aux mines de cuivre en plein essor ? Ou encore la « Guerre des demoiselles », vers 1829, quand les habitants de l’Ariège se révoltèrent contre le nouveau code forestier qui réduisait drastiquement leur accès à la forêt et à ses services vitaux.
Grâce au travail d’Anne-Claude Ambroise-Rendu, de Steve Hagimont, de Charles-François Mathis et d’Alexis Vrignon, professeurs, maîtres de conférences ou chercheurs en histoire, exposé dans un ouvrage passionnant, Une histoire des luttes pour l’environnement, 18e-20e siècles, trois siècles de débats et de combats, le lien est tissé, la mémoire nourrie.
Les luttes pour la défense des terres, la sauvegarde des espaces naturels, contre les effets dramatiques de la pollution, ont une longue histoire. Et, si elles sont toutes différentes par la nature des protagonistes, des objectifs à atteindre et par l’histoire locale et sociale qui les révèle, la mise en perspective de ces conflits, au retentissement national ou hyperlocal, fait sens. « Ce n’est pas une mise en récit, on ne voulait pas donner de cohérence à tout cela, mais ce travail, sous forme de répertoire des luttes, offre autant de références mobilisables dans le présent », estime Steve Hagimont, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, plus spécialisé sur les controverses liées au développement du tourisme notamment.
Personnalités marquantes
Un répertoire donc, qui propose des entrées très variées. On trouve dans cet ouvrage, dont l’un des mérites est d’offrir pour chaque thème une iconographie très riche – gravures, coupures de presse, photographies… –, aussi bien ces récits de luttes, que des thèmes plus généraux : « Croissance verte ou décroissance », « La genèse de l’agrobiologie, 1930-1960 », « Les dessins de presse », « La nature dans la pensée des Lumières », voire « Le film Mad Max 2, vivre et lutter après l’effondrement, 1982 » ou encore « Le dessin animé Captain Planet, entre militantisme et culture de masse, 1990 »…
« Il s’agissait de faire des focus sur des événements marquants, des moments importants, mais la massification et la multiplication de ces conflits nous a obligés à faire des choix, souvent difficiles », explique Anne-Claude Ambroise-Rendu, historienne et enseignante à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, intéressée par la médiatisation des conflits et des questions environnementales.
Le lecteur trouve donc de quoi piocher, en fonction de ses envies ou de ses besoins, dans trois siècles riches en événements, avec l’industrialisation, le colonialisme, la naissance de l’agriculture intensive, du nucléaire, ou la multiplication des problèmes sanitaires liés au développement économique de la planète, avec les pollutions diverses (la grande puanteur de Londres en 1858 ; la catastrophe de Bhopal en Inde en 1984, Rio Tinto en Espagne en 1888, l’amiante…).
Les auteurs ont aussi voulu présenter des personnalités marquantes de cette histoire des luttes environnementales : Daniel Cohn-Bendit, Alexander Von Humboldt, Franz Schrader ou Gilbert White, « le premier écologiste ? 1720-1793 ». Les organisations fondatrices de ces combats n’ont pas été oubliées. Certaines sont connues, telles Attac, Greenpeace, les comités Malville, d’autres moins, comme la première société royale contre la maltraitance des animaux, à Londres en 1824.
On peut évidemment regretter que les quatre auteurs aient dû arrêter leur recension à l’aube des années 2000, devant omettre, par exemple, Notre-Dame-des-Landes et sa référente « zone à défendre » (ZAD). Mais cette mise en mémoire des ancêtres des luttes actuelles est revigorante. Et le rappel des controverses, nombreuses, liées à l’émergence politique de l’écologie, plus qu’instructif. Le constat est aussi un tantinet attristant. Cela fait des dizaines d’années – des siècles donc – que les mobilisations pour préserver la planète se succèdent et que la situation ne cesse d’empirer. Et l’urgence de s’aggraver.
§ « Une histoire des luttes pour l’environnement, XVIIIe-XXe siècles, trois siècles de débats et de combats », de Anne-Claude Ambroise-Rendu, Steve Hagimont, Charles-François Mathis et Alexis Vrignon (Textuel, 304 pages, 45 euros).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/08/une-histoire-des-luttes-pour-l-environnement-trois-siecles-de-combats-pour-la-terre-et-le-climat_6097567_3232.html>
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8- Cent trente-six pays, dont l'Irlande et la Hongrie, s'accordent sur une taxation minimale à 15% des multinationales, France info avec AFP, 08/10/21, 23:52

L'Irlande, l'Estonie et la Hongrie ont finalement donné leur feu vert jeudi et vendredi à cet accord. 
Une décision "majeure", salue l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cent trente-six pays se sont accordés pour imposer une taxation minimale à 15% sur les multinationales, a annoncé vendredi l'organisation, après les ralliements de l'Irlande, de l'Estonie et de la Hongrie. 
"La réforme majeure du système fiscal international finalisée aujourd'hui à l'OCDE permettra de garantir l'application d'un taux d'imposition minimum de 15% aux entreprises multinationales à compter de 2023", a indiqué l'OCDE dans un communiqué. Ces 136 pays, dont les Etats de l'Union européenne, la Chine, l'Inde et les Etats-Unis, représentent 90% du PIB mondial. Ils vont pouvoir dégager environ 150 milliards d'euros de recettes supplémentaires grâce à cet impôt minimum. Plusieurs pays, dont le Kenya, le Nigeria, le Pakistan et le Sri Lanka n'ont toutefois pas rejoint cet accord.
Les grandes lignes du texte avaient été trouvées en juillet. Il s'agissait désormais de définir des paramètres techniques, mais objets d'âpres négociations entre Etats aux stratégies fiscales nationales très variées.
Un ralliement clé de plusieurs pays
Un verrou clé a d'ores et déjà sauté avec le ralliement, jeudi, de l'Irlande et de l'Estonie, deux pays qui rechignaient à apposer leur paraphe sur le texte. Le "oui" irlandais a été qualifié d'"énorme avancée" par le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni, jeudi sur Twitter. 
Vendredi, la Hongrie, dernier pays de l'Union européenne à ne pas avoir encore sauté le pas, a annoncé qu'elle rejoignait également l'accord, après avoir réussi à obtenir des concessions. Budapest, qui propose un taux d'imposition sur les sociétés de 9%, fait partie des Etats misant sur l'attractivité fiscale. 
Le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, a salué "un accomplissement majeur, décisif" et affirmé vouloir traduire en acte juridique cet accord international lors de la présidence française de l'Union européenne, au premier semestre 2022. 
<https://www.francetvinfo.fr/economie/impots/un-accord-trouve-entre-136-pays-pour-une-taxation-minimale-des-multinationales-de-15_4800173.html>
Sur le même sujet : 
> Taxation des multinationales : les pays de l'OCDE concluent un accord pour un impôt minimum mondial <https://information.tv5monde.com/video/taxation-des-multinationales-les-pays-de-l-ocde-concluent-un-accord-pour-un-impot-minimum>, TV5Monde, 09/10/21
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9- Bruxelles recherche une « coalition internationale » sur le commerce des produits écologiques, EurActiv, 08/10/21
Frédéric Simon | translated by Charles Szumski

La Commission européenne convoquera une réunion ministérielle l’année prochaine afin de promouvoir le commerce comme moyen d’atteindre les objectifs climatiques et environnementaux, dans ce qui pourrait être la première étape vers la création d’un « club climatique » réclamé par l’Allemagne.
« Je m’engage à créer une coalition des ministres du Commerce du monde entier qui souhaitent prendre des mesures pour promouvoir le commerce des biens et services écologiques », a déclaré jeudi 7 octobre Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de l’économie.
« Pour aller de l’avant, j’appellerai à une réunion ministérielle consacrée au commerce, au climat et à la durabilité l’année prochaine », a déclaré le commissaire letton lors du sommet européen sur l’investissement durable à Bruxelles.
Cette initiative pourrait être la première étape vers la création d’un « club climatique » que l’Allemagne appelle de ses vœux. Olaf Scholz, ministre des Finances du pays, a exhorté l’UE à créer un tel club climatique avec d’autres pays comme les États-Unis, le Japon et peut-être même la Chine.
Cette initiative viserait à atténuer les frictions commerciales liées aux droits de douane écologiques, comme la taxe carbone à la frontière prévue par l’UE, qui vise à protéger les industries européennes contre les importations moins chères de produits polluants.
« Et pour ce faire, c’est une bonne idée de discuter de la création d’une sorte de club de personnes désireuses de faire des choses similaires et de ne pas se faire concurrence », a déclaré M. Scholz au début de cette année.
Le parti de M. Scholz, le parti social-démocrate allemand, est arrivé en tête des élections fédérales de septembre et le ministre des Finances pourrait bien devenir le prochain chancelier du pays après seize ans de règne d’Angela Merkel.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/developpement-durable/news/bruxelles-recherche-une-%E2%80%89coalition-internationale%E2%80%89-sur-le-commerce-des-produits-ecologiques/>
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10- Les agences de voyages ne veulent pas entendre parler de révolution écologique !, TourMag, 08/10/21
Romain Pommier

Sérieusement secouée par la crise, la Distribution s'enferme-t-elle dans une vision courtermiste ?
Depuis 20 ans, tout le monde annonce la mort des agences de voyages. La chute n'a jamais eu lieu. Même la crise sanitaire n'a pas eu raison du nombre de points de vente. Entre les avoirs et le chômage partiel, les professionnels du tourisme ont dû faire face à une relation client pas toujours évidente. Globalement les agences physiques sortent grandies de cette expérience. Malgré tout, après les belles paroles du 1er confinement, le virage pour un tourisme plus durable et écologique attendra... Un discours difficilement défendable à l'heure où le GIEC tire la sonnette d'alarme.
>> Suite à lire à :
<https://www.tourmag.com/Les-agences-ne-veulent-pas-entendre-parler-de-revolution-ecologique-_a110596.html>
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11- 5G : Bruxelles enregistre une initiative citoyenne demandant une meilleure prise en compte des risques, Actu-environnement, 08/10/21
Philippe Collet 

Jeudi 7 octobre, la Commission européenne a annoncé avoir enregistré une initiative citoyenne européenne (ICE) intitulée « Stop à la (((5G))) - Restons connectés, mais protégés ». L'ICE vise à renforcer la prise en compte des risques sanitaires et environnementaux potentiels liés au déploiement de la 5G.
Officiellement, la Commission ne s'exprime pas sur les mesures proposées. Cependant, elle émet des doutes sur certains éléments avancés par les organisateurs de l'initiative : « Un certain nombre des allégations formulées dans cette initiative vont à l'encontre des preuves scientifiques dont dispose la Commission et des évaluations réalisées par la Commission internationale de protection contre des rayonnements non ionisant (CIPRNI), l'organisme mandaté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour évaluer les risques pour la santé. » En outre, l'exécutif européen « reste déterminée à fonder ses propositions d'action sur des données scientifiques à jour ». Bruxelles explique, à ce titre, « que les limites d'exposition de l'UE pour le grand public sont toujours au moins 50 fois inférieures au niveau qui, selon les données scientifiques internationales, a un effet sur la santé ».
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/5g-bruxelles-enregistre-initiative-citoyenne-demandant-meilleure-prise-en-compte-risques-38322.php4>
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12- [Édito] Les États membres suivront-ils la ligne verte tracée par l’Union européenne ?, Novethic, 08/10/21
Anne-Catherine Husson-Traore

Le Green Deal est le panache vert de l’Union Européenne qui a changé de ton avec le sommet Investir durable du 7 octobre. Le message de la Commission et de sa Présidente est clair : il est urgent de réorienter l’économie et la finance pour que la nature cesse de payer le prix d’un modèle qui la détruit. Cette ambition politique forte a bien du mal à trouver un relais dans les pays membres.
Investir durable en Europe, tel était le titre du sommet virtuel à haut niveau organisé le 7 octobre par la Commission Européenne. Ouvert par la Présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen, il a réuni plusieurs Commissaires, la directrice du FMI mais aussi Bill Gates, Michael Bloomberg, le président de la Banque centrale chinoise et des personnalités européennes comme le Ministre de l’environnement italien ou Pascal Canfin, le président de la Commission Environnement du Parlement. Tous ont eu, en substance, le même message : il faut accélérer la transformation de l’économie et de la finance tous azimuts face à l’urgence climatique et celle-ci est d’autant plus intense qu’elle se combine avec une crise environnementale beaucoup plus large. Ils ont ainsi esquissé une stratégie post-épidémie de Covid, basée sur le verdissement accéléré des entreprises, des infrastructures et des modes de financement.  
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/edito-les-etats-membres-suivront-ils-la-ligne-verte-tracee-par-l-union-europeenne-150219.html>
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13- Taxation des multinationales : un accord sur un taux de 15 % signé par 136 pays, Le Monde, maj le 09/10/21 à 06h33 
Anne Michel et Elsa Conesa

Après plusieurs années de négociations, l’accord définitif sur une taxation des multinationales a été finalisé, vendredi. L’Inde a accepté ce texte in extremis. Il doit être validé au sommet du G20 à Rome, fin octobre. 
Vingt jours d’ultimes négociations au couteau, de tensions diplomatiques au plus haut niveau, d’appels croisés d’un bout à l’autre de la planète et de tactiques sur la corde raide, arbitrées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : il fallait ça pour accoucher d’un impôt minimum mondial sur les plus grandes et les plus rentables des multinationales dont, au départ, peu d’Etats voulaient.
Ce vendredi 8 octobre, le projet final qui fixe le calibrage des toutes premières règles fiscales taillées pour l’économie mondialisée est fin prêt, dans ses moindres détails. Il pourra donc être soumis, comme prévu, à l’aval des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 (les 19 pays les plus riches, plus l’Union européenne) lors du sommet de Rome, qui doit se tenir les 30 et 31 octobre.
L’instauration d’un taux minimum mondial, conçu comme une arme contre les paradis fiscaux et les stratégies de dumping, constitue le point névralgique de cette réforme. Or, selon le compromis arraché par l’OCDE, il est fixé à 15 %, avec, soulignent les négociateurs, « une base robuste et des exemptions limitées », et n’oublie aucun des GAFA (les géants américains de la technologie, Google, Apple, Facebook et Amazon). Pour la France, cinq multinationales seront concernées : LVMH, L’Oréal, Schneider, Sanofi et Air Liquide, selon nos informations.
> Lire aussi  Comment l’Union européenne entend domestiquer les GAFA
Avec 136 pays signataires dont les Etats-Unis, la Chine et l’Inde, ralliée in extremis quelques minutes avant l’officialisation du compromis, l’accord sur la future réforme fiscale dévoilé vendredi est véritablement mondial. Quatre pays manquent à l’appel : le Kenya, le Nigeria, le Pakistan et le Sri Lanka. L’Irlande, la Hongrie et l’Estonie ont, pour leur part aussi, signé tardivement.
S’il s’applique comme prévu à l’horizon 2023, cet impôt minimum fera rentrer 150 milliards de dollars (129 milliards d’euros) dans les caisses des Etats chaque année. Une ressource bienvenue pour les finances publiques de la planète, asphyxiées par les plans de relance post-crise sanitaire. Selon le Fonds monétaire international (FMI), les pays avancés ont dépensé, en 2020, l’équivalent de 6 % de leur produit intérieur brut pour soutenir leur économie.
Importantes concessions
Certes, d’importantes concessions ont été faites afin d’embarquer le maximum de pays à bord de l’accord en vue d’aboutir à ce compromis. Ainsi, sur la réglette, le curseur de l’impôt minimum mondial s’est arrêté à 15 %, donc en deçà de la formule d’« au moins 15 % » envisagée, qui laissait clairement la porte ouverte à un futur relèvement du taux. Des exemptions transitoires sont prévues, mais limitées en montant.
Il en va de même pour l’autre pilier de la réforme, qui doit organiser de la redistribution entre Nord et Sud, sur une partie des « supers profits » des 100 plus grandes multinationales, exclusion faite du secteur minier extractif et des services financiers (affichant plus de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel), en faveur des pays dits « de marché » – ces Etats où les multinationales ont des clients et font des affaires sans y avoir d’implantation physique, et donc sans y être imposés.
Un projet de compromis avait été validé en juillet, pour redistribuer de 20 % à 30 % de ces profits jugés excédentaires (au-delà d’une marge de 10 %). Principe de réalité oblige, l’OCDE a dû revoir sa copie finale pour fixer le taux à 25 %. Mais le nombre de multinationales éligibles pourrait grossir au bout de quelques années, avec un seuil ramené de 20 milliards d’euros à 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
> Lire aussi  Accord historique des pays du G20 pour une taxation internationale des multinationales
Dès lors, in fine, sur le plan financier comme sur le plan de la justice fiscale, l’économie mondiale devrait sortir largement gagnante : en effet, en créant un taux plancher de 15 % pour imposer les grandes entreprises de plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires, la réforme fiscale neutralise de facto les petits paradis fiscaux à taux zéro. Surtout, l’impôt minimum contraint les grands centres financiers offshore pour multinationales, comme l’Irlande, à relever leur taux national d’imposition des sociétés de plusieurs points, pour atteindre cette future norme de 15 %.
Bénéfice pour les pays en développement
Avec un taux effectif de 12,5 % aujourd’hui, longtemps assorti de nombreuses exonérations, l’Irlande est sous le feu des critiques de ses partenaires européens, qui l’accusent de dumping fiscal. Cette fiscalité attractive lui a de fait permis, durant de longues années, d’attirer les GAFA et d’autres géants des services ou de l’industrie, comme le secteur pharmaceutique. Et ce, en siphonnant les ressources fiscales de ses voisins. Mais aujourd’hui Dublin marque le pas, en signant l’accord international.
> Lire aussi  Les banques européennes profitent largement des paradis fiscaux pour réduire leurs impôts
De surcroît, la réforme pilotée par l’OCDE devrait bénéficier aux pays en développement, en Afrique et en Asie, même s’ils auraient pu espérer davantage, comme le demandaient les ONG et des économistes de renom tel l’Américain Joseph Stiglitz. L’OCDE ne désespère pas d’obtenir le ralliement tardif du Nigeria, notamment, qui, s’il se décidait à signer, pourrait y gagner entre 200 et 300 millions de dollars par an, selon les dernières estimations.
D’une manière globale, la réforme qui sera soumise au G20 aura pour effet de faire entrer la fiscalité mondiale dans une nouvelle ère, en substituant une régulation internationale à des règles restées jusqu’ici nationales. A travers elle, la communauté internationale se donne donc les moyens de respecter le principe de base selon lequel l’impôt est payé là où les activités sont réalisées.
Toutefois, il restera aux pays à respecter les nouvelles règles du jeu et aux multinationales à accepter la nouvelle donne, sans stratégie de contournement. L’impact financier des zones d’exemption et des secteurs protégés, prévues par le projet, devra aussi être mesuré. Tous les Etats seront-ils gagnants, et de combien ? Plusieurs estimations ont été faites, dont celle de l’OCDE, qui devront être ajustées. La France devrait récupérer pour sa part entre 4 milliards et 5 milliards d’euros de recettes fiscales.
> Lire aussi : Ce que l’Europe pourrait gagner avec un taux minimal d’impôt sur les multinationales
A la veille de la conclusion de l’accord international, Bruno Le Maire insistait sur la portée d’une réforme soutenue de longue date par Paris. Cela « permettra d’éviter des taux d’imposition attractifs de l’ordre de 2 %, 5 % ou 6 %, qui sont des taux effectifs réels pratiqués par certains Etats, y compris dans l’Union européenne », déclarait le ministre de l’économie.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/08/taxation-des-multinationales-un-accord-sur-un-taux-de-15-vient-d-etre-signe-par-136-pays_6097670_3234.html>
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14- Publication du budget vert 2022, Ministère de l’économie, des finances et de la relance, 11/10/21

Le Gouvernement a présenté le 11 octobre la deuxième édition du budget vert. Celui-ci prévoit une augmentation des dépenses favorables à l’environnement pour l’année 2022. Détails.
Renforcer la prise en compte de l’impact environnemental des dépenses dans la définition du budget de l’État. C’est l’objectif du budget vert. Sa deuxième édition a ainsi été publiée le 11 octobre, quelques jours après la présentation du projet de loi de finances (PLF) pour 2022.
Qu’est-ce que le « budget vert » ?
Le « budget vert » constitue une nouvelle classification des dépenses budgétaires et fiscales selon leur impact sur l’environnement et une identification des ressources publiques à caractère environnemental. Si cette initiative a été lancée lors du One Planet Summit de 2017, la France est le premier État à s’être doté d’un outil d’analyse de l’impact environnemental de son budget. Le but est de mieux intégrer les enjeux environnementaux dans le pilotage des politiques publiques.
>> Suite à lire à :
<https://www.economie.gouv.fr/publication-budget-vert-2022>
Sur le même sujet :
> Le budget vert révèle 10 milliards d'euros de dépenses défavorables à l'environnement <https://www.actu-environnement.com/ae/news/budget-vert-revele-10-milliards-euros-depenses-defavorables-environnement-38339.php4>, Actu-environnement, 11/10/21
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15- Une ONG porte plainte pour « crime contre l’humanité » contre Bolsonaro, Le Monde avec AP et AFP, 12/10/21, 10h16

La plainte a été déposée devant la Cour pénale internationale, créée en 2002 pour juger les pires atrocités commises dans le monde. 
A l’heure où la déforestation s’intensifie en Amazonie brésilienne, une ONG autrichienne a déposé mardi 12 octobre une plainte à la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité » contre le président brésilien, Jair Bolsonaro. En cause : son rôle dans la déforestation et ses impacts attendus sur la vie et la santé humaine à travers le monde.
La plainte de l’ONG AllRise, à laquelle la CPI n’est pas tenue de donner suite, s’appuie notamment sur la science en pleine extension de « l’attribution » des conséquences du changement climatique. Selon des études, la déforestation en Amazonie brésilienne a transformé ce puits de carbone fondamental pour la planète en émetteur net de CO2 en 2020.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/12/une-ong-porte-plainte-pour-crime-contre-l-humanite-contre-bolsonaro_6098011_3210.html>
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16- France 2030 : Emmanuel Macron dégage 30 milliards d’euros pour son plan d’investissement, Le Monde, 12/10/21, 12h51 
Elsa Conesa et Audrey Tonnelier

Le président de la République a présenté, mardi 12 octobre, le plan France 2030, qui vise à développer la compétitivité industrielle nationale à travers une dizaine d’« objets de la vie quotidienne ». 
Après des mois de tergiversations et des nuits d’arbitrage, il sort enfin de terre. Emmanuel Macron présente, mardi 12 octobre, son plan France 2030, à l’Elysée, devant l’ensemble du gouvernement et un parterre de quelque 200 étudiants, investisseurs institutionnels, start-upeurs et industriels, ainsi que quelques chercheurs et académiques. Une manière d’élargir la portée de ce nouvel opus de la politique économique d’Emmanuel Macron, clairement orienté vers les entreprises et destiné à projeter l’économie française vers la fin de la décennie. Son ambition : « mieux comprendre, mieux vivre, mieux produire », selon le chef de l’Etat.
> En direct : « France 2030 » : suivez le discours d’Emmanuel Macron sur le plan d’investissement
Ce plan se déclinera en 30 milliards d’euros investis, sur cinq ans, dans une dizaine d’« objets du quotidien », complétés par 4 milliards d’euros investis en fonds propres, à travers des prises de participation au capital d’entreprises en croissance. Pour le gouvernement, l’heure est au renforcement de la souveraineté industrielle du pays en misant sur l’innovation et la production, alors que la crise due au Covid est venue rappeler les fragilités persistantes de l’Hexagone, avec des épisodes de pénurie dans des moments critiques, et son retard dans la recherche lorsqu’il a fallu mettre au point un vaccin. Le plan se veut aussi une réponse tacite au déclin industriel français, pointé par nombre de candidats de l’opposition.
> Lire le décryptage : Emmanuel Macron tente de se projeter dans « la France de 2030 »
« Anticiper et accélérer »
L’objectif est donc de « bâtir la France de 2030 » et de « faire émerger dans notre pays et en Europe les champions de demain », comme l’avait expliqué Emmanuel Macron en juillet. Lundi à l’Assemblée nationale, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a lui aussi rappelé la nécessité de « renforcer notre base industrielle au-delà de nos domaines d’excellence actuels dans l’aéronautique, le luxe, le médicament ou l’agroalimentaire ». L’exécutif, qui affirme avoir abondamment consulté ces dernières semaines après que la copie initiale a été raturée cet été, a identifié les domaines-clés dans lesquels l’Etat serait légitime pour investir.
> Lire aussi  France 2030 : près de la moitié des financements doivent servir à « décarboner » l’économie
Dans le détail, 8 milliards d’euros seront ainsi consacrés à l’énergie et la décarbonation (nucléaire, hydrogène, électrification de l’industrie), 4 milliards aux transports (batteries, avion bas carbone), 2 milliards au développement d’une « alimentation saine, durable et traçable » (dont 500 millions d’euros en fonds propres), 3 milliards dans le but de produire en France vingt biomédicaments (contre les cancers, les maladies chroniques) et pour créer les « dispositifs médicaux de demain », et 2 milliards pour la culture, le spatial et l’exploration des fonds marins. Seront en outre investis 1 milliard (ainsi que 500 millions en fonds propres) pour sécuriser l’accès aux matières premières stratégiques, 6 milliards dans les composants, notamment dans l’électronique et la robotique, 2,5 milliards dans la formation pour accompagner ces nouvelles filières industrielles et 5 milliards pour les start-up (2 milliards de subventions, 3 milliards de fonds propres).
> Lire aussi  Plan France 2030 : du début à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron, le pari de l’innovation
Cet inventaire à la Prévert n’est pas sans rappeler la multitude de lignes que comportait le plan de relance de l’automne 2020, et pour lequel le gouvernement se défendait, déjà, de tout « saupoudrage ». Il en reprend d’ailleurs en partie certains objectifs, dont la décarbonation, le numérique et l’hydrogène vert. Le plan de l’automne dernier avait lui aussi vocation à préparer la sortie de crise, avec une enveloppe de 100 milliards d’euros sur trois ans, avant d’être percuté par les deuxième et troisième vagues du Covid. Mais l’exécutif veut à tout prix dissocier les deux objets. « On veut anticiper et accélérer », insiste l’entourage du chef de l’Etat. « Il s’agit d’être pragmatique » et de « répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain ».
Quel impact pour les Français ?
Ce nouveau plan, « troisième étage de la fusée », selon Emmanuel Macron, après les mesures d’urgence et le premier plan de relance de 2020, ambitionne de doper la croissance future du pays et de l’enrichir en emplois. Mais l’exécutif reste prudent et se garde bien de donner des objectifs macro-économiques, même si le chef de l’Etat avait évoqué en privé une croissance à deux chiffres, et alors qu’il est encore difficile de mesurer de façon rigoureuse les effets du plan de relance de l’automne 2020. « C’est une manière d’envisager la croissance à moyen et long terme, de créer un choc de croissance et d’emploi, souligne l’entourage du président de la République. On est sur des changements culturels, cela dépendra de comment les procédures peuvent être simplifiées… »
> Lire aussi  Un an après, le bilan mitigé du plan de relance de 100 milliards d’euros censé « bâtir un pays différent d’ici à dix ans »
Au-delà des chiffres, l’un des enjeux réside aussi dans la gouvernance de ce plan. Faut-il un pilotage public ou privé ? Autonome ou sous la tutelle de l’administration ? L’ambition est « de faire émerger plus vite un certain nombre d’acteurs, mais aussi d’accepter la prise de risque et une part inhérente d’échec »,explique l’Elysée, qui souhaite « faire travailler mieux ensemble » les laboratoires publics, les grands groupes privés et les jeunes pousses.
« C’est bien de parler de l’industrie et des start-up, mais est-ce que ça va toucher les Français ?, s’interroge Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’IFOP. On est dans un moment inédit où, malgré la crise, ce qui préoccupe les Français, c’est le pouvoir d’achat, autant que le chômage. Cela va générer des attentes plus microéconomiques, plus concrètes, que macroéconomiques, même si le président expliquera que les effets du plan vont descendre en cascade sur les ménages. »
Croissance en hausse
Afin d’amorcer la pompe, une enveloppe de 3 à 4 milliards d’euros est déjà prévue dans le budget 2022, dont les débats ont débuté lundi à l’Assemblée. En préambule, Bruno Le Maire a d’ailleurs tenu, lui aussi, à se projeter à long terme, soulignant qu’il s’agissait moins du « dernier quinquennat d’Emmanuel Macron » que du « premier de la sortie de crise (…), du rétablissement de notre économie, de cette décennie de croissance durable que nous voulons construire avec la majorité ».
Le locataire de Bercy en a profité pour annoncer une révision à la hausse de la croissance attendue cette année : le PIB devrait croître de 6,25 %, contre 6 % attendus jusqu’à présent, un chiffre davantage en ligne avec ceux des principaux instituts économiques, et qui acte l’embellie de la conjoncture depuis cet été. Bercy saisira le Haut Conseil des finances publiques sur le sujet le 22 octobre, a-t-il précisé, alors que ce dernier s’était ému, fin septembre, d’avoir à se prononcer sur un projet de loi incomplet, auquel manquaient le plan d’investissement et le revenu d’engagement. « Notre déficit public ne dépassera pas 5 % en 2022, en incluant le plan d’investissement et les mesures répondant à la hausse des prix de l’énergie », a encore indiqué le ministre. Un amendement portant sur les crédits du plan d’investissement nécessaires pour 2022 sera déposé à cette fin, « dans le courant de la première lecture » du projet de loi de finances à l’Assemblée, a-t-il précisé.
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/12/france-2030-macron-degage-30-milliards-d-euros-pour-son-plan-d-investissement_6098019_823448.html>
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17- L’UE lance la plus grande émission d’obligations vertes au monde, EurActiv, 13/10/21
Janos Ammann | translated by  Ambrine Dumas

La Commission européenne a émis des obligations vertes d’une valeur de 12 milliards d’euros sur les marchés financiers le mardi 12 octobre, afin de financer les composantes écologiques de son fonds de relance contre le coronavirus, doté de 800 milliards d’euros. Il s’agit de la plus grande émission d’obligations vertes au monde, à ce jour.
Cette émission d’obligations sur 15 ans a été sursouscrite plus de onze fois et démontre un réel intérêt pour les obligations vertes de l’UE sur les marchés financiers.
Les obligations vertes sont des prêts négociables qui servent à financer des investissements et des projets durables. Elles sont considérées, avec d’autres instruments financiers, comme un outil essentiel permettant aux marchés financiers d’investir dans la transition écologique.
« Notre avenir est vert et il est extrêmement important que nous saisissions l’occasion de montrer aux investisseurs que leurs fonds seront utilisés pour financer une relance européenne durable », a déclaré Johannes Hahn, commissaire européen chargé du budget et de l’administration.
Au total, l’UE prévoit d’émettre jusqu’à 250 milliards d’euros d’obligations vertes pour financer le programme « Next Generation EU », qui cherche à relancer l’économie de l’Union après la pandémie. Selon la Commission, le montant total des obligations vertes pour « Next Generation EU » fera de l’UE le plus grand émetteur d’obligations vertes au monde.
L’ensemble du programme « Next Generation EU » s’élève à 800 milliards d’euros, la majeure partie étant allouée à la Facilité pour la reprise et la résilience (RRF). Selon les règles de la RRF, chaque État membre doit consacrer au moins 37 % de son plan de relance national à des investissements et des réformes en faveur de la protection de l’environnement.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/climat/news/lue-lance-la-plus-grande-emission-dobligations-vertes-au-monde/>
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18- « L’affaire du siècle » : la justice demande au gouvernement de « réparer le préjudice écologique » dont il est responsable, Le Monde, 14/10/21, 13h01
Audrey Garric et Stéphane Mandard

Le tribunal administratif donne jusqu’au 31 décembre 2022 à l’exécutif pour prendre « toutes les mesures utiles » afin de compenser l’excès d’émissions de CO2 constaté entre 2015 et 2018. 
Le gouvernement a jusqu’au 31 décembre 2022 pour « réparer le préjudice écologique » causé par le non-respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’ultimatum vient de lui être fixé par le tribunal administratif de Paris dans une décision rendue jeudi 14 octobre dans le cadre de « L’affaire du siècle ». La justice enjoint au premier ministre de « prendre toutes les mesures utiles à réparer le préjudice écologique et prévenir l’aggravation des dommages ». 
Dans le collimateur des juges : le dépassement du premier budget carbone (le plafond d’émissions que s’est fixé le gouvernement pour la période 2015-2018), estimé à 15 millions de tonnes équivalent CO2. Le tribunal relève que le plafond d’émissions de gaz à effet de serre fixé par le premier budget carbone pour la période 2015-2018 a été dépassé de 62 millions de tonnes équivalent CO2. L’évaluation du préjudice se faisant à la date du jugement, le tribunal évalue que la réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre en 2020, bien que liée de façon prépondérante aux effets de la crise sanitaire du Covid-19 et non à une action spécifique de l’Etat, doit être prise en compte car elle permet, pour partie, de réparer le préjudice. En définitive, les juges estiment que le préjudice perdure à hauteur de 15 millions de tonnes équivalent CO2.
> Lire aussi  « Affaire du siècle » : l’Etat répond aux ONG qui l’attaquent pour « inaction climatique »
Le tribunal ne précise pas la nature des mesures à mettre en œuvre. « Il ne revient pas au tribunal de se substituer au pouvoir réglementaire en choisissant parmi la multiplicité des réparations possibles », avait expliqué la rapporteuse publique, Amélie Fort-Besnard, lors de l’audience du 30 septembre. Elle avait souligné le caractère contraignant des objectifs climatiques : « Il ne s’agit pas de dicter au gouvernement quelle doit être sa politique climatique mais de lui dire que ses engagements doivent être respectés et que leur non-respect engage sa responsabilité. »
« Inaction climatique »
Cette décision marque une nouvelle étape dans « L’affaire du siècle ». Après avoir lancé la pétition du même nom (plus de 2,3 millions de signatures) pour dénoncer « l’inaction climatique » de l’Etat, les ONG Notre affaire à tous, Greenpeace, Oxfam et la Fondation Nicolas Hulot avaient déposé, en mars 2019, un recours devant le tribunal administratif de Paris pour « carence fautive » de l’Etat. Lors d’un premier jugement, rendu le 3 février, le tribunal avait reconnu pour la première fois que l’Etat avait commis une « faute » en se montrant incapable de tenir ses engagements de réduction des gaz à effet de serre sur la période 2015-2018.
> Lire aussi : La justice invitée à condamner l’Etat pour « carence fautive » dans « L’affaire du siècle »
Dans un autre recours visant l’« inaction climatique » de l’Etat, déposé cette fois par la ville de Grande-Synthe (Nord), le Conseil d’Etat a fixé, en juillet, un ultimatum plus court au gouvernement : il lui a donné jusqu’au 31 mars 2022, soit à la veille de l’élection présidentielle, pour « prendre toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre » afin de tenir ses objectifs de réduction à l’horizon 2030. La France s’est engagée à diminuer ses émissions de 40 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, et à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Un objectif impossible à atteindre au rythme actuel, selon le Haut Conseil pour le climat. Ce dernier estime que « les efforts actuels sont insuffisants pour garantir l’atteinte des objectifs » climatiques en 2030 et que le rythme annuel de réduction des émissions doit pratiquement doubler. Une gageure.
> Lire aussi  « L’affaire du siècle » : l’étau se resserre sur le gouvernement, accusé d’« inaction climatique »
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/10/14/l-affaire-du-siecle-la-justice-demande-au-gouvernement-de-reparer-le-prejudice-ecologique-dont-il-est-responsable_6098357_1652612.html>
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19- Climat : nous l’avons fait, l’Etat n’a plus le choix !, L’Affaire du Siècle, 14/10/21, 18:23

C’est avec une grande émotion que nous vous écrivons aujourd’hui. Après 3 ans de procédure, les juges ont tranché : l'État n'a plus le choix, la France doit agir concrètement et rapidement pour le climat !
Ce résultat, nous l’avons obtenu ensemble, après une mobilisation sans précédent pour la justice climatique ! Cette victoire, c’est la vôtre, c’est celle de chacune et chacun d’entre vous. 
Cette décision marque une nouvelle ère pour les politiques climatiques de la France : plus aucun.e Président.e ne pourra s'exonérer d'agir pour le climat sous peine de mettre l'État hors la loi. 
Á nous d'en faire un sujet incontournable pour les candidat-e-s ! 
>> Suite à lire à :
<http://r.aldebaran.laffairedusiecle.net/mk/mr/dkhocpiueulhFg-KIkGSGGDP2AKH8T5xrOqYVnjESN21x02jwZX2ykvTg1CL-z5H2HnJmZMYNBjEYN0j6tIOW7iwyKryhoi98M7DEcM1adTUps4fesfgMf8SeNJVTFjN7dKzqoRSLsKVHNwbIsUzQNE>
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En audiovisuel
20- A l’issue du périple du Train de la Relance, revivez nos 36h d'émission à la rencontre de 150 acteurs de terrain, Reporters d’espoirs, Nouvelles du 06/10/21

Le Train de la Relance a achevé son périple en gare de Strasbourg !
> Revivez nos 36h d'émission en podcast et vidéo à la rencontre de 150 acteurs de terrain sur notre site
<https://reportersdespoirs.org/letrain/>
<https://1sxgu.r.ag.d.sendibm3.com/mk/mr/VEONpn0KFAeZGFuustLWMJsjVTAl815iza5L315HhjkWkzhwmrRk1Q7ZkUA9zdKD_HQzyg6ycEUKD9mY55sz1uD-Vt63t1l1aR5Kc2Q-vP_oFP96hUhCnefb8PTy-3dciNOnNtqpkQ>
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21- Taxation des multinationales : quels sont les détails de cet accord historique ?, France 2, journal de 20h, 09/10/21

Après des années de négociation, un accord a été obtenu entre 136 pays pour l'instauration d'un taux minimum de fiscalité de 15 % pour les multinationales. Quel sera son impact ?
Les paradis fiscaux seront-ils toujours aussi attractifs pour les multinationales. Vendredi 8 octobre, l'ordre fiscal mondial a changé. Un accord a été conclu par 136 pays pour appliquer un taux d'imposition d'au moins 15 % aux grosses entreprises. C'est une victoire saluée par Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie : "C'est une excellente nouvelle. C'est un point final à quatre années de négociations intenses dans lesquelles la France a joué de bout en bout les premiers rôles".
130 milliards d'euros de recette fiscale supplémentaire par an
Car le projet est sur la table depuis 2016. Mais sous l'administration Trump, rien ne se passe. L'arrivée au pouvoir de Joe Biden a tout accéléré. Concrètement, toutes les entreprises dont le chiffre d'affaires atteint 750 millions d'euros seront taxées à hauteur de 15 %. Cela représentera à la clé 130 milliards d'euros de recette fiscale supplémentaire par an pour les Etats. C'est un pas de plus vers l'équité fiscale selon l'OCDE.
> Explications à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/impots/paradis-fiscaux/taxation-des-multinationales-quels-sont-les-details-de-cet-accord-historique_4801379.html>
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Une publication
22- Sapiens Tome 2  - Album : Les piliers de la civilisation, de Yuval Noah Harari, David Vandermeulen, Daniel Casanave, Editions Albin Michel, 13/10/21

Après La naissance de l'humanité, Yuval Noah Harari, David Vandermeulen et Daniel Casanave décryptent, en bande dessinée, un nouveau chapitre de l'histoire de l'humanité.
Avec la révolution agricole, les Sapiens cohabitent non plus par dizaines d'individus, mais par millions...
Pour se nourrir, partager des informations et simplement vivre ensemble, les humains érigent alors les piliers de la civilisation, mais tombent aussi dans un piège dont nous ne sommes pas encore sortis !
Et si notre présent s'était joué il y a 12 000 ans ?
Sapiens Tome 2  - Album : Les piliers de la civilisation, de Yuval Noah Harari, David Vandermeulen, Daniel Casanave, Editions Albin Michel, ISBN : 978-2-226-45762-2, EAN : 9782226457622, 256 pages, 22,90 € ou 15,99 en Ebook
<https://www.albin-michel.fr/sapiens-tome-2-bd-9782226457622>
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