[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (jeudi 9 septembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Jeu 9 Sep 07:07:12 CEST 2021
Bonjour à tous,
Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants :
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1- 10 espèces d’insectes menacées en France <https://planete.lesechos.fr/enquetes/10-especes-dinsectes-menacees-en-france-10778/>, Les Echos Planète, maj le 02/09/21 à 09h40
2- Entretien. « La nature est à la fois de plus en plus invisible et de plus en plus puissante » <https://usbeketrica.com/fr/article/la-nature-est-a-la-fois-de-plus-en-plus-invisible-et-de-plus-en-plus-puissante>, Usbek & Rica, 02/09/21
3- Afrique du Sud : les lions rois de la réserve de Balule, protégés dans une savane immense <https://www.geo.fr/environnement/afrique-du-sud-les-lions-rois-de-la-reserve-de-balule-proteges-dans-une-savane-immense-206128>, AFP, 03/09/21, 11:00
4- Congrès mondial pour la nature : peut-on sauver la biodiversité en l'intégrant à l'économie ? <https://information.tv5monde.com/info/congres-mondial-pour-la-nature-peut-sauver-la-biodiversite-en-l-integrant-l-economie-422472>, TV5Monde, 03/09/21, 14:57
5- Congrès mondial de la nature : quatre chiffres qui montrent l'effondrement de la biodiversité <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-quatre-chiffres-qui-montrent-l-effondrement-de-la-biodiversite_4758637.html>, France info, 03/09/21, 16:24
6- Appels à sauver la nature et le climat en ouverture du congrès mondial de l'UICN <https://information.tv5monde.com/info/appels-sauver-la-nature-et-le-climat-en-ouverture-du-congres-mondial-de-l-uicn-422816>, AFP, 03/09/21, 21:00
7- Méditerranée : Macron promet d'étendre les aires fortement protégées <https://information.tv5monde.com/info/mediterranee-macron-promet-d-etendre-les-aires-fortement-protegees-422942>, AFP, 03/09/21, 21:00
8- En Colombie, recenser la multitude colorée des papillons <https://information.tv5monde.com/info/en-colombie-recenser-la-multitude-coloree-des-papillons-422823>, AFP, 03/09/21, 22:00
9- La France "restera" opposée à l'accord UE-Mercosur, assure Emmanuel Macron <https://www.europe1.fr/politique/la-france-restera-opposee-a-laccord-ue-mercosur-assure-emmanuel-macron-4064911>, Europe 1 avec AFP, 04/09/21, 07h09
10- A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/a-marseille-emmanuel-macron-annonce-que-la-france-va-organiser-un-sommet-dedie-aux-oceans_6093361_3244.html>, Le Monde, 04/09/21, 09h08
11- Éditorial. La lutte pour la biodiversité réclame plus de cohérence <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/04/la-lutte-pour-la-biodiversite-reclame-plus-de-coherence_6093394_3232.html>, Le Monde, 04/09/21, 10h17
12- Congrès mondial de la nature : 38 500 espèces sont "menacées", les dragons de Komodo désormais "en danger » <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/congres-mondial-de-la-nature-38-500-especes-sont-menacees-les-dragons-de-komodo-desormais-en-danger_4759993.html>, France info, 04/09/21, 14:53
13- En Méditerranée, les herbiers de posidonies davantage préservés des bateaux de plaisance <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/en-mediterranee-les-herbiers-de-posidonies-mieux-proteges-des-bateaux-de-plaisance_6093410_3244.html>, Le Monde, 04/09/21, 15h37
14- Congrès de la nature 2021 : placer la crise de la biodiversité au même niveau que la crise climatique <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/congres-de-la-nature-2021-placer-la-crise-de-la-biodiversite-au-meme-plan-que-le-climat-150134.html>, Novethic, 04/09/21
15- Montée des mers : les salins d'Hyères font sauter les digues et laissent faire <https://information.tv5monde.com/info/montee-des-mers-les-salins-d-hyeres-font-sauter-les-digues-et-laissent-faire-423169>, AFP, 06/09/21, 09:00
16- Portrait. Victor Noël, 16 ans, militant passionné en faveur de la protection de la biodiversité <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/06/victor-noel-16-ans-militant-passionne-en-faveur-de-la-protection-de-la-biodiversite_6093627_3244.html>, Le Monde, 06/09/21, 17h54
17- Pour vaincre les moustiques et le paludisme aviaire, une bactérie nommée « Wolbachia » <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/06/pour-vaincre-les-moustiques-et-le-paludisme-aviaire-une-bacterie-nommee-wolbachia_6093634_1650684.html>, Le Monde, 06/09/21, 18h00
18- Enquête. « Ecoutez bien ce concert, on ne l’entend plus qu’ici » : à Hawaï, les oiseaux ne cessent de mourir <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/06/ecoutez-bien-ce-concert-on-ne-l-entend-plus-qu-ici-a-hawai-les-oiseaux-ne-cessent-de-mourir_6093635_1650684.html>, Le Monde, maj le 07/09/21 à 01h30
19- Une nouvelle base de données pour mieux conserver le cheval de Przewalski <https://information.tv5monde.com/info/une-nouvelle-base-de-donnees-pour-mieux-conserver-le-cheval-de-przewalski-423325>, AFP, 07/09/21, 10:00
20- Des images colorisées pour donner un meilleur aperçu du tigre de Tasmanie, espèce disparue <https://information.tv5monde.com/info/des-images-colorisees-pour-donner-un-meilleur-apercu-du-tigre-de-tasmanie-espece-disparue>, AFP, 07/09/21, 12:00
21- Au cœur de la Camargue, un laboratoire de meilleures pratiques entre la nature et l'homme <https://information.tv5monde.com/info/au-coeur-de-la-camargue-un-laboratoire-de-meilleures-pratiques-entre-la-nature-et-l-homme>, AFP, 07/09/21, 12:00
22- Abandons des chats en nette hausse cet été, surtout des chatons <https://information.tv5monde.com/info/abandons-des-chats-en-nette-hausse-cet-ete-surtout-des-chatons-423380>, AFP, 07/09/21, 16:00
23- "You bloody fool" : Un canard fait concurrence aux perroquets <https://information.tv5monde.com/info/you-bloody-fool-un-canard-fait-concurrence-aux-perroquets-423415>, AFP, 07/09/21, 20:00
24- Portrait. Vincent Magnet, engagé pour la protection des forêts : « Faire, ça aide à supporter ce qui est insupportable » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/vincent-magnet-engage-pour-la-protection-des-forets-faire-ca-aide-a-supporter-ce-qui-est-insupportable_6093785_3244.html>, Le Monde, 07/09/21, 20h13
25- Les grands principes de la future stratégie nationale pour la biodiversité présentés à Marseille <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/les-grands-principes-de-la-future-strategie-nationale-pour-la-biodiversite-presentes-a-marseille_6093787_3244.html>, Le Monde, 07/09/21, 20h55
26- La danse des abeilles inspire la recherche sur des mini-robots <https://information.tv5monde.com/info/la-danse-des-abeilles-inspire-la-recherche-sur-des-mini-robots-423486>, AFP, 08/09/21, 11:00
27- L'ADN environnemental traqué pour mieux répertorier le vivant <https://information.tv5monde.com/info/l-adn-environnemental-traque-pour-mieux-repertorier-le-vivant-423494>, AFP, 08/09/21, 12:00
28- Congrès de l'UICN : l’humanité doit choisir entre agro-industrie et agroécologie <https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/l-humanite-doit-choisir-entre-agro-industrie-et-agroecologie_157350>, Sciences & Avenir, 08/09/21, 14h50
29- Effondrement de la biodiversité : pourquoi le monde de la finance aussi doit s'inquiéter <https://www.franceinter.fr/environnement/effondrement-de-la-biodiversite-pourquoi-le-monde-de-la-finance-aussi-doit-s-inquieter>, France Inter, 08/09/21, 16h56
En images
30- Biodiversité : Une espèce de vers miraculeux menacée <https://www.dailymotion.com/video/x83xvcy>, France 3, le 19/20, 03/09/21
31- Congrès mondial de la nature : Pierre Cannet souhaite une "solution globale" <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-pierre-cannet-souhaite-une-solution-globale_4759825.html>, France info, Le 23h, 03/09/21
32- « Tout ne va pas bien, bon sang ! » Le coup de gueule de l’acteur Harrison Ford au congrès national de la nature <https://www.20minutes.fr/planete/3119175-20210908-tout-va-bien-bon-sang-coup-gueule-acteur-harrison-ford-congres-national-nature>, 20 Minutes avec Brut, 08/09/21, 17h31
Bien à vous,
Florence
NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.
ÉTUDE DU JOUR : Plus de 40% des titres détenus par les banques françaises dépendent des services rendus par la nature, autrement dit de la biodiversité. Si elle continue de s'effondrer, le système financier est en grande partie menacé. (cf. item 29 & suite)
EFFONDREMENT DU JOUR : Les chiffres et les exemples montrant l’effondrement de la biodiversité (cf. item 1, 5, 12, suite, 18, 30 & 32)
ENJEUX DU JOUR : — Parmi les moyens concrets envisagés pour rétablir la biodiversité une"financiarisation de la nature" est envisagée. (cf. item 4)
— Plus récent et moins "bruyant" que la lutte contre le réchauffement climatique, le combat pour la préservation de la biodiversité doit être mené avec autant d’ambition. Car ces enjeux sont liés et les conséquences potentielles gigantesques. (cf. item 6, 11 & 14)
— Ouvrant le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature, le chef de l’Etat a annoncé un futur sommet mondial sur l’océan et de nouveaux objectifs de conservation en Méditerranée, des engagements accueillis avec prudence par les ONG. (cf. item 7 & 10)
— Les Vieux-Salins d'Hyères, dernière zone humide entre la Camargue et l'Italie, ont fait sauter deux kilomètres de rochers artificiels et choisi de laisser la mer faire. (cf. item 15)
— La Camargue cache un laboratoire unique d'un milieu naturel pour la gestion de l'eau, la chasse ou la lutte contre les espèces envahissantes. (cf. item 21)
— Suite à la présentation des grands axes de la prochaine stratégie nationale pour la biodiversité, qui doit être finalisée d’ici à début 2022, les organisations de protection de l’environnement réclament des moyens pour que cette nouvelle feuille de route soit réellement suivie d’effets. (cf. item 25)
— Au Congrès mondial de la Nature, chercheurs, entrepreneurs, représentants du monde agricole et de la société civile présentent leurs visions pour rendre la transition agroécologique possible. (cf. item 28 & suite)
— "Quand on pense au modèle agricole qui vient détruire les habitats, quand on pense à la surpêche qui vient détruire des écosystèmes ou même encore au plastique qui vient polluer les mers, on a besoin là d'une solution globale et de pouvoir, dans cet accord, traiter de toutes les racines du problème", affirme Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes WWF France (cf. item 31)
RECHERCHES DU JOUR : — Relâcher des insectes infectés et priver l’espèce de descendance : pour sauver les oiseaux d’Hawaï, la solution pourrait venir du laboratoire. (cf. item 17)
— L'ADN environnemental, ou eADN : la nouvelle application de la recherche d'ADN pourrait selon ses promoteurs révolutionner l'étude de la biodiversité. (cf. item 27 & suite)
BIOMIMÉTISME DU JOUR : Les abeilles "dansent" pour indiquer à leurs congénères où se trouve une source de pollen, et des chercheurs proposent un nouveau modèle expliquant comment elles en mesurent la distance, pour mieux l'appliquer à des mini-robots. (cf. item 26)
PORTRAITS DU JOUR : — Agronome à la retraite de 65 ans, Juan Guillermo Jaramillo est passionné par toutes les créatures ailées volant dans l’exubérante nature colombienne. (cf. item 8)
— Victor Noël, 16 ans, n’a pas attendu pour agir et compte presque une demi-vie d’engagement. (cf. item 16)
— L’association Les Tisserands, dont Vincent Magnet est un des membres, a acheté une dizaine d’hectares de forêts dans la Creuse pour y promouvoir une sylviculture douce. (cf. item 24)
SMILEY DU JOUR : Un canard de l'espèce Erismature à barbillons s'est révélé capable d'imiter un claquement de porte et surtout de lancer: "You bloody fool" (toi, espèce d'imbécile). (cf. item 23)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- 10 espèces d’insectes menacées en France, Les Echos Planète, maj le 02/09/21 à 09h40
Françoise Blind Kempinski (Responsable éditoriale)
Les Echos Planète sont partenaires du comité français de l’UICN
Les populations d’insectes, mal aimées mais vitales au bon fonctionnement de la chaîne alimentaire terrestre, sont décimées à vitesse accélérée. Revue des principaux spécimens en voie de disparition.
Entre 40 % et 75 % des insectes du globe sont en train de disparaître. Tous les scientifiques s’accordent sur le constat, les chiffres divergent en fonction du périmètre des études. Ces estimations prennent notamment en compte les travaux de la liste rouge mondiale des espèces animales et végétales, élaborée depuis 1964 par l’Union pour la conservation mondiale de la nature (UICN). Celle-ci constitue l’inventaire le plus exhaustif, régulièrement mis à jour, du niveau de menace pesant sur chaque espèce et ses causes. Elle est déclinée par grandes régions géographiques et aussi par pays. Le comité français de l’UICN produit ainsi des analyses depuis 2008 : « 17,6 % des 13.842 espèces évaluées en France (métropole et outremer) sont menacées », annonce Florian Kirchner, chargé de programme « espèces » au comité français de l’UICN. Parmi celles-ci figurent les insectes qui sont un maillon essentiel au bon fonctionnement de l’ensemble de la chaîne alimentaire terrestre. En outre, nombre d’entre eux, tels les papillons de jour et les éphémères, sont d’excellents bio-indicateurs de la santé de notre planète et leur disparition programmée est une alarme supplémentaire.
>> Suite à lire à :
<https://planete.lesechos.fr/enquetes/10-especes-dinsectes-menacees-en-france-10778/>
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2- Entretien. « La nature est à la fois de plus en plus invisible et de plus en plus puissante », Usbek & Rica, 02/09/21
Propos recueillis par Pablo Maillé
Quelle place pour le concept de « nature » dans un monde radioactif ? Entretien avec l’artiste Elise Morin, qui expose du 8 au 19 septembre au festival nantais Scopitone l’œuvre Spring Odyssey. L’histoire d’une plante réactive au stress radioactif.
C’est une plante pas comme les autres qu’accueillera du 8 au 19 septembre la ville de Nantes. Dans le cadre du festival Scopitone – rencontre annuelle entre la musique, l’image, le spectacle vivant et les arts numériques dont Usbek & Rica est partenaire -, l’artiste Élise Morin expose en effet une œuvre atypique, sobrement intitulée Spring Odyssey.
Soit le nom donné à une plante réactive au stress radioactif, sur laquelle se déploient des jeunes pousses de nicotiana tabacum, porteuses d’une mutation naturelle agissant comme un « bioindicateur » de cette force invisible. Et pour cause : avant d’atterrir à Nantes, la plante a d’abord voyagé dans la « forêt rouge », ce lieu hautement radioactif à proximité de Tchernobyl, où elle a fini par revenir « tâchée » avant de muter.
Pour compléter la réflexion autour de l’invisibilité de la radioactivité, l’artiste expose autour de cette pièce ses recherches (des photos en négatif, des plantes lovées dans des poteries…) et propose une expérience inédite en réalité augmentée. De quoi entamer une réflexion écologique complexe autour de l’idée de nature et du rapport qu’entretient la création artistique au bien commun. Entretien.
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/fr/article/la-nature-est-a-la-fois-de-plus-en-plus-invisible-et-de-plus-en-plus-puissante <https://usbeketrica.com/fr/article/la-nature-est-a-la-fois-de-plus-en-plus-invisible-et-de-plus-en-plus-puissante>>
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3- Les lions rois de la réserve sud-africaine de Balule, protégés dans une savane immense, AFP, 03/09/21, 11:00
Gersende Rambourg
C'est une drôle de saison. Chaque soir, dès le soleil couché, un jeune buffle en détresse beugle dans la savane de cette réserve sud-africaine. Un leurre, diffusé sur haut-parleur, pour faire saliver les lions, les faire venir pour les recenser.
Accrochés à un arbre, comme crucifiés, deux impalas, entrailles à terre, font appel aussi à leur odorat. Dans les phares des 4x4, on dirait une scène de crime. A bord, plusieurs rangers, pistolets à la ceinture, équipés de jumelles nocturnes et torches lumineuses.
"On connait tous nos lions, mais avec ce recensement annuel, on fait le point, on prend de leurs nouvelles", explique Ian Nowak, patron de la réserve privée Balule, 55.000 hectares aux confins du parc national Kruger, intégrés dans une immensité sans clôture de 2,5 millions d'hectares s'étendant jusqu'au Mozambique voisin.
A ses côtés, une chercheuse vétérinaire guette les sons, éléphants qui barrissent, frôlements dans les herbes hautes, décryptant les mouvements dans le noir. Et se tient prête à photographier les lions, pour les identifier à leurs cicatrices, la forme de leurs oreilles, un détail distinctif.
L'attente est longue. L'équipe jure que certaines nuits, ils ont vu jusqu'à 23 lions, se battant comme des chiffonniers pour croquer un bout d'antilope. Chaque soir, ils se positionnent environ 6 km plus loin, pour quadriller le terrain.
"Les lions sont nocturnes", murmure Ian, lunettes de soleil oubliées sur sa casquette kaki. "Parfois, ils ont déjà mangé alors ils ne se dérangent pas. Surtout les mâles, gros paresseux", plaisante-t-il.
L'an dernier, 156 ont été recensés sur la réserve, composée il y a encore vingt ans de terres cultivées. "Nos lions se portent extrêmement bien", note-t-il, alors que le prédateur souffre en Afrique de l'Est et de l'Ouest plus encore.
Effet combiné de l'engagement du gouvernement, soucieux aussi des retombées liées au tourisme, mais aussi des propriétaires privés.
- Sept lionnes et un hippo -
Outre la politique de conservation, les lions ont prospéré ici grâce à une récente sécheresse de plusieurs années. Affamés, antilopes et buffles n'ont pu opposer qu'une faible résistance aux assauts des rois de la savane, pourtant piètres chasseurs.
Alors que des spécialistes du monde entier sont rassemblés en France pour discuter des espèces menacées, de l'avis de tous ici, la plus grande menace pour les lions ne sont pas les braconniers, mais le déclin de leur habitat face à l'explosion démographique humaine.
Le haut-parleur beugle encore et encore la complainte du buffle blessé. Un petit chacal apparait. Sur un malentendu, il espère croquer un bout d'impala. Au moindre bruissement, il décampe à une vitesse étourdissante.
La vétérinaire repère un mouvement dans ses jumelles. On rallume les phares, lumière rasante. Apparait le roi et sa crinière claire, superbe. Il avance à pas de loups, tout en douceur. Méfiant. Tranquille.
"Il doit s'assurer qu'il n'est pas en présence de lions d'une autre troupe", souffle le ranger Nick Leuenberger. "Il analyse aussi les odeurs". Soudain, il ouvre grand la gueule et bondit pour croquer le ventre de l'impala suspendu. Saisissant.
Après souper, il s'allonge au pied de l'arbre. Il mangera le reste plus tard. Pas la peine de rester, aucun animal ne s'approchera maintenant.
Le soir suivant, un ballet de sept hyènes se relaie pour dévorer les impalas. Mais pas un lion en vue. Sur la route du retour, le 4x4 freine brutalement. Un hippopotame sur le côté gauche ouvre grand la gueule et grogne furieusement.
A droite, dans les broussailles, sept lionnes redressent la tête en même temps. Magique. L'hippo est-il en danger ? "Non, il faudrait au moins deux fois plus de lions. Il leur rappelle juste qui est le patron", souffle Ian.
Après quelques minutes, la tension retombe. Un lion mâle émerge du pied d'un arbuste et chaloupe son arrière-train sur la route. Une femelle le rejoint. Le 4x4 les suit, tout doucement, jusqu'à ce qu'ils disparaissent, chacun leur tour, dans la nuit noire de la savane.
<https://www.geo.fr/environnement/afrique-du-sud-les-lions-rois-de-la-reserve-de-balule-proteges-dans-une-savane-immense-206128>
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4- Congrès mondial pour la nature : peut-on sauver la biodiversité en l'intégrant à l'économie ?, TV5Monde, 03/09/21, 14:57
Pascal Hérard
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) se réunit du 3 au 11 septembre 2021 à Marseille pour son Congrès mondial de la nature. Parmi les moyens concrets envisagés pour rétablir la biodiversité une"financiarisation de la nature" est envisagée. Explications.
Peut-on parvenir à protéger les océans de la pollution des plastiques, de la surpêche, protéger les forêts, empêcher l'extinction des espèces en voie de disparition et conserver ou même rétablir la biodiversité dans son ensemble ? Le Congrès mondial de la nature de l'UICN — qui débute à Marseille ce vendredi 3 septembre 2021 — compte bien répondre "oui" à toutes ces questions, avec des propositions concrètes.
Ce Sommet de la nature à Marseille a pour objectif final de signer 128 recommandations mondiales concrètes, dont 109 ont déjà été votées par les États et les ONG. Ces recommandations doivent permettre de définir les prochains objectifs pour la protection de la biodiversité à l'horizon 2030. Le président de la République Emmanuel Macron lance le Congrès ce 3 septembre 2021, le gouvernement français étant partenaire de l'événement.
Ce Congrès devait avoir lieu — à l'origine — fin 2020. La crise sanitaire mondiale causée par le Covid-19 en a décidé autrement. Ce report a malgré tout servi la cause de l'organisation internationale, celle de la protection de la biodiversité.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://information.tv5monde.com/info/congres-mondial-pour-la-nature-peut-sauver-la-biodiversite-en-l-integrant-l-economie-422472>
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5- Congrès mondial de la nature : quatre chiffres qui montrent l'effondrement de la biodiversité, France info, 03/09/21, 16:24
Plusieurs études mettent en lumière la chute vertigineuse des populations d'espèces animales et végétales à travers le monde ces dernières années.
La faune et la flore sont en danger. Oiseaux, plantes, insectes, animaux... Depuis plusieurs années, des rapports mettent en avant l'effondrement de la biodiversité à travers le monde. Ce sujet crucial doit être abordé lors du Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui s’ouvre vendredi 3 septembre à Marseille en présence d'Emmanuel Macron. Voici quatre chiffres à connaître pour prendre la mesure de ces enjeux.
En près de cinquante ans, 68% des animaux vertébrés sauvages ont disparu
Entre 1970 et 2016, "les effectifs de plus de 20 000 populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons" ont chuté de 68% selon le dernier rapport "Planète vivante" du Fonds Mondial pour la Nature (WWF), publié en septembre 2020. Tous les deux ans, l'ONG analyse la perte de la biodiversité à l'échelle planétaire. "Ce sont des chiffres vraiment alarmants. Nous avons les trois quarts des écosystèmes terrestres dégradés et deux tiers des écosystèmes marins", a déclaré à franceinfo Véronique Andrieux, directrice générale du WWF, ce vendredi.
La chute de la biodiversité est plus forte dans certaines régions du monde. Loin devant, on trouve l'Amérique latine et les Caraïbes avec 94% des vertébrés disparus depuis 1970. Sur le continent africain, la perte est de 65%. Ces données doivent tout de même être interprétées avec précaution, car le "déclin extrême de certaines populations peut affecter de façon 'disproportionnée' la moyenne globale", selon des chercheurs cités par Le Monde (article pour les abonnés).
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<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-quatre-chiffres-qui-montrent-l-effondrement-de-la-biodiversite_4758637.html>
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6- Appels à sauver la nature et le climat en ouverture du congrès mondial de l'UICN, AFP, 03/09/21, 21:00
Stéphane Orjollet
La plus grande organisation de protection de la nature, l'UICN, a lancé vendredi à Marseille son congrès mondial sur des appels à s'attaquer de front aux crises "jumelles" de la biodiversité et du changement climatique, pour sauver l'avenir de l'Homme sur une planète qu'il a déjà bien mise à mal.
Jusqu'à un million d'espèces animales et végétales sont aujourd'hui menacées de disparition, et la nature "décline plus vite que jamais dans l'histoire humaine", selon les experts de l'Onu.
Un déclin, souvent qualifié de "sixième extinction de masse", qui met en péril les conditions même de l'existence humaine sur Terre. Comme le montre également la multiplication de catastrophes liées aux effets du changement climatique, lui aussi causé par l'activité des Hommes, tempêtes, inondations, sécheresses, incendies...
"Il faut nous doter des instruments nécessaires pour un avenir durable (...) Nous savons à quel point la situation est complexe, les problèmes sont liés entre eux", a insisté dans un message vidéo lors de la cérémonie d'ouverture (le congrès se déroule en présence et en virtuel, Covid-19 oblige) Zhang Xinsheng, le président chinois de l'UICN.
La Chine doit accueillir en avril 2022 la COP15 sur la biodiversité, où devrait être adopté un texte visant à "vivre en harmonie avec la nature" à l'horizon 2050, avec des objectifs intermédiaires pour 2030.
Beaucoup d'activistes espèrent que le congrès de l'UICN donnera un élan positif au processus de négociations, d'autant que la communauté internationale n'a pas respecté les objectifs qu'elle s'était elle-même fixés pour la décennie écoulée 2010/20.
- "Ancrage dans le vivant" -
"On voit bien que le climat, la nature et l'humanité sont inséparables, et je pense que nous le mesurons beaucoup mieux malheureusement depuis que nous avons vécu cette pandémie de Covid 19 parce que nous avons refait l'expérience de notre ancrage dans le vivant," a lancé de son côté le président français Emmanuel Macron.
Evoquant la COP26 sur le climat en novembre à Glasgow, il a insisté sur "l'urgence de resynchroniser ces deux agendas, (...) de faire comprendre à tous que la bataille pour le climat et contre le dérèglement climatique est jumelle de la bataille pour préserver et restaurer la biodiversité. Et que l'une et l'autre se nourrissent".
Après une sortie en mer dans le célèbre parc naturel des Calanques, il a annoncé la tenue en France d'un "One ocean summit" fin 2021 début 2022. Mais aussi une forte augmentation des zones de protection forte dans les eaux françaises de Méditerranée, qu'il veut porter à 5% du total en 2027.
L'état des océans, affectés par le réchauffement climatique et par la pollution, notamment plastique, est un des sujets importants du congrès. Ils sont en effet un des principaux puits de carbone naturels de la planète, avec les grandes forêts vierges.
Samedi, l'UICN dévoilera la mise à jour de sa célèbre "Liste rouge des espèces menacées", baromètre de la destruction de notre environnement. Pour la première fois, elle sera accompagnée d'une "liste verte", recensant les succès en matière de conservation.
- "Vies en jeu" -
D'ici sa clôture le 11 septembre, le congrès doit également voter une série de motions, notamment une déclaration finale qui devrait porter sur "la place de la nature dans les plans de relance économique post-Covid". Les conséquences de la destruction de la nature sur la santé humaine seront aussi évoquées, nombre d'experts redoutant une multiplication de tels virus, venus du monde animal.
Les délégués évoqueront aussi un "plan d'action mondial pour les espèces". Les "solutions basées sur la nature" pour lutter contre le réchauffement climatique ou ses effets seront également à l'ordre du jour, ainsi que la toujours épineuse question des financements.
Nouveauté de cette édition, les organisations des peuples autochtones, dont le rôle est de plus en plus reconnu pour protéger la nature, pourront voter. "Nos vies sont en jeu, mes frères, et c'est pourquoi je voudrais que les promesses soient tenues", a lancé José Gregorio Diaz Mirabal, de la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien.
Comme en écho, l'acteur américain Harrison Ford, très engagé pour la préservation de la nature, a lancé un message plein d'émotion en clôturant la cérémonie. "C'est dur de lire les grands titres – inondations ! incendies ! famines ! épidémies ! - et de dire à ses enfants que tout va bien. Ca ne va pas ! Nom de Dieu, ça ne va pas! C'est normal de ressentir de la frustration, de l'angoisse, de la peine. Mais ne vous enfuyez pas. Réclamez justice. Justice pour Mère nature !"
<https://information.tv5monde.com/info/appels-sauver-la-nature-et-le-climat-en-ouverture-du-congres-mondial-de-l-uicn-422816>
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7- Méditerranée : Macron promet d'étendre les aires fortement protégées, AFP, 03/09/21, 21:00
La France va porter les aires bénéficiant de "protection forte" à 5% de son espace maritime en Méditerranée d'ici à 2027, contre 0,2% actuellement, a annoncé vendredi Emmanuel Macron.
Cette extension des aires marines fortement protégées en Méditerranée, très attendues par les défenseurs de l'environnement, constitue "un vrai changement, qui nous permettra d'atteindre un autre objectif de 10% à 2030", a précisé le président français devant le congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui s'ouvre ce vendredi à Marseille.
Les aires de "protection forte" sont des zones où les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la conservation des enjeux écologiques sont supprimées ou significativement limitées, et ce de manière pérenne, selon la définition du ministère de la Transition écologique.
La directrice générale de WWF France, Véronique Andrieux avait déclaré avant l'ouverture du congrès de l'UICN qu'elle espérait du chef de l'Etat "des engagements en termes de zones de protection forte en Méditerranée", une mer particulièrement victime de surpêche et de pollutions.
Pour l'instant, selon une étude du CNRS, en métropole, les niveaux de protection des eaux françaises sont extrêmement faibles. Ainsi, 59% des eaux françaises méditerranéennes sont sous le statut d'aires protégées, mais seulement 0,1% en protection haute ou intégrale. Si 40% de la façade Atlantique-Manche-Mer du Nord est sous statut d'aires protégées, seul 0,01% est sous protection haute ou intégrale. Au total, seul 1,6% de l’espace maritime français bénéficie d'un statut de protection intégrale ou haute, dont l'essentiel (80%) dans les eaux australes et antarctiques françaises".
France Nature Environnement (FNE) affirmait récemment que "les pressions engendrées par les activités humaines doivent être supprimées ou réduites au minimum dans au moins 10% de chaque façade maritime et bassin ultramarin" de la France, qui possède le deuxième espace maritime au monde.
FNE estimait aussi que la définition de la protection forte retenue "ne va pas assez loin pour réellement supprimer – ou réduire au minimum – les pressions sur le milieu marin."
Le chef de l'Etat a par ailleurs annoncé vouloir accueillir un sommet "One Ocean" fin 2021 ou en 2022, sur le modèle des sommets One Planet qui réunissent acteurs publics et privés. Un sommet sur l'océan est aussi prévu par l'ONU en 2022.
<https://information.tv5monde.com/info/mediterranee-macron-promet-d-etendre-les-aires-fortement-protegees-422942>
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8- En Colombie, recenser la multitude colorée des papillons, AFP, 03/09/21, 22:00
Hector Velasco
Ce devait être les oiseaux, ce fut finalement les papillons. Agronome à la retraite de 65 ans, Juan Guillermo Jaramillo est passionné par toutes les créatures ailées volant dans l’exubérante nature colombienne. D'abord féru d'ornithologie, sa rencontre, au bout de son appareil photo, avec les papillons a été un bouleversement.
Il est aujourd'hui le co-auteur d'un inventaire unique, élaboré par un groupe international de scientifiques, qui établit que la Colombie est le pays abritant le plus d'espèces de papillons au monde.
La liste a été publiée en juin par le Musée d'histoire naturelle de Londres, vénérable institution qui elle-même veille précieusement sur la plus grande et la plus vieille collection de ces insectes aux pigments chatoyants.
"Papillons de Colombie, liste de vérifications" recense à ce jour 3.642 espèces dans ce pays d'Amérique du sud avec l'une des plus riches biodiversités au monde. Soit 19,4% de toutes les variétés connues de la planète. Plus de 200 d'entre elles ne vivent qu'en Colombie.
Mais ici comme ailleurs, la déforestation, le réchauffement climatique, ainsi que l'élevage intensif menacent l'environnement, et détruisent l'habitat des insectes volants, pollinisateurs et source de nourriture pour les oiseaux et les serpents.
- "Bijoux ailés" -
M. Jaramillo n'est pas un vulgaire collectionneur de papillons arpentant la jungle avec son filet à bout de bâton. "Je n'ai rien à voir avec le traditionnel chasseur de papillons, qui tue l'objet de sa passion, la transperce avec une aiguille pour l'épingler dans une boîte", explique-t-il à l'AFP, lors d'une rencontre à son domicile de Jardín (nord-ouest). "Je ne suis tout simplement pas capable de les tuer".
M. Jaramillo, photographe passionné, possède une banque de données unique de 220.000 clichés de lépidoptères. À lui seul, il a identifié 1.500 espèces en Colombie, soit presque la moitié des espèces recensées.
Depuis 15 ans, M. Jaramillo arpente forêts et jungles colombiennes à la recherche de ses petits "bijoux ailés". Ce qui n'est pas sans risque dans un pays sous le feu des guérillas, paramilitaires, et autres narcos depuis plus d'un demi-siècle.
"Il y a certains endroits où je ne vais pas, simplement parce que j'ai peur", dit-il.
Toujours le pied agile, il emprunte sentiers et chemins creux avec son appareil photo, un trépied et une étrange mixture de sa propre invention : un appât à base de crevettes.
Après de nombreux essais, il a découvert que ce liquide rosâtre, toujours confectionné le matin-même de ses escapades, attire le plus de papillons.
Ce jour-là, au cœur d'un parc naturel du département d'Antioquia (région de Medellin), la pluie vient à peine de cesser, la nature luxuriante cette région au climat tropical s'éveille dans une chaleur humide et étouffante.
M. Jaramillo répand à l'aide d'un petit pulvérisateur son mystérieux élixir à l'odeur pestilentielle sur des feuilles et des roches affleurant près d'un torrent.
Il laisse aussi des petits bouts de coton imbibés d'appât, que les papillons "prennent pour des fientes d'oiseaux".
"Lorsque les papillons se posent sur une feuille, ils y restent longtemps, comme des gravures de mode. Et sans appât, il serait aussi impossible d'apercevoir certaines espèces qui vivent en haut des grands arbres".
- Métamorphose -
Auparavant, M. Jaramillo en pinçait plutôt pour les oiseaux, qui furent ses premiers modèles photo.
Telle une chenille se faisant chrysalide, sa métamorphose a commencé avec le numérique. "Prendre une bonne photo d'oiseau est très difficile, il faut des objectifs lourds et encombrants. Alors je photographiais aussi des papillons". Les images téléchargées sur son ordinateur ont été une révélation, le photographe est émerveillé devant tant de formes et de couleurs.
Il saute alors d'un monde d'abondance -les oiseaux- à un monde presque infini. Car les papillons, de jour et de nuit, constituent le groupe d'insectes le plus nombreux de la planète, après les coléoptères, avec près de 160.000 variétés connues.
"En Colombie, il y a peut-être deux fois plus de papillons que d'oiseaux. Dans les Andes, il y a environ 10 à 15% d'espèces de papillons inconnues, ou encore sans classification", explique à l'AFP Kim Garwood, auteur américain de cinq livres sur ces insectes et co-auteur de la "liste de vérification".
Près de sa ferme entourée de forêt, M. Jaramillo attend sous un soleil brûlant dès l'aurore. "L'air chaud aide à soutenir le vol des papillons, alors que quand il pleut ils se mettent sous les feuilles comme un parapluie".
Avec l'appât, les papillons débarquent en masse. Un peu de salive, et les créatures multicolores se posent même sur le nez du photographe.
S'il est surpris par les couleurs de l'un de ses modèles, il télécharge le cliché dans sa base de données afin que les experts puissent ultérieurement la classer.
"Avec les papillons et les mites, j'ai du travail pour cette vie et dix autres", se réjouit le sexagénaire.
> Vidéo à voir à :
<https://information.tv5monde.com/info/en-colombie-recenser-la-multitude-coloree-des-papillons-422823>
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9- La France "restera" opposée à l'accord UE-Mercosur, assure Emmanuel Macron, Europe 1 avec AFP, 04/09/21, 07h09
En déplacement à Marseille vendredi, Emmanuel Macron s'est affiché en opposant du Mercosur "tel qu'il est négocié aujourd'hui'. Le chef de l'Etat a réitéré l'engagement de la France en faveur de l'environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique, plaidant pour des "politiques de biodiversité".
Emmanuel Macron a annoncé que Paris maintiendrait son opposition à l'accord commercial UE-Mercosur, invoquant la protection du climat et de la biodiversité. En déplacement à Marseille, le chef de l'Etat a pris la parole vendredi devant le congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). "La France est contre le Mercosur tel qu'il est négocié aujourd'hui, et nous le resterons très clairement. Pas parce que nous ne sommes pas à l'aise avec nos amis du Mercosur (mais) parce que par définition, cet accord tel qu'il a été conçu et pensé ne peut pas être compatible avec notre agenda climatique et de biodiversité."
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<https://www.europe1.fr/politique/la-france-restera-opposee-a-laccord-ue-mercosur-assure-emmanuel-macron-4064911>
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10- A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises, Le Monde, 04/09/21, 09h08
Perrine Mouterde (envoyée spéciale à Marseille)
Ouvrant le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature, le chef de l’Etat a annoncé un futur sommet mondial sur l’océan et de nouveaux objectifs de conservation en Méditerranée, des engagements accueillis avec prudence par les ONG.
« Il y a urgence à faire comprendre que la bataille pour le climat est jumelle de la bataille pour la biodiversité. Nous avons du retard sur la biodiversité, il faut le rattraper. » C’est par cette affirmation, espérée de longue date par les acteurs de la protection de l’environnement, que le président de la République, Emmanuel Macron, a ouvert le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), vendredi 3 septembre, à Marseille. « Nous devons entendre le bruit des mégafeux comme le silence des oiseaux dans nos campagnes », a aussi lancé Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco.
Si le dérèglement climatique a pu éclipser l’érosion de la biodiversité, cette question commence à se hisser progressivement au même niveau de priorité dans l’agenda mondial. Surtout, les appels à ne plus traiter de façon séparée ces deux menaces se multiplient. En juin, cinquante des plus grands experts mondiaux des deux thématiques ont souligné, dans un rapport commun inédit, l’impérieuse nécessité d’aborder conjointement ces crises pour espérer les résoudre.
« Lorsque l’on protège les baleines, non seulement on sauve des animaux magnifiques mais en plus on participe à la lutte contre le réchauffement car elles capturent des tonnes de carbone [en se nourrissant de phytoplancton notamment, elles accumulent du carbone qu’elles piègent au fond de l’océan quand elles meurent] ! », a insisté la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde.
Mobiliser en vue de rendez-vous cruciaux
« Mettre la biodiversité au niveau du climat, c’est bien la moindre des choses, a réagi Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Si cela signifie qu’une énergie identique et des moyens comparables vont être mis en œuvre, cela devient intéressant. »
> Lire aussi A Marseille, un congrès crucial pour agir face à la crise de la biodiversité
Avant la conférence internationale des Nations unies sur le climat (COP26) prévue en novembre en Ecosse et celle sur la diversité biologique (COP15) programmée au printemps 2022 en Chine, le congrès de l’UICN entend engendrer une mobilisation forte en vue de ces rendez-vous cruciaux. En Chine doit être adopté le nouveau cadre mondial visant à enrayer l’érosion de la biodiversité d’ici à 2030. Avec la tenue du premier One Planet Summit consacré à la biodiversité en janvier 2020 à Paris, « la France est à l’initiative de deux temps forts » destinés à susciter « des alliances et des engagements », a souligné Emmanuel Macron.
Pour poursuivre dans cette dynamique, le président a annoncé l’organisation dans les prochains mois d’un grand sommet consacré à l’océan, afin d’aborder les questions des pollutions plastiques et de la protection de la haute mer. Dans la matinée, il a effectué une visite dans les Calanques, à bord notamment de la goélette de l’Expédition 7e continent, une association qui œuvre à réduire la prolifération de microplastiques dans les milieux marins.
Macron « attendu au tournant »
Si la France est perçue sur la scène internationale comme l’un des pays moteurs pour la mobilisation en faveur de la biodiversité, le président était également « attendu au tournant » par les organisations de protection de l’environnement, qui dénoncent un décalage entre les « belles ambitions » et les avancées concrètes sur le plan national.
Concernant la protection du territoire, Emmanuel Macron a annoncé, vendredi, vouloir placer 5 % des eaux méditerranéennes françaises sous protection forte d’ici à 2027, contre 0,2 % actuellement – la France s’est engagée à protéger 30 % de ses terres et de ses mers d’ici à 2022, dont 10 % en protection forte. Jusqu’à présent, les ONG s’inquiétaient que les projets de renforcement d’aires marines protégées ne concernent que les océans indien et austral, bien loin de la métropole.
> Lire aussi « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
« L’important pour nous n’est pas le chiffre, nous voulons une politique qualitative avec des moyens garantissant une vraie protection, des hommes et des femmes pour gérer les sites et des bateaux pour faire de la surveillance », pointe Elodie Martinie-Cousty, pilote du réseau Océan à France Nature Environnement (FNE). Nicolas Hulot, qui faisait partie de la délégation accompagnant Emmanuel Macron en mer, a rappelé que, lorsqu’il était ministre de l’environnement, certaines aires protégées ne disposaient que « d’une personne pour s’en occuper qui n’avait pas de bateau ».
Alors que la France va prendre la présidence de l’Union européenne (UE) en janvier 2022, le chef de l’Etat a également donné des pistes concernant les sujets qu’il entendait porter, et notamment celui de la réduction des pesticides. Ces substances toxiques sont l’une des principales causes d’érosion du vivant. « Nous n’allons pas assez vite » sur cette question, a-t-il reconnu. Il a promis une hausse de l’effort budgétaire au cours des cinq prochaines années pour trouver des alternatives à proposer aux agriculteurs ainsi qu’un « plan massif » pour les accompagner.
« Une bouffée d’oxygène »
Concernant les accords commerciaux, Paris « restera très clairement » opposé à l’accord de libre-échange entre les Vingt-Sept et les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) et appellera à la mise en place de « clauses miroir », qui interdisent d’importer des produits fabriqués avec des substances interdites dans l’UE.
« Vu l’urgence, toute annonce est bonne à prendre, estime Amandine Lebreton, la directrice plaidoyer et prospective de la Fondation Nicolas Hulot, qui portait notamment cette proposition. On verra maintenant pour la mise en œuvre. Comme il y a eu beaucoup de beaux discours sans actes derrière, on est un peu échaudés. »
Pierre Cannet, le directeur du plaidoyer du Fonds mondial pour la nature (WWF) France, dit également « rester sur sa faim ». L’ONG espérait notamment des engagements en matière d’arrêt des subventions dommageables à la nature. « La vision et le cap pour agir sur les racines de la crise écologique restent flous et sans consistance, regrette l’organisation. Le président a fait une revue de l’existant sans annoncer de nouvelles mesures concrètes. »
« Ces déclarations sont tout de même une bouffée d’oxygène et d’espoir pour la biodiversité, note Allain Bougrain-Dubourg. Mais on a été tellement frustrés du mépris accordé au vivant qu’on en attendait encore davantage. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/a-marseille-emmanuel-macron-annonce-que-la-france-va-organiser-un-sommet-dedie-aux-oceans_6093361_3244.html>
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11- Éditorial. La lutte pour la biodiversité réclame plus de cohérence, Le Monde, 04/09/21, 10h17
Plus récent et moins « bruyant » que la lutte contre le réchauffement climatique, le combat pour la préservation de la biodiversité doit être mené avec autant d’ambition. Car ces enjeux sont liés et les conséquences potentielles gigantesques.
Editorial du « Monde ». L’état des lieux est calamiteux et les perspectives sont affolantes. Jamais dans l’histoire de l’humanité le vivant n’a été aussi menacé. Le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui se tient à Marseille du 3 au 11 septembre, constitue une étape essentielle non seulement pour accélérer la prise de conscience des enjeux de l’effondrement de la biodiversité, mais aussi pour mobiliser les décideurs afin de tenter d’inverser le cours de la catastrophe.
Si des ouvrages ont décrit les dégâts causés à la nature par l’activité humaine dès les années 1960, la lutte en faveur de la préservation de la biodiversité a pris du retard par rapport à celle contre le réchauffement. Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a sonné le tocsin il y a une trentaine d’années, le premier rapport d’envergure de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques date seulement de 2019.
> Lire aussi A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises
Pourtant l’urgence n’est pas moins grande. Le taux d’extinction des espèces animales et végétales s’accélère à une vitesse vertigineuse. Souillée et détruite par l’activité humaine, la nature recule partout, qu’il s’agisse des océans, des rivières ou des forêts, avec des conséquences irrémédiables sur la faune, la flore et l’homme. En cinquante ans, les populations de vertébrés ont ainsi chuté des deux tiers. La situation concernant les insectes et les essences d’arbres est tout aussi inquiétante. En bout de chaîne, cette dégradation des écosystèmes a un impact négatif sur plus de la moitié de l’humanité en matière de santé et de cadre de vie.
L’enjeu de sensibilisation
La prise de conscience de la crise climatique a été lente, mais elle est aujourd’hui largement partagée. Celle de la chute de la biodiversité doit encore faire d’énormes progrès. Autant les conséquences du réchauffement s’imposent à nous de façon visible, autant les enjeux de l’extinction du vivant paraissent moins prégnants pour des populations de plus en plus urbaines et de moins en moins en contact avec la nature. L’enjeu de sensibilisation est colossal.
> Lire l’entretien : « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
Les deux phénomènes sont pourtant indissociables. La biodiversité agit comme un gigantesque régulateur du climat. Plus les océans s’acidifient, plus la déforestation prend de l’ampleur, plus le réchauffement sera difficile à maîtriser. La protection de ces écosystèmes permettrait de contribuer à un tiers de l’objectif de réduction des émissions de CO2 fixé dans le cadre de l’Accord de Paris à l’horizon 2030.
Pour plus d’efficacité, il est indispensable de lutter de front contre le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité. Recherche, financements et politiques publiques ont trop longtemps fonctionné en silo. Il est temps de coordonner les décisions.
Les annonces d’Emmanuel Macron en ouverture du congrès sur l’extension des surfaces maritimes protégées et la tenue prochaine en France d’un sommet « One Ocean » sont des initiatives louables. Pour être à la hauteur des enjeux, elles doivent néanmoins s’inscrire dans une mobilisation mondiale qui tarde à se concrétiser.
Surtout, les politiques publiques doivent s’astreindre à davantage de cohérence. La réforme de la politique agricole commune (PAC) en est un exemple manifeste. Faute de tourner véritablement le dos à l’agriculture intensive en laissant d’importantes marges de manœuvre aux Etats membres, le compromis européen laisse peu d’espoir d’un changement véritable, alors que ces pratiques ont des effets reconnus en matière de dégradation des milieux naturels et de déclin de nombreuses espèces sauvages.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/04/la-lutte-pour-la-biodiversite-reclame-plus-de-coherence_6093394_3232.html>
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12- Congrès mondial de la nature : 38 500 espèces sont "menacées", les dragons de Komodo désormais "en danger », France info, 04/09/21, 14:53
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a actualisé sa "Liste rouge" des espèces menacées.
C'est une nouvelle preuve de l'effrondrement de la biodiversité pointé par les scientifiques. Quelque 28% des espèces étudiées par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sont "menacées", selon une actualisation de la célèbre "Liste rouge" (en anglais) de la plus grande organisation mondiale de conservation de la nature, rendue publique samedi 4 septembre à Marseille.
Au total, l'UICN a étudié 138 374 espèces, dont 38 543 sont classées dans les différentes catégories menacées de ce baromètre du vivant.
Dragons de Komodo, requins…
Les célèbres dragons de Komodo, dont les conditions de vie sont menacées par le changement climatique, sont désormais classés "en danger". Déjà considéré comme "vulnérable", le plus gros lézard du monde a vu son statut relevé par l'UICN, qui avertit que "la hausse des températures et donc du niveau de la mer devrait réduire [son]habitat d'au moins 30% dans les 45 prochaines années".
Quelque 37% des espèces de requins et raies dans le monde sont aussi menacées, contre 24% en 2014. Parmi les facteurs mettant en jeu la survie de ces espèces figurent la surpêche, la dégradation ou la perte d'habitat (pour 31% d'entre elles) et les conséquences du changement climatique (10%), précise l'UICN.
La Liste rouge de l'UICN, créée en 1964, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l'une des neuf catégories suivantes : éteinte, éteinte à l'état sauvage, en danger critique, en danger, vulnérable, quasi menacée, préoccupation mineure, données insuffisantes, non évaluée.
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/congres-mondial-de-la-nature-38-500-especes-sont-menacees-les-dragons-de-komodo-desormais-en-danger_4759993.html>
Sur le même sujet :
> "Liste rouge" de la nature : le dragon de Komodo et de nombreux requins menacés <https://information.tv5monde.com/info/liste-rouge-de-la-nature-le-dragon-de-komodo-et-de-nombreux-requins-menaces-422955>, AFP, 04/09/21, 17:00
> « Liste rouge » de l’UICN : près de 30 % des espèces répertoriées sont menacées <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/liste-rouge-de-l-uicn-pres-de-30-des-especes-etudiees-sont-menacees_6093415_3244.html>, Le Monde avec AFP, maj le 05/09/21 à 06h00
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13- En Méditerranée, les herbiers de posidonies davantage préservés des bateaux de plaisance, Le Monde, 04/09/21, 15h37
Martine Valo
Les services de l’Etat ont fait respecter pour la première fois, cet été, l’interdiction de jeter l’ancre au-dessus des plantes aquatiques devant les côtes des Alpes-Maritimes, du Var et de la Corse, une mesure plutôt bien acceptée.
Qu’on les nomme herbiers ou forêts, les étendues de posidonies (Posidonia oceanica) jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes marins. Cette plante aquatique à fleurs, endémique de Méditerranée, sert d’habitat et de nurserie à de nombreuses espèces de poissons. Présente non loin du littoral, jusqu’à 40 mètres de fond, elle contribue à l’atténuation de la houle et de l’érosion des côtes ; elle stabilise les fonds meubles avec ses rhizomes enfouis dans les sédiments. De surcroît, elle filtre l’eau et en limite la turbidité, produit de l’oxygène, séquestre du carbone « trois à cinq fois plus qu’une forêt tropicale ! », affirme le préfet maritime de la Méditerranée, le vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi. Il voit dans tous les bienfaits de la posidonie une bonne raison d’avoir recours à « une action forte pour la préserver ».
> Lire aussi A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises
Car la précieuse et fragile plante à la croissance lente a beau être protégée par des conventions internationales, par plusieurs textes européens et, à l’échelon national, par un arrêté spécifique de 1988, elle est en déclin en France. Depuis 2014, 800 km2 de ces herbiers y ont été cartographiés le long des côtes, mais 7 670 hectares sont morts. On estime que 10 % de leur surface a été perdue en un siècle dans le bassin méditerranéen. Les posidonies couvrent encore 33 % du littoral de l’ex-région PACA, 66 % en Corse, 1 % en Occitanie. Mais le golfe Juan pourrait en avoir perdu 225 ha entre 2006 et 2018, et celui de Saint-Tropez 145 ha entre 2010 et 2018.
« Zones de mouillage alternatif »
L’État a donc décidé de s’attaquer à l’une des principales causes de leur déclin : l’expansion de la plaisance. En effet, à l’occasion de mouillages sauvages, l’ancre descendue sans égard écrase les posidonies en tombant sur le fond, puis elle les arrache avec le raclement de la chaîne à laquelle elle est reliée. Et il arrive que les occupants de yachts, hors-bord ou autres embarcations estivales se débarrassent de leurs eaux usées juste au-dessus des herbiers.
En octobre 2020, après un an de concertation avec les autorités locales et portuaires, les premiers arrêtés ont été signés. Au 1er juin 2021, seize ont été publiés, précisant les limites des zones interdites au mouillage des bateaux longs de plus de 20 ou 24 mètres devant les côtes des Alpes-Maritimes, du Var et de la Corse. L’été 2021 a donc marqué la première application de ces nouvelles restrictions en mer en haute saison.
> Lire aussi la tribune : « Nous ne pouvons accepter la destruction du bien commun que constituent les herbiers de posidonies »
Contrairement à ce que craignaient certains professionnels du tourisme, les mesures de protection ont été plutôt bien acceptées, selon les retours des opérateurs économiques et des collectivités locales. Il n’y a pas eu de désaffection au profit d’autres régions, moins réglementées. « Les aspects environnementaux et économiques ne sont pas forcément inconciliables, souligne Gilles Boidevezi. En mesure de compensation, nous avons favorisé l’installation par les collectivités locales de coffres d’amarrage pour les gros yachts, devant Bonifacio notamment, ainsi que des zones de mouillage alternatif avec des équipements légers dans la rade d’Hyères. »
Récidivistes verbalisés
Les services de l’État ont relevé 350 infractions en juillet et en août. Ils ont verbalisé moins de 30 de leurs auteurs, ciblant les récidivistes. Ces récalcitrants pris jusque dans le parc national des Calanques ou de Port-Cros risquent une amende qui peut atteindre 150 000 euros et un an d’emprisonnement. « Il y a une volonté de faire preuve de fermeté, prévient le préfet maritime de la Méditerranée. Avec la démocratisation de la location de bateaux de plaisance via Internet et après une année marquée par les confinements dus au Covid, les loisirs nautiques explosent. Il devenait urgent de mettre en place des réglementations pour l’environnement et pour la sécurité aussi. » Le programme d’arrêtés de protection de la posidonie, lancé par le précédent préfet maritime de la Méditerranée, devrait être complet d’ici la fin de 2021 – il en reste deux à publier pour la Corse.
> Lire aussi l’archive (2020) : A la rescousse des prairies sous-marines, de la Côte est des Etats-Unis à la Méditerranée
« Nous nous préoccupons aussi des questions du bruit, des collisions en mer et dans les airs avec les cétacés, les mammifères et les oiseaux marins, rapporte Gilles Boidevezi. Nous entamons actuellement des concertations au sujet des fermes pilotes d’éoliennes flottantes. » Pour les usagers de la mer, de plus en plus nombreux, l’espace se resserre.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/en-mediterranee-les-herbiers-de-posidonies-mieux-proteges-des-bateaux-de-plaisance_6093410_3244.html>
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14- Congrès de la nature 2021 : placer la crise de la biodiversité au même niveau que la crise climatique, Novethic, 04/09/21
A Marseille, Pauline Fricot
Le Congrès mondial de la nature a été inauguré à Marseille le 3 septembre par Emmanuel Macron. Alors que la crise climatique occupe souvent le devant de la scène, le Président a alerté sur la nécessité de remettre la biodiversité au coeur des préoccupations. Les solutions basées sur la nature ont été mises en avant pour mener de front ces deux combats. Quant à la protection des océans, elle a fait l'objet de deux nouvelles annonces.
C’est quitte ou double : la bataille pour le climat ne pourra être gagnée sans le combat en faveur de la biodiversité. A l’inauguration du Congrès de la nature le 3 septembre à Marseille, le Président Emmanuel Macron l'a répété : alors que la biodiversité a longtemps été reléguée au second plan par rapport au climat, "il y a urgence" à "rattraper" le temps perdu et à "resynchroniser les agendas". Préserver les forêts, protéger les océans ou les mangroves… "Chaque fois qu’on accélère les actions sur la biodiversité, on apporte une solution au réchauffement climatique", a plaidé le chef de l'Etat.
Un constat partagé par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et la Présidente de la Banque Centrale européenne Christine Lagarde. Cette dernière évoque "les deux faces d’une même pièce" et appelle les acteurs de l’économie à investir dans la nature autant que pour le climat, et à élaborer des outils de mesures et d'évaluation. "Il n’y a pas de stabilité financière sans stabilité de la nature", a-t-elle avancé aux côtés du Président. Elle a rappelé que, selon une étude de la Banque de France, 42 % des actifs détenus par les acteurs financiers français sont fortement dépendants des services rendus par les écosystèmes naturels.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/congres-de-la-nature-2021-placer-la-crise-de-la-biodiversite-au-meme-plan-que-le-climat-150134.html>
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15- Montée des mers : les salins d'Hyères font sauter les digues et laissent faire, AFP, 06/09/21, 09:00
Sandra Laffont
Sur la touristique Côte d'Azur, les Vieux-Salins d'Hyères, dernière zone humide entre la Camargue et l'Italie, ont fait sauter deux kilomètres de rochers artificiels et choisi de laisser la mer faire. Très vite, une plage s'est redessinée et tout un écosystème avec.
Ce projet de "renaturation", baptisé Adapto, est expérimenté dans neuf autres sites en France afin de trouver des solutions fondées sur la nature pour s'adapter au changement climatique, un des thèmes du congrès mondial de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN) qui se tient à Marseille jusqu'au 11 septembre.
Dans cette station balnéaire ultra-touristique du Sud-Est de la France connue pour ses joyaux insulaires de Porquerolles et Port-Cros, il n'a pas été simple d'expliquer qu'il vaudrait mieux laisser la mer monter naturellement.
Pourtant le constat était sans appel : ces digues rocheuses construites par l'ancien propriétaire, la Compagnie des salins du midi, n'ont pas empêché les eaux de gagner 30 mètres en 20 ans. Pire, la plage avait totalement disparu. Et à terme, cette mosaïque de bassins de 365 hectares située légèrement sous le niveau de la mer, était menacée.
"A chaque tempête hivernale, le trait de côte reculait. Mais la compagnie avait un réflexe de propriétaire foncier en construisant cette carapace dure pour ne pas perdre de m2", raconte Guirec Queffeulou, responsable de la gestion des milieux aquatiques et zones humides à la métropole de Toulon Provence Méditerranée, qui gère aujourd'hui le site.
- La plage, barrière naturelle -
Après des années d'études, des milliers de tonnes de rochers ont donc été retirées en 2019 et 2020. "En douceur parce qu'il ne fallait pas abîmer la barrière de protection naturelle d'herbiers de posidonie --une plante méditerranéenne-- à quelques mètres de la côte", raconte Richard Baréty, du Conservatoire du littoral, un organisme public français propriétaire du site depuis 20 ans.
En quelques mois, la nature a repris ses droits : une large plage est réapparue ainsi qu'une petite dune méditerranéenne. Des banquettes de posidonie morte se sont formées sur le sable. Autant d'outils naturels de lutte contre l'érosion.
Ce site, qui est un réel tampon de régulation climatique entre la mer et les terres, a pourtant failli disparaître, comme celui tout proche de la Presqu'île de Giens, quand la production de sel, remontant au Moyen-Age, a pris fin en 1995. Car l'ex-propriétaire souhaitait le vendre au prix fort et des projets de marina ou maisons sur pilotis étaient dans les cartons. Le Conservatoire du littoral a dû aller jusqu'à l'expropriation pour l'en empêcher.
Au XXe siècle, la moitié des zones humides méditerranéennes a disparu, selon le Réseau Medwet, qui souligne que ces dernières étaient alors "perçues comme des endroits remplis d'insectes porteurs de maladies (...) ou considérées comme sans importance ou comme des terres en jachères" devant être drainées.
- Impensable en zone urbaine -
Pourtant, avec la "renaturation" des Vieux-Salins d'Hyères, "l'interface entre la zone humide et la plage fait que la biodiversité est décuplée", s'émerveille Richard Baréty.
Plus de 300 espèces d'oiseaux y sont aujourd'hui répertoriées, attirées sur leur route migratoire par la nourriture --invertébrés/poissons-- qui prolifère dans ces eaux très salées, explique Norbert Chardon, responsable de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) dans le Var, en marge d'une balade ornithologique matinale.
Tous espèrent que le rétablissement de cette dynamique sédimentaire ralentisse la montée de la mer : "On remarque déjà que les creux au bord de la plage s'estompent moins vite", assure Guirec Queffeulou.
Des souches de pin d'Alep morts sur la plage témoignent toutefois de la poursuite de la montée de l'eau. La disparition de la pinède littorale est rapide et difficile à accepter pour la population. Les tamaris qui apparaissent et ne craignent pas d'avoir leurs racines dans l'eau salée ne sont pas aussi populaires.
A terme, la mer pourrait aussi ponctuellement passer par-dessus les bassins, venant perturber l'alimentation hydraulique spécifique du site. Si cette hypothèse a longtemps été la principale crainte, certains pensent désormais que cela pourrait amener des nutriments marins, boostant davantage la biodiversité.
Ces Vieux-Salins ont un rôle pédagogique à jouer face au changement climatique, "mais en douceur, sans faire peur aux populations", explique Norbert Chardon. Un défi ambitieux sachant qu'une telle renaturation est impensable sur la plupart du littoral bétonné de la Côte d'Azur où vivent des milliers de personnes qui observent, impuissantes, la mer gagner inéluctablement du terrain.
<https://information.tv5monde.com/info/montee-des-mers-les-salins-d-hyeres-font-sauter-les-digues-et-laissent-faire-423169>
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16- Portrait. Victor Noël, 16 ans, militant passionné en faveur de la protection de la biodiversité, Le Monde, 06/09/21, 17h54
Perrine Mouterde
Passionné par l’observation des espèces depuis son enfance, Victor Noël tente de faire prendre conscience au plus grand nombre de la nécessité de protéger la nature.
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A l’occasion du congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), du 3 au 11 septembre à Marseille, Le Monde publie une série de portraits de défenseurs de la biodiversité, qui agissent à différents niveaux pour la préservation de l’environnement.
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Agir pour la biodiversité 3/6. « Je m’appelle Victor Noël, j’ai 16 ans. La biodiversité, c’est quoi ? » L’adolescent parle un peu vite derrière son masque gris, mais avec aisance et fluidité. A peine cherche-t-il parfois sa mère des yeux lorsqu’un mot lui manque. En face de lui, une vingtaine d’élèves de 1re l’écoutent avec attention dans le CDI du lycée technique et professionnel d’Algrange, en Moselle. Eux aussi ont 16 ans.
Victor Noël raconte la diversité des interactions entre espèces et la nécessité de prendre en considération le vivant. Il explique ce qu’est une société anthropocentrique, décrit la sixième extinction de masse qui a débuté. « [L’astrophysicien] Aurélien Barrau parle d’extermination délibérée, insiste-t-il. On sait qu’on détruit, on en a conscience. Notre société, par son mode de fonctionnement non durable, ne peut que s’effondrer. Et une fois que des espèces ont disparu, c’est irréversible. C’est dramatique, mais savez-vous ce qu’on peut faire pour répondre à ça ? »
Lui n’a pas attendu pour agir et compte presque une demi-vie d’engagement. Au départ, il y a sa curiosité d’enfant. Après les astres ou les dinosaures, Victor s’intéresse aux insectes et aux oiseaux de son jardin, à Rombas, en Moselle. En 2013, un voyage en van à travers l’Europe ancre définitivement sa passion naturaliste. A l’époque, âgé de 8 ans, c’est lui qui pousse ses parents à sauter le pas et à partir sur les routes, lui encore qui dessine l’itinéraire. Ou plutôt, ce sont les oiseaux : les macareux moines, les vautours fauves, les pingouins, qu’il faut aller voir en France, aux Pays-Bas, mais surtout en Ecosse et en Norvège. Pendant cinq mois, il campe dans la nature, et observe. Avant le départ, une amie lui a offert le guide ornithologique de Delachaux.
> Lire aussi La population des oiseaux des villes et des champs en France a décliné de près de 30 % en trente ans
« Je lisais la carte routière et lui lisait ça, raconte son père, Vincent Noël. Il connaissait les oiseaux avant de les voir. » « C’est un livre important pour moi, glisse Victor. Beaucoup de choses sont parties de là. » C’est aussi au cours de ce voyage qu’il arrête de manger des animaux. « On voyait qu’il se forçait, par crainte des réactions de nos proches. Ce n’est pas facile de passer le cap à 8 ans, explique sa mère, Sandra Noël. On lui a dit d’être lui-même. »
Nécessité de s’engager
Depuis son retour, Victor est scolarisé à domicile. A 9 ans, il adhère à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Au départ je voulais simplement être avec des gens qui allaient m’apprendre des choses, se souvient-il. Mais, peu à peu, j’ai pris conscience que le vivant était dégradé et je me suis senti comme un simple consommateur de nature. J’ai décidé de m’investir davantage, ça n’aurait pas été cohérent de ne pas me remettre en question. »
Aujourd’hui, il est adhérent d’une dizaine d’associations environnementales. Au printemps, il passe des week-ends entiers à œuvrer à la protection du busard cendré, un rapace migrateur qui niche à même le sol au milieu des champs. Il faut repérer les couples et installer des grillages autour des nids, pour éviter qu’ils ne soient détruits par les moissonneuses. L’hiver, l’adolescent cherche des indices de la présence du castor, dans un but cartographique.
> Lire aussi Antidia Citores, juriste chez Surfrider Europe, mobilisée pour la défense de l’océan et des littoraux
Victor Noël intervient régulièrement dans des classes, des centres aérés, des maisons de retraite. Il a écrit un premier livre, Je rêve d’un monde… (éditions Delachaux et Niestlé, 2020), commencé la rédaction du deuxième. Il participe à des conférences, tient des stands, publie des vidéos sur YouTube. En mars 2019, après un an de travail, il réussit à rassembler 1 500 personnes lors d’une marche pour la biodiversité à Metz. Il manifeste avec Extinction Rebellion ou Attac, participé à des actions de désobéissance civile.
Quand les lycéens d’Algrange lui demandent comment lutter contre l’érosion de la biodiversité, l’adolescent parle des gestes individuels et quotidiens, comme diminuer sa consommation de viande et, surtout, moins consommer en général. Mais il insiste aussi sur la nécessité de s’engager, de militer. « Il faut se remonter les manches, ne pas avoir peur d’inventer des possibles. Il faut que les jeunes soient mobilisés, mais les décisions se prennent aujourd’hui, précise-t-il. C’est un peu facile de nous dire : “Vous êtes les adultes de demain”, en réalité il y a urgence. »
Il rêve de devenir maraîcher
Ses parents l’accompagnent dans son engagement. Sans l’encourager particulièrement, mais sans jamais le freiner non plus. Leurs vies à eux aussi ont été bouleversées. « Des parents emmènent leurs enfants jouer au foot le week-end, nous on l’emmène prospecter en forêt, observe son père, journaliste pour une télévision locale associative. Mais depuis sept ou huit ans, on réfléchit différemment, on consomme différemment. » « Forcément on le suit dans son engagement parce qu’on voit que c’est sincère, ajoute Sandra. Ce qu’il fait a autant d’importance que d’autres apprentissages plus scolaires, c’est son parcours de vie. »
Victor Noël sait que son combat n’est pas largement partagé par les jeunes de son âge. Ses « potes de la LPO » ont plutôt celui de la retraite. « Le simple fait d’avoir conscience des enjeux devrait pousser tout le monde à agir, mais cela n’a un effet que sur une minorité, remarque-t-il. Moi, mon engagement est venu d’une passion, c’est peut-être pour ça. Qu’est-ce qui pourrait me préoccuper davantage ? »
Pour ne pas se faire engloutir par cette conscience aiguë de l’érosion du vivant, Victor s’occupe de son jardin. Lui aussi a changé. Le carré d’herbe a laissé la place à un grand potager et à une mare. Au bout, il y a une porte, qu’il suffit de pousser pour aller marcher dans la forêt. Ce que Victor fait au moins une fois par jour, depuis des années. Récemment, ses deux pièges photographiques ont révélé la présence d’un putois, d’un pic noir. Plus tard, il rêve de devenir maraîcher. Sans forcément aller très loin : il aimerait voir comment évoluera la nature dans le bois derrière chez lui.
> Lire aussi Rachel Lagière, la maraîchère aux mille variétés de légumes et de fruits
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/06/victor-noel-16-ans-militant-passionne-en-faveur-de-la-protection-de-la-biodiversite_6093627_3244.html>
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17- Pour vaincre les moustiques et le paludisme aviaire, une bactérie nommée « Wolbachia », Le Monde, 06/09/21, 18h00
Nathaniel Herzberg
Relâcher des insectes infectés et priver l’espèce de descendance : pour sauver les oiseaux d’Hawaï, la solution pourrait venir du laboratoire.
A première vue, impossible de faire plus dissemblable que Dennis LaPointe et Carter Atkinson. Barbe, tignasse et charpente de bûcheron pour le premier, le tout servi par un verbe haut ; allure frêle, cheveu rare et voix plus hésitante chez le second. Pourtant, voilà quinze ans que les deux compères voisinent dans la cabane de rondins qui tient lieu d’antenne locale à l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis (USGS), dans le Parc national des volcans de la grande île d’Hawaï.
> Lire aussi « Ecoutez bien ce concert, on ne l’entend plus qu’ici » : à Hawaï, les oiseaux ne cessent de mourir
Quinze ans, surtout, qu’ils ont mis en commun leurs compétences, en microbiologie pour l’un, en entomologie pour l’autre, afin d’étudier le comportement du parasite plasmodium chez le moustique Culex quinquefasciatus. Un enjeu essentiel. Responsables d’une terrible épizootie de paludisme aviaire, l’insecte et l’agent infectieux ont déjà provoqué l’extinction de nombreuses espèces d’oiseaux natifs et menacent les vingt et une qui résistent encore. « Avec le réchauffement climatique qui dope le parasite et pousse les moustiques vers les refuges d’altitude des oiseaux, nous pensions que tout était perdu, que nous documentions la fin d’un monde, racontent-ils à deux voix. Mais Wolbachia nous redonne de l’espoir. »
Lâchers massifs de mâles infectés
Cette bactérie n’est pas née hier. En 1924, deux pathologistes américains, Hertig et Wolbach, en font la découverte dans le cytoplasme de cellules germinales d’un Culex pipiens, le cousin le plus commun de notre tueur du Pacifique. Trente ans plus tard, une équipe française s’aperçoit que le croisement d’un mâle infecté par la bactérie avec une femelle saine rend la descendance non viable. La recherche progresse lentement. Les scientifiques mettent peu à peu en évidence la présence de Wolbachia dans 60 % des espèces d’arthropodes. Ils étendent également la notion « d’incompatibilité cytoplasmique » aux nombreuses et diverses souches de la bactérie, qui ne peuvent être croisées. Puis tout s’est accéléré depuis dix ans. Au laboratoire mais aussi lors de premières expérimentations. Avec, dans le viseur, la lutte contre la dengue, le chikungunya et Zika. Des lâchers massifs de mâles Aedes aegypti infectés ont été réalisés, depuis 2017, en Indonésie et en Chine, mais aussi à La Réunion et en Nouvelle-Calédonie, sous la conduite de l’Institut Pasteur. Partout, les épidémies ont connu des reculs spectaculaires.
Mais peut-on appliquer ces méthodes dites de biologie synthétique non plus à la préservation de la santé humaine mais à celle de l’environnement ? Pour sauver des espèces animales ou végétales, doit-on diffuser à très large échelle des insectes à la biologie modifiée dont on ne maîtrise pas complètement le comportement, ni les effets sur l’écosystème ? L’Union internationale de conservation de la nature (UICN), qui réunit actuellement son congrès mondial à Marseille, a rendu, en 2019, un rapport assez ouvert sur le sujet, recommandant une approche « au cas par cas ». Un document immédiatement dénoncé par les organisations anti-OGM, qui pointaient notamment les conflits d’intérêts de plusieurs de ses rédacteurs.
A Hawaï, en revanche, ce sont précisément des défenseurs de l’environnement qui occupent la première ligne du front pro-Wolbachia. A ceux qui redoutent les effets de la disparition des moustiques, Chris Farmer, biologiste de la conservation et responsable pour l’archipel de l’American Bird Conservancy, la première ONG américaine de défense des oiseaux, réplique sans hésitation : « Les moustiques, ce sont nous qui les avons importés, ils ne font pas partie de l’écosystème. Pour le reste, l’action est toujours risquée. Mais ici, l’inaction est mortelle. Alors pas question que l’on laisse se poursuivre ce carnage, quand nous avons enfin un outil. »
Tri sexuel
En 2016, un symposium a réuni à Hawaï tous les acteurs scientifiques du domaine. Plusieurs techniques étaient envisagées. Le lâcher d’insectes préalablement stérilisés, déjà expérimenté contre le paludisme humain, notamment au Brésil. Mais la quantité de moustiques à produire et des résultats mitigés n’ont pas emporté l’adhésion. Certains, comme les chercheurs Floyd Reed et Matthew Medeiros, de l’université d’Hawaï, plaidaient pour le forçage génétique (ou gene drive) – sur lequel eux-mêmes travaillaient –, cette technologie qui permet de forcer les lois de Mendel pour imposer une modification du génome. « Ils ont estimé que les mobilisations locales passées contre les OGM, notamment contre le taro et la banane de Monsanto, et les incertitudes réglementaires rendaient cette voie trop risquée », commente avec regret Floyd Reed.
C’est surtout l’avancement de la méthode Wolbachia qui a fait pencher la balance. L’équipe de Stephen Dobson, à l’université du Kentucky, et surtout celle de son ancien étudiant, Zhiyong Xi, à l’université d’Etat du Michigan, sont parvenues à maîtriser l’intégralité de la chaîne de constitution du nouveau moustique. D’abord purger des œufs de Culex de leur souche bactérienne d’origine. Puis injecter dans le cytoplasme de cellules germinales une nouvelle souche, issue de moustiques tigres Aedes albopictus. Enfin, élever des lignées de ces nouvelles créatures en s’assurant que l’on pourra séparer mâles et femelles.
Une étape critique. Pas question, en effet, de relâcher des femelles dans la nature. D’abord, ce sont elles, et elles seules, qui piquent : augmenter le nombre de vecteurs serait pour le moins paradoxal. Surtout, elles pourraient s’accoupler avec les mâles relâchés et créer une nouvelle population, susceptible à son tour de transmettre la maladie. Zhiyong Xi se veut rassurant : selon lui, si l’étape de l’injection de Wolbachia dans les cellules apparaît particulièrement délicate chez les Culex, en raison de la fragilité des œufs, celle du tri sexuel semble au contraire plus simple. Verily, la branche des sciences de la vie de Google, a mis récemment au point des robots qui seraient capables de réaliser cette opération de « sexing » à la fois beaucoup plus vite et avec une très grande fiabilité.
De lourdes questions réglementaires
De nombreux obstacles, logistiques et réglementaires, doivent toutefois encore être levés. Teya Penniman, chargée par l’American Bird Conservancy de plaider le dossier auprès des interlocuteurs locaux, en dresse la liste : « Il faut d’abord construire un consensus. Dans ce territoire où beaucoup de choses ont été imposées de l’extérieur, parfois contre l’intérêt des habitants, ce n’est pas simple, mais nous avons beaucoup progressé. » Recueillir aussi le soutien des multiples échelons administratifs. « Mais c’est le plus facile, aucun d’entre eux n’a envie que ses enfants lui demande un jour pourquoi il a laissé disparaître les oiseaux », assure Teya Penniman. Accumuler des fonds pour construire les futures unités de production de moustiques. « On part de très loin, insiste la lobbyiste. Hawaï représente plus de 30 % des espèces menacées aux Etats-Unis et reçoit 4 % des fonds alloués pour leur protection. Mais je suis, là encore, optimiste. »
Il faudra alors construire des unités de production. Déterminer aussi clairement combien de moustiques il conviendra de lâcher, quand, où et comment. En espérant voir, d’ici là, se lever les lourdes questions réglementaires qui ralentissent le processus. Importer une nouvelle espèce dans un territoire insulaire est toujours délicat. Mais quand cette espèce a été modifiée en laboratoire, les précautions deviennent extrêmes. Une autorisation provisoire a été accordée à l’université d’Hawaï pour travailler sur les œufs et les larves venus du Michigan. Mais, pour l’heure, elle ne porte pas sur les insectes adultes. Une fois ce feu vert donné par l’Etat d’Hawaï, l’agence fédérale de protection de l’environnement devra donner un permis expérimental d’utilisation. En attendant l’inscription définitive sur la liste des produits autorisés. Et comme si cela ne suffisait pas, un contentieux de propriété intellectuelle oppose actuellement les anciens collègues, Dobson et Xi.
Aussi, tout le monde hésite à faire des pronostics sur le déploiement de cette solution de la dernière chance. « Dans deux ans, j’espère », avance Zhiyong Xi. « 2023 ou 2024 », veut croire Teya Penniman. Dennis LaPointe se gratte la tête et sourit : « Depuis cinq ans, on dit : dans trois ans. Alors… dans trois ans. »
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/06/pour-vaincre-les-moustiques-et-le-paludisme-aviaire-une-bacterie-nommee-wolbachia_6093634_1650684.html>
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18- Enquête. « Ecoutez bien ce concert, on ne l’entend plus qu’ici » : à Hawaï, les oiseaux ne cessent de mourir, Le Monde, maj le 07/09/21 à 01h30
Nathaniel Herzberg
Les espèces de passereaux natives de l’archipel sont victimes de moustiques porteurs du paludisme, qui, à la faveur du réchauffement, atteignent les hautes altitudes où les oiseaux avaient trouvé refuge. Pour les sauver, le recours à la biologie synthétique est envisagé.
Ce jour-là, les cieux avaient décidé de tromper le visiteur. Parti aux aurores pour profiter des quelques heures matinales de traditionnel beau temps, dans la forêt de Hakalau, à mi-pente de l’immense Mauna Kea, le point culminant d’Hawaï (4 200 mètres d’altitude mais plus de 11 000 m depuis le fond de l’océan), il avait été accueilli par un épais brouillard. La randonnée commençait mal. Puis, vers 9 heures, le soleil a soudain jailli, levant le rideau sur un spectacle éblouissant.
Au sol, une terre noire, volcanique, si riche qu’elle semble vivante. Autour, une palette saisissante de couleurs, témoin de l’extraordinaire biodiversité végétale de cet archipel du Pacifique, réputé le plus isolé du monde. Mais le plus frappant, ce sont les oreilles qui le perçoivent. Une symphonie de chants, de mélodies, de rythmes. Ici, un motif délicat, simple alternance de deux notes. Là, un arpège bouclé par un trille vibrant. Ou encore ce cri violent, tel un grincement de porte. « Ecoutez bien ce concert, emplissez-vous en les oreilles, car nulle part ailleurs sur l’archipel vous ne pourrez en entendre un pareil. Autrefois, cette musique était omniprésente. On ne l’entend plus qu’ici. Et je ne sais pas pour combien de temps encore. »
L’homme qui nous lance cette alerte se nomme Jack Jeffrey. Biologiste, ornithologue, il a assuré pendant trente ans la coordination scientifique du refuge national de la forêt de Hakalau, sur ce que les locaux nomment Big Island, la plus vaste, la plus haute de l’archipel. A 72 ans, le retraité poursuit désormais une carrière de guide et de photographe animalier. En ce jour de février 2020, alors qu’il nous présente l’œuvre de sa vie, il ignore encore qu’un coronavirus va bouleverser la planète, l’activité touristique de l’île et son propre agenda… Le nôtre aussi, du reste.
Pourtant à Hawaï, les oiseaux n’ont pas arrêté de mourir. Deux scientifiques de l’archipel participent actuellement au congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui se tient à Marseille, du 3 au 11 septembre. Et l’éventualité d’un recours à des moustiques modifiés, comme c’est envisagé à Hawaï, et plus largement à des méthodes dites de biologie synthétique pour sauver des espèces promises à la disparition devrait faire l’objet d’une motion en fin de manifestation.
Plus que 21 espèces endémiques
Ce qui se passe actuellement dans ce chapelet d’îles, loin des plages de cartes postales et du tumulte de Honolulu, la capitale, pourrait passer pour un merveilleux cas d’école si n’étaient la catastrophe écologique en cours et l’urgence à y remédier. Les chiffres donnent le tournis. Les différentes études conduites depuis dix ans estiment qu’il y avait, dans l’archipel, environ 70 espèces d’oiseaux endémiques, autrement dit n’existant nulle part ailleurs. Le résultat d’une unique et mystérieuse arrivée de volatiles, il y a 3,5 à 5 millions d’années, suivie d’une formidable explosion de biodiversité. Il en reste aujourd’hui 21, dont onze sont classées en grand danger par l’UICN et sept autres, vulnérables.
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Le responsable est connu : l’humain. « Les Mélanésiens ont commencé le travail dès leur arrivée au Xe siècle », souligne Eben Paxton, biologiste et chercheur au Parc national d’Hawaï. Rouges, jaunes, vertes : les plumes des volatiles ont très vite orné capes et coiffes. Il aura fallu quelque 50 000 spécimens de grand o’o pour confectionner chacune des somptueuses parures royales exhibées au Musée d’art d’Honolulu. L’espèce n’y a pas résisté. La moitié des disparitions seraient intervenues pendant ces premiers temps. Puis l’arrivée des Européens, à la fin du XVIIIe siècle, chasseurs invétérés mais surtout importateurs inconscients d’un cortège de prédateurs, a poursuivi la sinistre besogne. Lâchés dans la nature, chats, rats et mangoustes se sont attaqués aux œufs et aux oisillons. Chèvres, chevreuils et sangliers ont ravagé la végétation où les oiseaux nichaient.
Sans défense
C’est pourtant un autre tueur qui aujourd’hui menace d’éradiquer la plupart des espèces restantes. Un moustique, sans doute débarqué en 1826, d’un baleinier mexicain faisant escale dans l’île de Maui : Culex quinquefasciatus. D’abord, il n’a pas fait d’autres dommages que ce bourdonnement alors signalé dans le journal local. Mais à la fin du XIXe siècle, des lésions caractéristiques de la variole aviaire sont repérées sur des oiseaux morts. Puis au XXe siècle, du Plasmodium relictum est retrouvé dans leur sang. Si ailleurs, la plupart des espèces ont coévolué avec ce parasite responsable du paludisme aviaire, ici, à 4 000 km du premier continent, les passereaux restent sans défense. La moindre piqûre s’avère souvent fatale.
L’épizootie s’étend, des côtes vers les plaines et les premières collines. En altitude, en revanche, la température oppose à l’insecte une barrière infranchissable. Mais avec le réchauffement climatique, les territoires protégés n’ont cessé de se réduire. Il y a trente ans, l’insecte butait sur la barrière des 900 mètres. Aujourd’hui, on le retrouve jusqu’à 1 500 mètres d’altitude. « La marée ne cesse de monter, insiste Eben Paxton. Et nous ne sommes pas à l’abri d’une vague de chaleur qui ouvrirait aux moustiques les hautes altitudes et dépasserait nos pires prévisions. » Selon celles-ci, moins de dix espèces parviendraient à atteindre la fin du siècle. « En cinquante ans, j’en ai vu sept disparaître, soupire Jack Jeffrey. Pour un biologiste de la conservation, c’est une tragédie. »
Quand il promène son visage buriné, orné de son éternelle casquette marine, sur les pentes du refuge de Hakalau, à quelque 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, il oublie un instant ce tableau et se livre à sa passion : décrire le monde auquel il a consacré sa vie. Il pointe un doigt vers son oreille. C’est l’alawi, le premier oiseau natif que l’on entend distinctement, ce matin-là. Il faudra encore dix minutes pour discerner son plumage vert et son masque noir. Puis deux amakihis – l’une des rares espèces non menacées – offrent leur duo de couleurs, le mâle jaune et noir, la femelle olive. Enfin, voici l’emblématique iwi, sa cape vermillon et son bec orange courbé et interminable, avec lequel il savoure le nectar de fleurs auxquelles tous les autres doivent renoncer. « Au passage, il dissémine le pollen. Sans lui, ces fleurs ne pourraient pas se reproduire. Et écoutez ce chant : une note longue, puis deux courtes, plus hautes. C’est pour ce chant qu’on l’a nommé l’iwi. Mais il en a cent autres. Il est même capable de jouer deux notes à la fois, comme un harmonica. Un orchestre à lui tout seul. » Jack Jeffrey est lancé. « A l’époque de James Cook, il y en avait partout, des vols entiers sur la côte. Aujourd’hui, il faut aller au-dessus de 1 000 mètres pour avoir une chance d’en trouver. Et ça s’accélère. Il y a encore dix ans, 20 % de la population totale vivait ici, au refuge. Aujourd’hui, c’est 70 %. »
Nettoyer, clôturer, reboiser
Chez le biologiste, l’effroi le dispute à la fierté du travail accompli. Il y a de quoi. Difficile d’imaginer qu’au milieu des années 1980 une bonne partie des 133 km2 que compte aujourd’hui l’imposant refuge national servait de territoire aux immenses troupeaux du ranch voisin, aux sangliers et aux mouflons. « La partie où nous marchons, en 2002 encore, ce n’était que quelques vieux arbres et des genets qui avaient tout envahi… » Au fil des ans, un travail titanesque de nettoyage et de clôturage a été entrepris, appuyé par une armada de volontaires. A côté des ohias multicentenaires, les autorités ont planté quelque 600 000 arbres. Et bâti une nouvelle canopée. Des koas, déjà majestueux tant ils poussent vite, ont permis aux akiapolaaus, qui y dénichent leur seule nourriture, de trouver là un havre (il en reste 1 500 spécimens à Hawaï, dont 90 % à Hakalau). De jeunes ohias ont ouvert leurs branches et leurs fleurs écarlates aux couples d’akepas (mâles orange, femelles gris-vert). Surtout, une kyrielle d’espèces de baies locales ont retrouvé leur place. « Nous avons lancé le mouvement, mais ce sont les omaos qui ont fait tout le travail en dispersant les graines », précise Jack Jeffrey.
De retour sur le parking, le biologiste avise un groupe de nénés, une espèce d’oies elle aussi endémique, qui se dandinent dans le calme. Il compte rapidement… « Vingt-quatre. Il y a cinquante ans, c’est ce qu’il restait dans toute l’île. Aujourd’hui, elles sont sauvées. » Son sourire se teinte de tristesse.« Hakalau est une arche. Mais ailleurs, la tempête fait rage. Ce qui se passe à Kauai, par exemple, est un désastre. »
Nous y sommes deux jours plus tard, à quelque 500 km au Nord-Ouest. Kauai, la tropicale, ses vallées abruptes, sa végétation luxuriante, sa douceur chargée d’humidité. La terre rouge détrempée du plateau d’Alakaï rend chaque pas laborieux. La raideur des ravines qui parcourent cette grande gaufre n’arrange rien. La forêt primaire semble intouchable. Une grande illusion. Ici, les forestiers luttent contre un terrible champignon, importé lui aussi, qui dévaste le tronc des ohias. Ils bataillent pour tenter de piéger les rats, éliminer les ongulés et les sangliers.
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Mais la menace principale reste le Culex. C’est lui qui a plongé le plateau dans « un printemps affreusement silencieux », comme le nomme l’écologue Lisa « Cali » Crampton, en référence au fameux ouvrage de Rachel Carson sur les ravages du DDT (un pesticide) dans les campagnes américaines. Des chants percent bien çà et là, mais ils proviennent d’oiseaux importés du continent, qui résistent au plasmodium, précise la chercheuse. En quatre heures passées ensemble, elle n’identifiera que deux amakihis, un elepaio et, en toute fin de randonnée, un iwi. « C’est la bonne nouvelle de la journée, tente de se consoler Cali Crampton. Je n’en avais pas encore vu ici cette année. »
« En 2012, la forêt chantait »
En 2016, la biologiste cosignait dans Science Advances, avec notamment Eben Paxton, un article qui documentait « l’effondrement rapide de la faune aviaire native » à Kauai. Entre les recensements de 1981 et de 2012, six des sept espèces répertoriées dans l’île avaient vu leur population chuter dramatiquement. Rien qu’entre 2000 et 2012, la baisse s’étalait de 57 % à 98 % pour cinq d’entre elles sur le plateau d’Alakaï, la zone la plus préservée, avec des chiffres plus élevés encore ailleurs sur l’île. « Et pourtant, en 2012, la forêt chantait, comparé à ce qu’elle est aujourd’hui »,insiste Cali Crampton. La montée de la température s’est en effet poursuivie sur l’île, qui culmine à 1 598 mètres. « Mais ce n’est pas tout, insiste la biologiste. Le régime des pluies s’est réduit. Or pour pondre, le moustique a besoin de mares stagnantes, ce qu’il trouve désormais en abondance. » Sans ces pluies diluviennes habituelles, ce n’est plus en mai ou juin, mais dès mars que les insectes ont fait leur apparition en 2020 sur le plateau.
Alors que faire ? Eben Paxton, toujours lui, a cosigné en 2018 dans la revue d’ornithologie The Condor, un long article qui passe en revue les différentes pistes actuellement suivies ou envisagées. Bien sûr, il faut continuer à protéger l’habitat, écarter rats, ongulés et sangliers des zones de nidification, ce qui bénéficierait au passage à certaines plantes sérieusement menacées ou à la trentaine d’espèces d’escargots endémiques elles aussi en grand danger. « En augmentant le succès reproductif, on gagne au moins un peu de temps », explique-t-il. Poursuivre aussi la reforestation, notamment en altitude, à l’image du travail entrepris à Hakalau. « Mais c’est lent, or le temps presse », regrette l’écologue. Depuis dix ans, les autorités ont également tenté des opérations dites de « translocation » : déplacer des oiseaux d’une zone infestée par les moustiques vers une autre, parfois en changeant d’île. Mais aucune n’a été couronnée de succès. Fin juillet, un kiwikiu, petit passereau jaune au bec de perroquet, a bien été retrouvé vivant en altitude à Maui, vingt mois après une opération de déplacement de quatorze individus qui semblaient avoir tous succombé au paludisme. L’anecdote a enchanté la presse locale. Mais aucun chercheur ne veut y voir une réelle solution.
La communauté s’interroge également sur l’avenir des différents projets d’élevage en captivité lancés depuis plusieurs années, pour conserver une réserve génétique. Le plus connu concerne la corneille d’Hawaï, disparue à l’état sauvage. Un premier programme de réintroduction a échoué. Un nouveau a commencé en 2017 mais après deux années prometteuses, les oiseaux ont connu une mortalité alarmante. Même constat avec le petit et rarissime puaiohi (300 individus) : il résiste très bien à la captivité mais meurt sitôt de retour à la vie sauvage. Des œufs d’akikiki – encore une espèce de Kauai particulièrement en péril (il reste moins de 500 spécimens) – ont également été prélevés et 45 oisillons ont été élevés avec succès. Mais où et comment les relâcher ? Et que faire pour l’akekee, un autre représentant du groupe des drepanididaes (moins de 1 000 individus recensés en 2016), dont les œufs restent souvent introuvables et les poussins trop fragiles pour survivre ?
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Vacciner les volatiles ? « On peut y rêver, mais on n’a toujours pas mis au point de vaccin contre le paludisme humain, alors franchement, pour nos oiseaux, ça me semble illusoire », balaie Eben Paxton. Compter sur leur évolution génétique ? L’amakihi y est manifestement parvenu, qui résiste désormais au parasite. L’apapane, l’elepaio et l’omao, qui persistent à moyenne altitude, pourraient emprunter actuellement le même chemin. « Mais les autres espèces, beaucoup moins pléthoriques, n’ont pas les réserves génétiques pour y parvenir, même si nous suivons la situation de très près avec un petit espoir », indique encore Paxton.
Lâcher des moustiques mâles modifiés
Pas question de se tromper de priorité, soutient Melissa Price, responsable du laboratoire d’écologie de la vie sauvage à l’Université d’Hawaï, à Honolulu : « La seule solution, c’est de combattre les moustiques. » Avec un spectre d’armement limité. Pulvériser la forêt avec de l’insecticide tuerait plus d’espèces que cela n’en sauverait. La piste du biocontrôle a été testée et le traitement des zones de ponte avec du BTI, une bactérie qui cible les larves de Culex, apparaît efficace. « Mais sur un territoire comme Hawaï, pulvériser toutes les mares est irréaliste », regrette Melissa Price.
Dans la communauté scientifique et environnementale de l’archipel, les espoirs reposent désormais sur la biologie synthétique, et plus particulièrement sur une bactérie nommée Wolbachia. Présente, sous différentes souches, dans l’organisme de la plupart des moustiques, elle offre une sorte de signature à chaque espèce, parfois même à chaque sous-espèce. Et interdit tout croisement. En relâchant en masse des mâles munis d’une souche incompatible pour qu’ils accaparent les femelles, elle priverait les moustiques d’Hawaï de toute descendance. La méthode a déjà été expérimentée pour combattre le paludisme humain et la dengue. Son adaptation au Culex tueur d’oiseaux est largement achevée.
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Mais relâcher ainsi une espèce modifiée pour en protéger d’autres pose de multiples difficultés, pratiques, réglementaires, sociales et éthiques. Avec, cette fois, des défenseurs de la nature comme premiers soutiens d’une solution venue du laboratoire. « Je ne suis pas une grande supportrice des OGM, vous l’imaginez, soupire Cali Crampton. Mais, d’abord, ce ne sont pas des modifications génétiques. Les moustiques que nous éliminerions sont une espèce exogène, qui n’a pas sa place dans l’écosystème local. Surtout, nous avons une responsabilité morale à résoudre un problème que nous avons créé. Ces oiseaux sont au cœur de la culture hawaïenne, les joyaux qui remplaçaient ici les pierres précieuses. Par ailleurs, ils pollinisent les plantes, déplacent leurs graines, nettoient leurs bourgeons des parasites. Ils sont nécessaires à la survie de la forêt, elle-même indispensable pour réguler l’eau, la conserver quand il en manque, la freiner quand elle tombe en trop grande quantité. Enfin vous les avez vus : oserions-nous laisser disparaître une telle beauté ? »
Cali Crampton a laissé la question en suspens. Comme une réponse, rendue quinze mois plus tard, elle est intervenue, en juin 2021, dans une conférence à distance. Elle y a fait part du dernier recensement des akikiki opéré sur une autre partie du plateau Alakaï, plus isolée, mieux préservée. « Le château », le cœur du territoire de « l’acrobate de la forêt ». En 2015, son équipe y avait observé 35 couples. En 2018, il en restait 27, puis 13 en 2020. « Cette année, nous n’en avons trouvé que trois », a-t-elle murmuré. La scientifique s’est excusée. Elle a laissé couler ses larmes.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/06/ecoutez-bien-ce-concert-on-ne-l-entend-plus-qu-ici-a-hawai-les-oiseaux-ne-cessent-de-mourir_6093635_1650684.html>
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19- Une nouvelle base de données pour mieux conserver le cheval de Przewalski, AFP, 07/09/21, 10:00
Suivre des chevaux de Przewalski sur plusieurs années, leurs interactions avec d'autres animaux, leurs pâturages préférés : une nouvelle plateforme scientifique, Shamane, rassemble et analyse des données sur cette espèce menacée originaire de Mongolie pour mieux la protéger.
Présentée au congrès mondial de l'Union pour la conservation de la nature (UICN), qui se tient à Marseille, la première version de Shamane rassemble des observations faites par les scientifiques sur le terrain, mais aussi des données satellites, et les présente de manière interactive sur un site (https://shamane.takh.org).
"L'idée avec ces données collectées en France et en Mongolie est de mieux comprendre le comportement des chevaux pour mieux orienter les actions de protection", a expliqué à l'AFP Laurent Tatin, responsable scientifique de l'association Takh qui mène depuis 30 ans un projet de conservation du mythique cheval en Lozère, zone montagneuse du sud de la France comptant des points communs avec les steppes mongoles.
Découverts par l'explorateur russe Nicolaï Przewalski au XIXe siècle dans le désert de Gobi, où les éleveurs mongols les connaissaient depuis des siècles, ces chevaux considérés comme indomptables sont sur la liste rouge de l'UICN des espèces menacées.
Disparus à l'état sauvage à la fin des années 1960, seuls une quinzaine d'individus survivent alors dans des zoos européens avant de faire l'objet de programmes comme celui de Takh en Lozère.
L'association travaille avec une ONG mongole qui suit la population des chevaux de Przewalski réintroduits il y a une quinzaine d'années dans le parc national de Khomyn Tal, dans l'ouest de la Mongolie. Aujourd'hui, 120 individus vivent dans ce parc et 33 toujours en Lozère. La population totale de chevaux de Przewalski en Mongolie s'élève à 800.
"Là-bas, le parc national de Khomyn Tal fait la surface du département français des Alpes-Maritimes, donc on ne peut pas employer suffisamment d'observateurs humains pour collecter les informations sur les déplacements des groupes, etc. L'idée est donc d'associer des outils modernes, dont des images satellites", poursuit M. Tatin.
Date de naissance, sexe, ADN collecté à partir de crottin pour établir les filiations, utilisation de l'habitat en fonction de la météo, du type d'herbe et de sa quantité, relations avec les chevaux domestiques ou éleveurs de la zone : toutes ces données seront analysées grâce à une technologie développée par la société Geomatys, qui a travaillé entre autres avec les agences spatiales japonaise et française.
Une partie sera accessible au grand public, une autre réservée aux scientifiques.
"Comme nous avons 30 ans de données sur le cheval de Przewalski en France et 15 ans en Mongolie, nous aimerions les partager avec ceux qui travaillent aussi sur ce cheval en Hongrie, Russie, République tchèque et ailleurs en Mongolie", explique M. Tatin.
<https://information.tv5monde.com/info/une-nouvelle-base-de-donnees-pour-mieux-conserver-le-cheval-de-przewalski-423325>
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20- Des images colorisées pour donner un meilleur aperçu du tigre de Tasmanie, espèce disparue, AFP, 07/09/21, 12:00
Une ancienne vidéo en noir et blanc d'un tigre de Tasmanie a été colorisée afin de redonner un peu de vie à cette espèce éteinte depuis plusieurs décennies, a dévoilé mardi l'agence australienne d'archives.
Le thylacine aux allures de loup, surnommé le tigre de Tasmanie à cause de sa fourrure rayée, vivait en Australie et sur l'île de Nouvelle-Guinée avant de disparaître il y a environ 85 ans.
Il ne reste aujourd'hui de cette bête furtive qu'une dizaine de séquences vidéos, muettes et en noir et blanc, qui, mises bout à bout, représentent trois minutes d'images.
La National film and sound archive of Australia a annoncé avoir fait coloriser le plus long de ces clips vidéos, un film de 80 secondes du dernier tigre de Tasmanie connu, appelé Benjamin, qui vivait en captivité dans les années 1930.
L'agence gouvernementale avait confié les images à Samuel François-Steininger, de Composite Films, basé à Paris, qui a procédé à une colorisation minutieuse nécessitant plus de 200 heures de travail.
La séquence était "étonnante" pour son âge, mais "très difficile à coloriser parce que, à part l'animal, il y avait peu d'élément dans le cadre", a expliqué M. François-Steininger sur le site du service d'archives.
"Et en raison de la résolution et de la qualité de l'image, il y avait beaucoup de détails -- la fourrure était dense et on devait détailler et animer beaucoup de poils", a-t-il ajouté.
Le clip montre le marsupial carnivore tourner dans son enclos, se coucher, renifler et se gratter, de larges bandes sombres barrant son pelage couleur sable.
La vidéo colorisée a été dévoilée mardi à l'occasion de la Journée nationale des espèces menacées, qui se tient chaque année en Australie le 7 septembre, jour anniversaire de la mort de Benjamin, en 1936.
Les images ont été tournées par David Fleay en décembre 1933 dans le zoo Beaumaris, fermé depuis, dans la ville de Hobart, où le naturaliste aurait été mordu au postérieur alors qu'il filmait.
<https://information.tv5monde.com/info/des-images-colorisees-pour-donner-un-meilleur-apercu-du-tigre-de-tasmanie-espece-disparue>
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21- Au cœur de la Camargue, un laboratoire de meilleures pratiques entre la nature et l'homme, AFP, 07/09/21, 12:00
Laure Fillon
Des flamants roses dans un marais, des roselières, quelques abris de chasse. Ce paysage classique de Camargue cache un laboratoire unique d'un milieu naturel pour la gestion de l'eau, la chasse ou la lutte contre les espèces envahissantes.
Le domaine des Grandes cabanes du Vaccarès Sud s'étend sur 473 hectares de zones humides au coeur de la Camargue, près des Saintes-Maries-de-la-Mer. Ancienne propriété de chasse privée rachetée par le Conservatoire du Littoral, il est géré par l'Office français de la biodiversité (OFB) depuis 2013.
"Nous considérons ce territoire comme un laboratoire" au coeur de "l'un des plus beaux territoires de Camargue", s'enorgueillit Eric Hansen, directeur Provence Alpes Côte d'Azur et Corse de l'établissement public français chargé de la protection et de la restauration de la biodiversité.
Le site abrite 138 espèces d'oiseaux, dont certaines très menacées comme la tourterelle des bois, mais aussi des chauve-souris, des cistudes d'Europe, une tortue d'eau douce menacée et protégée, ainsi que de nombreuses plantes.
L'espace naturel protégé est fermé au grand public, mais "veut conserver les activités humaines traditionnelles", poursuit-il.
L'OFB y travaille sur plusieurs thèmes: la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, la gestion de l'eau, la protection des oiseaux ou encore la promotion de pratiques de chasse plus durables.
Autant de thèmes au coeur du Congrès mondial de l'Union internationale pour la protection de la nature (UICN), un rassemblement clé pour la défense de la biodiversité qui se tient à Marseille jusqu'à samedi.
"Nous essayons de voir ce qui fonctionne ou pas", explique Eric Hansen, pour mieux le partager ensuite avec les propriétaires des domaines avoisinants.
- Munitions d'acier -
Ça et là, des buissons apparaissent aux abords des marais. "C'est ma bête noire!", s'exclame Claire Tétrel, conservatrice du site, en désignant l'arbuste, un baccharis.
"A l'arrivée de l'OFB, les trois-quarts des espaces de roselières étaient envahis", raconte-t-elle. Résultat, les roselières disparaissent, menaçant des espèces d'oiseaux déjà mal en point et protégées comme le héron pourpré ou le butor étoilé.
Trop tard pour éradiquer complètement cette plante exotique envahissante. Mais en combinant arrachage, girobroyage et noyade des souches, une grande partie a pu être supprimée. Le résultat est flagrant dans le plus grand marais du domaine, où les baccharis qui colonisaient les îlots ont été arrachés, permettant aux oiseaux de s'y installer et d'y nidifier.
Grâce au plan de relance, l'espace naturel a bénéficié de 150.000 euros sur trois ans pour lutter contre ces arbustes et la jussie, une plante aquatique originaire d'Amérique du Sud.
Ces succès "font boule de neige" dans les propriétés avoisinantes, assure Benoît Girard, agent de gestion du domaine. Certaines sont des chasses privées d'oiseaux sauvages, avec un ticket d'entrée élevé de plusieurs milliers d'euros, dont les propriétaires sont soucieux de préserver le meilleur environnement possible pour cette faune.
L'OFB travaille aussi avec des chasseurs sur ce territoire. "Nous faisons venir de jeunes chasseurs en groupes de six pendant cinq ou six jours pour leur apprendre à tirer avec des munitions d'acier", plutôt qu'avec des munitions au plomb, indique Eric Hansen. La grenaille de plomb est interdite dans les zones humides car elle empoisonne les canards.
Les eaux du Petit Rhône alimentent les marais des Grandes cabanes du Vaccarès Sud qui forment aujourd'hui un cul-de-sac piégeant des poissons et en particulier des anguilles européennes, espèce migratrice entre rivières et océan, classée "en danger critique d'extinction" au niveau mondial et en France.
Pour permettre à ces animaux de retourner se reproduire dans l'océan, l'OFB aimerait "retrouver une continuité hydrologique entre le Petit Rhône et l'étang de Vaccarès" en y rejetant des eaux de la réserve, explique Claire Tétrel. Ces eaux constitueraient aussi un apport d'eau propre, quand ce vaste étang au coeur de la Camargue subit des pollutions liées à certains agriculteurs.
"Même si l'homme intervient, on peut tout à fait garder des espaces dans le meilleur état possible", conclut Eric Hansen.
<https://information.tv5monde.com/info/au-coeur-de-la-camargue-un-laboratoire-de-meilleures-pratiques-entre-la-nature-et-l-homme>
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22- Abandons des chats en nette hausse cet été, surtout des chatons, AFP, 07/09/21, 16:00
Avec 11.669 chats pris en charge par la SPA cet été, soit 19% de plus qu'à la même période en 2019, une année déjà record, les animaux de compagnie sont "victimes du business non régulé de l'animal objet", déplore la SPA mardi dans un communiqué.
16.894 animaux - chats, chiens et autres rongeurs et reptiles (nouveaux animaux de compagnie ou NAC) - ont été recueillis entre le 1er mai et le 31 août 2021, "un nombre historiquement à son plus haut niveau pour une période estivale, soit une augmentation de 7% par rapport au dernier record de 2019.
Et parmi les greffiers, ce sont les chatons qui paient le plus lourd tribut: la SPA en ayant recueilli et sauvé 30% de plus qu'en 2019.
Selon les défenseurs des animaux, les chats sont aussi victimes d'un cruel manque de stérilisation et d’identification de cette espèce.
Si l'été 2020 marqué par le Covid avait engendré une baisse importante des abandons directs de chiens dans les 62 refuges et maisons SPA, cet été marque un retour malheureux au niveau des années précédentes avec un total de 4.360 chiens recueillis dont plus de 2.000 abandonnés directement à la SPA.
Quant aux NAC, 850 ont trouvé refuge à la SPA, "une augmentation très inquiétante" de 82% par rapport à 2019.
La fin du mois de septembre marquera la première lecture devant le Sénat de la proposition de loi sur la maltraitance animale.
<https://information.tv5monde.com/info/abandons-des-chats-en-nette-hausse-cet-ete-surtout-des-chatons-423380>
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23- "You bloody fool" : Un canard fait concurrence aux perroquets, AFP, 07/09/21, 20:00
Les perroquets ont de la concurrence : des chercheurs sont tombés sur le représentant d'une espèce de volatile, plutôt commune en Australie, dont le répertoire va au-delà du simple cancanement.
Un canard de l'espèce Erismature à barbillons s'est révélé capable d'imiter un claquement de porte et surtout de lancer : "You bloody fool" (toi, espèce d'imbécile). Le biologiste Carel ten Cate a d'abord trouvé "difficile à croire que cette espèce puisse imiter la parole humaine.
En creusant les archives il est tombé sur un enregistrement, remontant à 1987, de "Ripper", un sujet élevé par l'homme qui avait quatre ans à l'époque, et qui vivait dans une réserve naturelle proche de Canberra.
L'animal répète en boucle "You bloody foo", en sautant le "l" du mot final, apparemment difficile à prononcer pour un canard. Ces sons accompagnaient une parade d'accouplement, selon l'étude parue lundi dans la revue Philosophical Transactions of the Royal Society B.
Un canard mâle écarte généralement ses concurrents avec des sons répétés et des postures appropriées. L'éleveur du canard, qui l'a enregistré, allait le provoquer en s'approchant de la cage, selon l'étude.
Ripper commençait alors sa danse, mais en l'assortissant de l'insulte plutôt que d'un simple cancanement.
Il est allé plus loin en produisant un son très similaire à celui que faisait une porte coulissante près de l'évier où il était conservé quand il était petit.
Selon Carel ten Cate, le fait qu'il ait reproduit des sons entendus quand il était caneton est important car "on pensait que l'apprentissage vocal ne se trouvait que chez les oiseaux chanteurs, les colibris et les perroquets".
La revue scientifique rapporte dans un article accompagnant l'étude, que d'autres animaux, éléphants, dauphins et phoques, ont un répertoire plus large qu'on ne le pensait.
Des pachydermes se sont ainsi révélés capables de produire des barrissements et grognements spécifiques, sur commande.
Un jeune mâle, Jabu, qui a appris à produire des sons tout petit, pouvait en exprimer sept différents.
Ce qui laisse penser qu'un mécanisme d'apprentissage d'un "niveau complexe" peut être mis en œuvre dans ces espèces.
<https://information.tv5monde.com/info/you-bloody-fool-un-canard-fait-concurrence-aux-perroquets-423415>
En savoir plus :
> Re-evaluating vocal production learning in non-oscine birds <https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2020.0249>, Philosophical Transactions of the Royal Society B, 06 September 2021
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24- Portrait. Vincent Magnet, engagé pour la protection des forêts : « Faire, ça aide à supporter ce qui est insupportable », Le Monde, 07/09/21, 20h13
Perrine Mouterde
L’association Les Tisserands, dont il est un des membres, a acheté une dizaine d’hectares de forêts dans la Creuse pour y promouvoir une sylviculture douce.
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A l’occasion du congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), du 3 au 11 septembre à Marseille, Le Monde publie une série de portraits de défenseurs de la biodiversité, qui agissent à différents niveaux pour la préservation de l’environnement.
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Agir pour la biodiversité 4/6. Juste avant de s’engager dans le sentier, il désigne deux parcelles marquées par des coupes rases, bien visibles sur le coteau d’en face. L’une est encore à nu, l’autre est striée de plantations rectilignes de résineux. Exactement ce contre quoi Vincent Magnet se bat. Pour montrer qu’une autre sylviculture est possible, il a acheté, à la fin de 2019, avec l’association Les Tisserands, dix hectares de forêts près du village de Saint-Moreil, dans la Creuse. « Les coupes rases et les plantations, c’est le mode de gestion d’une grande partie des forêts privées du département, estime ce conseiller en rénovation écologique. Nous, on considère que quand on plante, c’est qu’on s’est planté. »
Quelques dizaines de mètres plus loin, des marques roses signalent l’entrée du bois. De premiers chantiers collectifs ont permis d’ouvrir un chemin, de restaurer une zone humide. Des rubans jaunes entourent les arbres identifiés comme étant à préserver, quand d’autres ont été marqués comme pouvant être coupés. L’objectif est de pratiquer des éclaircies douces, en dosant avec précaution la lumière et en favorisant la régénération naturelle. De conserver toutes les essences, tous les diamètres : chênes, châtaigniers, mélèzes, Douglas, bouleaux, hêtres…
> Lire aussi Les mammifères marins et les vieilles forêts au cœur des débats de l’UICN
« Quand on fait une coupe rase sur un terrain en pente, le sable tombe dans les cours d’eau et comble les ruisseaux, explique Vincent Magnet, technicien forestier de formation. On prélève tout le bois et on perturbe la vie du sol. Les champignons et les invertébrés sont ravagés. Au contraire, le couvert permet de maintenir l’humidité et de conserver une ambiance propre à la forêt et à la vie. »
Formation à la gestion forestière
L’association Les Tisserands s’est formée en 2017, avec l’idée de racheter une exploitation en agriculture biologique. Le projet échoue, mais le collectif perdure. Ils sont aujourd’hui une quarantaine : un charpentier, un ancien mécanicien venu de Paris avec femme et enfants, une comédienne, un photographe, des jeunes sans emploi… Vincent Magnet, 46 ans, les rejoint en 2018, lorsqu’il emménage dans la commune. Aujourd’hui, il est celui qui conseille et qui forme à la gestion forestière les membres de cette association, et d’autres aussi, un peu partout en France : depuis quelques années, les initiatives citoyennes d’acquisition de forêts, pour préserver celles-ci des coupes rases ou de l’exploitation industrielle, se multiplient.
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S’il a grandi à Dijon, Vincent Magnet se souvient avoir très tôt ressenti un « besoin de nature ». L’un de ses grands-pères est apiculteur, l’autre fermier. Enfant, il rêve d’abord de devenir vétérinaire. Il entre finalement à l’école forestière des Barres, dans le Loiret. Deux années « très fortes », au cours desquelles il passe au moins deux jours par semaine sur le terrain. Il passe ensuite une maîtrise en aménagement de l’environnement, part pour les Terres australes. Depuis son retour, il a exercé différents emplois dans le secteur de l’environnement. Son activité actuelle, la rénovation des habitats, s’inscrit dans cette même trajectoire. « En isolant les maisons, j’évite aux gens de surconsommer de l’énergie et de prélever trop de bois pour se chauffer, ça a du sens ! », dit-il.
Au cours des deux dernières décennies, il a vu la biodiversité s’éroder, les passereaux se faire plus rares. Mais son engagement auprès des Tisserands, auprès des autres groupes qu’il accompagne ou encore au sein du Réseau pour les alternatives forestières, dont il est l’un des administrateurs, lui permet de voir le verre à moitié plein. « C’est dynamisant de voir qu’on n’est pas tout seul, assure-t-il. Il y a plein d’initiatives différentes, des groupes forestiers, des ébénistes et des menuisiers qui se rassemblent, des associations de randonneurs qui se mobilisent… Faire et accompagner les gens, ça aide beaucoup à supporter ce qui est insupportable. »
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« Voir ce que fait la nature quand on n’y touche pas »
Pour l’avenir, les projets ne manquent pas. Les Tisserands œuvrent aussi à la préservation de terres agricoles en gérant des parcelles, là encore dans un souci de protection de la biodiversité : des arbres ont été plantés pour reconstituer des haies, et une baissière – une sorte de fossé où séjourne l’eau de pluie – a été créée à côté du talus des fraisiers, selon les principes de la permaculture. Plusieurs hectares demandent encore à être aménagés. L’association, qui bénéficie de dons et est soutenue par une fondation, a aussi racheté deux maisons à Saint-Moreil pour héberger ceux qui souhaitent travailler dans ces exploitations.
Vincent Magnet ne compte pas ses heures. Il lèvera peut-être le pied dans quelques années pour se consacrer davantage à sa famille. La forêt, elle, n’est pas pressée. Dans le bois des Tisserands, des dizaines de chênes tombés lors de la tempête de 1999 sont toujours enchevêtrés sur le sol. « On manque de bois mort dans les forêts, c’est une source d’habitats et de nourriture pour les insectes et les oiseaux, insiste Vincent Magnet. Je vais proposer qu’on laisse ce coin-là en libre évolution pour voir ce que fait la nature quand on n’y touche pas. L’humain s’en est accaparé une part tellement importante… »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/vincent-magnet-engage-pour-la-protection-des-forets-faire-ca-aide-a-supporter-ce-qui-est-insupportable_6093785_3244.html>
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25- Les grands principes de la future stratégie nationale pour la biodiversité présentés à Marseille, Le Monde, 07/09/21, 20h55
Perrine Mouterde
Les organisations de protection de l’environnement réclament des moyens pour que cette nouvelle feuille de route soit réellement suivie d’effets.
Un premier point d’étape, après des mois de consultation des territoires et des citoyens. La secrétaire d’Etat à la biodiversité, Bérangère Abba, a présenté mardi 7 septembre, à l’occasion du Congrès mondial de la nature à Marseille, les grands axes de la prochaine stratégie nationale pour la biodiversité, qui doit être finalisée d’ici à début 2022. Cette feuille de route vise à enrayer la disparition des espèces et la dégradation des écosystèmes d’ici à 2030, un objectif que ni la précédente stratégie (2011-2020) ni le plan biodiversité présenté en 2018 par Nicolas Hulot n’ont permis d’atteindre. En France, plus de 2 430 espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction.
L’élaboration de ce document intervient alors que la Commission européenne a adopté en octobre 2020 une stratégie Biodiversité 2030 ambitieuse et que la conférence mondiale des Nations unies (COP15) sur la diversité biologique, prévue au printemps 2022 en Chine, doit aboutir à l’adoption d’un nouveau cadre mondial pour la prochaine décennie. « Les Etats membres ont besoin de plans robustes pour s’aligner sur la stratégie européenne, a souligné mardi le commissaire européen à l’environnement, Virginijus Sinkevicius. Les outils sont entre leurs mains. »
> Lire aussi A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises
Renforcer les aires protégées
Bérangère Abba a insisté sur la nécessité de structurer et de renforcer les aires protégées et d’intensifier les efforts de restauration d’écosystèmes importants. Lors du congrès, le ministère de la transition écologique a annoncé la création de cinq nouvelles aires protégées, dont deux sous protection forte (création de deux parcs naturels régionaux en Occitanie et dans le Doubs, extension d’un site Natura 2000 en Normandie, création d’une réserve intégrale en Provence-Alpes-Côte d’Azur et extension de la réserve naturelle d’Iroise en Bretagne).
D’ici à 2027, 5 % de l’espace méditerranéen français sera également placé sous protection forte, a annoncé Emmanuel Macron, vendredi 3 septembre, lors de l’ouverture du congrès. Bérangère Abba souhaite également mettre en place un cadre complet de pilotage de la stratégie et de suivi de sa mise en œuvre, en se fondant sur des indicateurs, et mobiliser la société.
« L’ossature de cette stratégie est satisfaisante, mais on reste à un niveau très général », constate Bernard Chevassus-au-Louis, le président de l’association Humanité et biodiversité :
« Il faudra voir au cours des cent prochains jours ce que l’on met dedans et quels arbitrages seront pris entre les différents ministères. »
La question des moyens sera évidemment cruciale. Le 31 août, lors de la première rencontre du quinquennat entre les organisations de protection de l’environnement et Emmanuel Macron, le président a ouvert la porte à la possibilité de mettre en place des « recettes affectées » – les ressources issues de telle ou telle taxe seraient uniquement consacrées à la protection de la biodiversité, au lieu d’être versées au budget général de l’Etat. « Ce serait une grande avancée », souligne Bernard Chevassus-au-Louis. « Il y a tout un bouquet de solutions financières, il faut surtout que l’on retrouve de la lisibilité », note, de son côté, Bérangère Abba.
Les parcs nationaux gagneront vingt postes l’an prochain
Le projet de loi de finances 2022 mettra fin à la baisse des effectifs des opérateurs de la biodiversité – Office français de la biodiversité, agences de l’eau et conservatoires du littoral –, et les parcs nationaux gagneront vingt postes l’an prochain, précise aussi la secrétaire d’Etat.
« On ne réduit plus le nombre de postes, ce n’est pas comme ça qu’on va changer de paradigme ! réagit Yves Vérilhac, le directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux. Des plans et des programmes, on en a plein, ce qu’il faut ce sont des moyens et des indicateurs. La précédente stratégie, on ne peut même pas l’évaluer… On a l’impression de repartir de zéro, c’est agaçant. »
Les organisations de protection de la nature renouvellent également leurs appels à supprimer les subventions néfastes à la biodiversité, dont les montants sont bien supérieurs à ceux qui sont engagés pour protéger la nature, et mettent en garde contre la tentation de faire passer pour favorables à la biodiversité des mesures qui ne le sont pas réellement. « Il ne suffit pas de peindre en vert tous les tuyaux », affirme Bernard Chevassus-au-Louis. « Toutes les incitations fiscales au reboisement sont comptées comme vertes alors que ce n’est pas toujours vrai, explique par exemple Guillaume Sainteny, qui enseigne le développement durable à AgroParisTech. Si on remplace un bois par une plantation monospécifique, ce n’est sans doute pas bon pour la biodiversité. »
> Lire l’entretien : « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/les-grands-principes-de-la-future-strategie-nationale-pour-la-biodiversite-presentes-a-marseille_6093787_3244.html>
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26- La danse des abeilles inspire la recherche sur des mini-robots, AFP, 08/09/21, 11:00
Pierre Celerier
Les abeilles "dansent" pour indiquer à leurs congénères où se trouve une source de pollen, et des chercheurs proposent un nouveau modèle expliquant comment elles en mesurent la distance, pour mieux l'appliquer à des mini-robots.
La découverte a contribué à l'attribution d'un Nobel au grand éthologue autrichien Karl von Frisch. En 1967, il rapporte qu'à son retour à la ruche, l'abeille se livre à une danse dont l'axe indique la direction de sa découverte par rapport au soleil. Quant à la distance, elle la communique par un frétillement plus ou moins prononcé de son abdomen.
"On ne comprend pas complètement les mécanismes à l'œuvre" dans l'odomètre de l'abeille, -ce qui lui permet de mesurer la distance-, remarque Franck Ruffier, chercheur à l'Institut des Sciences du Mouvement de l'Université Aix-Marseille, et dont le travail consiste à "s'inspirer des insectes pour faire des robots".
Les chercheurs ne savent pas à quel point l'odomètre de l'abeille est précis, mais ils constatent qu'elle "est capable de retrouver la source de nourriture, malgré des trajectoires différentes d'un vol à l'autre, et des conditions changeantes, avec le vent par exemple", ajoute-t-il.
L'étude qu'il co-signe avec des chercheurs d'un laboratoire de sciences de l'information à l'Université de Lille, parue mercredi dans la revue scientifique britannique Interface, ouvre de nouvelles pistes pour expliquer cet exploit.
Von Frisch, et bien d'autres à sa suite, ont supposé que l'abeille mesurait l'énergie dépensée pour calculer la distance parcourue, comme un marcheur le ferait en fonction de son état de fatigue. Une hypothèse balayée par des expériences dans les années 90, qui ont livré une autre explication : le flux optique.
- Oscillations -
En chemin, l'appareil visuel de l'abeille enregistrerait le mouvement apparent des détails du terrain survolé. Une information lui permettant d'évaluer la distance parcourue, comme le ferait le passager d'un train qui en voyant un poteau passer plus ou moins vite derrière la vitre, peut en déduire grossièrement sa vitesse, et donc la distance parcourue jusqu'au prochain poteau.
Mais un tel modèle d'odomètre se révèle trop imprécis dans le cas de l'abeille. Car il suppose de savoir à quelle hauteur l'abeille survole les repères au sol. Or, cette hauteur varie par exemple en fonction du vent que rencontre l'insecte.
"On sait que les abeilles oscillent pas mal en vol, de haut en bas", remarque M. Ruffier, tout comme les criquets ou les papillons. "On pense que ces oscillations en vol enrichissent les informations du flux optique, et permettent d'en déduire visuellement une idée de la hauteur du vol", poursuit-il.
Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont fabriqué un modèle d'odomètre, baptisé SOFIa, qui intègre ce phénomène d'oscillation. Ils l'ont confronté à des vols virtuels d'abeille. Avec un résultat dont la marge d'erreur est dix fois plus faible que celle du modèle classique.
Sur un parcours de 100 mètres, avec du relief et des vents changeants, SOFIa a calculé la distance parcourue par l'abeille avec une marge d'erreur médiane de 3 mètres, contre presque 30 pour le modèle classique.
Mais est-ce vraiment ainsi que, via différents neurones visuels, l'odomètre de l'abeille fonctionne ? Les auteurs de l'étude évoquent prudemment une plausibilité biologique, qu'il reviendra aux éthologues de vérifier avec des expériences sur l'animal. Pour M. Ruffier, l'étude permet de "questionner le mode de vol de l'abeille à partir de ce modèle".
Quant à ce modèle, l'étude permet d'imaginer des applications en bio-robotique. Avec des mini-robots capables d’évaluer le chemin parcouru dans des endroits où le signal GPS de localisation est inopérant, comme à l'intérieur de certains bâtiments, de souterrains, métro ou canalisations.
<https://information.tv5monde.com/info/la-danse-des-abeilles-inspire-la-recherche-sur-des-mini-robots-423486>
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27- L'ADN environnemental traqué pour mieux répertorier le vivant, AFP, 08/09/21, 12:00
Kelly Macnamara
Les échantillons d'eau venaient du fin fond de l'Amazonie péruvienne, prélevés par des scientifiques traquant la présence de dauphins roses.
Deux semaines plus tard, l'ADN environnemental, ou eADN, livrait son verdict : les traces des dauphins étaient bien là. Comme celles de plus de 650 autres espèces, dont des dizaines de mammifères : jaguars, daims, tamanoirs, singes, et 25 espèces différentes de chauve-souris.
"C'est assez époustouflant," s'enthousiasme Kat Bruce, écologue spécialisée en études tropicales et fondatrice de la start-up NatureMetrics, qui avait réalisé le séquençage des échantillons pour le compte du WWF.
Cette nouvelle application de la recherche d'ADN pourrait selon ses promoteurs révolutionner l'étude de la biodiversité.
L'Union internationale de conservation de la nature (UICN), qui tient son congrès mondial jusqu'à samedi à Marseille, a d'ailleurs lancé un projet de 15 millions de dollars (12,6 millions d'euros) pour l'analyse de 30.000 échantillons qui seront prélevés dans certains des plus grands bassins fluviaux du monde, Amazone, Gange, deltas du Mékong ou du Niger...
- "Beaucoup de caca" -
Alors que tous les spécialistes sonnent l'alarme sur l'effondrement en cours de la biodiversité, les promoteurs de cet "eBioAtlas" estiment qu'il permettra notamment d'éclairer quels programmes doivent être prioritaires dans un domaine aux financements toujours trop limités.
L'UICN prévoit ainsi d'utiliser ces données notamment pour son emblématique "Liste rouge" des animaux menacés.
"Nous espérons que l'eBioAtlas permettra de façon évolutive de boucher les trous dans la connaissance de cette extinction de masse," explique Mike Morris, qui pilote le projet pour NatureMetrics.
"Cette technologie permet de manière simple et assez précise de dire où se trouvent les différentes espèces", résume Paola Geremicca, de l'UICN.
Car les espèces vivantes perdent en permanence des cellules, laissant dans leur sillage des traces génétiques. Poils, peau, mucus, salive, tout finit dans les rivières. Mais surtout, "il y a beaucoup de caca", explique le Dr Bruce.
Des déjections de poissons ou d'autres animaux, apportées par la pluie, ou laissées lorsqu'ils se baignent ou boivent. Leur ADN est alors détectable pendant plusieurs jours.
- Requins discrets -
Cette recherche d'eADN a démarré il y a une dizaine d'années. Kat Bruce s'y est plongée à l'occasion de son doctorat, tout d'abord en cherchant à identifier les différentes espèces présentes dans des "soupes" d'insectes mixés.
Puis, au fil des expériences, il est apparu que la technique fonctionnait aussi pour repérer les empreintes dans l'analyse d'eau.
Le séquençage des échantillons d'un ou deux litres dure deux jours et fournit en général autour de 30 millions de traces d'ADN.
Il y en a tellement que ce sont les bases de données de référence qui font défaut pour identifier toutes les espèces.
Dans les échantillons d'Amazonie péruvienne, par exemple, seules 20% des traces de poissons ont ainsi pu être formellement identifiées jusqu'au niveau de l'espèce.
Quand les résultats des analyses sont transmises aux experts locaux ils sont souvent "abasourdis" en découvrant la quantité d'espèces inconnues, explique M. Morris.
Il faut alors se tourner vers des zoos ou des institutions locales à la recherche d'un spécimen qui puisse faire référence. Ou chercher à en trouver un dans la nature, avec des kits de prélèvements simplifiés.
Dans une étude publiée en 2018, des chercheurs ont retrouvé dans des échantillons prélevés dans les eaux-côtières de Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique Sud, l'ADN d'un nombre bien plus important d'espèces de requins que celles identifiées en 20 années d'observations visuelles.
"Même si les habitants ne voient pas de requins quand ils se baignent, ils sont toujours là," relève David Mouillot de l'université de Montpellier, co-auteur de cette étude.
Ce chercheur participe à un autre projet basé sur l'eADN, Vigilife, groupement public-privé qui vise à développer un "observatoire du vivant".
Une des limites de la technique est aujourd'hui le monde végétal, les plantes étant plus difficiles à identifier précisément.
Le eBioAtlas se concentrera d'ailleurs au début sur les vertébrés, avec l'ambition de créer une base de données en open-source, gratuite pour chercheurs et ONG et payante pour les entreprises.
La technique semble en tout cas promise à un bel avenir.
Des chercheurs en Grande-Bretagne et au Danemark ont mené cette année des expériences en filtrant des échantillons d'air dans des enclos de zoos. Ils y ont retrouvé des traces e-ADN des animaux résidents... mais aussi d'autres espèces de la faune locale.
<https://information.tv5monde.com/info/l-adn-environnemental-traque-pour-mieux-repertorier-le-vivant-423494>
En savoir plus :
> InfoHub - We’re excited about the potential for our technology to protect the natural world. We hope you’ll agree <https://www.naturemetrics.co.uk/info-hub/>, NatureMetrics
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28- Congrès de l'UICN : l’humanité doit choisir entre agro-industrie et agroécologie, Sciences & Avenir, 08/09/21, 14h50
Loïc Chauveau
Séparer les terres agricoles de la nature ou bien les marier ? C’est le dilemme que doivent résoudre les membres de l’UICN mais aussi les négociateurs de la convention sur la biodiversité. Il oppose l’agriculture intensive à l’agroécologie même si les chercheurs constatent sur le terrain que la situation n’est pas si simple.
Posé en 1987 par le père de la révolution verte, l’agronome américain Norman Borlaug, le cadre théorique de l’occupation des terres émergées sort aujourd’hui du domaine des travaux de recherche pour entrer dans l’ère des choix politiques et sociétaux. Au congrès de l’UICN actuellement à Marseille comme le mois prochain au cours des négociations sur la convention sur la biodiversité, la COP15 qui se déroulera en octobre en virtuel en Chine, l’heure de la décision approche." Land sharing" ou "land sparing" ?
>> Suite à lire à :
<https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/l-humanite-doit-choisir-entre-agro-industrie-et-agroecologie_157350>
Sur le même sujet :
> Comment réussir la transition agroécologique ?, EurActiv, 08/09/21
Magdalena Pistorius
Rassemblés au Congrès mondial de la Nature à Marseille depuis le 3 septembre, chercheurs, entrepreneurs, représentants du monde agricole et de la société civile présentent leurs visions pour rendre la transition agroécologique possible.
Les faits sont connus : le changement climatique est une réalité, tout comme la perte de biodiversité et la dégradation des sols, partout dans le monde. L’agriculture en est, pour une partie, responsable – mais elle est aussi la première victime des effets de ces changements.
La solution est, elle aussi, en train de devenir un consensus. L’agroécologie – un vaste ensemble de pratiques agricoles vertueuses pour l’environnement et la biodiversité, de la plantation de haies à l’agriculture biologique – est dans toutes les bouches. Le pré-sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires à Rome, en juillet dernier, a vu la création d’une coalition internationale pour le développement de l’agroécologie, sous l’incitation de la France, notamment.
Seulement, changer de pratiques et de paradigme, c’est plus facilement dit que fait. Réussir la transition agroécologique tout en continuant à nourrir le monde est un défi de taille. Si les écologistes soulignent l’urgence d’agir, les agriculteurs rappellent, eux, leurs difficultés sur le terrain : bas revenus, manque de reconnaissance, échec du renouvellement générationnel et par-dessus tout, la confrontation aux exigences toujours plus élevées en termes de standards verts au sein de l’UE alors même que l’Europe continue d’importer des produits à moindre qualité des quatre coins du monde.
Face à ces multiples challenges, comment donc faire pour y arriver ? Question sur laquelle de nombreux intervenants français et internationaux se sont penchés lors d’une série de conférences à l’occasion du Congrès mondial de la Nature, organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui se déroule cette semaine (3 au 11 septembre) à Marseille.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/comment-reussir-la-transition-agroecologique-2/>
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29- Effondrement de la biodiversité : pourquoi le monde de la finance aussi doit s'inquiéter, France Inter, 08/09/21, 16h56
Célia Quilleret
Plus de 40% des titres détenus par les banques françaises dépendent des services rendus par la nature, autrement dit de la biodiversité. Si elle continue de s'effondrer, le système financier est en grande partie menacé. Une nouvelle étude rendue publique au Congrès mondial de la nature alerte le monde de la finance.
Cette étude, intitulée "Un printemps silencieux pour le système financier", vient tout juste d'être publiée par la Banque de France, l'agence française de développement et l'office français de la biodiversité. Le risque climatique est déjà connu pour le système financier. Désormais, c'est l'érosion de la biodiversité qui inquiète les économistes.
42% du volume des titres détenus par les banques françaises dépendent en effet de la biodiversité, et plus précisément des services écosystémiques rendus par la nature. Si elle s'effondre, c'est près d'un titre sur deux, action ou obligation, qui est ainsi menacé."L'économie est dépendante de la biodiversité", insiste Pierre Dubreuil, le directeur de l'office français de la biodiversité, une agence du ministère de la Transition écologique et solidaire, "le risque financier est donc important".
>> Suite à lire à :
<https://www.franceinter.fr/environnement/effondrement-de-la-biodiversite-pourquoi-le-monde-de-la-finance-aussi-doit-s-inquieter>
En savoir plus :
> Working paper. A “Silent Spring” for the Financial System? Exploring Biodiversity-Related Financial Risks in France <https://publications.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/wp826.pdf>, Banque de France, August 2021
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En images
30- Biodiversité : Une espèce de vers miraculeux menacée, France 3, le 19/20, 03/09/21
Dans la baie du mont Saint Michel (Manche), une espèce de ver, quasiment invisible, est très menacée.
> Reportage à voir à :
<https://www.dailymotion.com/video/x83xvcy>
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31- Congrès mondial de la nature : Pierre Cannet souhaite une "solution globale", France info, Le 23h, 03/09/21
Invité dans le 23 heures de France info vendredi 3 septembre, Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes WWF France, détaille les enjeux du Congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Le Congrès mondial de la nature a lieu pendant plusieurs jours à Marseille (Bouches-du-Rhône). L'occasion de trouver des solutions concrètes pour préserver une diversité face à des menaces déjà connues. "Quand on pense au modèle agricole qui vient détruire les habitats, quand on pense à la surpêche qui vient détruire des écosystèmes ou même encore au plastique qui vient polluer les mers, on a besoin là d'une solution globale et de pouvoir, dans cet accord, traiter de toutes les racines du problème", affirme Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes WWF France, dans le 23 heures de Franceinfo vendredi 3 septembre.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-pierre-cannet-souhaite-une-solution-globale_4759825.html>
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32- « Tout ne va pas bien, bon sang ! » Le coup de gueule de l’acteur Harrison Ford au congrès national de la nature, 20 Minutes avec Brut, 08/09/21, 17h31
Nature. Chaque jour, « 20 minutes » vous propose des vidéos réalisées par son partenaire Brut
Indiana Jones ne veut pas voir disparaître la jungle et les terres d'aventure. « Tout ne va pas bien, bon sang, tout ne va pas bien. »L'acteur Harrison Ford s’est exprimé sans détours lors du congrès national de la nature à Marseille. L’ acteur a sonné l’alarme et envoyé un message d’espoir pour l’ écologie : « La Terre est dotée d’écosystèmes irremplaçables riches en carbone et biodiversité. En en protégeant juste une infime partie, nous pouvons protéger la faune, l’air, l’eau, la nourriture, les emplois et le climat. »
Harrison Ford a rappelé que les jeunes générations étaient une pièce maîtresse de la préservation de la biodiversité : « Les jeunes sont souvent exclus, vus comme des idéalistes naïfs. Mais ils ont l’énergie. Ils ont la conscience. Ils ont les connaissances pour faire ce que nous n’avons pas été capables de faire. » Harrison Ford tire la sonnette d’alarme dans la vidéo de notre partenaire Brut.
Vidéo à voir à :
<https://www.20minutes.fr/planete/3119175-20210908-tout-va-bien-bon-sang-coup-gueule-acteur-harrison-ford-congres-national-nature>
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— Baromètre des mobilités <http://barometremobilites-quotidien.org/>, une analyse annuelle des pratiques de mobilité des Français.
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