[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (vendredi 10 septembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Ven 10 Sep 08:02:21 CEST 2021
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1- L’agriculture malade de la technologie <https://reporterre.net/L-agriculture-malade-de-la-technologie>, Reporterre, 24/08/21, 09h57
2- Le Congrès mondial de l’agriculture biologique à Rennes en septembre <https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/le-congres-mondial-de-l-agriculture-biologique-a-rennes-en-septembre-f45caaee-0414-11ec-be5b-0c913f624818>, Ouest-France, 24/08/21, 10h00
3- Nutella et le casse-tête des noisettes italiennes <https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/nutella-et-le-casse-tete-des-noisettes-italiennes-1340752>, Les Echos, 25/08/21, 08:19
4- Les Vosges contraintes de s’adapter au réchauffement climatique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/28/les-vosges-contraintes-de-s-adapter-au-rechauffement-climatique_6092589_3244.html>, Le Monde, 28/08/21, 06h26
5- Entretien. Les 2 mousquetaires : quand glaner les invendus devient un mode de vie à part entière <https://mrmondialisation.org/les-2-mousquetaires-quand-glaner-les-invendus-devient-un-mode-de-vie-a-part-entiere/>, Mr Mondialisation, 30/08/21
6- Un tiers des espèces d'arbres menacé dans le monde, selon une étude <https://www.geo.fr/environnement/changement-climatique-un-tiers-des-especes-darbres-sont-menacees-de-disparaitre-206115>, AFP, 01/09/21, 19:00
7- Pesticide interdit dans la Manche : jusqu’à 80 000 euros d’amende pour un trafic de dichloropropène <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/01/pesticide-interdit-dans-la-manche-jusqu-a-80-000-euros-d-amende-pour-un-trafic-de-dichloropropene_6093046_3244.html>, Le Monde avec AFP, 01/09/21, 20h46
8- Le Parc marin de la Côte bleue, une aire protégée qui associe les pêcheurs à sa gestion <https://www.lejdd.fr/Societe/le-parc-marin-de-la-cote-bleue-une-aire-protegee-qui-associe-les-pecheurs-a-sa-gestion-4064070>, Le JDD, 02/09/21, 08h00
9- Portrait. Rachel Lagière, une maraîchère engagée pour le goût et la diversité végétale <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/rachel-lagiere-une-maraichere-engagee-pour-le-gout-et-la-diversite-vegetale_6093164_3244.html>, Le Monde, 02/09/21, 17h21
10- Reportage. Dans les vallées du Grésivaudan et du Champsaur, le long combat pour restaurer la continuité écologique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/au-pied-du-vercors-le-long-combat-pour-restaurer-la-continuite-ecologique_6093069_3244.html>, Le Monde, maj le 03/09/21 à 17h56
11- A Rotterdam, les vaches flottent sur l'eau pour protéger le climat <https://information.tv5monde.com/info/rotterdam-les-vaches-flottent-sur-l-eau-pour-proteger-le-climat-422825>, AFP, 03/09/21, 19:00
12- UE : vers une «initiative forte» pour sortir des pesticides, annonce Macron <https://www.lefigaro.fr/sciences/ue-vers-une-initiative-forte-pour-sortir-des-pesticides-annonce-macron-20210903>, Le Figaro avec AFP, 03/09/21, 20:35
13- Selon une étude, le vin bio a meilleur goût <https://www.lemonde.fr/vins/article/2021/09/04/selon-une-etude-le-vin-bio-a-meilleur-gout_6093372_3527806.html>, Le Monde, 04/09/21, 06h00
14- A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/a-marseille-emmanuel-macron-annonce-que-la-france-va-organiser-un-sommet-dedie-aux-oceans_6093361_3244.html>, Le Monde, 04/09/21, 09h08
15- Portrait. Antidia Citores, juriste chez Surfrider Europe, mobilisée pour la défense de l’océan et des littoraux <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/juriste-chez-surfrider-europe-pour-la-defense-de-l-ocean-et-des-littoraux_6093350_3244.html>, Le Monde, maj le 04/09/21 à 11h50
16- « Le gazon est un non-sens écologique » : et si on rangeait enfin tondeuses, engrais et pesticides ? <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2021/09/03/le-gazon-est-un-non-sens-ecologique-et-si-on-rangeait-enfin-les-tondeuses_6093325_4497916.html>, Le Monde, maj le 04/09/21 à 11h55
17- Bain de mer à Marseille pour alerter sur l'impact climatique du chalutage de fond <https://information.tv5monde.com/info/bain-de-mer-marseille-pour-alerter-sur-l-impact-climatique-du-chalutage-de-fond-422981>, AFP, 04/09/21, 12:00
18- Gaspillage alimentaire : Le carton de Smartway, la société qui séduit supermarchés et clients <https://www.20minutes.fr/nantes/3115427-20210904-gaspillage-alimentaire-carton-smartway-societe-seduit-supermarches-clients>, 20 Minutes, 04/09/21, 13h37
19- Reportage. Au Cap d’Agde, une réserve marine au pays du tourisme de masse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/au-cap-d-agde-une-reserve-marine-au-pays-du-tourisme-de-masse_6093399_3244.html>, Le Monde, maj le 05/09/21 à 06h56
20- Hectar, le gigantesque campus agricole de Xavier Niel, ouvre ses portes <https://www.bfmtv.com/economie/hectar-le-gigantesque-campus-agricole-de-xavier-niel-ouvre-ses-portes_AN-202109060008.html>, BFMTV, 06/09/21, 06:11
21- « On a mis dans la tête des Africains qu’il faut acheter “occidental” pour avoir de la qualité : changeons la donne ! » <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/06/on-a-mis-dans-la-tete-des-africains-qu-il-faut-acheter-occidental-pour-avoir-de-la-qualite-changeons-la-donne_6093633_3212.html>, Le Monde Afrique, maj le 07/09/21 à 08h25
22- JO 2024 : à Aubervilliers, des jardins ouvriers historiques en partie détruits pour construire un centre aquatique <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/jo-2024-a-aubervilliers-des-jardins-ouvriers-historiques-sont-detruits-pour-construire-un-centre-aquatique-150131.html>, Novethic, 03/09/21
23- Consommation, impact climatique, effet sur la biodiversité… Radioscopie d’une planète carnivore <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/radioscopie-d-une-planete-carnivore_6093708_3244.html>, Le Monde, 07/09/21, 17h15
24- Pesticides : Nicolas Hulot prend acte des engagements d’Emmanuel Macron pour une « sortie accélérée » <https://www.20minutes.fr/planete/3118879-20210908-sortie-pesticides-nicolas-hulot-prend-acte-engagements-emmanuel-macron>, 20 Minutes avec AFP, 08/09/21, 12h34
25- Reportage. Agriculture : à Rennes, Hulot se fait bio <https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/agriculture-a-rennes-hulot-se-fait-bio-20210908_MMLCQJE3VBD73D7WONVWQZWVFM/>, Libération, 08/09/21, 12h51
En images
26- Documentaire. La face cachée du cacao <https://www.publicsenat.fr/emission/documentaire/la-face-cachee-du-cacao-144864>, Public Sénat, 24/08/21, 18:29
27- Agriculture : dix ans après sa conversion au bio, un producteur de lait triple son salaire <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-dix-ans-apres-sa-conversion-au-bio-un-producteur-de-lait-triple-son-salaire_4761919.html>, France 2, journal de 13h, 06/09/21
Bien à vous,
Florence
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PREMIÈRE DU JOUR : Du 6 au 10 septembre 2021, la France accueille à Rennes le Congrès mondial de l’agriculture biologique. (cf. item 2, 12, 24 & 25)
CITATION DU JOUR : "C’est un révélateur de la place de la chimie dans la société et de la difficulté de s’en passer quand on est accro", Cyril Lacombe, procureur de la République de Coutances, dans la Manche (cf. item 7)
DILEMMES DU JOUR : — Pour raccourcir sa chaîne d'approvisionnement, le groupe Ferrero se tourne de plus en plus vers les noisettes italiennes. Mais le "Financial Times" raconte que la rapide conversion de territoires en monocultures divise au sein des communautés locales. (cf. item 3)
— Face au risque accru d’incendies de forêts et de végétaux, les autorités du département des Vosges prennent des mesures qui se heurtent à des traditions locales bien ancrées. (cf. item 4)
RAPPORT & ÉTUDES DU JOUR : — Selon un rapport publié par le Botanical gardens conservation international (BGCI) et des experts de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), environ un tiers des 58 497 espèces d'arbres étudiées sont menacées d'extinction à travers le monde du fait du changement climatique et la surexploitation forestière. (cf. item 6 & suite)
— Deux chercheurs français ont comparé les notes obtenues, souvent à l’aveugle, par les vins produits en bio, en biodynamique et en agriculture conventionnelle. En France comme aux Etats-Unis, les deux premières catégories l’emportent. (cf. item 13)
— Selon « l’Atlas de la viande », de la Fondation allemande Heinrich-Böll, la consommation de viande a doublé en vingt ans sur la planète, portée par la hausse de la population et des niveaux de vie. (cf. item 23)
REPORTAGE DU JOUR : Devant la station balnéaire du Cap d’Agde, dans l’Hérault, s’étend une zone de protection renforcée de 310 hectares. Toute activité y est interdite mais ses gestionnaires ont fort à faire pour la défendre en haute saison estivale. (cf. item 19)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Avec le glanage d’aliments dans les poubelles, deux jeunes étudiants ont créé un réseau d’entraide pour lutter à la fois contre la précarité et le gaspillage alimentaire à Toulouse. (cf. item 5)
— Créé il y a près de 40 ans et cité en exemple à l'étranger, le Parc marin de la Côte bleue dans les Bouches-du-Rhône entre les bassins industrialisés de Marseille et de Fos-sur-Mer, a su associer les pêcheurs à la gestion de cette aire protégée où il y a désormais plus de poissons et de crustacés que dans les eaux alentour non sanctuarisées. (cf. item 8)
— Pour remédier à la fragmentation des habitats, première cause d’érosion de la biodiversité, des territoires restaurent et préservent des corridors biologiques. (cf. item 10)
— 12 millions de jardins avec pelouse dans l’Hexagone ont fait éclore un marché de près d’un milliard d’euros. Mais le carré immaculé, constamment arrosé, entretenu et tondu au mépris de la biodiversité et de l’environnement, n’est plus en odeur de sainteté. Silence, on laisse pousser. (cf. item 16)
— Basée à Saint-Herblain près de Nantes, la start-up Smartway a cherché à « aller plus loin » dans la lutte contre le gaspillage alimentaire en mettant au point des solutions (baptisées food waste management system) pour aider les distributeurs à mieux gérer les dates limites de consommation des produits comestibles dans les rayons. (cf. item 18)
— Avec son entreprise de transformation alimentaire Maya, la Sénégalo-Malienne Seynabou Dieng donne une seconde vie aux denrées locales invendues. (cf. item 21)
— Bruno Joly, producteur de lait à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers (Vienne), a hérité de la ferme familiale et a décidé de changer complètement de modèle. (cf. item 27)
PORTRAITS DU JOUR : — Sur un petit terrain en périphérie de Bordeaux, Rachel Lagière fait pousser près de mille variétés de légumes et de fruits. Son association Le Conservatoire du goût promeut des semences paysannes méconnues mais riches en saveurs. (cf. item 9)
— Experte en lobbying et contentieux, Antidia Citores navigue entre la Commission européenne à Bruxelles, les antichambres des ministères et les Nations unies. Cette Franco-Espagnole est aussi vice-présidente de la plate-forme « Océan et Climat ». (cf. item 15)
DRAMES DU JOUR : — Les jardins ouvriers d’Aubervilliers ont connu le Front Populaire, la seconde guerre mondiale et la libération par la division Leclerc, l’industrialisation et la désindustrialisation, mai 68, la construction de grands ensembles, le prolongement de la ligne 7 du métro, les émeutes de 2005, la crise des subprimes, la pandémie de 2020… mais n’ont pas résisté pas aux appétits fonciers des JO de Paris de 2024. (cf. item 22)
— Au cœur des forêts protégées de Cote d'Ivoire, des enfants venus du Burkina Faso voisin, poussés par la faim et la sécheresse, travaillent gratuitement dans des plantations illégales de cacaoyers contre de la nourriture. (cf. item 26)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
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> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- L’agriculture malade de la technologie, Reporterre, 24/08/21, 09h57
Maxime Lerolle
L’agriculture industrielle nourrit mal la population, et ses alternatives inoffensives ne sont destinées qu’aux classes aisées, défendent les auteurs du livre « Reprendre la terre aux machines ». Pour eux, les alternatives (bio, Amap) doivent s’inscrire dans un projet politique dépassant la seule question agricole : rompre avec les logiques de marché et de technologisation.
Printemps 2016. À Paris, Nuit Debout draine les foules de curieux place de la République. Parmi elles, l’auteur de ces lignes, jeune banlieusard qui, de la campagne, n’a qu’une image d’Épinal, découvre par hasard lors d’un atelier sur les méfaits de l’agriculture industrielle que celle-ci ne nourrirait pas les hommes, mais les banques. Pour lui qui a été élevé à l’école républicaine, où l’on apprend sagement les mérites des Trente Glorieuses et de la révolution agricole, la chose étonne, mais l’idée germe et fait son chemin.
Cinq ans et des milliers de lignes lues plus tard, ledit jeune homme qui a mûri obtient confirmation de cette analyse avec Reprendre la terre aux machines, ouvrage collectif de L’Atelier paysan paru pendant la crise du Covid-19. Avec une explosion du nombre de demandeurs d’une aide alimentaire — en octobre 2020, 26 millions de personnes déclaraient ne pas avoir les moyens de manger comme elles le souhaitent —, celle-ci a dramatiquement mis en lumière un problème structurel : l’agriculture industrielle ne nourrit pas les gens.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/L-agriculture-malade-de-la-technologie <https://reporterre.net/L-agriculture-malade-de-la-technologie>>
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2- Le Congrès mondial de l’agriculture biologique à Rennes en septembre, Ouest-France, 24/08/21, 10h00
Christophe Violette
La France va accueillir pour la première fois le Congrès mondial de l’agriculture biologique, à Rennes, du 6 au 10 septembre 2021.
C’est une première, la France accueille la 20e édition du Congrès mondial de la bio (Organic world congress). Reporté d’un an, à cause de la pandémie, ce congrès organisé tous les trois ans se tient sous le parrainage de Nicolas Hulot. Dans un double format. En format digital, pandémie oblige. Mais aussi, physiquement, du 6 au 10 septembre, au Couvent des Jacobins, au cœur de Rennes (jauge limitée à 500 places).
Cinquante pays, quatre-vingts conférences
Ce choix par l’OWC met en valeur la dynamique de l’agriculture biologique française : la France est aujourd’hui le deuxième marché alimentaire bio en Europe, après l’Allemagne, avec plus de 70 000 opérateurs, dont 50 % de producteurs, 28 % de transformateurs, 12 % de distributeurs et 180 000 emplois directs. Le marché national des produits bio connaît une croissance importante avec 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019 et + 13,5 % de surfaces en bio.
Le choix de la Bretagne n’est pas anodin non plus : la région bretonne fait figure d’exemple avec une croissance annuelle de + 8 % du nombre d’exploitations et plus de 5 000 opérateurs bio (3 500 producteurs et 1 800 entreprises).
Durant cette semaine de congrès, environ 2 500 participants de 50 pays sont attendus. Plus de 450 interventions et quatre-vingts conférences sont annoncées, axées sur la résilience, la transformation de la société, la régénération des écosystèmes, la santé et la souveraineté alimentaire.
Un programme très dense, voire touffu, de questions pointues (informations et inscriptions sur le site Internet owc.ifoam.bio/2021/fr). Car ce congrès mondial veut offrir à l’agriculture biologique un élan vers l’avenir, ancré dans ses racines éthiques, historiques et scientifiques.
<https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/le-congres-mondial-de-l-agriculture-biologique-a-rennes-en-septembre-f45caaee-0414-11ec-be5b-0c913f624818 <https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/le-congres-mondial-de-l-agriculture-biologique-a-rennes-en-septembre-f45caaee-0414-11ec-be5b-0c913f624818>>
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3- Nutella et le casse-tête des noisettes italiennes, Les Echos, 25/08/21, 08:19
Pierre Demoux
Pour raccourcir sa chaîne d'approvisionnement, le groupe Ferrero se tourne de plus en plus vers la culture de noisettes italiennes. Mais le « Financial Times » raconte que la rapide conversion de territoires en monocultures divise au sein des communautés locales.
Le Nutella laisse, depuis peu, un arrière-goût amer en Italie. Pour fabriquer sa célèbre pâte à tartiner, Ferrero a récemment décidé de s'approvisionner davantage en noisettes italiennes au lieu d'aller les acheter en Turquie, comme il le faisait habituellement.
Un choix sans incidence sur la recette ni le goût, mais dicté par une volonté de jouer davantage la carte locale, en vogue dans tous les rayons des supermarchés.
Appels à la relocalisation
« Ferrero a répondu aux appels à raccourcir les chaînes d'approvisionnement, en voyant un moyen de relancer la production locale et de relever ses standards de durabilité et de garantie des droits des travailleurs », souligne le « Financial Times ».
Le groupe agroalimentaire italien subissait une pression croissante dans son pays d'origine, où certains politiques critiquaient sa préférence pour les noisettes de Turquie, le plus gros producteur mondial, dont il trustait un tiers de la production totale.
En relocalisant ses achats en Italie, Ferrero veut aussi répondre à la concurrence croissante de son rival Barilla, qui vient de lancer une pâte à tartiner garantissant 100 % de noisettes italiennes.
>> Suite à lire à :
<https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/nutella-et-le-casse-tete-des-noisettes-italiennes-1340752 <https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/nutella-et-le-casse-tete-des-noisettes-italiennes-1340752>>
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4- Les Vosges contraintes de s’adapter au réchauffement climatique, Le Monde, 28/08/21, 06h26
Matthieu Guyot de Saint Michel
Face au risque accru d’incendies de forêts et de végétaux, les autorités du département prennent des mesures qui se heurtent à des traditions locales bien ancrées.
Dans les Vosges, la forêt et le feu ont longtemps fait bon ménage. Les bûcherons brûlaient sur place les branches et les feuillages des arbres coupés, tandis que la population n’était pas en reste, entre feux de camp et destructions de végétaux en lisière de bois. Des pratiques auxquelles le réchauffement climatique va mettre un terme.
Si l’été 2021 a été très arrosé, avec un mois de juillet aux précipitations particulièrement abondantes, il succède à trois années de sécheresse, qui ont créé des conditions plus propices aux incendies de végétaux. Ceux-ci « connaissent une évolution significative sur les dix dernières années, puisque nous sommes passés de 250 événements par an à 500 », explique le colonel Pascal Moine, directeur par intérim du service départemental d’incendie et de secours des Vosges (SDIS).
« Devant les risques grandissants d’incendies en milieu forestier, et devant les conditions climatiques de plus en plus propices aux risques d’incendies », le préfet des Vosges a pris, en juillet 2020, un arrêté encadrant « les brûlages et l’usage du feu » dans le département. Le texte précédent remontait à 1977 et il était devenu obsolète, explique la préfecture. Désormais il est interdit d’allumer un feu jusqu’à 200 mètres autour des bois, du 1er mars au 30 septembre.
Pour les forestiers, qui avaient cessé de brûler sur place au début des années 2000, cette nouvelle règle n’a pas changé grand-chose. Mais le préfet a également mis un terme à une tradition locale : le barbecue en forêt. En lisière ou au cœur des bois du département, les promeneurs avaient l’habitude de trouver de petits abris ou des chalets ouverts à tous. Beaucoup étaient accompagnés de barbecues, construits en dur, parfois en pierre taillée.
Des arbres plus vulnérables aux parasites
En ordonnant qu’ils soient démontés ou condamnés dans un délai d’un an maximum, soit le 21 juillet 2021, l’arrêté a mis fin à une « vraie culture locale », estime le président du SDIS des Vosges, Dominique Peduzzi. Le changement est d’ampleur. « Il y a une dizaine d’années, l’Office national des forêts [ONF] installait des barbecues ou les faisait installer par les communes », rappelle Jean-Yves Boitte, du service forêt de l’agence Vosges montagne de l’ONF.
Mais ce changement est nécessaire, car la forêt des Vosges va mal. Elle est attaquée sur deux fronts, qui s’entretiennent mutuellement. Le premier est celui de la succession de sécheresses printanières et estivales qui affaiblissent les arbres. Ceux-ci deviennent alors plus vulnérables aux parasites, qui ont ouvert le second front de la forêt vosgienne. « Depuis quatre ans, les scolytes provoquent une grosse crise qui touche les épicéas », précise M. Boitte. Appelés « bostryches »par les forestiers locaux, ces petits insectes d’un demi-centimètre de long se glissent sous l’écorce des arbres pour y creuser des galeries, où ils pondent. La sève ne peut alors plus passer, et l’arbre roussit avant de mourir.
« L’été dernier, en ouvrant nos fenêtres, nous avons vu nos belles forêts vertes commencer à roussir. Les gens ont donc pris conscience de cette réalité du réchauffement climatique. A force d’étés chauds et répétitifs, la forêt souffre », estime Didier Houot, le maire de Vagney, une commune de 4 000 habitants.
Anticiper l’évolution du climat
Morts ou affaiblis, les arbres deviennent plus vulnérables au risque d’incendie. Une nouveauté pour Dominique Peduzzi, qui rappelle que « les Vosges ont été longtemps définies comme le château d’eau de l’est de la France. Quand les bulletins météo annonçaient de la chaleur, on ne s’en occupait pas. »
En 2018, soucieux d’anticiper l’évolution du climat, Dominique Peduzzi, également maire (divers droite) de Fresse-sur-Moselle, se rend dans les Bouches-du-Rhône et dans l’Hérault pour comprendre comment ses homologues travaillent sur la question. Il découvre l’organisation des secours dans ces départements, où, chaque été, des colonnes de renfort affluent de toute la France pour lutter contre les feux de forêt. Il en revient convaincu de l’urgence de préparer son département aux conséquences du réchauffement climatique.
Fin décembre 2019, un nouveau schéma départemental d’analyse et de couverture des risques est validé par la préfecture. Il comprend un chapitre consacré aux risques émergents induits par le changement climatique, incendies et inondations.
Une grande partie des évolutions nécessaires pour s’y adapter relèvent du temps long. Préparer un SDIS aux feux de forêt impose en effet de recruter du personnel, de le former et de l’équiper. « De 200 sapeurs-pompiers formés à la lutte contre les feux de forêt en 2019, nous sommes passés à 250 cette année », détaille le commandant Pascal Parmentelat, conseiller technique feu de forêt des pompiers des Vosges. Pour l’heure, le budget du SDIS a bénéficié d’une rallonge d’entre 2 et 3 millions d’euros pour faire face à ces problèmes.
Un pélicandrome a par ailleurs été installé cette année à l’aéroport d’Epinal-Mirecourt, à présent capable d’accueillir les bombardiers Dash de la sécurité civile si des incendies d’ampleur devaient se déclencher dans le Grand-Est.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/28/les-vosges-contraintes-de-s-adapter-au-rechauffement-climatique_6092589_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/28/les-vosges-contraintes-de-s-adapter-au-rechauffement-climatique_6092589_3244.html>>
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5- Entretien. Les 2 mousquetaires : quand glaner les invendus devient un mode de vie à part entière, Mr Mondialisation, 30/08/21
Il y a sept mois déjà, nous rencontrions Kenza et Aurélien alias les “2 mousquetaires”, pour les suivre lors d’une journée de glanaged’aliments dans les poubelles. En à peine quelques heures, ils avaient récolté des kilos de denrées alimentaires encore comestibles, sous nos yeux ébahis. Et ils n’en étaient qu’à leurs débuts… Depuis, les deux jeunes étudiants ont créé un véritable réseau d’entraide pour lutter à la fois contre la précarité et le gaspillage alimentaire à Toulouse. Nous les avons rencontré une nouvelle fois pour une interview intimiste.
Bonjour Kenza et Aurélien, comment allez-vous depuis notre dernière rencontre ?
Bonjour Camille, plutôt bien. Ces derniers mois, nous avons pris du temps pour nous, en mettant de côté le projet. Nous nous sommes sentis débordés dans notre vie personnelle : le fait de ne pas trouver de local nous forçait à continuer de le faire chez nous, ça prenait beaucoup d’espace tant sur notre espace de vie que sur notre temps personnel. Entre les récup’, les redistributions, la planification des rendez-vous, le tri et l’organisation de l’espace de redistribution. On s’est senti limités dans notre progression. On a plein de personnes qui se sont proposées pour nous aider … cette aide serait vraiment la bienvenue si on avait accès à un local. Pour le moment, vu que c’était chez nous, on ne peut pas intégrer plus de personnes au projet. C’est une grande source de frustration au vu de la demande et du potentiel qu’a notre action. On se sentait un peu comme un oiseau en cage. Voilà pourquoi nous avons pris la décision de prendre une pause, qui nous a permis de prendre du temps pour nous ressourcer et mais aussi prendre du recul dans le but de revenir avec de nouveaux angles d’attaque.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/les-2-mousquetaires-quand-glaner-les-invendus-devient-un-mode-de-vie-a-part-entiere/ <https://mrmondialisation.org/les-2-mousquetaires-quand-glaner-les-invendus-devient-un-mode-de-vie-a-part-entiere/>>
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6- Un tiers des espèces d'arbres menacé dans le monde, selon une étude, AFP, 01/09/21, 19:00
Kelly Macnamara
Environ un tiers des espèces d'arbres à travers le monde sont menacées d'extinction, selon un rapport publié mercredi, qui avertit que le changement climatique pourrait mettre à mal des écosystèmes forestiers entiers.
Cet "Etat des arbres dans le monde" a été coordonné par le Botanical gardens conservation international (BGCI), qui regroupe notamment des jardins botaniques, et des experts de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Il porte sur 58.497 espèces d'arbres. Il en ressort que 30% (17.500 espèces) sont menacées d'extinction, avec 7% supplémentaires "peut-être menacés".
Même des arbres communs, comme les magnolias, font partie des plus menacés, les chênes, érables et ébènes n'étant pas épargnés.
Les données manquent pour évaluer 21% des espèces et un peu plus de 40% sont considérées comme n'étant pas en danger.
L'exploitation forestière et la déforestation pour faire place à des cultures ou de l'élevage sont de loin les plus grandes menaces pesant sur les arbres.
- Restaurer les forêts -
Un total de 142 espèces sont considérées comme disparues et plus de 440 sont sur le point de l'être, avec moins de 50 arbres existant à l'état sauvage dans le monde.
"De nombreuses espèces sont au bord de l'extinction, certaines comptant encore un seul individu vivant", s'alarme Jean-Christophe Vié, directeur général de la fondation Franklinia basée en Suisse, dans la présentation du rapport.
Il juge "choquant" les niveaux toujours élevés de déforestation, alors que les arbres jouent un rôle vital dans la nature, fournissant un habitat à de nombreuses espèces animales et végétales, absorbant du CO2 et fournissant les ingrédients de certains médicaments.
Le Brésil, qui abrite une large part de la forêt tropicale amazonienne compte le plus d'espèces d'arbres (8.847) et le plus grands nombre menacées (1.788), conséquence de l'agriculture intensive.
Mais la plus forte proportion d'espèces menacées se trouvent dans les régions tropicales d'Afrique, en particulier à Madagascar et sur l'île Maurice où 59% et 57% respectivement des espèces sont en danger.
A Madagascar, l'importance culturelle du baobab Grandidier, qui peut vivre autour de 2.000 ans, ne l'a pas protégé des incendies, de l'agriculture sur brûlis ou de la surexploitation pour son écorce et ses fruits.
"Des espèces d'arbres qui ont évolué sur des millions d'années, s'adaptant aux changements climatiques, ne peuvent pas survivre à l'avalanche de menaces humaines", avertit Jean-Christophe Vié.
"A quel point manquons-nous de prévoyance pour permettre la perte d'espèces d'arbres dont les sociétés à travers le monde sont écologiquement et économiquement dépendantes", s'interroge-t-il.
Le rapport pointe aussi du doigt les conséquences en cascade créées par ces destructions. Il donne en exemple la disparition d'un million d'hectares d'épicéas en Alaska et d'environ 10 millions d'hectares de pins tordus en Colombie britannique.
Des écosystèmes forestiers peuvent s'effondrer quand ils sont soumis à plusieurs menaces, comme les incendies, l'exploitation forestière et le morcellement des habitats pouvant "entraîner un changement écologique abrupt", explique le rapport.
"Le changement climatique a le potentiel pour devenir la principale cause d'effondrement dans la plupart, si ce n'est pas tous les ecosystèmes forestiers", indique Adrian Newton, de l'université de Bournemouth, dans le rapport.
Le réchauffement climatique menace ainsi directement plus d'un millier d'espèces, en modifiant leur habitat, en augmentant les risques de tempêtes, inondations, incendies ou encore de maladies.
Pour Jean-Christophe Vié, la restauration des forêts pour lutter contre le changement climatique est "une grande opportunité pour modifier cette terrible image". Mais il faut s'assurer que les bons arbres sont plantés au bon endroit, souligne-t-il.
"Si nous pouvions seulement apprendre à respecter les arbres, de nombreux défis environnementaux en profiteraient sans aucun doute", relève-t-il.
<https://www.geo.fr/environnement/changement-climatique-un-tiers-des-especes-darbres-sont-menacees-de-disparaitre-206115>
En savoir plus :
> Report. State of the World’s Trees <https://www.bgci.org/our-work/projects-and-case-studies/global-tree-assessment/>, Botanic Gardens Conservation International (BGCI), September 2021
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7- Pesticide interdit dans la Manche : jusqu’à 80 000 euros d’amende pour un trafic de dichloropropène, Le Monde avec AFP, 01/09/21, 20h46
Huit exploitations maraîchères et leurs trois intermédiaires ont été condamnés mercredi à Coutances (Manche) à des amendes de 10 000 à 80 000 euros pour un trafic de 132 tonnes de ce pesticide interdit en France depuis 2018 et importé d’Espagne.
« C’est un révélateur de la place de la chimie dans la société et de la difficulté de s’en passer quand on est accro », avait estimé Cyril Lacombe, le procureur de la République de Coutances, dans la Manche, lors de l’audience le 21 mai. Huit exploitations maraîchères et leurs trois intermédiaires ont été condamnés, mercredi 1er septembre en correctionnelle, à des amendes de 10 000 à 80 000 euros pour un trafic de 132 tonnes d’un pesticide interdit importé d’Espagne.
Le magistrat avait demandé des peines allant de 8 000 à 100 000 euros contre les maraîchers accusés de détention ou d’utilisation de dichloropropène, un produit classé cancérogène probable et utilisé pendant des décennies par les producteurs de carottes de Créances (Manche) et des environs, avant qu’il ne soit interdit en France en 2018. Près de 100 tonnes y ont été épandues entre février 2018 et novembre 2020.
> Lire aussi Pesticides et santé : les conclusions inquiétantes de l’expertise collective de l’Inserm
L’intermédiaire qui commandait les produits en Espagne est lui condamné à 80 000 euros d’amendes dont 30 000 avec sursis. L’homme qui regroupait les commandes s’est vu infliger 60 000 euros d’amende dont 30 000 avec sursis. Et l’entreprise de travaux agricoles qui épandait le produit la nuit et faisait de fausses factures d’élagage est condamnée à 20 000 euros d’amende dont 10 000 avec sursis.
« Une décision importante »
« C’est une décision importante qui pourrait faire jurisprudence », a commenté Annick Briand, qui représentait la Confédération paysanne, partie civile, interrogée mercredi par une correspondante de l’Agence France-Presse. Ce pesticide était utilisé contre un ver parasite qui se développe sur les terres sableuses comme celles qui ont fait la réputation des carottes de Créances. « La filière savait que les dérogations ne dureraient pas », avait témoigné durant l’audience le député de La République en marche (LRM) de la Manche Stéphane Travert, ancien ministre de l’agriculture (2017-2018).
> Lire aussi Une vaste étude confirme les risques de cancer encourus par les agriculteurs français
Les prévenus « auraient dû commencer à anticiper en 2009 », lorsque l’usage de ce produit n’est devenu possible dans l’Union européenne que sur dérogation, avait estimé Mme Briand durant le procès. « Quand je me suis installée à Lingreville [commune proche de Créances], il y avait beaucoup de veuves. Les hommes étaient morts de ce produit », avait ajouté la maraîchère bio. Elle avait alors accusé la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles de « faire pression au niveau européen » pour que ce produit puisse encore être utilisé.
Dans un communiqué diffusé en marge du procès, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles de la Manche avait critiqué la « suppression arbitraire, depuis trois ans, d’un traitement adéquat ». Des dérogations à l’utilisation du dichloropropène continuent à être accordées à l’Espagne, l’Italie, le Portugal et Chypre, avait rapporté la Confédération paysanne.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/01/pesticide-interdit-dans-la-manche-jusqu-a-80-000-euros-d-amende-pour-un-trafic-de-dichloropropene_6093046_3244.html>
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8- Le Parc marin de la Côte bleue, une aire protégée qui associe les pêcheurs à sa gestion, Le JDD, 02/09/21, 08h00
Juliette Demey
Les pêcheurs sont associés à la gestion de cette aire protégée créée il y a près de quarante ans et citée en exemple à l'étranger. Dans ce laboratoire marin, il y a plus de poissons et de crustacés que dans les eaux alentour non sanctuarisées.
Comme des parents affichant le diplôme de leur enfant, l'équipe a placé le document à l'entrée des locaux du Parc marin de la Côte bleue, à deux pas de la plage de Carry-le-Rouet. Il atteste son inscription depuis 2018 sur la liste verte de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce label valorise l'efficacité de la gouvernance et de la gestion de certaines aires protégées. Seuls 59 sites dans le monde en sont titulaires, dont 22 en France. Pour les huit employés du parc, c'est la reconnaissance d'un travail de près de quatre décennies avec les pêcheurs et les collectivités.
Des collines de garrigue et de pins succèdent à des criques plongeant vers l'azur. Depuis ces rivages entre Marseille et Fos-sur-Mer, grignotés par les routes et les constructions, rien ne permet de visualiser l'aire protégée. Si les gens du coin connaissent bien le parc – 27 000 élèves y sont venus –, le visiteur doit imaginer ses frontières. Soit une bande côtière de 9.873 hectares, comportant deux réserves "dures" interdites à toute activité humaine au large de Carry-le-Rouet et de cap Couronne. Le tout s'inscrit dans une zone Natura 2000 plus vaste
L'une des clés de cette "success story" locale citée en exemple à l'étranger tient à la volonté originelle de Frédéric Bachet, le créateur du parc en 1983, d'associer les pêcheurs aux décisions. Au fil des ans, un dialogue confiant s'est tissé avec la structure (aujourd'hui un syndicat mixte associant la Région, le département et cinq communes), grâce à leurs comités locaux, les "prud'homies" de Marseille et Martigues.
Un suivi scientifique régulier
À la tête de cette dernière depuis trente ans, le pêcheur William Tillet, 76 ans, raconte : "Ça ne pouvait pas se faire sans nous. Hors de question de subir sans donner notre avis. Même si, parfois, on s'est tiré une balle dans le pied !" Comme en 2014, quand les pêcheurs ont eux-mêmes demandé la reconduction des deux réserves ; ou lorsqu'ils se sont imposé des zones de non-prélèvement de corail rouge. "Même si ça nous ajoute des contraintes, cette coconstruction s'est révélée payante", assure le gaillard à barbe blanche.
Alors que peu d'aires protégées évaluent leurs résultats, celle de la Côte bleue l'a fait dès les années 1990 avec un suivi scientifique régulier. "On met des balises, des gardes, et la nature reprend ses droits, constate Éric Charbonnel, coordinateur scientifique. Mais pour bien protéger, il faut bien connaître." Ce "labo en mer ouverte" a livré les premières études démontrant un "effet réserve", grâce à des pêches expérimentales menées tous les trois ans. Conclusion ? Entre 1995 et 2019, le poids moyen de la caisse de poissons a été multiplié par sept dans la réserve de cap Couronne, passant de 21 à 141 kilos ; et celui des poissons a presque triplé ! Ces résultats ont convaincu les marins. La plupart des 45 embarcations de l'aire sont artisanales et vendent "au cul du bateau". "Même en travaillant à l'extérieur de la réserve, on y trouve un avantage, assure William Tillet. Vivre serrés en HLM, les poissons n'aiment pas trop ; dès qu'ils sont trop nombreux, les petits sortent." Éric Charbonnel l'a confirmé : il y a 2,5 fois plus de poissons aux abords de la réserve que dans le reste du parc.
Ces recherches, ainsi que le suivi de 45 espèces – grande nacre, mérou, corb… – ont un impact concret. Elles peuvent conduire à restreindre la période de la pêche aux oursins et à limiter les dérogations attribuées. Mais elles permettent aussi de prouver la bonne santé de la langouste, de montrer que le corail rouge n'est pas en danger ou d'expliquer pourquoi certains poissons changent d'habitat. Grâce à ces échanges, les pêcheurs ont adopté des filets qui ne tranchent plus les herbiers de posidonies et des bouées de mouillage qui ne raclent pas les fonds. Les poissons apprécient. "C'est gagnant-gagnant", juge William Tillet.
Le fléau de la pêche récréative
Cette richesse sous-marine attise les convoitises et demeure menacée : pollution, braconnage… Des récifs artificiels défensifs ont été immergés pour protéger les réserves. On y retrouve parfois un panneau de chalut, coincé. "Si les gars acceptent de perdre 15 000 à 20 000 euros de matériel, soupire William Tillet, c'est qu'un passage leur rapporte bien plus." En 2010, en deux nuits, la totalité d'une fraie de loups, des bars en pleine reproduction, a été prélevée dans le parc. Dix-sept tonnes envolées. "Plus du double d'une année complète de nos 40 bateaux", s'indigne le pêcheur.
Le parc marin, avec son maigre budget de 400 000 euros et ses deux embarcations, parvient à assurer plus de deux mille heures de surveillance par an. Malgré l'appui des sémaphores et des "sentinelles" de la mer, pêcheurs et particuliers, la lutte se révèle ardue, les Affaires maritimes devant constater les infractions en flagrant délit (83 en 2020). "Certains ignorent juste les règles, explique Alizée Angelini, qui a succédé à Frédéric Bachet à la direction. D'autres savent bien ce qu'ils font avec des harpons dans la réserve, et ça finit au tribunal."
À ce fléau s'ajoute la concurrence nouvelle de la pêche récréative. Une pratique qui menace désormais l'écosystème : sur la bande côtière, les plaisanciers prélèvent chaque année 53 tonnes de poissons (contre 60 tonnes pour les professionnels), bien souvent trop petits pour garantir la reproduction des espèces. Alors que le parc accueillera le 6 septembre l'annonce des prochains lauréats de la liste verte de l'UICN, pêcheurs et défenseurs de la nature comptent mettre à profit ce coup de projecteur. Et réclamer en urgence la réglementation de cette pêche de loisir, d'une même voix.
<https://www.lejdd.fr/Societe/le-parc-marin-de-la-cote-bleue-une-aire-protegee-qui-associe-les-pecheurs-a-sa-gestion-4064070>
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9- Portrait. Rachel Lagière, une maraîchère engagée pour le goût et la diversité végétale, Le Monde, 02/09/21, 17h21
Mathilde Gérard
Agir pour la biodiversité 1/3. Rachel Lagière fait pousser, sur un petit terrain en périphérie de Bordeaux, près de mille variétés de légumes et de fruits. Son association Le Conservatoire du goût promeut des semences paysannes méconnues mais riches en saveurs.
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A l’occasion du congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), du 3 au 11 septembre à Marseille, Le Monde publie une série de portraits de défenseurs de la biodiversité, qui agissent à différents niveaux pour la préservation de l’environnement.
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Perfectionniste, Rachel Lagière cherche toujours la tomate rouge qui lui donnerait pleinement satisfaction, celle qui entraînerait une « décharge émotionnelle ». Cette maraîchère de Gironde cultive pourtant près de 400 variétés de tomates dans sa microferme à Floirac, en périphérie immédiate de Bordeaux. « J’ai facilement des émotions avec des tomates vertes ou orange, mais pour la rouge, je cherche encore. » Loin de se contenter d’une simple recherche de sucre ou d’acidité, la trentenaire est en quête d’arômes subtils : « Je veux trouver une tomate qui a un goût d’abricot ou de fruit confit. » Un Graal qu’elle ne désespère pas d’atteindre.
Rachel Lagière, forte de déjà mille vies et à l’enthousiasme débordant, pense avec son cœur et ses cinq sens. La quête d’émotions est pour elle une valeur cardinale. Cette ingénieure agronome de formation cultive quelque mille variétés de fruits et de légumes sur une parcelle de 5 000 mètres carrés, nichée sur la rive droite de la Garonne, au cœur du domaine de la Burthe, poumon vert où les Bordelais viennent randonner ou pique-niquer.
Son exploitation, entourée d’une forêt de chênes, hêtres, châtaigniers et noisetiers, est un havre de biodiversité végétale, à 200 mètres à vol d’oiseau de la rocade. Rachel Lagière y expérimente et plante des variétés paysannes, locales ou méconnues, loin des semences standardisées. Le but premier est le goût ; vient ensuite la recherche d’une meilleure résistance au climat et aux attaques. « Plus jeune, j’étais tout le temps plongée dans les livres. Avec le temps, j’ai compris qu’il faut un équilibre entre le mental et le sensible. Les scientifiques qui mettent du sensible dans leurs recherches font des choses incroyables. »
« Un étal aux mille couleurs »
Après ses études, et par amour pour un pêcheur, la jeune agronome s’était spécialisée dans l’halieutique et installée en Bretagne. Mais, dans ce milieu de la pêche, elle finit par se sentir à l’étroit, « seule dans les valeurs de gestion des ressources ». Passionnée de bonne chère, elle cherche, sur tous les étals de marchés bretons, des fruits et légumes qui ont du goût. Sa quête la mène en 2015 sur le chemin de Christophe Collini, maraîcher à Saint-Péver, dans les Côtes-d’Armor. « Par hasard, je tombe sur un étal incroyable, aux mille couleurs et aux mille formes… Je n’avais jamais vu ça. » Le coup de foudre est immédiat, et sera autant professionnel qu’amoureux.
Pendant deux ans, Rachel se forme au maraîchage au côté de Christophe Collini, observant la qualité des sols, le rythme des plants et aiguisant son palais à détecter des saveurs d’exception. En septembre 2017, leur association, le Conservatoire du goût, voit le jour. Plusieurs dizaines de restaurateurs soutiennent ce projet, qui vise à promouvoir les semences paysannes et à former un réseau de maraîchers.
Mais Christophe Collini décède début 2018. Désormais seule à la tête du Conservatoire du goût, Rachel Lagière doit tout repenser. Quelques mois plus tard, elle tombe sur un appel de la mairie de Floirac, laquelle cherche un maraîcher pour exploiter une petite parcelle. L’occasion idéale pour se lancer et se rapprocher de sa famille. Sur cette prairie, il faut installer l’irrigation, les serres, construire une chambre froide… La préparation du sol démarre en janvier 2019, et les premiers légumes sont vendus à l’été. Des restaurateurs de la région répondent présent, et assurent 70 % des débouchés. Le reste est vendu à des particuliers, mais, là encore, un nouveau coup dur perturbe les plans : le confinement, qui met à l’arrêt pendant de longs mois les restaurants en 2020. « Financièrement, notre situation reste très instable », confie l’agricultrice, qui a néanmoins embauché deux personnes (« idéalement, il faudrait qu’on soit cinq »).
> Lire aussi Les mammifères marins et les vieilles forêts au cœur des débats de l’UICN
« Un maraîchage sur sol vivant »
La diversité des espèces cultivées sur ce petit terrain donne le tournis. Ici, ce sont une quinzaine de variétés de céleris chinois, rose, rouge, blanc… Là, des dizaines de choux différents, et, sur les rangées de mesclun, le mizuna rouge cohabite avec le cresson alénois. Rachel Lagière montre des concombres japonais chargés de petits piquants (« ils ont un goût incroyable, sans amertume »), exhibe de fières courgettes en forme de cygne, puis présente l’un de ses coups de cœur : l’aubergine japonaise Kamo. « C’est la meilleure que j’ai goûtée, d’une grande douceur, presque un goût de caramel. Mais elle est très compliquée à cultiver. » Dans le jardin des aromates, la fleur de sauge a un goût de sirop de sucre, puissant en bouche. On trouve aussi du shiso coréen, du chrysanthème japonais, de l’agastache, ou de l’edamame au goût de noisette.
Sans se réclamer d’aucune école agricole en particulier, Rachel Lagière dit s’inspirer de permaculture et d’écologie, pour pratiquer « un maraîchage sur sol vivant ». « Je vais surtout piocher là où il y a du bon sens et des bonnes idées », insiste-t-elle. Le travail se fait sans intrant chimique, avec des outils comme la grelinette ou la herse rotative qui limitent l’impact sur le sol. « Ici, nous sommes sur un sol limono-argileux assez lourd. Au départ, dès qu’il pleuvait, la terre se tassait. Mais aujourd’hui, elle est devenue très meuble, et on ne fait presque plus d’effort. » La trentenaire reconnaît également bénéficier de l’environnement forestier du domaine de la Burthe : « Cette année, nous n’avons pas eu de gel et nous n’avons pas souffert d’inondations. »
Si autant de variétés différentes « rendent le travail beaucoup moins pénible, car, sur une journée, on aura des tâches variées », c’est aussi une forme d’« assurance risque ». « Nous avons eu des attaques de pucerons sur certaines variétés de céleris, mais pas sur d’autres. Du coup, on n’a pas perdu toute une récolte. Sur le petit pois, nous avons eu beaucoup d’humidité cette année, mais une variété plus tardive a très bien résisté aux pluies », poursuit l’agricultrice.
Une démarche scientifique
Depuis plusieurs années, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO) alerte sur la perte de biodiversité des cultures vivrières, et les menaces engendrées sur la sécurité alimentairemondiale. Selon les estimations de la FAO, la majorité de ce que nous mangeons provient de seulement 200 espèces végétales. Pire, neuf variétés végétales seulement représentent 66 % de la production agricole totale. Une alerte qui rend le travail de collection et de conservation des semences d’autant plus précieux. Plusieurs acteurs s’y attellent dans le monde. A sa petite échelle, le Conservatoire du goût de Rachel Lagière coopère étroitement avec le conservatoire régional végétal d’Aquitaine.
> Lire aussi « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
Observer les comportements des plantes, leur sensibilité aux phénomènes climatiques, leur éventuelle précocité, les variétés qui se plaisent à pousser au côté de telle autre… Rachel Lagière entend approfondir ses observations dans une démarche scientifique. A terme, elle espère développer des partenariats avec le milieu de la recherche et réaliser notamment des analyses de ses variétés pour évaluer leur teneur en vitamines et minéraux.
« Notre but est aussi de développer un réseau de maraîchers multiplicateurs, que d’autres fermes se saisissent de ces semences. Ça me semble urgent que les gens connaissent plus de légumes », insiste-t-elle. Et prennent conscience du travail fourni pour les obtenir. Car l’agricultrice mène aussi bataille pour un juste prix payé aux cultivateurs. « La plupart des maraîchers ne calculent pas leur coût de revient. C’est un gros travail de pédagogie de faire entendre ce que vaut vraiment un kilo de tomates. »
> Lire aussi Biodiversité : les aires protégées progressent en superficie et couvrent désormais au moins 17 % des zones terrestres
En cette rentrée déjà, la maraîchère s’est vue confier un nouveau projet : accompagner une association chargée de cultiver quatre hectares de terres pour fournir les cantines scolaires de plusieurs communes (Lormont, Bassens, Cenon et Floirac). Rachel Lagière a supervisé la préparation des sols et travaillé avec les responsables de cuisine pour sélectionner les variétés plantées… De quoi assurer 2 000 repas par jour et former le palais des enfants à aimer les légumes dans toute leur diversité.
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Notre sélection d’articles sur le congrès de l’UICN
> Notre interview de l’océanographe François Sarano. « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/il-faut-amener-chacun-a-reprendre-contact-avec-le-vivant_6093114_3244.html>
> Les motions qui seront défendues par la France. Les mammifères marins et les vieilles forêts au cœur des débats de l’UICN <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/les-mammiferes-marins-et-les-vieilles-forets-au-c-ur-des-debats-de-l-uicn_6093118_3244.html>
> Notre reportage dans le Vercors. Au pied du Vercors, le long combat pour restaurer la continuité écologique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/au-pied-du-vercors-le-long-combat-pour-restaurer-la-continuite-ecologique_6093069_3244.html>
> Le portrait de Rachel Lagière, maraîchère en Gironde 1/3. Rachel Lagière, maraîchère engagée pour le goût et la diversité végétale <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/rachel-lagiere-une-maraichere-engagee-pour-le-gout-et-la-diversite-vegetale_6093164_3244.html>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/rachel-lagiere-une-maraichere-engagee-pour-le-gout-et-la-diversite-vegetale_6093164_3244.html>
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10- Reportage. Dans les vallées du Grésivaudan et du Champsaur, le long combat pour restaurer la continuité écologique, Le Monde, maj le 03/09/21 à 17h56
Perrine Mouterde, Vallées du Grésivaudan (Isère) et du Champsaur (Hautes-Alpes), envoyée spéciale
La fragmentation des habitats est la première cause d’érosion de la biodiversité. Pour y remédier, des territoires restaurent et préservent des corridors biologiques.
Les falaises du massif de la Chartreuse et celles du Vercors se font face, plongeant dans la vallée du Grésivaudan en Isère. Entre les deux s’entremêlent sur quelques kilomètres deux branches d’autoroutes, deux départementales, une voie ferrée et une zone industrielle. Le résultat de décennies d’urbanisation, et autant d’obstacles infranchissables pour une grande partie de la faune et de la flore.
Dans le secteur de La Buisse pourtant, des crottes de renards, des nids de musaraignes et des mues de couleuvres témoignent d’un va-et-vient fréquent : ici, un pont entièrement végétalisé enjambe l’A48. A ses extrémités, le passage de ragondins dessine un sillon dans les broussailles.
La construction de cet ouvrage, qui s’est achevée en 2019, est l’aboutissement de longues années de travail et de discussions. Son objectif : défragmenter l’espace pour permettre aux animaux et aux plantes de circuler en restaurant des continuités écologiques.
La disparition des habitats et leur morcellement ont été identifiés par les experts de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) comme la première cause d’érosion de la biodiversité.
« Historiquement, on a d’abord préservé des espaces patrimoniaux exceptionnels, retrace Fabien Paquier, chargé de mission Trame verte et bleue à l’Office français de la biodiversité. Puis, peu à peu, mais assez récemment, on s’est dit qu’il fallait aussi préserver les espèces qui y vivent et qui, comme nous, sont amenées à se déplacer. » Un corpus d’études a démontré que les populations, aussi bien animales que végétales, ont un besoin vital d’espace pour se nourrir, se reposer, s’accoupler et maintenir leur diversité génétique. Plus un habitat est petit et isolé, moins les espèces seront nombreuses et variées.
Dix sites prioritaires
En Isère, Jean-François Noblet est l’un des premiers à s’être intéressé aux corridors biologiques. Dans les années 1990, ce naturaliste autodidacte travaille au conseil général. A l’époque, il a le sentiment d’avoir « à peu près sauvé les meubles » en matière de protection de l’environnement mais il s’interroge : sans relations entre les différentes aires protégées, tous ces efforts ne sont-ils pas vains ?
Au début des années 2000, il convainc le département de se saisir du dossier à bras-le-corps. Un cabinet d’études suisse est mandaté pour réaliser la première cartographie des continuités écologiques de l’Isère. L’initiative est alors inédite en France. « La liberté de circuler est essentielle d’un point de vue biologique, insiste Jean-François Noblet, coprésident de l’association Le Pic vert. La flore se déplace avec le vent, les ruisseaux, les animaux. Une libellule ne traversera jamais une route si le bitume est noir et chaud. Une chauve-souris qui longe une lisière, s’il y a plus de 100 mètres entre deux arbres, elle risque de faire demi-tour… »
L’étude permet d’identifier les principaux points de conflits et de définir dix sites sur lesquels agir en priorité. Dans le nord du département, le site du Grand-Lemps est l’un d’entre eux. Ici, la route départementale a été le théâtre d’un massacre à répétition : pendant des années, jusqu’à 3 000 amphibiens par jour pouvaient être écrasés par des voitures lorsqu’ils quittaient la forêt pour aller pondre dans la tourbière de la réserve naturelle, située de l’autre côté de l’asphalte.
En 1996, la réserve ne compte plus que 1 300 amphibiens. Un peu moins et la population locale n’aurait plus été viable. Pendant plusieurs années, des bénévoles vont alors s’occuper de faire traverser la route à ces crapauds, grenouilles, tritons et salamandres. Pendant un mois, ils tendent des filets qui concentrent les animaux dans des seaux. Et chaque matin, ils vident les seaux de l’autre côté de la départementale. En 2003, la population atteint 23 000 individus. « Les amphibiens n’arrêtent pas de circuler entre les mares pour des échanges de reproduction, pour connaître leur territoire, explique Grégory Maillet, le conservateur de la réserve. Ce n’est pas comme dans un aquarium ! »
Nombreux aménagements
Depuis 2004, un passage à petite faune a remplacé seaux et filets. Les amphibiens tombent dans un caniveau en béton de 40 centimètres de haut et près d’un kilomètre de long réalisé le long de la route – le premier d’Isère et le plus long de France. Tous les cinquante mètres, un tunnel leur permet de traverser. Depuis, les observateurs ont vu revenir des couleuvres à collier et des circaètes Jean-le-Blanc, très rares en Isère. « Les amphibiens sont un maillon sur lequel on peut intervenir et qui font fonctionner les écosystèmes, note Grégory Maillet. Souvent on essaie de justifier ce type d’ouvrage, pour des raisons de sécurité routière par exemple, mais on pourrait aussi se dire que ces animaux ont le droit de vivre… »
En vingt ans, de nombreux aménagements ont été réalisés en Isère. Des caméras qui détectent le mouvement et la chaleur déclenchent des panneaux lumineux incitant les automobilistes à ralentir lors de passages d’animaux, évitant ainsi des dizaines de collisions. Des ponts peu fréquentés sont en partie végétalisés et opacifiés. Pour aider les écureuils, Le Pic vert récupère des cordes d’escalade qui sont accrochées entre des arbres au-dessus des routes.
Le cadre réglementaire et juridique a également évolué. Après le Grenelle de 2007, la notion de corridor écologique a été traduite dans le code de l’urbanisme et dans celui de l’environnement en 2010. « La loi dite de Grenelle 2 crée la politique de Trame verte et bleue, qui s’inscrit dans les grandes orientations nationales et dans les schémas régionaux, précise Fabien Paquier. C’est une notion qui s’applique à différentes échelles. » Dans sa stratégie de biodiversité, l’Union européenne affirme également la nécessité de mieux connecter les aires protégées.
Grignotage des espaces
A deux heures de route des crapauds du Grand-Lemps, les falaises du massif des Ecrins et celles du Dévoluy, territoires du bouquetin et du vautour, plongent face à face dans la plaine du Champsaur. Entre les deux s’étale le plus grand bocage des Alpes. Des haies de frênes, trembles ou saules bordent de petites parcelles de luzerne ou de blé sur une vingtaine de kilomètres. Un exemple presque parfait de corridors écologiques, les haies étant particulièrement favorables, notamment, au déplacement des espèces.
Dans cette zone rurale, qui fait partie de l’aire d’adhésion du parc national des Ecrins, les pressions sur les habitats sont bien moins fortes que dans des régions urbanisées. Mais la lutte contre la fragmentation des espaces reste un enjeu majeur.
En tant que gestionnaire, le parc a pu solliciter des subventions européennes ou régionales pour les agriculteurs en contrepartie du maintien des haies. « Cultiver cinq parcelles de la taille d’un timbre-poste est toujours plus compliqué et plus cher qu’exploiter un grand carré, explique Julien-Pierre Guilloux, chargé de mission eau et forêts du parc. On passe notre temps à demander des sous pour conserver l’existant ! Même ici il y a des phénomènes de concentration et de pressions économiques. »
Dans le hameau du Villardon, un agriculteur a installé un drain dans une immense zone humide pour y faire pâturer ses moutons. Des saules ont également été plantés. Résultat : le niveau d’eau baisse et des espèces disparaissent. « C’est un exemple typique. Petit à petit on morcelle cet habitat, regrette Julien-Pierre Guilloux. On entend parler tous les jours du réchauffement. Bien sûr ça entraîne énormément de problèmes, mais le principal, c’est le grignotage des espaces autour des villes. Maintenir ces habitats passe par des règles d’urbanisme pour cesser l’artificialisation, et par des mesures agricoles. »
Combat quotidien
Chaque année, ce membre de l’équipe du parc des Ecrins rédige des dizaines d’avis et de recommandations concernant des nouveaux projets d’aménagement. En Isère aussi, le combat est quotidien. Près du corridor du Grésivaudan, il a fallu convaincre le syndicat des berges d’arrêter de raser les prairies en pleine période de reproduction. S’assurer qu’une nouvelle entreprise ne s’implanterait pas trop près.
> Lire aussi Le Vercors en pentes douces
Dans la réserve du Grand-Lemps, les effectifs d’amphibiens sont en baisse en raison du dérèglement climatique et d’importantes coupes de bois réalisées à proximité. « Le passage à petite faune, ça fait au moins une peine en moins… », glisse Grégory Maillet. Le conservateur a convaincu un charpentier de racheter la forêt qui surplombe la route afin de la préserver. La SNCF va cesser de traiter le ballast de la voie ferrée, les herbicides pouvant être mortels pour les crapauds, et un nouveau passage à petite faune vient d’être achevé sous une seconde départementale. « Quand on résout un point de conflit, il faut ouvrir les yeux et voir si c’est pérenne, note Anne-Sophie Croyal, coordinatrice des espaces naturels sensibles du Sud Isère et spécialiste des corridors écologiques. Ça ne sert à rien de faire un ouvrage perméable si derrière il y a un mur. Il faut regarder ce qui se passe autour, prendre de la hauteur pour voir jusqu’où emmener les animaux. »
Sur les pièges photographiques installés au pied du massif du Gioberney, au fin fond de la vallée du Valgaudemar, les équipes des Ecrins voient passer martres, fouines, cerfs, faons, randonneurs… et loups. Plusieurs meutes sont désormais installées dans le massif. Elles n’ont pas réellement besoin de corridors, les loups parvenant toujours à trouver un chemin pour passer. Derrière le grillage de l’autoroute A48, en revanche, au niveau de la trouée de Colombe, dans la plaine de Bièvre, des chamois restent régulièrement coincés, parfois pendant des semaines. Impossible de passer. La réalisation d’un passage à faune par le concessionnaire AREA est désormais le combat prioritaire d’un certain nombre d’acteurs isérois, dont Le Pic vert. « Il va falloir tordre le bras à AREA, remarque Grégory Maillet. Mais cela permettrait de réconcilier toute la Chartreuse à la vallée du Rhône ! L’élan est de retour en Allemagne, d’ici trente ans on pourrait peut-être en voir ici… »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/au-pied-du-vercors-le-long-combat-pour-restaurer-la-continuite-ecologique_6093069_3244.html>
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11- A Rotterdam, les vaches flottent sur l'eau pour protéger le climat, AFP, 03/09/21, 19:00
Charlotte Van Ouwerkerk
Au milieu de grues et de porte-conteneurs dans le port de Rotterdam apparaît une scène surréaliste : un troupeau de vaches rumine paisiblement à quelques mètres au-dessus des eaux à bord d'une ferme flottante, "unique au monde".
La plateforme de verre et d'acier de trois étages doit représenter "l'avenir de l'élevage" aux Pays-Bas, petit territoire vulnérable à la montée des eaux et densément peuplé, où la terre agricole est devenue une denrée rare.
La ferme est construite en trois étages : le plancher des vaches en haut, l'étage où le lait est transformé en fromage, yaourt et beurre au milieu, et juste au-dessus de l'eau, la partie où les fromages sont affinés.
"Le monde est sous pression", déclare Minke van Wingerden, 60 ans, propriétaire avec son époux Peter de ce qu'ils appellent la "première ferme flottante au monde".
"Nous voulons que la ferme soit durable et la plus autosuffisante possible", explique-t-elle auprès de l'AFP.
L'étable et les 40 vaches forment un contraste saisissant avec les énormes navires et la fumée des cheminées dans le plus grand port européen, où l'activité est responsable de 13,5% des émissions de carbone des Pays-Bas.
Avec leur ferme flottante, opérationnelle depuis 2019, Peter et Minke ont voulu "amener la campagne dans la ville", favoriser une prise de conscience chez le consommateur et créer de l'espace agricole.
Les Néerlandais ne sont pas étrangers aux techniques agricoles avancées, le pays étant le deuxième exportateur mondial de produits agricoles après les États-Unis, grâce à l'élevage intensif et une myriade d'immenses serres.
Mais aujourd'hui, le royaume en paie le prix.
- Fumier recyclé -
Les émissions du monde agricole et particulièrement de l'élevage laitier posent un réel problème aux Pays-Bas, l'un des plus gros pollueurs par habitant en Europe. L'émanation des vaches est source de méthane, gaz qui favorise l'effet de serre.
Et avec environ un tiers du territoire sous le niveau de la mer, le pays est particulièrement vulnérable au réchauffement climatique.
Mais Minke van Wingerden pense pouvoir garder les pieds au sec.
"Nous sommes sur l'eau, donc la ferme bouge en fonction des marées, nous montons et descendons de 2 mètres. Donc en cas d'inondation, nous pouvons continuer à produire", observe-t-elle.
Ses vaches rouge et blanche, de la race bovine néerlando-allemande Meuse-Rhin-Yssel (MRY), mangent notamment des restes donnés à la ferme, tels que des raisins de la banque alimentaire, des résidus de céréales d'une brasserie voisine et de l'herbe de terrains de golf et du club de foot local, le Feyenoord Rotterdam.
Leur fumier est transformé en granulés pour jardin et l'urine est assainie pour être recyclée en eau potable pour les vaches, dont l'étable est flanquée de dizaines de panneaux solaires pour produire l'électricité nécessaire pour faire tourner la ferme, tenue par un agriculteur salarié.
La traite des bovins est faite par un robot et les fromages, yaourts, beurres et granulés sont vendus dans un magasin au bord de la route, aux côtés de denrées de producteurs des alentours.
La ferme livre également ses produits à des restaurants en ville avec des camionnettes électriques.
- "Du lait dans les veines" -
"J'ai tout de suite été séduit par le concept", raconte Bram den Braber, en faisant couler du lait cru dans des bouteilles derrière le comptoir de la boutique.
"Ce n'est pas du sang que j'ai dans les veines, c'est du lait", plaisante ce retraité de 67 ans, l'un des 40 bénévoles de l'entreprise.
L'idée de la ferme flottante est aussi de "rendre l'agriculture plus agréable, intéressante et sexy", affirme Minke van Wingerden.
Lorsqu'elle et son mari ont frappé à la porte de la direction du port avec l'idée de construire une ferme sur l'eau, ils ont d'abord été "pris pour des fous".
Mais le pari semble être gagné : la ferme sera rentable à la fin de 2021 grâce à une clientèle qui semble être prête à payer le prix. Un litre de lait coûte 1,80 euro, contre un euro environ en moyenne pour une brique acheté en supermarché.
Le couple de "pionniers" veut construire une ferme flottante de maraîchage à côté de la première et prévoit aussi de s'exporter à l'étranger : un projet est déjà en cours à Singapour.
Leur plancher dandine légèrement sur le mouvement des vagues mais les vaches n'ont pas le mal de mer, assure Minke van Wingerden.
"C'est comme si vous étiez sur un bateau de croisière", dit-elle.
> Vidéo à voir à :
<https://information.tv5monde.com/info/rotterdam-les-vaches-flottent-sur-l-eau-pour-proteger-le-climat-422825>
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12- UE : vers une «initiative forte» pour sortir des pesticides, annonce Macron, Le Figaro avec AFP, 03/09/21, 20:35
Le président veut que cette initiative soit portée à l'échelle de l'Union européenne dont la France prendra la présidence tournante en 2022.
Emmanuel Macron s'est engagé vendredi à porter «une initiative forte (...) de sortie accélérée des pesticides» quand la France aura la présidence tournante de l'Union européenne, alors que l'agriculture française peine à réduire sa dépendance aux pesticides de synthèse.
«Je veux que sur ce sujet des pesticides, la présidence française de l'Union européenne porte, et je m'y engage ici, une initiative forte, avec tous les collègues, de sortie accélérée des pesticides», a déclaré Emmanuel Macron, sans plus de détails, lors de l'ouverture du congrès mondial de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN) à Marseille. Paris prendra la présidence tournante de l'UE au premier semestre 2022. «Ça n'est qu'au niveau européen que nous y arriverons, sinon nous nous ralentirons», a-t-il poursuivi.
>> Suite à lire à :
<https://www.lefigaro.fr/sciences/ue-vers-une-initiative-forte-pour-sortir-des-pesticides-annonce-macron-20210903>
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13- Selon une étude, le vin bio a meilleur goût, Le Monde, 04/09/21, 06h00
Stéphane Foucart
Deux chercheurs français ont comparé les notes obtenues, souvent à l’aveugle, par les vins produits en bio, en biodynamique et en agriculture conventionnelle. En France comme aux Etats-Unis, les deux premières catégories l’emportent.
Le vin bio est meilleur que le vin conventionnel, et le vin biodynamique, encore meilleur que le vin bio. Une telle sentence peut sembler provocatrice, mais elle ne relève ni de la brève de comptoir ni du propos de fin de repas : elle résulte d’un travail de longue haleine conduit par deux chercheurs français, Magali Delmas (université de Californie, à Los Angeles) et Olivier Gergaud (Kedge Business School, à Bordeaux). En une demi-douzaine d’années, les deux auteurs ont rassemblé la plus grande base de données de notations de nectars, américains et français, que les millions d’amoureux du vin découvrent régulièrement dans les revues spécialisées. Bien sûr, leur analyse ne prétend pas que les vins bio seraient systématiquement meilleurs que les conventionnels – nombre de ces derniers sont très bien notés –, mais elle suggère que, des deux côtés de l’Atlantique, ces deux certifications « écologiques » améliorent la qualité du produit final.
Leur dernière étude, parue en février dans la revue Ecological Economics et conduite sur 128 182 vins français, suggère ainsi que les notations des vins bio sont, toutes choses égales par ailleurs (autant que possible), supérieures de 6,2 points (sur une échelle de 100) à celles des conventionnels. A quoi il faut ajouter 5,6 points supplémentaires pour les bouteilles issues d’exploitations en biodynamie.
L’intérêt de Magali Delmas pour la question remonte à presque deux décennies. « Mon sujet de recherche, c’est l’étude des incitations qui peuvent conduire les entreprises à adopter des démarches de protection de l’environnement, expose l’économiste. Cette question est particulièrement importante s’agissant de l’industrie viticole : malgré les paysages bucoliques des vignobles, la viticulture est l’une des activités agricoles les plus consommatrices de produits chimiques qui polluent l’environnement et les ressources en eau et nuisent à la santé des travailleurs agricoles, parfois des exploitants eux-mêmes et de leur famille. » Les labels « verts » pourraient-ils permettre de rétribuer les vignerons pour la suppression des intrants de synthèse ? La question n’est pas si simple. « Au début des années 2000, j’ai rencontré à Santa Barbara [Californie] un viticulteur qui voulait changer ses pratiques mais qui hésitait à passer en bio, car le label avait alors, selon lui, mauvaise réputation parmi les amateurs de vin », raconte MmeDelmas.
De fait, les premières enquêtes de la chercheuse indiquent de manière assez surprenante qu’en Californie les domaines qui font leur transition vers le bio, et qui l’affichent sur leurs flacons, ne parviennent pas à monter le prix de vente de leur bouteille. A l’inverse, ceux passés au bio, mais qui se gardent de l’afficher, s’en sortent bien mieux. « Nous avons réalisé que près des deux tiers des exploitations californiennes certifiées bio n’en informaient pas les consommateurs par le label correspondant », précise Mme Delmas.
D’où une nouvelle question de recherche : puisque les vignerons qui passent au bio réussissent à valoriser leur production sans même en informer leurs clients, peut-on penser que le changement de pratiques agricoles améliore le produit ? Pour en avoir le cœur net, Magali Delmas et Olivier Gergaud ont assemblé, au milieu des années 2010, plus de 74 000 notations de vins uniquement californiens, publiées entre 1998 et 2009 dans trois guides de référence (Wine Spectator, Wine Advocate et Wine Enthusiast), se targuant de dégustations à l’aveugle.
Puis les deux chercheurs ont harmonisé les différentes échelles de notations et ont passé cette base de données au crible d’une analyse statistique, en contrôlant différentes variables : cépage, région de production, millésime, etc. Le résultat saillant est que, en cherchant à comparer les vins, toutes ces variables égales par ailleurs, le score moyen d’un vin californien certifié « bio » ou « biodynamique » est plus élevé de 4,1 points que le score d’un conventionnel.
Difficile de faire un procès en militantisme aux deux auteurs : dans la première version de leur manuscrit envoyé au Journal of Wine Economics, l’écart mesuré était bien plus modeste. « L’un des reviewers [expert anonyme mandaté par la revue pour expertiser l’étude avant publication] nous a demandé de revoir nos calculs en adoptant une méthodologie plus rigoureuse d’harmonisation des différentes échelles de notation, explique Olivier Gergaud. Après avoir apporté ces corrections, l’écart moyen des scores s’est avéré encore plus significatif que nous ne le pensions. »
A l’aveugle
La première vertu d’un scientifique étant le scepticisme, y compris vis-à-vis de ses propres résultats, les deux chercheurs ont cherché à reproduire l’expérience. Si l’effet de la certification bio ou biodynamique noté aux Etats-Unis n’est pas le fruit d’un biais (ou du simple hasard), alors des résultats comparables devraient être trouvés dans d’autres pays. En France, par exemple, où il existe suffisamment de vins éco-certifiés pour pouvoir distinguer le bio de la biodynamie. Dès leur première publication achevée, les deux chercheurs se sont ainsi attelés à rassembler les notations de trois autres guides, dégustant à l’aveugle ou en semi-aveugle : Gault & Millau, Bettane Desseauve et Gilbert & Gaillard. Deux autres revues de référence, le guide Hachette des vins et La Revue du vin de France, n’ont pu être incluses pour cause de système de notation trop imprécis ou de données impossibles à récupérer.
Résultat ? Les vins bio présentent une surcote de 6,2 points par rapport aux conventionnels, et les biodynamiques présentent un écart du même ordre avec les vins bio (5,6 points de plus). « Nous retrouvons des résultats du même ordre de grandeur que ceux obtenus aux Etats-Unis, constate M. Gergaud. L’effet plus important trouvé en France pourrait être dû au fait que l’agriculture bio y est pratiquée depuis plus longtemps. »
Pour justifier ces résultats, les deux chercheurs citent plusieurs travaux indiquant que le recours moindre aux pesticides et fertilisants de synthèse permet de conserver la biodiversité des parcelles, la faune et la vie microbienne des sols. Or des travaux publiés en 2015 dans la revue mBio associent ces paramètres à la qualité du raisin. Une synthèse d’une centaine d’études menées sur le sujet, coordonnée par Battle Karimi et Lionel Ranjard (Inrae) et publiée en juillet 2020 dans Environmental Chemistry Letters, conclut que « les micro-organismes du sol sont de trois à quatre fois plus nombreux en viticulture biologique qu’en viticulture conventionnelle en termes de biomasse, de respiration et d’activité ». Les deux chercheurs ajoutent que « la viticulture biodynamique présente une tendance similaire à celle de la viticulture biologique ».
Pourquoi alors, si les sols « bio » et biodynamiques semblent similaires, les vins issus des derniers sont-ils mieux notés ? La biodynamie est décriée pour ses liens avec l’anthroposophie (un mouvement philosophico-religieux né en Suisse au début du XXe siècle, et accusé de dérive sectaire par ses détracteurs) et ses pratiques ésotériques (décoctions sans effet démontré, enfouissement dans les parcelles de cornes de bovins emplies de lisier, respect de cycles astraux, etc.), mais elle diffère aussi de l’agriculture biologique par un cahier des charges qui encadre plus strictement l’usage de certains produits dans les vignes et les méthodes de vinification − autant de différences qui pourraient expliquer les conclusions des deux chercheurs. « Nos résultats sur cette question ont généré des réactions agressives difficilement compréhensibles, note M. Gergaud. Nous avons réuni une quantité colossale de données, nous nous sommes donné la peine de les analyser, de les publier : si certains ne sont pas d’accord, qu’ils fassent leurs propres analyses et qu’ils les publient. C’est comme cela que fonctionne la démarche scientifique. »
Depuis la publication de leur dernière étude, en février, d’autres données sont venues renforcer les conclusions des deux chercheurs. En mai, Le Monde révélait ainsi une note confidentielle de l’Observatoire de la biodiversité selon laquelle, contrairement à son ambition affichée, le label Haute valeur environnementale (HVE) ne contraint pas les viticulteurs à réduire les pesticides. Or, dans leur étude, les deux chercheurs ne distinguaient pas la moindre différence de notations entre les vins HVE et les autres conventionnels. Le goût du vin, suggèrent en définitive ces travaux, est peut-être le plus fidèle reflet du soin que les vignerons prodiguent à leur terre.
En savoir plus :
> Sustainable practices and product quality : Is there value in eco-label certification? The case of wine <https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921800921000112?via=ihub>, Ecological Economics, May 2021
<https://www.lemonde.fr/vins/article/2021/09/04/selon-une-etude-le-vin-bio-a-meilleur-gout_6093372_3527806.html>
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14- A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises, Le Monde, 04/09/21, 09h08
Perrine Mouterde (envoyée spéciale à Marseille)
Ouvrant le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature, le chef de l’Etat a annoncé un futur sommet mondial sur l’océan et de nouveaux objectifs de conservation en Méditerranée, des engagements accueillis avec prudence par les ONG.
« Il y a urgence à faire comprendre que la bataille pour le climat est jumelle de la bataille pour la biodiversité. Nous avons du retard sur la biodiversité, il faut le rattraper. » C’est par cette affirmation, espérée de longue date par les acteurs de la protection de l’environnement, que le président de la République, Emmanuel Macron, a ouvert le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), vendredi 3 septembre, à Marseille. « Nous devons entendre le bruit des mégafeux comme le silence des oiseaux dans nos campagnes », a aussi lancé Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco.
Si le dérèglement climatique a pu éclipser l’érosion de la biodiversité, cette question commence à se hisser progressivement au même niveau de priorité dans l’agenda mondial. Surtout, les appels à ne plus traiter de façon séparée ces deux menaces se multiplient. En juin, cinquante des plus grands experts mondiaux des deux thématiques ont souligné, dans un rapport commun inédit, l’impérieuse nécessité d’aborder conjointement ces crises pour espérer les résoudre.
« Lorsque l’on protège les baleines, non seulement on sauve des animaux magnifiques mais en plus on participe à la lutte contre le réchauffement car elles capturent des tonnes de carbone [en se nourrissant de phytoplancton notamment, elles accumulent du carbone qu’elles piègent au fond de l’océan quand elles meurent] ! », a insisté la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde.
Mobiliser en vue de rendez-vous cruciaux
« Mettre la biodiversité au niveau du climat, c’est bien la moindre des choses, a réagi Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Si cela signifie qu’une énergie identique et des moyens comparables vont être mis en œuvre, cela devient intéressant. »
> Lire aussi A Marseille, un congrès crucial pour agir face à la crise de la biodiversité
Avant la conférence internationale des Nations unies sur le climat (COP26) prévue en novembre en Ecosse et celle sur la diversité biologique (COP15) programmée au printemps 2022 en Chine, le congrès de l’UICN entend engendrer une mobilisation forte en vue de ces rendez-vous cruciaux. En Chine doit être adopté le nouveau cadre mondial visant à enrayer l’érosion de la biodiversité d’ici à 2030. Avec la tenue du premier One Planet Summit consacré à la biodiversité en janvier 2020 à Paris, « la France est à l’initiative de deux temps forts » destinés à susciter « des alliances et des engagements », a souligné Emmanuel Macron.
Pour poursuivre dans cette dynamique, le président a annoncé l’organisation dans les prochains mois d’un grand sommet consacré à l’océan, afin d’aborder les questions des pollutions plastiques et de la protection de la haute mer. Dans la matinée, il a effectué une visite dans les Calanques, à bord notamment de la goélette de l’Expédition 7e continent, une association qui œuvre à réduire la prolifération de microplastiques dans les milieux marins.
Macron « attendu au tournant »
Si la France est perçue sur la scène internationale comme l’un des pays moteurs pour la mobilisation en faveur de la biodiversité, le président était également « attendu au tournant » par les organisations de protection de l’environnement, qui dénoncent un décalage entre les « belles ambitions » et les avancées concrètes sur le plan national.
Concernant la protection du territoire, Emmanuel Macron a annoncé, vendredi, vouloir placer 5 % des eaux méditerranéennes françaises sous protection forte d’ici à 2027, contre 0,2 % actuellement – la France s’est engagée à protéger 30 % de ses terres et de ses mers d’ici à 2022, dont 10 % en protection forte. Jusqu’à présent, les ONG s’inquiétaient que les projets de renforcement d’aires marines protégées ne concernent que les océans indien et austral, bien loin de la métropole.
> Lire aussi « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
« L’important pour nous n’est pas le chiffre, nous voulons une politique qualitative avec des moyens garantissant une vraie protection, des hommes et des femmes pour gérer les sites et des bateaux pour faire de la surveillance », pointe Elodie Martinie-Cousty, pilote du réseau Océan à France Nature Environnement (FNE). Nicolas Hulot, qui faisait partie de la délégation accompagnant Emmanuel Macron en mer, a rappelé que, lorsqu’il était ministre de l’environnement, certaines aires protégées ne disposaient que « d’une personne pour s’en occuper qui n’avait pas de bateau ».
Alors que la France va prendre la présidence de l’Union européenne (UE) en janvier 2022, le chef de l’Etat a également donné des pistes concernant les sujets qu’il entendait porter, et notamment celui de la réduction des pesticides. Ces substances toxiques sont l’une des principales causes d’érosion du vivant. « Nous n’allons pas assez vite » sur cette question, a-t-il reconnu. Il a promis une hausse de l’effort budgétaire au cours des cinq prochaines années pour trouver des alternatives à proposer aux agriculteurs ainsi qu’un « plan massif » pour les accompagner.
« Une bouffée d’oxygène »
Concernant les accords commerciaux, Paris « restera très clairement » opposé à l’accord de libre-échange entre les Vingt-Sept et les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) et appellera à la mise en place de « clauses miroir », qui interdisent d’importer des produits fabriqués avec des substances interdites dans l’UE.
« Vu l’urgence, toute annonce est bonne à prendre, estime Amandine Lebreton, la directrice plaidoyer et prospective de la Fondation Nicolas Hulot, qui portait notamment cette proposition. On verra maintenant pour la mise en œuvre. Comme il y a eu beaucoup de beaux discours sans actes derrière, on est un peu échaudés. »
Pierre Cannet, le directeur du plaidoyer du Fonds mondial pour la nature (WWF) France, dit également « rester sur sa faim ». L’ONG espérait notamment des engagements en matière d’arrêt des subventions dommageables à la nature. « La vision et le cap pour agir sur les racines de la crise écologique restent flous et sans consistance, regrette l’organisation. Le président a fait une revue de l’existant sans annoncer de nouvelles mesures concrètes. »
« Ces déclarations sont tout de même une bouffée d’oxygène et d’espoir pour la biodiversité, note Allain Bougrain-Dubourg. Mais on a été tellement frustrés du mépris accordé au vivant qu’on en attendait encore davantage. »
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Notre sélection d’articles sur le congrès de l’UICN
> Notre article sur l’ouverture du congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). A Marseille, un congrès crucial pour agir face à la crise de la biodiversité <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/a-marseille-un-congres-crucial-pour-agir-face-a-la-crise-de-la-biodiversite_6093207_3244.html>
> Notre interview de l’océanographe François Sarano. « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/il-faut-amener-chacun-a-reprendre-contact-avec-le-vivant_6093114_3244.html>
> Les motions qui seront défendues par la France. Les mammifères marins et les vieilles forêts au cœur des débats de l’UICN <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/les-mammiferes-marins-et-les-vieilles-forets-au-c-ur-des-debats-de-l-uicn_6093118_3244.html>
> Notre reportage dans le Vercors. Au pied du Vercors, le long combat pour restaurer la continuité écologique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/au-pied-du-vercors-le-long-combat-pour-restaurer-la-continuite-ecologique_6093069_3244.html>
> Le portrait de Rachel Lagière, maraîchère en Gironde 1/3. Rachel Lagière, maraîchère engagée pour le goût et la diversité végétale <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/rachel-lagiere-une-maraichere-engagee-pour-le-gout-et-la-diversite-vegetale_6093164_3244.html>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/a-marseille-emmanuel-macron-annonce-que-la-france-va-organiser-un-sommet-dedie-aux-oceans_6093361_3244.html>
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15- Portrait. Antidia Citores, juriste chez Surfrider Europe, mobilisée pour la défense de l’océan et des littoraux, Le Monde, maj le 04/09/21 à 11h50
Martine Valo
Experte en lobbying et contentieux, Antidia Citores navigue entre la Commission européenne à Bruxelles, les antichambres des ministères et les Nations unies. Cette Franco-Espagnole est aussi vice-présidente de la plate-forme « Océan et Climat ».
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A l’occasion du congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), du 3 au 11 septembre à Marseille, « Le Monde » publie une série de portraits de défenseurs de la biodiversité, qui agissent à différents niveaux pour la préservation de l’environnement.
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Agir pour la biodiversité 2/6. Quand elle enfile son costume de défenseure de l’océan, Antidia Citores ne se glisse pas dans une combinaison de néoprène ni une tenue de survie pour aller titiller les baleiniers, elle met plutôt une veste de tailleur. Responsable de campagne au sein de la fondation Surfrider Europe, elle ne surfe pas – « J’ai essayé… mais l’océan, j’aime surtout le contempler » –, elle plonge en revanche avec aisance dans les arcanes du droit de l’environnement.
Experte en lobbying et contentieux, cette juriste née en 1983 navigue entre la Commission européenne à Bruxelles, les antichambres des ministères européens concernés, fait parfois escale à l’Organisation des Nations unies à New York. Ses terrains d’action touchent au transport maritime, aux déchets marins, aux contaminations diverses et à la qualité de l’eau. En 2015, elle était présente à la COP21 de Paris sur le climat, lorsque les gouvernements ont fini par reconnaître l’océan comme un élément essentiel de l’évolution de l’atmosphère de la planète. Antidia Citores est aussi vice-présidente de la plate-forme « Océan et Climat » qui a beaucoup œuvré pour parvenir à ce résultat.
> Lire aussi l’archive (2015) : Malgré la COP21, les Français ne s’inquiètent pas davantage de l’environnement
Ni voiture ni vélo, elle qui passe un tiers de son temps en déplacement aime arpenter Bordeaux à pied. Ce jour d’août, le bateau qui traverse la Garonne en un rien de temps la conduit sur la rive droite, où son ONG occupe de modestes bureaux au sein de « l’écosystème Darwin », une ancienne caserne réhabilitée en lieu alternatif. Ambiance studieuse à l’intérieur de l’espace de travail. Deux membres de l’équipe sont en train d’imaginer un « escape game » sur le thème de la conservation de la nature. La juriste sourit devant cette fougue créatrice.
Elle-même revient d’Albanie, où elle tâche de monter avec d’autres fondations et associations un programme de sensibilisation de la population aux dégâts de la pollution aux plastiques. Trouver un coordinateur sur place, créer une application pour les contributions de sciences participatives, rencontrer les politiques, les professionnels locaux du tourisme, les fédérations sportives afin d’en finir avec les décharges sauvages… il reste du travail.
Surfrider est née en Californie, fondée par Tom Curren, un triple champion du monde de surf « qui voulait faire quelque chose pour préserver son terrain de jeu : il en avait assez des otites et des diarrhées dont il souffrait en sortant de l’eau ». Le mouvement de « protection et de la mise en valeur des lacs, des rivières, de l’océan, des vagues et du littoral », des adeptes des sports nautiques en particulier, et plus généralement des populations côtières menacées par l’érosion et la pollution, a mis six ans pour arriver en Europe, en 1990, et installer son siège à Biarritz. Il y compte une quarantaine d’antennes dans onze pays, environ 2 000 adhérents actifs, 15 000 donateurs. Il est aussi présent en Australie, au Brésil, au Japon et au Maroc.
Le plastique, cauchemar des mers
L’ONG s’est fait connaître par ses opérations de nettoyage de plages, qui rassemblent des milliers de bénévoles. Si elle ne dédaigne pas organiser parfois une manifestation sur une plage ou en mer sur des planches de surf, elle se distingue surtout par son lobbying pragmatique destiné à obtenir des réglementations plus protectrices de l’environnement. Antidia Citores est fière du rôle joué par les ONG dans l’interdiction des objets en plastique à usage unique. Dans l’UE, depuis le 1er juillet, c’en est fini des gobelets en polystyrène expansé, de certaines assiettes, pailles, confettis.
La mobilisation est permanente contre le plastique, cauchemar des mers. Alertée sur des échouages réitérés de biomédias sur les côtes du golfe de Gascogne, mais aussi en Corse, Espagne, Italie, la fondation a porté plainte contre X et enquêté pendant des années. La piste l’a menée jusqu’aux stations d’épuration où ces petits cylindres de plastique qui ressemblent à des jeux sont utilisés comme filtres. « On est allé voir Veolia et Suez, témoigne-t-elle. Et puis on a rédigé un guide de bonnes pratiques qui servira peut-être dans une prochaine réglementation européenne… On avance à petits pas, il faut apprendre la patience. »
Un autre grand dossier du moment porte sur la révision de la directive européenne sur la qualité des eaux de baignade de 1976. « Actuellement le seul critère, c’est la qualité bactériologique mesurée entre mai et septembre. Nous voulons que soient intégrées les efflorescences d’algues, les pollutions chimiques et d’autres paramètres. Pas seulement l’été : il faut que l’information soit aussi disponible hors saison pour les kayakistes, windsurfeurs, etc. », insiste Antidia Citores, qui prête son expertise à Bruxelles sur ces questions.
Franco-espagnole, née à Bayonne, elle-même se sent « Européenne ». Elle a passé son enfance à la frontière, à Irun, puis dans les Landes. L’appel de l’océan a certes compté dans son parcours, mais les odeurs de produits chimiques, les bruits, les poussières des usines à l’arrière des ports, comme celui de Bayonne, où son père a travaillé, ont aussi nourri son engagement. « Je me suis projetée dans le personnage du film Erin Brockovich, seule contre tous [2000] qui défend la population dans une affaire d’eau polluée », confie-t-elle.
Celle qui envisageait d’étudier les beaux-arts s’est donc dirigée vers le droit des affaires européennes et internationales. En 2007, elle effectue un stage à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). « C’était intéressant, je travaillais sur le développement des énergies nouvelles et leur impact sur la migration de l’anguille, raconte-t-elle. J’avais un grand bureau, bien équipé. Et puis j’ai enchaîné avec un autre stage chez Surfrider International, qui comptait dix ou douze salariés, à l’époque. Je n’étais pas payée, je travaillais avec mon ordinateur personnel, que j’ai achevé à la tâche. En tant que juriste, j’y faisais figure d’Ovni. Mais il y avait beaucoup d’envie, une solidarité… J’y suis restée. »
Le Grenelle de la mer début en 2009. L’ONG n’hésite pas à « catapulter » Antidia Citores pour la représenter aux tables rondes, aux côtés des politiques, des acteurs de l’économie maritime, d’autres représentants de la société civile. « C’était une sorte de théâtre, où j’ai pu voir de près que la loi s’élabore avec des négociations de marchands de tapis, plutôt qu’avec les grands principes de droit que j’avais étudiés à l’université »
> Lire aussi l’archive (2009) :Le gouvernement lance un Grenelle de la mer
Cette expérience lui a inspiré la thèse de doctorat qu’elle a soutenue en 2012 sur La contribution des parties prenantes à l’intégration de normes environnementales en droit maritime. Elle lui a aussi permis de rencontrer nombre de professionnels de la filière maritime. Antidia Citores est responsable du label environnemental Green Marine Europe, que l’ONG décerne depuis 2019 à des armateurs, des compagnies de transport de passagers ou un croisiériste. Les porte-conteneurs n’ont pas manifesté d’intérêt jusqu’à présent.
> Lire aussi Rachel Lagière, la maraîchère aux mille variétés de légumes et de fruits
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/juriste-chez-surfrider-europe-pour-la-defense-de-l-ocean-et-des-littoraux_6093350_3244.html>
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16- « Le gazon est un non-sens écologique » : et si on rangeait enfin tondeuses, engrais et pesticides ?, Le Monde, maj le 04/09/21 à 11h55
Pascale Krémer
Douze millions de jardins avec pelouse dans l’Hexagone ont fait éclore un marché de près d’un milliard d’euros. Mais le carré immaculé, constamment arrosé, entretenu et tondu au mépris de la biodiversité et de l’environnement, n’est plus en odeur de sainteté. Silence, on laisse pousser.
Elle vient d’un coup, sans prévenir, à l’écoute du « tchic-tchic » matinal de l’arrosage automatique ou tandis qu’on noie la pelouse, tuyau en mains. Cette vague sensation de malaise teintée de culpabilité face au gazon semé, roulé, nourri d’engrais organique, tondu, scarifié, semé encore, inlassablement arrosé mais pas bien beau, finalement. Pas envie de se l’avouer mais on le pressent : une époque est révolue que symbolisait l’impeccable tapis vert.
Sur gazon se déroulait la vie pavillonnaire, entre les haies taillées au carré et les rosiers en plates-bandes. La tonte bruyante du samedi, le barbecue du dimanche, le foot mêlant les enfants, les regards des voisins jaugeant à la hauteur du brin d’herbe les qualités morales du jardinier, au pissenlit près. Les « trente glorieuses » fleuraient l’herbe tondue, sur le modèle propret des lotissements de banlieue américaine. La moquette de graminées prolongeait celle du salon. Maniant tondeuse et chimie, le père de famille offrait le confort rassurant d’une nature domestiquée.
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Le jardin : une histoire de domination sociale
Une parcelle d’herbe sans culture, donc non nourricière : au Moyen Âge, seuls les moines, seigneurs et rois peuvent s’offrir ce luxe. Les premiers gazons poussent aux abords des châteaux et demeures seigneuriales. Devenus signes de distinction sociale, ils dessinent les complexes jardins à la française, à la fin du XVIIe siècle. Pour Louis XIV, c’est d’un vaste rectangle de gazon (alors appelé « tapis vert ») que Le Nôtre souligne la perspective du Grand Canal, dans le parc de Versailles.
L’élite anglaise du XVIIIe siècle se pique de recréer au jardin de romantiques paysages pastoraux, ensuite copiés par les aristocrates américains. La révolution industrielle amène les tondeuses manuelles puis à moteur (1919), qui connaissent un énorme succès à partir des années 1960, ainsi que les engrais et désherbants chimiques. Parti d’Europe, le gazon y revient, actant l’ascension sociale des classes moyennes suburbaines sous influence américaine. Mais au Canada naît une rébellion antigazon, qui s’étend dans toute l’Amérique du Nord des années 1970 : halte à la pression sociale, vive le Freedown lawn, le gazon de liberté, échevelé et sans intrants chimiques !
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Le millénaire a changé mais la culture du gazon a de beaux restes. Chez nous, les 12 millions de jardins avec pelouse ont fait éclore un marché (semences, outillage, produits…) de près d’un milliard d’euros, « dont 82 millions pour les semences de gazon destinées aux particuliers, qui sont en plein boum », évalue Jean-Marc Lecourt, président de l’association Société française des gazons. On friserait même la « pénurie européenne », à croire la Semae, interprofession des semences et plants. Chez Gamm vert et Jardiland, jardineries du groupe InVivo, le printemps 2021, côté graines de gazon, a été plus florissant encore que celui de 2019 (dernière comparaison possible), appuie Carole Fischel, qui y dirige le secteur végétal : « Les investissements pour le jardin ont augmenté. Or le gazon reste un élément important de sa constitution. » Le premier réflexe de l’acquéreur de maison qui ne sait trop que planter sur son bout de terre tant espéré.
Moquette ou herbe à vaches
Du vert en boîte en carton. Les paysagistes en sèment à tout-va chaque printemps, bien que l’automne soit plus approprié. « Il y a encore du boulot pour faire accepter autre chose qu’un gazon uniforme, surtout aux plus de 40 ans, soupire Olivier Planchenault, qui exerce à Champigné (Maine-et-Loire). Au départ, les clients disent tous qu’ils n’attendent pas un green de golf. Mais dès qu’apparaissent des adventices au printemps, ils reviennent vers moi : “Il y a quand même des mauvaises herbes… Comment allez-vous procéder ?” Le trèfle, le pissenlit, la pâquerette, ça fait herbe à vaches, eux ont payé pour du gazon, celui qu’on fait tondre le vendredi avant l’arrivée des invités. Pour son côté tape-à-l’œil. Ils se mettent à quatre pattes pour chercher le trèfle, ils sont obnubilés par la notion du “propre”. »
Inlassablement, le paysagiste installé au nord d’Angers tente la pédagogie. « Quand on me dit que le jardin est très grand, je saute sur l’occasion, je propose de laisser un espace de biodiversité où la nature se développe librement. Mais j’ai du mal à convaincre… » Pas mieux pour son confrère Nicolas Deschemps, à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) : « Quand les gens ont des enfants, ils veulent un gazon. Dans notre société aseptisée, le gamin doit rester propre, alors ils attendent un sol souple comme à la crèche, ils ont peur des couvre-sol qui fleurissent, à cause des abeilles. C’est un peu attristant, seuls 20 % de ma clientèle bouge. »
Les autres lui demandent souvent de dérouler, comme une moquette, du gazon prêt-à-poser, pour la magie du verdissement instantané et la garantie (temporaire) 100 % sans « mauvaises herbes ». Cultivées dans de vastes exploitations agricoles, ces plaques d’herbe ne sont « pas très écologiques », sait Jean-Michel Pougnet, de Botanic, réseau de jardineries naturelles qui refuse d’en vendre. « Leur culture sur sols sableux demande beaucoup d’intrants. Pesticides, fongicides, désherbants, engrais longue durée qui ne sont pas organiques… »
L’arsenal est complet mais le combat voué à l’échec. L’herbe fine à l’anglaise, composée de quelques variétés de graminées (ray-grass, pâturins des prés et fétuques), ponctionne quantité de ressources pour un résultat dépourvu d’intérêt côté faune et flore. Obsolète, mon carré vert fluo ? A l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), Jean-Paul Sampoux le craint : « Si nous évoluons vers un climat méditerranéen, il deviendra difficile de conserver à tout prix un gazon. Ce n’est déjà pas réaliste dans les 30 km à partir du littoral méditerranéen. Avec le réchauffement, cela va remonter jusqu’à Toulouse, une partie de l’Aquitaine, dans la vallée du Rhône… »
> Lire aussi Outre-Manche, le gazon anglais n’a plus la cote
« Un non-sens écologique »
La fin du « jardin anglo-normand qui s’est imposé dans l’inconscient collectif comme une image de bonheur », anticipe Olivier Filippi, pépiniériste à Mèze(Hérault) avec son épouse Clara – ils sont auteurs de Pour un jardin sans arrosage (2007) et Alternatives au gazon (2011) chez Actes Sud. « Au-delà de la banalisation mondiale des jardins, le gazon rendu possible par l’utilisation massive d’eau, d’engrais et pesticides, est un modèle à bout de souffle. C’est un non-sens écologique », tranche M. Filippi, qui développe une collection botanique pour des paysagistes confrontés à la sécheresse jusqu’en République tchèque, en Angleterre ou en Suède. Au fil de ses voyages d’études, le couple a découvert « des paysages remarquables sans entretien, des modèles d’anti-gazon qui ont de l’avenir quand, à Montpellier ou à Marseille, une pelouse nécessite près de 1 000 litres d’eau par mètre carré et par an ! ».
Partout en France, des sécheresses plus longues, plus fréquentes, obligent les préfets à proscrire la dispersion sur les pelouses d’une eau devenue précieuse. « Or un gazon sans arrosage n’est possible nulle part en France, insiste M. Filippi. Parce qu’il lui faut de la pluie chaque semaine durant la saison de croissance, entre mai et octobre. » C’est déjà la fin des haricots, pour lui, dans l’Etat américain de Californie, soumis à sécheresse chronique : les particuliers empochent des dollars pour chaque pied carré de gazon arraché. En 2027, toute pelouse purement ornementale sera même interdite à Las Vegas.
> Lire aussi Dans l’Ouest américain, une sécheresse millénaire aux conséquences inédites
Pas si vert, mon gazon. Qui rafraîchit l’air, pourtant, retient les poussières, filtre les pluies, limite le ruissellement, séquestre le carbone atmosphérique « aussi bien qu’une forêt grâce à sa surface de feuilles très importante », plaide M. Sampoux, de l’Inrae. Sauf, précise l’ingénieur de recherche, si le produit de la tonte est ensuite brûlé… Retour, alors, à la case atmosphérique de départ pour le carbone, dont les tondeuses à essence sont aussi émettrices. Côté biodiversité, le bilan n’est pas folichon. Un gazon composé uniquement de graminées si souvent coupées qu’elles ne fleurissent jamais n’offre ni refuge ni nourriture aux insectes pollinisateurs et oiseaux.
Telle une lame de tondeuse trop basse, la loi Labbé de 2017 a fait office de couperet final, bannissant des jardins et espaces verts les produits phytosanitaires de synthèse (désherbants sélectifs, engrais chimiques) dont étaient abreuvées ces étendues herbeuses. « Mais on en trouve encore dans certaines jardineries de province, et surtout sur Internet », confie Paul, 45 ans, cadre des Yvelines, « accro » au green pavillonnaire foulé pieds nus. Son ton coupable signe le changement d’époque. Comme le thème des journées techniques 2021 de la Société française des gazons : « Des gazons au service de l’écologie ». Ou la montée du mouvement « No Mow May » (« En mai, laissez pousser ! »), venu d’outre-Manche, qui incite à se passer de tonte au printemps pour aider les pollinisateurs.
> Lire aussi Pesticides : « Il n’est plus temps de faire semblant de prendre des demi-mesures »
À Lyon, en mai 2020, des habitants ont pétitionné pour que le parc de la Tête d’or, réensauvagé après deux mois de confinement, demeure partiellement en l’état. Et obtenu gain de cause. Dans les villes, la loi Labbé s’ajoutant aux restrictions d’eau et de budgets, voilà une bonne décennie qu’une « gestion différenciée » des espaces verts, selon leur visibilité et fréquentation, pousse à végétaliser sans engazonner. Un petit panneau sur la biodiversité, un coup de tondeuse traçant un chemin au milieu des herbes hautes, et hop ! les plantes spontanées ont droit de cité, sans impression d’abandon. « Les Français ont fini par comprendre, cela ne les choque pas. Et dans leurs jardins, ils ont toujours imité ce qui se fait en villes après un délai », remarque Pascal Goubier, président de l’association des responsables d’espaces nature en ville (Hortis).
Une conception du jardin chamboulée
La dernière enquête Ifop-Union nationale des entreprises du paysage (2019) l’atteste : les trois quarts des Français estiment qu’avoir un jardin permet d’œuvrer à la protection de la planète. Rien d’étonnant. Les deux tiers y ont observé des signes de changement climatique… Chez Botanic, « on voit l’évolution des demandes de conseils en magasin, d’autant qu’avec le confinement il y a eu un renouvellement de générations chez les jardiniers amateurs. Les clients ne cherchent plus le gazon parfait type anglais, de plus en plus compliqué et cher à “tenir”, mais un couvert végétal. » Les meilleures ventes chez Gamm vert et Jardiland ? « Toujours le gazon classique, mais les gens engazonnent moins leur espace qu’auparavant, et achètent de plus en plus de semences de prairie fleurie et potagère, d’arbres fruitiers et de produits pour les poulaillers… » Prise de conscience écologique et refus des contraintes s’entremêlent. Les robots de tonte et les gazons synthétiques se taillent aussi un beau succès.
Sentant passer le vent (chaud) du boulet climatique, les semenciers se mobilisent pour des plantes à gazon plus écolo. Plus rustiques, résistant mieux à la chaleur, à la sécheresse, aux maladies, de pousse plus lente, moins exigeantes en fertilisants, plus nourrissantes pour les pollinisateurs… En magasin sont apparus des paquets de « pelouse mixte éco-alternative », ou « éco-durable », semences incluant des légumineuses comme le trèfle (nain), désormais réhabilité. Vert toute l’année, piétinable, pas du genre assoiffé, évinçant les adventices, le nouveau porte-bonheur des semenciers est un bienfaiteur du sol, qu’il améliore en lui apportant l’azote fixé dans l’air.
Sans faire de foin, les alternatives au gazon se fraient un chemin. La conception même du jardin est chamboulée. Dès les années 1990, le paysagiste, botaniste et écrivain Gilles Clément avait proclamé sa détestation des gazons, son amour des herbes folles et des taupes, du « jardin en mouvement », tout sauf lisse et figé, où le jardinier observe et guide l’évolution naturelle de la végétation, travaillant avec elle, pas contre elle. Exit la domination de l’homme sur la nature qu’enracinait le gazon.
De ce nouvel imaginaire du vert se sont inspirées les nouvelles générations de jardiniers paysagistes. Comme James et Helen Basson, ces Anglais qui nous apprennent à détester le gazon, « tâches vert vif, sans âme, qu’on voit sur Google Earth, comme les piscines turquoise ». Installé sur la Côte d’Azur, près de Grasse, depuis vingt-cinq ans, le couple de paysagistes, demandé et récompensé partout dans le monde, défend un jardinage durable, sans arrosage ni gazon – au point de refuser les indélicats qui en réclament encore.
> Lire aussi Des « jardins de la paix », sur les lieux mêmes de la Grande Guerre
« Nous pouvons créer un résultat qui s’autoentretient sur le long terme, persuade Mme Basson. Nous avons ici tellement de belles fleurs, tellement d’espèces qui poussent naturellement en massifs. Sur des paillages en graviers, nous installons des thyms, des trèfles, des graminées appelées Zoysia. Nous laissons pousser des prairies fleuries, que nous enrichissons d’arbustes pour les structurer et de quelques plantes colorées. Coupées au bon moment, elles se ressèment. » Sans le moindre green anglais, mais spectaculaires de beauté : ce sont ces jardins foisonnants, ébouriffés, réenfrichés, qui illustrent les magazines, désormais.
« Nos clients commencent à avoir ces images-là en tête », confirme, à Angers, Eddie Pineau, cogérant de Sicle, entreprise de paysagistes à vélo-cargo. Un jardin fait de parcelles variées, dont des corridors écologiques où l’on ne marche pas pieds nus. « On ne parle plus de se débarrasser des petites adventices. On diminue la surface de gazon tondu au minimum vital pour s’allonger et jouer, on laisse pousser le couvert enherbé grâce au stock de graines en place, à l’exception des chardons. Ces prairies spontanées, esthétiques et mellifères, on les fauche deux fois l’an, en laissant des petites circulations. Et sur les zones plus piétinées, on installe des couvre-sols. » Trèfles roses, thym tapissant, origan, menthe corse, buchloé faux-dactyle, véronique, dichondra, frankénie lisse, lotier corniculé… Hors du gazon, point de désert.
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La forte poussée du gazon synthétique
Certains jardiniers paysagistes refusent, d’autres cèdent à la demande croissante, ces trois dernières années : le gazon synthétique cartonne. En France, il s’écoule 10 millions de mètres carrés par an de ces pelouses en plastique utilisées pour les stades américains des années 1960, avant de séduire l’Europe trente ans plus tard, puis d’investir le marché résidentiel.
Ces tapis de polymères ont gagné en réalisme, avec des brins d’herbe plus fins et plus souples. Leur prix a baissé, passant de 35 euros en moyenne le mètre carré il y a huit ans à une vingtaine d’euros aujourd’hui. Les inquiétudes sanitaires des années 2000 ont été oubliées avec l’abandon du lestage par granulats issus de pneus recyclés. L’herbe dérivée du pétrole apparaît désormais à certains comme la solution permettant d’utiliser toute l’année la « pièce en plus » qu’est devenu le jardin, y compris dans ses zones les plus ombragées.
Pas jauni au retour de vacances, ni tondu, ni arrosé, ni nourri d’engrais… Sur Internet, certains fabricants manient sans vergogne l’argument écologique. Rudy Cassenac, le patron d’Exelgreen, leader français avec Leroy Merlin, évite la confusion : « On peut remplacer le gazon naturel mais seulement sur des petites surfaces impossibles à végétaliser, et sur les balcons et terrasses. Je ne couvrirais pas 500 mètres carrés de produits plastiques… » Laissant pénétrer l’eau de pluie mais chaud en été, et nécessitant un nettoyage régulier, le gazon de polymères sur enduction latex est une matière composite pour l’instant non recyclable. Leroy Merlin comme Exelgreen assurent y travailler pour 2022.
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<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2021/09/03/le-gazon-est-un-non-sens-ecologique-et-si-on-rangeait-enfin-les-tondeuses_6093325_4497916.html>
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17- Bain de mer à Marseille pour alerter sur l'impact climatique du chalutage de fond, AFP, 04/09/21, 12:00
Une trentaine de personnes dont une championne de surf ont plongé dans la Méditerranée samedi matin à Marseille, réclamant l'encadrement du chalutage de fond, menace pour la biodiversité et le climat, sous les yeux du jeune commissaire européen à l'Environnement.
Au lendemain de l'ouverture du congrès mondial sur la nature de l'UICN dans la 2e ville de France, quatre organisations ont voulu interpeller sur les ravages climatiques de cette pêche en eau profonde très développée en Europe qui racle les fonds marins et "a un impact climatique car tous les sédiments soulevés libèrent du carbone dans l'eau", explique Nicolas Fournier de l'ONG Oceana.
Les volumes sont de l'ordre "de centaines de millions de tonnes de dioxyde de carbone dans les océans chaque année, un volume d'émission similaire à l'aviation", insistait en mars une étude publiée dans Nature.
Maya Gabeira, championne brésilienne de surf, sait qu'elle doit "respecter l'océan car c'est lui le patron !", lance-t-elle aux nageurs matinaux avant de s'élancer dans une mer calme comme un lac.
Elle est venue faire entendre la voix des près de 150.000 personnes qui ont signé une pétition pour demander l'interdiction en Europe de ce type de pêche, en commençant par les aires marines protégées où elle est autorisée. Ils espèrent des avancées dans le plan d'action pour l'océan que l'Union européenne doit dévoiler dans les prochains mois.
"Cela va demander du travail, des fonds, de solides arguments scientifiques mais je suis presque sûr que si on travaille correctement, si on nous explique la cause (…) nous pourrons vraiment trouver un modèle de pêche qui n’irait plus dans les aires marines protégées", a répondu le commissaire européen à l'Environnement, le Lituanien Virginijus Sinkevicius, interrogé par l'AFP.
Il a toutefois insisté sur la nécessité d'inclure les industriels de la pêche rappelant que "notre flotte est très dépendante de cette technique et nous devons faire attention à cet impact social".
Le président français, Emmanuel Macron, a de son côté promis vendredi la tenue en France d'un sommet environnemental "One Ocean" fin 2021 ou début 2022 afin de "lancer des initiatives en matière de recherche, en matière de juridiction internationale et pour compléter le droit international qui nous permettra de protéger cet espace".
<https://information.tv5monde.com/info/bain-de-mer-marseille-pour-alerter-sur-l-impact-climatique-du-chalutage-de-fond-422981>
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18- Gaspillage alimentaire : Le carton de Smartway, la société qui séduit supermarchés et clients, 20 Minutes, 04/09/21, 13h37
Frédéric Brenon
Dates courtes. La start-up basée près de Nantes met au point des solutions pour mieux gérer les dates courtes et permettre aux consommateurs de profiter de réductions
• Smartway vend aux supermarchés plusieurs solutions, basées sur l’intelligence artificielle, pour mieux gérer les dates courtes.
• Le succès est tel qu’elle s’apprête à doubler ses effectifs en un an.
• La société avait déjà inventé il y a près de dix ans les armoires anti-gaspi.
Elle emploie 80 personnes et envisage de doubler ses effectifs d’ici à l’an prochain. A l’origine des armoires « zéro gâchis » dans les supermarchés il y a près de dix ans, la start-up Smartway, basée à Saint-Herblain près de Nantes, a cherché à « aller plus loin » dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle a alors mis au point il y a un peu plus d’un an des solutions (baptisées food waste management system) pour aider les distributeurs à mieux gérer les dates limites de consommation des produits comestibles dans les rayons.
« Nos dispositifs sont basés sur l’intelligence artificielle, explique Paul-Adrien Menez, cofondateur de Smartway. Le premier outil est une sorte de GPS qui permet de guider le salarié dans les rayons pour qu’il repère très rapidement les produits à date courte. Le gain de temps est énorme pour l’enseigne. »
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/nantes/3115427-20210904-gaspillage-alimentaire-carton-smartway-societe-seduit-supermarches-clients>
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19- Reportage. Au Cap d’Agde, une réserve marine au pays du tourisme de masse, Le Monde, maj le 05/09/21 à 06h56
Martine Valo, Cap d’Agde, Hérault, envoyée spéciale
Devant la station balnéaire s’étend une zone de protection renforcée de 310 hectares. Toute activité y est interdite mais ses gestionnaires ont fort à faire pour la défendre en haute saison estivale.
Des dizaines de Jet-Ski se croisent à la sortie du port de plaisance du Cap d’Agde, dans l’Hérault. Certains s’éloignent vers le large pour une randonnée en groupe. D’autres paradent à grande vitesse en vrombissant entre les bouées tractées ou à bord de voiliers, hors-bords, grosses vedettes de promenade à fond transparent, navires de plongée, Zodiac, toute une flottille d’estivants… Pas de pêcheurs de loisir aujourd’hui, ni de kayaks : la tramontane souffle trop fort. « C’est pour ça que la zone est calme, hier il y avait dix fois plus de monde », assure Marine Lange, salariée de l’Aire marine protégée (AMP) de la côte agathoise. En haute saison, depuis l’été dernier, le petit bateau de l’équipe patrouille chaque jour pour veiller sur ce secteur.
Ni Marine Lange, qui s’occupe de la sensibilisation au milieu marin des enfants des écoles le reste de l’année, ni ses collègues ne délivrent d’amendes. Les sept agents de l’AMP ne sont pas assermentés, mais ils ont signalé à la gendarmerie maritime une trentaine d’infractions cet été. Leur mission consiste surtout à aller inlassablement à la rencontre des contrevenants et des adeptes du nautisme pour expliquer avec pédagogie à quel point le bruit, la vitesse et le mouillage d’ancres dans des zones fragiles sont dommageables pour le milieu. S’il y a fort à faire devant ce littoral voué au tourisme de masse (la commune d’Agde reçoit environ 1,5 million de vacanciers par an), c’est qu’il abrite encore quelques trésors de biodiversité à protéger.
Amarrage écologique
Sur la côte languedocienne, sableuse et constellée d’étangs, un ancien volcan a laissé en héritage à Agde quelques fonds rocheux et l’unique île de la région sur laquelle se dresse le vieux fort de Brescou. Quarante-quatre bouées sont installées à proximité pour que les plaisanciers puissent s’amarrer de façon écologique. C’est la dernière aire possible avant la réserve marine du Roc de Brescou, qui s’étend vers le large. Sur 310 hectares, celle-ci interdit toute activité, sur ou sous l’eau. Créée fin 2019, cette réserve dite « intégrale » abrite un rare herbier de posidonies – cette plante aquatique à fleurs ne couvre que 1 % des fonds marins de la région –, ainsi que du coralligène – des algues encroûtantes fossilisées multicolores qui forment une sorte de récif corallien méditerranéen –, et des gorgones à squelette calcaire.
> Lire aussi la tribune :« Nous ne pouvons accepter la destruction du bien commun que constituent les herbiers de posidonies »
Au grand dam de ses gestionnaires, la réserve de Brescou – comprise dans l’AMP agathoise d’une superficie de 6 152 hectares, elle-même classée Natura 2000 depuis 2006 –, n’a pas obtenu des services de l’Etat l’autorisation d’indiquer ses limites par un balisage. Alors l’AMP a développé une application mobile destinée à informer les usagers de la mer de son existence et de sa fragilité, et ses agents poursuivent leur travail d’information tous azimuts.
A terre, malgré les panneaux enrichis de photos sous-marines devant la plage de la Grande Conque, les quelques familles de vacanciers interrogées ignorent tout des richesses sous-marines agathoises. En soupirant, un maître-nageur pointe du doigt les bouteilles et emballages abandonnés sur le sable noir volcanique pour indiquer le travail d’éducation qu’il reste à accomplir.
Station d’épuration dernier cri
« Avec 15 millions de nuitées, j’ai un spot exceptionnel pour sensibiliser les gens », lance Gilles d’Ettore (Les Républicains), maire d’Agde depuis 2001. Se définissant comme un « gaulliste écolo pragmatique », il annonce la construction d’une « maison de la mer » de 200 m2 d’ici à 2022 ou 2023.« Elle flottera comme un totem au milieu des 4 000 bateaux du port de plaisance. L’AMP y aura ses bureaux et exposera son travail. Plus personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. » L’élu a baptisé sa station d’épuration dernier cri – gage de la qualité de l’eau sur le littoral – « Posidonia », signe de sa volonté de voir prospérer la biodiversité locale. Les eaux usées qui servent à arroser le golf municipal viennent de là.
Le port, propre, a été équipé de petites cages pour servir de nurseries à poissons. Le balisage de la bande littorale des 300 mètres a été modifié. Plutôt que d’ancrer des pneus remplis de béton reliés à des chaînes potentiellement dommageables, des récifs artificiels ont été immergés et fixés au fond. « C’est valorisant pour la faune et plus facile pour les services techniques, se félicite-t-il. Voilà les réflexions très concrètes qu’il va nous falloir mener avec humilité face au changement climatique. »
Cet engagement n’empêche pas Gilles d’Ettore de cultiver quelques contradictions. Il plaide par exemple en faveur d’un développement du transport aérien, histoire de faire venir encore plus de touristes, et n’a pas lésiné durant ses mandats sur les autorisations de construction de lotissements sur un territoire déjà extrêmement dense.
Néanmoins, en 2013, la ville a pris sous sa tutelle l’AMP agathoise, gérée jusque-là par une association. Elle a ainsi inauguré un modèle municipal inédit pour une structure de cette nature en Méditerranée, et plutôt bien doté en personnel, par rapport à celles qui dépendent de l’Etat. La nouvelle « direction du milieu marin » a été confiée à Renaud Dupuy de la Grandrive, naturaliste, plongeur photographe sous-marin et créateur en 1976 de la première Société de protection de la nature d’Agde.
Pêcheurs enthousiastes
Sur le quai est posée une drôle de forme tarabiscotée en béton cellulaire : un futur récif artificiel réalisé par une imprimante 3D. « Nous travaillons à en concevoir un bien plus grand, qui servira de spot de plongée sous-marine, explique fièrement le directeur de la réserve. C’est une forme de compensation pour avoir exclu les plongeurs de la réserve. »
Renaud Dupuy de la Grandrive raconte l’exceptionnelle persévérance qu’il a fallu pour mettre en place toutes ces innovations. Il a appris comment obtenir des subventions de l’Europe et de la région – pour le bateau de l’AMP, notamment – et reçu plusieurs prix pour son action. « La création de la réserve marine en protection forte, j’en ai parlé en tout dernier, c’était vraiment le dossier le plus sensible », témoigne-t-il. Il a fallu convaincre les propriétaires des bateaux de promenade, les représentants des plaisanciers et d’abord les pêcheurs. « On a rencontré les trente petits métiers, les artisans, un par un. On les a consultés, écoutés. On les a emmenés voir leurs homologues des Bouches-du-Rhône pour qu’ils parlent en tête-à-tête de la ressource halieutique qui a progressé avec le cantonnement de pêche de la côte Bleue. Ça les a convaincus. »
> Poseidon, le nouveau bateau de l’Aire Marine Protégée de la côte agathoise <https://www.youtube.com/watch?v=yjx8n3XLbQE>, Aire marine protégée,14/06/21
Il reste bien quelques irréductibles. Mais « seulement des plus de 65 ans,assure Gérald Chambre, premier prud’homme des pêcheurs agathois et président du port de pêche. On est à 98 % pour la réserve. C’est comme la banque, pour nous, dans quelque temps, on va toucher les intérêts, pronostique-t-il, sourire aux lèvres. Et là, nous, les pêcheurs, on va tous vouloir l’agrandir, on voudra la pousser sur le sable ! »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/04/au-cap-d-agde-une-reserve-marine-au-pays-du-tourisme-de-masse_6093399_3244.html>
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20- Hectar, le gigantesque campus agricole de Xavier Niel, ouvre ses portes, BFMTV, 06/09/21, 06:11
Pauline Dumonteil
L'homme d'affaires Xavier Niel et Audrey Bourolleau, ancienne conseillère d'Emmanuel Macron, ont créé un campus agricole de 600 hectares à 1h30 du centre de Paris. Ferme pilote, maison pédagogique et formations, le campus se veut multiformes.
"Le plus grand campus agricole du monde, aux portes de Paris". C'est avec ces mots qu'est présenté Hectar, un campus piloté par le milliardaire français Xavier Niel et Audrey Bourolleau, ancienne conseillère d'Emmanuel Macron, et auparavant déléguée générale de Vin et Socité, un lobby de la filière viticole.
Installé sur plus de 600 hectares dans le parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, le campus accueillera sa première formation courant septembre pour accompagner la création d'entreprises agricoles. Cette première session sera composée d'une trentaine de candidats, triés sur le volet, l'administration ayant été submergée de demandes, précise Hectar à BFM Business.
>> Suite à lire à :
<https://www.bfmtv.com/economie/hectar-le-gigantesque-campus-agricole-de-xavier-niel-ouvre-ses-portes_AN-202109060008.html>
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21- « On a mis dans la tête des Africains qu’il faut acheter “occidental” pour avoir de la qualité : changeons la donne ! », Le Monde Afrique, maj le 07/09/21 à 08h25
Morgane Le Cam (Bamako, envoyée spéciale)
Avec son entreprise de transformation alimentaire Maya, la Sénégalo-Malienne Seynabou Dieng donne une seconde vie aux denrées locales invendues.
La mise en bouteille vient de s’achever. Sur les plans de travail en inox de Maya, une entreprise de transformation alimentaire basée en périphérie de Bamako, la capitale du Mali, les dizaines de flacons de vinaigrette défilent entre les mains gantées de trois ouvrières maliennes. Chacune y colle une étiquette où est inscrite la date de péremption de ce produit composé d’ail et de fines herbes maliennes. « Tout vient de chez nous, c’est notre fierté », s’enthousiasme Kancou Ballo, la cheffe de production de cette entreprise fondée en 2017 par la Sénégalo-Malienne Seynabou Dieng.
Sauce au piment et gingembre ou à l’ail, jus de baobab instantané, chapelure aux herbes, pâte à crêpes au maïs : sa petite entreprise de treize salariés commercialise une dizaine de produits à partir de fruits et de légumes issus de l’agriculture malienne. De quoi donner une seconde vie à ces aliments fortement périssables et qui finissent souvent dans la poubelle, faute d’être distribués ou choisis sur les étals. Au Mali comme sur le reste du continent, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que 40 % des fruits et légumes sont gâchés, en moyenne.
> Lire aussi Attaque de civils au Mali : la population terrorisée par des groupes djihadistes
« De la récolte jusqu’au marché, en Afrique de l’Ouest, les fruits et légumes sont mal conditionnés. L’absence de chaîne du froid, le choc du transport et l’humidité ou la chaleur font que leur durée de vie n’excède pas quelques jours. Transformer ces produits est un enjeu majeur pour lutter contre les pertes post-récoltes », détaille Victoria Bancal, chercheuse au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/06/on-a-mis-dans-la-tete-des-africains-qu-il-faut-acheter-occidental-pour-avoir-de-la-qualite-changeons-la-donne_6093633_3212.html>
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22- JO 2024 : à Aubervilliers, des jardins ouvriers historiques en partie détruits pour construire un centre aquatique, Novethic, 03/09/21
Marina Fabre
Depuis presque un siècle, les jardins ouvriers d'Aubervilliers survivent à l'urbanisation galopante mais les Jeux Olympiques 2024 pourraient bien sonner leur glas. Les autorités ont procédé, le 2 septembre, à l'évacuation des militants écologistes et des jardiniers qui occupaient les lieux depuis des mois pour empêcher la destruction des parcelles. Un nouveau projet prévoit la construction d'un centre aquatique qui servira notamment à l'entraînement des athlètes pour les JO.
C’est une page de l’histoire qui se tourne dans la douleur. Le 2 septembre, les forces de l’ordre ont pénétré dans les jardins ouvriers d’Aubervilliers occupés par des "jadistes" (jardins à défendre, en référence aux "zadistes") depuis avril dernier pour empêcher la destruction des lieux. Ces jardins, qui ont vu le jour en 1935, sont au cœur d’un projet d’infrastructure dans le cadre des Jeux Olympiques 2024 qui sera organisé à Paris.
4000 m2 des jardins ouvriers situés au pied du fort d’Aubervilliers, ville populaire de banlieue parisienne, devraient ainsi être amputés pour la construction d’un nouveau centre aquatique. L’infrastructure doit servir à l’entraînement des athlètes pour les JO 2024 puis sera ouverte aux habitants d’Aubervilliers. L’utilité de la piscine, pour une ville qui n’en compte qu’une, n’est pas au cœur de l’argumentation des jadistes. C’est la construction d’un solarium qui pose problème. D’autant que l’entrée payante - entre 10 et 15 euros - ne s’adresse pas à un public populaire. Les habitants se sentent ainsi dépossédés d’un des seuls espaces verts du département qui ne compte que 1,42 m2 de verdure par habitant.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/jo-2024-a-aubervilliers-des-jardins-ouvriers-historiques-sont-detruits-pour-construire-un-centre-aquatique-150131.html>
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23- Consommation, impact climatique, effet sur la biodiversité… Radioscopie d’une planète carnivore, Le Monde, 07/09/21, 17h15
Mathilde Gérard
Selon « l’Atlas de la viande », de la Fondation allemande Heinrich-Böll, la consommation de viande a doublé en vingt ans sur la planète, portée par la hausse de la population et des niveaux de vie.
Cartographier la production et la consommation mondiale de viande pour dépasser les polémiques. La Fondation Heinrich-Böll, un groupe de réflexion politique allemand proche des Verts et présent dans une trentaine de pays, publie, mardi 7 septembre, un Atlas de la viande, coécrit avec l’association Les Amis de la Terre Europe. Le document rassemble les dernières données sur l’élevage à partir de nombreuses sources : Organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation, Banque mondiale, enquêtes d’ONG….
Si les informations présentées dans cet ouvrage de 80 pages ne sont pas inédites, le travail de synthèse permet de mesurer le chemin à parcourir pour parvenir à un modèle de production plus durable. Loin d’appeler à se passer d’élevage, la Fondation Heinrich-Böll et Les Amis de la Terre souhaitent éclairer par des données factuelles l’impasse des modèles industriels. Pour les deux organisations, une production durable est possible, à condition que la demande de viande soit modérée.
« Nous nous rapprochons de l’échéance de 2030 pour les Objectifs de développement durable [ODD] que s’est fixés la communauté internationale, or d’ici là, la production de viande va continuer à augmenter dans le monde. Cette simple donnée rend impossible la réalisation des ODD », analyse Christine Chemnitz, directrice du département des politiques agricoles de la Fondation Heinrich-Böll. La responsable éditoriale de cet atlas cite notamment le rôle de l’intensification de l’élevage dans le réchauffement climatique, la hausse de la déforestation et la perte de biodiversité. Alors que la viande ne représente que 18 % des calories consommées dans le monde, sa production représente à elle seule de 56 % à 58 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole.
Sélection génétique
En vingt ans, la consommation carnée a doublé pour atteindre 320 millions de tonnes en 2018, portée par la hausse de la population et des niveaux de vie. Bien qu’un ralentissement soit observé, elle devrait encore grimper de 13 % d’ici à 2028 si aucune mesure n’est prise. La Chine est en volume le plus grand marché de la viande, représentant un tiers de la consommation mondiale. Mais à l’échelle individuelle, la consommation moyenne des Chinois ne représente que la moitié de celle des Nord-Américains (plus de 100 kg de viande par personne et par an – les Français, avec un peu plus de 80 kg, se situent dans la fourchette haute des gros consommateurs). A l’inverse, sur le continent africain, la consommation n’est que de 17 kg par personne et par an.
De plus en plus, le poulet et le porc, deux viandes peu onéreuses, sont en plein boom, même si la dernière est assortie d’interdits religieux pour une partie de la population. Aux Etats-Unis, la consommation individuelle de bœuf a ainsi diminué d’un tiers en trente ans, tandis que celle de poulet a plus que doublé. Au niveau mondial, les volailles, dont le rythme de croissance ultrarapide a été permis par la sélection génétique, représentent désormais 35 % de la production de viande.
> Lire notre enquête : Aux Pays-Bas, le poulet élevé sur étagères à la conquête du monde
A l’intérieur même d’un pays, la consommation carnée est un marqueur social : dans les nations les plus riches, les catégories les plus aisées et diplômées en consomment moins, tandis que le phénomène inverse s’observe dans les pays en développement, où la viande reste une denrée de luxe. Et, partout dans le monde, l’assiette se compose différemment selon le genre – en Allemagne par exemple, les hommes consomment deux fois plus de viande que les femmes.
Ces grandes tendances s’accompagnent d’une intensification des échanges commerciaux internationaux. Dans les années 1960, seule 4 % de la production bovine mondiale était destinée à l’export ; la part est aujourd’hui de 20 %. En parallèle, le secteur se concentre entre les mains d’une poignée demultinationales. Aux Etats-Unis, quatre entreprises (JBS, Tyson, Cargill et Marfrig) contrôlent ainsi 85 % du marché national du bœuf par leurs abattoirs et usines de transformation.
> Lire aussi Jonathan Safran Foer : « Il nous faut devenir des gens qui ne volent rien à la planète »
La Fondation Heinrich-Böll voit malgré tout de l’espoir dans le comportement des plus jeunes. Cet atlas est assorti d’une enquête de l’université de Göttingen auprès d’un échantillon représentatif d’Allemands âgés de 15 à 29 ans : si 13 % d’entre eux ont cessé de manger de la viande, 44 % de ceux qui en consomment encore sont prêts à réduire leur part pour des raisons climatiques. « Les jeunes générations ne voient pas la consommation de viande comme une simple question privée, commente Christine Chemnitz. Souvent, les politiques se dédouanent de toute action en disant que la consommation relève de la liberté individuelle. Mais ils ne tiennent pas compte du fait que l’environnement alimentaire [l’accessibilité des produits, leurs prix, le marketing…] influe sur ces choix. »
La Fondation liste des mesures qui pourraient être mises en place, agissant autant sur l’offre (par des critères plus stricts de bien-être animal, de nombre maximum d’animaux par hectare et par des subventions à la transition) que sur la demande (par l’étiquetage, les options dans la restauration collective ou encore par des politiques tarifaires). Mais aucun pays dans le monde n’a adopté de stratégie globale pour réduire la consommation de viande et aucun ne se dit prêt à réduire le nombre d’animaux d’élevage.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/radioscopie-d-une-planete-carnivore_6093708_3244.html>
En savoir plus :
> Meat Atlas 2021- Facts and figures about the animals we eat <https://eu.boell.org/en/MeatAtlas>, By the Heinrich-Böll-Stiftung, Friends of the Earth Europe and BUND, 08 September 2021
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24- Pesticides : Nicolas Hulot prend acte des engagements d’Emmanuel Macron pour une « sortie accélérée », 20 Minutes avec AFP, 08/09/21, 12h34
Biodiversité. Lorsque la France assurera, au premier semestre 2022, la présidence tournante de l’UE, le président compte porter « une initiative forte » en la matière
La promesse d’Emmanuel Macron, vendredi à Marseille, de s’engager à porter « une initiative forte (…) de sortie accélérée des pesticides », quand la France assurera au premier semestre 2022 la présidence tournante de l’Union européenne, a fait réagir Nicolas Hulot. L’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé mardi « prendre acte » de cette annonce. Il y voit d’ailleurs « la première chose efficace » à faire pour la France pour préserver la biodiversité.
« Le président a annoncé [vouloir] accélérer la sortie des pesticides. Il n’était pas à un stade où il pouvait donner des détails sur le calendrier sur les moyens etc. Mais à ce stade on prend acte », a déclaré Nicolas Hulot en marge de l’inauguration du Congrès mondial de la bio à Rennes, dont il est le parrain.
Le combat pour les « clauses miroirs »
Cette annonce d'Emmanuel Macron « c’est très important parce que ce que nous disent les scientifiques, c’est que sous nos latitudes, les pesticides sont l’une des premières causes de l’érosion de la biodiversité », a rappelé le président de la Fondation Nicolas Hulot. « Si la France veut faire quelque chose, la première chose qu’elle peut faire d’efficace c’est effectivement d’accélérer le calendrier. »
Selon Nicolas Hulot, cette accélération doit être « assortie d’une deuxième condition, sur laquelle [le président] s’est engagé et nous en prenons acte : c’est se battre pendant la présidence française de l’UE pour la mise en place de clauses miroirs » aux frontières de l’Union contre la concurrence déloyale.
Invitée au Congrès, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a notamment plaidé pour « un ou une ministre de la Transition écologique dans tous les pays ». Et, selon elle, « ce ministère devrait inclure l’Agriculture, j’en suis persuadée ». Nicolas Hulot a en outre adressé à la ministre un « encouragement » en clôture de la cérémonie d’ouverture. « Cela fait longtemps que je dis que si l’on veut raisonnablement, efficacement, traiter la Transition écologique, il faut des adaptations démocratiques. On ne peut pas avoir en permanence deux ministères qui soient en conflit », a-t-il expliqué.
Le Congrès mondial de la bio, dont c’est la 20e édition, se tient jusqu’à vendredi. Quelque 2.000 personnes, d’une cinquantaine de pays, se sont inscrites pour participer à ce congrès en présentiel et en distanciel.
<https://www.20minutes.fr/planete/3118879-20210908-sortie-pesticides-nicolas-hulot-prend-acte-engagements-emmanuel-macron>
Sur le même sujet :
> Sortie des pesticides: Hulot prend acte des annonces de Macron <https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Sortie-des-pesticides-Hulot-prend-acte-des-annonces-de-Macron-1756983>, Paris Match avec AFP, 08/09/21, 15h32
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25- Reportage. Agriculture : à Rennes, Hulot se fait bio, Libération, 08/09/21, 12h51
Pauline Moullot
Lors de la vingtième édition du «Congrès mondial de la bio» en Bretagne, l’ancien ministre de la Transition écologique a réclamé des moyens concrets pour sortir des pesticides et changer d’agriculture.
Il est arrivé en terrain conquis. Nicolas Hulot, parrain du «Congrès mondial de la bio», qui réunit cette semaine plus de 2 000 personnes (en présentiel à Rennes et en virtuel), venues de cinquante pays différents selon les organisateurs, a réitéré son appel à agir d’urgence pour la transition écologique. Et donc à transformer l’agriculture. Quelques jours après l’annonce d’Emmanuel Macron au Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) de porter une «initiative forte […] de sortie accélérée des pesticides», son ancien ministre lui a clairement rappelé lors de la cérémonie d’ouverture pour la vingtième édition de ce grand raout sur le bio qu’il fallait «une méthode» pour y parvenir. «Des objectifs, c’est bien. Des stratégies, des moyens, c’est mieux. On ne peut plus se permettre de fixer des objectifs en espérant que la situation va s’autoréguler.»
«L’agriculture, c’est le premier conducteur en matière de perte de biodiversité, les pesticides sont probablement l’un des premiers facteurs», a martelé Nicolas Hulot lors de son discours, puis face aux journalistes. Pointant «
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/agriculture-a-rennes-hulot-se-fait-bio-20210908_MMLCQJE3VBD73D7WONVWQZWVFM/>
Sur le même sujet :
> Nicolas Hulot à Rennes, pour l’ouverture du congrès mondial de la Bio, Ouest-France, 07/09/21, 22h02
Sarah Humbert
Jusqu’au 10 septembre 2021, Rennes accueille le congrès mondial de la Bio. Nicolas Hulot, parrain de cette première édition française, a pris la parole, mardi 7 septembre au soir, pour l’ouverture de l’événement.
« Les systèmes agricoles et alimentaires peuvent participer au désordre, mais aussi aux solutions », a affirmé, mardi 7 septembre 2021 au soir, Nicolas Hulot, lors de la cérémonie d’ouverture du congrès mondial de la Bio, à Rennes. Parrain de l’événement, qui réunit 2 500 acteurs du secteur biologique, l’ancien ministre de la Transition écologique a souligné les enjeux auxquels la société doit répondre, face à l’urgence écologique. « Nous pouvons et devons agir. Pas demain,...
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/nicolas-hulot-a-rennes-pour-l-ouverture-du-congres-mondial-de-la-bio-6b90dda4-100b-11ec-ab09-00c403164e98>
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En images
26- Documentaire. La face cachée du cacao, Public Sénat, 24/08/21, 18:29
Au cœur des forêts protégées de Cote d'Ivoire, des enfants venus du Burkina Faso voisin, poussés par la faim et la sécheresse, travaillent gratuitement contre de la nourriture : machettes tranchantes, lourdes charges, épandage de glyphosate sans protection... Au bout de plusieurs années d´esclavage, ils peuvent espérer recevoir une parcelle à cultiver pour eux-mêmes. Ces plantations illégales dont ils sont prisonniers continuent de grignoter la forêt primaire déjà réduite à peau de chagrin. 90% de la forêt primaire a disparu sous les assauts de planteurs désespérés dont les revenus ne permettent pas de survivre. Esclavage, déforestation massive, intraçable, ce cacao criminel entre sans difficulté dans le circuit commercial légal et certifié pour se retrouver dans les rayons de nos supermarchés.
Le marché du chocolat pèse 100 milliards d´euros chaque année. Les industriels s´étaient engagés, en 2001, à éradiquer le travail des enfants dans les champs de cacao et à préserver la forêt. Pourtant, près de 20 ans plus tard, rien n'a changé en Côte d´Ivoire, premier producteur mondial.
> Un documentaire (60 min) de Paul Moreira.
<https://www.publicsenat.fr/emission/documentaire/la-face-cachee-du-cacao-144864 <https://www.publicsenat.fr/emission/documentaire/la-face-cachee-du-cacao-144864>>
Sur le même sujet :
> Télévision : « La Face cachée du cacao », un business « cannibale » et criminel <https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/21/television-la-face-cachee-du-cacao-un-business-cannibale-et-criminel_6012558_3246.html>, Le Monde, 21/09/19, 16h15
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27- Agriculture : dix ans après sa conversion au bio, un producteur de lait triple son salaire, France 2, journal de 13h, 06/09/21
Le phénomène du bio bouleverse notre agriculture. La demande est forte alors beaucoup d'exploitants s'y mettent. C'est le cas de Bruno Joly. Producteur de lait à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers (Vienne), il a hérité de la ferme familiale et a décidé de changer complètement de modèle.
À Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, dans la Vienne, Bruno Joly est un ancien producteur intensif de lait. En 1991, il amorce un changement radical pour une production plus raisonnée, jusqu'à se convertir à l'agriculture biologique il y a dix ans. "Comme on n'achète pas d'engrais pour faire pousser l'herbe, on a beaucoup moins de charges", affirme l'agriculteur.
Avec le logo bio, les ventes bondissent
Pour nourrir ses vaches, Bruno Joly consacre 60 hectares de terres aux cultures, comme celle de la betterave fourragère. "Les vaches en mangent 20 kilos tous les soirs", explique-t-il. Le lait de ses vaches part directement dans sa fromagerie. "Dès qu'on a mis le logo bio, on a augmenté nos ventes en instantané de 40%", poursuit le producteur. En dix ans, il a même recruté cinq personnes. Ses produits, beurre, crème fraîche, yaourts, sont vendus dans une centaine de magasins aux alentours. La conversion en bio de sa ferme a permis à Bruno Joly de presque tripler son salaire et celui de ses associés.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-dix-ans-apres-sa-conversion-au-bio-un-producteur-de-lait-triple-son-salaire_4761919.html>
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)…
NOS PROGRAMMES
— Génération climat <http://www.generation-climat.org/>, un programme de soutien aux jeunes porteurs de projets en France et à l’étranger.
— J’agis pour la nature <https://jagispourlanature.org/>, des activités de bénévolat nature partout en France.
— Mon Restau Responsable <https://www.monrestauresponsable.org/>®, un outil gratuit destiné à accompagner les restaurants collectifs qui souhaitent proposer à leurs convives une cuisine saine, de qualité et respectueuse de l’environnement.
— L’affaire du siècle <https://laffairedusiecle.net/>, une campagne de mobilisation pour soutenir l'action en justice contre l'Etat pour le climat.
— The Freaks <https://www.the-freaks.fr/>, un collectif d'artistes et de personnalités qui s'engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la sur-consommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité.
— Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/>, 100 propositions de Nicolas Hulot pour prendre la mesure des changements à entreprendre pour opérer une transition écologique socialement juste.
— Baromètre des mobilités <http://barometremobilites-quotidien.org/>, une analyse annuelle des pratiques de mobilité des Français.
LES PUBLICATIONS DU THINK TANK
— Les rapports et contributions <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?category=think-tank&think-tank=rapport-contributions>
— Les Points de vue & Editos <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-points-de-vue-editos&category=think-tank>
— Les Talks <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-talks&category=think-tank>
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