[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (jeudi 16 septembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 16 Sep 08:31:22 CEST 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- S’aligner sur un essentiel commun <https://3kwcu.r.ag.d.sendibm3.com/mk/mr/y4YTL35kOVNRmQxcxoqswoYMh3pchhWfRNtiYDQiJgCWtsXbAJA2gkCkYVyp5DKSgtDWgTUMcNTMAuNWxuA1YG9eUG1k7PFagbHyqJD4Kbv_F9s>, TEK4life, Newsletter du 31/08/21
2- Espèces envahissantes : une catastrophe écologique et économique <https://lejournal.cnrs.fr/articles/especes-envahissantes-une-catastrophe-ecologique-et-economique>, CNRS le journal, 01/09/21
3- Au congrès mondial de la nature, des participants appellent à des règles plus équitables <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/08/au-congres-mondial-de-la-nature-des-participants-appellent-a-des-regles-plus-equitables_6093868_3244.html>, Le Monde, 08/09/21, 13h34
4- Tribune. Sur l’environnement, « écoutons ce que les peuples autochtones ont à nous dire » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/08/environnement-ecoutons-ce-que-les-peuples-autochtones-ont-a-nous-dire_6093922_3232.html>, Le Monde, 08/09/21, 19h44 
5- Un réseau de trafiquants d'ivoire vers l'Asie condamné, <https://www.geo.fr/environnement/un-reseau-de-trafiquants-divoire-vers-lasie-condamne-206196> AFP, 08/09/21, 21:00
6- Donner une valeur à la nature, le défi à relever pour les entreprises <https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/isr-rse/donner-une-valeur-a-la-nature-le-defi-a-relever-pour-les-entreprises-150139.html>, Novethic, 08/09/21
7- Au Kenya, les pêcheurs à la mouche veulent ouvrir les portes de leur "paradis" <https://information.tv5monde.com/info/au-kenya-les-pecheurs-la-mouche-veulent-ouvrir-les-portes-de-leur-paradis-423625>, AFP, 09/09/21, 09:00
8- A Marseille, la difficile traque du trafic d'espèces sauvages <https://www.geo.fr/environnement/a-marseille-la-difficile-traque-du-trafic-despeces-sauvages-206200>, AFP, 09/09/21, 11:00
9- Congrès UICN : Act4nature, l’heure du bilan <https://uicn.fr/congres-uicn-act4nature-lheure-du-bilan/>, Comité français de l’UICN, 09/09/21
10- Deux fois plus d'humains et trois fois moins d'animaux en un demi-siècle <https://www.dna.fr/environnement/2021/09/10/deux-fois-plus-d-humains-et-trois-fois-moins-d-animaux-en-un-demi-siecle>, Les DNA avec AFP, 10/09/21, 13:39
11- Portrait. Sylvie Monier, défenseuse acharnée des haies : « On a cru qu’on pouvait se passer d’arbres » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/10/sylvie-monier-defenseuse-acharnee-des-haies-on-a-cru-qu-on-pouvait-se-passer-d-arbres_6094145_3244.html>, Le Monde, 10/09/21, 16h29
12- Tribune. « La restauration des écosystèmes miniers et la préservation de leur biodiversité sont un défi environnemental et sociétal majeur » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/10/la-restauration-des-ecosystemes-miniers-et-la-preservation-de-leur-biodiversite-sont-un-defi-environnemental-et-societal-majeur_6094204_3232.html>, Le Monde, 10/09/21, 17h00 
13- Sur votre balcon ou dans votre jardin : comment agir chez soi pour préserver la biodiversité <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/10/balcons-jardins-agir-chez-soi-pour-la-biodiversite_6094085_3244.html>, Le Monde, 10/09/21, 17h29
14- Près de 500 infractions aux règles protégeant la posidonie en Méditerranée française <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pres-de-500-infractions-aux-regles-protegeant-la-posidonie-en-mediterranee-francaise_157423>, AFP, 10/09/21, 18h36
15- Sri Lanka : des éléphants volés rendus à leurs ravisseurs <https://information.tv5monde.com/info/sri-lanka-des-elephants-voles-rendus-leurs-ravisseurs-423918>, AFP, 10/09/21, 23:00
16- Congrès mondial pour la nature : vanille, coton et avocat sont-ils en danger d'extinction ? <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/biodiversite-congres-mondial-nature-vanille-coton-avocat-sont-ils-danger-extinction-93443/>, Futura-sciences, 10/09/21
17- Le congrès mondial de la nature s'achève sur un bilan en demi-teinte <https://www.actu-environnement.com/ae/news/congres-mondial-nature-uicn-marseille-bilan-38152.php4>, Actu-environnement, 10/09/21
18- « L’humanité a atteint un point de bascule », alerte le Congrès mondial de la nature <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/11/l-humanite-a-atteint-un-point-de-bascule-alerte-le-congres-mondial-de-la-nature_6094256_3244.html>, Le Monde, 11/09/21, 04h09 
19- Nicolas Hulot prévient que “nous sommes à la veille d’un point critique” concernant la conservation de la biodiversité <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-a-marseille-nous-sommes-au-bord-d-un-point-de-rupture-sur-la-preservation-de-la-biodiversite-alerte-nicolas-hulot_4768201.html>, France TVinfo, 11/09/21, 09:14
20- Les peuples autochtones, acteurs majeurs de la protection des espèces et des écosystèmes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/11/les-peuples-autochtones-acteurs-majeurs-de-la-protection-des-especes-et-des-ecosystemes_6094301_3244.html>, Le Monde, 11/09/21, 09h52
21- Congrès mondial de la nature : l'UICN appelle à des "changements radicaux" dans son manifeste de clôture ? <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-l-uicn-appelle-a-des-changements-radicaux-dans-son-manifeste-de-cloture_4767777.html>, France info avec AFP, 11/09/21, 11:01
22- Factuel. Mathilde Deniaud, bénévole à la Ligue pour la protection des oiseaux : « On essaie de limiter la casse sur la Terre » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/11/mathilde-deniaud-benevole-a-la-ligue-pour-la-protection-des-oiseaux-on-essaie-de-limiter-la-casse-sur-la-terre_6094311_3244.html>, Le Monde, 11/09/21, 12h30
23- Congrès de la nature 2021 : un bilan salué malgré des réserves <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/congres-de-la-nature-2021-un-bilan-salue-malgre-des-reserves-150150.html>, Novethic, 13/09/21
En audio
24- L'espace, une vigie pour l'état de la nature <https://www.franceinter.fr/emissions/mission-alpha-journal-de-bord-de-thomas-pesquet/mission-alpha-journal-de-bord-de-thomas-pesquet-du-samedi-11-septembre-2021>, France Inter, Mission Alpha : journal de bord de Thomas Pesquet, 11/09/21, 13:15
En images
25- L’Office français de la biodiversité publie une première photo des deux petits lynx <https://www.dna.fr/environnement/2021/08/06/l-ofb-publie-une-premiere-photo-des-deux-petits-lynx>, Les DNA, 07/08/21, 19:15
26- Faune sauvage : ces drôles de photos d'animaux en finale des Comedy Wildlife Awards 2021 <https://www.geo.fr/environnement/faune-sauvage-ces-droles-de-photos-danimaux-en-finale-des-comedy-wildlife-awards-2021-206117>, Géo, 02/09/21, 13h16 
27- À la rencontre des orangs-outans de Tapanuli <https://www.lci.fr/evasion/video-a-la-rencontre-des-orangs-outans-de-tapanuli-2195894.html>, TF1, journal de 20h, 09/09/21

Bien à vous,
Florence

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CONGRÈS MONDIAL DE l'UICN : — Deuxième cause d'extinction d'espèces sur Terre, les invasions biologiques font également payer un lourd tribut à notre santé et à notre économie. Décryptage à l'occasion du congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature. (cf. item 2)
— Questionnement : est-il possible d’organiser un grand rendez-vous mondial de manière équitable en temps de pandémie ? (cf. item 3)
— Les groupes indigènes représentent 5 % de la population mondiale mais gèrent au moins 25 % de la surface terrestre, où se concentre près de 80 % de la biodiversité. (cf. item 4 & 20)
— Rythme : En 50 ans, la population mondiale a doublé, passant de 3,5 milliards à plus de 7 milliards d'êtres humains et dans le même intervalle, les populations de mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons se sont effondrées de 68% au niveau mondial… (cf. item 10)
— Selon une étude qui a analysé le risque d'extinction de 224 espèces de plantes, la survie du maïs, de l'avocat et de la tomatille dépend du sauvetage de leurs cousins respectifs en Mésoamérique ! (cf. item 16 & suite)
— Point de bascule : les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), réunis en congrès à Marseille, ont appelé à agir « radicalement » sur les causes de la perte de biodiversité. (cf. item 18 & 19)
— Recommandation : le manifeste de l'Union internationale pour la conservation de la nature propose notamment de protéger au moins 30% de la planète d'ici 2030, mais aussi de créer un réseau d'aires protégées "ambitieux, interconnecté et efficace". (cf. item 21)
— Le bilan général est positif : les 1 200 membres de l'UICN ont voté une vingtaine de motions qui doivent rehausser l'ambition en matière de protection de la biodiversité. Pour la première fois, les peuples autochtones ont été invités à prendre part aux votes. Mais les associations dénoncent un bilan mitigé du côté de l'Hexagone, alors que des annonces fortes étaient espérées. (cf. item 9, 17, 23 & suite)
DÉFI DU JOUR : Et si les services rendus par la nature ou les impacts des entreprises sur l’environnement étaient intégrés dans les comptes des entreprises ? (cf. item 6)
PORTRAITS DU JOUR : — Depuis vingt ans, Sylvie Monier, conseillère en agroforesterie et éleveuse en Auvergne, se bat pour préserver les haies champêtres et le bocage, qui jouent un rôle essentiel pour le climat, la biodiversité et l’agriculture. (cf. item 11)
— Les centres de soins de la faune sauvage fonctionnent en grande partie grâce à l’implication de citoyens comme Mathilde Deniaud, bénévole à la LPO. (cf. item 22)
— Maxime Aliaga s'est pris de passion pour les orangs-outans de Tapanuli et diffuse les photos de l'animal pour sensibiliser l'opinion publique. (cf. item 27)
M’ENFIN DU JOUR : Huit prévenus, irlandais, chinois ou vietnamiens jugés à Rennes pour un vaste trafic d’ivoire et de cornes de rhinocéros ont été condamnés à des peines allant jusqu'à trois ans de prison ferme. Mais la traque du trafic d'espèces sauvages reste difficile. (cf. item 5, 8 & 14)
ABRACADABRA DU JOUR : Deux foyers pour éléphants au Sri Lanka ont été forcés de rendre 13 des jeunes animaux volés dans des parcs naturels à leurs ravisseurs présumés à la suite d'une décision de justice. (cf. item 11)
ALTERNATIVE DU JOUR : Chez soi, sur des centaines de mètres carrés de jardin, et même sur quelques mètres carrés de cour, de terrasse ou de balcon, quelques centimètres carrés de rebord de fenêtre, la faune et la flore ordinaires peuvent être protégées. (cf. item 13)
SMILEY DU JOUR : Découvrez les clichés finalistes des Comedy Wildlife Photography Awards ou les photos d'animaux les plus drôles de l’année. (cf. item 26)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- S’aligner sur un essentiel commun, TEK4life, Newsletter du 31/08/21
Par Dorothée Browaeys, TEK4life

Alors que l’été s’étire et sort ses fruits dorés, la rentrée rassemble nos énergies en un feu… presque rouge. Semaine pour « Agir pour le vivant » à Arles avec un débat tendu entre Eva Joly et Philippe Zaouati sur « Civiliser l’économie », Universités de l’Economie de demain (UEED) organisées par Impact France à Paris, intitulées « Le Tournant », et mobilisant 1 500 dirigeants, « Plan de rupture » présenté le 25 août à Nantes par le collectif « Plus jamais ça ! » constitué par une quinzaine d’organisations et une trentaine de groupes régionaux.
Alerte rouge
Les collectifs avancent chacun des « mesures basculantes » pour inspirer la rentrée avec les Présidentielles françaises en vue. L’automne sera le théâtre des Primaires des partis mais aussi de la Primaire populaire qui constituera une « Primaire des idées nouvelles » pour une autre civilisation. L'économiste Alain Grandjean a publié dans Alternatives économiques son « plan climat pour le prochain quinquennat », tandis que son collègue Gaël Giraud,  largement « parrainé » parmi d’autres personnalités par les participants de la Primaire populaire, propose sur son blog douze mesures originalespour « amorcer la reconstruction écologique du pays ». De son côté, le sociologue Alain Caillé emmène avec lui la communauté des convivialistes, qui prône une politique inédite d’opposition créatrice contre les inégalités et l’hubris prédateur. Ce ne sont là que quelques exemples dans une effervescence qui va aller crescendo.
J’aime la métaphore du scientifique suédois Johan Rockström : « Imaginons-nous au volant, à la montagne, sur une route qui serpente, dans une voiture au moteur trop puissant, qui roule trop vite, les phares éteints, avec les précipices où on risque de tomber. Il vaut mieux allumer les phares. C’est ce que la science veut nous donner : des phares pour voir les dangers qui arrivent. » Ainsi s’exprime-t-il dans le documentaire Breaking Boundaries realisé avec l’icône de la BBC, David Attenborough, pour alerter sur les « tipping-points », ces points de non-retour susceptibles de provoquer des changements irréversibles pour notre planète.
Irréversible, le mot est lâché, celui même utilisé dans la livraison du dernier état des lieux du GIEC cet été. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a décrit la situation comme une « alerte rouge pour l'humanité ». On craint même des effets d’emballement non anticipables notamment avec la fonte des glaces (perte de 100 000 m3 chaque seconde), qui entraînera une baisse du flux solaire réfléchi…
>> Suite à lire à :
<https://3kwcu.r.ag.d.sendibm3.com/mk/mr/y4YTL35kOVNRmQxcxoqswoYMh3pchhWfRNtiYDQiJgCWtsXbAJA2gkCkYVyp5DKSgtDWgTUMcNTMAuNWxuA1YG9eUG1k7PFagbHyqJD4Kbv_F9s>
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2- Espèces envahissantes : une catastrophe écologique et économique, CNRS le journal, 01/09/21
Julien Bourdet

Deuxième cause d'extinction d'espèces sur Terre, les invasions biologiques font également payer un lourd tribut à notre santé et à notre économie. Décryptage à l'occasion du congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature qui se tiendra du 3 au 11 septembre à Marseille. 
Qu'est-ce qui met en péril la biodiversité de la planète au point d'être la seconde cause d'extinction d'espèces après la destruction et la dégradation des habitats ? Surprise, ce n'est ni le réchauffement climatique, ni la pollution, ni la surexploitation des ressources... mais les invasions biologiques. Derrière ce terme se cachent des dizaines de milliers d'espèces en tout genre (plantes, animaux, champignons, microbes) et de tout milieu, terrestre comme aquatique, déplacées, volontairement ou non, par les activités humaines hors de leur région d'origine. Quand ils arrivent dans de nouveaux environnements, ces envahisseurs peuvent y faire des ravages, entrant en compétition avec les espèces locales pour s'approprier les ressources, devenant de redoutables prédateurs ou modifiant complètement les écosystèmes.
Un phénomène en expansion
Un exemple : l'énorme perche carnivore du Nil, introduite dans les années 1950 pour la pêche dans le lac Victoria, a en quelques décennies fait disparaître ou menacé d'extinction 200 des 300 espèces de petits poissons cichlidés du lac. Et comme en plus ces cichlidés étaient herbivores, détritivores ou insectivores, c’est l’écosystème entier qui a été bouleversé. Autre illustration : le miconia, un arbre originaire d'Amérique du Sud, apporté accidentellement sur de nombreuses îles du Pacifique dans de la terre « contaminée » et par des engins de chantier, a envahi les deux tiers de Tahiti. Formant des fourrés denses empêchant les autres plantes d'accéder à la lumière, il menace aujourd’hui près de 70 espèces endémiques de l'île française.
Cela fait bien longtemps que les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme sur la menace que représentent les invasions biologiques pour la biodiversité mondiale. Le phénomène est d'autant plus inquiétant qu'il risque de s'aggraver encore dans le futur avec l'accélération du commerce international et du tourisme, les deux principaux vecteurs de transport des espèces exotiques. 
« Malheureusement, force est de reconnaître que la prise de conscience du problème par le public et les décideurs est encore très insuffisante, souligne Franck Courchamp, du laboratoire Écologie, systématique et évolution1. Le cadre réglementaire et sa mise en œuvre restent trop limités pour ralentir efficacement le flux des introductions d'espèces. Par exemple, seules 66 espèces exotiques envahissantes sont inscrites sur la liste des espèces préoccupantes par l'Union européenne alors qu'on estime leur présence entre 4 000 et 5 000 en Europe ».
Ce manque de prise de conscience s'explique en partie parce que les impacts écologiques des invasions biologiques sont aussi divers que le sont les espèces envahissantes elles-mêmes et donc plus complexes à cerner que ceux du changement climatique par exemple. C'est pourquoi les chercheurs ont décidé de changer leur fusil d'épaule : ils interpellent désormais les pouvoirs publics sur les conséquences économiques, cette fois, des invasions biologiques. « C'est triste à dire mais on a plus de chance d'être écouté quand on parle d'argent et non plus d'extinctions d'espèces et de dégradation d'habitat », confie l'écologue.
>> Suite à lire à :
<https://lejournal.cnrs.fr/articles/especes-envahissantes-une-catastrophe-ecologique-et-economique>
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3- Au congrès mondial de la nature, des participants appellent à des règles plus équitables, Le Monde, 08/09/21, 13h34
Perrine Mouterde

La France s’oppose à une motion, soumise au vote mercredi, qui demande une révision du mode de scrutin pour faciliter la participation de tous malgré la pandémie. 
Est-il possible d’organiser un grand rendez-vous mondial de manière équitable en temps de pandémie ? La question se pose de façon pressante en pleine réunion de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Marseille. Une partie de ses membres appelle à revoir l’organisation du congrès pour le rendre plus inclusif, par le biais d’une motion qui doit être débattue mercredi 8 septembre, et à laquelle la France s’oppose. En écho à ces préoccupations, plus de 1 500 organisations ont réclamé mardi le report de la conférence mondiale sur le climat (COP26) prévue en octobre en Ecosse, en estimant qu’elle ne pourrait être « ni juste ni inclusive ».
> Lire aussi  L’ONU rejette la demande de report de la COP26 réclamé par 1 500 ONG en raison de la pandémie
A Marseille, la motion déposée le 1er septembre demande qu’il soit possible de voter en ligne, d’ici un mois, sur la quasi-totalité des propositions de « haute importance », « particulièrement controversées » ou « urgentes », qui seront discutées de mercredi à vendredi lors de l’assemblée générale des membres. Ce sont ces textes qui, une fois adoptés, établissent les grandes règles et les priorités en termes de protection de la nature au niveau mondial pour les prochaines années. Actuellement, l’organisation du congrès prévoit que seuls les membres présents en France puissent se prononcer – les absents pouvant confier leur droit de vote à un délégué se trouvant à Marseille.
« Besoin de travailler tous ensemble »
« Nous avons besoin de prendre des décisions mais nous avons aussi besoin de travailler tous ensemble, affirme Vance Martin, le président de l’ONG américaine Wild Foundation. Les gens commencent à comprendre l’état catastrophique dans lequel se trouve la nature, mais il faut répondre à ce défi de façon intègre et unie. C’est avant tout une question de principe. »
> Lire aussi  Les mammifères marins et les vieilles forêts au cœur des débats de l’UICN
La pandémie de Covid-19 a largement entravé les déplacements des membres. Ceux issus de pays en zone rouge n’étaient autorisés à venir en France que s’ils avaient reçu un vaccin reconnu en Europe. « On se bat pour survivre en cette période de Covid-19, beaucoup ont moins de ressources financières, alors sortir de son pays est très compliqué », confirme Ernesto Herrera Guerra, le directeur général de l’ONG mexicaine Reforestamos et président du comité de la région mésoaméricaine de l’UICN. Pour ceux restés chez eux, le décalage horaire ou les difficultés techniques compliquent le suivi des discussions à distance.
L’UICN affirme qu’un nombre suffisant de votants est présent à Marseille pour que le quorum soit atteint lors de l’assemblée des membres. Selon les chiffres officiels obtenus par Le Monde, 38 % des 767 membres de l’UICN qui se trouvent en France mercredi et pourront voter – sur 1 500 – sont originaires d’Europe occidentale, 15 % sont Africains, 14 % viennent d’Amérique centrale et du Sud, 13 % viennent d’Amérique du Nord et des Caraïbes et moins de 10 % sont originaires d’Asie du Sud et de l’Est.
Risques de discriminations
Avant même l’ouverture du congrès, différents membres de l’UICN avaient alerté sur le risque de discriminations provoquées par l’organisation de cette réunion en pleine crise sanitaire. « Les droits et les intérêts des peuples et des nations d’Afrique, en ce qui concerne la conservation de la nature, seront façonnés et déterminés par des membres extérieurs au continent, en excluant les voix et points de vue des Africains », écrivaient ainsi plusieurs responsables d’organisations telles que l’African Wildlife Foundation au Kenya ou l’Institut du développement en Ouganda.
Des représentants des peuples indigènes se sont également inquiétés des inégalités engendrées par le format hybride du congrès. « Nous considérons que le mode de scrutin n’est pas juste puisque les organisations qui ne peuvent participer en personne devront déléguer ce droit à autre organisation, ont détaillé plusieurs groupes de peuples autochtones dans un courrier. Cela porte atteinte au système démocratique fondé sur une participation pleine et effective. »
Mardi matin, plusieurs dizaines de membres ont débattu de cette motion au sein d’un groupe de contact. Ces groupes sont chargés de parvenir à un consensus sur les textes avant qu’ils ne soient présentés en séance plénière dans le cadre de l’assemblée générale des membres. Selon plusieurs sources, la France est la seule partie à s’être fermement opposée au vote en ligne lors de cette discussion.
> Lire aussi  A Marseille, Emmanuel Macron promet de mieux protéger les mers françaises
Justifications françaises
Pour justifier sa position, Paris met en avant la nécessité d’adopter des décisions fortes de manière rapide afin d’envoyer un message clair en amont des prochaines conférences mondiales sur le climat et sur la biodiversité. Les négociations en présentiel de la COP15 sur la diversité biologique ont été reportées au printemps 2022, mais un premier sommet virtuel a été maintenu du 11 au 15 octobre prochain.
« Le choix de la date pour le congrès de l’UICN a toujours été lié à l’importance de précéder les échanges de la COP15 pour pouvoir y arriver avec un haut niveau d’ambition, explique-t-on au ministère de la transition écologique. Il serait incompréhensible que face aux appels à agir, le congrès se termine sur un report des décisions. » « Il y a un momentum politique pour la biodiversité », ajoute l’entourage de Barbara Pompili, il ne faut pas qu’il soit « relégué derrière les questions climatiques ». Mettre en place un processus de vote en ligne sur une durée d’un mois réduirait aussi la portée de la cérémonie de clôture prévue vendredi, au cours de laquelle une déclaration finale doit être publiée.
Les partisans du vote électronique reconnaissent la complexité des enjeux et saluent le fait que ce congrès ait pu se tenir. « On sait que la France a fait des efforts herculéens mais il est important qu’on conserve les principes d’équité et de justice qui font partie des valeurs de l’UICN, insiste depuis Tunis Imen Meliane, membre du comité directeur de la commission aires protégées. Réaffirmer ces valeurs, ce serait une marque de succès. » « Il ne faut pas normaliser cette situation et risquer de réduire encore la légitimité d’un multilatéralisme déjà affaibli, souligne aussi Oscar Soria, directeur de campagne chez Avaaz. Si le congrès de l’UICN est le moment qui définit les politiques de la conservation, alors nous avons besoin d’une organisation forte et capable de rassembler. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/08/au-congres-mondial-de-la-nature-des-participants-appellent-a-des-regles-plus-equitables_6093868_3244.html>
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4- Tribune. Sur l’environnement, « écoutons ce que les peuples autochtones ont à nous dire », Le Monde, 08/09/21, 19h44 
Par Peter Seligmann, un des fondateurs d’une ONG – Nia Tero (Notre Terre en Espéranto) – dirigée par des dirigeants autochtones

Gardiens de la Terre, ils ont réussi à survivre à des siècles de colonisation et à protéger des pans immenses de territoires, notamment des forêts, considérés aujourd’hui comme indispensables à la survie de la planète, souligne l’écologiste Peter Seligmann.
Tribune. Les peuples autochtones sont présents pour le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui se déroule du 3 au 11 septembre à Marseille. Ils le sont non pas en tant qu’invités mais en tant que membres à part entière. L’organisation a en effet décidé d’instaurer une nouvelle catégorie de représentants. Une première depuis sa création.
Non seulement il faut s’en féliciter mais c’est véritablement le sens de l’histoire. Reconnaître enfin la place et le rôle de ces peuples dans la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, le maintien des écosystèmes, c’est prendre une assurance pour notre avenir. Ignorer tout ce que l’on peut apprendre de leur mode de vie, de leur savoir, de leur culture serait une erreur majeure, presque suicidaire.
> Lire aussi  A Marseille, un congrès crucial pour agir face à la crise de la biodiversité
Bien sûr, c’est une question d’éthique et de justice sociale pour ces peuples qui, disséminés à travers le monde, subissent aujourd’hui encore des dommages intolérables avec la déforestation ou à cause des politiques d’extractions minières ou d’énergies fossiles. Les villageois sont expatriés, les ressources pillées, les territoires pollués… Mais c’est aussi une question d’exemplarité tant leur résilience est exceptionnelle.
400 millions de personnes dans 90 pays
Malgré quelque 500 années de colonisation, ils ont réussi à survivre et à protéger encore des pans immenses de territoires, des forêts notamment, considérés aujourd’hui comme indispensables à la survie de la planète. Les peuples autochtones, ce sont près de 400 millions de personnes réparties dans 90 pays sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.
Ce sont les Mapuches en Argentine, les Dayaks en Indonésie, les Igorots aux Philippines ou encore les Wampis au Guyana, mais aussi les Macuxis, Kaingangs ou Zo’é dans différentes régions du Brésil pour ne citer que ces quelques exemples… Et, bien qu’ils ne représentent que 5 % de la population mondiale, ils sont les gardiens de 95 % des langues connues.
> Lire l’entretien : « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
Qu’ils habitent en Arctique autour du pôle Nord, dans les prairies ou les forêts sur les îles du Pacifique ou d’ailleurs, ils détiennent, gèrent ou vivent sur un quart de la superficie mondiale. Des zones qui comprennent environ 35 % des aires protégées, et 35 % de terres n’ayant subi que très peu d’interventions humaines et qui concentrent 80 % de la biodiversité mondiale.
Les gardiens de la Terre
Depuis quelques années en effet, les publications scientifiques convergent pour montrer qu’ils font mieux que n’importe qui d’autre : malgré la pression exercée, leurs territoires se dégradent bien moins vite qu’ailleurs. Le cas des forêts est exemplaire.
> Lire aussi  Les grands principes de la future stratégie nationale pour la biodiversité présentés à Marseille
Tout le monde sait à quel point leur survie est indispensable pour absorber le CO2et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, celles qui sont occupées par les peuples autochtones – soit la moitié des grandes forêts mondiales – connaissent le taux de déforestation le plus faible de la planète, y compris en comparaison avec les aires protégées censées être le nec plus ultra de la protection. Et pour cela, ces peuples ne bénéficient que de 2 % des fonds mondiaux alloués à la protection des forêts !
> Lire la tribune : « Il est temps de prendre en compte l’absolue nécessité de conserver la naturalité des forêts »
Aujourd’hui, nous devons faire en sorte que plus jamais les droits des peuples autochtones ne soient violés. Il n’est pas question d’agir pour eux mais avec eux. Ecoutons ce que les peuples autochtones ont à nous dire. Les représentants de ces gardiens de la Terre qui sont à Marseille viennent pour la plupart d’entre eux de territoires extrêmement éloignés. Placés aux premières loges pour assister à la destruction de la nature, ils savent la menace qui pèse sur leur communauté mais aussi sur le reste de la planète.
Le rôle essentiel de la France
Dès l’ouverture du congrès de l’UICN, les représentants des organisations autochtones viennent nous offrir leurs savoirs en matière de protection de la nature, cette notion de réciprocité entre tous les êtres et la Terre. Ils sont nos alliés. Il est grand temps qu’on les entende et qu’on les aide.
La France, qui va prendre la tête de l’Union européenne le 1er janvier 2022 pour six mois, a un rôle essentiel à jouer auprès des autres Etats membres pour initier une nouvelle politique et montrer que les territoires de ces populations ne sont pas des outils destinés au seul usage des grandes entreprises des pays occidentaux mais qu’ils leur appartiennent.
> Lire aussi  Un One Planet Summit pour lancer une année cruciale pour la biodiversité
Au-delà des mots, cela doit donc se traduire par des lois – droit foncier, droit d’accès aux ressources, droit de décider – et par un soutien financier. Si vraiment nous sommes intelligents, c’est le moment d’agir. Incontestablement, la Bible aurait dû inscrire un onzième commandement : tu chériras la Terre et ceux qui la protègent.
§ Peter Seligmann est un des fondateurs d’une ONG – Nia Tero (« Notre Terre » en espéranto) – dirigée par des dirigeants autochtones. Il reste président du conseil d’administration de l’ONG Conservation international, l’une des très grosses associations de protection de la nature qu’il a fondée en 1987.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/08/environnement-ecoutons-ce-que-les-peuples-autochtones-ont-a-nous-dire_6093922_3232.html>
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5- Un réseau de trafiquants d'ivoire vers l'Asie condamné, AFP, 08/09/21, 21:00
Laurent Geslin

Des peines "par défaut" : huit prévenus, irlandais, chinois ou vietnamiens jugés depuis lundi à Rennes pour un vaste trafic d’ivoire et de cornes de rhinocéros ont été condamnés mercredi à des peines allant jusqu'à trois ans de prison ferme.
C'était attendu, le tribunal correctionnel de Rennes a rendu son délibéré en l'absence des quatre "Irlandais", membres présumés du gang des "Rathkeale Rovers" (vagabonds de Rathkeale), groupe criminel, issu de la communauté irlandaise des gens du voyage.
Déclaré coupable de "détention de spécimen de faune sauvage menacé d'extinction sans détention de documents réguliers", Tom Greene, 33 ans, a été condamné à trois ans ferme avec mandat d'arrêt. Mardi, le magistrat du parquet avait qualifié ce prévenu de "prédateur qui ne tient pas le fusil" et de "VRP de la corne de rhinocéros" et requis six ans.
Greene avait été interpellé avec trois autres complices la nuit des 10-11 septembre 2015, à Poitiers. Dans leur véhicule, les douaniers avaient découvert quatre défenses d'éléphant d'Afrique pesant en tout 42,6 kg et 32.800 euros en espèces.
L'enquête avait ensuite révélé deux réseaux de trafic international d'ivoire brut et de corne de rhinocéros vers le Vietnam et la Chine, en relation avec les "Rathkeale Rovers".
Son frère, Richard O'Riley, 35 ans, qui l'accompagnait dans ses affaires, a lui aussi été "déclaré coupable de détention d'espèce protégée sans document régulier" et condamné à deux ans ferme, le tribunal précisant que "les faits ont été commis en bande organisée". Le procureur avait requis quatre ans.
Des peines d'un an avec sursis, ont été prononcées contre leurs complices Edward Gammel, 29 ans, qui avait reconnu avoir acheté les défenses à Bordeaux, et Daniel Mc Carthy, 33 ans.
Dans le volet chinois, le tribunal a condamné à deux ans ferme David Ta. Ce chef d'entreprise de 51 ans, spécialisé dans l'exportation d'antiquités et de parfums, était soupçonné d'avoir dirigé une filière franco-vietnamienne de trafic de défenses d'éléphant. Il a été reconnu coupable de "contrebande ou transport de produits d'animaux d'espèces protégées".
- Délit de bande organisée -
Chez ce dernier 14 défenses d'éléphants d'Afrique avaient été découvertes cachées sous une palette sans document justificatif valide. Au procès il s'était présenté comme un simple collectionneur.
Des photos dans le téléphone de M. Ta avaient permis aux enquêteurs de dénombrer 62 défenses ayant transité par son entreprise entre novembre 2015 et avril 2016.
"Ce sont des faits graves qui justifient une peine d'emprisonnement", lui a signifié le président du tribunal.
L'assistant de M. Ta, Quan Do Danh, 41 ans, chez qui "un atelier de découpe d'ivoire" a été découvert, a été condamné à un an ferme.
Ching Kit Ha, un restaurateur qui était suspecté d'être le principal client de Tom Greene, a été condamné à 18 mois ferme. Yang Daosheng 58 ans, a été condamné à 18 mois de sursis pour détention d'espèce de faune sauvage sans document régulier.
Enfin, un neuvième prévenu, Quing Jia, a été relaxé. Aucun mandat de dépôt n'a par ailleurs été décerné à l'encontre des huit autres. Des amendes douanières allant jusqu'à 200.000 euros, ont également été prononcées à l'encontre des prévenus, ainsi que la confiscation des biens et de sommes d'argents saisies.
Seule partie civile au procès, l'association Robin des Bois qui agit en tant qu'observateur de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d'extinction), a salué des "peines exemplaires".
"Pour la plupart des prévenus, le délit de bande organisée a été reconnu, et le tribunal confirme qu'on avait affaire à un réseau qui alimentait le marché asiatique", a indiqué Charlotte Nithart présidente de Robin des Bois. "Malheureusement les gens ne sont pas là", a souligné l'association.
Plus tôt dans la journée, les avocats de trois prévenus avaient plaidé mercredi la relaxe et des peines aménagées, pointant un manque de preuves.
Cette affaire constitue "un véritable massacre culturel et écologique", avait lancé le représentant du ministère public Vincent Mailly, en référence au braconnage engendré par ce trafic.
<https://www.geo.fr/environnement/un-reseau-de-trafiquants-divoire-vers-lasie-condamne-206196>
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6- Donner une valeur à la nature, le défi à relever pour les entreprises, Novethic, 08/09/21
Arnaud Dumas

Et si les services rendus par la nature ou les impacts des entreprises sur l’environnement étaient intégrés dans les comptes des entreprises ? Des méthodologies de comptabilité multi-capitaux, prenant en compte le financier, l’environnement et l’humain, ont vu le jour pour pousser les entreprises à préserver les ressources de la nature au même titre que leurs ressources financières. Au forum de Giverny, des entreprises font des propositions pour accélérer la mise en place de cette nouvelle comptabilité.
La recherche en comptabilité ne fait pas rêver… Elle constitue pourtant l’un des leviers principaux pour transformer l’action des entreprises pour mieux respecter le climat et la biodiversité. Depuis plusieurs années, des experts travaillent pour intégrer dans les livres de comptes d’autres éléments que les seuls résultats financiers, comme l’impact que les entreprises peuvent avoir sur l’environnement. Concrètement, toute dégradation ou utilisation de la nature serait alors considérée comme une dette devant être remboursée, au même titre qu’un emprunt bancaire.
Ces méthodes de "comptabilité multi-capitaux" ajoutent ainsi au bilan comptable la valeur de la nature et celle du capital humain, en plus de l’aspect financier. "Cela consiste à intégrer dans la valorisation de l’entreprise, la valeur des capitaux environnementaux", résumait Lionel Canesi, Président de l’ordre des experts-comptables, lors du Forum de Giverny sur la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), le 3 septembre. Plusieurs grandes entreprises commencent à se pencher sérieusement sur la question.
Les membres de ce forum ont émis plusieurs propositions afin d’accroître le poids de la RSE dans l’économie, dont certaines visaient justement à généraliser la valorisation de l’environnement dans les comptes des entreprises. Plusieurs sociétés ont lancé des initiatives sur le sujet, comme L’Oréal, qui finance par ailleurs une chaire de recherche de l’école de Commerce Audencia sur la question.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/isr-rse/donner-une-valeur-a-la-nature-le-defi-a-relever-pour-les-entreprises-150139.html>
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7- Au Kenya, les pêcheurs à la mouche veulent ouvrir les portes de leur "paradis", AFP, 09/09/21, 09:00
Nick Perry

Sa mouche promptement fixée à la ligne, John Ngaii Moses enjambe les rochers, pose ses pieds dans l'eau puis fait onduler sa canne à pêche au-dessus des eaux cristallines de la rivière Mathioya, qui descend du massif des Aberdare, dans le centre du Kenya.
Chapeau marron à larges bords vissé sur la tête, ce sexagénaire kényan qui assure malicieusement pouvoir "attacher une mouche de nuit, sans lumière" fait figure d'exception dans un pays où la pêche récréative n'est pas répandue. Elle y est même parfois regardée avec méfiance, considérée comme un vestige de l'ère coloniale.
Le Kenya occupe pourtant une place particulière dans le monde de la pêche à la mouche.
On y trouve l'un des plus anciens clubs d'Afrique et son industrie de fabrication de mouches fournit depuis plusieurs décennies des appâts faits à la main aux pêcheurs de Norvège comme de Nouvelle-Zélande.
Les poissons n'attirent pas autant que les grands félins des savanes, mais certains passionnés viennent des quatre coins du monde pêcher dans les rivières et les lacs de montagne, où les Britanniques ont introduit la truite au début des années 1900.
A deux heures de route au nord de la capitale Nairobi, la région où la Mathioya rencontre la chaîne des Aberdare est un paradis de pêche... où paissent également rhinocéros noirs et éléphants.
"Imaginez passer la matinée (...) à pêcher et l'après-midi à faire des photos d'animaux sauvages. Où d'autre pouvez-vous trouver ça ?", lance Zac Gichane, propriétaire d'un complexe hôtelier surplombant la rivière qui organise des parties de pêche. 
"C'est le paradis. A deux heures de Nairobi, vous trouvez des rivières aux eaux cristallines, un village paisible, de la verdure... Les opportunités ici sont illimitées", ajoute-t-il.
Pour lui, la pêche à la mouche, et les milliards de dollars de son économie, ne demande qu'à être développée au Kenya.
- Filière - 
Zac Gichane se fournit en mouches de pêche auprès d'artisans kényans, dont les créations délicates et élaborées sont devenues une référence.
Ces appâts artificiels -certains si petits qu'ils tiennent sur le bout des doigts- imitent les insectes dont se régalent truites, saumons et autres poissons de rivière.
Les données sont rares mais certaines estimations suggèrent qu'une mouche sur trois utilisée en Europe vient du Kenya. Des millions d'autres sont expédiées vers les États-Unis, le Canada et d'autres marchés de pêche majeurs. 
"C'est une filière importante au Kenya. Elle emploie beaucoup de gens", souligne John Nyapola, qui dirige l'entreprise Ojoo Fishing Flies Designers.
Dans son petit atelier non loin de Nairobi, plumes de flamants roses, poils de lapin et diverses fourrures et tissus parsèment une table, où les commandes personnalisées venant du Canada, d'Australie ou du Japon sont assemblées à la main.
"Woolly Bugger", "Copper John", "Irresistible Adams" et autres noms fantasques se succèdent dans le catalogue de l'atelier qui compte pas moins d'un millier de modèles. "Nous les avons toutes fabriquées", affirme Jane Auma, monteuse de mouches de 32 ans d'expérience.
Elle pratique la pêche "mais pas à la mouche". "On utilise des filets, on prend tout ce qu'on peut", rigole-t-elle.
- Pratique de "mzungu" - 
Les Kényans pêchent pour se nourrir et quand ils voient les pêcheurs à la mouche remettre à l'eau les poissons qu'ils attrapent -pour éviter la surpêche-, c'est pour eux "une folie", souligne M. Gichane.
Cette pratique de pêche sportive est aussi dédaignée comme une activité héritée de l'ancienne puissance coloniale dans cette région qui a longtemps été un foyer de résistance aux Britanniques et en a subi les représailles.
Avant l'indépendance en 1963, et même encore après, de nombreux Kényans n'auraient jamais oser se montrer avec une canne à pêche, raconte Zac Gichane.
"Ils pensent que la pêche sportive est pour les +mzungu+ (les blancs, ndlr), pas pour les Africains", explique John Ngaii Moses, lui-même né dans un camp d'internement britannique et aujourd'hui guide de pêche. 
Etablissement privé vieux de 102 ans sur la Mathioya, le Kenya Fly Fishers' Club a élargi son public, avec de plus en plus de Kényans et a élu son premier président noir en 2018. 
"Les temps changent, c'est aussi le cas pour la pêche à la mouche. En ce moment, nous avons beaucoup de Kényans inigènes qui pêchent. Je suis l'un d'entre eux", explique Musa Ibrahim, administrateur et membre du club depuis 20 ans.
L'organisation travaille avec les écoles locales pour initier les enfants à la pêche à la mouche et à son rôle pour la protection de l'environnement, à travers le repeuplement de la Mathioya en truites notamment.
Le Kenya était autrefois sillonné par 2.000 kilomètres de rivières préservées pour la pêche à la truite, mais la conversion rapide de terres -pour des usages agricoles notamment- a divisé ce patrimoine par dix, souligne Musa Ibrahim, en rappelant : "C'est à nous de transmettre cet héritage à la prochaine génération".
<https://information.tv5monde.com/info/au-kenya-les-pecheurs-la-mouche-veulent-ouvrir-les-portes-de-leur-paradis-423625>
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8- A Marseille, la difficile traque du trafic d'espèces sauvages, AFP, 09/09/21, 11:00
Laure Fillon

Au port de Marseille, douaniers et policiers de l'environnement fouillent des véhicules tout juste débarqués de Tunisie, à la recherche de tortues d'Hermann ou encore d'oiseaux chanteurs, des animaux sauvages très prisés comme tant d'autres. 
Des douaniers et des agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) inspectent en détail des voitures et des utilitaires quittant le ferry arrivé de Tunis. L'opération est menée sous l'égide du parquet de Marseille.
Cartons et sacs en plastique sont ouverts, des champignons saisis et jetés à la benne pour éviter la propagation de bactéries. Des dentifrices aussi, qui ne respectent pas les normes européennes.
Pas de trace en revanche de tortue terrestre, de chardonneret élégant ou d'autre animal sauvage. Les deux espèces sont protégées par la convention sur le commerce international de faune sauvage, la CITES. Par conséquent, il est interdit de détenir des individus prélevés dans la nature.
Cela n'empêche pas des familles de faire passer des tortues dans leurs bagages pour les enfants, ou des trafiquants d'importer des oiseaux pour les revendre, racontent des douaniers. Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), ces passereaux chanteurs se revendent sous le manteau entre 150 et 1.000 euros.
Au port autonome de Marseille, "nous avons 15-20 saisies par an, presque uniquement des animaux vivants", indique Denis Terribile, chef de service de la brigade des douanes du port, pendant les contrôles. "Ca peut aller de trois à sept-huit animaux par saisie" et "ça alimente des marchés noirs", détaille-t-il.
A la fin de la journée et après la fouille de 200 voitures, les douanes et l'OFB auront saisi deux tortues grecques, protégées.
- Une des cinq priorités -
"Il y a 26 ans, quand j'ai commencé, on ne nous sensibilisait pas autant" au trafic de faune sauvage, se souvient Denis Terribile. Depuis, des formations ont été mises en place.
"Nos principaux objectifs sont les stupéfiants, le tabac, les armes, mais la convention CITES fait partie de nos cinq priorités", poursuit-il.
Selon un rapport des ONG WWF et TRAFFIC, la France est "l'un des trois premiers pays importateurs d’espèces sauvages en Europe", "avec plus de 28 millions de spécimens importés entre 2008 et 2017", à la fois des animaux vivants, morts ou des parties ou produits d'animaux (plume, écaille, bile, peau...) et des plantes.
Une partie de ce commerce est illégal, les produits les plus fréquemment saisis étant "l’ivoire d’éléphant, des reptiles vivants, des mammifères (vivants, corps, parties et produits), des corps d’oiseaux ainsi que des parties et produits, des corps de reptiles et leurs parties et produits."
"Le commerce illicite suit des tendances", explique à l'AFP Loïs Lelanchon de l'ONG Ifaw. Des produits transitent ainsi d'Afrique vers l'Asie en passant par la France, comme des écailles de pangolins, mais aussi des animaux vivants comme des perroquets gris du Gabon ou des singes magots du Maroc.
- "Petites condamnations" -
Si l'avion est privilégié pour transporter des animaux vivants (car le trajet est plus rapide), certains peuvent venir d'Afrique du Nord par ferry, poursuit-il.
"Le trafic d'animaux sauvages se divise en deux axes: la criminalité organisée et le commerce opportuniste qui peut inclure des touristes ne connaissant pas le cadre réglementaire", détaille Loïs Lelanchon.
"Ce type de criminalité commence à être considérée de façon plus sérieuse", mais pour les trafiquants, il reste "très lucratif et peu risqué" comparé aux peines encourues pour d'autres trafics, constate-t-il.
Les peines ont été durcies en France : "Porter atteinte à la conservation d’espèces animales non domestiques" est passible, de 150.000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement. 
"On est encore souvent sur des petites condamnations", tempère Eric Roux, inspecteur de l'environnement à l'OFB. «Ça ne touche pas à l'humain, à des armes ou de la drogue", mais pour autant, "ces trafics entretiennent des filières mafieuses", souligne-t-il.
La justice est sensibilisée à la question, assure le vice-procureur Michel Sastre. La société "ne tolère plus le trafic d'animaux" et "la justice doit être en phase avec son évolution".
<https://www.geo.fr/environnement/a-marseille-la-difficile-traque-du-trafic-despeces-sauvages-206200>
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9- Congrès UICN : Act4nature, l’heure du bilan, Comité français de l’UICN, 09/09/21

Le Comité français de l’UICN s’est associé en 2017 avec d’autres organisations à l’Association Française des Entreprises pour l’Environnement (EpE) pour concevoir et lancer l’initiative Act4Nature afin de mobiliser davantage les entreprises pour la biodiversité. A l’occasion du Congrès mondial de la nature de l’UICN qui se déroule à Marseille du 3 au 11 septembre 2021, EpE publie le bilan de la mise en œuvre d’act4nature entre 2018 et 2020.
>> Suite à lire à :
<https://uicn.fr/congres-uicn-act4nature-lheure-du-bilan/>
+ Tweets du Comité français de l’UICN, 10/09/21
• La santé humaine, animale et environnementale pour prévenir les pandémies à travers l’approche « One Health » vient d’être proclamée <https://twitter.com/UICNfrance/status/1436394208403787778?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet>, Tweet du Comité français de l'UICN, 10/09/21, 8:20 PM
• Cérémonie de clôture de #IUCNworldcongress ! Une mobilisation marquée par des prises de décisions fortes pour la conservation de la biodiversité, un succès pour l'ensemble des messages portés par l'UICN France à ce congrès ! <https://twitter.com/UICNfrance/status/1436419599042498560?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet>, Tweet du Comité français de l'UICN, 10/09/21, 10:01 PM
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10- Deux fois plus d'humains et trois fois moins d'animaux en un demi-siècle, Les DNA avec AFP, 10/09/21, 13:39
J. C. avec AFP 

Alors que se tient actuellement le sommet de la biodiversité à Marseille, la rédaction vous propose chaque jour un contenu sur cette thématique environnementale. Aujourd'hui, les participants alertent sur le rythme affolant d'effondrement des populations animales, voire de disparition des espèces.
Le sommet de la biodiversité se poursuit à Marseille, jusqu'à ce samedi. Et le temps est compté pour sauver la biodiversité et enrayer le réchauffement climatique: l’Union internationale pour la conservation de la nature entend mettre la pression pour des transformations ambitieuses, au moment où les négociations patinent.
Deux fois plus d'humains, trois fois moins d'animaux
Or en attendant, le rythme de disparition des espèces s'accélère, alertent les spécialistes de l'environnement. En cinquante ans, la population mondiale a doublé, passant de 3,5 milliards à plus de 7 milliards d'êtres humains.
Dans le même intervalle, les populations de mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons se sont effondrées de 68% au niveau mondial...
Avec de forts écarts selon les zones géographiques : en Europe, "seules" 24% des population ont disparu - soit tout de même un quart du total. En Amérique du Sud... 94% des animaux ont disparu. Ces chutes menacent jusqu'à l'existence de nombreuses espèces : près d'un tiers sont menacées.
>> Suite à lire et graphiques à voir à :
<https://www.dna.fr/environnement/2021/09/10/deux-fois-plus-d-humains-et-trois-fois-moins-d-animaux-en-un-demi-siecle>
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11- Portrait. Sylvie Monier, défenseuse acharnée des haies : « On a cru qu’on pouvait se passer d’arbres », Le Monde, 10/09/21, 16h29
Audrey Garric 

Depuis vingt ans, Sylvie Monier, conseillère en agroforesterie et éleveuse en Auvergne, se bat pour préserver les haies champêtres et le bocage, qui jouent un rôle essentiel pour le climat, la biodiversité et l’agriculture.
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A l’occasion du congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), du 3 au 11 septembre à Marseille, Le Monde publie une série de portraits de défenseurs de la biodiversité, qui agissent à différents niveaux pour la préservation de l’environnement. 
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Agir pour la biodiversité 5/6. C’est un arbre devant lequel on passerait sans s’arrêter. En patois auvergnat, on le nomme « chabasse », « coutade » ou « cafarote » ; une tige creuse qui ne vaut rien. Les haies de saules têtards sont pourtant un élément incontournable du bocage des « pays coupés », un paysage verdoyant alternant clairières suspendues et vallées encaissées à une heure au sud de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). « Ce sont des arbres magiques, qui accueillent les chauves-souris, les chouettes chevêches et beaucoup d’insectes », s’enthousiasme Sylvie Monier, en montrant la vaste cavité au centre du tronc.
Rapidement toutefois, le bucolique laisse place aux arguments économiques. Pour « vendre » ces haies aux agriculteurs, afin qu’ils les protègent au lieu de les arracher, cette défenseuse acharnée des arbres calcule leurs apports : vendu comme bois de chauffage, le petit bois des saules peut rapporter 250 euros par arbre tous les deux à six ans, ils sont deux fois plus productifs qu’un chêne ou un frêne, et les brebis y trouvent de l’ombre l’été.
Le discours est rodé. Depuis vingt ans qu’elle dirige la Mission haies d’Auvergne-Rhône-Alpes, une association basée dans le petit village d’Ardes-sur-Couze, Sylvie Monier, 44 ans, a eu le temps d’aiguiser ses couteaux et ses arguments. « Mon objectif ici, où il y a encore du bocage, c’est d’abord de préserver l’existant, en enrayant l’arrachage, et ensuite de replanter si on peut », expose, pragmatique, celle qui est également la fondatrice et la vice-présidente de l’Association française des arbres et haies champêtres (AFAC-Agroforesteries). Dans ce qui s’apparente autant à une course de fond que d’obstacles, le principal frein réside dans « le monde agricole, qui s’est séparé des arbres », tranche-t-elle.
Avec les agriculteurs, pas question d’évoquer d’elle-même la biodiversité ou l’environnement, des termes qui les « braquent souvent » ou les « culpabilisent ». Plutôt que de parler des corridors pour la faune ou la flore ou de stockage de carbone, cette spécialiste expose l’« utilité » et la « rentabilité » de l’arbre dans un système de production agricole. « Les haies permettent d’apporter de la fraîcheur en cas de canicule, de filtrer l’air, de réguler l’eau, de limiter le vent, de fournir de l’ombre aux bêtes, énumère la conseillère en agroforesterie. Les feuilles et les racines enrichissent le sol et ces dernières préviennent l’érosion. Tout cela augmente les rendements des cultures, sans oublier que le bois peut servir d’énergie. »
700 km de haies replantées
Inlassablement, avec les quatre autres membres de la mission, elle va à la rencontre des exploitants agricoles – 750 par an en moyenne –, intervient dans les lycées agricoles, moissonne auprès des coopératives agricoles, des chambres d’agriculture. Elle écoute, débat, argumente. Arrache les victoires une à une. « Quand on arrive à convaincre un grand céréalier de planter 20 km de haies, cela peut influencer tous ses voisins », glisse-t-elle. Elle cible aussi les élus et les agents des collectivités, tentés de raser ce qu’ils considèrent comme de la broussaille. Et forme tant les associations écologistes que les chasseurs – qui bataillent ensemble au sein de l’AFAC-Agroforesteries – afin qu’ils corrigent auprès de leurs adhérents la « mauvaise image » dont pâtissent les haies.
Le résultat est là : la Mission haies d’Auvergne-Rhône-Alpes, en collaboration avec 3 000 agriculteurs, a replanté 700 km de haies depuis 1996, soit 700 000 arbres. Des aubépines, des érables champêtres, des chênes, des frênes, des sorbiers, des noisetiers. Et elle a contribué à éviter la disparition de centaines de milliers d’autres. « Planter, c’est un magnifique acte : c’est mettre de la vie en terre et s’ancrer dans le temps »,s’émeut-elle.
Par la seule force de son travail acharné, Sylvie Monier a développé une vaste expertise – « quand on est une femme, il faut être deux fois plus technique qu’un homme pour être crédible ». L’observation du terrain, qu’elle arpente sans relâche, nourrit également sa connaissance. De même que l’élevage d’une quarantaine de vaches Highland, une race originaire d’Ecosse, dans la ferme de son conjoint. Les bêtes au long pelage cuivré et aux immenses cornes s’abritent et se nourrissent des arbres plantés par le couple et enrichissent le sol, une association qui constitue la base de l’agroforesterie.
Son savoir, cette passionnée le puise aussi dans les racines familiales. Fille d’un pépiniériste, elle passe son enfance à planter, à greffer, à tailler les arbres, et à vivre au grand air dans la campagne près d’Annecy. Elle devient ingénieure agronome spécialisée dans l’élevage, puis obtient un BTS en gestion forestière. En 2000, elle rejoint la Mission haies d’Auvergne, un « poste évident » qui lui permet de conjuguer ses deux passions : la foresterie et l’agriculture.
« Au début, c’était très dur »
C’est là qu’elle prend conscience des ravages de l’arrachage des arbres. Les haies bocagères, longtemps vues comme les ennemies de la productivité et de l’agriculture intensive, ont massivement été détruites lors des opérations de remembrement agricole mises en place à partir des années 1960 par l’Etat pour agrandir les parcelles et faciliter leur exploitation. Une destruction systématique favorisée par les aides de la politique agricole commune (PAC) jusqu’en 2015. De sorte que la France, qui comptait 2 millions de kilomètres de haies au milieu du XXe siècle, n’en enregistre plus que 750 000 aujourd’hui. Leur disparition se poursuit encore : on en détruit 11 500 km par an, qui ne sont que partiellement compensées par les 3 500 km de nouvelles haies plantées chaque année.
« Au début, se battre pour protéger les haies était très dur. J’ai pris beaucoup de coups, on m’a insultée. On ne trouvait pas assez de financements, la haie n’intéressait personne. En 2008, j’ai failli tout arrêter tant je craquais physiquement », témoigne-t-elle. Mais cette année-là marque un tournant : Sylvie Monier reçoit le premier prix « Terre de femmes » de la Fondation Yves Rocher, qui soutient les femmes engagées pour l’environnement. S’en suivent une médiatisation, une reconnaissance et davantage de moyens. L’AFAC-Agroforesteries noue un partenariat avec la fondation et contribue à planter près de 5 millions d’arbres partout en France, palliant la « défection de l’Etat » sur le sujet des haies pendant des décennies.
Son intense travail de lobbying, qui la voit faire le « grand écart », le matin en bottes avec les agriculteurs, l’après-midi en veste et chemise dans les ministères, finit par porter ses fruits. En 2015, le ministère de l’agriculture lance un plan national d’agroforesterie, et les haies se voient partiellement protégées par la PAC. Et début 2021, le plan de relance post-Covid a débloqué 50 millions d’euros pour planter 7 000 km de haies en deux ans, une première. « Il y a eu un basculement très rapide ces trois dernières années pour protéger les haies. Les agriculteurs sont préoccupés face au changement climatique, observe Sylvie Monier. On a cru qu’on pouvait se passer d’arbres, mais on se rend compte qu’on en a de plus en plus besoin. »
Après avoir participé à la création du label « Végétal local », qui certifie qu’un plant est issu d’une graine locale, celle qui vient d’être nommée animatrice au pôle Arbres de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’est fixé un nouveau défi : développer une nouvelle antenne de la Mission haies dans la Drôme, où elle rejoindra la ferme de sa famille. « La vallée du Rhône a besoin d’arbres afin de briser le vent et d’optimiser l’irrigation », justifie-t-elle. Sauver le bocage grâce à l’économie, encore et toujours.
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Notre sélection d’articles sur le congrès de l’UICN
• Notre article sur l’ouverture du congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). A Marseille, un congrès crucial pour agir face à la crise de la biodiversité <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/a-marseille-un-congres-crucial-pour-agir-face-a-la-crise-de-la-biodiversite_6093207_3244.html>
• Notre interview de l’océanographe François Sarano. « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/il-faut-amener-chacun-a-reprendre-contact-avec-le-vivant_6093114_3244.html>
• Les motions qui seront défendues par la France. Les mammifères marins et les vieilles forêts au cœur des débats de l’UICN <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/les-mammiferes-marins-et-les-vieilles-forets-au-c-ur-des-debats-de-l-uicn_6093118_3244.html>
• Notre reportage dans le Vercors. Au pied du Vercors, le long combat pour restaurer la continuité écologique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/au-pied-du-vercors-le-long-combat-pour-restaurer-la-continuite-ecologique_6093069_3244.html>
• Le portrait de Rachel Lagière, maraîchère en Gironde 1/6. Rachel Lagière, maraîchère engagée pour le goût et la diversité végétale <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/02/rachel-lagiere-une-maraichere-engagee-pour-le-gout-et-la-diversite-vegetale_6093164_3244.html>
• Le portrait d’Antidia Citores, juriste franco-espagnole 2/6. Antidia Citores, juriste chez Surfrider Europe, mobilisée pour la défense de l’océan et des littoraux <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/juriste-chez-surfrider-europe-pour-la-defense-de-l-ocean-et-des-littoraux_6093350_3244.html>
• Le portrait de Victor Noël, adolescent militant 3/6. Victor Noël, 16 ans, militant passionné en faveur de la protection de la biodiversité <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/06/victor-noel-16-ans-militant-passionne-en-faveur-de-la-protection-de-la-biodiversite_6093627_3244.html>
• Le portrait de Vincent Magnet, engagé pour les forêts de la Creuse 4/6. Vincent Magnet : « Faire, ça aide à supporter ce qui est insupportable » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/vincent-magnet-engage-pour-la-protection-des-forets-faire-ca-aide-a-supporter-ce-qui-est-insupportable_6093785_3244.html>
• Le portrait de Sylvie Monier, conseillère en agroforesterie en Auvergne 5/6. Sylvie Monier, défenseuse acharnée des haies : « On a cru qu’on pouvait se passer d’arbres » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/10/sylvie-monier-defenseuse-acharnee-des-haies-on-a-cru-qu-on-pouvait-se-passer-d-arbres_6094145_3244.html>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/10/sylvie-monier-defenseuse-acharnee-des-haies-on-a-cru-qu-on-pouvait-se-passer-d-arbres_6094145_3244.html>
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12- Tribune. « La restauration des écosystèmes miniers et la préservation de leur biodiversité sont un défi environnemental et sociétal majeur », Le Monde, 10/09/21, 17h00 
Par Collectif

Comment concilier l’activité minière et la nature ? L’enjeu est crucial notamment dans les pays du Sud. Dans une tribune au « Monde », des chercheurs de l’Institut de la recherche et du développement (IRD) appellent à une responsabilité accrue des acteurs industriels et étatiques.
Tribune. Au terme d’un long processus de dialogue entre les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), cent vingt-huit résolutions et recommandations relatives à la protection et à la gestion de la biodiversité seront définitivement adoptées. A ce jour, cent dix ont déjà été validées par vote électronique. Les autres ont été soumises à discussion lors du congrès, dont la motion 67 portant sur la réduction des impacts de l’activité minière sur la biodiversité, adoptée le vendredi 10 septembre.
Les activités extractives sont par essence sources de perturbations sociales et environnementales, a priori peu compatibles avec les notions de durabilité ou de préservation. Or, revers de la mise en place, encore bien trop timide, de politiques énergétiques décarbonées, la demande en métaux croît exponentiellement, et particulièrement dans les pays du Sud où les gisements sont abondants, tandis que les grands fonds marins aiguisent les appétits des Etats et des entreprises.
Redistribution équitable
Les ressources minérales non renouvelables jouent un rôle économique majeur dans quatre-vingt-un pays producteurs (la moitié de la population mondiale dont près de 70 % vit en extrême pauvreté) et représentent un quart du produit mondial brut. Les ressources naturelles énergétiques (minières et pétrolières) peuvent être un moteur de croissance, de développement et de réduction de la pauvreté et leur exploitation jouer un rôle économique majeur si les pays entrent dans une logique de contrôle et de redistribution équitable de la rente minière et réussissent à utiliser ces revenus pour sortir d’une trop forte dépendance à ces ressources.
> Lire aussi  Il faut « interdire le cyanure dans l’exploitation minière aurifère et argentifère »
Dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle économie décarbonée, l’Amérique latine est en excellente position pour répondre à la demande en métaux (principalement cuivre, fer, argent, lithium, aluminium, nickel, manganèse et zinc) ; l’Afrique se positionne aussi sur le marché par ses réserves en platine, manganèse, bauxite et chrome.
En revanche, sur ces deux continents et au-delà, de vastes espaces, dont les territoires de peuples autochtones, sont défigurés par les activités d’orpaillage, légaux ou illégaux, à petite ou grande échelle, et aux pratiques le plus souvent artisanales sans contrôle des rejets et déchets miniers, ainsi que par le gigantisme de l’activité extractive de grandes industries dont les « bonnes pratiques » sont encore trop souvent cosmétiques, dictées par des objectifs de communication et générant de nombreux conflits et des effets d’exclusion locale parfois démultipliés par des pratiques mal conçues de compensation écologique.
> Lire aussi  Pour « une production responsable de minerais et métaux » à l’échelle internationale
La déclinaison à différentes échelles de ces enjeux et défis est donc une question mondiale qui implique fortement les pays du Sud, alors mêmes qu’ils aspirent à un développement plus juste et durable d’un point de vue social et environnemental, dans un contexte marqué par des tensions, des rapports de forces et des asymétries de pouvoir qui ne leur sont pas souvent favorables, concernant le contrôle et l’usage du sol du sous-sol et des fonds marins.
Des économies durables
Négocier des solutions durables co-construites par l’ensemble des acteurs, en premier lieu les populations qui vivent sur les territoires extractifs, afin d’orienter l’activité minière vers une responsabilité accrue des acteurs industriels et étatiques vis-à-vis de ces enjeux complexes et imbriqués, est un défi majeur.
En effet, aux impacts miniers négatifs s’ajoutent les effets du changement climatique, induisant ensemble des conséquences sévères pour les conditions de vie et la santé des populations locales.
Il est urgent de conjuguer ces problématiques inclusives pour un développement réduisant simultanément les empreintes environnementales négatives, objectif décliné dans le cadre spécifique des objectifs du développement durable (ODD) et de l’activité minière extractive en général et en accord, par exemple, avec la priorité concernant la « transition verte » du dialogue politique de haut niveau entre l’Union africaine et l’Union européenne.
> Lire aussi  Claudette Labonté : « En Guyane, l’Amazonie française n’est pas mieux traitée que sa voisine brésilienne »
La dégradation du fonctionnement des écosystèmes et de leur biodiversité à cause des activités minières doit être urgemment traitée. A titre d’exemple, en Afrique, l’indice de biodiversité vivante a diminué de 65 % entre 1970 et 2016, dont 40 % du fait des changements d’usage des terres et des océans, qui incluent les impacts de l’activité minière.
La restauration des écosystèmes miniers et la préservation de leur biodiversité sont ainsi un défi environnemental et sociétal majeur pour préserver les chances d’améliorer le bien-être et la santé des populations, et développer des économies enfin durables.
Repenser la recherche
A l’ère de l’anthropocène, la coconstruction de solutions durables, économiquement viables et socialement plus justes pour répondre aux défis majeurs auxquels sont confrontées les sociétés, impose en particulier, de repenser les méthodes et le rôle de la recherche, ainsi que l’engagement des scientifiques.
> Lire aussi  « Bolsonaro est en train de faire adopter un arsenal législatif qui démantèlera les droits des Indiens sur leurs terres »
Les membres de la communauté scientifique internationale travaillant pour une activité minière responsable et leurs partenaires proposent d’explorer ce champ de forces antagonistes à différentes échelles de temps et d’espace, dans un contexte global de réchauffement climatique, de crise écologique et énergétique, et d’inégalités sociales et territoriales. En résumé, coconstruire un rapport plus juste et durable aux géoressources et aux territoires qui les abritent, porté par une éthique de la responsabilité et un regard réflexif des solutions.
Nous proposons que les notions de justice et de responsabilité – environnementales, sanitaires, sociales, économiques – soient placées au cœur des débats, dans le cadre d’un dialogue inclusif science-société-politique et d’une recherche citoyenne/participative au Nord comme au Sud, dialogue informé et dénué de tout angélisme quant à la prégnance des rapports de forces et des asymétries de pouvoir.
§Liste des signataires : Fabrice Colin, géochimiste, référent scientifique du réseau Activité minière responsable et développement durable (AMR2D) ; Grégory Giraud, chef du projet ACE-Partner ; Pierre-Yves Le Meur, anthropologue, Institut de la recherche et du développement (IRD), coanimateur de la Communauté de savoirs (CoSav) Géoressources et durabilité (GéoD) ; Laurence Maurice, biogéochimiste, conseillère scientifique IRD et animatrice de la CoSav GéoD ; Alphonse Yao, géologue, directeur du centre d’excellence mines et environnement minier de Côte d’Ivoire.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/10/la-restauration-des-ecosystemes-miniers-et-la-preservation-de-leur-biodiversite-sont-un-defi-environnemental-et-societal-majeur_6094204_3232.html>
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13- Sur votre balcon ou dans votre jardin : comment agir chez soi pour préserver la biodiversité, Le Monde, 10/09/21, 17h29
Pascale Krémer

Voici une série de gestes pour réduire votre impact sur la planète, ou plutôt l’accentuer positivement. 
La liste de la matinale
Eléphants, tigres, gorilles, baleines bleues. Et rapports onusiens à répétition sur l’effondrement du vivant. Voilà ce qu’évoque le mot « biodiversité » : un drame lointain déclenchant un sentiment d’impuissance. Pourtant, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la France figure parmi les dix pays qui hébergent le plus grand nombre de ces 38 543 espèces végétales et animales menacées d’extinction – un gros tiers de toutes celles qui sont étudiées. Du territoire métropolitain et des outre-mer, 1 742 espèces risquent prochainement de disparaître.
Pour freiner ce déclin sans précédent de la nature, les Français disposent d’un atout maître : 20 millions de jardins, terrasses et balcons pouvant se muer en réserves de biodiversité, à la campagne comme en ville. « Il y a possibilité d’agir partout », assure l’Office public français de la biodiversité (OFB), qui promeut « des gestes simples à adopter au quotidien » (listés sur la plate-forme Agir). Chez soi, sur des centaines de mètres carrés de jardin, et même sur quelques mètres carrés de cour, de terrasse ou de balcon, quelques centimètres carrés de rebord de fenêtre, la faune et la flore ordinaires peuvent être protégées.
• Niveau débutant : porter attention au vivant
– Jardiner en douceur pour respecter les équilibres naturels. Les produits phytosanitaires de synthèse (pesticides, engrais désherbants, antimousse) sont proscrits chez les particuliers depuis janvier 2019. Partiellement remplaçables par des purins naturels, des produits utilisés en agriculture biologique et par le désherbage manuel, ils deviennent surtout moins indispensables à mesure que le jardin gagne en biodiversité, accueillant des auxiliaires de lutte biologique (coccinelles, chrysopes, sauterelles, libellules, rouges-gorges…). Le compost, terreau d’une faune importante (micro-organismes, vers, limaces, cloportes), remplace avantageusement l’engrais chimique. La terre n’est pas retournée pour ménager les lombrics qui la drainent, l’aèrent, la fertilisent. Mais décompactée à la grelinette. Et protégée par paillage.
– Réfléchir avant de planter ou semer. Selon l’OFB, 45 espèces de plantes locales sont en voie de disparition du fait de plantes exotiques invasives comme les renouées d’Asie, les griffes de sorcières, l’herbe de la Pampa, certains bambous, acacias, rhododendrons. Mieux vaut choisir des espèces indigènes (recensées sur les sites Vegetal-local.fr ou Corsicagrana.corsica) adaptées au sol et au climat, qui abritent une microfaune utile.
– Bichonner les oiseaux. En trente ans, la population des oiseaux a connu un déclin de près de 30 % en France – le chardonneret élégant, la tourterelle des bois, l’hirondelle de fenêtre par exemple sont en sursis. Il est donc urgent de les nourrir, de les abreuver et héberger, mais pas n’importe quand ni comment ! On les nourrit uniquement des premières gelées (mi-novembre) aux beaux jours (fin mars), afin de ne pas retarder l’autonomisation des petits. On leur propose de la graisse végétale (colza de préférence), des fruits décomposés (pomme, poire, raisin), des mélanges de graines (tournesol ni grillé ni salé, millet, avoine, et aussi cacahuètes, amandes, noix, noisettes et maïs concassés…). Lait, pain et riz cru sont nocifs.
Qui a suffisamment d’espace peut installer plusieurs mangeoires (régulièrement nettoyées) pour éviter les cohues propices à la transmission de maladies entre oiseaux, ainsi que des nichoirs de types et de hauteurs variés. Toujours dans un endroit dégagé, pour éviter les attaques de prédateurs. Un micro-accès laissé à l’appentis, au garage, à la grange, permet aux hirondelles de nidifier.
> Lire aussi  Le jour où j’ai voulu nourrir les oiseaux du jardin
– Offrir des nuits tranquilles : les Français possèdent 14 millions de chats, redoutables chasseurs d’oiseaux, de reptiles et rongeurs. Une fois bien nourri et stérilisé, le félin limitera son impact sur la biodiversité en passant ses nuits à l’intérieur. Autre précaution utile : éviter la pollution lumineuse extérieure qui gêne la reproduction des papillons de nuit, rend visible aux prédateurs, etc. Si l’éclairage s’impose vraiment, le diriger vers le bas. Plus généralement, à la maison, il convient de limiter l’artificialisation des sols naturels, de neutraliser les pièges potentiels comme les baies vitrées (avec les stickers oiseaux anti-collision de la LPO par exemple) et d’éviter la clôture hermétique, afin de laisser le passage aux hérissons.
• Niveau intermédiaire : fournir le gîte et le couvert
– Créer des abris pour la faune. Oiseaux, insectes, amphibiens, petits mammifères, la faune du jardin a besoin de refuges tout au long de l’année, pour se reposer, nicher, hiberner, se reproduire à l’abri des prédateurs. Il s’agit de penser le jardin comme un écosystème qui s’autorégule, abritant différentes chaînes alimentaires. Donc de cesser d’y faire le ménage en permanence ! En tondant la pelouse moins souvent, par exemple, avec des lames plus hautes, et pas avant le mois de juin (une seule fois par mois, ensuite, jusqu’en septembre).
Des nichoirs peuvent être installés pour les hirondelles, les chouettes (auxquelles les grands arbres et accès aux mansardes sont précieux). Et même pour les chauves-souris, dévoreuses de moustiques. Si les ruches demandent trop de travail, il est possible de dresser des bottes de tiges creuses bouchées à l’argile d’un côté pour accueillir les abeilles sauvages. D’autres hôtels à insectes peuvent être fabriqués simplement, en perçant de trous une bûche ou en retournant un pot de fleurs rempli de paille.
Pour hébergement, la faune appréciera encore une haie d’essences végétales locales et diversifiées, dont certaines porteuses de petits fruits et baies, un mur de pierres sèches, ou juste une cavité non rebouchée dans la façade, une souche laissée au sol, un tas de pierres, feuilles ou branchages, à l’abri du vent… Attention néanmoins à ne pas trop approcher ensuite pour éviter les tiques. Laisser des pommes, glands, noix et noisettes non ramassées sous l’arbre fera le régal des oiseaux, écureuils et autres petits mammifères.
En appartement aussi, les murs des balcons et terrasses peuvent être végétalisés par des grimpantes (clématites, lierre…). Mangeoires et nichoirs peuvent être installés. Des initiatives comme « Un toit pour les abeilles » ou « Les dorloteurs d’abeilles » permettent de parrainer des ruches ou d’implanter des mini-conservatoires d’abeilles solitaires partout en France – où 30 % des colonies d’abeilles disparaissent chaque année.
– Planter des vivaces appréciées des pollinisateurs. Au jardin comme au balcon, privilégier les plantes indigènes qui repoussent chaque année (plutôt que des ornementales annuelles) et dont les nectars et pollens sont utiles aux abeilles et autres pollinisateurs. Comme par exemple les plantes aromatiques (thym, romarin, laurier sauce, germandrée scorodoine), la lavande officinale, la campanule, le calament, le lotier corniculé, la scabieuse, la bruyère… Côté arbustes et arbres, les pollinisateurs trouvent particulièrement à leur goût les pommiers et poiriers sauvages, les cormiers, merisiers, érables, oliviers, noisetiers, châtaigniers, tilleuls à grandes fleurs, arbousiers, groseilliers, framboisiers… Globalement, plus les strates végétales sont variées, et la floraison étalée dans l’année, mieux la faune et la flore sauvages se portent.
– Ne pas oublier l’eau, pour le bain et la boisson, en plaçant une large coupelle plate, à terre et/ou sur pieds. Le top du top, au jardin : aménager (ou préserver) une mare (sans poissons ni espèces exotiques) où les oiseaux et hérissons s’abreuvent, les insectes pondent leurs œufs, les amphibiens et odonates (libellules, demoiselles) logent, et ou une végétation particulière se développe. Peur des moustiques ? Les prédateurs naturels des moustiques qui colonisent la mare limiteront la population de larves.
• Niveau confirmé : Ensauvager et s’engager
– Laisser une place à la nature sauvage. Certes, rien ne vaut le foot ou la chaise longue sur gazon, mais ce mélange de graminées coupées ras n’a pas le moindre intérêt pour la biodiversité. Mieux vaut adopter la pelouse mixte incluant des légumineuses (comme le trèfle nain). Ou les plantes couvre-sol : thym tapissant, origan, menthe corse, buchloé faux-dactyle, véronique, dichondra, frankénie lisse, lotier corniculé…
Car tout le jardin n’est pas piétiné avec la même intensité. Des parcelles latérales peuvent être épargnées par la tondeuse, se muer en corridors écologiques rendus à la nature : il suffit de patienter deux ou trois ans, ou de semer en fin d’été un mélange de semences pour prairie adapté au lieu. Les fleurs sauvages (comme l’achillée millefeuille, la marguerite, la pâquerette, la petite pimprenelle, la renoncule âcre, la gesse des prés, le pissenlit…) intéressent bien des espèces d’insectes bénéfiques au jardin. Cette prairie (ou jachère) fleurie ne nécessite aucun entretien, hormis un réensemencement partiel tous les quatre-cinq ans (évitant que les graminées ne prennent le dessus sur les fleurs) et une ou deux fauches annuelles tardives, afin que les plantes à fleurs produisent les graines qui se propagent.
Avant la fin février, plus généralement, l’on évite de couper les plantes, mêmes potagères, de tailler les arbres et arbustes qui portent baies et fruits. Les papillons hibernent sous forme de chenille ou chrysalide sur les plantes ou feuilles mortes. Les oiseaux se nourrissent…
– Transformer son jardin en refuge antichasse. Des associations, comme l’Association pour la protection des animaux sauvages, guident dans les démarches administratives permettant d’extraire un terrain du territoire accessible à l’association de chasse locale, et de l’afficher aux limites de propriété. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) permet aussi de s’engager à accueillir et protéger la biodiversité, en devenant un « Biodiv’acteur » respectueux d’une charte précise et guidé par les conseils de l’association. Quelque 33 000 jardins écolos (sur 44 000 hectares) sont déjà « refuges LPO » en France, signalés par un panneau.
– Aider les scientifiques en donnant de son temps pour observer la nature, et transmettre des données collectées qui seront ensuite exploitées. Quelque 100 000 observateurs amateurs participent bénévolement à des programmes de sciences participatives, souvent menés en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle (et recensés sur le site Open). Compter les oiseaux communs, identifier les plantes sauvages au coin de la rue, effectuer un suivi photographique des insectes pollinisateurs : voilà qui fait avancer science et prise de conscience. La biodiversité, rappelle l’OFB, nous fournit oxygène, alimentation, matières premières, eau de qualité. Et régule le climat. Compter les bourdons n’a rien d’une lubie.
> Lire aussi  « Le gazon est un non-sens écologique » : et si on rangeait enfin tondeuses, engrais et pesticides ?
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/10/balcons-jardins-agir-chez-soi-pour-la-biodiversite_6094085_3244.html>
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14- Près de 500 infractions aux règles protégeant la posidonie en Méditerranée française, AFP, 10/09/21, 18h36

Pour la première fois cet été, la France a interdit le mouillage des grands yachts dans certaines zones de son littoral méditerranéen pour protéger les précieuses forêts de posidonie, mais 475 infractions ont été constatées, selon des chiffres officiels obtenus vendredi par l'AFP.
"Du 6 juillet au 1er septembre, 475 infractions à la règlementation sur les mouillages ont été relevées", la plupart sur la Côte d'Azur, entre le cap Ferrat et le cap Dramont (NDLR: entre Nice et Fréjus), a indiqué la préfecture maritime, autorité garante en France de la gestion durable des mers.
Ces nouvelles règles interdisent aux yachts de plus de 24 m de jeter leur ancre sur plusieurs zones fragiles, au large de la Côte d'Azur et de la Corse. En mer Méditerranée, haut lieu du yachting international, le mouillage des bateaux est en effet une des principales causes de destruction des posidonies, des plantes qui ne repoussent que très lentement. 
"Le fait qu'un navire jette son ancre, qui va ensuite frapper le fond où se trouvent les posidonies, a un effet dévastateur", rappelait début septembre le porte-parole de la préfecture maritime de Méditerranée, le capitaine de vaisseau Thibault Lavernhe.
Si de nombreux plaisanciers ont malgré tout jeté leur ancre par "ignorance" des nouvelles règles, quarante-deux d'entre eux ont récidivé après avoir été informés de l'infraction par les autorités maritimes françaises, ce qui a entraîné une trentaine de verbalisations.
"Un yacht battant pavillon britannique a notamment été pris 10 fois en infraction et a été verbalisé par la gendarmerie maritime" française, a indiqué la préfecture en précisant que des poursuites étaient engagées contre le capitaine du bateau.
La peine maximale encourue pour ces mouillages illégaux est de 150.000 euros d’amende et un an d'emprisonnement.
Tirant son nom du dieu grec de la mer Poséidon, la posidonie est une herbe méditerranéenne qui sert à la fois de nurserie aux poissons, contribue à la lutte contre le réchauffement climatique en stockant du carbone, comme les forêts tropicales, et aide à limiter l'érosion des côtes.
La protection de ce "trésor" sous-marin a été un des thèmes du Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui se tient à Marseille jusqu'à samedi.
En Espagne, les îles Baléares ont pris des interdictions de mouillage pour protéger la posidonie depuis 2018.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pres-de-500-infractions-aux-regles-protegeant-la-posidonie-en-mediterranee-francaise_157423>
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15- Sri Lanka : des éléphants volés rendus à leurs ravisseurs, AFP, 10/09/21, 23:00

Deux foyers pour éléphants au Sri Lanka ont été forcés de rendre 13 des jeunes animaux volés dans des parcs naturels à leurs ravisseurs présumés à la suite d'une décision de justice, ont indiqué des responsables vendredi. 
Les éléphants sont considérés comme sacrés au Sri Lanka et leur capture dans la nature est illégale, mais de nombreuses personnes ont des permis spéciaux pour posséder ces animaux, symboles de richesse.
En 2015, des enquêteurs criminels ont saisi au moins 13 éléphanteaux volés dans des parcs animaliers, notamment par un moine bouddhiste.
Mais dans un rebondissement controversé cette semaine, la police a obtenu un ordre d'un tribunal de Colombo pour les rendre à leurs ravisseurs présumés. 
La police a déclaré au tribunal que la nouvelle réglementation sur les éléphants apprivoisés permettait aux propriétaires d'enregistrer leurs animaux de compagnie auprès des autorités chargées de la protection de la faune. 
Six éléphants ont été enlevés de l'orphelinat de Pinnawala, enchaînés et déplacés dans des camions, tandis que sept autres ont été ramenés d'un foyer situé dans le sud de l'île.
Un autre éléphant qui, selon un tribunal, avait été donné par le président Gotabaya Rajapaksa à l'orphelinat il y a six ans a également été restitué.
Gotabaya Rajapaksa avait envoyé deux éléphanteaux à l'orphelinat en janvier 2015, avant d'être chef d'État, en disant qu'il n'avait pas les moyens de les entretenir. 
L'expert en éléphants d'Asie Jayantha Jayewardene s'est dit consterné par le retour des éléphants volés, le décrivant comme un "grand pas en arrière pour le bien-être des animaux". 
"Je suis très déçu", a déclaré M. Jayewardene à l'AFP. "Cela ne fera qu'encourager la capture illégale de bébés éléphants dans nos parcs nationaux". Selon lui, une quarantaine d'éléphanteaux pourraient avoir été volés dans des troupeaux entre 2005 et 2015 et vendus pour environ 125.000 dollars chacun. 
Les braconniers tuent généralement la mère pour arracher les petits, a-t-il ajouté. 
Une enquête de 2011 a montré que le Sri Lanka comptait 7.379 éléphants vivant à l'état sauvage, dont environ 1.100 bébés, contre 12.000 en 1900.
<https://information.tv5monde.com/info/sri-lanka-des-elephants-voles-rendus-leurs-ravisseurs-423918>
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16- Congrès mondial pour la nature : vanille, coton et avocat sont-ils en danger d'extinction ?, Futura-sciences, 10/09/21
Fidji Berio, journaliste

Selon une étude qui a analysé le risque d'extinction de 224 espèces de plantes, la survie du maïs, de l'avocat et de la tomatille dépend du sauvetage de leurs cousins respectifs en Mésoamérique !
Le changement climatique global affecte les plantes et remodèle les écosystèmes. Si les espèces cultivées reçoivent une attention accrue concernant leur protection, une espèce qui n'est pas cultivée ou ne présente pas d'intérêt écologique évident, comme c'est le cas d'une espèce-ingénieur par exemple, risque plus facilement de s'éteindre.
Cette tendance est pourtant trompeuse car, s'il est possible de préserver localement des cultures par la mise en place de serres par exemple, cela ne signifie pas que l'espèce cultivée s'adapte au changement climatique. Les solutions locales peuvent, de plus, entraîner une perte de diversité génétique chez l'espèce cultivée et limiter sa résilience face à un environnement changeant. Afin de favoriser cette résistance, il est donc primordial de conserver une importante variété génétique chez celle-ci mais également au sein des espèces du même genre qui pourraient éventuellement s'hybrider avec elle et lui permettre de s'adapter à de nouvelles conditions environnementales.
Une étude parue dans le journal Plants, People, Planet a permis d'analyser le risque d'extinction de 224 espèces de plantes génétiquement proches notamment du maïs, de l'avocat, de la vanille, des piments, des haricots, des courges, des pommes de terre, du coton et de la tomatille. Les espèces analysées proviennent de Mésoamérique (centre et sud du Mexique, Guatemala, Salvador et Honduras), qui constitue une source de nombreuses cultures, un centre pour leur domestication ainsi qu'un réservoir de diversité génétique pour ces espèces.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/biodiversite-congres-mondial-nature-vanille-coton-avocat-sont-ils-danger-extinction-93443/>
En savoir plus :
> Extinction risk of Mesoamerican crop wild relatives <https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/ppp3.10225>, Plant People Planet, 06 September 2021
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17- Le congrès mondial de la nature s'achève sur un bilan en demi-teinte, Actu-environnement, 10/09/21
Laurent Radisson 

Le congrès de l'UICN s'est achevé après une semaine intensive de rencontres autour de la biodiversité. Qu'en ressort-il ? Un satisfecit de l'organisateur et du gouvernement français. Un bilan partagé selon les associations environnementales.
Les attentes des participants au congrès mondial de la nature étaient à la hauteur de l'urgence à agir face à l'effondrement de la biodiversité. Celles-ci ont-elles été satisfaites à l'issue d'une semaine intensives en négociations, conférences et sommets en tous genres tenus dans la cité phocéenne ?
La réponse est positive à en croire l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), organisateur du congrès, et le gouvernement français qui l'a accueilli. L'ONG se félicite dans le « Manifeste de Marseille », document bilan de l'événement, des « contributions substantielles et significatives à la reprise post-pandémie et à la crise biodiversité-climat » auxquelles les membres et partenaires de l'UICN se sont engagés.
De son côté, Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la biodiversité, a salué un bilan très satisfaisant au micro de Radio France internationale. « L'action de la France est saluée au niveau national, elle est reconnue au niveau international », s'est félicitée la représentante du Gouvernement. Le bilan est en revanche mitigé selon les grandes ONG environnementales.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/congres-mondial-nature-uicn-marseille-bilan-38152.php4>
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18- « L’humanité a atteint un point de bascule », alerte le Congrès mondial de la nature, Le Monde, 11/09/21, 04h09 
Perrine Mouterde

Les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature, en congrès à Marseille, ont appelé, vendredi, à agir « radicalement » sur les causes de la perte de biodiversité. 
Ce n’est pas à une, mais bien à trois crises qu’il faut faire face simultanément : la pandémie de Covid-19, l’érosion de la biodiversité et le dérèglement climatique, qui ne cessent de s’aggraver. Dans le manifeste de Marseille, adopté à l’issue de son congrès, vendredi 10 septembre, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) appelle à une « réforme systémique urgente » pour résoudre conjointement l’ensemble de ces défis.
« L’humanité a atteint un point de bascule, écrit l’organisation. Notre fenêtre de tir pour répondre à ces urgences interdépendantes et partager équitablement les ressources de la planète se réduit très vite. Nos systèmes existants ne fonctionnent pas. La “réussite” économique ne saurait plus se faire aux dépens de la nature. »
Malgré le contexte sanitaire, le congrès organisé en format hybride a rassemblé, en dix jours, 5 700 délégués à Marseille et 3 300 à distance et au moins 25 000 personnes, dont de nombreux jeunes, qui ont visité les espaces destinés au public. « La séquence internationale consacrée à la protection de la planète, avant la conférence mondiale sur la diversité biologique (COP15) et celle sur le climat (COP26), est bel et bien ouverte », s’est félicitée la secrétaire d’Etat française chargée de la biodiversité Bérangère Abba.
> Lire l’entretien : « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
Pour mettre fin à l’érosion dramatique de la biodiversité, l’UICN appelle chacun de ses membres à s’engager pour parvenir à l’adoption d’un cadre mondial « transformateur, efficace et ambitieux » lors de la COP15 qui s’ouvrira de manière virtuelle en octobre, puis se tiendra en présentiel au printemps 2022 à Kunming, en Chine. C’est à cette occasion que les chefs d’Etat définiront la feuille de route des dix prochaines années pour parvenir à enrayer la disparition des espèces et la dégradation des écosystèmes.
Liens entre la crise climatique et celle de la biodiversité
Les membres de l’UICN se sont engagés à soutenir, en vue de la COP, l’objectif de protéger et de conserver de manière efficace et équitable au moins 30 % des terres et des mers d’ici à 2030, en mettant l’accent sur les sites les plus importants pour la biodiversité. Cette ambition est portée par une coalition initiée par la France et le Costa Rica et qui rassemble plus de soixante-dix pays. « Les 30 %, c’est vraiment le seuil minimum à atteindre, a souligné Harvey Locke, un membre de la Commission mondiale des aires protégées de l’UICN. A terme, la science nous dit que nous devrons protéger au moins la moitié de la planète. »
Les aires protégées ne seront toutefois pas suffisantes pour restaurer les écosystèmes. Pour cela, il faudra agir « radicalement » sur les causes de la perte de biodiversité dans tous les secteurs, en supprimant les polluants, en éliminant la surpêche, en diminuant la déforestation, en réduisant de moitié l’empreinte écologique des modèles de consommation et de production, en transformant le système alimentaire… « La biodiversité et la nature sont importantes partout », insiste le Manifeste.
> Lire aussi  Restaurer 20 % des écosystèmes, réduire massivement l’impact des pesticides… 21 cibles pour préserver la biodiversité
A quelques semaines seulement de la COP26, prévue en Ecosse en octobre, les membres de l’UICN n’ont cessé de rappeler l’importance des liens entre les deux crises climatique et de la biodiversité. Ils appellent à découpler la croissance économique de l’utilisation des combustibles fossiles et à cesser tout investissement international dans ces sources d’énergie. L’organisation rappelle également que les « solutions fondées sur la nature » – c’est-à-dire des actions qui protègent, restaurent et permettent de gérer durablement des écosystèmes – pourraient assurer environ 30 % des efforts d’atténuation requis d’ici à 2030.
« Collectivement, les membres de l’UICN envoient un message puissant à Glasgow et Kunming : le temps est venu d’un changement fondamental », a résumé le directeur général de l’instance, Bruno Oberle.
Après de longues discussions, les membres ont aussi adopté une proposition visant à créer, au sein même de UICN, une nouvelle commission dédiée à la crise climatique. « Nous sommes une petite île, nous vous supplions de nous donner une commission sur ce sujet », a lancé pendant le débat un délégué d’Hawaï. « Cette commission va permettre de faire entrer des experts du climat au sein de l’UICN, se réjouit Maud Lelièvre, la présidente du comité français. Il faut que les experts de la biodiversité et ceux du climat s’influencent mutuellement. »
Pour une relance « basée sur la nature »
Face à la pandémie de Covid-19, le congrès espère une relance « basée sur la nature ». Alors que des montants gigantesques d’argent public vont être dépensés à travers le monde, l’organisation demande qu’aucun investissement ne contribue à dégrader davantage les écosystèmes et qu’au moins 10 % des financements soient favorables à l’environnement.
« Aujourd’hui, un tout petit pourcentage des plans de relance peut être considéré comme vert, il faut faire beaucoup plus », a insisté Sonia Pena Moreno, la coordinatrice des politiques et de la gouvernance de la biodiversité de l’UICN. La question des financements est cruciale alors que moins de 0,2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial est actuellement consacré à la protection de la planète.
> Lire aussi  Les mammifères marins et les vieilles forêts au cœur des débats de l’UICN
Au total, 137 recommandations portant sur une très grande diversité de sujets ont été adoptées. Plusieurs d’entre elles visent à protéger l’océan en mettant fin à la pollution plastique d’ici à 2030, en renforçant la protection des mammifères marins par la coopération régionale ou encore en établissant un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins – une proposition que n’a pas soutenue Paris. « La France n’envisage que l’exploration à des fins scientifiques, on a besoin de ces données, on ne peut pas se priver de cette connaissance », justifie Bérangère Abba.
Les forêts primaires et matures d’Europe devront être cartographiées pour être ensuite protégées de façon stricte, la déforestation importée doit être limitée par le biais d’une fiscalité différenciée et les impacts de l’industrie minière devront être réduits.
Interpeller gouvernements et entreprises
Après des heures de débats parfois vifs, une motion portant sur la biologie de synthèse a également réussi à être adoptée. Le texte final demande à l’UICN de définir sa position sur ce sujet hautement controversé d’ici au prochain congrès, en 2024, tout en rappelant l’importance fondamentale du principe de précaution.
Si les recommandations et résolutions votées à Marseille ne sont pas contraignantes, les acteurs de la protection de l’environnement comptent bien s’appuyer sur ces textes, adoptés à de très larges majorités, pour interpeller gouvernements et entreprises. « Ces motions ne garantissent rien mais on voit quand même qu’il y a des choses qui avancent, salue Jean-David Abel, spécialiste des questions de biodiversité à France nature environnement (FNE). A force de prendre des engagements, les Etats sont bien obligés de les respecter au moins un petit peu. » « Ces messages envoyés par une grande autorité mondiale de la conservation ont une résonance forte, assure aussi Maud Lelièvre. Maintenant qu’ils sont adoptés, nous allons pousser pour leur mise en œuvre. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/11/l-humanite-a-atteint-un-point-de-bascule-alerte-le-congres-mondial-de-la-nature_6094256_3244.html>
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19- Nicolas Hulot prévient que “nous sommes à la veille d’un point critique” concernant la conservation de la biodiversité, France New Life, 11/09/21, 09:14
dawndelaney

Le congrès mondial de la Nature s'est terminé samedi à Marseille. L'Union internationale pour la conservation de la nature a appelé à des "changements radicaux" dans son manifeste de clôture.
“Nous sommes au bord d’un point critique.”, car “Si nous ne luttons pas contre le changement climatique, nous ne pouvons pas gagner la lutte contre l’érosion de la biodiversité.”Prévient France Amfo, ancien ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, à l’occasion de la clôture de la Conférence mondiale de la nature à Marseille, samedi 11 septembre. Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) Un changement ambitieux est nécessaire. « Les urgences climatiques et biodiversité sont indiscernables l’une de l’autre, mais ce sont deux aspects d’une même crise.“, je me souviens de l’UICN. “La science doit être notre boussole et nous encourage à agir de manière radicale et rapide en revoyant en profondeur notre modèle économique de prédation.”, ajoute Nicolas Hulot.
France info : Après la clôture de cette Conférence mondiale de la nature à Marseille, croyez-vous à un engagement fort du pays ?
Nicolas Hulot : Je ne veux pas mettre mes intentions à l’épreuve à cause de la feuille de route exigeante et radicale proposée par une coalition de 70 pays menée par le Costa Rica et la France. Il a été développé par des acteurs de terrain du monde entier.Les choses se décideront à la COP15 en Chine l’année prochaine [sur la biodiversité] Mais la réalité nous rattrape. Il y a encore des choses positives à propos de cette première étape. Cela signifie que chacun comprend que les enjeux climatiques et de biodiversité sont indissociables.
Nous devons passer d’une économie compétitive à un état de coopération d’une économie qui se fait aux dépens de la nature. Il faut changer d’échelle. Aujourd’hui, 0,2% du PIB mondial est consacré à la protection de l’environnement. C’est surtout insuffisant.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-a-marseille-nous-sommes-au-bord-d-un-point-de-rupture-sur-la-preservation-de-la-biodiversite-alerte-nicolas-hulot_4768201.html>
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20- Les peuples autochtones, acteurs majeurs de la protection des espèces et des écosystèmes, Le Monde, 11/09/21, 09h52
Perrine Mouterde (Marseille, envoyée spéciale)

Les groupes indigènes représentent 5 % de la population mondiale mais gèrent au moins 25 % de la surface terrestre, où se concentre près de 80 % de la biodiversité. 
A une large majorité des votes et sous les applaudissements. Vendredi 10 septembre, les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ont adopté une résolution affirmant la nécessité de protéger 80 % de l’Amazonie d’ici à 2025 pour « éviter un point de non-retour ». « Nous avons été entendus, mais le combat n’est pas terminé, a réagi José Gregorio Diaz Mirabal, le coordinateur général du Congrès des organisations indigènes du bassin amazonien (COICA). Nous devons maintenant nous battre pour obtenir un soutien technique et financier pour que nos territoires cessent d’être contaminés et que nos droits soient respectés. » 
Avec ce texte, déposé en urgence juste avant le congrès, les peuples indigènes appellent les Etats et agences gouvernementales faisant partie de l’UICN – le Brésil n’en est pas membre – à reconnaître et délimiter tous les territoires leur appartenant, en reconnaissant leurs instances de gouvernance locale, et à promulguer des moratoires sur les activités industrielles dans les forêts primaires. L’Amazonie, l’un des principaux puits de carbone et l’une des régions les plus riches au monde en termes de biodiversité, est en péril. En 2020, la déforestation a encore augmenté de 17 % par rapport à 2019 et au cours de ces deux années, les incendies ont détruit au moins 3 millions d’hectares de forêt.
> Lire aussi  A Marseille, un congrès crucial pour agir face à la crise de la biodiversité
« Cela fait trente ans, depuis le sommet de la Terre de Rio de 1992, que l’on dit que la planète est malade et que les gouvernements ou les Nations unies font des discours et fixent des objectifs qui ne sont jamais tenus, précise José Gregorio Diaz Mirabal. Cette fois-ci, nous avons inversé le processus : c’est nous qui avons élaboré cette proposition et décidé quelle était notre ambition. » 
Respecter des droits de l’homme
Au-delà de l’avenir de l’Amazonie, la reconnaissance du rôle et des droits des peuples autochtones pour la protection de la nature a été l’un des enjeux majeurs du congrès. Les personnes indigènes représentent 5 % de la population mondiale mais gouvernent et gèrent au moins 25 % de la surface terrestre, qui concentrent près de 80 % de la biodiversité. « Les peuples indigènes demandent que le respect des droits de l’homme soit réellement inclus dans les programmes et les politiques de l’UICN et que ce sujet soit aussi porté lors de la conférence mondiale sur la diversité biologique (COP15) », explique Victoria Lucia Tauli-Corpuz.
> Lire aussi  « L’humanité a atteint un point de bascule », alerte le congrès mondial de la nature
Originaire du nord des Philippines et membre du peuple Kankanaeys, elle a été la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des peuples indigènes et l’autrice d’un rapport sur les atteintes aux droits de l’homme – assassinats, tortures, criminalisation… – subies au nom d’efforts de conservation. En 2020, 40 % des 331 défenseurs de l’environnement qui ont été tués étaient des indigènes.
« Dans le passé, les peuples autochtones n’étaient jamais consultés lorsque des aires protégées étaient créées, raconte Victoria Lucia Tauli-Corpuz. Il faut qu’ils soient systématiquement impliqués et inclus dans le processus de gouvernance. » « Ce qui nous manque, c’est l’accès à nos territoires ancestraux, estime Claudette Labonté, membre de l’un des six peuples autochtones de Guyane française. Quand les agriculteurs, les bûcherons ou les orpailleurs viennent sur nos territoires, nous sommes obligés de faire front tous seuls. On parle du parc national amazonien de Guyane mais il y a au moins 350 mines illégales dans ce parc ! »
> Lire aussi  Claudette Labonté : « En Guyane, l’Amazonie française n’est pas mieux traitée que sa voisine brésilienne »
A Marseille, les membres de l’UICN se sont engagés à veiller à ce que la gouvernance des aires protégées soit inclusive et équitable ainsi qu’à soutenir les efforts des peuples autochtones, qualifiés « d’autorités et de gardiens de la biodiversité ». Des travaux publiés le 2 septembre dans la revue Ecology & Societysoulignent que 56 % des études portant sur la conservation sous contrôle « local » des peuples autochtones montrent des résultats positifs autant pour le bien-être humain que pour la protection des espèces et des écosystèmes, contre seulement 16 % pour les territoires placés sous le contrôle « extérieur » d’Etats, d’ONG ou d’entreprises privées.
> Lire aussi  Sur l’environnement, « écoutons ce que les peuples autochtones ont à nous dire »
Pour les représentants des peuples autochtones, la science ne fait que confirmer une évidence. « Bien sûr que l’on respecte la nature, c’est notre garde-manger et c’est grâce à elle que l’on se soigne », explique Claudette Labonté. « Le message [des peuples autochtones] est là, la science est là, nous devons agir maintenant », a insisté Kristen Walker, la présidente de la commission de l’UICN sur les politiques sociales, économiques et environnementales.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/11/les-peuples-autochtones-acteurs-majeurs-de-la-protection-des-especes-et-des-ecosystemes_6094301_3244.html>
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21- Congrès mondial de la nature : l'UICN appelle à des "changements radicaux" dans son manifeste de clôture ?, France info avec AFP, 11/09/21, 11:01

Le manifeste de l'Union internationale pour la conservation de la nature propose notamment de protéger au moins 30% de la planète d'ici 2030, mais aussi de créer un réseau d'aires protégées "ambitieux, interconnecté et efficace".
A quelques semaines de la COP26 climat et de la COP15 biodiversité, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) appelle à des transformations ambitieuses. L'UICN, forte de 1 400 membres (Etats, agences gouvernementales, ONG, peuples autochtones, associations d'entreprises) a clos vendredi 10 septembre l'assemblée de ses membres avec la publication d'un "manifeste de Marseille" et l'adoption de motions en lien avec les négociations internationales en cours. 
"La réussite économique ne saurait plus se faire aux dépens de la nature", insiste dans l'organisation, rappelant que "nous en faisons partie et nous dépendons d'elle pour nos vies et nos moyens de subsistance". Elle demande des "plans de relance fondés sur la nature", avec "au moins 10% des budgets totaux de relance" dédié à protéger et restaurer la nature, le reste ne devant pas financer des activités qui lui soient dommageables.
"Il est impératif de réduire d'urgence les émissions de gaz à effet de serre"
Pour l'organisation, la protection de la nature doit notamment s'appuyer sur les jeunes, les peuples autochtones et les femmes et les actions locales. L'urgence environnementale peine à se hisser au niveau de l'urgence climatique sur le plan politique. La pandémie de Covid-19, en obligeant les négociations internationales pour la COP15 à se tenir en ligne, n'a pas aidé, empêchant de réelles avancées.
Dans la perspective de la COP15, prévue en avril 2022, et d'un nouveau cadre mondial pour la biodiversité, l'UICN appelle à s'attaquer "aux polluants, notamment ceux issus de l'agriculture et de l'industrie", à "mettre un terme à la pollution par les matières plastiques comme à la surpêche". "Il est impératif de réduire d'urgence les émissions de gaz à effet de serre", demande encore l'UICN, pour qui les solutions basées sur la nature sont une solution efficace pour s'adapter au changement climatique. Le manifeste suggère également de protéger au moins 30% de la planète d'ici 2030, mais aussi de créer un réseau d'aires protégées "ambitieux, interconnecté et efficace".
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/congres-mondial-de-la-nature-l-uicn-appelle-a-des-changements-radicaux-dans-son-manifeste-de-cloture_4767777.html>
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22- Factuel. Mathilde Deniaud, bénévole à la Ligue pour la protection des oiseaux : « On essaie de limiter la casse sur la Terre », Le Monde, 11/09/21, 12h30
Perrine Mouterde 

Les centres de soins de la faune sauvage fonctionnent en grande partie grâce à l’implication de citoyens comme cette jeune femme de 21 ans
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A l’occasion du congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), du 3 au 11 septembre à Marseille, Le Monde publie une série de portraits de défenseurs de la biodiversité, qui agissent à différents niveaux pour la préservation de l’environnement. 
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Agir pour la biodiversité 6/6. Accroupie à côté de la cage, Mathilde Deniaud nourrit un minuscule moineau domestique, un ver de terre après l’autre. « Des gens l’ont trouvé et l’ont ramassé, alors que ses parents n’étaient peut-être pas très loin », raconte-t-elle. Il devra apprendre à manger seul et à voler de ses propres ailes, avant de pouvoir être relâché dans la nature. Il lui faut ensuite nourrir et soigner les jeunes hérissons dans leur caisse en plastique, la chouette effraie blessée à la patte dans son clapier et les passereaux dans leur carton. La petite pièce du centre de sauvegarde de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) de l’Ile-Grande, dans les Côtes-d’Armor, accueille ce jour-là une soixantaine d’animaux, installés jusque sur le rebord de la fenêtre.
Dans la salle d’à côté, le « labo 2 », d’autres bénévoles en bottes et blouse bleue préparent des rations de croquettes. Sur de grands tableaux blancs est indiqué, pour chaque pensionnaire, le traitement dont il a besoin et son poids. « C’est ici que tout se passe, explique Elise Bidaud, l’une des rares permanentes du centre de soins. On note dans quelles circonstances l’animal a été trouvé, on fait les examens, les soins. Clairement, sans les bénévoles, on ne pourrait pas accueillir autant d’animaux. » 
> Lire aussi La France dans le viseur de la Ligue pour la protection des oiseaux
Mathilde Deniaud, 21 ans, a toujours su qu’elle voulait « faire ça ». Elle a grandi près de Nantes avec des chats, des lapins et des cochons d’Inde. En 2018, elle a interrompu ses études de sciences et commencé à travailler comme bénévole à l’antenne LPO de Nantes. Deux ans plus tard, elle a rejoint l’antenne de l’Ile-Grande, à l’occasion d’un service civique de six mois. Depuis qu’elle a terminé, elle cherche un emploi dans un centre de soins, mais les offres sont rares. La France compte 102 structures accueillant des animaux sauvages blessés ou en danger, mais ils manquent de moyens. Pourtant, les besoins sont toujours plus importants : en six ans, le nombre d’animaux accueillis a augmenté de plus de 110 %, alors que le budget des centres a progressé de moins de 40 %.
En attendant une opportunité, en France ou ailleurs, Mathilde Deniaud continue à donner de son temps libre plusieurs jours par semaine, samedi ou dimanche inclus. Comme elle, une centaine de bénévoles font tourner le centre où sont accueillis un millier d’animaux par an. Des hérissons, parfois des écureuils, mais surtout des oiseaux aquatiques ou pélagiques : goélands, fous de Bassan, macareux… Ils sont blessés par des hameçons et des filets de pêche ou ont les ailes mazoutées – le pétrolier Tanio, échoué au large du Finistère depuis 1980, continue à fuir et les dégazages sauvages se poursuivent.
> Lire aussi La population des oiseaux des villes et des champs en France a décliné de près de 30 % en trente ans
Depuis le centre se dessine à l’horizon l’archipel des sept îles, une réserve naturelle gérée par la LPO où vit la seule colonie de fous de Bassan du pays. Ils sont 21 005 couples à venir nicher chaque année dans cette zone, considérée comme le berceau historique de l’association. C’est ici qu’en 1912, ses membres ont réussi à faire interdire le tir au macareux, l’emblématique petit oiseau au bec rouge. Il n’en reste aujourd’hui qu’une centaine de couples en France. « Ce lieu nous renvoie à la violence de l’homme, à l’époque où l’on massacrait ces oiseaux et aux marées noires, estime Allain Bougrain-Dubourg, le président de la LPO. Mais il nous renvoie aussi au phénomène de résilience, à l’envie de rebâtir et de donner une chance nouvelle à la vie. »
Mathilde Deniaud attend avec impatience chaque visite de la réserve, dont la superficie pourrait être étendue. Pendant son service civique, elle a potassé l’incontournable Guide ornitho de Delachaux, bible des ornithologues, pour apprendre à reconnaître les oiseaux qu’elle soignait. Depuis ses premières expériences à l’antenne nantaise de la LPO, elle a aussi appris à faire face à la mort des animaux trop fragiles pour survivre. « A chaque fois qu’on en relâche un, c’est une petite victoire », sourit-elle.
> Lire aussi Allain Bougrain-Dubourg, une vie au service des oiseaux
Elle se dit de plus en plus consciente des enjeux environnementaux. Elle suit une campagne de mobilisation en faveur des orques, s’informe sur la situation des refuges en Afrique. « Au centre de soins, il y a beaucoup de végétariens ou de végans, de gens qui font attention à ce qu’ils consomment. On voit rarement de surconsommateurs, observe la jeune femme. Et par notre travail, on essaie de limiter la casse sur la Terre, ça ne peut pas être mal. Ce sont des causes anthropiques qui font que ces animaux arrivent ici. On ne sauvera pas une espèce, mais on participe à ne pas la détruire entièrement. »
Mathilde Deniaud n’a pas encore adhéré à la LPO. « On se considère un peu comme membre quand on y travaille tous les jours », remarque-t-elle. Plus tard en tout cas, elle en est sûre, elle veut « faire ça ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/11/mathilde-deniaud-benevole-a-la-ligue-pour-la-protection-des-oiseaux-on-essaie-de-limiter-la-casse-sur-la-terre_6094311_3244.html>
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23- Congrès de la nature 2021 : un bilan salué malgré des réserves, Novethic, 13/09/21
Pauline Fricot

Après une semaine intense de négociations et de conférences, le Congrès de la nature a pris fin. Le bilan général est positif : les 1 200 membres de l'UICN ont voté une vingtaine de motions qui doivent rehausser l'ambition en matière de protection de la biodiversité. Pour la première fois, les peuples autochtones ont été invités à prendre part aux votes. Mais les associations dénoncent un bilan mitigé du côté de l'Hexagone, alors que des annonces fortes étaient espérées. 
La semaine a été dense. Le Congrès de l’UICN s’est achevé le 11 septembre à Marseille après huit jours d’échanges entre représentants de gouvernements, du monde des affaires et des ONG pour dessiner les contours d’une stratégie ambitieuse en matière de protection de la nature. 
Dans un document intitulé Manifeste de Marseille, l’UICN, instance de référence en matière de conservation, a mis en avant un bilan positif, également salué par les ONG. "Face aux cris d’alarmes et à l’urgence absolue, le Congrès de l’UICN met les points sur les i, a souligné le WWF dans un communiqué. Le cadre est posé, les décisions doivent maintenant suivre rapidement ". Le gouvernement français a lui aussi applaudi le travail des congressistes. "Le bilan de ce congrès est absolument satisfaisant" a déclaré la secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique, Bérangère Abba, au micro de Rfi le 10 septembre. 
Parmi les grandes avancées, pour la première fois, les peuples autochtones ont été invités à prendre part aux votes. Un Sommet mondial des peuples autochtones a été organisé en amont du Congrès et les peuples autochtones ont pris part aux discussions à travers des dizaines de réunions tout au long de la semaine. L'enjeu est d’autant plus important que 80% de la biodiversité forestière se situe sur le territoire des peuples autochtones, dont le rôle est crucial dans la protection de la biodiversité. Une motion allant dans ce sens a été votée au cours du Congrès.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/congres-de-la-nature-2021-un-bilan-salue-malgre-des-reserves-150150.html>
Sur le même sujet : 
> Le congrès mondial de la nature s'achève sur un bilan en demi-teinte <https://www.actu-environnement.com/ae/news/congres-mondial-nature-uicn-marseille-bilan-38152.php4>, Actu-environnement, 10/09/21
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En audio
24- L'espace, une vigie pour l'état de la nature, France Inter, Mission Alpha : journal de bord de Thomas Pesquet, 11/09/21, 13:15
Sophie Bécherel

Alors que le Congrès Mondial pour la nature s'achève à Marseille, Thomas Pesquet rappelle à quel point l'espace contribue à la surveillance de l'environnement. Les satellites fournissent désormais l'essentiel des données scientifiques. Les astronautes, depuis l'ISS, complètent par les photos.
Pollution, déforestation, fonte des glaciers, surexploitation minière... À 400 km d'altitude, les dégâts anthropologiques fait à la Terre sont visibles. Le contraste entre clichés magnifiques de la planète bleue vue de l'ISS et les dégradations qu'on lui fait subir est un moyen fort selon Thomas Pesquet de sensibiliser le public et les décideurs à la nécessité d'agir. 
À Marseille, les spécialistes de la biodiversité ont voté plusieurs résolutions pour protéger les écosystèmes et les populations qui y vivent. Depuis la station spatiale, l'astronaute a posté clichés et messages.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/mission-alpha-journal-de-bord-de-thomas-pesquet/mission-alpha-journal-de-bord-de-thomas-pesquet-du-samedi-11-septembre-2021>
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En images
25- L’Office français de la biodiversité publie une première photo des deux petits lynx, Les DNA, 07/08/21, 19:15

L’Office français de la biodiversité (OFB) a publié vendredi une première photo des deux petits lynx, mis au monde ce printemps dans les Vosges du Nord par Lycka. On y voit les deux chatons blottis l’un contre l’autre.
« Début juin, son cantonnement dans une zone restreinte a mis les équipes sur la piste d’une mise-bas. La portée a pu être localisée par les inspecteurs de l’environnement de l’OFB. Deux bébés lynx, âgés d’environ trois semaines et bien portants, ont pu être observés, la mère se tenant à proximité », précise l’OFB. « C’est la première reproduction attestée de l’espèce dans les Vosges du Nord depuis sa disparition au XVIIe siècle ».
« Cet événement majeur pour l’avenir du lynx dans le massif a été rendu possible par le programme LIFE porté par la Stiftung Natur und Umwelt (Rheinland-Pfalz) », rappelle l’OFB, qui souligne que « le statut de conservation du félin est toujours insuffisant dans le massif des Vosges ».
<https://www.dna.fr/environnement/2021/08/06/l-ofb-publie-une-premiere-photo-des-deux-petits-lynx>
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26- Faune sauvage : ces drôles de photos d'animaux en finale des Comedy Wildlife Awards 2021, Géo, 02/09/21, 13h16 
Léia Santacroce 

Quelles seront les photos d'animaux les plus drôles de l'année ? Avant la remise des prix le 22 octobre prochain, découvrez les clichés finalistes des Comedy Wildlife Photography Awards, dévoilés le 1er septembre.
>> Suite à voir à : 
<https://www.geo.fr/environnement/faune-sauvage-ces-droles-de-photos-danimaux-en-finale-des-comedy-wildlife-awards-2021-206117 <https://www.geo.fr/environnement/faune-sauvage-ces-droles-de-photos-danimaux-en-finale-des-comedy-wildlife-awards-2021-206117>>
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27- À la rencontre des orangs-outans de Tapanuli, TF1, journal de 20h, 09/09/21

Ils font partie des espèces en danger critique d'extinction. Les orangs-outans de Tapanuli ne seraient plus que 800. Maxime Aliaga s'est pris de passion pour cet animal et diffuse les photos de l'animal pour sensibiliser l'opinion publique.
Maxime Aliaga a commencé dans la garrigue autour de Montpellier en capturant des faucons crécerelle et des libellules dans son objectif, en butinant des papillons en pêchant dans le lit des rivières à sec des grenouilles assoiffées. Et puis son regard l'a mené plus loin. La photographie a élargi son horizon. En Indonésie, au cœur de Sumatra, il a pu faire une expédition dans le cadre d'un programme de conservation sur les traces d'une nouvelle espèce d'orang-outan. Nous avons suivi dans ce pays.
Après plusieurs jours de marche d'écoute et de recherche, il y a rencontré un mâle qui avait déjà été repéré par les équipes locales, mais jamais photographié ni filmé. Cet animal appartient à une espèce inconnue que les scientifiques ont formellement identifiée en 2017 seulement grâce à son ADN. Il est différent des autres orangs-outans. On lui a donné le nom de Tapanuli, la région isolée où il vit depuis des millénaires, à l'écart de tout.
Cette expérience unique, cette quête et cette passion pour les animaux, le photographe la raconte dans un livre et une exposition itinérante avec un sentiment d'urgence. Selon les estimations, il n'y aurait plus aujourd'hui que 800 orangs-outans de Tapanuli. Ce qui en fait le grand singe le plus en danger d'extinction au monde.
>> Reportage à voir à :
<https://www.lci.fr/evasion/video-a-la-rencontre-des-orangs-outans-de-tapanuli-2195894.html>
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