[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international (vendredi 15 avril)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 15 Avr 07:56:30 CEST 2022


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.)
1- Projets soutenus. Les Hôtels Solidaires donnent une seconde vie aux textiles hôteliers <https://www.fnh.org/les-hotels-solidaires-donnent-une-seconde-vie-aux-textiles-hoteliers/>, Fondation pour la Nature et l’Homme, 05/04/22
2- Le renoncement, nouveau dogme des entreprises engagées <https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/le-renoncement-nouveau-dogme-des-entreprises-engagees-150697.html>, Novethic, 05/04/22
3- Entretien. « Le défi réside dans la hiérarchisation des solutions », Valère Corréard, journaliste à France Inter et l’Info Durable <https://reportersdespoirs.org/interview-valere-correard/>, Reporters d’Espoirs, 06/04/22
4- Critique. Sur la piste des crimes climatiques et environnementaux <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/08/sur-la-piste-des-crimes-climatiques-et-environnementaux_6121143_3232.html>, Le Monde, 08/04/22, 07h00  
5- Entretien. Dennis Meadows : « Il faut mettre fin à la croissance incontrôlée, le cancer de la société » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/08/dennis-meadows-il-faut-mettre-fin-a-la-croissance-incontrolee-le-cancer-de-la-societe_6121114_3232.html>, Le Monde, 08/04/22, 11h06 
6- En Haute-Garonne, une école pour aider les jeunes à réconcilier « fins de mois et fin du monde » <https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/04/09/en-haute-garonne-une-ecole-pour-aider-les-jeunes-a-reconcilier-fins-de-mois-et-fin-du-monde_6121334_4401467.html>, Le Monde Campus, 09/04/22, 07h00
7- En Irak, le timide éveil de la jeunesse à la protection de l'environnement <https://information.tv5monde.com/info/en-irak-le-timide-eveil-de-la-jeunesse-la-protection-de-l-environnement-452320>, AFP, 10/04/21, 11:00
8- Les pays riches sont « responsables de l’effondrement écologique mondial » <https://www.numerama.com/sciences/918401-les-pays-riches-sont-responsables-de-leffondrement-ecologique-mondial.html>, Numerama, 11/04/22, 11h04
9- Tribune. « L’école doit enseigner et cultiver une politique du vivant » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/11/l-ecole-doit-enseigner-et-cultiver-une-politique-du-vivant_6121696_3232.html>, Le Monde, 11/04/22, 20h37
10- En France et aux États-Unis, un vent de révolte historique se lève chez Amazon <https://www.novethic.fr/actualite/social/conditions-de-travail/isr-rse/chez-amazon-un-vent-de-revolte-historique-se-leve-entre-mobilisation-generale-et-printemps-syndical-150710.html>, Novethic, 11/04/22
11- Transition énergétique : un écart préoccupant entre objectifs et réalité, selon l'Autorité environnementale <https://www.actu-environnement.com/ae/news/transition-energetique-ecart-objectifs-realite-autorite-environnementale-39449.php4>, Actu-environnement, 12/04/22
12- L’économie circulaire explose les compteurs des levées de fonds <https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/l-economie-circulaire-explose-les-compteurs-des-levees-de-fonds-150656.html>, Novethic, 12/04/22
13- Entretien. Jean-Paul Mochet, Président du groupe Monoprix veut faire de l'enseigne le catalyseur d'un mode de vi(ll)e plus citoyen <https://www.universitedelaterre.com/actualites/jean-paul-mochet-president-de-monoprix-veut-faire-de-lenseigne-le-catalyseur-dun-mode-de-vi-ll-e-plus-citoyen/>, Université de la Terre, 13/04/22
14- Entretien. Laure Clerget, championne de l’économie circulaire dans l’Aube <https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/entretien-avec-laure-clerget-leconomie-circulaire-dans-laube/>, Entrepreneurs d’avenir, 13/04/22
15- A Brasilia, des milliers d’indigènes rassemblés pour défendre leurs terres et l’environnement <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/14/a-brasilia-des-milliers-d-indigenes-rassembles-pour-defendre-leurs-terres-et-l-environnement_6122212_3244.html>, Le Monde, 14/04/22, 19h00 
16- Norme sur les obligations vertes : le Conseil de l'UE est prêt à négocier avec le Parlement <https://www.actu-environnement.com/ae/news/norme-obligations-vertes-conseil-UE-pret-negocations-parlement-39462.php4>, Actu-environnement, 14/04/22
En images
17- EuroMillions : un grand gagnant très généreux <https://www.tf1info.fr/societe/video-euromillions-un-grand-gagnant-tres-genereux-2215891.html>, TF1, journal de 20h, 06/04/22

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.

CITATIONS DU JOUR : — "Notre empreinte écologique est trop élevée : nous consommons plus de ressources que la Terre ne peut en régénérer, qu’il s’agisse de combustibles fossiles, de sols fertiles, d’eau propre, etc.", Dennis Meadows, physicien américain et un des auteurs de 'The Limits to Growth’ publié en 1972 (cf. item 5)
— "Le savoir et la pensée critiques sont les meilleurs guides face à des choix difficiles, pour éviter les fausses routes, les fantasmes, les peurs « collapsistes », les ostracismes et les violences et comme la graphie le suggère, « écologie » commence par le mot « école »". Collectif (cf. item 9)
— "Le changement climatique et l'effondrement de la biodiversité sont à l'œuvre. Certaines pollutions affectent fortement la santé humaine. Alors que ces évolutions menacent l'avenir de l'humanité, "nous regardons ailleurs". Extrait de l’édito du rapport annuel de l'Autorité environnementale (cf. item 11 & suite)
— "A la minute où j'ai su que j'étais l'heureux gagnant de l'EuroMillions, j'ai eu le souhait de partager ma chance. La priorité, aujourd'hui, est de sauver la planète (...) C'est une urgence absolue". (cf. item 17)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Lutte contre le gaspillage, solidarité et inclusion sont les trois axes autour desquels l’association "Les Hôtels Solidaires" a été créée en 2018. (cf. item 1)
— Aux côtés des pionniers comme Patagonia ou Lush, de plus en plus de sociétés comme Camif ou Lamazuna choisissent délibérément de se priver d’une partie de leur chiffre d’affaires pour des raisons environnementales. Encore exceptionnels, ces parcours d’entreprises ont vocation à se multiplier, avancent des experts. (cf. item 2)
— A Lahage, une école forme aux métiers "verts" des jeunes de 16 à 25 ans déscolarisés, sans emploi ou en reconversion. On y travaille le bois, la terre, ou la céramique, dans une approche qui mêle corps et âme. (cf. item 6)
— Sur les bords du Tigre, des bénévoles ramassent déchets et détritus, une initiative encore rare en Irak où les jeunes s'éveillent lentement à la protection de l’environnement. (cf. item 7)
— Depuis plus de 25 ans, Monoprix s'engage pour contribuer à la transition écologique alimentaire : bien-être animal, production biologique, emballage, actions solidaires et territoriales. (cf. item 13)
— Artemise est une société auboise dont l’activité principale est la collecte et le traitement de sources lumineuses. (cf. item 14)
CHIFFRE DU JOUR : Avec la levée de fonds record de 450 millions d’euros de Back Market, l’économie circulaire devient désormais un domaine particulièrement attractif. (cf. item 12)
PUBLICATIONS DU JOUR : — 25 idées reçues sur l’écologie à déconstruire de toute urgence aux éditions Marabout. (cf. item 3)
— Deux ouvrages récemment parus sont consacrés à la criminalité environnementale, et décrivent l’impunité dont bénéficient les principaux pollueurs de la planète. (cf. item 4)
— Les États-Unis et l’Union européenne, suivis par la Chine, sont les principaux responsables d’une extraction excessive des ressources naturelles, selon une analyse. (cf. item 8 & suite)
MOBILISATION DU JOUR : Quelque 8 000 membres des peuples autochtones se sont réunis dans un vaste campement pour dénoncer l’orpaillage illégal et la pollution de leurs territoires. Ils ont reçu le soutien de l’ancien président Lula. (cf. item 15)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
_______________________________________________________________________________________________________________________
1- Projets soutenus. Les Hôtels Solidaires donnent une seconde vie aux textiles hôteliers, Fondation pour la Nature et l’Homme, 05/04/22

Lutte contre le gaspillage, solidarité et inclusion sont les trois axes autour desquels l’association « Les Hôtels Solidaires », créée en 2018. Avec notre soutien, Antoine et Lisa, deux jeunes de l’équipe, vont pouvoir étendre l’activité de l’association, jusqu’à présent dédié à la récupération de viennoiseries, produits d’hygiène et mobilier, au recyclage du linge d’hôtel déclassé et ainsi offrir un emploi à des personnes en situation de handicap.
Un temps veilleur de nuit, Antoine fait cuire les viennoiseries des petits déjeuners et à chaque retour des buffets, se désole du gaspillage. Dans sa vie professionnelle, c’est un artiste exprimant tour à tour ses talents d’auteur, de photographe et de réalisateur, autant guidé par la créativité que par son plaisir à fédérer une équipe autour d'un projet commun. C’est l’envie d’ajouter du sens et un but social à son action qui l’a mené à fonder les Hôtels Solidaires, un projet collectif et une aventure qui s’inscrit dans la durée, car dit-il “ contrairement à un film, il n’y a pas de clap de fin !” Sollicités pour un soutien financier dans le cadre de notre programme Génération climat, nous avons été séduits par son nouveau projet visant à donner une seconde vue au linge d’hôtel usagé.
>> Suite à lire à :
<https://www.fnh.org/les-hotels-solidaires-donnent-une-seconde-vie-aux-textiles-hoteliers/>
_______________________________________________________________________________________________________________________
2- Le renoncement, nouveau dogme des entreprises engagées, Novethic, 05/04/22
Mathilde Golla

Aux côtés des pionniers comme Patagonia ou Lush, de plus en plus de sociétés comme Camif ou Lamazuna choisissent délibérément de se priver d’une partie de leur chiffre d’affaires pour des raisons environnementales. Encore exceptionnels, ces parcours d’entreprises ont vocation à se multiplier, avancent des experts.
"Des entreprises renoncent à faire du chiffre d’affaires pour ne pas polluer, elles sont entrées dans un monde de post-croissance", souligne Geneviève Férone Creuzet, co-fondatrice de l’agence Prophil qui a publié l’étude Entreprise et Post-Croissance. "Il faut les encourager et faire évoluer les modèles", ajoute l’ancienne directrice du développement durable d'Eiffage et de Veolia. Même posture de Quantis qui recommande désormais aux entreprises d’aligner leurs stratégies sur les limites planétaires. "Nous les accompagnons pour faire évoluer leur modèle, quitte à faire preuve de renoncement", reconnaît ainsi Dimitri Caudrelier, directeur général du cabinet de conseil. 
L’idée d’un monde en "post croissance", plus sobre en ressources, où les entreprises acceptent de réduire leur activité pour préserver des matières premières fait son chemin. À l’image de Lamazuna, une marque de cosmétiques solides et bio, qui renonce au lancement de produit tant que l'intégralité des ingrédients qui le compose ne donnent pas entière satisfaction. Chez Expanscience, qui commercialise la marque Mustela, Sophie Robert-Velut, directrice générale des opérations dermo-cosmétique, confie que le spécialiste des produits pour bébé réfléchit à se retirer du marché des lingettes. En effet, même si le produit représente une indéniable source de croissance pour le groupe, il n’est pas écologique.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/le-renoncement-nouveau-dogme-des-entreprises-engagees-150697.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
3- Entretien. « Le défi réside dans la hiérarchisation des solutions », Valère Corréard, journaliste à France Inter et l’Info Durable, Reporters d’Espoirs, 06/04/22
Propos recueillis par Morgane Anneix

Journaliste spécialisé sur les enjeux de transition écologique, Valère Corréard intervient sur les ondes de France Inter depuis 2015 avec sa chronique Social Lab. Il est également à l’origine de l’Info Durable, média en ligne dédié au développement durable. Auteur, il publie 25 idées reçues sur l’écologie à déconstruire de toute urgence aux éditions Marabout.
Votre ouvrage veut répondre à des idées reçues à propos de l’écologie. Où les avez-vous glanées ?
J’ai articulé recherches personnelles, notamment sur les réseaux sociaux, appels à témoignages, et sollicitations directes. J’essayais de trouver des récurrences et ainsi des idées qui seraient assez communes mais erronées. Il y aussi des idées reçues que l’on connait tous, souvent le fruit d’un lobbying économique ou politique, ou parfois simples légendes urbaines ancrées dans l’imaginaire collectif sans que l’on en connaisse bien la raison.
Quelles sont les idées reçues les plus tenaces que vous avez relevées ?
D’abord celles relatives au climat, qui proviennent probablement des climatosceptiques qui, même s’ils n’arrivent désormais plus à nous faire tomber dans le déni, minimisent l’urgence de la situation. L’un des exemples les plus flagrants est probablement l’affirmation que le changement climatique a toujours existé et serait donc naturel. Le climat a en effet toujours évolué, mais jamais au rythme que nous constatons : s’il s’est réchauffé entre l’ère glaciaire et aujourd’hui, sur environ dix mille ans, on devrait avoir les mêmes résultats dans le sens inverse en seulement 100 ans. Ce qui signifie un grand problème en termes d’adaptation.
Autre idée reçue : « 2°C, ce n’est pas la mer à boire. On sortira juste un peu plus souvent en terrasse ». C’est la parfaite illustration de l’amalgame entre météo et climat. Deux degrés de variation de la température, ce n’est pas dramatique ; mais l’augmentation de 2°C des températures moyennes à l’échelle du monde, c’est considérable. Le premier cas relève de la météo, alors que le deuxième, témoignant d’un réchauffement global des températures, concerne le climat, qui à son tour influence la météo. Mais pas forcément de seulement 2°C : cela peut être un dôme de chaleur de 49°C comme on l’a vu au Canada l’été dernier, alors que l’on n’est aujourd’hui qu’à un peu plus de 1°C de réchauffement.
Enfin, une autre idée que j’ai trouvée assez horrible : l’écologie ne serait qu’un « truc de riches ». Là, on confond fin du monde et fin du mois, alors que la question est beaucoup plus complexe et multi-dimensionnelle. Ce sont plutôt les populations « riches » qui polluent : l’ONG Oxfam a calculé que les 10% les plus riches de la planète représentent 52% des gaz à effet de serre émis. Mais l’écologie concerne aussi pleinement les gens pauvres, puisque ce sont eux qui pâtissent le plus des conséquences comme la pollution ou la malnutrition. De plus, les personnes en difficulté financière s’intéressent elles aussi à l’écologie. Certaines actions ou changements d’habitude peuvent d’ailleurs être source d’économies. Derrière cette simple idée reçue se cache donc une réalité beaucoup plus nuancée.
>> Suite à lire à :
<https://reportersdespoirs.org/interview-valere-correard/>
En savoir plus  
> 25 idées reçues sur l'écologie à déconstruire de toute urgence <https://www.marabout.com/livre/25-idees-recues-sur-lecologie-deconstruire-de-toute-urgence-9782501166881/>, de Valère Corréard, Editions Marabout, 30/03/22
_______________________________________________________________________________________________________________________
4- Critique. Sur la piste des crimes climatiques et environnementaux, Le Monde, 08/04/22, 07h00  
Claire Legros

Deux ouvrages récemment parus sont consacrés à la criminalité environnementale, et décrivent l’impunité dont bénéficient les principaux pollueurs de la planète. 
Livres. La question posée par le titre de l’essai de Grégory Salle, Qu’est-ce que le crime environnemental ?, peut déconcerter au premier abord. Si l’expression n’a pas de consistance juridique précise dans le droit français, la Commission européenne définit comme crime contre l’environnement « tout acte qui enfreint la législation environnementale et entraîne un dommage ou un risque grave pour l’environnement ou la santé humaine ». Une directive recense les infractions passibles d’une poursuite pénale dans les pays de l’Union européenne lorsqu’elles sont commises intentionnellement ou par négligence grave. Parmi elles, on trouve le commerce illégal d’espèces sauvages, la contrebande de ressources naturelles ou le déversement illégal des déchets.
L’ouvrage invite pourtant à dépasser les représentations habituelles qui réduisent le crime contre l’environnement à ces seules activités illicites. Leur traque sert d’alibi au saccage légal de la planète par des acteurs autrement plus puissants, affirme son auteur, chercheur en sciences sociales au CNRS, qui travaille sur les inégalités socio-environnementales. En se focalisant sur le rôle des mafias et des trafiquants clandestins de ressources naturelles, les grandes institutions internationales et les Etats passent sous silence les activités des multinationales, certes licites, mais tout aussi prédatrices pour l’environnement, et occultent la responsabilité du mode de production capitaliste fondé sur l’exploitation.
Mal généralisé
« Dramatiser la criminalité environnementale comme la face sombre de la mondialisation (…) peut légitimer par contraste des comportements ou des modes de vie écologiquement nuisibles, voire destructeurs, mais socialement acceptés, sinon célébrés », note le chercheur, qui, dans son précédent livre (Superyachts. Luxe, calme et écocide, Amsterdam, 2021), s’intéressait à l’impact écologique des navires de luxe en Méditerranée.
> Lire aussi La reconnaissance au rabais de l’écocide dans le projet de loi climat
Sa réflexion s’inscrit dans le courant de la « criminologie verte », apparu dans les années 1990 aux Etats-Unis et qui s’extrait volontairement du cadre juridique pour interroger la façon dont les normes sont produites. Si les crimes environnementaux « semblent rares ou négligeables, c’est seulement en raison d’une sous-estimation, physique ou symbolique, si ce n’est d’une dénégation », affirme Grégory Salle. Les frontières entre le crime, le délit, l’infraction ou l’atteinte légale à l’environnement sont loin d’être définitives, car les législations et réglementations sont toujours le résultat de rapports de force sociaux et politiques. Dans le domaine environnemental comme ailleurs, l’impunité des entreprises est directement proportionnelle à leur poids dans l’économie mondiale et à leur capacité à orienter le débat politique pour réduire l’impact des normes sur leurs activités.
A ce constat s’ajoute un biais géographique : les trafics illégaux de bois ou d’animaux, réprimés et médiatisés par des organisations internationales, se situent majoritairement sur les continents africain et asiatique, alors que ce sont les pays du Nord qui commettent les atteintes les plus graves. L’exemple de la « guerre du sable » illustre ce déséquilibre. Face à la surexploitation des ressources disponibles, seules sont réprimées les pratiques illégales sans que le modèle d’exploitation industriel ne soit remis en cause.
Pour le chercheur, la criminalité environnementale représente moins l’élément malade d’un corps sain – qu’il suffirait d’extirper pour que tout rentre dans l’ordre – que le symptôme d’un mal généralisé, le « reflet à peine déformant de l’organisation économique normale ».
Addiction planétaire
L’enquête très documentée que livre Mickaël Correia, journaliste à Mediapart, sur Les multinationales qui brûlent notre planète fait directement écho à cette démonstration. L’auteur y rappelle que cent entreprises sont responsables de 71 % des émissions de CO2 mondiales. Il s’intéresse plus précisément aux trois premières, le conglomérat saoudien de pétrole Aramco, la compagnie chinoise China Energy et le géant russe Gazprom.
Le journaliste décrit les stratégies redoutables – corruption, « soft power », lobbying… – que déploient ces multinationales pour accroître l’addiction planétaire aux énergies fossiles, avec le soutien des gouvernements, notamment européens. Rédigé avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’ouvrage entre en résonance avec l’actualité immédiate de la guerre menée par Vladimir Poutine aux portes de l’Europe, éclairant opportunément les débats en cours sur l’embargo du gaz et du pétrole russes. La première partie, consacrée à Gazprom, retrace en effet la façon dont le « clan des Pétersbourgeois » dirigé par Poutine a fait main basse sur le gaz russe au début des années 2000, et comment s’est organisée, depuis vingt ans, la dépendance européenne.
Alors que tous les feux sont au rouge et que le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a rappelé l’urgence de développer les énergies renouvelables et la sobriété, le constat est implacable. En décrivant, chacun à leur manière, l’impunité dont bénéficient les géants du capitalisme extractiviste, les deux ouvrages mettent aussi en évidence l’inaction des Etats et la responsabilité d’un modèle économique insoutenable.
§ « Qu’est-ce que le crime environnemental ? », Grégory Salle, Seuil, « Anthropocène », 288 pages, 21 euros.
§ « Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète », Mickaël Correia, La Découverte, 188 pages, 19 euros.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/08/sur-la-piste-des-crimes-climatiques-et-environnementaux_6121143_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
5- Entretien. Dennis Meadows : « Il faut mettre fin à la croissance incontrôlée, le cancer de la société », Le Monde, 08/04/22, 11h06 
Propos recueillis par Audrey Garric

Dans un entretien au « Monde », le physicien, coauteur il y a cinquante ans du rapport du Club de Rome « Les Limites à la croissance », estime que l’impératif est aujourd’hui de changer « les valeurs et les objectifs » des sociétés contemporaines, qui courent à leur perte. 
C’est un texte qui a fait date. En 1972, répondant à une commande du Club de Rome, un think tank basé en Suisse, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiaient The Limits to Growth, un rapport montrant que la croissance économique ne pouvait se poursuivre indéfiniment dans un monde aux ressources finies. Il prévoyait que la population et la production industrielle et de nourriture finiraient par ralentir puis reculer, contraintes par les limites de la planète – disparition des ressources naturelles et capacité limitée de la Terre à absorber les émissions.
> Lire aussi Dennis Meadows : « La démocratie a échoué à traiter le problème environnemental »
L’un de ses coauteurs, le physicien américain Dennis Meadows, 79 ans, a répondu aux questions du Monde, à l’occasion du cinquantième anniversaire du rapport, et de la publication d’une nouvelle version de ce best-seller, le 3 mars, Les Limites à la croissance (dans un monde fini), aux éditions Rue de l’Echiquier (488 pages, 14,90 euros).
Quel bilan tirez-vous, cinquante ans après la publication du rapport de 1972 ?
Notre empreinte écologique est trop élevée : nous consommons plus de ressources que la Terre ne peut en régénérer, qu’il s’agisse de combustibles fossiles, de sols fertiles, d’eau propre, etc. En 1972, nous avions encore une chance de ralentir ce processus, et de garder la démographie et la consommation à des niveaux soutenables. L’une de nos principales conclusions était que plus nous agissions tôt, meilleurs seraient les résultats. Mais pendant cinquante ans, nous n’avons pas agi. Nous sommes donc au-delà de la capacité de la Terre à nous soutenir, de sorte que le déclin de notre civilisation à forte intensité énergétique et matérielle est inévitable. Le niveau de vie moyen va baisser, la mortalité va augmenter ou la natalité être réduite et les ressources diminueront.
La plupart des gens pensent que l’épuisement des ressources ne nous affecte que lorsqu’il n’y a plus rien dans le sol. C’est plus complexe que cela. Les limites à la croissance sont liées au fait que, progressivement, le coût des ressources devient si élevé que nous ne pouvons plus nous permettre de les utiliser en si grandes quantités. Nous sommes actuellement dans cette situation où, par exemple, le prix du pétrole devient trop cher pour les consommateurs.
L’un de vos scénarios prévoyait que la croissance s’arrêterait autour de 2020. Est-ce vraiment ce que l’on observe maintenant ?
Cette possibilité est en train de se réaliser : les ressources sont de plus en plus chères, la demande est de plus en plus importante, de même que la pollution. La question est désormais de savoir non pas si mais comment la croissance va s’arrêter. Ce que nous voyons, c’est que la population diminue maintenant dans certains pays, au Japon, en Russie et bientôt en Chine. Bien sûr, le PIB continue de croître, mais ce n’est pas un bon indicateur du bien-être humain, car il augmente avec les activités néfastes telles que la réparation des dégâts de la guerre en Ukraine.
Le PIB augmente, mais ses composantes changent. Il s’agit de plus en plus de réparer les dommages environnementaux ou de remplacer les services gratuits que nous obtenions de la Terre, comme extraire l’eau du sol et la boire sans la dépolluer. Avant, les gens s’attendaient à avoir une vie meilleure que celle de leurs parents, maintenant ils pensent que leurs enfants seront moins bien lotis parce que la société ne produit plus de véritables richesses.
Le dépassement des limites va-t-il forcément se traduire par un effondrement ?
Imaginez une voiture qui roule vers un mur. Elle peut s’arrêter de deux façons, soit en freinant, soit en heurtant le mur. Lors de la réédition de notre ouvrage, en 2004, il était encore possible de ralentir par une action humaine. Maintenant, je pense que c’est trop tard. Il n’y a aucune possibilité de maintenir la consommation d’énergie aux niveaux actuels ni de ramener la planète dans ses limites. Cela signifie-t-il l’effondrement ? Si vous allez aujourd’hui en Haïti, au Soudan du Sud, au Yémen ou en Afghanistan, vous pourriez conclure qu’il a en fait déjà commencé. Il y a eu tellement de civilisations, les Phéniciens, les Romains, les Mongols et, plus récemment, les Américains. Elles se développent et puis c’est leur fin. C’est notre condition humaine.
> Lire aussi : Dominique Méda : « L’heure de la sobriété est venue »
Faut-il donc abandonner l’objectif de développement durable ou de croissance verte ?
Le développement durable n’est plus possible. Le terme de croissance verte est utilisé par les industriels pour continuer leurs activités à l’identique. Ils ne modifient pas leurs politiques mais changent de slogan. C’est un oxymore. Nous ne pouvons pas avoir de croissance physique sans entraîner des dégâts à la planète. Les pays pauvres en ont toujours un peu besoin, mais les riches doivent passer à un développement qualitatif – améliorer l’équité, la santé, l’éducation, l’environnement.
Pourquoi les gouvernements et les populations ne réagissent-ils pas ?
Il y a plusieurs raisons. D’abord, parce qu’en raison de l’évolution génétique depuis des centaines de milliers d’années nous ne sommes pas faits pour penser sur le long terme, mais sur le court terme : comment survivre face aux animaux sauvages. Ensuite, en raison de notre égoïsme. Beaucoup de gens tirent de l’argent et du pouvoir à court terme grâce à la croissance, donc résistent au fait de la ralentir. Enfin, notre système politique ne récompense pas les politiciens qui auraient le courage de faire des sacrifices maintenant pour obtenir des bénéfices plus tard. Ils risquent de ne pas être réélus.
> Lire aussi Dominique Méda : « Pour réussir la transition écologique, il faut engager une véritable révolution de nos politiques publiques »
L’autre élément majeur, c’est que la promesse de croissance infinie est devenue la base du consensus politique. Quand tout le monde comprendra que la croissance ne peut pas continuer ainsi, les changements nécessaires seront impossibles car ceux qui s’attendent à obtenir moins y feront obstacle.
Y a-t-il un système de gouvernance qui puisse réaliser les changements nécessaires ?
Actuellement, tous les systèmes politiques – démocraties, dictatures, anarchies – échouent à résoudre les problèmes de long terme, comme le changement climatique, la hausse de la pollution ou des inégalités. Ils ne le peuvent pas, à moins qu’il y ait un changement dans les perceptions et valeurs personnelles. Si les gens se souciaient vraiment les uns des autres, des impacts sur le long terme et dans des endroits éloignés d’eux-mêmes, alors n’importe quelle forme de gouvernement pourrait créer un avenir meilleur.
Dans votre nouvelle préface, vous écrivez anticiper des « changements politiques d’ampleur considérable ». Lesquels ?
Le changement climatique, l’épuisement des combustibles fossiles ou encore la pollution de l’eau vont entraîner des désordres, des chocs, des désastres et catastrophes. Or si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils abandonnent la seconde pour le premier. Je pense que nous allons assister à une dérive vers des formes de gouvernement autoritaires ou dictatoriales. Actuellement déjà, l’influence ou la prévalence de la démocratie diminue et dans les pays dits démocratiques comme les Etats-Unis, la vraie liberté diminue.
Les solutions technologiques peuvent-elles nous aider ?
Même en étant un technologue, et en ayant été un professeur d’ingénierie pendant quarante ans, je suis sceptique. Le problème ne vient pas de la technologie, mais de nos objectifs et valeurs. Si les objectifs implicites d’une société sont d’exploiter la nature, d’enrichir les élites et de faire fi du long terme, alors elle développera des technologies dans ce sens. Nous n’avons pas besoin de nouvelles technologies agricoles pour réduire la faim dans le monde. Nous devons simplement mieux redistribuer la nourriture que nous produisons. Les technologies ont par ailleurs un coût (en énergie, argent, etc.) et viendra un moment où il sera trop élevé.
Pour sortir des énergies fossiles, vous défendez l’efficacité énergétique et le développement des renouvelables, mais pas celui du nucléaire. Pourquoi ?
Le nucléaire est une idée terrible. A court terme, car il y a un risque d’accident catastrophique : puisqu’on ne peut pas éviter à 100 % les erreurs humaines, on ne devrait pas prendre un tel pari. A long terme, car nous allons laisser les générations futures gérer le problème des déchets pendant des milliers d’années. L’énergie renouvelable est formidable, mais il n’y a aucune chance qu’elle nous procure autant d’énergie que ce que nous obtenons actuellement des fossiles. Il n’y a pas de solution sans une réduction drastique de nos besoins en énergie.
> Lire aussi La croissance, nouveau clivage politique
Aujourd’hui, à la place du développement durable, vous défendez un objectif de résilience à l’échelle locale. De quoi s’agit-il ?
C’est la capacité à absorber les chocs et continuer à vivre, sans cesser de pourvoir aux besoins essentiels en matière de nourriture, de logement, de santé ou de travail. C’est la capacité de récupération d’une ville après un tremblement de terre, d’une forêt après un incendie. On peut le faire par soi-même, contrairement à la durabilité : on ne peut pas adopter un mode de vie durable dans un monde non durable. A l’inverse, à chaque fois que quelqu’un est plus résilient, le système le devient davantage. Il faut maintenant l’appliquer à chaque niveau, mondial, régional, communautaire, familial et personnel.
Comment éviter les caricatures d’un retour à la bougie ou à l’âge de pierre ?
Je pense que les problèmes entraînés par l’absence de résilience le feront pour nous. Avec la guerre en Ukraine, de nombreux pays prennent soudainement conscience qu’il serait souhaitable d’être plus résilients dans l’utilisation de l’énergie ou de la production alimentaire. Nous devrions aussi éviter le terme de décroissance, car il est principalement négatif – il met l’accent sur tous les problèmes de la croissance. Or nous savons que, pour réussir politiquement, il faut être pour quelque chose. Il faut donc trouver une image positive d’une société sans croissance : par exemple, le fait d’accéder à plus de bonheur ou à une meilleure santé.
> Lire aussi : « Il est temps de cesser de confondre croissance et développement »
En 1972, votre rapport effleurait le changement climatique. Comment la connaissance actuelle a-t-elle fait évoluer vos travaux ?
Le changement climatique, de même que l’extinction des espèces ou l’augmentation des déchets plastiques, que l’on qualifie de problèmes, sont en fait des symptômes. La limitation du changement climatique est utile, mais revient à donner une aspirine à quelqu’un atteint d’un cancer. Cela l’aidera seulement à se sentir mieux temporairement. Il faut mettre fin à la croissance incontrôlée, le cancer de la société.
Gardez-vous de l’espoir ?
Pas pour cette civilisation intensive en énergie et en matériaux. Elle va disparaître et devenir quelque chose de différent. Chacun d’entre nous peut encore espérer améliorer les choses pour lui-même, mais pas pour la société globale. Les jeunes peuvent manifester autant qu’ils le veulent pour le climat, cela ne fera pas baisser le CO2 et n’empêchera pas la mer de monter. Mais peut-être que cela aidera la société à mieux s’adapter aux changements.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/08/dennis-meadows-il-faut-mettre-fin-a-la-croissance-incontrolee-le-cancer-de-la-societe_6121114_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
6- En Haute-Garonne, une école pour aider les jeunes à réconcilier « fins de mois et fin du monde », Le Monde Campus, 09/04/22, 07h00
Carole Sauvage (envoyée spéciale à Lahage (Haute-Garonne))

A Lahage, une école forme aux métiers « verts » des jeunes de 16 à 25 ans déscolarisés, sans emploi ou en reconversion. On y travaille le bois, la terre, ou la céramique, dans une approche qui mêle corps et âme. 
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Coralie, 24 ans, s’est toujours entendu dire qu’elle n’avait « pas le niveau pour continuer à l’école ». Une prophétie autoréalisatrice, se dit-elle quand elle rate son brevet des collèges. Exit donc ses rêves d’enfance de travailler dans la couture ; on l’oriente plutôt vers la vente, un secteur qui recrute en milieu rural, même sans diplôme. A 16 ans, elle démarre ainsi, un peu par hasard, un apprentissage dans un supermarché à côté de chez elle. Une première expérience dont elle ressort sept ans plus tard, en 2021, complètement essorée par les conditions de travail, avec de sérieux problèmes de santé, et une seule certitude : elle ne remettra plus jamais les pieds derrière une caisse.
Que faire d’autre, là était toute la question. « Je n’avais jamais sérieusement réfléchi à trouver un métier qui me plaisait. Je savais simplement que je voulais travailler avec mes mains », rapporte la jeune femme. La mission locale de Carbonne (Haute-Garonne) lui parle alors de l’Ecole de la transition écologique (ETRE). Elle a été ouverte en 2017 par des éducateurs et des spécialistes de l’environnement à Lahage, un village de 200 habitants perdu dans l’arrière-pays toulousain. L’objectif : « remobiliser » des jeunes âgés de 16 à 25 ans, déscolarisés ou sans emploi, grâce aux métiers « verts ».
Chaque année, une centaine de jeunes y sont formés. Certains sont en rupture scolaire, d’autres, étudiants en réorientation ; tous sont en quête de sens. Sept autres écoles, sur le même modèle, existent en France. « Leur accès est gratuit [le financement est assuré par les régions, l’Europe, des fondations privées et des entreprises locales] et chacune se développe en adéquation avec les acteurs et les besoins locaux », décrit le président de la Fondation ETRE et fondateur de l’école-pilote, Frédérick Mathis, aussi codirecteur de l’association d’éducation à l’environnement 3PA (penser, parler, partager, agir). Le réseau ETRE continue aujourd’hui d’essaimer. « L’objectif, en 2022, c’est d’ouvrir quatre autres écoles », projette le directeur.
> Lire aussi Les tiers-lieux, laboratoires du monde d’après
L’association, créée en 2004, a d’abord mené des actions dans les quartiers prioritaires de Toulouse. « Mais parler de transition écologique à des jeunes qui n’avaient jamais franchi le périphérique et qui pensaient d’abord à boucler leurs fins de mois, ça ne pouvait pas fonctionner, se souvient le directeur. Si on ne prend pas la peine d’embarquer ces jeunes sur ces thématiques-là, ni de leur montrer qu’il est possible de concilier plusieurs préoccupations, fins de mois et fin du monde, la transition écologique risque de ne pas se faire, ou alors de manière violente. » 3PA a donc fait le choix de partir à la campagne et de fonder une école au sein d’un tiers-lieu consacré à l’économie circulaire. Une conserverie de légumes bio, une entreprise de revalorisation de meubles ainsi qu’une brasserie artisanale y sont installées. Elèves et professionnels se côtoient ainsi quotidiennement.
« Ambiance arche de Noé »
A peine arrivée à l’école, Coralie s’y est tout de suite sentie apaisée. « Ici, c’est ambiance arche de Noé », commente-t-elle à sa descente de la navette qui dessert les lieux quotidiennement. L’établissement est situé au bout d’une petite route de campagne et donne sur une vallée de champs et de bosquets. A 9 heures, comme chaque jour, elle retrouve ses camarades et l’équipe pédagogique devant les locaux pour improviser quelques exercices physiques. L’occasion de désengourdir les corps et de faire un premier point sur la journée qui s’annonce.
« On y va cool, Coralie, ça ne sert à rien de vouloir trop en faire, les feuilles continueront de tomber après notre passage », prévient d’emblée Laure Bernardoni, artisane d’art et spécialiste de la mosaïque, qui accompagne depuis trois ans les jeunes inscrits en préqualification, un cursus qui permet d’acquérir les savoirs de base – avant d’envisager éventuellement une formation qualifiante. Coralie et ses camarades Emma et Cédric vont s’initier aux métiers de l’entretien d’espaces verts.
Selon la situation et les aspirations de chacun, l’école a imaginé plusieurs formations allant d’une semaine de « remobilisation » à une certification sur dix mois. Toutes suivent un même fil rouge : celui de « l’apprentissage par le faire, par la pédagogie de projets, et toujours dans une optique écologique, pratique et solidaire », précise Frédérick Mathis. En plus de « constituer un véritable vivier d’emplois de demain », la transition écologique permet selon lui de « revaloriser les métiers manuels ». Ici donc, pas de salle de classe, uniquement des chantiers pédagogiques – comme la fabrication de meubles en palettes, la pose d’enduit de terre, le maraîchage en permaculture ou encore le soin des animaux de la ferme –, des rencontres avec des professionnels ainsi qu’un suivi social personnalisé.
C’est ce qu’est en partie venu chercher Cédric, 23 ans. Alors qu’il commençait l’année dernière un master d’économie à Toulouse, l’étudiant a tout arrêté du jour au lendemain. « Cela devenait lassant d’avancer dans les études sans savoir vers quoi j’allais. Lorsque vous êtes confronté à la mort d’un proche, comme moi, vous vous mettez à réfléchir au temps qui passe et à ce que, concrètement, vous voulez faire de votre vie », confie le natif de Haute-Garonne, concentré sur son défrichage à coups de houe. Le jour de notre venue, il n’était toutefois pas sûr d’aller jusqu’au bout de la préqualification, et attendait des réponses à plusieurs autres candidatures en service civique : « Je suis intéressé par les métiers de la transition écologique mais j’ai peur du manque de débouchés. »
Reprendre confiance en l’avenir
« La plupart des jeunes, lorsqu’ils arrivent ici, nous disent que l’écologie c’est bien beau, mais qu’ils veulent avant tout pouvoir vivre de leur métier, constate Laure Bernardoni. Certains des jeunes accueillis sont déscolarisés depuis le collège et d’autres sont diplômés mais sont un peu perdus dans leur orientation. Notre rôle, c’est de faire en sorte qu’ils acquièrent de nouvelles compétences et qu’ils reprennent confiance en leur avenir. »
> Lire aussi Ecologie, agriculture… Six formations pour une reconversion « verte »
Aucun prérequis n’est exigé pour entrer à l’école ETRE, à l’exception de la motivation. « Et encore, tous ne savent pas l’exprimer », note Frédérick Mathis. « On veille surtout à l’équilibre des groupes, de façon à élargir les horizons de chacun », poursuit l’encadrante. Se rencontrent ainsi filles et garçons, avec ou sans diplôme, citadins ou ruraux, en situation de handicap, réfugiés ou encore professionnels en reconversion. « Il arrive que certains souffrent de phobie sociale ou qu’ils aient des problèmes d’insomnie à leur arrivée », précise Laure Bernardoni.
Emma, 23 ans, qui a grandi entre un père absent et une mère peut-être trop présente, a très vite mené ce qu’elle appelle « la vie de bohème ». Partie à 18 ans, enchaînant les petits boulots et mille vies, elle est désormais installée en location avec son compagnon dans une ville moyenne voisine. « Sans la garantie Visale [proposée par Action logement, qui se substitue au garant en cas de loyer impayé], cela n’aurait sans doute pas été possible », juge-t-elle. Elle prévoit bientôt de reprendre sa préparation du diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU), interrompue au début de la crise sanitaire. Un jour, peut-être qu’elle tiendra sa propre friperie, celle dont elle rêve, où des vêtements de seconde main et de vieux meubles retapés seraient bradés. « J’ai trop vu ma mère galérer pour vendre ses peintures », dit-elle.
A la fin de sa formation, Coralie, pour sa part, essaierait bien d’obtenir le titre professionnel de menuisier agenceur que propose l’école. La formation dure dix mois et débouche sur une certification délivrée par le ministère du travail. Contrairement aux formules « bulles d’air », « remobilisation » et « préqualification » proposées ici, plutôt destinées à des publics en quête de repères, elle s’adresse à toute personne désireuse d’aller vers la menuiserie.
A l’atelier bois, justement, où un grand feu de cheminée fume, Maë, 24 ans, grogne après son caisson à deux tiroirs. « C’est une galère », lâche le jeune homme, malgré tout satisfait d’avoir enfin terminé le montage de ses planches de contreplaqué. Ce meuble de cuisine, commandé à l’école par « un vrai client », est le premier ouvrage que réalise cet ancien étudiant en licence d’art. Pas très à l’aise avec « le côté relationnel et réseautage » du milieu de la photo auquel il se destinait, Maë a préféré se réorienter, mais sans repasser par la case école : « C’était hors de question, tranche-t-il. Je ne suis pas fait pour être assis toute la journée, entouré de trente personnes. »
Il aimerait, à terme, découvrir l’ébénisterie. Non pas pour faire des meubles « pour les riches » – cela ne l’intéresse « pas des masses » –, mais plutôt pour travailler avec des bois de récup’ et locaux. « Pourquoi pas au sein d’un atelier coopératif ? », imagine-t-il. « 75 % des jeunes passés par l’école s’orientent vers une formation ou trouvent un emploi », estime Frédérick Mathis. Pour toujours coller au plus près de leurs demandes, l’école prévoit la mise en place prochaine d’un CAP agricole ainsi que d’une formation d’accompagnement à l’entrepreneuriat.
La fin de la journée approche, la navette du retour ne devrait pas tarder à arriver. Laure Bernardoni profite des derniers instants pour faire un bref bilan de la journée. Coralie sait dorénavant qu’elle doit apprendre à ne pas se décourager trop vite pour progresser. Elle reviendra le lendemain forte d’une certitude :« J’étais nulle à l’école mais cela ne signifie pas qu’il n’existe pas d’autres méthodes pour apprendre. »
<https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/04/09/en-haute-garonne-une-ecole-pour-aider-les-jeunes-a-reconcilier-fins-de-mois-et-fin-du-monde_6121334_4401467.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
7- En Irak, le timide éveil de la jeunesse à la protection de l'environnement, AFP, 10/04/21, 11:00
Ammar Karim

Des canettes, des bouteilles d'eau et des capuchons en plastique : sur les bords du Tigre, Rassel, une bénévole, ramasse déchets et détritus, une initiative encore rare en Irak où les jeunes s'éveillent lentement à la protection de l'environnement.
Rassel, qui ne souhaite pas donner son nom de famille, fait partie des 200 Ambassadeurs de la propreté, une association qui s'est fixée comme but de débarrasser Bagdad de ses déchets -- ou tout du moins d'y contribuer -- et de sensibiliser aux questions environnementales. 
"Je veux rendre ma ville plus belle", lance Rassel, étudiante de 19 ans. "Cela me fend le cœur de voir les rives du Tigre dans cet état. Nous voulons changer cette réalité".
La tâche est herculéenne. A Bagdad, il est relativement courant d'abandonner bouteilles et canettes vides là-même où elles ont été consommées. 
Les lendemains de jours fériés, les rives du Tigre, appréciées des familles et des groupes d'amis pour ses espaces verts, sont jonchées de canettes de bière, de sacs plastiques ou d'embouts en plastique pour narguilé. 
Souvent, les déchets finissent directement dans le fleuve.
Ce jour-là, les Ambassadeurs de la propreté concentrent leurs efforts sur la berge située sous le pont des Imams, dans le nord de Bagdad.
"C'est la première fois que cette zone est nettoyée depuis 2003!" et l'invasion de l'Irak emmenée par les Etats-Unis, s'exclame un passant.
- Plastique, nylon, liège -
"On retrouve beaucoup de plastique, de nylon et de liège", explique Ali, 19 ans, un des organisateurs des Ambassadeurs de la propreté, qui en sont à leur huitième campagne de nettoyage.
Les déchets sont ensuite pris en charge par la mairie de Bagdad et déposés dans des décharges.
Les objets qui finissent dans le fleuve sont extrêmement nocifs pour la faune. 
Le Tigre doit déjà affronter une baisse drastique de son niveau à cause des sécheresses à répétition et des barrages construits en amont en Turquie. 
En aval, ces déchets finissent leur course dans le Golfe, avec des conséquences dramatiques. 
Selon l'ONU, les sacs plastiques "bloquent les voies respiratoires et l'estomac de centaines d'espèces" et "sont souvent ingérés par des tortues et des dauphins qui les confondent avec de la nourriture".
En Irak, pays qui a connu quatre décennies de conflit, le tri sélectif des ordures n'est pas à l'ordre du jour. 
Le pays manque de structures permettant "la collecte et l'élimination des déchets. Il n'y a pas de décharge respectueuse de l'environnement et le recyclage du plastique n'est pas viable économiquement parlant", explique Azzam Alwash, fondateur de l'ONG Nature Iraq et conseiller du président irakien pour les questions d'environnement. 
Dans le monde, seuls 10% des déchets plastiques sont recyclés, selon l'OCDE. 
En Irak, lorsqu'ils sont ramassés, ils finissent parfois dans des décharges à ciel ouvert où ils sont brûlés. 
A proximité des marais du sud, par exemple. Près de ce delta intérieur classé au patrimoine mondial de l'humanité, un feu éternel consume en plein air des milliers de tonnes d'immondices, envoyant ses fumées à des kilomètres à la ronde.
- Gaz toxiques -
"L'incinération à ciel ouvert des déchets est une source de pollution de l'air. Son coût réel est le raccourcissement de la vie des Irakiens", s'insurge M. Alwash. "Mais l'Etat n'a pas d'argent pour construire des structures de recyclage".
A cela s'ajoute la pollution due au torchage, pratique qui consiste à brûler le gaz s'échappant lors de l'extraction de pétrole.
Ce cocktail toxique contribue à l'augmentation des maladies respiratoires et des émissions de gaz à effet de serre, un phénomène dont s'alarment les experts climat de l'ONU (Giec).
Le ministre irakien de l'Environnement, Jassem al-Falahi, a récemment reconnu auprès de l'agence de presse officielle INA que l'incinération des déchets pose un problème de santé publique, car "les gaz toxiques affectent la vie et la santé des gens". 
Pour autant, peu d'initiatives publiques sont mises en place. 
Et le ramassage des déchets par des volontaires est l'une des seules lueurs d'espoir pour le moment, estime Ali, membre des Ambassadeurs de la propreté. 
A l'en croire, l'amélioration de la situation passe par la sensibilisation des Irakiens à la problématique environnementale, sujet délaissé au profit d'autres questions, comme la dégradation du pouvoir d'achat.
"Certaines personnes commencent à ne plus jeter leurs déchets dans la rue et nous ont même rejoint", se réjouit-il.
<https://information.tv5monde.com/info/en-irak-le-timide-eveil-de-la-jeunesse-la-protection-de-l-environnement-452320>
______________________________________________________________________________________________________________________
8- Les pays riches sont « responsables de l’effondrement écologique mondial », Numerama, 11/04/22, 11h04
Marcus Dupont-Besnard

Les États-Unis et l’Union européenne, suivis par la Chine, sont les principaux responsables d’une extraction excessive des ressources naturelles, selon une analyse. 
« Les résultats montrent que les pays riches sont les principaux responsables de l’effondrement écologique mondial et qu’ils ont donc une dette écologique envers le reste du monde », affirme l’anthropologue espagnol Jason Hickel, de l’Universitat Autònoma de Barcelona (Espagne). 
Il est le coauteur d’une étude qui analyse à la loupe 50 ans d’exploitation des ressources naturelles dans le monde. Les travaux ont été publiés en avril 2022 dans The Lancet Planetary Health. Les résultats mettent en évidence une nette inégalité dans la responsabilité envers l’épuisement des ressources naturelles.
>> Suite à lire à :
<https://www.numerama.com/sciences/918401-les-pays-riches-sont-responsables-de-leffondrement-ecologique-mondial.html>
En savoir plus :
> National responsibility for ecological breakdown: a fair-shares assessment of resource use, 1970–2017 <https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(22)00044-4/fulltext>, The Lancet Planetary, Health, April, 2022
_______________________________________________________________________________________________________________________
9- Tribune. « L’école doit enseigner et cultiver une politique du vivant », Le Monde, 11/04/22, 20h37
Par Collectif*

La campagne présidentielle est passée à côté de la jeunesse et du défi climatique, dont l’urgence exige de revoir complètement la manière dont l’école l’aborde, estime, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités, parmi lesquelles Jean Jouzel, Jean-Louis Etienne, Tristane Banon et Tony Parker, qui proposent un « décloisonnement radical » de l’approche des questions environnementales.
Tribune. La campagne présidentielle ne mobilise pas les jeunes, qu’ils soient en âge de voter ou non. Mais a-t-elle vraiment cherché à le faire ? Et comment aurait-elle pu, le cas échéant, y parvenir ? La tâche est complexe, face à une multiplicité de défis interdépendants qu’il incombe à la jeunesse de relever.
L’urgence climatique et environnementale rebat toutes les cartes : les repères de la vie économique et sociale, nationale et internationale, les migrations, les modes de consommation, la citoyenneté, l’alimentation. Elle remet en question la perception du corps, la mobilité, la sexualité, les identités, les relations intergénérationnelles – d’une façon générale, les rapports à soi-même, aux autres, êtres humains comme êtres vivants.
> Lire aussi : Le GIEC appelle à des mesures immédiates et dans tous les secteurs pour « garantir un avenir vivable »
Le défi est, à bien des égards, vertigineux, ce que confirme le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 4 avril. Sur une planète Terre, devenue comme menaçante à force de lancer des signaux de détresse, la jeunesse exprime, comme jamais elle ne l’avait fait jusqu’à présent, des inquiétudes collectives profondes, mais aussi une attention renouvelée à l’environnement.
Des étoiles dans les yeux
Par où fallait-il commencer ? Comment redonner à notre jeunesse quelques étoiles dans les yeux ? Par l’école. Parce que sans elle on s’épuisera en vain à réguler des secteurs en transition, à la façon de Charlot dans Les Temps modernes, embringué dans une mécanique incontrôlable ; parce que le savoir et la pensée critiques sont les meilleurs guides face à des choix difficiles, pour éviter les fausses routes, les fantasmes, les peurs « collapsistes », les ostracismes et les violences ; parce que, comme la graphie le suggère, « écologie » commence par le mot « école ».
Le changement sera matriciel ou ne sera pas. Il doit être éveillé et naître dans les cerveaux des bâtisseurs de l’avenir, non pas comme une série de données abstraites ou d’actes automatiques, mais comme un mode d’appréhension sensible du monde. Ce n’est là ni plus ni moins que la vocation première de l’école : apporter les bons matériaux pour l’exercice de l’esprit critique et pour l’esprit tout court. Mais appliquée à la construction d’une citoyenneté du XXIe siècle, c’est une révolution copernicienne, parce que l’école ne relie pas spontanément les acquis fondamentaux au défi fondamental.
> Lire aussi : Election présidentielle 2022 : le climat, une préoccupation majeure largement absente des débats
Nous faisons partie du vivant et, en ce sens, l’école doit enseigner la réalité et la richesse de ses relations symbiotiques. Elle doit permettre à chacun de trouver à s’insérer dans une société ouverte au monde, en dialogue avec lui. Elle doit viser à créer et à stimuler ces liens. Elle est une éducation politique en ce qu’elle est ouverte aux autres êtres vivants : elle doit enseigner et cultiver une politique du vivant !
Ajouter aux programmes des touches d’éducation au développement durable ne suffira pas. Il faut constituer des projets globaux sollicitant tous les savoirs dans le cadre de démarches collectives, théoriques et pratiques, en classe comme en pleine nature, de la maternelle à la terminale. Autrement dit, ce qui est optionnel, insaisissable et inévaluable aujourd’hui doit devenir central et structurant. Il faut aider à l’émergence par l’école et par le débat démocratique de générations bioéclairées plutôt que biodégradées.
Le vivier d’un engagement collectif
Cela commence par un décloisonnement radical de l’approche des questions environnementales : celles-ci impliquent de mêler et sans hiérarchie la biologie, la physique, la chimie, la philosophie, la littérature et les arts, les sciences humaines et sociales, les mathématiques, l’éducation physique et sportive, les sciences politiques. Les savoirs sensibles, l’émerveillement et la créativité sont les premiers vecteurs de l’étude.
Compte tenu de l’urgence, dans un premier temps, l’école n’y arrivera pas seule ! Mais elle est très entourée par la société tout entière, bienveillante et exigeante, qui attend beaucoup d’elle, depuis notamment qu’elle l’a perçue pendant la pandémie comme l’espace qui apprend, mais aussi qui protège et qui émancipe… Et de nombreuses associations, fédérations, fondations, personnalités scientifiques, littéraires, artistiques gravitent autour de l’institution scolaire pour la nourrir de leurs lumières sur tous ces sujets. Mais elles n’ont jamais la même intensité et ne rayonnent jamais partout…
> Lire aussi Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur zone de confort »
L’école peut donc devenir le vivier d’un engagement collectif sain et puissant. Pourtant, la campagne présidentielle est passée à côté de cet enjeu, qui appelle des réponses concrètes et immédiates.
Comment faire ? En s’engageant à réaliser les quatre principes suivants simultanément et immédiatement après la constitution d’un nouveau gouvernement :
– Décloisonner l’administration centrale de l’éducation nationale pour qu’elle se libère d’une frénésie paperassière, tiraillée sans cesse à hue et à dia par tout et tous, et pour qu’elle soit reliée à toutes les autres administrations et structures qui ont à faire avec la transmission de savoirs. Il faut désormais viser un objectif unique et universel, que résume le concept « One Health » (« une seule santé ») , c’est-à-dire une éducation de 7 à 77 ans reliant toutes les santés qui font l’équilibre du système Terre.
Un enjeu européen
– Déployer des projets durables et désirables dans chaque établissement, qui mêlent tous les savoirs dans un cadre pédagogique intégré, collectif et hebdomadaire tout au long de la scolarité, en identifiant des ressources humaines spécifiques d’aide au pilotage et à l’ouverture vers tous les partenaires de l’école, à commencer par les élèves et les parents eux-mêmes. Et ces projets seront plus directement reliés aux grands choix de politique nationale et internationale, dans le cadre des objectifs de développement durable. L’enjeu, en ce sens, doit être profondément européen : des projets reliant les jeunes de ces territoires seront au cœur du dispositif.
> Lire aussi « Les universités et grandes écoles doivent intégrer l’urgence climatique dans leur stratégie »
– Former les jeunes aux questions environnementales en classe et en pleine nature, afin de tisser une relation durable avec la nature environnante, rurale, forestière, marine, aussi bien qu’urbaine, à la découverte des écosystèmes. Parce que l’écologie doit aussi se fonder sur l’émerveillement, sur le voir, le toucher, le sentir, ainsi que sur des professionnels spécialisés, cela impliquera de s’appuyer sur un réseau local (animateurs, associations, chercheurs, artistes, etc.), répertorié par chaque rectorat.
Les actions visées ne seront pas individuelles ou ponctuelles, mais régulières, structurantes, encadrées par les établissements et par les académies, de la maternelle jusqu’au lycée. Elles doivent impliquer les parents d’élèves, et reposent sur un dialogue entre générations et entre élèves de différents niveaux.
– Organiser le réseau des partenaires de l’école en créant une agence nationale autonome. Portée par la société civile, elle sera le grand tiers de confiance de la société française et de son école. Elle proposera un lieu de prospective, un espace de regroupement des expériences et des expertises internes et externes des éducations nationales. Elle permettra, par ces rencontres, de construire des projets pédagogiques scientifiquement solides, universellement déployés sur le territoire, visibles et évaluables. Elle se tournera régulièrement et librement vers la société française pour l’interroger sur son école et sa jeunesse.
Laura André-Boyet : instructrice d’astronautes pour l’Agence spatiale européenne, au centre européen des astronautes (Cologne)
*Liste des signataires : Laura André-Boyet, instructrice d’astronautes pour l’Agence spatiale européenne, au centre européen des astronautes (Cologne) ; Souleymane Bachir Diagne, philosophe ; Tristane Banon, écrivaine et essayiste ; Samuel Cazenave, conseiller au développement durable du ministre de l’éducation, de la jeunesse et du sport ; Mai Lan Chapiron, chanteuse et autrice ; Fadi Georges Comair, président du programme hydrologique intergouvernemental de l’Unesco ; Gilles Clément, jardinier, paysagiste, botaniste et écrivain ; Anne Defréville, autrice et illustratrice ; Philippine Dolbeau, présidente d’une agence de consulting ; Jean-Louis Etienne, médecin et explorateur, spécialiste des pôles et initiateur du projet Polar Pod ; Ophélie Gaillard, violoncelliste ; Ghada Hatem-Gantzer, médecin et présidente de la Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ; Eric Guilyardi, océanographe et climatologue au CNRS, ancien membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ; Jean Jouzel, climatologue ; Pierre Léna, astrophysicien, cofondateur de La Main à la pâte ; Véronique Mure, botaniste et écrivaine ; Tony Parker, ambassadeur de l’éducation pour les Jeux olympiques 2024 de Paris ; Maryline Perenet, présidente de Digit’Owl ; Claire Pétreault, présidente des Pépites vertes ; Maurice Tchénio, président de la fondation Alpha-Omega ; Agnès Troublé, créatrice de mode, initiatrice et mécène de la fondation Tara Océan, dite Agnès B.; Romain Troublé, présidente de la Federation for Education in Europe (FEDE).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/11/l-ecole-doit-enseigner-et-cultiver-une-politique-du-vivant_6121696_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
10- En France et aux États-Unis, un vent de révolte historique se lève chez Amazon, Novethic, 11/04/22
Mathilde Golla

Alors que Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, s’est lancé dans une course au spatial, ses salariés veulent le faire revenir sur Terre ! En France, tous les entrepôts du géant du commerce en ligne sont bloqués par des mobilisations salariales. Outre-Atlantique, un mouvement historique a permis la création du premier syndicat américain. Dans un contexte de grande démission, le rapport de force a changé.
Les salariés d’Amazon vivent leur printemps social. En France, les huit entrepôts du géant du commerce en ligne sont touchés par un mouvement de grève. Dans un contexte de forte inflation, les employés demandent une augmentation des salaires de 5 %, alors que la direction a concédé 3 %. Sans cette hausse, l’union syndicale - la CGT, SUD, la CFDT, la CAT et la CFE-CGC (cadres) - promet des débrayages "surprises". Ces actions seront organisées jusqu’au 14 avril, jour de la prochaine réunion consacrée aux négociations annuelles obligatoires (NAO). 
Jusqu'à cette date, tous les entrepôts implantés sur le sol français continueront ainsi à être le théâtre de mobilisations, "du jamais vu" reconnaissent des élus syndicaux. Ils se disent étonnés par l’ampleur du mouvement, avec, notamment, des salariés qui viennent d'arriver et vivent leur première grève. "Autre fait notable : en signe de soutien au personnel d’Amazon, des transporteurs ont aussi "débrayés", souligne Mohamed Lounas, conseiller espace international à la CGT.
"Après l’engagement des salariés tout au long de la pandémie, des gestes de la part de l’entreprise se font toujours attendre, ce qui cristallise la colère du personnel", explique-t-il. "Les salariés demandent simplement le paiement de leur travail qui, rappelons-le, a été considéré comme essentiel pendant la pandémie", martèlent des élus CGT. Cette grogne sociale est également alimentée par un bond de 57 % du profit d'Amazon en 2021 à 33 milliards de dollars.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/conditions-de-travail/isr-rse/chez-amazon-un-vent-de-revolte-historique-se-leve-entre-mobilisation-generale-et-printemps-syndical-150710.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
11- Transition énergétique : un écart préoccupant entre objectifs et réalité, selon l'Autorité environnementale, Actu-environnement, 12/04/22
Laurent Radisson

L'Autorité environnementale publie son rapport annuel pour 2021. Cette instance indépendante dresse un sévère réquisitoire contre l'absence de remise en cause des plans et projets, pourtant nécessitée par l'urgence climatique.
« Le changement climatique et l'effondrement de la biodiversité sont à l'œuvre. Certaines pollutions affectent fortement la santé humaine. Alors que ces évolutions menacent l'avenir de l'humanité, "nous regardons ailleurs". » C'est ainsi que l'Autorité environnementale a choisi d'ouvrir l'édito de son rapport annuel, mis en ligne le 11 avril 2022. Cette autorité indépendante, chargée de rendre un avis sur la qualité des évaluations environnementales et la bonne prise en compte de...
>> Suite à lire en édition abonnée  à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/transition-energetique-ecart-objectifs-realite-autorite-environnementale-39449.php4>
En savoir plus :
> Le rapport annuel 2021 de l’Autorité environnementale <https://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/les-rapports-annuels-de-l-ae-r276.html>, 11/04/22
_______________________________________________________________________________________________________________________
12- L’économie circulaire explose les compteurs des levées de fonds, Novethic, 12/04/22
Arnaud Dumas

Les start-ups vertes attirent de plus en plus les investisseurs. Plus de 2,2 milliards d’euros ont été investis dans le capital de ces jeunes pousses en 2021, presque le double de l’année précédente. Les énergies renouvelables ne sont plus le seul secteur porteur des "cleantechs", qui tendent à se diversifier. Avec la levée de fonds record de 450 millions d’euros de Back Market, l’économie circulaire devient désormais un domaine particulièrement attractif.
C’est un "réel changement d’échelle" pour les CleanTechs, déclare Sophie Paturle, managing partner chez Demeter IM et présidente de la commission climat de France Invest, l’association des investisseurs en capital. Les fonds d’investissement français n’ont jamais autant investi dans ce secteur qu’en 2021. Ils ont misé plus de 2,2 milliards d’euros dans le capital ces start-ups spécialisées dans des technologies vertes, soit presque le double de l’année précédente (1,1 milliard d’euros). Les sociétés de capital-investissement, qui financent les start-ups en prenant une participation dans leur capital, se précipitent sur ces sociétés qui proposent des solutions aux enjeux environnementaux.
Le secteur des énergies renouvelables rafle traditionnellement la grande majorité des financements des acteurs du capital-investissement. Mais cette année, l’économie circulaire est venue bousculer l’ordre établi. La levée de fonds de 726 millions d’euros en deux fois de Back Market, le spécialiste du reconditionnement du matériel électronique, a propulsé le secteur au premier rang.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/l-economie-circulaire-explose-les-compteurs-des-levees-de-fonds-150656.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
13- Entretien. Jean-Paul Mochet, Président du groupe Monoprix veut faire de l'enseigne le catalyseur d'un mode de vi(ll)e plus citoyen, Université de la Terre, 13/04/22

Depuis plus de 25 ans, Monoprix s'engage et va toujours plus loin pour contribuer à la transition écologique alimentaire : bien-être animal, production biologique, emballage, actions solidaires et territoriales.
Monoprix est l’une des grandes enseignes du Groupe Casino qui globalement est reconnue pour ses engagements RSE. Monoprix est engagé depuis le début des années 2000 pour un développement durable. Cela a toujours été un marqueur fort de l’enseigne. Comment cela se manifeste-t-il ? 
Jean-Paul Mochet : Monoprix est une enseigne pionnière en matière de développement durable, et un acteur du commerce résolument engagé en faveur d’une consommation plus durable ! Dès 1994, nous avons été précurseurs en proposant à nos clients une large offre de produits biologiques que nous avons souhaité rendre accessibles, notamment grâce à notre marque propre Monoprix Bio.
Aujourd’hui, le développement durable est au cœur de notre vision stratégique et de nos ambitions à horizon 2030. Cette nouvelle stratégie se veut en ligne avec les évolutions du Groupe Monoprix, du secteur du commerce et de notre vision de la ville de demain. Elle vise à faire de Monoprix le catalyseur d’un mode de vi(ll)e plus citoyen pour construire la consommation de demain, plus responsable et plus éthique.
>> Suite à lire à :
<https://www.universitedelaterre.com/actualites/jean-paul-mochet-president-de-monoprix-veut-faire-de-lenseigne-le-catalyseur-dun-mode-de-vi-ll-e-plus-citoyen/>
_______________________________________________________________________________________________________________________
14- Entretien. Laure Clerget, championne de l’économie circulaire dans l’Aube, Entrepreneurs d’avenir, 13/04/22

Nous découvrons dans cet article les engagements de cette entrepreneure d'avenir à travers Artemise (Société auboise de traitements de sources lumineuses) et sa start-up MAAT Data (application mobile de géolocalisation de points de collecte des déchets). 
Artemise (Aube Recyclage et Traitement d’Eléments Mercuriels Issus de Sources d’Eclairage) est une société auboise dont l’activité principale est la collecte et le traitement de sources lumineuses. Vous êtes le leader en France du recyclage des tubes néon et lampes à économies d’énergie. Comment pilotez-vous vos engagements sociétaux et écologiques ?
Laure Clerget : Nous sommes effectivement leader français en matière de recyclage des tubes néon. Au sujet de nos engagements environnementaux, nous sommes une installation classée pour la protection de l’environnement, puisque nous traitons plus de 2500 tonnes de déchets dangereux annuellement. En effet, les tubes et les lampes contiennent du mercure qui est un métaux lourd dangereux pour l’homme et pour l’environnement. C’est pourquoi nous sommes soumis à des contraintes de traitement de ces déchets.
Pour assurer nos engagements environnementaux, nous sommes également certifiés « Weeelabex ». C’est un standard européen qui récompense les meilleures techniques disponibles en traitement de déchets électriques et électroniques.
>> Suite à lire à :
<https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/entretien-avec-laure-clerget-leconomie-circulaire-dans-laube/>
_______________________________________________________________________________________________________________________
15- A Brasilia, des milliers d’indigènes rassemblés pour défendre leurs terres et l’environnement, Le Monde, 14/04/22, 19h00 
Anne Vigna(Brasilia, envoyée spéciale )

Quelque 8 000 membres des peuples autochtones se sont réunis dans un vaste campement pour dénoncer l’orpaillage illégal et la pollution de leurs territoires. Ils ont reçu le soutien de l’ancien président Lula. 
Aussi loin que porte le regard sur l’esplanade de la Funarte à Brasilia, on ne distingue qu’une multitude de tentes, sous lesquelles sont installés des petits groupes. Au centre de ce gigantesque campement, une grande structure abrite les assemblées plénières, mais des dizaines de réunions ont aussi lieu, à même le sol, en cercle et sans micro. Ici, des jeunes Guarani discutent de l’accès à l’université, plus loin, le collectif audiovisuel Midia India donne un atelier sur les médias. La 18e édition du Campement Terre Libre, qui réunit, depuis le 4 avril, quelque 8 000 indigènes de près de 200 peuples autochtones a montré la vivacité de ce mouvement, désormais rassemblé sous l’égide de l’Association des peuples indigènes du Brésil (APIB). Sa coordinatrice, Sonia Guajajara, avait un large sourire, mardi 12 avril, après une semaine de mobilisation : « Nous sommes à Brasilia avant tout pour nous opposer à ce que nous désignons comme le “paquet de la malfaisance” : des projets de loi qui remettent en cause nos droits, pourtant garantis par la Constitution. Mais le campement est aussi le moment de nous retrouver, pour décider les orientations du mouvement et partager nos expériences comme nos malheurs. »
> Lire aussi Au Brésil, au plus près des derniers peuples « isolés »
Les peuples indigènes représentent moins de 1 % de la population du Brésil, mais leurs réserves occupent environ 13 % du territoire. L’orpaillage illégal est l’une de leurs principales préoccupations. Non seulement parce qu’un projet de loi pourrait légaliser cette activité, en permettant l’exploitation minière sur leurs terres, mais aussi parce que la complaisance, voire la complicité, des autorités est aujourd’hui une évidence. Selon un rapport de l’association Hutukara Yanomami, présenté cette semaine, les dégâts causés par l’orpaillage ont augmenté de 46 % l’an dernier par rapport à 2020 sur le territoire autochtone des Yanomami, situé à la frontière avec le Venezuela. « L’orpaillage a toujours été notre calamité, même quand notre territoire a été délimité, il y a trente ans, estime Junior Hekurari, président du Conseil pour la santé indigène Yanomami et Ye’kwana. Aujourd’hui, il y a près de 20 000 orpailleurs, qui provoquent une malnutrition inédite des enfants. C’est simple, nous n’avons plus de protéines pour nous nourrir, car la pollution au mercure [utilisé pour l’extraction de l’or] tue la faune. »
> Lire aussi Au Brésil, le territoire des indiens Yanomami mis en péril par l’explosion de l’orpaillage
Toujours selon le rapport, plus de 16 000 personnes, soit 56 % de la population Yanomami, sont directement affectées par l’orpaillage. « Nous avons dénoncé cette situation auprès de toutes les autorités possibles, mais ils ne font rien, alors que les toutes les preuves sont réunies », se désole Junior Hekurari. Le rapport s’appuie en effet sur de nombreuses photos et images satellites : pistes d’atterrissage, campements permanents des orpailleurs, trous béants dans la forêt, bancs de poissons morts et enfants dénutris.
Espoir d’un changement de l’exécutif
La pollution subie par le peuple Munduruku, qui vit dans le sud de la forêt amazonienne, a, elle, été documentée par le centre de recherche médical Fiocruz. Sur ces terres indiennes, les orpailleurs auraient déversé plus de 7 millions de tonnes de résidus toxiques dans le fleuve Tapajos. « Nous savons que le cours de l’or est la raison de cette course à l’orpaillage. Et nous responsabilisons les pays qui achètent l’or du Brésil, car il est illégalement extrait de notre Amazonie », dénonce la leader, Alessandra Korap Munduruku. Le Canada, la Suisse et le Royaume-Uni sont montrés du doigt pour en être les principaux importateurs. La mobilisation des indigènes leur a cependant permis d’enregistrer des victoires. Elle a fait reculer, au moins provisoirement, le vote de la loi ouvrant leurs territoires à l’exploitation, prévu cette semaine à la Chambre des députés. « Nous avons surtout gagné des appuis au Sénat, où elle ne devrait pas être présentée de sitôt, même si elle est approuvée par les députés », espère Joenia Wapichana, l’unique députée fédérale indigène.
A plus long terme, la stratégie du mouvement repose sur l’espoir d’un changement de l’exécutif, en janvier 2023. L’ancien chef d’Etat Luiz Inacio Lula da Silva, favori de la prochaine élection présidentielle, s’est d’ailleurs rendu mardi sur le campement, accompagné de plusieurs sénateurs d’opposition. Accueilli par une haie d’honneur des guerriers Kayapos, Lula a reçu des objets rituels, mais également un cahier de doléances qu’il a signé. Les leaders autochtones lui ont rappelé ses décisions malheureuses, en particulier le barrage de Belo Monte, en Amazonie, mais ont surtout mis en avant le dialogue qui existait à l’époque avec son administration. Un dialogue aujourd’hui inexistant avec le gouvernement de Jair Bolsonaro.
> Lire aussi Le barrage Belo Monte, au Brésil, « monument au gaspillage et à la folie », met en marche sa dernière turbine
Lula s’est clairement engagé à leurs côtés : « Nous ne voulons pas d’invasion sur vos terres, que ce soit pour de l’orpaillage ou du soja. Protéger la forêt est un devoir de l’Etat brésilien. » L’ancien président a promis de reprendre deux des revendications des autochtones : la révocation de tous les décrets de Jair Bolsonaro, qui attentent à leurs droits, et la création d’un ministère consacré aux populations indigènes dirigé par l’un des leurs. Pour Alberto Terena, un des coordinateurs de l’APIB, « cela faisait longtemps que nous n’avions pas entendu de telles paroles. Même si Lula n’a pas fait tout ce qu’il aurait pu faire en tant que président, il ne nous a jamais attaqués comme le fait Bolsonaro. »
Pour autant, le mouvement indigène ne compte pas attendre passivement la désignation du prochain président du Brésil. Les candidatures de leaders autochtones à des sièges de député aux niveaux local et fédéral ont été confirmées durant le campement. Le mouvement pourrait présenter 30 candidatures, dont celle de Sonia Guajajara dans l’Etat de Sao Paulo. « Notre objectif est d’avoir un groupe parlementaire indigène, comme il y a des députés liés à l’agrobusiness et à l’activité minière, pour défendre l’environnement et pas seulement nos droits », explique la coordinatrice de l’APIB. Avant de lever le camp, jeudi 14 avril, les indigènes ont marché une dernière fois jusqu’au Congrès, où devait se jouer l’avenir de leurs territoires et de leurs enfants.
> Lire aussi Au Brésil, le démantèlement de la Fondation pour l’Indien, symbole de l’offensive de Bolsonaro contre les indigènes
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/14/a-brasilia-des-milliers-d-indigenes-rassembles-pour-defendre-leurs-terres-et-l-environnement_6122212_3244.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
16- Norme sur les obligations vertes : le Conseil de l'UE est prêt à négocier avec le Parlement, Actu-environnement, 14/04/22
Rachida Boughriet

Le 13 avril, les États membres de l'Union européenne ont arrêté leur position sur la proposition de règlement qui prévoit une nouvelle norme européenne pour encadrer les émissions d'obligations vertes (green bonds). Ce texte a été présenté, le 6 juillet 2021, par la Commission européenne dans le cadre de la stratégie de promotion de la finance durable. Le Conseil de l'UE annonce qu'il est « prêt à entamer des négociations avec le Parlement européen afin de parvenir à un accord sur une version définitive du texte ».
Ce projet de règlement définit des exigences uniformes applicables aux émetteurs d'obligations qui souhaitent utiliser l'appellation « obligation verte européenne », ou EuGB, pour les obligations durables sur le plan environnemental qu'ils proposent aux investisseurs dans l'UE. Il établit un système d'enregistrement et un cadre de surveillance pour les examinateurs externes d'obligations vertes européennes.
La future norme, d'application volontaire, sera ouverte à tous les émetteurs d'obligations vertes (privés et souverains), y compris aux émetteurs de pays tiers. Elle doit fixer les critères définissant les obligations vertes « de qualité » qui financeront les investissements jugés conformes aux exigences de la taxonomie des activités vertes.
Les obligations vertes servent à lever des fonds dans les secteurs liés aux technologies vertes, à l'efficacité énergétique et à l'utilisation efficace des ressources, ainsi qu'aux infrastructures de transport durables.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/norme-obligations-vertes-conseil-UE-pret-negocations-parlement-39462.php4>
_______________________________________________________________________________________________________________________
En images
17- EuroMillions : un grand gagnant très généreux, TF1, journal de 20h, 06/04/22

Le geste de ce vainqueur de l'EuroMillions paraît presque fou. Guy a gagné 200 millions d'euros en décembre 2020 et il va donner la quasi-totalité de cette somme à une fondation. Mais quelles sont les motivations de ce mystérieux bienfaiteur ?
Ce pourrait être n'importe qui, car on sait peu de choses de Guy. C'est le pseudo que ce retraité s'est choisi pour demeurer anonyme après un gain de 200 millions d'euros en décembre 2020. Une somme qu'il a choisi de redistribuer en quasi-totalité. "A la minute où j'ai su que j'étais l'heureux gagnant de l'EuroMillions, j'ai eu le souhait de partager ma chance". Tels sont ses propos.
Franchement, on se pose la question. Tout donner, est-ce que vous l'auriez fait ? Guy a choisi. Pour lui, "la priorité, aujourd'hui, est de sauver la planète (...) C'est une urgence absolue". Il vient de créer le fonds Anyama, qui porte le nom d'une ville de Côte d'Ivoire où il a vécu autrefois. Ce fonds financera des associations pour lutter contre la déforestation, pour préserver les espaces menacés et financer les aidants, les personnes qui prennent soin de leurs proches les plus vulnérables.
D'après la FDJ qui a remis le chèque de 200 millions d'euros à Guy, ces engagements deviennent récurrents. En effet, selon Isabelle Cesari, "beaucoup font des dons à des associations. Souvent, ils le faisaient avant le gain, mais désormais, ils disent qu'ils le font dans des proportions qui n'ont plus rien à voir".
Avant de donner ses gains, Guy a voyagé en France et s'est offert une résidence secondaire, mais ses passions n'ont pas changé, nous dit-on. Il passe du temps en famille, marche en forêt. Et cela ne s'achète pas.
> Reportage de S. Millanvoye & F. Le Goïc à voir à :
<https://www.tf1info.fr/societe/video-euromillions-un-grand-gagnant-tres-genereux-2215891.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permettra :
• De vous abonner, de changer de mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.
- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)…
NOS PROGRAMMES
— Génération climat <http://www.generation-climat.org/>, un programme de soutien aux jeunes porteurs de projets en France et à l’étranger.
— J’agis pour la nature <https://jagispourlanature.org/>, des activités de bénévolat nature partout en France.
— Mon Restau Responsable <https://www.monrestauresponsable.org/>®, un outil gratuit destiné à accompagner les restaurants collectifs qui souhaitent proposer à leurs convives une cuisine saine, de qualité et respectueuse de l’environnement.
— L’affaire du siècle <https://laffairedusiecle.net/>, une campagne de mobilisation pour soutenir l'action en justice contre l'Etat pour le climat. 
— The Freaks <https://www.the-freaks.fr/>, un collectif d'artistes et de personnalités qui s'engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la sur-consommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité.
— Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/>, 100 propositions pour prendre la mesure des changements à entreprendre pour opérer une transition écologique socialement juste.
— Baromètre des mobilités <http://barometremobilites-quotidien.org/>, une analyse annuelle des pratiques de mobilité des Français.
LES PUBLICATIONS DU THINK TANK
— Les rapports et contributions  <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?category=think-tank&think-tank=rapport-contributions>
— Les Points de vue & Editos <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-points-de-vue-editos&category=think-tank> 
— Les Talks <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-talks&category=think-tank> 
______________________________________________________________________________________________________________________
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20220415/d345c964/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse