[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (mardi 26 avril)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mar 26 Avr 08:06:12 CEST 2022


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Le renard, tué toute l’année, doit-il rester classé espèce nuisible ? <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/09/le-renard-tue-toute-l-annee-doit-il-rester-classe-espece-nuisible_6121382_3244.html>, Le Monde, maj le 10/04/22 à 05h14 
2- Dans la Birmanie en proie à la guerre civile, le trafic d’espèces protégées explose <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/11/dans-la-birmanie-en-proie-a-la-guerre-civile-le-trafic-d-especes-protegees-explose_6121559_3244.html>, Le Monde, 11/04/22, 00h24 
3- Critique. « Méditerranée, l’Odyssée pour la vie », sur France 2 : la mer de tous les dangers pour la faune <https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2022/04/12/mediterranee-l-odyssee-pour-la-vie-sur-france-2-la-mer-de-tous-les-dangers-pour-la-faune_6121873_1655027.html>, Le Monde, 12/04/22, 19h00 
4- Dans le Morbihan, la première « réserve de vagues » de France <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/13/dans-le-morbihan-la-premiere-reserve-de-vagues-de-france_6121892_3244.html>, Le Monde, 13/04/22, 05h08 
5- Les victimes d'une espèce de coucou se rebellent grâce à la génétique <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220414-les-victimes-d-une-esp%C3%A8ce-de-coucou-se-rebellent-gr%C3%A2ce-%C3%A0-la-g%C3%A9n%C3%A9tique>, AFP, 14/04/22, 16:00
6- Même les porcs méritent qu'on les écoute, selon des chercheurs <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220415-m%C3%AAme-les-porcs-m%C3%A9ritent-qu-on-les-%C3%A9coute-selon-des-chercheurs>, AFP, 15/04/22, 08:00
7- Pierre Déom, créateur de "La Hulotte", revue culte, écolo et quinquagénaire <https://www.la-croix.com/Pierre-Deom-createur-Hulotte-revue-culte-ecolo-quinquagenaire-2022-04-14-1301210534>, AFP, 15/04/22, 17:00
8- Dans l'Atlantique, des scientifiques au chevet des baleines noires <https://information.tv5monde.com/info/dans-l-atlantique-des-scientifiques-au-chevet-des-baleines-noires-453287>, AFP, 18/04/22, 08:00
9- Un crapaud reste accroché jusqu’à 135 jours sur la femelle pour... copuler <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/04/18/un-crapaud-reste-accroche-jusqu-a-135-jours-sur-la-femelle-pour-copuler_6122645_1650684.html>, Le Monde Science et Médecine, 18/04/22, 14h24
10- Des bénévoles au secours des animaux confinés de Shanghai <https://information.tv5monde.com/info/des-benevoles-au-secours-des-animaux-confines-de-shanghai-453334>, AFP, 18/04/22, 17:00
11- Parlons-nous trop du « bien-être animal » ? <https://theconversation.com/parlons-nous-trop-du-bien-etre-animal-180166>, The Conversation, 18/04/22, 17:51
12- Critique. « Bora Bora, le laboratoire du futur », sur France 3 et 1ère : pour protéger ses richesses, le lagon turquoise vire au vert <https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/04/18/bora-bora-le-laboratoire-du-futur-sur-france-3-et-1ere-pour-proteger-ses-richesses-le-lagon-turquoise-vire-au-vert_6122679_3246.html>, Le Monde, 18/04/22, 19h00
13- Epreuve de force entre l’Australie et l’Unesco autour du classement de la Grande Barrière de corail <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/19/epreuve-de-force-entre-l-australie-et-l-unesco-autour-du-classement-de-la-grande-barriere-de-corail_6122755_3244.html>, Le Monde, 19/04/22, 11h09 
14- Reportage. Les Australiens au chevet de la Grande Barrière de corail <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/19/les-australiens-au-chevet-de-la-grande-barriere-de-corail_6122693_3244.html>, Le Monde, 19/04/22, 09h30
15- Réchauffement et agriculture intensive, combinaison fatale aux insectes, selon une étude <https://www.goodplanet.info/2022/04/21/rechauffement-et-agriculture-intensive-combinaison-fatale-aux-insectes-selon-une-etude/>, AFP, 21/04/22
16- Ne pas nourrir les iguanes ! C'est mauvais pour leur diabète <https://information.tv5monde.com/info/ne-pas-nourrir-les-iguanes-c-est-mauvais-pour-leur-diabete-453828>, AFP, 22/04/22, 12:00
17- Pour les gorilles du Gabon, le cercle vertueux protection, étude, tourisme <https://information.tv5monde.com/afrique/pour-les-gorilles-du-gabon-le-cercle-vertueux-protection-etude-tourisme-453804>, AFP, 22/04/22, 13:00
18- Les dingos plutôt entre chien et loup, selon une étude <https://information.tv5monde.com/info/les-dingos-plutot-entre-chien-et-loup-selon-une-etude-453905>, AFP, 22/04/22, 22:00
Une annonce
19- Fête de la Nature - Des idées d'animations pour la Fête de la Nature <https://fetedelanature.com/fil-d-infos/au-jardin-ou-en-ville-des-idees-d-animation-pour-la-fete-de-la-nature>, Lettre du 12/04/22

Bien à vous,
Florence

NB : Pour mémoire, le 6 mai cette liste de diffusion prendra fin définitivement. Pour éviter toute rupture d’information, n’oubliez pas de vous abonner au fil d’actu proposé par les sites qui vous intéressent et pour garder un lien avec la FNH, je vous invite à vous inscrire à sa newsletter mensuelle <https://www.fnh.org/newsletter-fnh/>. 

CITATION DU JOUR : "Notre objectif est de changer le statut du renard pour qu’il ne soit plus chassable de jour comme de nuit, mais comme gibier et prélevé seulement durant la période de chasse.", Marc Giraud, naturaliste et porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) (cf. item 1)
TRAFIC DU JOUR : Oiseaux, pangolins, civettes, ivoire, peaux d’éléphants… Le WWF a identifié 173 espèces sauvages proposées à la vente sur Facebook en Birmanie en 2021, dont 54 figurent sur la « liste rouge » des espèces menacées. (cf. item 2)
DOCUMENTAIRES DU JOUR : — Frédéric Fougea consacre une série en six volets aux êtres vivants de la Grande Bleue et aux pièges que leur tendent les hommes. (cf. item 3)
— Le laboratoire du futur, un documentaire qui met en avant le patrimoine naturel de Bora-Bora, la « perle du Pacifique » et l’engagement de ses îliens, pour qui le futur se conjugue entre tradition et modernité. (cf. item 12)
INÉDIT DU JOUR : La commune de Saint-Pierre-Quiberon reconnaît les vagues de la côte sauvage comme « un patrimoine unique et une ressource naturelle, sportive, socio-économique et culturelle » et veut les protéger. (cf. item 4)
RÉBELLION DU JOUR : Depuis deux millions d'années, la génétique sert d'arme à une espèce de coucou parasite qui fait couver ses œufs par d'autres espèces en imitant leurs couleurs et leurs motifs. Mais ses victimes sont en train de retourner l'arme des gènes en leur faveur, selon une étude. (cf. item 5 & suite)
ÉTUDES DU JOUR : — Ecoute ton porc : soucieux de progresser en matière de bien-être animal, des chercheurs européens ont mis au point un outil pour décoder les sentiments qu'expriment les cochons dans leurs divers grognements. (cf. item 6 & suite)
— Environ trois-quarts des 115 cultures destinées à l'alimentation les plus importantes dépendent de la pollinisation, notamment le cacao, le café ou les cerises. (cf. item 15 & suite)
— Les brochettes de raisins que des centaines de touristes donnent aux iguanes sur des îlots paradisiaques des Bahamas font durablement augmenter leur taux de sucre dans le sang, avec des conséquences encore inconnues pour ces espèces menacées, selon une étude. (cf. item 16)
— Les dingos se rapprochent peut-être le plus des chiens errants, mais ces canidés sont en réalité génétiquement nichés entre les loups et les chiens, selon une nouvelle étude publiée dans Science Advances. (cf. item 18)
PÉRENNITÉ DU JOUR : Créateur de "La Hulotte", revue culte et discrète adressée à 150.000 abonnés dans 70 pays, Pierre Déom fête son demi-siècle d'activité. (cf. item 7)
DANGER D’EXTINCTION DU JOUR : Décimée par les baleiniers désormais interdits, la baleine noire, ou baleine franche, de l'Atlantique nord reste aujourd'hui sous la menace des collisions avec des bateaux et des filets de pêcheurs. Il ne reste que 336 individus d'après les experts. (cf. item 8)
EXPLOIT DU JOUR : Le crapaud "Atelopus laetissimus" peut rester sans manger sur le dos de la femelle plusieurs mois dans l’espoir de s’accoupler. (cf. item 9)
SECOURS DU JOUR : Avec le confinement des 25 millions d'habitants de Shanghai et leur déplacement en centre de quarantaine en cas de test positif au Covid, des bénévoles s'organisent pour sauver les animaux domestiques de la faim et de la soif. (cf. item 10)
EUPHÉMISME DU JOUR : Dans le cadre général du déni des souffrances infligées par les humains aux autres animaux, un concept a progressivement envahi tous les discours : le « bien-être animal ». (cf. item 11)
QUESTIONNEMENT DU JOUR : La Grande Barrière de corail, joyau de la côte nord-est de l’Australie et classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, doit-elle être inscrite sur la liste des sites en péril ? (cf. item 13)`
ÉTAT DE FAIT DU JOUR : L’Australie, premier exportateur mondial de charbon, est aussi l’un des premiers pollueurs de la planète par habitant. (cf. item 14)
REPRISE DU JOUR : Après deux ans d'arrêt complet pour cause de pandémie de Covid-19, l'Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) du Gabon a décidé la reprise des observations des gorilles de l'Ouest et espère que cette espèce "emblématique" servira de "produit d'appel" pour relancer le tourisme. (cf. item 17)
RAPPEL DU JOUR : La Fête de la Nature se déroulera partout en France métropolitaine et d’outre-mer du mercredi 18 mai au dimanche 22. (cf. item 19 & suite)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Le renard, tué toute l’année, doit-il rester classé espèce nuisible ?, Le Monde, maj le 10/04/22 à 05h14 
Joséphine Maunier

Des associations de protection de la nature estiment que les dommages causés par l’animal, considéré comme « susceptible d’occasionner des dégâts » dans 91 départements, sont surestimés. 
Opportuniste et pilleur de poulailler : sa mauvaise réputation lui colle à la fourrure. Comptant parmi les espèces chassables de juin à mars en tant que « gibier sédentaire », le renard peut également être tué par différents moyens tout au long de l’année dans les 91 départements où il est classé « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » (ESOD).
Une pression continue sur ce prédateur que des organisations de protection de la nature voudraient réduire. Pour Marc Giraud, naturaliste et porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), l’animal subit une persécution. « Notre objectif est de changer le statut du renard pour qu’il soit considéré comme gibier et prélevé seulement durant la période de chasse. » Sans le statut de nuisible, l’animal ne pourrait plus être tiré de jour comme de nuit, déterré de son terrier par les chiens de chasse, piégé…
> Lire aussi l’archive (2019) : « La France est l’un des seuls pays d’Europe à autoriser la chasse d’espèces menacées »
L’association a remporté une victoire locale jeudi 31 mars. Le tribunal administratif de Rouen, saisi par l’Aspas, Agir pour le vivant et les espèces sauvages (AVES France) et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), a annulé un arrêté du préfet de Seine-Maritime qui avait autorisé l’abattage de 850 renards en 2020. « Ce qui est intéressant, c’est la jurisprudence qui émerge, a réagi Richard Holding, chargé de communication à l’Aspas. Maintenant, dès qu’on attaque, on est sûrs de gagner. »
Autorégulation de l’espèce
Les défenseurs du renard accusent les chasseurs de surestimer les nuisances causées par l’animal et rejettent les arguments avancés par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et les différentes commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) chargées d’appliquer ou non la classification d’ESOD. Selon les autorités, divers motifs justifient sa présence sur cette liste : la protection de la faune et la flore, l’intérêt de la santé et de la sécurité publiques, la prévention de dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles… En Seine-Maritime, le préfet avait mis en avant, pour justifier son arrêté, « la prédation de cette espèce sur le petit gibier, plus particulièrement les perdrix grises », ainsi que « le risque de propagation de maladies transmissibles à l’homme et véhiculées par le renard » – en particulier l’échinococcose alvéolaire, une maladie contractable par contact avec des animaux infectés ou leurs excréments souillant des végétaux – et « la nécessité de protéger les élevages avicoles ».
> Lire aussi l’archive (2014) :  Quand la chasse au renard devient une « fête »
Le besoin de réguler l’espèce, abondante dans certains territoires où celle-ci n’a d’autre prédateur que l’homme, est mis en avant par le ministère de la transition écologique. Le nombre d’individus en France reste stable, voire augmente légèrement – une preuve, selon Nicolas Rivet, directeur général de la Fédération nationale des chasseurs, que « même si des chasseurs prélèvent et régulent des renards, ça n’a pas d’impact sur la population ».
Les naturalistes et associatifs assurent cependant que les populations s’autorégulent. « Le renard vit et se reproduit en fonction des ressources alimentaires disponibles sur son territoire », détaille Carine Gresse, assistante vétérinaire de formation et fondatrice du Clos des Renardises, premier refuge pour renards. Le nombre de renardeaux par portée peut ainsi varier de un à sept. « Il n’y a ni suivi ni comptage, seulement des estimations. C’est une aberration de prétendre réguler quand on ne garde pas de comptes », argumente-t-elle.
Si la FNC déclare tuer 500 000 renards par an, les associations évaluent ce nombre entre 600 000 et 1 million d’individus. Le ministère de la transition écologique et solidaire estime de son côté les « prélèvements » pour la chasse à 430 000 et précise que les « destructions » liées à son statut d’ESOD sont suivies au niveau départemental.
« Excellent auxiliaire de l’agriculture »
Selon un chasseur siégeant dans l’une des commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage, qui requiert l’anonymat, l’argument de la protection des élevages ne tient pas. « Le renard est accusé de croquer poules et agneaux, mais il y a d’autres moyens pour protéger les enclos », estime-t-il. De plus, ce comportement serait minoritaire. « Les animaux d’élevage sont des proies quand les prédateurs économisent leur potentiel énergétique. Le renard se nourrit à 75 % des petits rongeurs, c’est d’ailleurs ce qui en fait un excellent auxiliaire de l’agriculture et un moyen de lutter contre la propagation de certaines maladies », affirme Carine Gresse.
Un renard mange jusqu’à 6 000 campagnols par an. « La maladie de Lyme est transportée par les tiques via les rongeurs. Leurs prédateurs limitent donc sa propagation », complète Marc Giraud. Un argument relativisé par Nicolas Rivet : « Qu’il participe à éviter une dissémination trop forte en prélevant quelques campagnols, peut-être, mais ce n’est pas pour autant que la maladie de Lyme serait éradiquée si on ne régulait pas les renards. »
> Lire aussi la tribune (2020) : Frédéric Jiguet : « L’arrêt de la chasse au renard n’entraîne pas d’augmentation de leurs effectifs »
Par ailleurs, en se nourrissant principalement de petits rongeurs, les renards représenteraient un gain économique pour l’agriculture, en évitant l’utilisation de produits chimiques. Un arrêté préfectoral a ainsi fait retirer le renard des ESOD dans 117 communes du Doubs en 2019 afin de « favoriser la prédation exercée sur les campagnols par les renards dans les communes où au moins un agriculteur aura souscrit un contrat de lutte raisonnée ». Il participe en outre à l’élimination des animaux malades et des cadavres, et, friand de végétaux, à la dissémination des graines de diverses essences d’arbres par ses déjections, plaide l’Aspas.
Pour Patrick Janin, juriste dans le droit environnemental et membre de l’Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire, « il y a les motifs officiels et les motifs inavoués » au classement en nuisible. « Pour repeupler un territoire, les chasseurs utilisent du gibier d’élevage (faisans, perdrix, lièvres) qui n’a pas acquis de capacité de défense, ni d’instinct sauvage », explique-t-il. Des proies particulièrement faciles pour un renard. Les chasseurs considéreraient, selon lui, le renard comme un concurrent.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/09/le-renard-tue-toute-l-annee-doit-il-rester-classe-espece-nuisible_6121382_3244.html>
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2- Dans la Birmanie en proie à la guerre civile, le trafic d’espèces protégées explose, Le Monde, 11/04/22, 00h24 
Brice Pedroletti (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)

Oiseaux, pangolins, civettes, ivoire, peaux d’éléphants… Le WWF a identifié 173 espèces sauvages proposées à la vente sur Facebook dans le pays en 2021, dont 54 figurent sur la « liste rouge » des espèces menacées. 
La pandémie et l’instabilité politique ont donné un sérieux coup de fouet au commerce d’espèces sauvages en Birmanie, à en croire un rapport publié début avril par la section Asie-Pacifique du Fonds mondial pour la nature (WWF). L’ONG a constaté dans ce pays un quasi-doublement du nombre d’animaux proposés à la vente sur Facebook en 2021 – près de 11 046 (dont 96 % d’animaux vivants) – par rapport à 2020, où une enquête similaire avait été menée.
La Birmanie, dont plusieurs régions sont des réservoirs de biodiversité, est déjà identifiée comme un hub pour le trafic d’animaux sauvages protégés : c’est le cas depuis des années de zones proches de la frontière chinoise, sous contrôle de milices armées âpres au gain. La plus célèbre de ces enclaves de non-droit est Mong La, dans le Triangle d’or, à la frontière avec le Yunnan chinois : cette ville de casinos et de maisons de prostitution, où tout se paie en monnaie chinoise, a longtemps proposé sur ses marchés des animaux vivants, mais aussi toutes sortes de produits provenant de fauves, d’ours ou de cervidés prisés pour leurs vertus prétendument curatives ou aphrodisiaques par les visiteurs chinois.
> Lire aussi Tortues, perroquets, rapaces... la faune sauvage victime de la cybercriminalité
Or, le Covid-19 a quelque peu perturbé ces « supermarchés de la vie sauvage » : les frontières chinoises sont toujours fermées hermétiquement, du moins aux personnes, et le temps des passages clandestins de frontière est terminé. En outre, la Chine, dont le marché de Wuhan – au rôle toujours incertain mais qui a été mis en cause dans l’émergence de la pandémie – vendait plusieurs types d’animaux sauvages, a décrété, en 2020, une interdiction stricte de la vente, de la consommation et du transport d’animaux sauvages sur tout son territoire. Cette dernière restera en vigueur jusqu’à nouvel ordre.
> Lire aussi : En Chine, de nouvelles mesures de protection pour le pangolin
Par ailleurs, le coup d’Etat militaire du 1er février en Birmanie a fait passer au second plan les efforts du précédent gouvernement, celui d’Aung San Suu Kyi, aujourd’hui emprisonnée, pour appliquer une nouvelle loi sur la protection de la biodiversité adoptée en 2018 et renforcée en 2020 avec un total de 90 espèces « complètement protégées ». Leur vente ou possession est lourdement sanctionnée – sauf pour un petit nombre dans le cadre d’un élevage encadré par des licences. Or, l’armée et la police sont aujourd’hui accaparées par la résistance armée contre le coup d’Etat qui a embrasé une bonne partie du pays. A quoi s’ajoutent la corruption et l’état critique de l’économie, propices à une recrudescence des trafics en tout genre, dont celui de drogue, mais aussi le commerce d’espèces rares.
Aucun effort de dissimulation
Dans ce chaos généralisé, Facebook, qui compte près de 30 millions d’usagers en Birmanie, est devenu l’outil de choix pour le trafic d’espèces sauvages, et ce, malgré le blocage du réseau par la junte militaire depuis la fin février 2021 : les enquêteurs du WWF ont vu chuter les offres jusqu’en avril 2021, avant que celles-ci ne regagnent vite le niveau d’avant la censure, grâce à l’utilisation d’outils de contournement comme les VPN (réseaux privés virtuels), pour le dépasser largement dans les mois qui suivent. « Les deux groupes Facebook ayant publié le plus de posts pour les espèces-phares – c’est-à-dire celles ciblées par les écologistes, dont les éléphants, les tigres, les pangolins, les ours et les calaos – ont été créés en avril, soit plus de deux mois après le début de la crise politique, et quiconque pouvait y entrer », note le rapport.
La surveillance de Facebook par le WWF participe d’une initiative lancée en 2018 par l’ONG avec les géants de l’Internet pour identifier et signaler les transactions portant sur des espèces protégées. Plusieurs centaines d’annonces, de comptes et de groupes ont ainsi été fermés par Facebook en 2020. Mais, constate l’ONG, les groupes d’échange signalés réapparaissent souvent sous d’autres noms. Les vendeurs d’animaux sauvages sur le Facebook birman ne font, en général, aucun effort pour dissimuler leur trafic, exhibant sur des photos leur « produit » et la manière dont il va être envoyé par coursier, souvent dans des cartons avec des trous quand l’animal est vivant.
Boom de l’ivoire et des peaux d’éléphants
L’enquête de l’ONG a répertorié 173 espèces sauvages en vente sur l’ensemble des posts Facebook identifiés en 2021 en Birmanie, dont 54 figurent sur la liste rougedes espèces menacées d’extinction de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). 87 % des animaux proposés à la vente ont été identifiés comme arrachés à la vie sauvage, le reste semblant avoir été élevé en captivité. Si la majorité des animaux échangés sont des oiseaux, les mammifères – 22 % du total – ont vu leur nombre augmenter de 241 % en 2021 par rapport à 2020. Les pangolins et les civettes sont le plus souvent vendus vivants pour leur viande – malgré les risques qu’ils hébergent des coronavirus. Parmi les « produits » en forte demande, les enquêteurs ont noté l’apparition de nombreux articles issus de l’ivoire et des peaux d’éléphants – jusqu’alors très peu représentés en ligne.
> Lire aussi l’archive (2018) : De l’ivoire illégal vendu dans toute l’Europe
Cette dernière catégorie constituait, en revanche, près de la moitié des articles issus d’espèces protégées vendues à Mong La lors de la dernière enquête du WWF dans cette enclave de la frontière sino-birmane, en 2019, précise au Monde Yoganand Kandasamy, responsable pour la région du Grand Mékong des crimes contre la vie sauvage au sein du WWF. L’enquête en question avait répertorié 12 000 « produits » au total en vente à Mong La.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/11/dans-la-birmanie-en-proie-a-la-guerre-civile-le-trafic-d-especes-protegees-explose_6121559_3244.html>
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3- Critique. « Méditerranée, l’Odyssée pour la vie », sur France 2 : la mer de tous les dangers pour la faune, Le Monde, 12/04/22, 19h00 
Catherine Pacary

Frédéric Fougea consacre une série en six volets aux êtres vivants de la Grande Bleue et aux pièges que leur tendent les hommes. 
Se sentir concerné par les mésaventures d’une tortue caouanne tout au long des 4 000 kilomètres qu’elle va parcourir à la nage pour rejoindre la côte grecque où elle est née ; s’inquiéter pour une jeune cigogne mâle incapable de franchir seule les 14 kilomètres du détroit de Gibraltar avant de découvrir à quel point ces oiseaux maîtrisent les principes de l’aérodynamisme ; être frappé par la violence des images de centaines de thons rouges pris au piège de filets de pêche… Tel est le pari de la série que Frédéric Fougea consacre aux êtres vivants de la Méditerranée – tous les êtres vivants.
> Lire aussi « Notre jardin commun, la Méditerranée, se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux »
Chaque reportage suit ses héros – poulpe, hippocampe, phoques moines, flamants roses, cachalots, grand aigle de mer –, aux prises avec les défis du cycle de la vie, mais aussi avec les nuisances et les pièges tendus par l’homme. Tournés sur plusieurs mois avec des moyens exceptionnels, quatre épisodes agrègent ainsi une poignée de reportages ; s’y ajoutent un documentaire sur les techniques scientifiques utilisées pour protéger la faune et la flore, et un making-of. Le tout, soit six films, est diffusé en deux soirées.
Lien indéfectible
Le lien indéfectible qui unit l’homme et l’animal est appuyé ici par les commentaires anthropomorphiques, énoncés d’une voix douce par Camélia Jordana, autrice, compositrice et interprète. Parfois humoristiques, ils peuvent prêter à sourire, par exemple lorsqu’ils évoquent la difficulté pour un jeune (de toute espèce) de trouver un premier logement.
Parmi les intervenants humains, le champion du monde d’apnée en profondeur, Guillaume Néry, plonge au côté d’une mère cachalot. Et la navigatrice Isabelle Autissier fait preuve d’un rare optimisme : « Quand on met en œuvre des solutions [comme les quotas], ça marche : une super bonne nouvelle ! » Devant son écran, le téléspectateur ne voit pas le temps passer, tantôt ébahi, tantôt ému, comme lorsqu’il suit au-dessus des Cyclades un grand aigle de mer, dans sa quête éperdue d’une partenaire.
La question de la pollution par les plastiques, en revanche, est abordée trop superficiellement. « L’équivalent de 34 000 bouteilles de plastique atterrit en Méditerranée chaque minute », indique Camélia Jordana dans le volet Prendre soin du vivant. Soit, dit autrement dans Les Sentinelles, l’équivalent de 600 conteneurs de plastique qui sont déversés en mer chaque jour. En réaction, plusieurs chercheurs expliquent travailler à mettre au point un plastique biodégradable, ce qui coûte évidemment très cher. Sans aborder l’origine de ce fléau : qui jette ces plastiques dans la nature, en toute impunité ? A suivre.
§ Méditerranée, l’odyssée pour la vie, de Frédéric Fougea (France 2, 2022, 6 × 52 min).
<https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2022/04/12/mediterranee-l-odyssee-pour-la-vie-sur-france-2-la-mer-de-tous-les-dangers-pour-la-faune_6121873_1655027.html>
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4- Dans le Morbihan, la première « réserve de vagues » de France, Le Monde, 13/04/22, 05h08 
Charlotte Chabas (Saint-Pierre-Quiberon (Morbihan), envoyée spéciale)

La commune de Saint-Pierre-Quiberon reconnaît les vagues de la côte sauvage comme « un patrimoine unique et une ressource naturelle, sportive, socio-économique et culturelle » et veut les protéger. 
Sous un soleil printanier, des lignes régulières se dessinent sur la surface de l’océan, à quelques centaines de mètres du rivage. Elles se creusent, enflent, se soulèvent, accélèrent, blanchissent, se recourbent avant de se projeter le long de la falaise de granit, de courir jusqu’au fond des criques, d’exploser sur les pointes rocheuses dans une gerbe d’écume et un fracas sourd. Une des « dernières belles houles d’hiver », pronostique un surfeur, affairé à « waxer » (appliquer de la wax, une résine antidérapante) sa planche avant de se mettre à l’eau.
Sur la côte sauvage de la presqu’île de Quiberon (Morbihan), rares sont les jours sans vagues. Entre Port Bara et la pointe du Percho, le ressac si caractéristique est un spectacle familier des promeneurs, des photographes et des pratiquants de sport de glisse, qui trouvent là un des meilleurs spots de Bretagne.
Mais les vagues seront-elles toujours là, inchangées, dans dix ans ? Cinquante ans ? Cent ans ? Etaient-elles d’ailleurs les mêmes il y a dix, cinquante ou cent ans ? « C’est un angle mort des politiques et des recherches environnementales, explique Grégoire Touron-Gardic, chercheur spécialisé dans les aires marines protégées à l’université de Portsmouth (Royaume-Uni). Les vagues ne sont pas du vivant, donc pas préservées au nom de la biodiversité, et sans existence juridique. Et, pourtant, elles sont du mouvant, apportent de l’oxygène et des sédiments pour la faune et la flore, s’inscrivent dans une culture, une économie, créent une attractivité. » Et, surtout, elles sont « uniques à ce territoire », précise le surfeur Erwan Simon, soulignant que « chaque vague a son identité, son ADN ».
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Ensemble, avec le géologue breton Frédéric Habasque, ils ont créé l’association France Hydrodiversité pour valoriser ce « bien commun méconnu », et ont porté devant le conseil municipal de la ville de Saint-Pierre-Quiberon leur idée : la création de la première « réserve de vagues » en France. Un « projet pilote », validé en février par la commune, dont l’objectif est de « préserver et promouvoir la richesse et la qualité des vagues ».
« Conservation du périmètre »
Dans les faits, c’est un rectangle fictif d’un peu plus de 1 kilomètre de long et de 500 mètres de large, qui comprend notamment les spots de Port-Blanc et Port-Rhu, interdits à la baignade mais très prisés des surfeurs expérimentés. « Un patrimoine unique et une ressource naturelle, sportive, socio-économique et culturelle », argue la déclaration de reconnaissance d’utilité publique votée par l’équipe municipale, qui s’oblige désormais à « développer les actions nécessaires pour garantir la valorisation, la divulgation et la conservation du périmètre ». Car, même si « par leur puissance, les vagues paraissent indestructibles, elles sont fragiles et peuvent être menacées par l’action humaine », justifie la maire, Stéphanie Doyen (divers droite).
Le spot de La Barre, à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), est un cas d’école en la matière. Dans les années 1960, alors que la pratique du surf commence à connaître un succès mondial, cette vague du Sud-Ouest est une étape incontournable des grandes compétitions. Elle est même la première en Europe à accueillir, en 1968, les championnats du monde.
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Ce qui la rend remarquable ? « Une vague est une onde générée par une tempête au large qui s’est propagée jusqu’à la côte et, en fonction du fond qu’elle rencontre, va devenir instable et déferler, rappelle Bruno Castelle, océanographe physicien, chercheur au CNRS au laboratoire environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux de l’université de Bordeaux. Ce qui va rendre une vague exceptionnelle, c’est justement le fond qu’elle rencontre, qui va lui permettre de se dérouler de manière régulière et progressive, voire de former un tube plus ou moins long. » C’est le cas de La Barre, ce spot qui abrite une barre sableuse caractéristique à l’entrée de l’Adour, et dont l’orientation permet de capter toute la puissance de la houle de l’Atlantique.
Mais, en 1963, la digue du Boucau est construite non loin. Une avancée de 1 250 mètres, achevée en 1966, devant permettre de faciliter l’entrée des navires dans le port. Progressivement, l’enrochement coupe l’arrivée des sédiments du nord vers le sud. « L’estran s’est affaibli et, au bout de quelques années, le banc de sable a disparu de manière irréversible et c’est resté comme le paradis perdu des surfeurs », explique Bruno Castelle.
Aller « plus loin »
Plus récemment, l’histoire s’est répétée à Mundaka, dans le Pays basque espagnol. En 2003, l’embouchure de la rivière attenante à ce spot – parmi les meilleurs d’Europe pour les sports de vague – est draguée pour retirer du sable. « La vague s’est estompée, perdant de sa puissance, et sa forme est devenue moins creuse, ce qui nécessitait des hauteurs de houle plus importantes et donc nettement moins fréquentes pour qu’elle fonctionne », souligne Grégoire Touron-Gardic. De fait, la vague a perdu sa place dans les compétitions internationales.
Mais une mobilisation locale a stoppé les opérations de dragage, et la vague a fini par se reformer au bout de quelques années. En 2010, les autorités locales ont d’ailleurs classé le site comme une « réserve de surf », selon le modèle créé dans les années 1970 par l’Australie, et adopté depuis dans huit pays, dont la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis ou encore le Pérou.
« Mais en France, seconde plus grande surface marine au monde, il n’y avait toujours rien », regrette le surfeur Erwan Simon, qui a « vu beaucoup de sites perdre tout ce qui les rendait uniques à cause de l’action humaine ». De fait, lui veut même aller « plus loin » dans la préservation. « On ne veut pas voir les vagues uniquement comme un support de la pratique du surf qui exclurait les non-surfeurs et en ferait seulement des parcs d’attractions. L’idée est de reconnaître qu’elles font partie d’un paysage au même titre qu’un arbre ou qu’une espèce endémique », explique le passionné, qui espère « diffuser ce concept et donner envie à d’autres communes de créer ce genre de réserve ».
« Ouvrir la voie »
A commencer par certains des plus prestigieux sites français, comme celui de Teahupoo, à Tahiti, qui accueillera en 2024 les compétitions de surf dans le cadre des Jeux olympiques de Paris. Mais aussi des vagues « plus modestes mais qui font partie du patrimoine culturel, des légendes du coin, de l’histoire d’un lieu », souligne Erwan Simon, citant ainsi La Vague de Clohars-Carnoët (Finistère), immortalisée en 1888 par Paul Gauguin. « Ce serait dommage qu’elle disparaisse un jour alors qu’elle a touché l’un des plus grands peintres de l’histoire », souligne le Breton.
> Lire aussi Jeux olympiques 2024 : les épreuves de surf auront lieu à Tahiti, « sur la plus belle vague du monde »
Ce projet inédit « montre l’évolution des mentalités en matière d’environnement et la prise d’initiative des citoyens », souligne François Mandin, enseignant chercheur au Centre de droit maritime et océanique de l’université de Nantes. « Si, aujourd’hui, cette réserve n’a aucune base légale, elle peut lancer la discussion et, en cas d’acceptation sociale large, ouvrir la voie à une forme de reconnaissance d’existence pour les vagues », explique le spécialiste.
Un besoin d’autant plus urgent pour France Hydrodiversité qu’il existe aussi « toutes les menaces que nous ne sommes pas encore capables de mesurer », rappelle le chercheur Grégoire Touron-Gardic. « Outre la pénurie de sable qui risque de s’accentuer, il y a évidemment l’inconnu des effets du réchauffement climatique sur les vagues », abonde l’océanographe Bruno Castelle. Le changement climatique fait en effet grimper la température et le niveau des océans, et intensifie les épisodes de vent fort et de houle.
A Quiberon, pourtant classé Natura 2000 et labellisé depuis 2018 par le ministère de la transition écologique comme Grand Site de France, la conscience de cette fragilité « est derrière toute notre action politique et notre philosophie collective », explique l’édile Stéphanie Doyen. A quelques kilomètres de sa mairie, le trait de côte de l’isthme de Penthièvre, seule attache terrestre au continent, se fait grignoter chaque année par l’océan. Par grandes marées, la langue de roches et de sable ne fait plus que 22 mètres de large. « Ici, plus qu’ailleurs, on sait ce qu’on risque de perdre en ne protégeant pas ce qu’on a », conclut l’élue.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/13/dans-le-morbihan-la-premiere-reserve-de-vagues-de-france_6121892_3244.html>
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5- Les victimes d'une espèce de coucou se rebellent grâce à la génétique, AFP, 14/04/22, 16:00
Pierre Celerier & Daniel Lawler

Depuis deux millions d'années, la génétique sert d'arme à une espèce de coucou parasite qui fait couver ses œufs par d'autres espèces en imitant leurs couleurs et leurs motifs. Mais ses victimes sont en train de retourner l'arme des gènes en leur faveur, selon une étude.
Le Tisserin-coucou est un charmant petit passereau au ventre jaune vif, endémique d'Afrique australe. Il est aussi un parasite d'autres espèces de volatiles non moins charmants, le Prinia modeste, au ventre blanc et ailes brunes, et le Cisticole à face rousse.
La femelle du Tisserin-coucou a développé un don extraordinaire pour mimer le motif et la couleur des œufs de son hôte. Elle y a d'autant plus intérêt que ce dernier, s'il découvre la supercherie, s'empressera de transpercer de son bec la coquille de l'intrus avant de s'en débarrasser. Le Cisticole est devenu ainsi particulièrement apte à repérer un "faux".
Mais si la manœuvre du Tisserin-coucou porte ses fruits, sa progéniture aura un avantage de taille, car son poussin est éclos un ou deux jours avant ses concurrents. Nettement plus gros que ces derniers, il va alors capter l'essentiel de la becquée fourni par les parents-hôtes, convaincus de nourrir leur petit, et garantir aux oisillons légitimes une mort par inanition. 
- Un don hérité de la mère - 
Tout repose donc sur la capacité de la femelle coucou à imiter le plus parfaitement possible l'aspect de l’œuf de son hôte. Un généticien britannique, Reginald Punnett, avait émis l'hypothèse en 1933 que ce don était hérité génétiquement via la mère.
L'équipe menée par la biologiste évolutionnaire sud-africaine Claire Spottiswoode, professeure à l'Université de Cambridge (Royaume-Uni) et à celle de Cape Town (Afrique du Sud), en apporte finalement la preuve, dans une étude parue cette semaine dans les Proceedings de l'Académie des sciences américaine (PNAS). 
Avec l'aide de jeunes Zambiens, elle a étudié le patrimoine génétique des populations de Tisserin-coucou et leurs hôtes. La femelle de l'oiseau parasite transmet bien à sa descendance la capacité à pondre des œufs ressemblant souvent à s'y méprendre à ceux de son espèce hôte. C'est-à-dire à l'espèce dans le nid de laquelle elle-même est née.
"Ils sont capables de trouver le nid de l'espèce hôte qui convient, probablement grâce à un processus d'imprégnation", explique à l'AFP la Pr. Spottiswoode. On ne sait pas quels indices l'oiseau parasite utilise, "mais il semble savoir par quelle espèce il a été élevé", ajoute-t-elle. 
Cette association entre une espèce et son parasite est si étroite qu'il y a environ deux millions d'années, le Tisserin-coucou a évolué en deux branches : l'une s'associant au Cisticole à face rousse et l'autre au Prinia modeste. 
- Apparition du vert-olive -
Ce dernier pond des œufs blancs tirant plus ou moins vers le bleu ou bien vers le rouge. Le coucou a suivi cette évolution, mais ne peut pondre des œufs que d'une couleur, et se repose sur la chance pour que cette dernière corresponde à celle des œufs de son hôte. 
La femelle hérite et transmet donc seule la capacité à produire des œufs d'une couleur bien particulière. Une spécialisation devenue un handicap. Car le Prinia utilise lui le patrimoine génétique des deux parents pour pondre des œufs aux motifs et couleurs toujours plus divers. 
Il s'est mis à pondre des œufs d'un joli vert-olive, une combinaison utilisant notamment des pigments rouge et bleu, que le coucou, spécialisé dans un seul des deux pigments, ne peut imiter. "On ne sait pas quand cette évolution vers le vert-olive est apparue, mais il y a bien moins de 2 millions d'années", remarque le Pr. Spottiswoode.
Qui reste songeuse par ailleurs face au constat que si le coucou passe le test de détection de son œuf, sa progéniture est certaine d'être bien accueillie ensuite.
Elle qualifie de "magnifique" le phénomène d'adaptation au niveau de l’œuf mais s'étonne qu'arrivé à l'étape de l'oisillon, "les hôtes paraissent complètement idiots et élèvent un petit qui ne ressemble en rien à leur progéniture".
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220414-les-victimes-d-une-espèce-de-coucou-se-rebellent-grâce-à-la-génétique>
En savoir plus :
> Genetic architecture facilitates then constrains adaptation in a host–parasite coevolutionary arms race <https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2121752119>, PNAS, April 11, 2022
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6- Même les porcs méritent qu'on les écoute, selon des chercheurs, AFP, 15/04/22, 08:00

Ecoute ton porc : soucieux de progresser en matière de bien-être animal, des chercheurs européens ont mis au point un outil pour décoder les sentiments qu'expriment les cochons dans leurs divers grognements.
Répartis entre la Suisse, le Danemark, la Norvège, la France et la République tchèque, des biologistes ont étudié plus de 7.000 enregistrements de 411 cochons, du couinement bref de satisfaction de la tétée aux cris désespérés à l'abattage, avant de les classer dans dix-neuf catégories différentes.
"Nous montrons qu'il est possible de déterminer les émotions des cochons selon leurs vocalisations", explique à l'AFP la responsable du projet Elodie Briefer, maître de conférence à l'Université de Copenhague.
L'étude, publiée dans la revue Nature, offre une nouvelle piste pour améliorer le bien-être animal avec un outil permettant de catégoriser une émotion grâce au bruit produit, selon la chercheuse.
"Nous utilisons également un algorithme d'apprentissage automatique (...) qui produit un spectrogramme et s'entraîne à reconnaître les contextes négatifs et positifs", précise-t-elle.
Une fois développé, ce nouveau type de surveillance permettra aux agriculteurs, qui ne disposent que d'outils sur le bien-être physique, de s'assurer de la santé mentale de leurs bêtes.
"Si le pourcentage de sons négatifs augmente, alors l'éleveur sait que quelque chose ne va probablement pas et peut aller vérifier les porcs", dit la chercheuse.
Pour le Conseil danois de l'Agriculture --le pays scandinave est le foyer de 13,2 millions de porcins, soit un record d'Europe de plus de 2 cochons par habitant--, les implications de l'étude sont prometteuses.
"Ce concept (...) pourrait potentiellement être un outil utile parmi d'autres dans le travail de surveillance de la santé et du bien-être des cochons", estime Trine Vig, une porte-parole du Conseil.
Selon Mme Briefer, "nous atteignons une précision de 92% dans la classification de la valence, c'est-à-dire déterminer si l'appel est négatif ou positif, et 82% dans la classification du contexte réel dans lequel les sons ont été produits".
D'après les conclusions de l'étude, les sentiments positifs s'expriment par des sons courts tandis que les pensées négatives sont le plus souvent extériorisées longuement.
Mais pourquoi s'attarder sur le cochon plutôt que le veau ou le lapin ? Pour les auteurs de l'étude, le porc, connu pour ses couinements et bruits très variés, était l'étalon parfait.
"Ils sont très vocaux, ce qui rend leur étude facile (...) ils produisent des vocalisations tout le temps. Même dans des situations de faible intensité, ils continuent à vocaliser", souligne l'universitaire.
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220415-même-les-porcs-méritent-qu-on-les-écoute-selon-des-chercheurs>
En savoir plus : 
> Classification of pig calls produced from birth to slaughter according to their emotional valence and context of production <https://www.nature.com/articles/s41598-022-07174-8>, Nature, 07 March 2022
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7- Pierre Déom, créateur de "La Hulotte", revue culte, écolo et quinquagénaire, AFP, 15/04/22, 17:00
Aymeric Henniaux

Deux fois par an, il adresse ses croquis délicats et ses minutieux récits naturalistes à 150.000 abonnés dans le monde entier. Créateur de "La Hulotte", revue culte et discrète, Pierre Déom fête son demi-siècle d'activité.
Son lumineux atelier offre une vue imprenable sur une prairie bordée de bois touffus, paradis des biches, lièvres et autres chevreuils. C'est là, au premier étage de sa maison de Boult-aux-Bois, au cœur des Ardennes, que l'ancien instituteur de 73 ans trouve l'inspiration, devant son imposante table à dessin.
Dans La Hulotte --nom d'une chouette au plumage brun dont un spécimen nichait face à son ancienne école-- il raconte et dessine la vie des oiseaux, insectes, mammifères, batraciens, poissons, mais aussi des plantes et fleurs.
"Je parle de la nature qui nous entoure, des espèces qui vivent à côté de nous mais que nous ne remarquons plus la plupart du temps", dit cet homme timide aux cheveux poivre et sel.
Depuis la première publication, en 1972, 112 numéros ont été édités, vendus uniquement par abonnement. Porté par le seul bouche-à-oreille, le succès est stupéfiant.
- "Fils d'Hergé" -
"J'avais le projet de créer dans le département des clubs de protection de la nature. La Hulotte devait être une sorte de bulletin de liaison informant sur l'actualité de ces clubs", raconte-t-il. "Sauf que les clubs n'ont pas connu le succès que j'espérais, au contraire de la revue qui, elle, a très vite dépassé le millier d'abonnés."
Les abonnements se multiplient jusqu'à dépasser les 100.000 vers les années 1980 et se stabilisent autour des 150.000 depuis vingt ans. La Hulotte emploie aujourd'hui sept personnes.
Fils d'ouvrier agricole et aîné d'une famille de huit enfants, Pierre Déom a grandi en pleine campagne. Mais il ne s'est intéressé à la nature que sur le tard. "C’est en vivant en ville que je me suis finalement aperçu que la nature me manquait."
Une connaissance lui propose alors de l’initier au baguage, une technique destinée à suivre les déplacements de certaines espèces d'oiseaux. "Une vraie révélation", dit-il. "Je me rappelle une fois avoir pu tenir un martin-pêcheur au creux de ma main, un vrai joyau !"
A travers La Hulotte, ce "fils d’Hergé", tel qu’il se qualifie avec une sincère humilité, a peaufiné son style au fil des décennies, passant parfois jusqu'à 60 heures sur un seul dessin. Une loupe grossissante lui permet d'ajouter ici une brindille de nid, là une plume d'oiseau.
- Lu dans 70 pays -
"C'est un enfant de Buffon, Cuvier, Lamarck : le prolongement des grands naturalistes qui ont fait l'honneur de la France", salue Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
"Tous les naturalistes que je croise, y compris les grands professeurs, se sont initiés par La Hulotte", jure l'ancien animateur télé, qui confesse "une admiration folle" pour Pierre Déom, dont il est proche.
C'est aussi par la précision et la richesse des informations qu’elle distille que La Hulotte a fidélisé son lectorat, gagnant sa place aussi bien dans les bibliothèques des écoles élémentaires qu'au CNRS.
Entre livres de vulgarisation et travaux scientifiques, l'auteur, aidé d'une documentaliste, compile, répertorie et vérifie un maximum de données pour offrir un récit ludique et humoristique d'une quarantaine de pages, sans publicité, cadré par la plus grande rigueur scientifique. 
Il dit consacrer "entre 1.000 et 1.500 heures de travail pour chaque numéro, de la collecte et la vérification des informations à la mise en page, en passant par l'écriture et bien sûr le dessin". Avec l'objectif de tenir les délais de parution de sa revue, attendue dans 70 pays du monde.
S'il aime dénicher des anecdotes méconnues, Pierre Déom garde une règle d'or : conserver une approche pédagogique à la portée d'un enfant de dix ans, pour donner aux jeune l'"envie de découvrir à leur tour la nature".
<https://www.la-croix.com/Pierre-Deom-createur-Hulotte-revue-culte-ecolo-quinquagenaire-2022-04-14-1301210534>
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8- Dans l'Atlantique, des scientifiques au chevet des baleines noires, AFP, 18/04/22, 08:00
Issam Ahmed

Après des heures en mer et quelques faux espoirs, les voici : trois baleines noires de l'Atlantique nord, en danger critique d'extinction, apparaissent devant le navire scientifique dans une baie près de Boston, dans le nord-est des Etats-Unis.
Le capitaine du Shearwater coupe le moteur et trois biologistes marins s'activent pour prendre notes et photos afin d'identifier et suivre les baleines et leurs blessures. Un travail essentiel à la protection de cette espèce dont il ne reste que 336 individus d'après les experts.
Décimée par les baleiniers désormais interdits, la baleine noire, ou baleine franche, de l'Atlantique nord reste aujourd'hui sous la menace des collisions avec des bateaux et des filets de pêcheurs.
Cette espèce de grands mammifères marins -- d'une vingtaine de mètres de long pour 70 tonnes -- est encore plus en danger d'extinction que les tigres ou les rhinocéros noirs.
"Malheureusement, leur population est en baisse depuis 2010", explique Christy Hudak, à la tête du centre de recherche sur le littoral installé à Provincetown, un port de pêcheurs du Massachusetts, d'où est parti le bateau des chercheurs.
A l'aide d'un petit avion et de drones équipés de caméras lancés depuis un second bateau, ces scientifiques tentent de suivre la reproduction des Eubalaena glacialis, leur nom latin. Car les nouvelles règles sur la vitesse des navires dans les zones protégées ou encore sur les filets de pêche ne les ont pas rassurés.
Le changement climatique, en réchauffant les eaux de l'Atlantique nord, raréfie les stocks d'un petit crustacé, le Calanus finmarchicus, l'un des éléments constituant le plancton et essentiel à l'alimentation des baleines noires.
C'est autour de Cape Cod, la péninsule à la pointe de laquelle se trouve la très touristique Provincetown, que l'espèce est souvent observée, les eaux se réchauffant moins vite qu'ailleurs.
Ici, les biologistes étudient notamment le plancton en prélevant de l'eau à différentes profondeurs, ce qui leur permet d'estimer les dates d'arrivée et de départ des baleines.
- Décimées -
Elles étaient pendant des centaines d'années la proie favorite des pêcheurs -- vikings, basques, anglais, néerlandais puis américains -- pour leur graisse, utilisée dans les lampes, et leur fanons, bien pratiques avant l'arrivée du plastique.
L'espèce a compté jusqu'à 20.000 individus, avant l'arrivée de la pêche à grande échelle, selon David Laist, auteur d'un livre sur le sujet. Elle a ensuite été décimée au début du 20e siècle.
Une hausse des naissances au début des années 2000 a permis d'atteindre un pic de 483 animaux en 2010, mais le chiffre, en baisse depuis, a plongé en 2017, la faute à une accumulation de décès.
"Quatorze baleines noires sont mortes en très peu de temps, car elles se sont déplacées vers le golfe du Saint-Laurent", où elles vont rarement et où la pêche au crabe les a durement touchées, explique Charles Mayo, fondateur du centre de recherche sur le littoral.
Le changement climatique semble être à l'origine de ce déplacement de leur zone d'alimentation, faute de proies suffisantes.
Et les baleines noires étant déjà si rares, même une poignée de décès pourraient suffire à enclencher un déclin dangereux pour l'espèce.
"C'est très inquiétant, car leur taux de reproduction est très faible, tandis que le taux de mortalité est très élevé", s'émeut Charles Mayo, qui a fait partie de la première équipe à avoir libéré une baleine d'un filet dans lequel elle s'était emmêlée.
Ces géants marins se reproduisent au printemps et à l'été, avant de voyager jusqu'à 1.600 kilomètres vers le sud pour donner naissance. Ce cycle, dont la durée normale est de trois ans, s'étend actuellement sur trois à six ans en moyenne, selon l'Agence nationale océanique et atmosphérique américaine.
Les spécialistes pensent que derrière ce taux de natalité en baisse se cache le stress subi par les femelles, notamment à cause des enchevêtrements dans des cordages ou encore du bruit océanique causé par les activités humaines.
- Baleineau joueur - 
Ces baleines, les troisièmes plus grandes du règne marin, vivent aussi longtemps que les humains, parfois jusqu'à un siècle.
Trapues -- et noires, donc --, elles présentent la particularité de ne pas avoir de nageoire dorsale et d'être ornées, sur la tête, de callosités recouvertes de minuscules crustacés surnommés "poux des baleines", vivant en apparente symbiose avec leurs hôtes.
Prévenus par leurs collègues survolant la zone, les chercheurs trouvent de nouvelles baleines, dont un baleineau qui joue à imiter sa mère, puis un groupe de cétacés rapprochés les uns des autres à la surface pour socialiser.
Au cours de ce type de rassemblement, explique Christy Hudak, les baleines "roulent sur elles-mêmes en touchant les autres. Le principal objectif est de se reproduire mais il s'agit aussi d'interagir avec d'autres baleines noires. Ce n'est pas que pour le sexe."
La sortie en mer aura permis d'observer dix baleines, dont deux mères avec leur baleineau, et un groupe de socialisation. La survie de l'espèce est loin d'être assurée mais les chercheurs se laissent aller à espérer.
De nouvelles technologies visent à réduire l'enchevêtrement dans les filets de pêche, que ce soit en rendant les cordages plus fragiles ou en concevant des pièges pouvant, sans filin, remonter à la surface de façon télécommandée.
Une meilleure détection accoustique des baleines pourrait aussi permettre de vite réagir à leur présence en instaurant des zones de vitesse limitée pour les bateaux.
Mais il est vital, souligne Christy Hudak, de mieux sensibiliser le public et d'obtenir son adhésion à la protection de "ces incroyables créatures".
<https://information.tv5monde.com/info/dans-l-atlantique-des-scientifiques-au-chevet-des-baleines-noires-453287>
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9- Un crapaud reste accroché jusqu’à 135 jours sur la femelle pour... copuler, Le Monde Science et Médecine, 18/04/22, 14h24

« Atelopus laetissimus » peut rester sans manger sur le dos de la femelle plusieurs mois dans l’espoir de s’accoupler. 
Patience et longueur de temps… Le crapaud harlequin Atelopus laetissimus, qui habite les montagnes de la sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie, ne fera pas mentir La Fontaine. Il est capable de rester jusqu’à 135 jours accroché sur le dos de la femelle, sans manger, dans l’espoir de copuler, rapporte le New Scientist. C’est un champion de l’amplexus, cette technique d’accouplement des anoures qui, dépourvus de pénis, s’agrippent à la femelle pour féconder ses œufs en laissant au moment opportun le sperme s’écouler sur ceux-ci. Luis Alberto Rueda-Solano (Université des Andes, Bogota) et ses collègues indiquent dans Animal Behaviourde mars que l’amplexus dure de 70 à 135 jours, que les mâles les plus massifs (ils ne dépassent guère 4 cm) sont les moins susceptibles d’être délogés par un rival, et que la force d’agrippement peut représenter jusqu’à 52 fois le poids de l’animal. Les premiers arrivés seront les mieux servis, concluent les auteurs.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/04/18/un-crapaud-reste-accroche-jusqu-a-135-jours-sur-la-femelle-pour-copuler_6122645_1650684.html>
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10- Des bénévoles au secours des animaux confinés de Shanghai, AFP, 18/04/22, 17:00

Envoyée en centre de quarantaine après un test Covid positif, Sarah Wang a dû abandonner son chat dans son appartement de Shanghai. Mais des bénévoles s'organisent pour sauver l'animal de la faim et de la soif.
La capitale économique chinoise affronte sa plus forte poussée épidémique depuis le début de la pandémie fin 2019. Ses 25 millions d'habitants sont confinés à domicile depuis début avril.
La Chine applique une stricte stratégie zéro Covid, qui consiste notamment à placer toutes les personnes testées positives, même asymptomatiques, dans des centres de quarantaine où ils sont isolés du reste de la population.
Mais ils ne peuvent emmener avec eux leurs animaux de compagnie. Résultat : ces derniers courent le risque de rester seuls pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines, sans maître pour les nourrir et veiller sur eux.
Autre crainte : que son chien ou son chat soit euthanasié par les services sanitaires, ce qui est déjà arrivé à quelques reprises en Chine depuis le début de l'épidémie.
La vidéo d'un petit corgi frappé à mort à Shanghai début avril par un membre des services sanitaires a provoqué un tollé sur internet. 
Ces images ont créé une véritable "panique" parmi les maîtres, explique Erin Leigh, une Américaine de 33 ans qui a lancé une opération de sauvetage des chiens et chats livrés à eux-mêmes dans les appartements.
Spécialisée jusqu'alors dans le gardiennage d'animaux, elle a constitué en quelques jours avec son groupe d'amis un réseau de centaines de bénévoles.
- "Conditions déplorables" -
Ils ont notamment trouvé une personne désireuse d'accueillir temporairement la chatte de Sarah Wang.
"Elle n'aurait pas survécu à une désinfection de mon appartement", raconte la jeune femme de 28 ans. "Je n'ose imaginer dans quelles conditions déplorables elle se serait retrouvée, sans personne pour la nourrir."
Dans une Chine où l'obsession des autorités est d'empêcher l'apparition de tout nouveau cas de Covid-19, le bien-être des animaux de compagnie n'est pas forcément une priorité.
L'an passé, au moins trois chats et un chien ont même été frappés à mort par les services sanitaires, à l'aide de bâtons ou de barres de fer.
Après la diffusion de la vidéo du corgi frappé à mort, Erin Leigh explique avoir été submergée de messages de maîtres "qui voulaient à tout prix sauver leurs animaux".
Sa petite équipe repère jour et nuit sur internet les demandes d'aide. Puis ils classent les informations par niveau d'urgence.
Ils partagent ensuite sur les réseaux sociaux des notices avec photos et messages de description, en chinois et en anglais, jusqu'à ce qu'une bonne âme se porte volontaire pour recueillir l'animal.
Des livreurs ou des coursiers, qui ont l'autorisation de travailler malgré le confinement, sont ensuite sollicités pour récupérer les bêtes au pied des immeubles et les acheminer vers la nouvelle adresse.
- Oiseaux et serpents -
L'équipe de bénévoles est déjà venue en aide à des centaines de chats et chiens - plus quelques oiseaux, poissons et serpents.
Ils ont également fait acheminer de la nourriture à une animalerie, fermée, qui abritait une cinquantaine de huskies affamés, explique Mme Leigh.
Mais sortir les animaux de l'appartement où ils se trouvent est souvent un casse-tête. Car les autorités appliquent parfois avec un zèle extrême les strictes restrictions aux déplacements, qu'elles ne souhaitent pas prendre le risque de contourner.
Autre souci : les agents de sécurité, présents dans pratiquement tous les immeubles d'habitation des grandes villes en Chine, rechignent souvent à transporter les animaux jusqu'à l'extérieur du bâtiment.
Enfin les livreurs, qui acheminent d'ordinaire des marchandises ou de la nourriture, demandent un tarif plus élevé pour prendre en charge un animal. 
Conséquence de ces difficultés : les sauveteurs ont par exemple passé une heure et demie récemment pour faire transférer un chien depuis l'appartement de son maître jusqu'à un bâtiment situé ... à 600 mètres, selon Erin Leigh.
Il faut souvent faire comprendre aux autorités qu'il y aura des "réactions négatives" en termes d'image "si l'animal subit un quelconque préjudice", déclare Ocean Zhang, qui a aidé à négocier la libération du canidé.
"Si on continue à travailler tous ensemble, alors les urgences (...) peuvent être résolues en quelques heures."
<https://information.tv5monde.com/info/des-benevoles-au-secours-des-animaux-confines-de-shanghai-453334>
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11- Parlons-nous trop du « bien-être animal » ?, The Conversation, 18/04/22, 17:51
Par Marie-Claude Marsolier, Directrice de recherche en génétique, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

La manière dont nous pensons et les mots que nous employons sont interdépendants, et les professionnels de l’agroalimentaire l’ont bien compris : pour occulter les violences envers les animaux, ils multiplient les euphémismes et détournements sémantiques.
Au XIXe siècle, les tueries et les écorcheries sont ainsi devenues des abattoirs, et dans les élevages aujourd’hui, les soins peuvent aussi bien désigner le limage des dents que la coupe du bec, de la queue ou la castration à vif. Dans le cadre général du déni des souffrances infligées par les humains aux autres animaux, un concept a progressivement envahi tous les discours : le « bien-être animal ».
Alors que l’élevage porcin est l’un de ceux qui engendrent probablement le plus de souffrances pour les animaux concernés, le site web d’Inaporc, l’interprofession nationale porcine, proclame par exemple fièrement : « Le bien-être des animaux : au cœur des préoccupations de la filière ». Le site argumente :
« Parce que les éleveurs sont des personnes passionnées par leurs animaux et qu’un animal stressé ne donnera pas une viande de qualité, chaque acteur de la filière [prend grand soin du bien-être des animaux. »
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/parlons-nous-trop-du-bien-etre-animal-180166>
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12 - Critique. « Bora Bora, le laboratoire du futur », sur France 3 et 1ère : pour protéger ses richesses, le lagon turquoise vire au vert, Le Monde, 18/04/22, 19h00
Catherine Pacary

Un rare documentaire met en avant, non pas les attraits touristiques de l’atoll polynésien huppé, mais le patrimoine naturel de la « perle du Pacifique » et l’engagement de ses îliens, pour qui le futur se conjugue entre tradition et modernité. 
Paradis sur terre, Jardin d’Eden… Depuis qu’elle a été découverte, en 1722, par le navigateur néerlandais Jacob Roggeveen, puis baptisée « Pora Pora », en tahitien, par le Britannique James Cook, en 1769, Bora Bora invite au rêve. Encadrée par un lagon unique au monde, l’île volcanique offre un paysage entre eau turquoise translucide, palmiers et sable blanc. Moins romantique mais essentiel, Bora Bora a hérité d’un aéroport, après le passage des troupes américaines, de 1942 à 1946. Et elle a fini par ouvrir son premier hôtel, en 1961. Elle en compte plusieurs dizaines aujourd’hui.
Les lodges sur pilotis sont, eux aussi, devenus emblématiques, à l’image de la clientèle visée : le très haut de gamme. Quelque 100 000 touristes annuels pour 10 000 habitants : une manne de 300 millions d’euros de retombées économiques pour ce petit territoire de 44 kilomètres carrés sans ressources naturelles, à condition de la protéger. Le maire de l’île et ses concitoyens l’ont compris, comme en témoigne le reportage d’Antoine Laguerre, qui fait le tour des innovations environnementales mises en place, parfois avant-gardistes, tout en valorisant l’engagement des îliens. Même si son enthousiasme mérite d’être gentiment modéré.
Tout d’abord, le film n’évoque pas, malgré sa thématique environnementale, les retombées des essais nucléaires menés en Polynésie française de 1966 à 1996. Pas plus que Paul-Emile Victor, venu s’y installer à sa retraite, en 1976, avant d’y mourir, le 7 mars 1995, et qui fut l’un des quatre grands précurseurs de l’écologie en France (avec Alain Bombard, Haroun Tazieff et le commandant Cousteau).
> Lire aussi Essais nucléaires en Polynésie : Emmanuel Macron reconnaît une « dette », mais ne présente pas d’excuses au nom de la France
Bouturage de coraux
Ensuite sont occultées les péripéties de Gaston Tong Sang. Allié, puis opposant de Gaston Flosse, ex-sénateur et président de la Polynésie française, il est ici simplement présenté comme « maire de Bora Bora depuis trente ans » et même « homme vigie » de l’environnement. Oubliant, au passage, son scepticisme affiché à l’égard du vaccin contre le Covid-19 : « J’ai l’impression que plus on vaccine, plus on est malade », déclarait-il, mi-septembre 2021, alors que la Polynésie, faiblement vaccinée, présentait une surmortalité sans précédent.
Sur fond de poissons tropicaux Dascyllus rayés noir et blanc, les caméras partent à la rencontre d’habitants engagés, tels David Lecchini, biologiste, qui prend des notes sous l’eau ; Milton Doom, membre de Reef Check, une association de protection des récifs adepte de la science citoyenne participative ; ou Alice, qui compte les raies mantas et sensibilise les touristes en les faisant plonger au côté d’un des 145 spécimens recensés à Bora Bora. Les images de l’animal surgissant des eaux troubles impressionnent toujours.
Faute d’espace, le tourisme n’est jamais très loin. Les récifs artificiels de coraux sont ainsi positionnés devant les bungalows « sous le regard émerveillé des touristes », souligne le commentaire, et le centre de protection de tortues marines jouxte un hôtel de luxe. On s’attend à une séquence gastronomie en voyant un homme préparer des bâtons de calmars, des sardines et des brocolis… Il n’en sera rien.
Le film se fait scientifique lorsqu’il détaille la technique de dessalinisation utilisée depuis 2006 ou le bouturage de coraux. Puis pédagogique lors des débats organisés sur le retour du rahui, une jachère ancestrale, ou sur l’ambitieux projet de devenir le premier lagon connecté au monde. Les yeux s’illuminent. A Bora Bora, le futur se conjugue entre tradition et modernité et entend bien faire toujours rêver.
§ Bora Bora, le laboratoire du futur, d’Antoine Laguerre (Fr., 2022, 52 min).
<https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/04/18/bora-bora-le-laboratoire-du-futur-sur-france-3-et-1ere-pour-proteger-ses-richesses-le-lagon-turquoise-vire-au-vert_6122679_3246.html>
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13- Epreuve de force entre l’Australie et l’Unesco autour du classement de la Grande Barrière de corail, Le Monde, 19/04/22, 11h09 
Isabelle Dellerba (Sydney, correspondance)

Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, le joyau de la côte nord-est de l’île pourrait rejoindre la liste des sites en péril. Un coup dur pour le tourisme local, dénonce le gouvernement australien. 
La Grande Barrière de corail, classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, doit-elle être inscrite sur la liste des sites en péril ? La décision reviendra au Comité du patrimoine, qui tiendra sa prochaine session en juin. Pour trancher, il disposera des conclusions de la mission de suivi dépêchée sur l’île-continent, fin mars, afin d’évaluer les mesures prises par les autorités australiennes. L’Organisation des Nations unies avait estimé, en juillet 2021, que Canberra devait faire davantage « pour contrer d’urgence les effets du changement climatique » et améliorer la qualité de l’eau, les deux principales menaces pesant sur cet écosystème unique. Le 28 janvier, le premier ministre, Scott Morrison, avait mis sur la table une enveloppe de 1 milliard de dollars australiens (680 millions d’euros), sur neuf ans, dont plus de la moitié sera consacrée à la qualité de l’eau.
« Une sorte de punition »
Si l’Unesco a salué cette annonce, elle a également mis en garde contre toute « instrumentalisation politique » du rapport qui sera livré par sa mission d’évaluation. En juin 2021, quand le bras scientifique de l’organisation avait recommandé de placer la Grande Barrière sur la liste des sites en péril en raison de sa détérioration, l’Australie avait critiqué cet avis et lancé une intense campagne de lobbying auprès des membres du Comité du patrimoine afin qu’ils ne le suivent pas. Le joyau de la côte nord-est australienne représente l’une des principales attractions touristiques du pays, dont dépendent plus de 60 000 emplois. Les autorités avaient alors obtenu un sursis d’un an, au grand dam de la communauté scientifique et des organisations de défense de l’environnement.
> Récit :  Coraux : les épisodes de blanchissement ont été multipliés par dix depuis les années 1980
« Le gouvernement voit le classement “en péril” comme quelque chose qui doit être évité, combattu, comme une sorte de punition. Mais il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de mettre davantage de moyens pour que le bien ne soit plus en péril », regrette le biologiste Terry Hughes. Quand un site est dégradé, le Comité du patrimoine mondial adopte, en concertation avec le pays concerné, un programme d’action et suit de près l’évolution de son état. A terme, il risque d’être retiré de la liste du Patrimoine mondial. « Le problème, avec nos dirigeants, c’est qu’ils ne s’attaquent pas à la principale menace qui pèse sur la Grande Barrière : le réchauffement climatique, déplore Martin Zavan, porte-parole de Greenpeace Australia Pacific. Bien au contraire. Rien que cette année, ils ont dépensé plus de 11 milliards de dollars australiens pour soutenir l’industrie des combustibles fossiles responsables de la crise climatique. Une somme à mettre en parallèle avec le milliard qui sera dépensé enneuf ans pour la Grande Barrière. »
> Lire aussi : Les Australiens au chevet de la Grande Barrière de corail
L’Australie, premier exportateur mondial de charbon, s’est engagée, le 26 octobre 2021, à viser l’objectif de « zéro émission nette » de gaz à effet de serre pour 2050, mais elle n’a pas révisé sa modeste ambition de réduire, d’ici à 2030, ses émissions de 26 % à 28 % par rapport aux niveaux de 2005, et n’entend pas tourner le dos à ses ressources minières.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/19/epreuve-de-force-entre-l-australie-et-l-unesco-autour-du-classement-de-la-grande-barriere-de-corail_6122755_3244.html>
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14- Reportage. Les Australiens au chevet de la Grande Barrière de corail, Le Monde, 19/04/22, 09h30
Isabelle Dellerba (Port Douglas, Cairns et Townsville (Australie), envoyée spéciale)

Une multitude d’acteurs œuvrent à préserver et à restaurer le plus grand système de récifs coralliens du monde. Ils s’agacent que le gouvernement australien ne s’engage pas davantage dans la lutte contre le réchauffement climatique qui provoque les épisodes de blanchissement à répétition.
C’est l’histoire du « temps du rêve » , celle des origines, celle que se transmettent de génération en génération les Gunggandji, l’une des tribus aborigènes qui veille sur l’un des joyaux de la côte nord-est australienne : la Grande Barrière de corail.
Il y a des dizaines de milliers d’années, le « grand chasseur » tira par erreur sur son animal totémique, une raie fantastique qu’il avait interdiction de tuer. Furieux, le poisson frappa l’océan de ses ailes, y creusant de gigantesques vagues qui menacèrent le rivage. Pour se protéger, les hommes précipitèrent des roches calcaires dans les flots. Bientôt, du corail grandit sur cette barrière.
« Pour nous, la Grande Barrière fait partie de notre maison, elle est notre jardin et notre garde-manger », explique Tarquin Singleton, un garde forestier yirrganydji, affecté par sa communauté à la protection de la zone terrestre et maritime des Trois-Rivières, sur la mer de Corail. « Mais attention, nous ne prenons jamais plus que ce dont nous avons besoin. Dans la culture aborigène, il est fondamental de préserver la santé des écosystèmes. Nous les surveillons et les entretenons. C’est comme votre maison, si elle est en mauvais état, cela finira par avoir des répercussions sur votre santé physique et mentale », glisse-t-il en enfilant, d’un geste leste, sa combinaison.
> Lire aussi Les coraux diminuent rapidement presque partout dans le monde
Comme chaque mercredi, en cette matinée de mars, le trentenaire s’apprête à plonger avec des biologistes marins travaillant sur le bateau de croisière Dreamtime Dive and Snorkel. Ensemble, ils mettent en commun leurs savoirs pour développer différents outils de suivi et de gestion des récifs destinés à leurs milieux professionnels respectifs. Il s’agit du projet Kul-Bul, l’une des multiples initiatives financées par les autorités australiennes, par l’intermédiaire de différents organismes, pour préserver, restaurer et renforcer la résilience du royaume sous-marin courant sur 344 000 kilomètres carrés au nord-est de l’île-continent.
Hausse des températures des eaux de surface
Ces dernières années, la santé de la plus grande structure vivante de la Terre, classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, s’est brusquement dégradée, au point qu’elle pourrait être inscrite, en juin, sur la liste des sites « en péril ».
L’été 2021, le Comité du patrimoine avait sursis à sa décision d’un an, le temps qu’une mission d’experts soit dépêchée sur les lieux afin de lui fournir une évaluation actualisée de la situation. Ses conclusions ne sont pas encore connues mais son déplacement en Australie a coïncidé avec l’annonce, le 25 mars, que la Grande Barrière était victime d’un vaste blanchissement, le quatrième en six ans.
Ce phénomène de dépérissement, observé pour la première fois en 1998, est provoqué par la hausse des températures des eaux de surface et se traduit par l’expulsion des algues symbiotiques donnant au corail sa couleur vive. En vingt-quatre ans, plus de 98 % des 3 000 récifs qui composent la barrière ont été atteints par ces épisodes de plus en plus fréquents.
Si certains se rétablissent, d’autres, plus sensibles, disparaissent définitivement et, avec eux, c’est tout l’écosystème qui s’effondre. « Le changement climatique reste le plus grand défi auquel est confrontée la Barrière, a une nouvelle fois prévenu, le 25 mars, l’Autorité du parc marin de la Grande Barrière de corail, chargée de la gestion du site. Les actions pour soutenir [sa] résilience sont désormais plus importantes que jamais. »
> Récit : Coraux : les épisodes de blanchissement ont été multipliés par dix depuis les années 1980
A bord du Wavelength, au large de Port Douglas, Jason Stevens, un touriste américain qui s’attendait à faire du snorkeling au-dessus d’une forêt de coraux morts, ne cache pas sa surprise, le 22 mars, quand il émerge de l’eau après une première plongée « Nous avons la chance d’être sur un site qui n’est pas touché. Ici, la Barrière est majestueuse, colorée, grouillante de vie. Je suis content d’avoir fait ce voyage avant qu’il ne soit trop tard. »
De retour à San Francisco, il racontera les colonies d’acropores que chaque rayon de soleil semble habiller d’une couleur différente, les porites massifs qui, comme les arbres, cachent le secret de leur âge en leur cœur et les poissons-clowns qui, d’un battement de nageoire, s’évaporent dans les tentacules d’une anémone de mer. Il ne parlera sans doute pas de ces drôles de tiges de métal qui enserraient les branches de certains coraux.
Replanter des coraux
Il faut toute la patience du propriétaire du bateau, John Edmondson, pour apprendre à les repérer. C’est lui, un ancien biologiste marin reconverti dans l’écotourisme, qui a inventé le Coralclip, une technique de restauration du corail consistant à récupérer des fragments de coraux cassés au fond de l’eau, à les laisser grandir dans des nurseries sous-marines puis à les fixer, à coups de marteau et avec un clou sur des rochers.
Une méthode développée avec des scientifiques de l’Université de technologie de Sydney et toujours à l’étude grâce au financement de la Fondation de la Grande Barrière de corail, qui avait reçu, en 2018, près de 500 millions de dollars australiens (340 millions d’euros) de fonds gouvernementaux pour participer à la protection et à la restauration du système de récifs.
> Lire aussi Dans la Grande Barrière, « les coraux ne font plus de bébés »
Depuis, elle soutient des dizaines de projets, de différentes échelles. « Ici, c’est un peu comme si nous faisions du jardinage. Pendant que les touristes découvrent le site, des membres de l’équipage replantent des coraux. C’est facile, peu coûteux et ça fonctionne ! Au total nous avons déjà replanté 70 000 coraux et ils ont commencé à se reproduire », se félicite John Edmondson. Est-ce que cela va sauver la barrière ? « J’essaie juste d’être utile à mon petit niveau, répond-il, balayant du regard la quarantaine de touristes dans l’eau. Nous faisons aussi beaucoup de sensibilisation. »
Paul Gregory, un solide gaillard de 65 ans, propriétaire de 230 hectares de champs de cannes à sucre, à Packers Camp, à une petite dizaine de kilomètres de la mer de Corail, aimerait bien, lui, qu’on lui dise que ce qu’il fait sert à quelque chose. « Qu’au final, la Grande Barrière ne va pas disparaître quand même », souffle-t-il en tournant, d’un geste fatigué, les pages couvertes de tableaux d’un classeur grand format. « Vous voyez, ce sont les quantités de nitrate que nous avons le droit d’utiliser pour fertiliser nos cultures, pesées au gramme près. Depuis des années, elles diminuent. Notre productivité aussi. Ce dont j’ai peur, c’est qu’à un moment donné, des agriculteurs mettent la clé sous la porte pour rien. »
Pourtant, et malgré le poids de ces régulations étatiques destinées à améliorer la qualité de l’eau dans les récifs, il n’a pas renoncé à s’engager pour protéger cette barrière dans laquelle il pêchait étant enfant. Depuis 2016, il participe au projet Uplift, géré par l’entreprise agroalimentaire MSF Sugar, qui aide les producteurs à améliorer la rentabilité de leurs exploitations tout en luttant contre les ruissellements agricoles.
La pollution agricole, le développement côtier, les activités minières et en particulier l’extraction du charbon, les espèces invasives, le transport maritime et la pêche illégale sont autant de maux qui contribuent à détériorer encore davantage la santé de la structure sous-marine. Craignant qu’elle ne soit classée « en péril », l’Australie a présenté, en 2015, un plan de préservation sur trente-cinq ans, baptisé Reef 2050 et doté d’une enveloppe de 2,7 milliards de dollars australiens (1,84 milliard d’euros).
Le 28 janvier, le premier ministre conservateur, Scott Morrison, a débloqué 1 milliard de dollars australiens supplémentaires (680 millions d’euros) sur neuf ans, qui seront consacrés, en priorité, à l’amélioration de la qualité de l’eau et à la lutte contre l’acanthaster pourpre, une étoile de mer dévoreuse de coraux.
« Notre gouvernement fait beaucoup d’effets d’annonce. Malheureusement, il obtient peu de résultats. Non seulement, contrairement à ce qu’il essaie de nous faire croire, il n’investit pas suffisamment mais il devrait surtout s’attaquer à la racine du problème : le réchauffement climatique. Tout le reste, c’est comme réaménager les chaises sur le Titanic en train de couler », cingle le professeur émérite Terry Hughes, ancien directeur du Centre d’excellence de l’Australian Research Council (ARC) pour les études sur les récifs coralliens basé à Townsville.
L’Australie, premier exportateur mondial de charbon, est aussi l’un des premiers pollueurs de la planète par habitant. Terry Hugues se dit particulièrement préoccupé par la multiplication des épisodes de blanchissement. « Les coraux ont besoin d’au moins dix ans pour se rétablir et ils n’ont plus suffisamment de temps. »
> Lire aussi : Climat : le GIEC s’alarme des conséquences vertigineuses d’un monde toujours plus chaud
Une course contre la montre
Selon une étude publiée en février dans la revue PLOS Climate, une hausse de la température moyenne de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, aurait des conséquences catastrophiques sur 99 % des coraux. Avec un réchauffement de 2 °C, leur mortalité serait de 100 %.
Peut-on gagner du temps, aider la Grande Barrière à s’adapter en espérant que la courbe des températures ne se stabilise pas trop haut ? C’est l’un des paris du programme Restauration et résilience des récifs (RRAP), fruit d’une collaboration entre les principaux centres de recherches et universités australiens, financé par la Fondation pour la Grande Barrière de corail et l’Australian Government’s Reef Trust.
Son objectif : fournir des solutions technologiques susceptibles d’avoir un impact à grande échelle. Pour cela, entre 200 et 250 chercheurs mènent des études sur des dizaines de méthodes pour reconstruire les sites endommagés, protéger les récifs en minimisant l’impact des vagues de chaleur – par exemple en « blanchissant les nuages », c’est-à-dire en modifiant leur composition physique pour augmenter leur capacité à réfléchir la lumière du soleil – et soutenir la résilience du système en élevant des coraux plus résistants à la chaleur. Sur ce volet, les scientifiques disposent d’un outil précieux, le plus grand simulateur marin au monde, le SeaSim, à l’Institut australien des sciences marines.
« Ici, nous pouvons jouer sur tous les paramètres : la température de l’eau, son pH, la luminosité, etc. Ce qui nous permet de tester différents types de coraux dans différentes conditions, d’identifier ceux qui sont résistants à la chaleur, de les élever et de les ensemencer dans la Grande Barrière », explique le biologiste marin Muhammad Abdul Wahab, en désignant la salle principale du bâtiment et ses dizaines d’aquariums.
Le SeaSim peut déjà produire un million de coraux par an, de différents types. « Il faut améliorer les techniques, les standardiser et investir dans la construction d’usines de production. Si nous pouvions en produire plusieurs dizaines de millions par an, ce qui n’a rien d’impossible, nous pourrions alors adapter entre 200 et 500 récifs et avoir un impact sur l’intégralité du système. », ajoute Cédric Robillot, le directeur général du RRAP.
Comme tous les autres acteurs au chevet de la Grande Barrière, il est engagé dans une course contre la montre. Pour la première fois cette année, les coraux ont blanchi en dépit du refroidissement de l’océan Pacifique par le phénomène climatique la Niña.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/19/les-australiens-au-chevet-de-la-grande-barriere-de-corail_6122693_3244.html>
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15- Réchauffement et agriculture intensive, combinaison fatale aux insectes, selon une étude, AFP, 21/04/22

Paris (AFP) – Les populations d’insectes sont quasiment deux fois moins nombreuses dans les zones victimes du réchauffement climatique et d’une agriculture intensive que dans les habitats les moins perturbés, selon une étude publiée mercredi qui s’inquiète des conséquences pour la pollinisation des cultures.
Les chercheurs ont mesuré à la fois l’abondance des insectes et le nombre d’espèces différentes présentes dans diverses régions du monde, comparant ces chiffres à des zones vierges et moins touchées par le changement climatique.
L’étude publiée dans la revue Nature conclut que le réchauffement de la planète et l’utilisation intensive des terres ne touchent pas seulement la population totale d’insectes, divisée de près de moitié, mais réduit également de 27% le nombre d’espèces.
« Les baisses sont les plus importantes sous les tropiques », précise à l’AFP l’auteure principale Charlie Outhwaite, du University College de Londres, estimant que l’étude pourrait en fait sous-estimer le déclin des insectes dans le monde. Et ce, en raison d’un manque de données dans les régions tropicales et parce que dans les zones les moins perturbées utilisées comme point de comparaison, l’empreinte des humains est déjà sensible.
Les résultats, en accord avec de précédentes études sur les chutes de populations d’insectes, sont basés sur des données concernant 18.000 espèces, collectées entre 1992 et 2012 dans 6.000 lieux.
« Des précédentes études étaient à petite échelle, sur un nombre limité d’espèces », note la chercheuse. Alors que celle-ci est « une analyse quantitative de l’interaction entre deux moteurs », le réchauffement et le changement de l’utilisation des terres, « sur de vastes données mondiales ».
La chute des insectes, cruciaux pour l’alimentation de nombreuses autres espèces, a des conséquences désastreuses. Environ trois quarts des 115 cultures destinées à l’alimentation les plus importantes dépendent de la pollinisation, notamment le cacao, le café ou les cerises.
Certains insectes comme la coccinelle, la mante religieuse ou la guêpe sont également nécessaires pour lutter contre certains autres insectes néfastes pour les cultures.
L’étude montre également que les impacts combinés du changement climatique et de l’agriculture intensive, incluant l’utilisation généralisée d’insecticides, sont pires que si ces deux facteurs agissaient indépendamment.
Par exemple, même sans le changement climatique, transformer une forêt tropicale en terrains agricoles provoque un réchauffement de la zone en raison de la disparition de la végétation qui produit de l’ombre et maintient l’humidité dans l’air et le sol. Une aridification renforcée par le réchauffement de la planète.
Jusqu’à présent, l’agriculture intensive et la destruction des habitats ont été les principaux moteurs du déclin des insectes.
Dans une précédente étude, des chercheurs avaient estimé que le nombre d’insectes volants avait diminué de 80% en Europe en moyenne, entraînant une baisse des populations d’oiseaux.
« Nous ne pouvons pas continuer à perdre des espèces sans provoquer, in fine, des conséquences catastrophiques », a commenté Tom Oliver, de l’université de Reading, qui n’a pas participé à l’étude.
La nouvelle étude évoque des pistes pour permettre une survie des insectes, comme une agriculture extensive avec moins de produits phytosanitaires et entourée d’habitats naturels.
<https://www.goodplanet.info/2022/04/21/rechauffement-et-agriculture-intensive-combinaison-fatale-aux-insectes-selon-une-etude/>
En savoir plus : 
> Agriculture and climate change are reshaping insect biodiversity worldwide <https://www.nature.com/articles/s41586-022-04644-x>, Nature, 20 April 2022
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16- Ne pas nourrir les iguanes ! C'est mauvais pour leur diabète, AFP, 22/04/22, 12:00

Les brochettes de raisins que des centaines de touristes donnent aux iguanes sur des îlots paradisiaques des Bahamas font durablement augmenter leur taux de sucre dans le sang, avec des conséquences encore inconnues pour ces espèces menacées, selon une étude publiée vendredi.
Des dizaines de hors-bord accostent chaque jour sur les plages de sable blanc des îlots de l'archipel des Exumas, attirant les iguanes Cyclura cychlura, principalement herbivores et pouvant mesurer près de 50 centimètres. Des reptiles classés, selon les sous-espèces, de "vulnérable à "en danger d'extinction".
Les gros lézards accourent alors pour une des attractions de ces sorties "éco-touristiques", le nourrissage à la main avec des brochettes de grains de raisin.
Une équipe de chercheurs américains a eu l'idée d'étudier l'effet de cette nourriture aussi répétée que non-naturelle sur le métabolisme des animaux. Ils ont pour cela comparé le taux de glucose dans le sang des iguanes, en le comparant à celui d'animaux de la même espèce, mais vivant dans des îlots proches dont la topographie empêche l'arrivée des touristes.
Résultat sans appel de leurs travaux sur quatre populations d'iguanes (deux nourries au raisin, deux à l'alimentation naturelle), publiés dans le Journal of Experimental Biology. On constate des "effets significatifs" sur les iguanes nourris par les touristes, qui ont un taux de glucose dans le sang bien plus élevé.
Pour s'assurer que c'est bien le nourrissage au raisin qui cause cette hyperglycémie, ils ont reproduit l'expérience en laboratoire, sur des iguanes verts communs, espèce non-protégée. Avec des résultats identiques.
Les chercheurs reconnaissent eux-mêmes ne pas savoir si ce changement de métabolisme est en soi mauvais pour la santé des lézards. Mais "nous pourrions le qualifier de diabète si c'était des humains ou des souris," explique à l'AFP Susannah French, auteure principale de l'étude.
Et les chercheurs notent d'ores et déjà des effets physiologiques, par exemple sur les excréments, "en forme de cigare cubain" lorsque les iguanes ont leur régime naturel de plantes, mais beaucoup plus liquides avec l'apport de fruits.
Une précédente étude avait déjà mis en évidence que les iguanes vivant sur les plages où on les nourrit sont plus grands, plus lourds et grandissent plus vite que leurs congénères non-exposés aux touristes.
Les chercheurs, qui insistent sur le fait que leur étude n'est pas une condamnation du tourisme, souhaitent coopérer avec les tour-opérateurs pour "trouver un plan plus durable,", souligne un autre auteur de l'étude, Charles Knapp. Parmi les pistes, réguler le nombre de visiteurs ou "l'utilisation d'un autre type de nourriture".
<https://information.tv5monde.com/info/ne-pas-nourrir-les-iguanes-c-est-mauvais-pour-leur-diabete-453828>
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17- Pour les gorilles du Gabon, le cercle vertueux protection, étude, tourisme, AFP, 22/04/22, 13:00
Adrien Marotte

Au détour d'un petit sentier qui s'enfonce dans la forêt du parc national gabonais de Loango, le voici! Perché sur sa branche, le gorille Kamaya regarde calmement les visiteurs du jour arriver et reprend son repas, comme si de rien n'était.
D'un geste lent, le gorille au dos argenté de 150 kilos porte goulûment à sa bouche les feuilles de l'arbre sur lequel il est assis. Puis se laisse descendre du tronc sans crainte, avant de s'assoupir, sous le regard ébahi des quelques privilégiés.
Après deux ans d'arrêt complet pour cause de pandémie de Covid-19, l'Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) du Gabon a décidé la reprise des observations des gorilles de l'Ouest et espère que cette espèce "emblématique" servira de "produit d'appel" pour relancer le tourisme.
Kamaya et son groupe d'une dizaine d'individus sont habitués à l'être humain - le fruit d'un long travail mené par une équipe de pisteurs et scientifiques dans le but de collecter des données, obtenir des fonds pour la protection de cette espèce menacée d'extinction et développer un tourisme de niche.
Car passer une heure avec Kamaya et sa famille coûte 300.000 francs CFA (environ 450 euros), sans compter l'accès au site et l'hébergement. 
Le parc de Loango, qui s'étire sur 155.000 hectares, se mérite, après quatre à cinq heures de route puis de piste depuis Port-Gentil, la deuxième ville du pays, et une fin de parcours en bateau.
Le prix reste largement inférieur à ceux pratiqués pour voir les gorilles des montagnes en Ouganda ou au Rwanda. 
Il génère aussi des revenus pour le fonctionnement des zones protégées, qui garantissent un lieu sûr pour l'animal.
- Braconnage -
"Le tourisme est une stratégie de conservation bénéfique pour les gorilles", estime Koro Vogt, manager du projet "Gorille Loango". 
Quasiment disparu, le gorille des montagnes a profité, au Rwanda et en Ouganda, de la manne touristique pour doubler en nombre en trois décennies et atteindre une population d'environ 1.000 individus aujourd'hui.
Les gorilles de l'Ouest sont beaucoup plus nombreux. Leur population est estimée à 360.000 individus, dans six pays d'Afrique centrale. Environ un quart au Gabon, dont près de 1.500 dans le parc de Loango, à quelque 280 km au sud de la capitale Libreville.
Des études scientifiques de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste, spécialisé notamment dans les grands singes, estiment toutefois que le nombre de gorilles de l'Ouest baisse de 3% par an à cause de la destruction de leur habitat, du braconnage et des maladies. 
Ces menaces sont dues à un accès accru aux zones isolées occupées par les gorilles, le commerce de viande de brousse, la corruption et le manque d'application des lois.
Les zones protégées - donc théoriquement sécurisées pour les animaux - comme Loango ne contiennent qu'environ 20% de ces grands singes.
"Pour préserver les gorilles, nos gardes patrouillent dans les parcs nationaux pour réduire les activités illégales et attraper les braconniers", explique Christian Tchemambela, secrétaire exécutif de l'ANPN. 
"Cette espèce emblématique du Gabon est aussi un produit d'appel pour les visiteurs étrangers. Le développement de l'écotourisme est au cœur de notre stratégie". 
De juin 2016 jusqu'au début de l'année 2020, 845 touristes ont pu observer les gorilles sur le site.
- Long processus -
Un rayon de soleil perce la cime des arbres et éclaire Mokebo, 15 ans, et le petit qu'elle porte sur son dos, Etchutchuku, qui a moins d'un an. Celui-ci s'agite, jette un coup d’œil aux quelques hommes qui le regardent, et se cache timidement derrière sa mère.
En contrebas, un mâle bientôt adulte, Waka, se rapproche avec curiosité des observateurs. Il n'a pas peur, ne montre aucun signe d'agressivité et s’assoit paisiblement à quelques mètres.
"Le processus est très long, cela prend des années pour gagner leur confiance et nous ne sommes pas sûrs de réussir", confie Hermann Landry, un écoguide. 
"Il faut les suivre tous les jours, toute l'année, sans relâche. Parfois, on perd leur trace pendant plusieurs jours, et c'est grave, car ils peuvent retrouver leur peur naturelle des humains", déclare cet ancien braconnier tombé "amoureux" des gorilles.
Au cours de la phase initiale d'habituation, les gorilles craignent les humains et s'enfuient dès qu'ils sont approchés. Dans la phase suivante, ils cessent de fuir mais peuvent réagir par des charges agressives. Dans la dernière étape, ils réagissent sereinement et continuent leurs activités sans se préoccuper de la présence humaine.
Il existe deux groupes habitués dans le pays, l'un à Loango, l'autre dans le parc national de Moukalaba Doudou (sud-ouest) où les infrastructures touristiques sont encore quasiment inexistantes.
<https://information.tv5monde.com/afrique/pour-les-gorilles-du-gabon-le-cercle-vertueux-protection-etude-tourisme-453804>
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18- Les dingos plutôt entre chien et loup, selon une étude, AFP, 22/04/22, 22:00
Issam Ahmed

En apparence, les dingos se rapprochent peut-être le plus des chiens errants, mais ces canidés sont en réalité génétiquement nichés entre les loups et les chiens, selon une nouvelle étude publiée vendredi dans Science Advances. 
L'espèce, vénérée dans la culture aborigène d'Australie, mais honnie des propriétaires de ranch, est devenue le prédateur N.1 de l'île-continent depuis la disparition des tigres de Tasmanie au cours du siècle dernier.
Cependant, "la position du dingo sur l'échelle de l'évolution est source de clivages depuis un bout de temps", a affirmé à l'AFP le co-auteur de l'étude, Bill Ballard, des universités La Trobe et de Melbourne.
Certains estiment que les canidés sveltes et au pelage brun-roux, introduits en Australie entre 5.000 et 8.500 ans de cela, ne constituent qu'une simple forme alternative du chien domestiqué.
La nouvelle étude, une collaboration de 26 auteurs issus de 10 pays, a comparé le génome d'une dingo femelle du désert nommée Sandy, sauvée en 2014 avec sa fratrie, à ceux de cinq espèces de chiens apprivoisés et de celui du loup du Groenland.
Leur découverte : le génome du dingo est structurellement distinct de celui du boxer, du berger allemand, du basenji (ou terrier du Congo), du dogue allemand, ou encore du labrador. 
Mais le génome de Sandy présentait tout de même davantage de similarités avec ces chiens domestiques qu'avec le loup du Groenland. Parmi les races échantillonnées, la dingo était la plus proche du berger allemand.
"Sandy la dingo du désert est en position intermédiaire entre le loup et les chiens domestiques", a conclu Bill Ballard, qui pour en avoir le cœur net va également avec son équipe séquencer le génome du dingo alpin, une espèce des Alpes australiennes, dans l'est du pays.
- Une image romancée -
L'équipe de chercheurs espèrent que leurs recherches sur l'évolution du dingo permettront d'éclairer l'histoire des peuples anciens qui les ont apportés avec eux depuis l'Asie du Sud-Est.
"A un certain point, ils ont dû traverser un bras d'eau avec certains peuples nomades", souligne Bill Ballard.
"Si ce sont des Australiens aborigènes, ou bien des gens qui sont entrés en contact avec les peuples aborigènes, nous ne le savons pas", poursuit le chercheur.
Une fois le génome du dingo alpin séquencé, l'équipe de recherche espère en apprendre davantage sur la chronologie des évènements et commencer à répondre à d'autres questions, notamment s'il s'agissait d'une migration unique, ou en plusieurs épisodes.
A l'instar du loup en Amérique du Nord, le dingo est une source de profondes divisions. D'un côté son image est romancée par les populations urbaines et il joue un rôle proéminent dans la culture indigène, mais de l'autre, l'animal est haï des fermiers qui redoutent ses attaques présumées sur le bétail.
Selon Bill Ballard, qui s'est également penché sur le métabolisme des dingos, ces canidés ont cependant évolué pour chasser de petits marsupiaux, et ne sont pas capables de digérer facilement des aliments riches en graisse. Il est plus probable ainsi que les agneaux soient chassés par des chiens sauvages ou des hybrides.
Il espère pouvoir mener des essais sur cette théorie lors de futures études comportementales, et ainsi exonérer le dingo.
<https://information.tv5monde.com/info/les-dingos-plutot-entre-chien-et-loup-selon-une-etude-453905>
En savoir plus : 
> The Australian dingo is an early offshoot of modern breed dogs <https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abm5944>, Science Advances, 22 Apr 2022
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Une annonce
19- Fête de la Nature - Des idées d'animations pour la Fête de la Nature, Lettre du 12/04/22

Chers organisateurs, chères organisatrices,
Vous aimez partager votre curiosité et votre émerveillement pour la nature avec les publics ou les sensibiliser aux enjeux qui touchent la biodiversité ? Vous aimeriez porter un événement ou renouveler votre participation à la Fête de la Nature, mais vous manquez d'inspiration ? Voici six nouvelles fiches pratiques qui viennent compléter la série précédente pour vous donner quelques idées d'animation simples à mettre en place dans le cadre de la Fête de la Nature, du 18 au 22 mai. 
Grâce à elles vous pourrez amener les publics à l’affût des sons de la nature, organiser une lecture de paysage et des excursions nocturnes à la découverte du ciel étoilé et des espèces qui composent le monde de la nuit !
Ces sujets vous inspire ? Enregistrez votre proposition d'animation sur fetedelanature.com pour figurer dans la programmation 2022 de la Fête de la Nature. Toutes les manifestations labellisées répondant à nos appels à projet seront mises en lumière dans des sélections thématiques dédiées.
Retrouvez l'ensemble de nos appels à projet sur la page de présentation de la 16ème édition de la Fête de la Nature, disponible juste ici.
L'équipe de l'Association de la Fête de la Nature
<https://fetedelanature.com/fil-d-infos/au-jardin-ou-en-ville-des-idees-d-animation-pour-la-fete-de-la-nature>
<https://fetedelanature.com/edition-2022>
Et aussi :
> Fête de la Nature - Faire découvrir la nature de façon insolite ! <https://fetedelanature.com/newsletter-du-19-avril-2022>, Lettre du 19/04/22
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