[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur énergies, ressources, transports, habitat, urbanisme & aménagement du territoire (mardi 8 février)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mar 8 Fév 07:55:46 CET 2022


Bonjour à tous,

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1- L'hiver, les logements français perdent en moyenne 2,5°C en cinq heures, contre 1°C en Allemagne <https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/l-hiver-les-logements-francais-perdent-en-moyenne-2-5-c-en-cinq-heures-150525.html>, Novethic, 28/01/22
2- Factuel. Bruit, pollution, abandon… à l’entrée de Paris, la lente agonie de l’échangeur de Bagnolet <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/29/bruit-pollution-abandon-a-l-entree-de-paris-la-lente-agonie-de-l-echangeur-de-bagnolet_6111460_3234.html>, Le Monde, 29/01/22, 05h21
3- Sur fond de crise ukrainienne, les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe <https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/29/sur-fond-de-crise-ukrainienne-les-europeens-cherchent-a-reduire-leur-dependance-au-gaz-russe_6111473_3210.html>, Le Monde, 29/01/22, 06h07 
4- Pas-de-Calais : La serre équatoriale Tropicalia sortira-t-elle un jour de terre ? <https://www.20minutes.fr/planete/3225259-20220129-calais-serre-equatoriale-tropicalia-sortira-jour-terre>, 20 Minutes, 29/01/22, 11h35
5- A Paris, les tours Mercuriales à la recherche d’un repreneur <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/29/les-tours-mercuriales-a-la-recherche-d-un-repreneur_6111517_3234.html>, Le Monde, 29/01/22, 14h04
6- La propulsion papillon pourra-t-elle révolutionner l'aviation électrique ? <https://www.zdnet.fr/actualites/la-propulsion-papillon-pourra-t-elle-revolutionner-l-aviation-electrique-39936499.htm>, ZDNet, 29/01/22
7- Le projet d’extraction de sable en baie de Lannion est définitivement abandonné <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/30/le-projet-d-extraction-de-sable-en-baie-de-lannion-est-definitivement-abandonne_6111596_3244.html>, Le Monde avec AFP, 30/01/22, 15h52
8- Equateur : fuite d'un oléoduc de pétrole dans la jungle amazonienne <https://www.goodplanet.info/2022/01/31/equateur-fuite-dun-oleoduc-de-petrole-dans-la-jungle-amazonienne/>, AFP, 30/01/22, 22:00
9- Pétrole : l'Opep+ face à des prix records, sur fond de crises géopolitiques <https://www.la-croix.com/Petrole-Opep-face-prix-records-fond-crises-geopolitiques-2022-01-31-1301197688>, AFP, 31/01/22, 05:00
10- Thaïlande : la nappe de pétrole touche le littoral <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220131-tha%C3%AFlande-la-nappe-de-p%C3%A9trole-touche-le-littoral>, AFP, 31/01/22, 09:00
11- Entretien. « La transition énergétique n’a réellement démarré qu’en Europe » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/31/marc-antoine-eyl-mazzega-la-transition-energetique-n-a-reellement-demarre-qu-en-europe_6111670_3244.html>, Le Monde, 31/01/22, 10h27 
12- Energies renouvelables : la France, seul pays de l’Union européenne à avoir manqué ses objectifs <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/31/energies-renouvelables-la-france-seul-pays-de-l-union-europeenne-a-avoir-manque-ses-objectifs_6111689_3234.html>, Le Monde, 31/01/22, 12h49
13- Le réaménagement de l’aéroport Nantes Atlantique toujours en suspens <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/01/le-reamenagement-de-l-aeroport-nantes-atlantique-toujours-en-suspens_6111836_3234.html>, Le Monde, 01/02/22, 10h56
14- Norvège : 19 des 20 voitures les plus vendues en janvier étaient électriques <https://information.tv5monde.com/info/norvege-19-des-20-voitures-les-plus-vendues-en-janvier-etaient-electriques-442942>, AFP, 01/02/22, 16:00
15- Les défricheurs de la voiture particulière à hydrogène <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/01/les-defricheurs-de-la-voiture-particuliere-a-hydrogene_6111840_3234.html>, Le Monde, 01/02/22, 17h19 
16- Un ex-astronaute costaricain veut changer son pays grâce à l'hydrogène vert <https://information.tv5monde.com/info/un-ex-astronaute-costaricain-veut-changer-son-pays-grace-l-hydrogene-vert-442875>, AFP, 01/02/22, 20:00
17- En Europe, l'aide aux combustibles fossiles n'a pas diminué depuis plus de dix ans <https://www.actu-environnement.com/ae/news/europe-evolution-adides-combustribles-fossiles-39024.php4>, Actu-environnement, 01/02/22
18- Grand Paris : l’interdiction de certains véhicules polluants repoussée à 2023 <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/grand-paris-l-interdiction-de-certains-vehicules-polluants-repoussee-a-2023_6111990_3244.html>, Le Monde avec AFP, 02/02/22, 12h31 
19- La Commission européenne accorde un label « vert » au nucléaire et au gaz, malgré les protestations <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/malgre-les-protestations-la-commission-europeenne-accorde-un-label-vert-au-nucleaire-et-au-gaz_6112017_3244.html>, Le Monde avec AFP, 02/02/22, 14h19 
20- Décryptage. Pour la Commission européenne, le gaz et le nucléaire peuvent accompagner la transition écologique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/pour-la-commission-europeenne-le-gaz-et-le-nucleaire-peuvent-accompagner-la-transition-ecologique_6112074_3244.html>, Le Monde, maj le 03/02/22 à 03h22 
21- L'inclusion du gaz et du nucléaire dans la taxonomie européenne déclenche une colère unanime <https://www.novethic.fr/actualite/energie/energies-fossiles/isr-rse/le-classement-du-gaz-et-du-nucleaire-comme-energies-de-transition-par-bruxelles-qualifie-d-ecoblanchiment-150548.html>, Novethic, 03/02/22
22- « Le nucléaire n’est pas sûr, bon marché et propre » : la lettre de politiques japonais contre le label « vert » européen embarrasse Tokyo <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/04/les-critiques-de-cinq-ex-premiers-ministres-nippons-contre-la-politique-nucleaire-europeenne-embarrassent-tokyo_6112332_3234.html>, Le Monde, 04/02/22, 13h45
23- Pérou : Repsol promet de finir en mars le nettoyage des côtes souillées de pétrole <https://information.tv5monde.com/info/perou-repsol-promet-de-finir-en-mars-le-nettoyage-des-cotes-souillees-de-petrole-443311>, AFP, 04/02/22, 14:00
24- Taxonomie verte : les investisseurs mettent en garde contre le label « vert » pour le gaz <https://www.euractiv.fr/section/energie/news/taxonomie-verte-les-investisseurs-mettent-en-garde-contre-contre-le-label-%E2%80%89vert%E2%80%89-pour-le-gaz/>, EurActiv, 04/02/22
En audio
25- Podcast. L’énergie nucléaire est-elle devenue incontournable ? <https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2022/02/04/l-energie-nucleaire-est-elle-devenue-incontournable_6112258_5463015.html>, Le Monde, 04/02/22, 09h35
En images
26- Portugal : discorde autour d’une mine de lithium <https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/portugal-discorde-autour-dune-mine-de-lithium_4934213.html>, France 2, journal de 20h, 29/01/22
27- Énergie : les pompes à chaleur permettent-elles de faire des économies ? <https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/energie-les-pompes-a-chaleur-permettent-elles-de-faire-des-economies_4936163.html>, France 2, journal de 20h, 31/01/22

Bien à vous,
Florence

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CONTESTATIONS DU JOUR : — Après des mois de report et de négociations, la Commission européenne a publié son classement des activités « vertes ». Il intègre le gaz et le nucléaire, sous conditions, soulevant la colère des ONG environnementales et des mises en garde. (cf. item 19, 20, 21, 22, 24 & 25)
— Le lithium, dont le prix a augmenté de plus de 400% l’an dernier, fait partie des minéraux les plus recherchés aujourd’hui, car il est nécessaire à la production des batteries électriques de demain. C’est un gisement situé au Portugal qui attire toute l’attention. (cf. item 26)
CRISE DU JOUR : Depuis quelques semaines, les Etats-Unis ont accéléré leurs livraisons de gaz naturel liquéfié, et l’UE multiplie les contacts pour diversifier ses approvisionnements en gaz, par crainte de mesures de rétorsion de Moscou. (cf. item 3)
CAS D’ÉCOLE DU JOUR : Les élus veulent en finir avec l’encombrant échangeur de la Porte de Bagnolet, pieuvre de béton construite à la fin des années 1960. Mais comment s’en débarrasser, et comment s’en passer ? Analyse d’un cas d’école en matière d’urbanisme. (cf. item 2 & 5)
MARÉES NOIRES DU JOUR : Equateur, Pérou & Thailande, trois pays touchés par des marées noires d’ampleur. (cf. item 8, suite, 10 & 23)
ÉTUDE DU JOUR : Nos logements sont parmi les moins bien isolés en Europe. Cela s'explique par l'ancienneté du parc et le retard pris en matière de rénovation énergétique. (cf. item 1)
TECHNOLOGIE DU JOUR : Overair, la société à l'origine de l'engin électrique à décollage et atterrissage vertical "Butterfly", est convaincue que son système de propulsion changera la donne pour la prochaine itération de l'industrie aéronautique. (cf. item 6)
CONTROVERSE DU JOUR : Alors que le projet de construire la serre équatoriale géante Tropicalia semblait au point mort, le début des travaux pourrait commencer dès cet été dans la Pas-de-Calais. (cf. item 4)
ABANDON DU JOUR :  La Compagnie armoricaine de navigation a décidé de procéder à l’arrêt définitif des travaux miniers sur la concession des sables coquilliers en baie de Lannion. (cf. item 7)
CHIFFRES DU JOUR : — Le cours du baril de Brent de la mer du Nord, le contrat de référence en Europe, a dépassé la barre symbolique des 90 dollars en janvier, son plus haut depuis octobre 2014. (cf. item 9)
— Bois, hydraulique, éolien et solaire ont représenté 19,1 % de la consommation finale brute énergétique de l’Hexagone. Bien au-dessous des 23 % qu’ils auraient dû atteindre. (cf. item 12)
— 19 des 20 modèles de voitures neuves les plus vendues en janvier en Norvège étaient des véhicules électriques, dont la part de marché a atteint le niveau inédit de 83,7%. (cf. item 14)
URGENCE DU JOUR : Selon Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie & climat de l’Institut français des relations internationales, il y a urgence à s’attaquer au charbon, au méthane, et à protéger les forêts et les océans. (cf. item 11)
REPORTS DU JOUR : — Quatre ans après l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le choix du futur concessionnaire qui assumera le réaménagement de la plate-forme existante, est de nouveau reporté. (cf. item 13)
— L’entrée en vigueur de la troisième étape de la zone à faibles émissions (ZFE) de la Métropole du Grand Paris (MGP), synonyme de restrictions de circulation élargies à de nouveaux véhicules polluants, est reportée de juillet 2022 à début 2023 au minimum. (cf. item 18)
DÉFRICHEURS DU JOUR : — Hyundai et Toyota sont les seuls à commercialiser des véhicules particuliers fonctionnant avec une pile à combustible. Il leur faut maintenant convaincre que l’hydrogène peut percer au-delà du bus et du camion. (cf. item 15)
— L'ancien astronaute costaricain Franklin Chang pense que dans dix ans son pays sera "transformé": plus riche et plus propre grâce à la production d'hydrogène vert, un projet sur lequel il travaille depuis dix ans. (cf. item 16)
CONTRESENS DU JOUR : Selon l’analyse de la Cour des comptes de l'Union européenne (UE), les subventions accordées aux combustibles fossiles par les États membres se situeraient, en moyenne, entre 2008 et 2019, à plus de 55 milliards d'euros par an. Ainsi, quinze États membres – dont la France – financent davantage de subventions pour les combustibles fossiles que pour les énergies renouvelables. (cf. item 17)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- L'hiver, les logements français perdent en moyenne 2,5°C en cinq heures, contre 1°C en Allemagne, Novethic, 28/01/22
Concepcion Alvarez

Nos logements sont parmi les moins bien isolés en Europe. En plein hiver, ils perdent en moyenne 2,5°C en cinq heures contre moins de 1°C en Allemagne ou en Norvège. Cela s'explique par l'ancienneté du parc et le retard pris en matière de rénovation énergétique. Le gouvernement entend accélérer sur le sujet en y consacrant près de 7 milliards d'euros du plan de relance. Un nouveau dispositif d'accompagnement vient aussi d'être lancé. 
Les maximales plafonnent entre 1 et 4 degrés sur la moitié Nord cette semaine. Et le chiffre qui va suivre va vous faire frissonner davantage. La France est l’un des pays d’Europe où la déperdition de chaleur est la plus importante. Nos logements perdent en moyenne 2,5°C en cinq heures. Seuls le Royaume-Uni et la Belgique font moins bien, affichant respectivement une perte de 2,9°C et 3°C. L’étude publiée par tado°, société spécialisée en gestion intelligente de chauffage et de climatisation, s'est appuyée sur la perte de chaleur moyenne d’un logement chauffé à 20 °C, pour une température extérieure de 0°C.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/l-hiver-les-logements-francais-perdent-en-moyenne-2-5-c-en-cinq-heures-150525.html>
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2- Factuel. Bruit, pollution, abandon… à l’entrée de Paris, la lente agonie de l’échangeur de Bagnolet, Le Monde, 29/01/22, 05h21
Par Emeline Cazi et Denis Cosnard

Les élus veulent en finir avec l’encombrant échangeur de la Porte de Bagnolet, pieuvre de béton construite à la fin des années 1960. Mais comment s’en débarrasser, et comment s’en passer ? Analyse d’un cas d’école en matière d’urbanisme.
Il est tout perdu, cet homme. Au volant de sa Toyota grise, il hésite. Doit-il monter sur la rampe devant lui ? Descendre sur celle d’à côté ? Prendre la bretelle voisine, qui lui permettra, peut-être, de rejoindre le périphérique ? Ici, les panneaux n’indiquent rien de clair, et même les GPS sont désorientés. Alors, ce vendredi matin très gris, le conducteur avance lentement au milieu du carrefour. S’immobilise. Redémarre. Mord sur le terre-plein central. Recule. Et opte finalement pour le demi-tour, dans l’espoir de revenir au moins à son point de départ.
Bienvenue porte de Bagnolet. Une pieuvre de béton. Une « mangrove urbaine », selon l’expression des urbanistes David Mangin et Marion Girodo. Dans un rayon de quelques kilomètres s’enchevêtrent le boulevard périphérique, qui enserre Paris, l’énorme autoroute A3, un centre commercial, d’immenses tours de bureaux presque vides, quelques hôtels, un dépôt de bus, une gare routière à l’abandon, trois étages de parkings, une passerelle fermée, des bretelles en tous sens… Sans oublier un terminus de métro à la sortie duquel les vendeurs à la sauvette proposent des cigarettes « tombées du camion » pour « pas cher, 5 euros le paquet », tandis que les dealeurs sont prêts à conduire les intéressés à leur point de vente voisin.
> Lire aussi Une étape décisive pour le futur du Grand Paris
Un imbroglio déroutant et hostile pour les voitures comme les piétons. Et, au milieu de tout ce béton tagué et vieillissant, un minuscule espace vert. Trois cyprès, deux pelouses, dont nul ne sait qui les entretient. Les rares familiers du lieu l’ont baptisé « l’œil du cyclone ». Ce décor repoussant à la frontière de Paris et de la Seine-Saint-Denis est surtout « l’un des secteurs les plus pollués d’Europe », s’attriste Patrice Bessac, maire communiste de Montreuil (Seine-Saint-Denis) et président d’Est Ensemble, la structure intercommunale qui réunit notamment Montreuil et Bagnolet. Plus de 200 000 véhicules passent chaque jour sous les yeux, les oreilles, le nez et la gorge de quelque 35 000 habitants, pauvres dans la majorité des cas, immigrés bien souvent.
> Lire aussi « Ici, c’est invivable » : feu vert à la démolition des HLM les plus « pourris » de Paris
Laid, sale, bruyant, pollué, décati, parfois dangereux : l’échangeur de Bagnolet constitue avec ses alentours un exemple parfait de l’urbanisme des années 1960-1970 dans ce qu’il a eu de plus spectaculaire et de plus brutal. Un objet urbain conçu autour de la voiture, moderne il y a cinquante ans, et aujourd’hui fort encombrant. Que faire de ces monceaux de béton ? Comment s’en débarrasser ? Mais, en même temps, comment s’en passer ? Autant de questions au cœur des discussions en cours entre Paris, les communes voisines, la région, et l’Etat. Un cas d’école sur la façon dont il est possible de repenser la ville, ses accès et la manière de s’y déplacer.
Agir sans tarder
Depuis quelques mois, les communes qui partagent le fardeau de cet échangeur – essentiellement Bagnolet, Paris et Montreuil – ont commencé à imaginer un autre avenir pour ces 25 hectares. Avec moins de béton et de bitume, plus de vert, et davantage de mixité sociale. Les plus optimistes veulent en faire « un symbole de la ville de demain ». Prochaine étape-clé : une rencontre au sommet avec le préfet de région, Marc Guillaume. Mais elle vient d’être repoussée, et n’est désormais attendue qu’en juin. La préfecture a besoin de temps pour analyser les trois ou quatre scénarios sur la table, allant d’une simple rénovation jusqu’à l’enfouissement de l’essentiel des infrastructures routières – une vraie révolution.
Les maires concernés espèrent néanmoins qu’un accord sera rapidement trouvé sur les grands principes de la transformation de cette porte parisienne, l’une des dernières à ne pas avoir été réaménagée. Et que l’Etat s’engagera à financer en bonne partie les travaux, évalués au départ à 150 millions d’euros, mais qui coûteront sans doute bien plus. « L’Etat partage l’intérêt de cette démarche visant à reconstruire un quartier de ville accessible, affranchi du bruit et de la pollution dus à la circulation », assure dès à présent la préfecture.
> Lire aussi Urbanisme : les pistes pour adapter Paris au réchauffement climatique
Le coup d’envoi d’une vingtaine d’années de chantier pourrait alors être donné. « A terme, on aurait une ville apaisée, un périphérique recouvert, un échangeur enterré, différents parcs reliés entre eux… », rêve tout haut Tony Di Martino, le maire socialiste de Bagnolet. Mais les élus sont catégoriques : des résultats doivent être visibles dès les prochaines années. « Regardez cette rampe d’accès au parking, il passe à peine trois voitures par quart d’heure, constate Gaylord Le Chequer, premier adjoint au maire de Montreuil et cheville ouvrière du projet. C’est logique : chaque étage de parking est desservi par sa propre rampe, et le parking est aux trois quarts vide. On peut sans problème supprimer quelques rampes d’ici à la fin de ce mandat. »
Il faut agir sans tarder, « sinon, dans cinq ans, c’est une friche », appuie l’architecte-urbaniste Clarel Zéphir, chargé des études préalables par Est Ensemble. C’est que, dans ce petit périmètre autour du métro Gallieni, tout vieillit et se vide en même temps. Ce qui offre une occasion en or pour revoir l’ensemble de fond en comble. A un bout, les fières tours des Mercuriales sont en dépôt de bilan. Abandonnées par la Mutualité sociale agricole (MSA), qui occupait une grande partie des bureaux et a préféré s’installer à Bobigny, elles ont ensuite été vidées pour mener des travaux… qui n’ont pas commencé. Elles cherchent à la fois un repreneur et un nouveau projet.
Tour bourrée d’amiante
Pas évident, en effet, d’y installer deux grands hôtels, comme c’était envisagé. Il existe déjà sur place plusieurs établissements, 1 920 chambres au total, soit le deuxième parc de Seine-Saint-Denis derrière la zone de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Les tour-opérateurs avaient pris l’habitude d’y loger des touristes brésiliens, chinois et japonais désireux d’avoir une vue sur Paris pour bien moins cher qu’aux Champs-Elysées. Avec la pandémie de Covid-19, l’hôtel Ibis a été transformé en centre d’hébergement d’urgence. Les autres établissements souffrent. « Avant, on était souvent complets, mais, pour ce soir, je n’ai que 35 chambres vendues sur 248 », raconte la réceptionniste de l’hôtel Reseda, ce vendredi de la mi-janvier, tandis qu’arrive une dizaine d’Iraniens.
A l’opposé, l’autre grand immeuble de bureaux, la tour Gallieni, bourrée d’amiante, est en travaux depuis un an et demi. A côté, l’ancienne gare routière internationale n’est plus que l’ombre d’elle-même, depuis la liquidation de la compagnie Eurolines en 2020. La région compte utiliser l’endroit pour installer un dépôt de 100 à 150 bus électriques, malgré des réticences côté politique. « Les élus n’aiment pas les dépôts, mais ils veulent des bus, observe Laurent Probst, directeur général d’Ile-de-France Mobilités, l’autorité régionale des transports. Je suis persuadé que nous arriverons à un accord, car, avec les bus électriques, le dépôt que nous envisageons n’entraînera ni bruit ni pollution, et créera 200 emplois. »
> Lire aussi A l’ombre des tours Duo, censées reconnecter Paris et sa banlieue
Un peu plus loin, tout un triangle d’anciennes casses automobiles, de commerces et de logements le long du périphérique reste en attente. La mairie de Bagnolet envisage d’y créer une zone d’aménagement concerté (ZAC) et veut éviter d’accueillir trop d’entrepôts ou de sites de logistique. Pas question pour Bagnolet de redevenir la gare routière ou la plate-forme logistique de tout l’Est parisien. De l’autre côté du périphérique, Paris a par ailleurs commencé à réaménager le quartier Python-Duvernois, des HLM particulièrement vétustes. Deux premiers immeubles ont été dynamités en 2021.
Mais c’est surtout le cœur de la « mangrove » qui pose problème. Le très bruyant échangeur autoroutier, sorti de terre en 1969 pour relier l’A3 au périphérique, a besoin au minimum d’une révision générale, comme tout ouvrage de ce type au bout de cinquante ans. Et, bloquée au centre des cercles de béton, la galerie commerciale Bel Est se cherche, elle aussi, un avenir. Les bons samedis, Auchan y accueille 70 000 personnes. Les autres commerces n’ont pas attendu le Covid-19 pour commencer à décliner. Au total, 26 % des espaces sont vacants. Quant au « parking d’intérêt régional » de 2 400 places, le « PIR », conçu comme un relais pour les banlieusards incités à prendre ensuite le métro et à rejoindre la station République en quinze minutes, il n’a jamais marché.
« Un estuaire »
La porte de Bagnolet est le pur produit d’une époque où l’Etat n’hésitait pas à modifier violemment le paysage. Au milieu des années 1960, il décide de construire l’autoroute A3, et de la relier au périphérique, quitte à couper en deux la ville de Bagnolet. Pour assurer la jonction, l’architecte Serge Lana, au retour d’un voyage d’études à Dallas, aux Etats-Unis, imagine ce nouveau quartier et dessine, avec les équipes de l’Etat, l’échangeur : « Un estuaire, avec une arrivée, un départ, et, au milieu, une île. »
La scénographie est grandiose. Les tours Mercuriales et Gallieni 2 constituent les premières briques de la future « Défense » de l’Est parisien imaginée par la maire communiste de cette petite ville ouvrière. Elles doivent pouvoir être vues en roulant à 100 kilomètres par heure. Mais les financements manquent et, au début des années 1970, le projet s’arrête net, alors même que la RATP vient d’inaugurer la station Gallieni. La suite est une succession de projets inaboutis. Sur l’« île » centrale, le palais des sports de 10 000 places qui devait donner son âme au lieu tombe à l’eau. Même sort pour la patinoire, le vélodrome, la salle de rock, ou encore l’Aquaboulevard un temps envisagés. Pendant vingt ans, la dalle reste vide. A la fin des années 1980, Serge Lana arrive à faire accepter l’idée d’un centre commercial. Cela donnera au moins une raison d’utiliser le parking.
Aujourd’hui, que faire de tout cela ? En 2019, les élus locaux ont commencé à cogiter sur la meilleure façon de réaménager le centre de la pieuvre après la faillite d’Eurolines. « Mais, très vite, on a compris que les infrastructures routières étouffaient tout, bloquaient tout, et qu’il fallait les repenser aussi », raconte l’architecte Clarel Zéphir. Pour chaque bretelle, chaque tentacule du monstre, les urbanistes s’interrogent alors : peut-on le supprimer ? « Puis, en 2021, on s’est dit : “Une restructuration a minima ne sera pas à la hauteur de l’enjeu.” Il faut revoir tout le quartier, en incluant les Mercuriales et Python-Duvernois », et même le quartier voisin de La Noue.
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C’est ainsi qu’a été élaboré un scénario radical, mais assumé par les élus : l’échangeur est détruit ou très réduit, et les voitures sont reléguées au sous-sol. L’espace libéré permet d’aménager un nouveau quartier, des galeries marchandes à ciel ouvert, des espaces verts. Les pelouses du parc départemental Jean-Moulin-Les Guilands, installé sur une butte à l’est du quartier, pourraient se prolonger jusqu’à la gare routière, franchir le périphérique, et rejoindre la « ceinture verte » parisienne. Enterrer la circulation permettrait aussi de recoudre la ville de Bagnolet, dont le centre a déjà commencé sa mue « bobo » : sur la place de la mairie, entièrement rénovée, l’enseigne bio La Vie claire, les surgelés Picard et la toute jeune librairie De beaux lendemains voisinent avec un supermarché Lidl.
« Pansement sur une jambe de bois »
A deux pas, Morning Coworking, la filiale de Nexity qui propose des bureaux à partager, plutôt habituée aux arrondissements chics de Paris, loue ses emplacements en open space 230 euros par mois dans les anciens locaux de Veolia. Aux beaux jours, des petits concerts s’organisent dans la cour de l’immeuble, après le travail. Un peu plus au sud, au cœur du triangle de Gallieni, les anciens terrains du marché à la ferraille attirent les investisseurs. Une petite dizaine d’immeubles de bureaux doivent sortir de terre, le long du boulevard périphérique, ces prochaines années.
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« Dans les cinq ans qui viennent, ce site n’aura plus rien à voir », veut croire Joachim Azan, le patron de Novaxia, une entreprise d’investissement dans le recyclage urbain, qui attend d’ici à un an son immeuble à 130 millions d’euros dessiné par Thomas Coldefy. Rentré il y a deux ans de Chine et de Russie, le nouveau directeur d’Auchan, Richard Denneulin, a aussi des ambitions pour son magasin – une garderie, des cabinets médicaux, de la verdure –, implanté dans l’une des zones de chalandise les plus importantes de France, rappelle-t-il. Il en a même pour le parking, qu’il transformerait bien en showroom pour la vente de voitures d’occasion, avec aide à la rédaction de l’acte de vente, et sur lequel il ferait aussi venir les loueurs.
Mais le scénario le plus ambitieux suppose que la réglementation « Mont-Blanc » et ses normes drastiques pour les tunnels routiers ne fassent pas exploser les coûts. C’est la raison pour laquelle l’Etat a demandé que des solutions alternatives soient étudiées. La première consiste à enterrer l’A3 par petits tronçons, « une cote mal taillée », estime Clarel Zéphir. Un autre scénario, encore moins coûteux, se limiterait à rénover l’échangeur. Cela reviendrait toutefois à poser « un pansement sur une jambe de bois », selon Gaylord Le Chequer. Ou alors, il faudrait réduire fortement le nombre de voitures passant à la porte de Bagnolet, afin de résoudre les problèmes de pollution atmosphérique et sonore.
> Lire aussi Grand Paris : les communes de la petite couronne redoutent la densification urbaine
Cela pourrait impliquer de réduire la vitesse et de diminuer le nombre de files de l’A3, pour réorienter sur l’A86 et sur la Francilienne les innombrables voitures qui ne font que circuler entre le nord et le sud de l’Ile-de-France, sans entrer dans Paris. A ce stade, rien n’est arbitré, mais les élus sont déterminés. « On va mettre une pression de folie pour transformer ce quartier, promet Cédric Pape, l’adjoint à l’aménagement et à l’urbanisme de Bagnolet. L’Etat nous doit bien cela, après avoir imposé cet échangeur qui coupe notre ville en deux. »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/29/bruit-pollution-abandon-a-l-entree-de-paris-la-lente-agonie-de-l-echangeur-de-bagnolet_6111460_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/29/bruit-pollution-abandon-a-l-entree-de-paris-la-lente-agonie-de-l-echangeur-de-bagnolet_6111460_3234.html>>
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3- Sur fond de crise ukrainienne, les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe, Le Monde, 29/01/22, 06h07 
Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen) et Adrien Pécout

Depuis quelques semaines, les Etats-Unis ont accéléré leurs livraisons de gaz naturel liquéfié, et l’UE multiplie les contacts pour diversifier ses approvisionnements, par crainte de mesures de rétorsion de Moscou. 
La crise ukrainienne a violemment rappelé aux Européens à quel point ils sont dépendants de la Russie pour leur approvisionnement en énergie. Alors qu’ils menacent de prendre des sanctions lourdes contre Moscou si Vladimir Poutine décidait d’envahir l’Ukraine, ils savent qu’il y a urgence à desserrer l’étau du gaz russe. Les Etats-Unis l’ont bien compris qui se disent prêts à aider le vieux continent dans ce cas de figure.
« Les Etats-Unis et l’UE [Union européenne] travaillent conjointement à assurer un approvisionnement continu, suffisant et ponctuel de gaz naturel à l’UE depuis diverses sources à travers la planète pour éviter des chocs d’approvisionnement, y compris ceux qui pourraient résulter d’une nouvelle invasion russe de l’Ukraine », ont déclaré, vendredi 28 janvier, dans un communiqué commun, le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Depuis trois semaines, les discussions entre la Maison Blanche et Bruxelles se sont intensifiées, afin de se préparer au scénario du pire qui verrait Moscou couper le robinet du gaz aux Européens, sur fond de flambée des prix de l’énergie. Ditte Juul-Jorgensen, à la tête de la direction générale énergie de la Commission, était d’ailleurs à Washington il y a quelques jours.
> Lire aussi « Malédiction, le gazoduc Nord Stream 2 illustre l’ambivalence d’une partie des Européens sur l’arme des sanctions contre la Russie »
Se préparer au scénario du pire
Les Etats-Unis sont de gros producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL), qui est acheminé par voie maritime avant d’être regazéifié dans des terminaux, et peut donc se substituer facilement au gaz classique qui, lui, se transporte dans des gazoducs et n’offre aucune souplesse. Ils ont commencé à accroître leurs livraisons aux Européens – « ces trois dernières semaines, entre 70 et 80 cargos américains de GNL ont été reroutés vers l’Europe », confie la Commission – mais il leur faut pouvoir passer à la vitesse supérieure.
Ursula von der Leyen et Joe Biden multiplient également les contacts avec les autres producteurs de GNL, qu’il s’agisse des pays du Golfe, de l’Egypte ou encore de l’Algérie, afin qu’ils réorientent une partie de leur production vers le Vieux Continent. La présidente de l’exécutif communautaire s’est ainsi entretenue, le 27 janvier, avec l’émir du Qatar qui sera reçu par le président américain le 31 janvier.
Mais la production mondiale de GNL n’est que peu extensible et elle est déjà, pour l’essentiel, prévendue. En clair, si les Européens veulent en récupérer une partie, il faut que les pays qui l’ont achetée – comme le Japon, la Chine ou encore la Corée – renoncent, au moins temporairement, à certaines livraisons. C’est donc un vaste marchandage entre gouvernements du monde entier qui s’est engagé et qui va se poursuivre ces prochains jours. Avec en ligne de mire le 7 février, date à laquelle doit se tenir à Washington un sommet Etats-Unis - Europe qui sera consacré à la sécurité énergétique.
En parallèle, l’UE compte sur la Norvège, son deuxième fournisseur de gaz derrière la Russie, si Moscou venait à faillir. Elle regarde aussi du côté de l’Azerbaïdjan, où se rendra Kadri Simson, la commissaire à l’énergie, le 4 février. Enfin, outre les importations de gaz par gazoducs ou de GNL par navires, le vieux continent peut puiser dans ses stocks. Mais ceux-ci sont à des niveaux faibles, remplis à 40 %, contre environ 60 % d’ordinaire à la même période de l’année.
« Une interruption de quelques jours aurait un gros effet »
« On se prépare aux sanctions et on se prépare aux contre-sanctions », résume un haut fonctionnaire européen, pour qui l’ensemble de ces dispositifs devrait permettre, peu ou prou, de passer l’hiver si le gaz russe venait à manquer. Sur le fond, rares sont ceux qui croient au scénario où Moscou interromprait ses livraisons durablement, tant la Russie est dépendante de la rente gazière. « Ce dont il faut se prémunir, c’est d’une interruption de quelques jours, qui ne serait pas longue, mais qui aurait un gros effet », juge un diplomate européen. « Même pendant la guerre froide, les Russes n’ont pas arrêté de livrer du gaz en Europe. Au prix actuel, ils n’ont pas intérêt à le faire longtemps », juge Jean-Arnold Vinois, de l’Institut Jacques-Delors.
> Lire aussi « Les cours du gaz évoluent sur fond de bruits de bottes russes aux frontières orientales de l’Ukraine »
En 2009, Moscou avait interrompu ses acheminements de gaz en Ukraine, et, par ricochet, « quinze Etats membres s’étaient retrouvés sans gaz », ajoute cet expert. Depuis, les Vingt-Sept ont essayé de réduire leur dépendance au gaz russe. Les gazoducs sont devenus bidirectionnels et permettent d’acheminer du gaz de l’Est vers l’Ouest mais aussi de l’Ouest vers l’Est, ce qui était impossible auparavant. Les Vingt-Sept se sont aussi dotés d’une réglementation qui les oblige à diversifier leurs sources d’approvisionnement, ils ont multiplié les capacités d’interconnexion entre eux et construit de nombreux terminaux gaziers, à même de transformer du GNL qui arrive en Europe par bateau.
Pour autant, l’Europe ne peut que constater qu’elle n’est pas arrivée là où elle souhaitait être. L’arrêt programmé du nucléaire en Allemagne, la hausse de la consommation globale d’électricité, ou encore la fermeture à venir du gisement gazier de Groningue, aux Pays-Bas, en raison de tremblements de terre, ont perturbé ses plans. Conséquence, les Vingt-Sept ne produisent plus que 9 % du gaz qu’ils consomment, contre encore 24 % en 2015, selon le cercle de réflexion Bruegel.
Dans les dix ans à venir, la dépendance de l’Europe au gaz russe ne devrait pas diminuer. Alors que les Vingt-Sept se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050, certains d’entre eux vont, transitoirement, y avoir recours, que ce soit pour prendre le relais du charbon dans l’est du continent ou de l’atome en Allemagne. Passée cette période, si les Européens veulent respecter l’accord de Paris, l’énergie fossile devra voir sa place dans le mix énergétique reculer. La montée en puissance des renouvelables et le retour en grâce du nucléaire en Europe devraient y contribuer.
« Le choc gazier est comparable au choc pétrolier de 1973 », a déclaré le ministre de l’économie Bruno Le Maire, le 26 janvier. Aujourd’hui, affirme la Commission, quelque 40 % du gaz importé au sein de l’UE viennent encore de Russie (devant la Norvège). Avec une forte hétérogénéité entre les Vingt-Sept. La Slovaquie ou l’Autriche s’approvisionnent exclusivement en Russie. A l’inverse, l’Espagne n’achète rien à Moscou. En Hongrie et en Finlande, c’est 80 % de l’approvisionnement qui est russe ; ce pourcentage tombe à 50 % en Allemagne, il est d’un peu plus de 20 % en France, de 30 % en Italie et aux Pays-Bas.
Dans ce contexte, la Russie dispose d’un pouvoir réel sur ses voisins. En a-t-elle usé ces derniers mois, alors que les prix se sont envolés ? Moscou a certes honoré ses contrats de long terme, mais a minima, et n’a pas augmenté son volume de livraison, notamment sur les marchés spots, où le gaz peut se vendre du jour au lendemain. A en croire l’Agence internationale de l’énergie, les exportations de gaz russe en Europe ont baissé de 25 % au dernier trimestre 2021 par rapport aux trois derniers mois de l’année précédente.
> Lire aussi Gaz en Europe : quatre questions pour comprendre l’envolée des prix et ses conséquences
L’avenir de Nord Stream 2 au cœur de la crise
« Comment se fait-il que l’acteur dominant sur le marché du gaz n’ait pas répondu aux demandes supplémentaires de la part de ses clients, alors même que les prix grimpaient et que l’hiver arrivait ? S’agit-il ou non d’un abus de position dominante ? », s’interroge Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie & climat de l’Institut français des relations internationales. « Gazprom n’a peut-être pas autant de marge de manœuvre et doit privilégier la demande intérieure » qui « est très forte », nuance Catherine Locatelli, chargée de recherche au CNRS sur l’industrie pétrolière et gazière de la Russie.
« J’aurais tendance à penser qu’il s’agit d’une utilisation politique du gaz. La Russie a dit que si l’Europe certifiait Nord Stream 2, plus de gaz viendrait. Alors pourquoi n’envoie-t-elle pas plus de gaz par les gazoducs déjà en service ? », juge pour sa partl’économiste italien Simone Tagliapietra, de Bruegel. Une chose est certaine, l’avenir de Nord Stream 2 est au cœur de la crise actuelle entre l’UE et la Russie.
> Lire aussi Faut-il autoriser Nord Stream 2, un pipeline acheminant du gaz russe ? Le gouvernement allemand est divisé
Ce gazoduc qui relie la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine, et dont la construction est achevée, attend encore le visa de l’administration allemande et de la Commission pour être mis en service. « Nord Stream 2 apparaît comme un moyen de pression possible des Européens sur les Russes », juge Jean-Arnold Vinois. En cas d’offensive russe sur le sol ukrainien, des « sanctions fortes » pourraient inclure le pipeline, a prévenu, le 27 janvier, la ministre allemande des affaires étrangères, l’écologiste Annalena Baerbock. Le chancelier (SPD) Olaf Scholz, qui il y a quelques semaines, refusait de lier l’avenir de Nord Stream 2 à l’affaire ukrainienne, tant l’industrie allemande y tient, ne l’a pas contredite. « La coalition allemande était très divisée sur Nord Stream. La crise ukrainienne a rapproché les points de vue », commente un diplomate.
Les Etats-Unis, eux, ne laissent pas vraiment le choix à Berlin. Le 27 janvier, Joe Biden a fait savoir qu’il jugeait que Nord Stream 2 est un « mauvais accord » pour l’Europe. « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant », a, pour sa part, souligné la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland. « C’est un peu comme l’affaire des Mistral en France », commente un diplomate. En novembre 2014, François Hollande avait annulé la vente à la Russie, conclue trois ans plus tôt par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, de deux navires de guerre, alors qu’en juillet, les Occidentaux avaient décidé d’un embargo sur les livraisons d’armes à Moscou en représailles à l’annexion de la Crimée.
> Lire aussi Crise en Ukraine : les Etats-Unis appellent les Européens à serrer les rangs
<https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/29/sur-fond-de-crise-ukrainienne-les-europeens-cherchent-a-reduire-leur-dependance-au-gaz-russe_6111473_3210.html <https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/29/sur-fond-de-crise-ukrainienne-les-europeens-cherchent-a-reduire-leur-dependance-au-gaz-russe_6111473_3210.html>>
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4- Pas-de-Calais : La serre équatoriale Tropicalia sortira-t-elle un jour de terre ?, 20 Minutes, 29/01/22, 11h35
Mikaël Libert

Projet controversé. Alors que le projet de construire la serre équatoriale géante Tropicalia semblait au point mort, le début des travaux pourrait commencer dès cet été dans la Pas-de-Calais
• Tropicalia est un projet de serre tropicale géante qui sera implantée dans le Pas-de-Calais.
• Malgré les arguments du fondateur, les détracteurs du projet dénoncent un non-sens écologique.
• Le succès surprenant de l’opération de crowdfunding est, pour Tropicalia, un gage de l’adhésion du public à ce projet.
Tropicalia, c’est le projet fou d’un vétérinaire qui voulait apporter un peu de tropiques en plein milieu du Pas-de-Calais. Sous un dôme futuriste, dont la température sera maintenue constamment à 28 degrés, les visiteurs pourront admirer une faune et une flore provenant de latitudes bien éloignées des Hauts-de-France. Une hérésie absolue pour certains défenseurs de l’environnement. Les critiques n’ont pas fait baisser les bras au porteur du projet, le Dr Cédric Guérin, qui a vu son ambition confortée par une adhésion inattendue des habitants à son opération de financement participatif.
On ne va pas revenir sur les griefs des détracteurs du projet, notamment plusieurs associations et la députée européenne écologiste Karima Deli, ni sur les arguments développés en retour par le président-fondateur de Tropicalia. Selon ce dernier, d’ailleurs, la fronde se serait estompée avec le temps. Mais s’il lui fallait un nouvel argument, il pourrait désormais brandir le succès de la levée de fonds opérée auprès d’investisseurs particuliers. « Nous avons été agréablement surpris par l’engouement rencontré auprès du public par notre opération de financement participatif », reconnaît Cédric Guérin. Celui-ci s’est traduit par une levée de fonds trois fois plus importante que l’objectif visé de 500.000 euros.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/3225259-20220129-calais-serre-equatoriale-tropicalia-sortira-jour-terre>
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5- A Paris, les tours Mercuriales à la recherche d’un repreneur, Le Monde, 29/01/22, 14h04
Denis Cosnard

Les deux tours iconiques de la porte de Bagnolet, dans l’Est parisien, sont en dépôt de bilan depuis novembre 2021. Les visites ont débuté pour leur trouver un nouveau propriétaire. 
Vous avez toujours rêvé d’être propriétaire d’une tour d’où l’on domine la ville et le monde ? N’attendez plus. Les Mercuriales, les Twin Towers parisiennes, sont à vendre. Les sociétés à qui appartiennent ces deux tours qui surplombent l’Est parisien ont déposé le bilan, puis elles ont été placées en redressement judiciaire, le 7 novembre 2021. Depuis, les deux administrateurs judiciaires chargés du dossier cherchent un repreneur. Un mandat de vente a été confié à BNP Paribas, qui a sollicité 150 investisseurs et promoteurs, et débuté les visites.
> Lire aussi Les 1 000 projets de bureaux et logements qui densifient le Grand Paris
Mais rien n’est encore conclu pour ces deux phares plantés au bord du périphérique, porte de Bagnolet. « Et on ne laissera pas faire n’importe quoi »,prévient le maire (Parti socialiste) de Bagnolet, Tony Di Martino. En juin 2019, à l’occasion d’un changement de propriétaire, un impressionnant plan de rénovation avait été promis pour ces tours de 33 étages, parmi les plus hautes de la région parisienne. « Les Mercuriales sont une icône oubliée de l’Est parisien depuis des années. Nous avons l’intention d’en faire le point de repère de la nouvelle vision de Paris », avait annoncé le Britannique David Zisser, PDG de la société immobilière anglo-israélienne Omnam et grand organisateur du projet.
Son idée ? Vider les tours jumelles de leurs derniers occupants. Les désamianter. Les réhabiliter de fond en comble. Remettre des bureaux dans l’une, et installer dans l’autre deux hôtels destinés avant tout aux touristes asiatiques. Ajouter en bas un grand espace en verre, une sorte de rue intérieure où se trouveraient l’accueil des hôtels, le hall des bureaux ainsi que des commerces. Puis revendre le tout, et gagner rapidement pas mal d’argent.
« Divers recours ont tout bloqué »
Rien ne s’est passé comme prévu. Le calendrier a un peu dérapé. Après des discussions serrées avec les autorités, notamment l’architecte des Bâtiments de France, le permis de construire a été accordé par la mairie de Bagnolet, en février 2020. Puis « divers recours ont tout bloqué, une fois de plus », relate Olivia Michaud, une des avocates d’Omnam. Un dernier recours doit encore être traité par les juges avant que le permis soit valide.
Dans le même temps, la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a bousculé le marché de l’hôtellerie comme celui des bureaux. Le groupe américain Marriott a renoncé aux 842 chambres qu’il comptait exploiter sous les marques Sheraton et Moxy. Les candidats intéressés par des bureaux se sont faits aussi plus rares.
> Lire aussi Bruit, pollution, abandon… à l’entrée de Paris, la lente agonie de l’échangeur de Bagnolet
Résultat, de sérieuses difficultés financières. En 2021, les sociétés propriétaires des tours, Capena Office, Capena Hotel et Capena Parking, derrière lesquelles se trouvaient des investisseurs internationaux à travers des entités chypriotes, n’ont pas pu payer ce qu’elles devaient au propriétaire précédent, le fonds European real estate debt (ERED). Si bien que celui-ci a repris le contrôle des Mercuriales. N’ayant pas non plus les moyens de financer le chantier, le fonds a préféré stopper tout, et déclarer la cessation des paiements le 30 septembre.
« Du jour au lendemain, il n’y a plus eu de chauffage, plus de ménage, presque plus de gardiennage », raconte Myriam de Grandmaison, de la coopérative Plateau urbain, qui loue deux étages d’une des deux tours et y héberge temporairement des artistes, des graphistes, des sociétés d’insertion solidaire. La filiale d’Omnam en France, de son côté, a cessé toute activité et été radiée du registre du commerce le 27 décembre. Au lieu de faire fortune, tous les acteurs du projet y ont laissé des plumes.
« Les investisseurs ont rebroussé chemin »
« Un processus de reprise est maintenant lancé », confirme Antonia Raccat, une autre avocate d’Omnam. Cependant, « tous les investisseurs qui ont regardé le dossier en 2021 ont rebroussé chemin, donc le prix ne sera pas énorme », glisse un initié. Il pourrait être divisé par deux ou trois par rapport aux près de 100 millions d’euros de 2019.
D’en haut, il y a évidemment une vue exceptionnelle. Les Invalides, la tour Eiffel, la Défense d’un côté. Toute la banlieue est, de l’autre. Au 25e étage, les quatre créateurs de la société d’effets spéciaux Cousin Bizarre n’en reviennent pas d’être installés temporairement dans un lieu aussi rare, grâce à Plateau urbain. « Et pour deux fois moins cher qu’un coworking plus petit ailleurs ! », précisent-ils. Mais dans ces tours qui ont accueilli quelque 3 000 salariés, notamment de la Mutualité sociale agricole, BNP Paribas, Eiffage ou Darty, le silence règne en maître.
Les entreprises sont parties les unes après les autres. L’une des tours est entièrement vide. Dans l’autre, seuls 10 étages sur 33 sont confiés à des occupants au bail précaire, en attendant le début du grand chantier. C’est que l’architecture est élégante, mais datée. Les tours jumelles, inspirées de celles de New York, ont été conçues par Serge Lana et Alfred H. Milh, au début des années 1970. Les travaux à venir sont énormes pour les mettre aux normes, et au goût du jour.
> Lire aussi « Ici, c’est invivable » : feu vert à la démolition des HLM les plus « pourris » de Paris
Leur emplacement, entre le périphérique, l’autoroute A3 et un quartier très populaire qui risque d’être en transformation pendant vingt ans, peut aussi rebuter les investisseurs. Est-ce vraiment là qu’il faut ajouter des hôtels, alors que ceux existant sont assez vides ? Des bureaux, quand tant de mètres carrés sont inoccupés dans la région ? Nicolas Ledoux, le PDG d’Arcadis France, qui a travaillé pour Omnam sur le sujet, reste dubitatif : « Le potentiel est là, mais il faut trouver un acquéreur qui croie vraiment au renouveau de l’Est parisien. »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/29/les-tours-mercuriales-a-la-recherche-d-un-repreneur_6111517_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/29/les-tours-mercuriales-a-la-recherche-d-un-repreneur_6111517_3234.html>>
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6- La propulsion papillon pourra-t-elle révolutionner l'aviation électrique ?, ZDNet, 29/01/22
Greg Nichols

Technologie : La propulsion électrique se profile à l'horizon de l'aviation depuis un certain temps. Ce nouveau système de propulsion, dont les essais ont commencé, pourrait aider à généraliser l'aviation électrique.
La propulsion électrique est dans les cartons des géants de l'aéronautique depuis un certain temps. Or, un nouveau système de propulsion, dont les essais ont commencé, pourrait s'imposer comme un élément crucial vers la généralisation de l'aviation électrique. Overair, la société à l'origine de l'engin électrique à décollage et atterrissage vertical "Butterfly", est convaincue que son système de propulsion grandeur nature, dont les essais ont donné lieu à d'excellentes vidéos, changera la donne pour la prochaine itération de l'industrie aéronautique.
« Atteindre nos objectifs de tests de propulsion en grandeur réelle est une étape passionnante pour le programme Butterfly », affirme Jim Orbon, responsable du programme Butterfly chez Overair. « Non seulement cela nous permet de valider nos choix de conception et de corréler nos résultats de simulation aux données du monde réel, mais cela prouve également les capacités techniques de l'équipe et sa capacité à exécuter nos plans de développement. Mais cette étape est un moyen de parvenir à une fin. Prochaine étape, le prototype à grande échelle, avec des pièces à long délai de livraison actuellement en cours. »
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.zdnet.fr/actualites/la-propulsion-papillon-pourra-t-elle-revolutionner-l-aviation-electrique-39936499.htm <https://www.zdnet.fr/actualites/la-propulsion-papillon-pourra-t-elle-revolutionner-l-aviation-electrique-39936499.htm>>
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7- Le projet d’extraction de sable en baie de Lannion est définitivement abandonné, Le Monde avec AFP, 30/01/22, 15h52

Selon le député Eric Bothorel, la Compagnie armoricaine de navigation a décidé de procéder à l’arrêt définitif des travaux miniers sur la concession des sables coquilliers qui servent à amender les terres agricoles pour diminuer leur acidité. 
Cette fois, c’est fini. Le projet d’extraction de sable coquillier en baie de Lannion (Côtes-d’Armor), objet d’une forte opposition locale depuis dix ans, a été définitivement abandonné par son exploitant, la Compagnie armoricaine de navigation (CAN). Le sable coquillier est un sable calcaire composé de débris de coquilles, qui sert à amender les terres agricoles pour diminuer leur acidité.
« Le 4 novembre dernier, la Compagnie armoricaine de navigation déclarait auprès du préfet du Finistère l’arrêt définitif des travaux miniers sur la concession de sables coquilliers dite “de pointe d’Armor” en baie de Lannion », a annoncé dans un communiqué Eric Bothorel, député des Côtes-d’Armor (La République en marche). « C’est une décision de raison, il fallait sortir de ce dossier par le haut », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse.
Déposé en 2010 par la CAN, filiale du groupe Roullier, ce projet fait l’objet d’une vaste opposition de la part des élus, des associations environnementales et des groupements de professionnels de la région, parmi lesquels les pêcheurs.
Le Peuple des dunes du Trégor, collectif qui regroupe plusieurs dizaines d’associations, dénonçait notamment un projet situé « entre deux zones Natura 2000 », dont l’impact sur l’environnement, la faune, la flore, et l’emploi n’a pas été évalué.
« Ce dossier est définitivement clos. C’est une victoire un peu par K.-O. parce que c’est eux qui abandonnent, nous sommes très satisfaits car nous nous battons depuis 2010. C’est une décision de sagesse car, dès le départ, le dossier était bâclé », a déclaré Alain Bidal, président du collectif d’opposants.
>> Suite à lire et carte à voir à : 
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/30/le-projet-d-extraction-de-sable-en-baie-de-lannion-est-definitivement-abandonne_6111596_3244.html>
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8- Equateur : fuite d'un oléoduc de pétrole dans la jungle amazonienne, AFP, 30/01/22, 22:00
Paola Lopez

Les autorités de l'Equateur tentaient dimanche de contenir une fuite de pétrole "de grande ampleur" sur un oléoduc dans une région de jungle amazonienne, où une importante rivière menace d'être polluée.
De fortes pluies ont provoqué en fin de semaine glissements de terrain et chutes de pierres, entrainant la rupture d'un oléoduc de transport de pétrole brut dans la zone de Piedra Fina.
L'incident a eu lieu vendredi à la frontière entre les provinces de Napo et Sucumbios, sur ce pipeline de 485 kilomètres, qui traverse quatre provinces, et est opéré par la société privée OCP (Oleoducto de Crudos Pesados).
A ce jour, ni le gouvernement ni l'OCP n'ont indiqué la quantité de pétrole déversée dans la nature.
Selon le gouvernement, le glissement de terrain a affecté "quatre tuyaux de l'infrastructure", qui transporte 160.000 barils de brut par jour depuis des puits pétroliers en pleine jungle.
Dans un tweet diffusé dimanche, le ministère de l'Environnement a indiqué "vérifier que les activités d'urgence, de nettoyage et d'assainissement dans la zone affectée se poursuivent correctement". "Notre personnel technique continue d'être déployé dans le secteur de Piedra Fina".
L'OCP "assume la responsabilité de cet événement, causé par un cas de force majeure", a déclaré son président exécutif, Jorge Vugdelija.
- Sources d'eau polluées -
"Nous avons réalisé qu'il y avait eu un déversement de grande ampleur", a reconnu, dans une vidéo diffusée samedi, un responsable du ministère de Juan Pablo Fajardo, venu constater les dégâts sur le site de l'accident.
"Nous considérons qu'il y a eu des dommages aux sources d'eau et qu'il y a également eu des dommages à des tiers", a ajouté M. Fajardo.
Les autorités ont averti que la pollution pourrait atteindre "les environs de la rivière Coca et éventuellement des réserves d'eau voisines", dont dépendent plusieurs communautés indigènes.
L'OCP a par ailleurs annoncé que "le pompage du pétrole brut a été arrêté à titre préventif, et qu'il sera rétabli lorsque les conditions appropriées seront réunies", mais que cet arrêt n'a pas affecté les exportations.
Le comité des opérations d'urgence de la province de Napo a expliqué être intervenu pour distribuer de l'eau potable aux habitants de la zone.
Le gouvernement a diffusé des images de la fuite, de même que des travaux d'intervention, avec camions et bulldozers tentant de monter des palissades de terre. Ces images montrent des rochers recouverts de pétrole et une nappe noire au milieu de la végétation.
- Erosion des sols -
"Des actions de confinement ont été lancées pour éviter tout dommage environnemental, et des bassins de confinement du pétrole brut ont été aménagés pour empêcher tout type d'impact sur les sources d'eau", a expliqué l'OCP.
Deux oléoducs transportent le brut équatorien depuis les champs pétroliers amazoniens du nord-est du pays, vers les ports de la province d'Esmeraldas (nord-ouest), frontalière avec la Colombie sur la côte Pacifique: un oléoduc public (SOTE), à raison de 360.000 barils/jour, et l'oléoduc privé opéré par l'OCP (160.000 barils/jour).
En décembre, dans ce même secteur de Piedra Fina, l'OCP et la SOTE avaient dû toutes deux suspendre l'évacuation du pétrole, en raison de l'érosion des sols causée par une rivière, et construire des dérivés alternatifs à leurs oléoducs.
En mai 2020, encore dans cette zone, un glissement de terrain avait endommagé les deux oléoducs. L'équivalent de quelque 15.000 barils s'étaient déversés dans trois rivières, touchant des populations aux alentours.
L'Equateur dispose d'importantes ressources en pétrole, surtout en zone amazonienne, avec un fort impact environnemental, et le pétrole est son principal produit d'exportation (via principalement l'entreprise publique Petroecuador). Entre janvier et novembre 2012, le pays a produit une moyenne de 494.000 barils/jour.
Entre 1960 et 1990, Texaco, une filiale de Chevron, avait exploité ces réserves pétrolières en forêt amazonienne et avait été accusée d'avoir détruit une partie de la forêt et déversé délibérément des millions de tonnes de déchets toxiques en pleine jungle ou dans les fleuves, sur plusieurs centaines de sites.
<https://www.goodplanet.info/2022/01/31/equateur-fuite-dun-oleoduc-de-petrole-dans-la-jungle-amazonienne/>
Sur le même sujet : 
> Fuite de pétrole en Amazonie équatorienne : un parc naturel et une rivière pollués <https://www.goodplanet.info/2022/02/01/fuite-de-petrole-en-amazonie-equatorienne-un-parc-naturel-et-une-riviere-pollues/>, AFP, 01/02/22, 04:00
> Du pétrole dans la rivière : catastrophe écologique en Amazonie équatorienne <https://information.tv5monde.com/info/du-petrole-dans-la-riviere-catastrophe-ecologique-en-amazonie-equatorienne-442998>, AFP, 02/02/2022
> Fuite de pétrole en Amazonie équatorienne : l'équivalent de 6.300 barils déversés dans une réserve <https://information.tv5monde.com/info/fuite-de-petrole-en-amazonie-equatorienne-l-equivalent-de-6300-barils-deverses-dans-une-reserve>, AFP, 02/02/22, 21:00
> Des "dégâts pour longtemps" : en Amazonie équatorienne, l'éternelle malédiction du pétrole <https://information.tv5monde.com/info/des-degats-pour-longtemps-en-amazonie-equatorienne-l-eternelle-malediction-du-petrole-443143>, AFP, 03/02/22, 00:00
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9- Pétrole : l'Opep+ face à des prix records, sur fond de crises géopolitiques, AFP, 31/01/22, 05:00
Emeline Burckel

Le cartel de l'Opep+ se réunit mercredi pour discuter d'une nouvelle hausse de la production de pétrole, au moment où les prix sont au plus haut en sept ans, dopés par des crises géopolitiques en cascade.
Comme presque chaque début de mois depuis l'éclosion de la pandémie de Covid-19, les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite, et leurs dix alliés chapeautés par la Russie se retrouvent par visioconférence pour faire d'éventuels ajustements.
De nombreux analystes s'attendent pour le mois de mars à une nouvelle augmentation du volume total de production de 400.000 barils par jour. 
Il s'agirait ainsi de la continuité de la stratégie de réouverture prudente des vannes, amorcée en mai 2021 par l'Opep+ dans un contexte de reprise, après des coupes drastiques pour surmonter le choc de la pandémie.
"Cela dit, nous n'excluons pas complètement une hausse plus importante, compte tenu des prix élevés du pétrole et de la récente sous-production de l'Opep+", souligne Capital Economics.
Le cours du baril de Brent de la mer du Nord, le contrat de référence en Europe, a ainsi dépassé la barre symbolique des 90 dollars en janvier, son plus haut depuis octobre 2014. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) a atteint lui aussi des sommets pluriannuels.
Oubliées les craintes suscitées fin 2021 par le variant Omicron, le marché se focalise désormais sur les fortes tensions géopolitiques qui impliquent des mastodontes de la production et de l'exportation d'or noir - la Russie, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Et font planer des menaces sur l'approvisionnement.
- De l'Ukraine au Yémen -
Les tensions sont au plus haut entre Moscou et les Occidentaux au sujet de l'Ukraine, près de laquelle la Russie a massé des dizaines de milliers de soldats et des armements lourds.
"L'invasion russe de l'Ukraine entraînerait des sanctions très dures", ce qui ferait encore grimper les prix, explique à l'AFP Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb.
Parmi les mesures envisagées, la réduction des achats de gaz et de pétrole venus de Moscou, qui représentent respectivement 43% et 20% de l'approvisionnement de l'Union européenne.
Au Moyen-Orient, les hostilités régionales liées à la guerre au Yémen ont également franchi un cran.
Les Houthis, des insurgés appuyés par l'Iran, ont mené mi-janvier leur première attaque meurtrière sur le sol émirati et ont tiré des missiles contre l'Arabie saoudite. 
L'attaque, condamnée à l'étranger, a été suivie de raids de représailles.
Outre ces éléments géopolitiques, les analystes blâment la lenteur de l'Opep+ à rétablir sa production pré-pandémie du fait de sa stratégie prudente. Mais aussi parce que certains pays producteurs peinent à faire repartir les volumes d'extraction en raison de problèmes d'infrastructures et d'investissements.
"La sous-performance et l'inaction de l'Opep+ ont soutenu la hausse des prix du pétrole, car le groupe n'a pas atteint ses objectifs de production déclarés, soit des centaines de milliers de barils", insiste Louise Dickson, analyste pour Rystad Energy.
Et "les Saoudiens ont clairement fait savoir qu'ils ne voleraient pas au secours des autres membres, en dépassant leur quota pour compenser les moindres volumes" de leurs partenaires, ajoute Bjarne Schieldrop.
<https://www.la-croix.com/Petrole-Opep-face-prix-records-fond-crises-geopolitiques-2022-01-31-1301197688>
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10- Thaïlande : la nappe de pétrole touche le littoral, AFP, 31/01/22, 09:00

La marine thaïlandaise était toujours mobilisée lundi pour nettoyer plusieurs dizaines de milliers de litres de pétrole déversés dans le golfe de Thaïlande, après la fuite la semaine dernière d'un oléoduc sous-marin appartenant à Star Petroleum Refining Public Company Limited (SPRC).
Au moins 60 tonnes se sont répandues dans la mer (60.000 litres) avant que la fuite, qui a débuté le 25 janvier au large de la province de Rayong (est), ne soit maîtrisée. 
La zone de pollution s'étend sur une cinquantaine de kilomètres carrés, d'après des images satellites prises dimanche. La nappe de pétrole a commencé à touché le littoral ce week-end. 
La plage de Mae Ram Phueng a été fermée aux nageurs, tandis que des équipes en combinaison de protection ont débuté les opérations de nettoyage, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Une petite baie de l'île touristique de Koh Samet est aussi menacée.
Le pétrole devrait continuer à s'échouer sur le littoral dans les jours qui viennent en raison du renforcement du vent. En attendant, une douzaine de navires pulvérisent des milliers de litres de produits chimiques sur la zone touchée. 
Ces produits, qui décomposent le pétrole en petites particules, coulent au fond de la mer et contaminent la faune et la flore, relève à l'AFP Thanomsak Boonphakdee de l'université de Burapha (est).
En 2013, la région avait déjà été touchée par une marée noire : un peu plus de 50.000 litres de pétrole brut s’étaient déversés après la fuite d’un oléoduc. 
La vie marine a mis "au moins cinq ans" à se remettre de cet incident, a souligné Thanomsak Boonphakdee. "Les crabes, les petits poissons et les crevettes sont les plus touchés".
Les professionnels du tourisme, déjà très affectés par la pandémie, font grise mine, tout comme les pêcheurs à qui les autorités ont demandé, en échange d'une compensation financière, de ne pas travailler dans la zone pendant au moins un mois.
"Je ne veux pas de compensation. Je veux une mer saine dans laquelle je peux travailler pour gagner ma vie", a déclaré le pêcheur Tuem. "Je ne sais pas combien d'années cela va prendre avant un retour à la normal".
Le ministre des Ressources naturelles et de l'Environnement, Varawut Silpa-archa, a exhorté les compagnies pétrolières à renforcer les mesures de prévention et à intensifier les inspections et les programmes de maintenance sur terre et en mer. 
Greenpeace a de son côté demandé au gouvernement thaïlandais de diligenter une enquête indépendante.
L'ONG déplore la fréquence de ce type d'incidents dans le royaume : entre 1974 et aujourd'hui, 240 déversements d'hydrocarbures ont été recensés en Thaïlande, d'après elle.
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220131-thaïlande-la-nappe-de-pétrole-touche-le-littoral>
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11- Entretien. « La transition énergétique n’a réellement démarré qu’en Europe », Le Monde, 31/01/22, 10h27 
Propos recueillis par Perrine Mouterde

Le directeur du centre énergie & climat de l’Institut français des relations internationales, Marc-Antoine Eyl-Mazzega, estime que le monde n’est pas sorti du fossile. Il y a urgence, selon lui, à s’attaquer au charbon, au méthane, et à protéger les forêts et les océans. 
En mai 2021, l’Agence internationale de l’énergie appelait, pour la première fois, à ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières ou gazières. Six mois plus tard, lors de la conférence mondiale sur le climat (COP26) de Glasgow, en Ecosse, des engagements inédits étaient pris pour tenter de réduire le recours aux fossiles. Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie & climat de l’Institut français des relations internationales (IFRI), revient sur les enjeux colossaux liés à la transformation du secteur de l’énergie.
Où en est-on de la transition énergétique ?
On a connu, au cours de l’histoire, différentes phases qui correspondent à l’utilisation de différents vecteurs énergétiques. Les équilibres ont été modifiés, mais on a surtout ajouté de nouvelles sources d’énergie : aujourd’hui, la moitié de la planète est encore en diversification énergétique. Au charbon, au pétrole, au gaz, on ajoute du solaire, de l’éolien et éventuellement du nucléaire, mais sans réduire les fossiles.
En Europe, nous sommes dans une situation exceptionnelle. Il y a clairement eu un découplage entre la croissance économique en hausse et les émissions de gaz à effet de serre qui ont diminué – pas assez, mais elles ont baissé. Les Etats-Unis ne connaissent pas ou peu de découplage, et tous les pays qui n’ont pas encore émergé ont des niveaux d’émissions très marginaux. En réalité, la transition énergétique n’a commencé que chez nous.
Dans ce contexte, est-il possible d’abandonner réellement les fossiles ?
Nous n’avons pas le choix. Il faut sortir du charbon, réduire très largement la consommation de pétrole et de gaz. En Europe, c’est en cours, mais la difficulté est que nous sommes dans un entre-deux : nous ne sommes pas encore sortis des fossiles et pas encore pleinement dans le nouveau monde des technologies bas carbone. Nous subissons donc les inconvénients et les vulnérabilités liés aux deux systèmes.
> Lire aussi « Malgré la pression financière, il y aura des fournisseurs de charbon tant qu’il existera une demande mondiale »
Quel bilan tirez-vous de la COP26 de Glasgow ?
Après la COP, le verre me semble à moitié plein, avec l’adoption d’objectifs de neutralité carbone, les engagements sur le charbon ou le méthane. Mais les engagements pris sont trop lointains par rapport à l’urgence qui est la nôtre et le grand défi reste de mettre en œuvre ces promesses. Or, dans la plupart des cas, il n’y a pas de stratégies ou, quand il y en a, elles sont inadaptées aux réalités.
La prochaine décennie sera décisive, mais d’une certaine façon il est déjà trop tard, trop de temps a été perdu : nous n’arriverons pas à créer les conditions pour s’inscrire dans une trajectoire de réchauffement limité à 1,5 °C et atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 80 % d’ici à 2050. Cela paraît maintenant hors d’atteinte. Ce qui n’empêche pas qu’il faut continuer de se fixer cet objectif. Si on vise 2 °C, on aura 3 °C ; si on vise 1,5 °C, on aura peut-être 2 °C !
N’est-il pas possible d’accélérer, par exemple pour sortir du charbon ?
Quand on regarde ce secteur en détail, les chiffres font froid dans le dos. On dénombre 8 500 centrales en activité, soit 2 000 gigawatts de capacité de production totale, dont plus de la moitié en Chine. Or la majorité d’entre elles ont été installées ces vingt dernières années, elles vont donc fonctionner encore très longtemps !
Même nous, pays développés, sommes très en retard. Aux Etats-Unis, on compte 250 gigawatts de capacité de charbon ; l’Allemagne va péniblement en sortir en 2030. On parle de la première puissance mondiale et de la première économie européenne.
Il y a beaucoup d’attentes envers l’Inde, la Chine, mais ces pays nous regardent et disent : « On fait comment ? » En Inde, 900 millions de personnes vivent avec moins de 5 dollars par jour…
Pourquoi les négociations climatiques ne se sont-elles pas attaquées plus tôt à la question des fossiles ?
En 2015, quand l’accord de Paris a été signé, le sentiment général était que chacun allait faire des efforts à la marge et que tout irait bien. C’était une grave erreur. Depuis, il me semble que l’on a bien compris qu’un monde à 2 °C de réchauffement n’est pas la même chose qu’un monde à 1,5 °C. Chacun a commencé à mesurer, dans son quotidien, les impacts du dérèglement climatique. On a pris conscience du fait qu’on n’a plus le temps, qu’il ne faut pas s’attaquer simplement au dioxyde de carbone mais à tous les gaz à effet de serre, qu’on ne peut pas miser uniquement sur les technologies.
Nous sommes dans une situation où il faut abattre de façon méthodique, irréversible et extraordinairement rapide des montagnes d’émissions annuelles de gaz à effet de serre, alors que celles-ci continuent de croître. Et tout cela alors que le monde souffre de ses problèmes récurrents, avec des crises sur les chaînes de valeur [valeur ajoutée à un produit lors de sa conception, fabrication, livraison délocalisées dans certains pays], la contestation des démocraties… Le contexte est terrible pour mener cette transformation.
Alors que faire en priorité ?
S’attaquer au charbon, s’attaquer au méthane et protéger les forêts et les océans. Si on fait cela, on fait l’essentiel, mais il faut le faire dans les dix prochaines années.
A quoi devrait ressembler le système énergétique mondial dans trente ans ?
La première chose, c’est qu’il y aura une très forte augmentation de l’électricité dans la demande énergétique totale. L’électricité deviendra la ressource la plus stratégique, la plus rare. Pour la verdir, on comptera essentiellement sur les énergies renouvelables et il faudra autant que possible maintenir, ou idéalement augmenter, la part du nucléaire.
Le développement de l’éolien et du solaire sera immense. On parle d’un rythme de déploiement annuel de l’ordre de 5 à 6 fois ce qu’on a connu ces dernières années, et cela tous les ans. Concernant les technologies de soutien à la décarbonation des secteurs difficiles, il faudra de la capture et du stockage de carbone pour le ciment, de l’hydrogène pour l’acier. Et il faudra surtout beaucoup d’efficacité et de sobriété.
Qu’est-ce que la sobriété implique concrètement ?
Probablement que les 800 millions d’Indiens qui vont rejoindre la classe moyenne ne pourront pas vivre comme nous, de la même façon que nous ne pourrons pas continuer à vivre comme on l’a fait depuis trente ans. Cela veut dire manger moins de bœuf, repenser la mobilité…
En 2050, nous n’aurons sûrement pas deux voitures par foyer dans les zones périurbaines, mais un service flexible, à la carte, un abonnement qui nous donnera droit à tant d’heures de voiture par an. L’économie de la livraison à distance, en gros le modèle Amazon, n’est pas durable ; de même qu’il y aura des profonds bouleversements concernant le tourisme.
Ne faut-il pas s’attendre à de fortes résistances des citoyens ?
C’est une question de génération. Nous sommes dans une période d’ajustement, mais dans dix ans, les pratiques et les habitudes auront changé. En revanche, ailleurs, le problème est très différent. En Asie du Sud-Est, le trafic aérien a déjà dépassé le niveau d’avant le Covid. Dans les Emirats arabes unis ou en Arabie saoudite, les travailleurs étrangers représentent jusqu’à 70 % de la population ; ils veulent voir leur famille et ne vont pas y aller en Pédalo…
Comment concilier transition énergétique et justice sociale ?
L’Europe représente environ 10 % des émissions mondiales. Si nous sommes les seuls à atteindre la neutralité carbone en 2050, en ayant dépensé des fortunes et fermé des usines, est-ce que cela a un impact ? Plus on avance dans notre décarbonation, plus la baisse des émissions se fera à des coûts élevés. Pour l’instant, nous avons fait tout ce qui était facile et pas cher. Il est impératif maintenant de s’attaquer à l’agriculture, à l’industrie, aux transports.
Vu l’urgence, la priorité pourrait être de prendre un peu plus de temps ici, mais de redoubler nos efforts à l’étranger. Si, en investissant 100 milliards d’euros en Europe nous réduisons les émissions de 100 millions de tonnes, mais en investissant la même somme en Asie du Sud-Est nous les réduisons de 500 millions de tonnes, ne vaudrait-il pas mieux faire cela ?
Quel rôle peut jouer la Chine ?
Le fait que la Chine n’avance pas la date de son pic des émissions, en 2025 par exemple, a beaucoup déçu. Mais elle a quand même pris un engagement inattendu de neutralité carbone à 2060. Quand on a 1 080 gigawatts de capacité installée de charbon, ce n’est pas rien : à partir de 2030, le pays devra éliminer chaque année l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre de la France !
> Lire aussi COP26 : la Chine et les Etats-Unis s’engagent à « renforcer l’action climatique » dans une déclaration conjointe
La Chine s’est aussi engagée à arrêter le financement à l’étranger des centrales charbon. Elle va redoubler d’efforts pour déployer les énergies renouvelables et prépare un investissement massif dans le nucléaire. Donc si le compte n’y est pas encore, ça avance néanmoins.
Que pensez-vous de la façon dont le débat sur l’énergie est posé en France ?
Ce qui est singulier, c’est le niveau de soutien au nucléaire, moins consensuel dans beaucoup d’autres pays européens. Mais la polarisation du débat pour ou contre deux sources d’électricité décarbonée – l’éolien et le nucléaire – me paraît absurde d’un point de vue industriel, économique et technologique. Il ne faut pas reproduire les erreurs allemandes et se débarrasser totalement d’une technologie bas carbone quelle qu’elle soit, nous n’en avons ni le temps ni les moyens.
Par ailleurs, les sujets de fond ne sont pas abordés : comment décarbone-t-on l’industrie ? Comment traite-t-on de la pauvreté énergétique ? Surtout, quels sont les jalons et les priorités ? Pour l’instant on n’a fait que des choix par défaut, parce qu’on avait le confort du nucléaire. Ayons des discussions sur les fondamentaux : il faut moins consommer et plus efficacement, l’énergie sera chère et rare et il faudra redistribuer, des riches vers les pauvres. Sur ces principes de base, la maturité du débat est encore faible.
§ Marc-Antoine Eyl-Mazzega est directeur du centre énergie & climat de l’Institut français des relations internationales (IFRI) depuis 2017. Il a auparavant travaillé six ans pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), notamment sur les analyses gaz et pétrole pour l’Afrique subsaharienne et la Russie. Ayant la double nationalité française et allemande, il a également travaillé à la Fondation Robert Schuman, où il a animé un observatoire sur l’Ukraine.
§ Cet article est tiré du « Bilan du Monde » 2022. La nouvelle édition est en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site Boutique.lemonde.fr
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/31/marc-antoine-eyl-mazzega-la-transition-energetique-n-a-reellement-demarre-qu-en-europe_6111670_3244.html>
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12- Energies renouvelables : la France, seul pays de l’Union européenne à avoir manqué ses objectifs, Le Monde, 31/01/22, 12h49
Adrien Pécout

Bois, hydraulique, éolien et solaire ont représenté 19,1 % de la consommation finale brute énergétique de l’Hexagone. Bien au-dessous des 23 % qu’ils auraient dû atteindre. 
Le comparatif relègue la France au rang des mauvais élèves. Le pays est le seul, parmi les vingt-sept membres de l’Union européenne (UE), à avoir manqué son objectif pour 2020. Les énergies renouvelables ont représenté 19,1 % de sa consommation finale brute énergétique. Bien au-dessous des 23 % qu’elles auraient dû atteindre, selon une directive européenne de 2009. Bois, hydraulique, mais aussi éolien et solaire : autant de ressources nécessaires à une sortie des combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon), et donc à la lutte contre le dérèglement climatique.
> Lire aussi Energie : l’AIE appelle la France à investir « dans l’efficacité, les renouvelables et le nucléaire »
A l’inverse, une majorité de pays, la Suède, la Croatie et la Bulgarie notamment, ont dépassé de plusieurs points leurs objectifs, calculés à partir de caractéristiques hétéroclites. D’autres les ont tout juste atteints, grâce à un mécanisme autorisé. La Belgique, les Pays-Bas et la Slovénie ont eu recours à un transfert de données statistiques en provenance d’un Etat excédentaire. Au cumul, l’UE affiche un résultat provisoire de 22 %. Soit deux points de plus que le minimum espéré, selon les données préliminaires d’Eurostat, son office de statistiques, le 19 janvier.
+ Infographie : Part des énergies renouvelables dans la consommation final d’énergie des pays de l’Union européenne <https://img.lemde.fr/2022/01/31/0/0/0/0/700/0/0/0/52a6663_752566848-ernegies-renouvelables-web-700px.png>
Les règlements du Conseil de l’Union européenne – dont la France vient de prendre la présidence – prévoient des « mesures supplémentaires », lorsqu’un Etat échoue à atteindre sa « part de référence ». Entre autres, l’adoption de nouvelles « mesures nationales » ou le versement d’« une contribution financière volontaire » en faveur de la transition énergétique.
La question du nucléaire
Le pays accuse du retard pour sa production de chaleur, à 23 % d’origine renouvelable (bois et déchets), ainsi que pour celle d’électricité (près de 25 %), où l’hydraulique dépasse encore l’éolien et le solaire réunis. En revanche, à un point près, la part de 9 % dans les carburants pour les transports (biodiesel) se rapproche des prévisions. Les marges paraissent encore considérables, au regard des objectifs pour 2030, fixés, cette fois, dans le cadre de la législation française : respectivement 38 %, 40% et 15 %.
Contacté, le ministère de la transition écologique revendique un « rattrapage » déjà à l’œuvre, l’écart s’étant d’abord creusé au cours du précédent quinquennat. Il rappelle que « la puissance publique investit des milliards d’euros par an dans le secteur des énergies renouvelables, principalement pour des tarifs d’achat garantis ».
> Lire aussi En Allemagne, la quête d’une neutralité carbone sans nucléaire
Dans un rapport publié en 2018, la Cour des comptes regrettait cependant un « net déséquilibre » : l’essentiel de ces subventions se sont jusqu’ici concentrées dans le secteur électrique, notamment pour diminuer l’usage du nucléaire, plutôt que dans le thermique. Or, si le nucléaire a l’inconvénient de ses déchets, cette énergie non renouvelable a un avantage considérable dans la lutte contre le réchauffement : elle permet déjà à la France de détenir une électricité très largement bas carbone.
« Une question d’acceptabilité »
Le bois (pour la chaleur) et l’hydraulique (pour l’électricité) constituent aujourd’hui encore le gros des énergies renouvelables. Mais l’attention de la société, voire les tensions, se porte surtout sur les éoliennes. Leurs détracteurs les accusent de gâcher le paysage, d’occuper trop d’espace. « Davantage que des enjeux de maturité économique ou technologique, les énergies renouvelables posent une question d’acceptabilité, dans un pays qui n’a pas fait de révolution énergétique depuis longtemps », estime l’entourage de la ministre Barbara Pompili.
> Lire aussi Electricité : entre le nucléaire et les énergies renouvelables, six scénarios pour 2050
A l’automne 2021, le ministère présentait dix mesures pour un développement maîtrisé et responsable de l’éolien, dont un bridage sonore en cas de dépassement des seuils autorisés. Puis dix mesures consacrées au photovoltaïque, dont la possibilité d’installer des panneaux solaires sur des toits sans passer par un appel d’offres, pour tout projet inférieur à 500 kilowatts-crête, unité de mesure pour l’exposition à un rayonnement solaire maximal. « En deux mois, 8 800 demandes ont été déposées », indiquait Mme Pompili sur Twitter, en décembre.
Deux principaux obstacles
Cependant, En France, le déploiement de nouvelles capacités de production se heurte encore à deux principaux obstacles : « les procédures d’octroi de permis » et « le manque de foncier disponible », selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie, fin 2021. « Les processus d’instruction des projets restent très longs et ne sont pas conduits de la même manière d’une région à l’autre », indique Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER), organisation patronale.
Celui-ci espère « un renforcement des moyens humains dans les services de l’Etat, dans les préfectures, dans les agences chargées de piloter des politiques publiques ». « Les services instructeurs sont un peu débordés : lorsqu’il y a une pile de dossiers énormes, certains projets peuvent vite subir des refus, sans qu’il y ait eu réellement le temps de les accompagner pour les améliorer. »
> Lire aussi Jean Pisani-Ferry : « Le vieux monde de l’énergie se meurt, le nouveau tarde à apparaître »
D’autres obstacles demeurent. « Notamment des contraintes aéronautiques » pour l’éolien, précise Frédéric Tuillé, responsable des études pour l’association Observ’ER, observatoire des énergies renouvelables. « La filière négocie avec le ministère des armées pour desserrer ces contraintes et voir de quelle façon cohabiter. » Depuis 2021, tout projet de construction nécessite une approbation spéciale lorsqu’il se situe à moins de 70 km de radars militaires, contre 30 km auparavant. Quant aux éoliennes en mer, le premier parc français, au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) attend toujours sa mise en service pour 2022. Onze ans après le lancement de l’appel d’offres initial.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/31/energies-renouvelables-la-france-seul-pays-de-l-union-europeenne-a-avoir-manque-ses-objectifs_6111689_3234.html>
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13- Le réaménagement de l’aéroport Nantes Atlantique toujours en suspens, Le Monde, 01/02/22, 10h56
Yan Gauchard (Nantes, correspondant)

Quatre ans après l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le réaménagement de la plate-forme existante patine encore. Le choix du futur concessionnaire, qui assumera la charge de l’opération, est de nouveau reporté. 
Au téléphone, ce vendredi 21 janvier, Nils Raynaud, qui pilote le projet de réaménagement de l’aéroport Nantes Atlantique au sein de la direction générale de l’aviation civile (DGAC) depuis novembre 2021, n’a pas une minute pour évoquer le réaménagement de l’aéroport de Nantes après l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes. L’intéressé renvoie illico sur les services de l’Etat qui vous invitent à prendre attache… avec M. Raynaud. L’entrée en matière résume fidèlement le dossier tel qu’il se présente en ce début d’année 2022 : on tourne un peu en rond.
L’opération de modernisation de la plate-forme existante demeure nimbée de brouillard. Dernière contrariété en date : la désignation du nouveau concessionnaire de l’aéroport est reportée « à la fin de l’année, voire à début 2023 », rapporte Jean-Claude Lemasson, maire divers gauche de Saint-Aignan-Grandlieu (4 000 habitants), commune riveraine de l’équipement. Une pièce maîtresse manque donc au dossier : c’est le lauréat de cet appel d’offres qui devra financer les travaux, estimés à 500 millions d’euros, visant à calibrer l’équipement pour l’accueil de 10,7 millions de passagers par an à l’horizon 2040.
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« La raison officielle de ce retard, c’est la crise Covid, énonce Paolo Ferreira, président du Collectif des citoyens exposés au trafic aérien, qui exige un transfert de l’aéroport. Mais on peut imaginer sans peine que les entreprises qui candidatent à la gestion de Nantes Atlantique s’inquiètent du fossé existant entre les investissements demandés et les incertitudes qui pèsent sur la date du retour à l’équilibre de cette opération. » Selon un proche du dossier, l’une des trois entreprises en lice aurait jeté l’éponge. En l’état, Vinci semble bien parti pour conserver les manettes de Nantes Atlantique quarante années supplémentaires, ainsi que le prévoit le nouveau contrat.
Nuisances sonores
L’ajournement du choix du concessionnaire est motivé « par des raisons économiques », expose Didier Martin, préfet de région, qui relève : « Ce n’est pas le meilleur moment pour demander aux candidats de se projeter sur une concession. » De fait, Nantes Atlantique, qui avait enregistré un pic d’activité en 2019 avec 7,2 millions de passagers, a vu ses ailes coupées par la crise sanitaire. Le trafic s’est effondré en 2020 à 2,3 millions de voyageurs pour remonter timidement à 3,3 millions de passagers en 2021.
Les maires des communes survolées par les avions déplorent « le manque de transparence de l’Etat » sur le dossier. Après de nombreux atermoiements, l’allongement de la piste de l’aéroport, de 400 mètres en direction de Saint-Aignan, a été acté à l’automne par la DGAC, ce qui doit permettre « d’augmenter un petit peu la hauteur du survol de l’agglomération de Nantes ». Mais personne n’ose livrer le moindre pronostic sur le coup d’envoi de ce chantier. « On est passé du stade des annonces tous azimuts, pour tenter de faire passer la pilule après l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, à la phase “suivi minimum” du dossier de Nantes Atlantique », fustige Sandra Impériale, maire divers droite de Bouguenais (20 000 habitants).
Les élus dénoncent aussi l’insuffisance du budget consacré aux travaux d’insonorisation de logements. Le fonds prévu à cet effet, alimenté par la taxe sur les nuisances sonores aériennes, est impacté par le trafic en berne. M. Lemasson dénombre « près de 730 dossiers en stocks », soit des délais d’attente « de trois à quatre ans ». L’Etat a tout de même débloqué 6 millions sur le sujet. « Depuis 2019, 500 dossiers, représentant 8,9 millions d’euros d’aides, ont été traités, défend Pascal Otheguy, secrétaire général de la préfecture de Loire-Atlantique. Et cette année, on va encore accompagner 293 dossiers, pour plus de 3 millions d’aides. »
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L’Etat est pour l’heure saisi de 17 demandes de rachat de logements, en vertu du droit de délaissement, sur un potentiel de 51 biens concernés par cette mesure. Pour limiter les nuisances sonores, la DGAC promet « une amélioration des trajectoires des avions », ainsi que leur panachage en 2023. Un couvre-feu, bannissant les avions entre minuit et 6 heures du matin, entre en vigueur le 8 avril. « C’est un point majeur pour les riverains, souligne M. Martin. Ça fait partie du dossier de réaménagement. Comme le panachage des trajectoires, l’application du droit de délaissement et les aides à l’insonorisation. »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/01/le-reamenagement-de-l-aeroport-nantes-atlantique-toujours-en-suspens_6111836_3234.html>
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14- Norvège : 19 des 20 voitures les plus vendues en janvier étaient électriques, AFP, 01/02/22, 16:00

Dix-neuf des 20 modèles de voitures neuves les plus vendues en janvier en Norvège étaient des véhicules électriques, dont la part de marché a atteint le niveau inédit de 83,7%, selon les chiffres présentés mardi par un organisme spécialisé.
L'Audi Q4 e-tron, la Hyundai Ioniq 5 et la BW iX, toutes des modèles électriques, forment le podium des nouvelles immatriculations dans le pays scandinave le mois dernier, d'après le Conseil d'information sur le trafic routier (OFV).
Seule voiture non intégralement électrique à se faire une place dans le top 20, la Toyota RAV4 - un véhicule hybride - occupe la 9e position, avec 3,4% de parts de marché.
"Que 19 modèles dans le top 20 des nouvelles voitures pour particuliers aient été des voitures électriques est totalement unique", a souligné Øyvind Solberg Thorsen, le directeur de l'OFV, dans un communiqué. 
L'an dernier, ces voitures s'étaient arrogées 64,5% de parts de marché en Norvège et, fait inédit, Tesla, le spécialiste américain de l'électrique, s'était même imposé comme le premier constructeur, toutes marques confondues.
Par ailleurs plus gros exportateur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, la Norvège s'est fixé l'ambition que toutes ses voitures neuves soient "zéro émission" - électriques et à hydrogène - à compter de 2025.
Le recours à la propulsion électrique y est jugé d'autant plus pertinent que le pays tire la quasi-totalité de son électricité de barrages hydrauliques qui ne produisent pas d'émissions de gaz à effet de serre. 
Cette année, l'Association norvégienne des véhicules électriques dit s'attendre à ce que la part de marché des véhicules "zéro émission" dépasse 80% grâce à l'arrivée de nouveaux modèles.
Contrairement aux voitures diesel ou essence très lourdement taxées, les voitures électriques sont exemptes de quasiment toute taxe en Norvège, ce qui les rend comparativement moins chères à l'achat.
Elles bénéficient aussi de multiples avantages en Norvège même si les autorités ont commencé à en rogner certains tels que la gratuité des péages urbains ou la possibilité d'emprunter les couloirs de transport collectif.
<https://information.tv5monde.com/info/norvege-19-des-20-voitures-les-plus-vendues-en-janvier-etaient-electriques-442942>
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15- Les défricheurs de la voiture particulière à hydrogène, Le Monde, 01/02/22, 17h19 
Eric Béziat

Hyundai et Toyota sont les seuls à commercialiser des véhicules particuliers fonctionnant avec une pile à combustible. Il leur faut maintenant convaincre que l’hydrogène peut percer au-delà du bus et du camion. 
Michel et Françoise Caviglioli – « Mitch et Soize » comme on les appelle du côté de Chambéry – voulaient faire un geste pour la planète avant de partir à la retraite. Ce couple d’artisans taxi installé aux abords du lac du Bourget a acheté deux Hyundai Nexo à hydrogène (H2) en 2020 et 2021. Du « zéro émission » pour acheminer leurs clients à l’hôpital ou à l’aéroport. Et à leur grande surprise, ils sont, avec presque 200 000 kilomètres parcourus en quelques mois, devenus des bêta-testeurs mondiaux de la voiture à hydrogène, scrutés depuis le siège du constructeur sud-coréen, connus des spécialistes de cette niche de la mobilité jusqu’en Californie.
Si l’histoire est amusante, elle souligne d’abord un fait : les utilisateurs de voitures à hydrogène ne courent pas les routes. Rares sont, dans le monde, ceux qui, comme Mitch et Soize, avalent les kilomètres avec une automobile fonctionnant au gaz H2. Contrairement à la voiture électrique à batterie, la voiture électrique à hydrogène ne s’est pas développée fortement ces cinq dernières années. La raison ? Une doctrine s’est peu à peu imposée dans l’automobile : la technologie H2 (une pile à combustible qui fabrique de l’électricité à partir d’hydrogène) est réservée aux véhicules lourds – camions, bus – ou aux flottes d’utilitaires.
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Pourtant, deux marques ont investi dans la voiture particulière à hydrogène. Le japonais Toyota et le sud-coréen Hyundai commercialisent deux véhicules : la Toyota Mirai de deuxième génération et le SUV Hyundai Nexo. Mais la liste s’arrête là. Daimler et Honda ont jeté l’éponge en 2020 et 2021, stoppant la commercialisation, faute de ventes, l’un de la Mercedes GLC F-Cell, l’autre de la Clarity. Les seuls véhicules à venir sont une BMW, présentée au dernier salon de l’automobile de Munich, en septembre 2021, et un projet de supersportive de la start-up française Hopium.
Des aventuriers ambassadeurs
Mais les irréductibles Asiatiques de la voiture H2 ne lâchent pas l’affaire. Leurs filiales françaises se sont dotées d’aventuriers ambassadeurs de l’hydrogène : le Suisse Bertrand Piccard pour Hyundai, premier à avoir fait le tour du monde en avion solaire, et Victorien Erussard chez Toyota, capitaine du bateau expérimental zéro émission Energy Observer, lequel fonctionne avec la technologie H2 du japonais.
Il s’agit ensuite de démontrer les éléments de supériorité de la pile à combustible sur la batterie, et en particulier sa grande autonomie avec une seule recharge. Alors, les performances mises en avant pleuvent. Fin août 2021, une Toyota Mirai a battu en Californie un record d’autonomie avec 1 300 kilomètres parcourus sans repasser par la station-service. Elle a pulvérisé le record d’une autre Mirai, établi en France quelques semaines plus tôt : 1 003 kilomètres.
> Lire aussi L’hydrogène, une solution incertaine pour la mobilité
Plus récemment, le 14 décembre 2021, une Hyundai Nexo a réussi à rouler six heures d’affilée sur le sinueux et pentu circuit de glace de Val Thorens (Savoie), à 2 200 mètres d’altitude, par des températures négatives, montrant la capacité du véhicule dans des conditions extrêmes. Un record de 190 tours avec un seul plein a été homologué par le pilote professionnel Adrien Tambay, une performance que les actuels véhicules électriques à batterie auront sûrement du mal à battre.
« L’hydrogène est une énergie adaptée à tous les véhicules à usage intensif et qui ont besoin de recharges fréquentes et rapides. Cela vaut pour les voitures particulières affectées à une activité de type taxi », résume Adamo Screnci, directeur général d’Hydrogen Refueling Solutions, un fabricant de stations de production d’hydrogène, ancien du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, d’Air liquide, de McPhy, et grand connaisseur du sujet.
> Lire aussi Les premiers trains à hydrogène français bientôt sur les rails
Chez Toyota, le même discours prévaut. En France, le géant japonais propose sa pile à combustible pour le transport lourd, par exemple à sa filiale portugaise, Caetano, fabricant de bus, ainsi qu’au constructeur ferroviaire espagnol CAF. Mais il est aussi partenaire (par le biais de la société HysetCo) de la flotte de taxis parisiens Hype, équipée principalement en Mirai. HysetCo va d’ailleurs ouvrir une station de production et de distribution d’hydrogène porte de Saint-Cloud, à Paris, au début du printemps.
Peu de stations disponibles
Au-delà du taxi et de quelques véhicules achetés par des collectivités ou des entreprises, un marché de masse peut-il s’ouvrir pour l’hydrogène ? Pour savoir si M. Tout-le-Monde pourrait y passer, revenons à l’expérience pratique de Michel et Françoise Caviglioli. S’ils font le plein en trois minutes comme à la pompe à essence, leur principal problème d’utilisateurs reste de trouver où. Heureusement pour eux, ils peuvent compter sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a lancé un programme de création de vingt stations dans le cadre de son projet Zero Emission Valley. La première à avoir été mise en service est à Chambéry et cinq autres devraient ouvrir en 2022.
Mais pour l’instant, il faut faire avec l’existant. « On recharge surtout à Chambéry. Au-delà, c’est compliqué, explique M. Caviglioli. La station de Sassenage près de Grenoble est tout le temps en panne. Et puis c’est du 350 bars, donc on ne peut faire qu’un demi-plein. C’est le même problème aux stations de Valence et de Lyon. » En revanche, Mitch, qui est d’origine suisse, apprécie le réseau des supermarchés helvétiques Coop, avec la recharge à 700 bars et la possibilité de payer par carte bancaire. Il va fréquemment faire le plein à la plus proche, celle de Lausanne.
Côté finances, en revanche, Michel et Françoise affirment qu’avec le prix qu’ils paient à la pompe (10 euros le kilo au lieu de 12 grâce à une subvention de la région Auvergne-Rhône-Alpes) ils sont à parité de coût avec leur Ford diesel d’avant le passage à l’hydrogène. Le coût total reste légèrement plus élevé en raison du prix d’achat de ce type de voiture. La Mirai démarre à 70 000 euros et le Nexo à 80 000 euros ; sachant que Toyota comme Hyundai vendent ces véhicules très en dessous de leur véritable prix de revient et perdent donc, pour le moment, de l’argent dans l’affaire.
> Lire aussi « Avec l’hydrogène, a-t-on enfin conquis le Graal de l’énergie, cette ressource inépuisable et décarbonée qui sauvera la planète ? »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/01/les-defricheurs-de-la-voiture-particuliere-a-hydrogene_6111840_3234.html>
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16- Un ex-astronaute costaricain veut changer son pays grâce à l'hydrogène vert, AFP, 01/02/22, 20:00
David Goldberg

L'ancien astronaute costaricain Franklin Chang pense que dans dix ans son pays sera "transformé": plus riche et plus propre grâce à la production d'hydrogène vert, un projet sur lequel il travaille depuis dix ans.
"Nous pouvons nous transformer en cinq ou dix ans. On a besoin d'une innovation disruptive et l'hydrogène peut être cela. C'est ce qui s'est passé avec les avions, les ordinateurs, les téléphones cellulaires... En peu d'années, tout a changé", dit à l'AFP le fondateur de l'entreprise Ad Astra Rocket.
C'est à Liberia, dans la province de Guanacaste, qu'il a créé une unité de production d'hydrogène vert à petite échelle.
Lors de ses sept séjours dans l'espace avec des équipages de la NASA, entre 1986 et 2002, Franklin Chang a découvert l'hydrogène vert. L'idée est alors née d'en produire, non pas pour des stations spatiales, mais à échelle industrielle sur la planète Terre.
Pour M. Chang, l'hydrogène vert doit en priorité être utilisé pour le transport. Ce secteur représente 65% de la consommation d'énergie au Costa Rica, majoritairement avec des carburants fossiles importés pour un coût annuel de 2 milliards de dollars, selon les statistiques officielles.
Pour l'ancien astronaute, l'hydrogène vert peut rendre le Costa Rica indépendant des importations de produits pétroliers en étant utilisé à court terme pour les bus, les camions, les bateaux et les avions.
Il peut également être employé pour la production d'engrais, d'acier, de verre, de ciment..., assure Juan del Valle, directeur de production d'Ad Astra Rocket, en soulignant que c'est la seule manière de décarboner ces industries.
Franklin Chang, ingénieur nucléaire de formation, aujourd'hui âgé de 71 ans, explique que "la production d'hydrogène vert est basée sur l'électrolyse de l'eau avec de l'électricité produite avec de l'énergie propre et renouvelable (solaire, éolienne, géothermique et issue de la biomasse), alors qu'au Costa Rica nous avons de l'eau et de l'électricité en abondance".
"L'hydrogène est une puissante source d'énergie, plus que l'essence ou les batteries", relève le scientifique. L'oxygène produit lors de l'électrolyse de l'eau est pour l'instant rejeté dans l'atmosphère, mais il pourrait avoir d'autres usages... par exemple être stocké pour les hôpitaux", s'enthousiasme-t-il.
- Soutien de la NASA -
Ad Astra Rocket produit de l'hydrogène avec de l'électricité générée par 40m2 de panneaux solaires et une éolienne, explique Franklin Chang, qui reconnaît que pour l'instant le coût de production est élevé.
C'est pourquoi il projette des unités industrielles de production.
Son entreprise, qui a aussi développé le moteur à plasma VASIMR pour les missions spatiales, a obtenu le soutien financier de la NASA. Des entreprises privées se sont aussi lancées dans l'aventure, comme Toyota, qui lui a donné les quatre premiers véhicules légers d'Amérique latine à fonctionner à l'hydrogène vert.
La ville de Connecticut, aux Etats-Unis, lui a donné un autobus à hydrogène baptisé Nyuti, étoile en langage autochtone à Guanacaste, où il a été testé comme véhicule de transport public.
Le plein d'hydrogène de ces véhicules prend entre cinq minutes et un quart d'heure dans la station-service d'Ad Astra Rocket.
Des pays latino-américains comme la Colombie et le Chili testent aussi cette technologie, mais, affirme M. Chang, le Costa Rica est pionnier et bénéficie de toutes les conditions pour être leader mondial comme producteur et exportateur. Ce gaz peut être déterminant pour la décarbonation de l'énergie d'ici 2050 sur une planète en surchauffe, conformément à l'objectif fixé par les Accords de Paris, souligne-t-il.
Le gouvernement costaricien s'est fixé un ambitieux plan de décarbonation et le président Carlos Alvarado a signé en décembre un décret pour promouvoir le développement de l'hydrogène vert.
"Les grandes économies sont loin de produire beaucoup d'électricité renouvelable. En revanche, le Costa Rica produit à 99,8% son électricité d'énergies renouvelables. C'est pour cela que nous sommes en avance. Nous avons même la capacité de produire encore plus d'électricité renouvelable", a insisté le président costaricien.
Selon une étude publiée l'année dernière par le consultant en énergie renouvelable Hinicio, le Costa Rica pourrait produire chaque année six millions de tonnes d'hydrogène vert, soit 8,5% de la demande mondiale actuelle.
L'Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et le Canada, notamment, seraient intéressés pour décarboner leur économie, assure M. Chang.
Des entreprises étrangères pourraient investir au Costa Rica pour produire le gaz ou de l'ammoniaque vert, a dit à l'AFP le vice-ministre costaricien de l'environnement et de l'énergie Rolando Castro.
Selon l'étude d'Hinicio, d'ici 2050, le secteur pourrait créer 221.000 emplois et contribuer chaque année pour 484 millions de dollars au PIB du pays.
<https://information.tv5monde.com/info/un-ex-astronaute-costaricain-veut-changer-son-pays-grace-l-hydrogene-vert-442875>
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17- En Europe, l'aide aux combustibles fossiles n'a pas diminué depuis plus de dix ans, Actu-environnement, 01/02/22
Félix Gouty 

Si l'Europe développe davantage les énergies renouvelables, elle continue pour autant de subventionner les énergies fossiles. Tel est le constat porté par un nouveau rapport de la Cour des comptes de l'Union européenne (UE). D'après son analyse, les subventions accordées aux combustibles fossiles par les États membres se situeraient, en moyenne, entre 2008 et 2019, à plus de 55 milliards d'euros par an. Les aides fournies aux énergies renouvelables, quant à elles, ont presque quadruplé en onze ans, passant de 20 à 78 milliards d'euros annuellement.
Selon la Cour des comptes de l'UE, quinze États membres – dont la France – financent davantage de subventions pour les combustibles fossiles que pour les énergies renouvelables. « Les États membres qui peinent à progresser dans la réalisation de leurs objectifs en matière d'énergies renouvelables consacrent moins de financements à celles-ci », explique l'organe européen. L'Hexagone, en particulier, est celui des 27 qui peine le plus en la matière. De plus, le cadre actuel de la taxation de l'énergie encourage encore, selon le rapport de la Cour, des sources d'énergie plus polluantes. « À titre d'exemple, le charbon est moins taxé que le gaz naturel et certains combustibles fossiles sont considérablement moins imposés que l'électricité, avance la Cour. En outre, alors qu'une majorité d'États membres impose des taxes élevées sur les carburants, certains maintiennent ces taxes à un niveau proche des minima établis par la directive, risquant ainsi de créer des distorsions sur le marché intérieur. »
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/europe-evolution-adides-combustribles-fossiles-39024.php4>
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18- Grand Paris : l’interdiction de certains véhicules polluants repoussée à 2023, Le Monde avec AFP, 02/02/22, 12h31 

Les véhicules concernés sont ceux classés Crit’Air 3, les voitures et utilitaires légers essence immatriculés avant le 1er janvier 2006, et les moteurs diesel immatriculés avant le 1er janvier 2011. 
Les propriétaires de véhicules classés « Crit’Air 3 » obtiennent au moins six mois de répit. Plusieurs milliers de véhicules devaient être interdits de rouler dans Paris et autour de la capitale, dans une zone délimitée par le tracé de l’autoroute 86 (A86), dès le mois de juillet.
Mais l’entrée en vigueur de la troisième étape de la zone à faibles émissions (ZFE) de la Métropole du Grand Paris (MGP), synonyme de restrictions de circulation élargies à de nouveaux véhicules polluants, est reportée de juillet 2022 à début 2023 au minimum.
« La prochaine étape de la ZFE métropolitaine sur laquelle les élus auront à se prononcer au printemps 2022 et qui consiste à limiter la circulation des véhicules les plus polluants au Crit’Air 3, à l’intérieur de l’autoroute A86, n’interviendra pas avant début 2023 », a fait savoir mardi 1er février la MGP dans un communiqué.
> Lire aussi Environnement : la voiture, un frein aux ambitions climatiques de la France
Ce report est lié, selon la Métropole, à l’attente de retours de l’Etat sur deux points : qu’il la reconnaisse « comme un territoire d’expérimentation pour la mise en œuvre d’un prêt à taux zéro afin de diminuer le reste à payer des ménages les plus modestes », qu’elle aide jusqu’à hauteur de 6 000 euros dans l’achat d’un véhicule plus propre, et l’homologation des radars pour pratiquer le « contrôle sanction automatisé ».
Le Crit’Air 3 concerne, pour les voitures et les utilitaires légers, les véhicules essence immatriculés avant le 1er janvier 2006, et les moteurs diesel immatriculés avant le 1er janvier 2011. Les deux-roues concernés sont ceux immatriculés avant le 1er janvier 2007. Pour les poids lourds, il s’agit des moteurs essence immatriculés avant le 1er octobre 2009 et diesel avant le 1er janvier 2014.
> Lire aussi « Pensez à covoiturer », « prenez les transports en commun » : de nouveaux messages obligatoires sur les publicités automobiles
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/grand-paris-l-interdiction-de-certains-vehicules-polluants-repoussee-a-2023_6111990_3244.html>
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19- La Commission européenne accorde un label « vert » au nucléaire et au gaz, malgré les protestations, Le Monde avec AFP, 02/02/22, 14h19 

Le texte, critiqué par de nombreuses ONG, doit aider à mobiliser des fonds privés vers des activités réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Il s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone de l’UE en 2050. 
La Commission européenne a annoncé, mercredi 2 février, la création d’un label « vert » controversé pour les centrales nucléaires et au gaz, reconnaissant, sous certaines conditions, leur contribution à la lutte contre le changement climatique. Le projet, qui divise les vingt-sept Etats membres de l’Union européenne (UE) a déjà provoqué la colère de nombreuses ONG environnementales et suscité les doutes du monde de la finance.
Dans la matinée, les commissaires européens ont approuvé, lors de leur réunion hebdomadaire, une liste de critères permettant de classer comme « durables » les investissements dans des centrales nucléaires ou au gaz pour la production d’électricité. Un privilège jusqu’ici réservé aux énergies renouvelables.
Le texte doit aider à mobiliser des fonds privés vers des activités réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Il s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone de l’UE en 2050.
> Lire aussi L’Europe toujours divisée sur son classement des activités durables
« Aujourd’hui, nous franchissons une nouvelle étape importante dans la transition » vers cet objectif. « Nous devons utiliser tous les outils à notre disposition, car nous avons moins de trente ans pour y parvenir », a déclaré la commissaire européenne aux services financiers, Mairead McGuinness, lors d’une conférence de presse.
La France, qui veut relancer sa filière nucléaire, source d’électricité décarbonée, et des pays d’Europe centrale, comme la Pologne ou la République tchèque, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon très polluantes, ont soutenu l’initiative.
Faire partie de cette classification permet une réduction des coûts de financement, cruciale pour les projets concernés et pour les Etats voulant les soutenir. Mais les écologistes dénoncent l’inclusion des centrales à gaz, émettrices de CO2, et du nucléaire, en raison de ses déchets radioactifs et du risque d’accident.
> Lire aussi l’éditorial du « Monde » du 4 janvier 2022 :  Energies « vertes » : un nécessaire compromis européen
Conditions strictes à la labellisation
Un groupe de pays – dont l’Autriche, le Luxembourg et l’Allemagne – a bataillé pour exclure l’atome. Berlin, qui a toujours recours aux centrales à charbon, mise sur l’essor des éoliennes et du solaire, ainsi que sur de nouvelles centrales au gaz pour assurer son approvisionnement, en dépit des critiques sur sa dépendance du marché russe. L’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède ont contesté le label « vert » pour le gaz dans une lettre commune.
Bruxelles répond que les énergies renouvelables, déjà labellisées par la Commission européenne et qui restent une priorité de la politique européenne, ne pourront pas, à elles seules, répondre à la demande croissante d’électricité, en raison de leur production intermittente. D’où le besoin, à titre transitoire, de favoriser aussi l’investissement dans des moyens stables et pilotables. L’exécutif européen fait valoir que le texte oblige les entreprises à déclarer l’ensemble de leurs activités gazières et nucléaires, permettant aux investisseurs qui le souhaitent de les exclure de leur portefeuille.
Le document avait été envoyé aux vingt-sept Etats de l’UE, le 31 décembre, dans la soirée. Il a peu évolué depuis, malgré les critiques.
Il impose des conditions strictes à la labellisation du nucléaire et du gaz, notamment une limitation dans le temps et l’obligation de recours aux meilleures technologies disponibles.
> Lire la tribune : Nucléaire : « La Commission européenne semble reprendre d’une main ce qu’elle a donné de l’autre »
Pour la construction de nouvelles centrales atomiques, les projets devront avoir obtenu un permis de construire avant 2045. Les travaux permettant de prolonger la durée de vie des centrales existantes devront avoir été autorisés avant 2040.
Concernant le gaz, la Commission impose un plafond d’émissions de CO2 : moins de 100 g par kWh, un seuil inatteignable avec les technologies actuelles selon des experts. Mais, une période de transition est prévue, et les centrales obtenant leur permis de construire avant le 31 décembre 2030, verront ce seuil relevé à 270 g, à condition qu’elles remplacent des infrastructures beaucoup plus polluantes.
Durant une période de quatre mois (qui pourra être prolongée de deux mois), à partir de mercredi, le Parlement européen pourra rejeter le texte par un vote à la majorité simple. Le Conseil européen pourrait aussi théoriquement s’y opposer, à condition de réunir vingt Etats membres, ce qui paraît hors de portée.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/malgre-les-protestations-la-commission-europeenne-accorde-un-label-vert-au-nucleaire-et-au-gaz_6112017_3244.html>
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20- Décryptage. Pour la Commission européenne, le gaz et le nucléaire peuvent accompagner la transition écologique, Le Monde, maj le 03/02/22 à 03h22 
Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen)

Après des mois de report et de négociations, l’instance a publié, mercredi, son classement des activités « vertes ». Il intègre le gaz et le nucléaire, sous conditions, soulevant le mécontentement des ONG environnementales. 
Jusqu’au bout, la question de savoir si le gaz et le nucléaire doivent être considérés comme « durables » a empoisonné la vie de la Commission européenne. Après plusieurs reports, l’exécutif communautaire a fini par publier, mercredi 2 février, son acte délégué – l’équivalent européen d’un décret – sur la taxonomie, qui reconnaît leur contribution, sous certaines conditions, à la lutte contre le réchauffement climatique.
En plein essor de la finance verte, le texte, qui propose un classement des activités susceptibles d’accompagner la transition écologique, doit aider à mobiliser des fonds privés vers des activités permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, alors que les Européens se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. S’ils veulent tenir leur promesse, il leur faudra, en effet, investir 350 milliards d’euros par an et, comme le souligne la Commission, « il n’y a pas beaucoup d’argent public pour ça ».
> Lire aussi L’Europe toujours divisée sur son classement des activités durables
Même le collège de la Commission, qui rassemble sa présidente, Ursula von der Leyen, et les vingt-six autres commissaires, s’est largement divisé sur le sujet. Là où d’ordinaire cette enceinte prend des décisions au consensus, ils ont été trois à voter, mercredi, contre l’acte délégué : l’Autrichien Johannes Hahn, chargé du budget, l’Espagnol Josep Borrell, haut représentant des Vingt-Sept pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et la Portugaise Elisa Ferreira, responsable de la cohésion et des réformes.
Réduire l’empreinte carbone des Vingt-Sept
Le Luxembourgeois Nicolas Schmit, chargé de l’emploi, et le Lituanien Virginijus Sinkevicius, de l’environnement, étaient absents. Mais, lundi, leurs chefs de cabinet, lors d’une réunion consacrée à la taxonomie avec leurs homologues, avaient fait valoir leurs réticences. Tout comme les collaborateurs des deux vice-présidents de la Commission, la Danoise Margrethe Vestager et le Néerlandais Frans Timmermans. Le chef de cabinet de l’Italien Paolo Gentiloni, chargé de l’économie, a également fait part, à cette occasion, des doutes de son supérieur.
« Nous avons moins de trente ans » pour mettre en œuvre l’accord de Paris et le gaz comme le nucléaire « aident à la transition », argue la commissaire aux services financiers, Mairead McGuinness, pour défendre le choix de l’exécutif communautaire d’intégrer ces deux énergies à la taxonomie.
> Lire l’éditorial :  Energies « vertes » : un nécessaire compromis européen
Certes, ni le nucléaire, dont l’exploitation génère des déchets hautement radioactifs, ni le gaz, qui émet du CO2, « ne sont verts ou durables », admet la Commission. Mais, dans une Europe où 15 % de la production d’électricité provient encore des centrales à charbon et où les énergies renouvelables ne garantissent pas un approvisionnement stable, ils permettent de réduire l’empreinte carbone des Vingt-Sept. « C’est sans doute imparfait, mais c’est une solution », lance Mairead McGuinness, qui rappelle les conditions qui accompagnent l’octroi du label « vert » à ces deux énergies.
Un « succès » pour l’Elysée
Les investissements dans une centrale à gaz seront jugés durables si le permis de construire a été délivré avant 2030. Il faudra aussi que celle-ci remplace une centrale à charbon et qu’elle émette moins de 270 grammes de CO2 par kilowattheure (ou moins de 550 kg équivalent CO2 par kilowattheure par an, et ce pendant vingt ans). Enfin, en 2035, elle devra fonctionner avec du gaz renouvelable ou de l’hydrogène.
Les investissements dans le nucléaire, pour leur part, bénéficieront du label « vert » s’ils financent des travaux de modernisation de centrales qui auront obtenu un permis avant 2040 ou la construction de réacteurs de troisième génération qui aura été autorisée avant 2045. « Pour le gaz, il y a une échéance. Pas pour le nucléaire, dont certaines centrales seront encore en activité dans plus de cent ans… Cent ans, on ne peut pas parler de transition », confiait récemment au MondeJohannes Hahn.
> Lire la tribune : Nucléaire : « La Commission européenne semble reprendre d’une main ce qu’elle a donné de l’autre »
En 2050, la Commission prévoit que le nucléaire représentera encore 15 % de la production d’électricité en Europe, contre 26 % aujourd’hui. « En valeur absolue, c’est une hausse, car les besoins en électricité auront doublé d’ici là », décrypte le commissaire au marché intérieur, le Français Thierry Breton.
Pour la France, c’est « un succès », se réjouit l’Elysée. A l’heure où Paris veut relancer le nucléaire et à moins de trois mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron n’a en tout cas pas ménagé son énergie pour défendre la cause de l’atome. Après Fukushima, « on a désespéré la filière pendant dix ans, là on envoie un message au marché que ce secteur a une perspective », ajoute une source française.
Retour en grâce de l’atome
Les antinucléaires – l’Autriche, le Luxembourg et l’Allemagne, mais aussi l’Espagne et le Danemark – ont tenté d’organiser la contre-offensive. Mais le retour en grâce de l’atome sur le Vieux Continent, alors que les prix de l’énergie flambent et que l’urgence climatique s’est installée, a affaibli leurs arguments. « Les choses ont changé », juge Thierry Breton : il y a deux ans, « le mot nucléaire était un repoussoir dans la bulle bruxelloise. Je ne voulais pas heurter, je parlais d’énergie de transition décarbonée… »
Qui plus est, plusieurs Etats membres en Europe centrale et orientale, au premier rang desquels la Pologne, dont les économies restent très dépendantes du charbon, ont trouvé leur intérêt dans un texte qui doit les aider à se reconvertir dans le gaz et conclu une sorte de pacte de non-agression avec Paris. Les antigaz (Autriche, Danemark, Pays-Bas, Suède, Espagne, Luxembourg) ont vite compris qu’ils étaient isolés.
> Lire aussi En Allemagne, une sortie du charbon toute en contradictions
D’autant que Berlin, qui a acté sa sortie du nucléaire et a besoin de cette énergie fossile, n’était pas à leur côté. Finalement, même s’il ne soutient pas le projet de taxonomie de la Commission, qui divise trop sa coalition, le chancelier Olaf Scholz a décidé de ne pas en faire un casus belli et de laisser Bruxelles avancer. Au passage, il a obtenu quelques concessions de dernière minute de l’exécutif européen, qui a allégé les conditions de l’inclusion du gaz dans la taxonomie.
Dans ce contexte, les opposants au texte de la Commission n’ont aucune chance de rassembler la majorité qualifiée de vingt Etats membres représentant 65 % de la population européenne qu’il leur faudrait. Reste la voie juridique que Vienne compte utiliser : « Si cette taxonomie prend effet, alors nous lancerons une procédure devant la Cour de justice de l’UE », a déclaré, mercredi, la ministre autrichienne de l’environnement, Leonore Gewessler, affirmant que le Luxembourg se joindrait à cette plainte.
« Greenwashing » et « tentative de hold-up »
Le Parlement européen peut s’opposer à l’acte délégué sur la taxonomie par une majorité simple et l’état des forces à ce stade ne rend pas la chose inenvisageable. Les Verts sont hostiles au texte, comme la gauche radicale (GUE), une grande partie des sociaux-démocrates des S&D et même quelques élus libéraux de Renew (dont les macronistes constituent la principale délégation). Certains conservateurs du PPE, qui est favorable à la philosophie de l’acte délégué, pourraient aussi être tentés de marquer leur désaccord. Notamment au sein des eurodéputés CDU-CSU allemands, qui ont rejoint l’opposition à Berlin depuis le départ de l’ancienne chancelière, Angela Merkel. D’ailleurs, l’un d’entre eux, Markus Ferber, a prévenu qu’un vote à Strasbourg ne serait « en aucun cas un exercice infaillible »…
Les ONG, elles, ont largement fait entendre leur mécontentement mercredi. A l’instar de Greenpeace, qui a dénoncé « le plus grand exercice de greenwashing de tous les temps » et « une tentative de hold-up », alors qu’« on essaie de détourner des milliards d’euros qui étaient destinés aux renouvelables ».
> Lire aussi Laurence Tubiana : « Le “greenwashing” est aujourd’hui le nouveau déni climatique »
Elles en appellent désormais au secteur financier, en espérant qu’il boudera la taxonomie communautaire. « Heureusement, des investisseurs savent qu’ils ne pourront convaincre leurs clients de mettre leur argent au service de la transition si les fonds étiquetés durables contiennent du gaz et du nucléaire », avance Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance. Ces dernières semaines, des professionnels de la finance durable ainsi que des acteurs financiers plus traditionnels ont fait entendre leurs critiques.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/pour-la-commission-europeenne-le-gaz-et-le-nucleaire-peuvent-accompagner-la-transition-ecologique_6112074_3244.html>
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21- L'inclusion du gaz et du nucléaire dans la taxonomie européenne déclenche une colère unanime, Novethic, 03/02/22
Concepcion Alvarez

La Commission européenne est restée indifférente aux nombreuses critiques qui ont émané de toutes parts, et pas seulement des ONG environnementales, autour de l'inclusion du gaz et du nucléaire dans le projet de taxonomie verte, dont la version définitive a été présentée le 2 février. Ces énergies "de transition" sont considérées par Bruxelles comme permettant de lutter contre le changement climatique. La taxonomie doit permettre d'orienter les financements privés pour atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050. 
Fiasco, hold-up, écoblanchiment, fraude, greenwashing : voici comment de nombreux spécialistes qualifient le projet définitif de taxonomie verte présentée par la Commission européenne mercredi 2 février. Malgré l’appel d’investisseurs, de scientifiques, de députés européens, de think tanks et même de la Banque européenne d'investissement à ne pas inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie, la Commission a gardé sa position, considérant que ces énergies "de transition" peuvent contribuer à la lutte contre le changement climatique, au risque de saper l’ambition environnementale de l’Union européenne. 
"Ces dernières semaines, nous avons entendu le secteur financier, les scientifiques et les experts de la finance durable réclamer une taxonomie européenne fondée sur la science. Au lieu d'écouter, la Commission européenne a encore affaibli les critères. Étiqueter le gaz comme "vert" est de l'écoblanchiment. Le secteur financier a besoin de clarté : ce faible engagement sur le gaz sape toutes les ambitions de l'UE pour la taxonomie et conduira les investisseurs à rechercher des critères scientifiques plus fiables", a réagi Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat. "La seule chose pire que le greenwashing par des particuliers, c'est le greenwashing par des entités publiques et par la loi" renchérit Thierry Philipponnat, économiste en chef chez Finance Watch.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/energie/energies-fossiles/isr-rse/le-classement-du-gaz-et-du-nucleaire-comme-energies-de-transition-par-bruxelles-qualifie-d-ecoblanchiment-150548.html>
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22- « Le nucléaire n’est pas sûr, bon marché et propre » : la lettre de politiques japonais contre le label « vert » européen embarrasse Tokyo, Le Monde, 04/02/22, 13h45
Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)

La démarche de cinq ex-premiers ministres coïncide avec la plainte déposée contre Tepco, opérateur de la centrale de Fukushima Daiichi, par six habitants de Fukushima, à qui on a diagnostiqué un cancer de la thyroïde entre 2012 et 2018. 
Les critiques formulées dans une lettre par cinq anciens premiers ministres japonais contre l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie « verte » européenne irritent le gouvernement nippon, partisan de la relance de la filière de l’atome. L’actuel chef du gouvernement, Fumio Kishida, a qualifié, jeudi 3 février, la missive d’« inappropriée ». Le même jour, Masao Uchibori, gouverneur du département de Fukushima (Nord-Est, théâtre de la catastrophe nucléaire de mars 2011) et proche des autorités, a regretté la mention « incorrecte » disant que « de nombreux enfants [souffraient] de cancers de la thyroïde » à cause de la catastrophe.
> Lire aussi Dix ans après Fukushima, les évacués confrontés au dilemme du retour
Daté du 27 janvier, le courrier adressé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est signé par Morihiro Hosokawa (1993-1994), Tomiichi Murayama (1994-1996), Junichiro Koizumi (2001-2006), Yukio Hatoyama (2009-2010) et Naoto Kan (2010-2011). Rappelant les catastrophes de Three Mile Island, aux Etats-Unis, en mars 1979, de Tchernobyl (Ukraine), en avril 1986, et de Fukushima – à l’origine de l’évacuation de nombreux habitants, de la contamination d’étendues agricoles et donc de cancers de la thyroïde des enfants –, les signataires notent que ces drames ont « prouvé, et ce au prix fort, que le nucléaire n’était pas sûr ».
> Lire aussi Le nucléaire, priorité réaffirmée du Japon pour atteindre la neutralité carbone
Au Club des correspondants de la presse étrangère, le même jour à Tokyo, M. Koizumi a ajouté que le drame de Fukushima avait montré que « le nucléaire n’[était] pas sûr, bon marché et propre ». « Il y a suffisamment d’énergies renouvelables pour répondre aux besoins », a renchéri M. Kan, lequel a rappelé l’évacuation envisagée de Tokyo après l’accident. « Si une telle catastrophe se produisait en France, Paris devrait être évacué pendant cinquante, voire cent ans. »
« Procédures de dépistage ultrasensibles »
La démarche des ex-premiers ministres coïncidait avec la plainte déposée contre la Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco, opérateur de Fukushima Daiichi) par six habitants de Fukushima. Agés de 6 à 16 ans en 2011, ils se sont vu diagnostiquer un cancer de la thyroïde entre 2012 et 2018.
L’enquête menée par le département de Fukushima et portant sur 380 000 résidents de moins de18 ans au moment du sinistre a révélé un taux d’occurrence de cancers de la thyroïde à 77 pour 100 000 personnes, plus élevé que le taux habituel de 1 à 2 par million, selon les avocats des plaignants.
En mars 2021, le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants a attribué cette forte proportion aux « procédures de dépistage ultrasensibles, qui ont révélé la prévalence d’anomalies thyroïdiennes dans la population non détectées auparavant ». Un argument repris par le département de Fukushima.
Ces débats émergent alors que Tokyo poursuit sa politique d’incitation au retour dans les zones évacuées de Fukushima et promeut le nucléaire, considéré par le ministre de l’économie, Koichi Hagiuda, comme « indispensable » pour un approvisionnement stable, « tout en luttant contre le changement climatique ».
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/04/les-critiques-de-cinq-ex-premiers-ministres-nippons-contre-la-politique-nucleaire-europeenne-embarrassent-tokyo_6112332_3234.html>
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23- Pérou : Repsol promet de finir en mars le nettoyage des côtes souillées de pétrole, AFP, 04/02/22, 14:00
Carlos Mandujano

La compagnie pétrolière espagnole Repsol a promis jeudi de terminer en mars les opérations de nettoyage des côtes péruviennes souillées par une nappe de pétrole.
"Nous estimons que si les conditions météorologiques le permettent, ce sera à la mi-mars" que prendront fin le nettoyage des plages et des îles touchées par cette marée noire de quelque 12.000 barils de pétrole brut, a indiqué à la presse le directeur de la Sécurité environnementale de Repsol, l'Espagnol José Terol.
Ce dernier, qui dirige ces opérations de nettoyage, a toutefois expliqué que dans des zones plus difficiles d'accès, le travail prendrait plus de temps.
"A la mi-février, il n'y aura plus de nappes de pétrole en mer. Dans un scénario optimiste, les opérations dans les zones difficiles prendront fin à la fin mars", a-t-il assuré.
Le 15 janvier, une fuite de pétrole s'est produite pendant le déchargement d'un tanker dans la raffinerie de La Pampilla, propriété du groupe pétrolier espagnol Repsol, située à 30 km au nord de Lima. 
La nappe de pétrole a été poussée par les courants jusqu'à 140 km au nord de la raffinerie. 
Elle a entraîné la mort de milliers de poissons et d'oiseaux marins et mis des centaines de pêcheurs artisanaux au chômage. 
En plein milieu de l'été austral, le secteur touristique de la zone est également touché de plein fouet. 
- "Repsol assassin" -
Pendant la conférence de presse du responsable de Repsol, des dizaines de commerçants d'Ancon, une populaire ville balnéaire située à 20 km au nord de la raffinerie, ont manifesté leur mécontentement.
"Repsol assassin" ou "Repsol il faut réparer", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par ces manifestants.
"La raison de cette manifestation c'est que nous sommes sans travail à cause de cette pollution de la mer d'Ancon", a dit à l'AFP Miguel Basurto, un chauffeur de taxi à moto âgé de 53 ans.
"Nous sommes indignés parce que nous ne recevons aucun soutien de Repsol. Ils s'en lavent les mains et s'en vont en nous laissant toute cette pollution qui affecte les enfants et les personnes âgées", a-t-il ajouté.
La raffinerie rejette la responsabilité de l'accident sur la forte houle présente en mer ce jour-là après la puissante éruption volcanique aux îles Tonga qui a provoqué un tsunami dans le Pacifique. Ses responsables affirment que les autorités maritimes péruviennes n'avaient pas émis d'alerte. 
Dans une décision rendue vendredi dernier, la justice péruvienne a interdit à quatre responsables du groupe Repsol, dont son président au Pérou, l'Espagnol Jaime Fernandez-Cuesta Luca de Tena, de sortir du pays pendant 18 mois, le temps de poursuivre l'enquête sur la marée noire. 
"La demande du parquet est fondée", a déclaré le juge Romualdo Aguedo au cours d'une audience en ligne, validant cette décision.
"Nous continuerons à coopérer pleinement à toute enquête pénale, comme nous le faisons avec l'enquête préliminaire en cours", a réagi le groupe espagnol depuis Madrid dans un courrier électronique envoyé à l'AFP. 
"Notre principale préoccupation est le nettoyage de l'environnement. Repsol concentre tous ses efforts dans les travaux de nettoyage avec la plus grande célérité pour progresser dans les zones affectées", a-t-il ajouté. 
Le centre d'opérations de Repsol travaille jour et nuit, appuyé par 18 satellites qui prennent des photos de la nappe de pétrole, a assuré la compagnie espagnole depuis le Pérou.
"Le dispositif opérationnel atteint près de 3.000 personnes", dont 2.400 à terre, 500 en mer et 90 dans le centre lui-même, a précisé M. Terol devant la presse, ajoutant que 32% du pétrole avait été récupéré jusqu'à présent.
<https://information.tv5monde.com/info/perou-repsol-promet-de-finir-en-mars-le-nettoyage-des-cotes-souillees-de-petrole-443311>
Sur le même sujet :
> Au Pérou, des manchots touchés par la marée noire retrouvent des forces <https://information.tv5monde.com/info/au-perou-des-manchots-touches-par-la-maree-noire-retrouvent-des-forces-443369>, AFP, 04/02/22,  15:00
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24- Taxonomie verte : les investisseurs mettent en garde contre le label « vert » pour le gaz, EurActiv, 04/02/22
Kira Taylor | translated by Charles Szumski

Des groupes d’investisseurs ont critiqué le projet de la Commission européenne d’étiqueter les projets relatifs au gaz fossile comme «  verts  » dans le cadre de la taxonomie verte de l’UE, estimant que cela va à l’encontre de l’objectif du guide d’investissement de promouvoir les activités respectueuses du climat.
Le gaz fossile ne doit pas être considéré comme vert et l’étiqueter comme tel va semer la confusion dans l’esprit des investisseurs, préviennent l’Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC), une puissante coalition de fonds de pension et de gestionnaires d’actifs, et Eurosif, une organisation européenne qui promeut les investissements durables.
«  Il est décevant que le gaz naturel ait été inclus dans le champ d’application de la taxonomie. La taxonomie — qui est censée être la pierre angulaire du programme de l’UE en matière de finance durable — risque maintenant de compromettre une voie crédible vers la neutralité carbone », a déclaré Stephanie Pfeifer, PDG de l’IIGCC, dont les membres gèrent 50 000 milliards d’euros d’actifs.
«  Pour les investisseurs institutionnels, l’inclusion du gaz naturel envoie des messages contradictoires et aura un impact négatif sur leur capacité à aligner leurs portefeuilles sur la neutralité carbone », a-t-elle ajouté.
De son côté, Eurosif avertit que l’inclusion du gaz fossile et de l’énergie nucléaire dans la taxonomie aura très probablement «  un impact négatif sur la crédibilité et l’utilité du cadre pour les investisseurs durables  ».
Les deux groupes préviennent que l’attribution du label vert au gaz fossile laissera les investisseurs sans guide crédible sur les investissements durables — le rôle même pour lequel la taxonomie a été créée.
«  Les investisseurs peuvent maintenant avoir besoin d’envisager d’aller plus loin que ce que la taxonomie exige afin de s’aligner sur la neutralité carbone. Nous allons travailler avec eux sur ce qui est nécessaire pour un plan de transition crédible via le cadre d’investissement qui promeuvent la neutralité carbone», a déclaré Mme Pfeifer.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/energie/news/taxonomie-verte-les-investisseurs-mettent-en-garde-contre-contre-le-label-%E2%80%89vert%E2%80%89-pour-le-gaz/>
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En audio
25- Podcast. L’énergie nucléaire est-elle devenue incontournable ?, Le Monde, 04/02/22, 09h35
Adèle Ponticelli

Le nucléaire est-il nécessaire pour lutter contre la crise climatique ? L’atome entre-t-il en concurrence avec les énergies renouvelables ? Est-ce une énergie dangereuse ? Et comment se positionnent les candidats à l’élection présidentielle sur ce sujet ? Perrine Mouterde, journaliste chargée de la rubrique nucléaire, décrypte dans ce podcast le retour en grâce de l’atome. 
> Podcast à écouter à :
<https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2022/02/04/l-energie-nucleaire-est-elle-devenue-incontournable_6112258_5463015.html>
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En images
26- Portugal : discorde autour d’une mine de lithium, France 2, journal de 20h, 29/01/22

Le lithium, dont le prix a augmenté de plus de 400% l’an dernier, fait partie des minéraux les plus recherchés aujourd’hui, car il est nécessaire à la production des batteries électriques de demain. C’est un gisement situé au Portugal qui attire toute l’attention.
Covas Do Barroso, au nord du Portugal, est une vallée classée au patrimoine agricole mondial. Chaque jour depuis 30 ans, Paolo vient faire paître ses brebis sur ces terres. Ce paysage est désormais menacé. Dans son sol, se cache une ressource qui attise les convoitises : deux millions de tonnes de minerais riches en lithium.
Pour certains géologues, la vallée détient un trésor
Covas Do Barroso pourrait bientôt abriter la plus grande mine de lithium en Europe. C’est un minerai très recherché, présenté dans une vidéo de promotion comme cruciale dans la transition énergétique. Le lithium est indispensable au fonctionnement des batteries électriques et donc à un avenir plus vert. Pour certains géologues, la vallée détient un trésor. Pour extraire le lithium, le projet prévoit un cratère de 300 mètres de profondeur : une exploitation de plus de 500 hectares.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/portugal-discorde-autour-dune-mine-de-lithium_4934213.html>
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27- Énergie : les pompes à chaleur permettent-elles de faire des économies ?, France 2, journal de 20h, 31/01/22

Face à la hausse des prix du fioul, du gaz et de l'électricité, il existe quelques parades, comme le recours aux pompes à chaleur. Elles puisent l'énergie dans l'air extérieur et la transforment en chaleur à l'intérieur. Si leur installation a un certain prix, elles peuvent permettre de réduire sa facture de moitié.
Pour se chauffer, de plus en plus de Français se détournent du fioul, du gaz ou de l'électricité dont les prix sont toujours plus élevés. Une solution tire son épingle du jeu : les pompes à chaleur. Son marché est en plein essor : les ventes ont augmenté de 70% en trois ans. Les propriétaires qui en installent peuvent espérer faire baisser leur facture d'énergie d'au moins 300 euros par an par rapport à une chaudière à gaz, par exemple.
Réaliser plusieurs devis
Le système comprend un module extérieur qui fonctionne comme un frigo inversé. À partir d'air froid capté par la soufflerie, la pompe électrique produit de l'air chaud insufflé directement dans la maison ou via le circuit d'eau qui alimente les radiateurs ou un plancher chauffant. L'investissement de départ est néanmoins élevé : près de 14 000 euros pour le propriétaire interrogé par France 2. C'est pourquoi il faut faire attention aux offres alléchantes et réaliser plusieurs devis auprès d'artisans qualifiés avant d'investir dans une pompe à chaleur. Le professionnel doit également étudier sérieusement le logement : s'il est mal isolé, la pompe à chaleur n'est pas recommandée.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/energie-les-pompes-a-chaleur-permettent-elles-de-faire-des-economies_4936163.html>
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