[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (vendredi 11 février)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 11 Fév 07:55:40 CET 2022


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Les néonicotinoïdes à nouveau autorisés temporairement dans les champs de betteraves sucrières <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/01/les-neonicotinoides-a-nouveau-autorises-temporairement-dans-les-champs-de-betteraves-sucrieres_6111846_3244.html>, Le Monde avec AFP, 01/02/22, 12h29 
2- En bref. L’Union européenne limite l’usage des antibiotiques en élevage <https://reporterre.net/L-Union-europeenne-limite-l-usage-des-antibiotiques-en-elevage>, Reporterre, 01/02/22, 16h55
3- Pesticides : les objectifs du Pacte vert européen sont menacés <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/pesticides-les-objectifs-du-pacte-vert-europeen-sont-menaces_6111969_3244.html>, Le Monde, 02/02/22, 10h31 
4- Abeilles et pesticides : un taux de mortalité « acceptable » proposé <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/abeilles-et-pesticides-un-taux-de-mortalite-acceptable-propose_6111980_3244.html>, Le Monde, 02/02/22, 10h50
5- Jean Castex annonce un développement du stockage de l’eau pour l’agriculture <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/jean-castex-annonce-un-developpement-du-stockage-de-l-eau-pour-l-agriculture_6111986_3244.html>, Le Monde, 02/02/22, 11h15 
6- La cellule Déméter, surveillant les « atteintes au monde agricole », est en partie dans l’illégalité selon la justice administrative <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/la-cellule-demeter-surveillant-les-atteintes-au-monde-agricole-est-en-partie-dans-l-illegalite-selon-la-justice-administrative_6111988_3244.html>, Le Monde, 02/02/22, 15h00 
7- Une BD pour se familiariser à l’agroécologie <https://theconversation.com/une-bd-pour-se-familiariser-a-lagroecologie-174050>, The Conversation, 02/02/22, 19:37
8- Brésil : déforestation record en Amazonie en janvier <https://www.geo.fr/environnement/bresil-deforestation-record-en-amazonie-en-janvier-199820>, AFP, 02/02/22, 20:00
9- Un « plan alimentaire territorial » pour la Seine-Saint-Denis, département parmi les plus peuplés et urbanisés de France <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/03/un-plan-alimentaire-territorial-pour-la-seine-saint-denis-departement-parmi-les-plus-peuples-et-urbanises-de-france_6112236_3244.html>, Le Monde, maj le 04/02/22 à 10h01 
10- Golfe de Gascogne : des dizaines de milliers de poissons morts, le gouvernement demande une enquête <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/04/des-milliers-de-poissons-morts-decouverts-dans-le-golfe-de-gascogne_6112345_3244.html>, Le Monde, 04/02/22, 15h50
11- L’Islande compte cesser la chasse à la baleine à partir de 2024 <https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/04/l-islande-compte-cesser-la-chasse-a-la-baleine-a-partir-de-2024_6112355_3210.html>, Le Monde avec AFP, 04/02/22, 15h57 
12- Golfe de Gascogne : la thèse d’un « rejet » de milliers de poissons récusée par le navire impliqué <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/05/golfe-de-gascogne-la-these-d-un-rejet-de-milliers-de-poissons-recusee-par-le-navire-implique_6112412_3244.html>, Le Monde, 05/02/22, 02h48 
13- Chronique. Le glyphosate, l’expertise et la défiance <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/05/galvauder-l-autorite-de-la-science-pour-defendre-des-decisions-politiques-ou-des-interets-particuliers-est-l-un-des-creusets-de-la-defiance_6112479_3232.html>, Le Monde, maj le 06/02/22 à 00h52 
14- Reportage. En Gambie, la petite ville côtière de Gunjur se bat contre une usine chinoise de farine de poisson <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/07/en-gambie-la-petite-ville-cotiere-de-gunjur-se-bat-contre-une-usine-chinoise-de-farine-de-poisson_6112693_3212.html>, Le Monde Afrique, 07/02/22, 18h00 
15- Protestations contre le rôle de l’Inrae dans la réautorisation des néonicotinoïdes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/08/protestations-contre-le-role-de-l-inrae-dans-la-reautorisation-des-neonicotinoides_6112778_3244.html>, Le Monde, 08/02/22, 11h08
16- La famine menace 13 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/08/la-famine-menace-13-millions-de-personnes-dans-la-corne-de-l-afrique_6112797_3212.html>, Le Monde Afrique avec AFP, 08/02/22, 12h04 
17- Chlordécone aux Antilles : deux plaintes d’associations jugées irrecevables <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/08/chlordecone-aux-antilles-deux-plaintes-d-associations-jugees-irrecevables_6112839_3244.html>, Le Monde avec AFP, 08/02/22, 18h44
En images
18- Agriculture : les exploitations réduisent progressivement l’utilisation de glyphosate <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-les-exploitations-reduisent-progressivement-lutilisation-de-glyphosate_4942929.html>, France 2, journal de 13h, 04/02/22
19- Golfe de Gascogne : un navire lituanien a-t-il rejeté volontairement 100 000 poissons morts ? <https://www.francetvinfo.fr/animaux/bien-etre-animal/golfe-de-gascogne-un-navire-lituanien-a-t-il-rejete-volontairement-100-000-poissons-morts_4943337.html>, France 2, journal de 20h, 04/02/22

Bien à vous,
Florence

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CONTESTATION DU JOUR : La réautorisation partielle des néonicotinoïdes ne suscite pas seulement l’émoi des apiculteurs et des associations de protection de l’environnement, elle agite aussi les milieux scientifiques. (cf. item 1, 15 & suite)
DÉCISIONS DU JOUR : — L’usage des antibiotiques en élevage va désormais être plus étroitement encadré. C’est ce que prévoient les nouvelles règles européennes entrées en vigueur le 28 janvier. (cf. item 2)
— Le premier ministre a annoncé la nomination, pour trois ans, d’un délégué interministériel chargé de veiller à l’application d’une série de mesures destinées à sécuriser la disponibilité, et donc le stockage, de l’eau pour les exploitants agricoles. (cf. item 5)
— Le tribunal administratif de Paris a jugé que prévenir des « actions de nature idéologique » ne pouvait relever des missions de la gendarmerie. Le périmètre de la cellule d’enquête Demeter sera précisé dans un nouveau texte du gouvernement. (cf. item 6)
— Face à une demande au plus bas, l’Islande, un des trois derniers pays au monde à encore pratiquer la pêche à la baleine avec la Norvège et le Japon, compte cesser l’activité à partir de 2024. (cf. item 11)
— La Cour de justice de la République (CJR) a déclaré irrecevables les plaintes déposées par deux associations contre d’anciens ministres dans le dossier de l’utilisation du chlordécone aux Antilles. (cf. item 17)
TOLÉRANCE INTOLÉRABLE DU JOUR : L'eurodéputé Pascal Canfin (Renew), président de la commission environnement du Parlement, assure que « la protection de toutes les abeilles et pollinisateurs est un combat majeur du Parlement européen depuis 2019, et en particulier l’un des [s]iens : [ils] n’accepteron[t] pas de méthodologie d’évaluation de la dangerosité des pesticides au rabais ». (cf. item 4)
MENACES DU JOUR : — Une dizaine d’Etats de l’Union européenne veulent empêcher la transparence sur les quantités de pesticides utilisées. (cf. item 3)
— Au Kenya, en Somalie et en Ethiopie, 13 millions de personnes  sont confrontées à une famine grave, alors que la Corne de l’Afrique connaît sa pire sécheresse depuis des décennies, a indiqué le Programme alimentaire mondial (PAM). (cf. item 16)
CHIFFRE DU JOUR : La déforestation en Amazonie brésilienne a plus que doublé en janvier par rapport au même mois de l'an dernier (+108%), avec plus de 280 km2 déboisés, un record, d'après les données officielles préliminaires rendues publiques. (cf. item 8)
REJETS OU ACCIDENT : L’ONG Sea Shepherd a dévoilé des images d’un gigantesque banc de poissons morts au large de La Rochelle (Charente-Maritime). Le bateau-usine « Margiris » a reconnu avoir subi un « accident » mais dément s’être volontairement débarrassé de milliers de merlans bleus. (cf. item 10, 12 & 19)
REPORTAGE DU JOUR : Au sud de Banjul, la capitale de la Gambie, les habitants de petite ville côtière de Gunjur subissent la pollution d’une installation de l’entreprise de farine de poisson chinoise, Golden Lead. (cf. item 14)
INITIATIVES DU JOUR : — La Seine-Saint-Denis a lancé un projet associant opérateurs publics, entreprises sociales et associations, afin de relocaliser l’activité agricole et faciliter l’accès à une alimentation saine pour tous. (cf. item 9)
— Comment intéresser le grand public aux enjeux climatiques du secteur agricole ? À l’aide de la bande dessinée, plus précisément une BD interactive, intitulée Une question à un million disponible sur le site de l’illustratrice Caroline Gaujour. (cf. item 7)
ALTERNATIVE DU JOUR : Gaylord Couture, céréalier en Normandie, a baissé de plus d’un tiers le recours aux produits phytosanitaires dans son exploitation, sans baisse de rendements pour l’instant. (cf. item 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Les néonicotinoïdes à nouveau autorisés temporairement dans les champs de betteraves sucrières, Le Monde avec AFP, 01/02/22, 12h29 

L’arrêté autorise, au titre de la campagne 2022 et pour une durée de 120 jours, l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des néonicotinoïdes très controversés. 
Les pesticides « tueurs d’abeilles » reviennent. L’utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des néonicotinoïdes, insecticides aux effets néfastes pour les abeilles, est autorisée pour la campagne 2022 en France, selon un arrêté publié mardi 1er février par le Journal officiel.
Cette nouvelle dérogation, après une mesure similaire en 2021, était très attendue par la filière en l’absence de solution de remplacement efficace pour lutter contre la jaunisse, qui avait entraîné, en 2020, la destruction d’un tiers de la récolte de betteraves sucrières et 280 millions d’euros de pertes au secteur.
L’arrêté autorise, au titre de la campagne 2022 et pour une durée de 120 jours, l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des « substances actives imidaclopride ou thiamethoxam », des néonicotinoïdes très controversés. L’arrêté est accompagné de restrictions sur les cultures qui peuvent être implantées les années suivantes, afin de réduire l’exposition des insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de ces produits.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/01/les-neonicotinoides-a-nouveau-autorises-temporairement-dans-les-champs-de-betteraves-sucrieres_6111846_3244.html>
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2- En bref. L’Union européenne limite l’usage des antibiotiques en élevage, Reporterre, 01/02/22, 16h55

L’usage des antibiotiques en élevage va désormais être plus étroitement encadré. C’est ce que prévoient les nouvelles règles européennes, entrée en vigueur vendredi 28 janvier.
L’association CIWF (Compassion in World Farming), qui lutte pour des conditions dignes d’élevage, se réjouit de ce règlement qui interdit désormais l’utilisation des antibiotiques en élevage « en préventif », « en routine », ou « pour compenser de mauvaises conditions d’hygiène, des conditions d’élevage inappropriées ou un manque de soins, ou pour compenser une mauvaise gestion de l’exploitation », précise le règlement.
« Les systèmes d’élevage intensifs sont dépendants d’une utilisation excessive d’antibiotiques »
Ces nouvelles règles « pourraient permettre de réduire fortement la consommation d’antibiotiques en élevage en Europe et contribuer à diminuer la part de l’élevage dans la crise de l’antibiorésistance ». Il y a urgence, insiste le CIWF. L’association rappelle qu’« un article publié récemment dans The Lancet révèle qu’en 2019, plus d’1,2 million de personnes sont mortes d’infections causées par des bactéries
antibiorésistantes, soit plus que le paludisme ou le Sida. Or, les antibiotiques utilisés en élevage jouent un rôle dans l’antibiorésistance : ils représentent les deux tiers des antibiotiques utilisés dans le monde ».
La nouvelle réglementation sera-t-elle appliquée ? Le CIWF doute. « Les systèmes d’élevage les plus intensifs sont dépendants d’une utilisation excessive d’antibiotiques », constate-t-elle. « Or, jusqu’à présent, il y a peu de preuves que l’Europe s’éloigne de l’élevage intensif. »
<https://reporterre.net/L-Union-europeenne-limite-l-usage-des-antibiotiques-en-elevage>
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3- Pesticides : les objectifs du Pacte vert européen sont menacés
Stéphane Foucart


Loin d’être toujours fortuite, l’ignorance est parfois le fruit de choix stratégiques. C’est ce que suggèrent deux organisations non gouvernementales (ONG) dans un rapport publié mercredi 2 février sur le projet de réforme de la statistique agricole européenne. Sur la foi de documents internes aux délibérations du Conseil européen, Pesticide Action Network (PAN) et la branche autrichienne des Amis de la Terre dénoncent la volonté d’une dizaine d’Etats-membres de « torpiller » le projet législatif SAIO (Statistics on Agricultural Inputs and Outputs) lancé voilà un an par la Commission européenne. Et de chercher ainsi à rester délibérément dans l’ignorance des usages réels de pesticides sur le Vieux Continent.
Pour les auteurs du rapport, les modifications demandées par le Conseil entraveraient la mise en œuvre de la stratégie « Farm to Fork » ou « F2F » (« De la ferme à la fourchette »), le volet agricole du Green Deal ou Pacte vert européen. Ces amendements seront débattus, dans les prochains jours, entre le Conseil, la Commission et le Parlement.
> Lire aussi Le Parlement européen adopte à une large majorité la stratégie « De la ferme à la fourchette »
« Les exigences du Conseil reviennent à maintenir une forte incertitude autour de la réalité des usages de pesticides dans les différents pays de l’Union européenne, explique Martin Dermine (PAN), coauteur du rapport. Au point qu’il serait impossible de suivre l’évolution des usages de pesticides, alors que l’un des objectifs clés du Pacte vert est la réduction de 50 % de l’usage et des risques de ces produits d’ici à 2030. »

En particulier, la proposition initiale de Bruxelles prévoyait une mise à jour annuelle des usages d’agrotoxiques, avec transmission par chaque exploitation de ses données d’utilisation : sorte de produits épandus, quantités, surfaces et types de culture traitée, etc. « Ces informations sont cruciales si l’on veut pouvoir s’adapter et observer, année après année, les secteurs ou les régions agricoles qui rencontrent plus de difficultés que d’autres à modifier les pratiques, ajoute M. Dermine. Or le Conseil ne souhaite pas que ces données soient rendues disponibles chaque année, mais tous les cinq ans ! »
> Lire la tribune de Gilles Luneau : « Le temps est venu de refonder la PAC dans les valeurs du Pacte vert européen »
D’autres amendements demandés par le Conseil vont dans le même sens, selon le rapport : rejet du recueil obligatoire et harmonisé des données, susceptible de permettre des comparaisons d’usage entre les Etats-membres, rejet de l’exigence d’une transmission des données au format électronique, demande d’une étude de faisabilité garantissant que les nouvelles normes de recueil de données ne représenteront pas un fardeau administratif et économique. De même, ajoute le rapport, les amendements du Conseil entretiennent un flou sur la possibilité d’accès public à ces données. Un point important, car la réforme voulue par la Commission devait incidemment permettre aux particuliers ou aux collectivités locales de se renseigner avec précision sur les épandages de pesticides à l’échelle de microterritoires.
« L’accès public à ces données est très important pour pouvoir caractériser les pollutions au niveau local, explique Alice Bernard, juriste à l’ONG ClientEarth et autrice d’une analyse juridique de la position du Conseil, publiée mercredi. Par exemple, pour savoir quels sont les polluants à rechercher dans les sources d’eau, il faut connaître les produits qui ont été utilisés immédiatement autour. » Aujourd’hui, ajoute-t-elle, « Eurostat [l’office statistique de l’Union européenne] ne publie d’information qu’au niveau national et par groupe de pesticides, et non par substance active ».
Pour comprendre la genèse de ces amendements et leur adoption par le Conseil, les ONG ont obtenu l’accès aux contributions des Etats-membres par le biais de la loi européenne sur l’accès aux données administratives. Ajouts, suppressions et arguments apportés par les Etats-membres forment un écheveau de plus de 160 pages que les ONG ont analysé, pour comprendre l’évolution de la position du Conseil, vers un texte très en deçà de l’exécutif européen. « Nous avons réalisé qu’au début de l’examen du texte soumis par la Commission, la grande majorité des Etats-membres n’avaient pas grand-chose à redire au projet, raconte M. Dermine. Mais un groupe de dix pays s’est coordonné pour vider le texte de la substance. Les dix-sept autres, s’ils n’ont pas activement combattu la proposition de Bruxelles, ont globalement fini par accepter ces amendements » par un vote du 10 décembre 2021.
Ce « groupe des dix », tel que le qualifie le rapport, est composé de la République tchèque, du Danemark, de l’Espagne, de la Hongrie, de l’Irlande, des Pays-Bas, de la Pologne, de la Slovénie, de l’Autriche et de l’Allemagne. Avec, pour cette dernière, cette singularité : le changement de gouvernement a conduit Berlin à voter contre le texte que ses interventions précédentes avaient pourtant largement contribué à forger. La veille du vote, le nouveau ministre allemand de l’agriculture, Cem Özdemir, à peine investi, avait annoncé que l’Allemagne voterait contre le projet actuel, déclarant que la réalisation de la stratégie « Farm to Fork » devait être systématiquement vérifiable et mesurable. La transmission de données sur l’utilisation des pesticides tous les cinq ans n’est « pas acceptable », avait-il déclaré.
> Lire aussi L’intense lobbying de l’agro-industrie contre « Farm to Fork », le volet agricole du Pacte vert européen
Quant à la France, qui a pris en janvier la présidence de l’Union, après le vote du Conseil, elle va être, estime M. Dermine, « dans la position inconfortable de devoir défendre au nom du Conseil un texte à la construction duquel elle n’a que peu participé ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/pesticides-les-objectifs-du-pacte-vert-europeen-sont-menaces_6111969_3244.html>
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4- Abeilles et pesticides : un taux de mortalité « acceptable » proposé, Le Monde, 02/02/22, 10h50 
Stéphane Foucart

L’Autorité européenne de sécurité des aliments suggère qu’une réduction des populations de pollinisateurs de l’ordre de 10 % après un traitement est tolérable. Une affirmation contestée par les ONG. 
C’est un document technique très attendu qu’a publié, vendredi 28 janvier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), dans le cadre de la refonte des méthodes d’évaluation des risques des pesticides pour les abeilles et les pollinisateurs. L’agence basée à Parme (Italie) y présente des éléments scientifiques pour fixer le seuil des dégâts « acceptables » d’un agrotoxique sur les populations d’abeilles sauvages. Un seuil qui permettra d’autoriser ou non la mise sur le marché de nouvelles substances.
> Lire aussi La fertilité des abeilles atteinte par les pesticides néonicotinoïdes
L’EFSA précise qu’elle ne décide pas des objectifs de protection – décision qui relève du politique – mais qu’elle fournit un simple appui scientifique aux Etats membres et à la Commission européenne. L’agence ajoute que les données sont lacunaires et que les autorités politiques pourraient également attendre avant de se prononcer… L’EFSA a néanmoins établi la variabilité naturelle des populations d’abeilles sauvages. Cette variabilité, de l’ordre de 10 % selon l’EFSA, offre un niveau de référence pouvant justifier un seuil acceptable de réduction de population de l’ordre de 10 %, consécutif à l’exposition au produit évalué.
Données obtenues en milieu agricole
Une approche qui ne convainc pas les ONG. Pour Pesticide Action Network (PAN), la référence choisie provient de données obtenues en milieu agricole, où les insectes sont déjà soumis à de nombreux stress. La référence, plaide l’ONG, n’est pas une colonie de bourdons saine mais « une colonie déjà exposée aux produits agrochimiques dans un environnement agricole ». « Accepter que les colonies de bourdons perdent jusqu’à 10 % de leur population après exposition à chaque pesticide est non scientifique, ajoute le PAN. Il existe de nombreuses études montrant des effets synergiques des pesticides, mais il n’en est tenu aucun compte dans cette approche. »
De son côté, l’eurodéputé Pascal Canfin (Renew), président de la commission environnement du Parlement, assure que « la protection de toutes les abeilles et pollinisateurs est un combat majeur du Parlement européen depuis 2019, et en particulier l’un des [s]iens : [ils] n’accepteron[t] pas de méthodologie d’évaluation de la dangerosité des pesticides au rabais ».
> Lire aussi Les pesticides néonicotinoïdes en voie de réautorisation pour 2022
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/abeilles-et-pesticides-un-taux-de-mortalite-acceptable-propose_6111980_3244.html>
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5- Jean Castex annonce un développement du stockage de l’eau pour l’agriculture, Le Monde, 02/02/22, 11h15 
Martine Valo

En conclusion du Varenne de l’eau, une consultation sur les réponses aux effets du changement climatique, le premier ministre a donné des gages aux exploitants. « L’accès à l’eau doit évoluer pour dégager de nouvelles ressources pour les besoins agricoles », a affirmé Jean Castex, venu en personne conclure le Varenne agricole de l’eau, mardi 1er février. Le premier ministre a insisté sur l’urgence à soutenir financièrement un secteur que perturbe le changement climatique – il a annoncé une nouvelle aide de 200 millions d’euros. Ces évolutions devront se faire « dans le respect des autres usages, comme l’eau potable », a-t-il jugé bon de préciser.
La France doit relever le défi consistant à « concilier l’indispensable, l’incontournable transition écologique et la non moins nécessaire création de richesses ». Il s’agit de maintenir le niveau de la production agricole, alors même que « les conflits d’usage se sont accrus en France », a reconnu M. Castex, qui dit viser un consensus « le plus large possible, mais pas l’unanimité : ce serait suspect sur un sujet aussi difficile ».
> Lire aussi Estimer la valeur réelle de l’eau, un pari nécessaire pour mieux protéger les ressources
Lancée en mai 2021, cette consultation avait pour objectif de dégager des solutions concrètes face aux aléas climatiques. Voulue par le chef de l’Etat, elle est en principe placée sous la tutelle partagée du ministère de la transition écologique et de celui de l’agriculture, qui l’a organisée. Elle fera probablement date, car ce Varenne marque une inflexion dans la politique de l’eau en France, jusqu’à présent du ressort du ministère de la transition écologique. Le premier ministre a en effet annoncé la nomination, pour trois ans, d’un délégué interministériel chargé de veiller à l’application d’une série de mesures destinées à sécuriser la disponibilité, et donc le stockage, de l’eau pour les exploitants.
Gestion territorialisée
Les textes réglementaires doivent être modifiés prochainement, afin de « mieux utiliser les ressources en hiver », de « capter l’eau excédentaire pour la stocker jusqu’à l’été suivant », détaille le premier ministre. Une ligne budgétaire doit être allouée à ce dossier au sein du ministère de l’agriculture. Les collectivités locales et les gestionnaires de barrages hydroélectriques sont appelés à la rescousse. Des crédits européens pourraient aussi y être consacrés à l’avenir – l’Union européenne a pourtant pour principe de ne pas financer de captages supplémentaires dans les territoires souffrant déjà des sécheresses. Aux yeux de certains, les pluies, qui gonflent les rivières, alimentent les sols, la végétation et les animaux, et rechargent les nappes souterraines, représentent des « gisements perdus » qu’ils entendent bien mettre en réserve.
La gestion de l’eau doit en même temps être « la plus territorialisée possible », a indiqué M. Castex. Autrement dit, le partage de la ressource doit donner lieu à des concertations entre les différents usagers… mais pas trop longues : si les discussions entre acteurs ne débouchent pas assez vite sur un projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), le préfet reprendra l’affaire en main. Actuellement, des centaines de ces PTGE sont signés ou en préparation, selon les instructions officielles de 2019. Ils devront donc être révisés de façon à accélérer le mouvement.
> Lire aussi Le Varenne agricole de l’eau ne fait pas l’unanimité
Le décret du 23 juin 2021 va lui aussi être revu. Ce texte avait pourtant fait l’objet d’un travail laborieux – au moins deux ans de négociations – pour définir une répartition efficace et équitable de l’eau en période de pénurie, afin de « concilier les différents usages anthropiques et le bon fonctionnement des milieux aquatiques ». Va-t-il être détricoté ou juste complété ? La réponse à cette question permettra de prendre la mesure des arbitrages gouvernementaux. Les représentants du secteur agricole lui reprochent notamment le calcul des volumes destinés à l’irrigation en fonction de l’historique des prélèvements des cinq à dix années précédentes.
« Ce décret est imprécis sur le financement des études d’impact, il doit être actualisé, estime Luc Servant, vice-président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture. Les freins réglementaires sur le réemploi des eaux usées doivent être levés. Quant aux PTGE, il faut préciser qui mettre autour de la table, et s’il n’y a toujours pas d’accord au bout de deux ans, par exemple, le préfet devra reprendre la main. » Luc Servant, qui copréside le groupe de travail du Varenne sur une « une vision raisonnée des besoins et de l’accès aux ressources en eau, mobilisables pour l’agriculture sur le long terme », insiste sur la nécessité d’anticiper l’accélération du changement climatique. « Ce que nous pouvons prélever aujourd’hui, ce ne sera plus pareil dans dix ans », observe-t-il. Il est donc urgent de prendre des garanties sur l’avenir.
Concrétisation d’une « assurance récolte »
A la question des tensions locales, il répond : maintien de l’activité économique, installation de jeunes maraîchers, souveraineté alimentaire. Il met en avant la réduction de l’irrigation dans certains bassins, mais reconnaît que la question « coince » dans certaines régions. En particulier dans la sienne : il préside aussi la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, une région qui s’est illustrée par des conflits autour du barrage de Caussade (Lot-et-Garonne) et des mégabassines de Poitou-Charentes.
> Lire aussi : Barrage de Caussade (Lot-et-Garonne) : les commanditaires de la retenue d’eau illégale échappent à la prison
Les revendications des porte-parole du secteur ont été entendues avant même que les capacités de stockage actuelles ne soient connues. Le gouvernement va consacrer 13 millions d’euros à un inventaire exhaustif de l’existant grâce à des images satellites, dans une dizaine de territoires pour commencer.
Le Varenne a aussi été l’occasion de concrétiser l’idée d’une « assurance récolte »face aux aléas météorologiques. Le projet de loi, présenté en procédure accélérée, a déjà été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, en janvier. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, majoritaire, approuve cette réforme de l’indemnisation des calamités agricoles, qui doit s’appliquer à partir du 1er janvier 2023. La Confédération paysanne, elle, la dénonce, car elle va exclure ceux qui, « faute de trésorerie, n’ont pas les moyens de souscrire à une assurance-récolte » privée.
Enfin, les filières de production se sont engagées à mener une réflexion sur leur avenir et à se doter chacune d’une feuille de route d’ici à la fin de l’année. Toutes sortes de solutions peuvent être envisagées : sélection génétique, agroclimatologie reposant sur la technologie numérique, modification des dates d’irrigation, efforts de sobriété, aussi. Au cours de la restitution des travaux des ateliers, Bérangère Abba, secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, a mis en avant, à plusieurs reprises, les solutions fondées sur la nature, comme la préservation des zones humides. « Il n’y a pas une eau agricole et d’autres eaux, il existe une seule ressource. Il faut poursuivre la réflexion sur la résilience de l’agriculture française », a-t-elle dit.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/jean-castex-annonce-un-developpement-du-stockage-de-l-eau-pour-l-agriculture_6111986_3244.html>
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, Le Monde, 02/02/22, 15h00 
Mathilde Gérard et Stéphane Foucart

Le tribunal administratif de Paris a jugé que prévenir des « actions de nature idéologique » ne pouvait relever des missions de la gendarmerie. Le périmètre de cette cellule d’enquête sera précisé dans un nouveau texte du gouvernement. 
Il n’appartient pas à une cellule de gendarmerie de surveiller les défenseurs de l’environnement ou les militants de la cause animale pour prévenir des « actions de nature idéologique ». Dans une décision, rendue mardi 1er février, le tribunal administratif de Paris estime que certaines activités de la cellule appelée « Déméter » sont illégales et ordonne au ministre de l’intérieur de les faire cesser dans un délai de deux mois. Revers pour le gouvernement, le jugement est salué par les associations L214, Pollinis et Générations futures, qui avaient saisi la justice.
La cellule Déméter a été créée en décembre 2019, au terme d’une convention conclue entre le ministère de l’intérieur et deux organisations syndicales, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et Jeunes Agriculteurs (JA). Son objectif était non seulement d’intensifier la lutte contre les actes délictueux (vols, violences, dégradations de matériel, etc.) visant le monde agricole, mais aussi de prévenir « des actions de nature idéologique » pouvant n’être que de « simples actions symboliques de dénigrement ».
« Il ressort des pièces du dossier que des gendarmes se sont vu confier, au titre de la mise en œuvre de la cellule Déméter, la tâche d’assister à des réunions d’associations locales œuvrant pour la préservation de l’environnement ou d’interroger des responsables associatifs sur la teneur de leurs activités, rappelle le tribunal dans son jugement. Il n’est ni soutenu ni établi que la surveillance de telles associations aurait été effectuée en vue d’éviter la commission d’infractions, dans un but de préservation de l’ordre public. » Le périmètre de la cellule Déméter, ajoutent les juges, ne relève donc pas des compétences de la gendarmerie. « Il s’ensuit qu’en incluant de telles actions dans le périmètre des missions de la cellule Déméter, le ministre de l’intérieur a commis une erreur de droit », conclut le jugement.
« Victoire pour la démocratie »
« On est très soulagés de ce jugement qui va permettre de libérer la parole », réagit Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association de défense des animaux L214. Depuis la mise en place de la cellule Déméter, fin 2019, Mme Gothière assure avoir « constaté une hausse du nombre d’auditions auxquelles [ils] devai[ent] répondre, avec un crescendo dans les moyens mis en œuvre pour tenter d’interférer avec [leur]mission d’enquête : demandes d’accès aux relevés téléphoniques, données de bornage, etc. ».
La militante défend les actions de son mouvement : « Quand on dit que le modèle agricole enferme huit animaux sur dix, il faut qu’on puisse en faire la démonstration par l’image », dit-elle tout en condamnant, au nom de l’association, toute action de dégradation ou pénalement répréhensible.
> Lire aussi Vives critiques contre Déméter, la cellule de gendarmerie surveillant les « atteintes au monde agricole »
De son côté, Nicolas Laarman, délégué général de l’association Pollinis, salue, dans un communiqué commun avec Générations futures, une « victoire pour la démocratie ». « La lettre de mission de Déméter visait explicitement à verrouiller le débat sur les pratiques agricoles conventionnelles et l’usage des pesticides, et menaçait directement la liberté d’expression », ajoute M. Laarman. François Veillerette, porte-parole de Générations futures, ajoute qu’« une véritable démocratie ne doit pas se doter de tels outils de pression et de coercition contre les associations de défense de l’environnement et de la santé ».
« Dérapages inquiétants »
Toutefois, les deux associations de défense de l’environnement n’ont pas pleinement obtenu gain de cause. Elles demandaient l’annulation pure et simple de la convention conclue en décembre 2019 entre le ministère de l’intérieur d’une part et la FNSEA et JA d’autre part. En particulier, cette convention porte en elle-même, selon eux, atteinte au principe d’égalité entre organisations agricoles, comporte une délégation illégale de pouvoirs de police administrative et porte atteinte au droit à la liberté d’expression. La demande des deux associations de voir la convention annulée, et donc la cellule Déméter dissoute, a été rejetée par le tribunal.
Depuis plusieurs mois, rappellent les associations, l’activité de la cellule en question avait donné lieu à « des dérapages inquiétants » : convocation par les gendarmes de responsables d’associations locales de lutte contre les pesticides, présence non désirée de la gendarmerie lors de réunions associatives… En avril, Le Monde avait recueilli le témoignage d’une journaliste de radio allemande, en reportage en Bretagne, dont les bandes avaient été effacées par des gendarmes, à la demande d’un agriculteur mécontent.
> Lire la chronique : « Déboulonner une roue de la voiture de la journaliste bretonne Morgan Large n’est pas un geste d’intimidation, mais une tentative de blesser ou de tuer »
Dans un communiqué commun du 2 février, les ministres de l’intérieur, Gérald Darmanin, et de l’agriculture, Julien Denormandie, ont dit prendre acte de ce jugement et que « la mission de Déméter sera précisée et cadrée dans un nouveau texte ». Ils réaffirment néanmoins « l’efficacité » de cette cellule, qui a selon eux obtenu « de très bons résultats : les vols de véhicules dans les exploitations agricoles en 2021 ont reculé de 8 % et les dégradations de 7 % par rapport à 2020 (…). Cette activité n’est pas remise en question. » Contactée par Le Monde, la FNSEA n’avait pas encore réagi, mercredi matin.
Quelques jours avant la décision du tribunal administratif, s’était tenu, au Mans, le 28 janvier, le procès de neuf militants antispécistes, jugés pour des tags et dégradations commis dans des élevages, en 2020 et 2021, et interpellés à la suite d’investigations de la cellule Déméter. Une quarantaine d’agriculteurs et de syndicats se sont portés partie civile dans ce procès, dont le jugement est attendu fin mars.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/02/la-cellule-demeter-surveillant-les-atteintes-au-monde-agricole-est-en-partie-dans-l-illegalite-selon-la-justice-administrative_6111988_3244.html>
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7- Une BD pour se familiariser à l’agroécologie, The Conversation, 02/02/22, 19:37
Par Tiphaine Chevallier, Chercheuse, Institut de recherche pour le développement (IRD) & Lydie Chapuis-Lardy, Senior research scientist in Soil Science, Institut de recherche pour le développement (IRD)

Comment intéresser le grand public aux enjeux climatiques du secteur agricole ? À l’aide de la bande dessinée ! Et plus précisément à l’aide d’une BD interactive, intitulée Une question à un million, disponible en intégralité sur le site de l’illustratrice Caroline Gaujour.
Le secteur agricole est aujourd’hui particulièrement touché par les conséquences néfastes du réchauffement : les sols se dégradent, les rendements des cultures sont plus faibles et sensibles à ces perturbations. Victime, l’agriculture est aussi actrice de cette situation en contribuant à l’augmentation de la concentration en gaz à effet de serre de l’atmosphère.
Si elles sont moins médiatisées que les politiques de préservation des forêts, les modalités d’utilisation des terres offrent toutefois des options pour lutter contre ces dérèglements.
Investir dans des pratiques agricoles basées sur l’enrichissement en carbone des sols représente ainsi une solution face au changement climatique. Plusieurs projets internationaux – de l’initiative 4 pour 1 000 à la Grande Muraille verte – y contribuent.
Le développement d’une agriculture durable, rémunératrice pour les exploitants sans compromettre l’environnement, s’impose désormais. Dans les pays du Sud, de tels projets, souvent soutenus par des ONG, investissent dans l’agriculture familiale. Il s’agit d’accroître la productivité et la rentabilité des systèmes agricoles, tout en contribuant à atténuer les émissions de gaz à effet de serre.
Chercheuses à l’IRD dans ce domaine, nous souhaitions vulgariser nos travaux, menés en collaboration avec une équipe de l’université d’Antananarivo (Madagascar), et aiguiser la curiosité du public sur les différents métiers du développement rural.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://theconversation.com/une-bd-pour-se-familiariser-a-lagroecologie-174050>
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8- Brésil : déforestation record en Amazonie en janvier, AFP, 02/02/22, 20:00

La déforestation en Amazonie brésilienne a atteint près de 360 km2 sur les trois premières semaines de l'année, battant le record pour un mois de janvier, selon les données officielles rendues publiques mercredi, vues comme un signe inquiétant pour l'ensemble de 2022.
Les données disponibles sur le site internet de l'Institut national de recherches spatiales (INPE) s'arrêtent au 21 janvier, mais la surface déboisée est déjà la plus importante depuis que ces informations recueillies par satellites sont diffusées, en 2015.
À titre de comparaison, la déforestation en Amazonie s'était étendue sur 83 km2 pour tout le mois de janvier 2021, soit quatre fois moins que sur les 21 premiers jours de cette année.
"Le fait d'avoir un chiffre aussi élevé en janvier, au plus fort de la saison des pluies, quand la déforestation est habituellement moins importante, est extrêmement préoccupant", a estimé auprès de l'AFP Claudio Angelo, membre du collectif d'ONG Observatoire du Climat.
"Il faut attendre les prochains mois pour voir quelle sera la tendance pour cette année, mais c'est déjà un très mauvais signe", a-t-il ajouté.
En novembre, l'INPE avait déjà annoncé que le déboisement dans la plus grande forêt tropicale du monde s'était étendu sur 13.235 km2 sur la période de référence d'août 2020 à juillet 2021, du jamais vu en 15 ans.
Il s'agissait de la troisième hausse consécutive sur cette période depuis l'arrivée au pouvoir du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui est la cible de critiques internationales pour avoir affaibli la surveillance de l'écosystème amazonien et encouragé les activités minières ou agricoles dans des zones protégées.
L'Observatoire du Climat a révélé mardi que l'Ibama, le principal organe de surveillance environnementale, n'avait dépensé que 41% du budget alloué aux contrôles en 2021.
<https://www.geo.fr/environnement/bresil-deforestation-record-en-amazonie-en-janvier-199820>
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9- Un « plan alimentaire territorial » pour la Seine-Saint-Denis, département parmi les plus peuplés et urbanisés de France, Le Monde, maj le 04/02/22 à 10h01 
Mathilde Gérard

Le département francilien a lancé jeudi un projet associant opérateurs publics, entreprises sociales et associations, afin de relocaliser l’activité agricole et faciliter l’accès à une alimentation saine pour tous. 
Comment réduire les fractures alimentaires à l’échelle d’un département comme la Seine-Saint-Denis, où le taux de pauvreté (27 %) est deux fois supérieur à la moyenne nationale ? Longtemps, les terres séquanodionysiennes ont abrité une ceinture maraîchère et des cultures qui alimentaient la capitale ; aujourd’hui, les surfaces agricoles ont été réduites drastiquement, et le territoire compte parmi les plus densément urbanisés de France. L’épidémie de Covid-19, qui a mis à l’arrêt au printemps 2020 une partie des activités des habitants du département, a exacerbé ces difficultés, faisant exploser la demande d’aide alimentaire.
Pour répondre à un triple enjeu – réduire la précarité alimentaire, stopper l’hémorragie des terres agricoles et renforcer sa résilience – le département a lancé, jeudi 3 février, son « plan alimentaire territorial » (PAT). Cette démarche labellisée par l’Etat permet d’accompagner les collectivités dans un projet commun avec des opérateurs publics, des entreprises sociales et solidaires et des associations, afin de relocaliser l’activité agricole et de faciliter l’accès pour tous à une alimentation de qualité.
Quelques centaines de PAT existent en France, mais la plupart s’inscrivent dans des territoires ruraux, ou en partie ruraux. La démarche de PAT à l’échelle d’un département aussi densément peuplé et urbanisé que la Seine-Saint-Denis (90 % de terres artificialisées et seulement 2,4 % de surface agricole utile, pour 1,6 million d’habitants) est inédite.
> Reportage : L’aide alimentaire au temps du confinement : « Des étudiants viennent nous donner un coup de main, mais aussi s’approvisionner »
« Rien ne prédisposait ce département, terre minérale s’il en est, à lancer un plan alimentaire territorial », résume Stéphane Troussel, le président socialiste du conseil départemental. « On ne se voile pas la face, ce n’est pas avec les projets d’agriculture urbaine en Seine-Saint-Denis que l’on va nourrir le département »,précise néanmoins l’élu, qui rappelle que l’ensemble de la région Ile-de-France ne compte que trois jours d’autonomie alimentaire.
Quasi-déserts alimentaires
Avant de fixer ses objectifs, le conseil départemental a voulu établir un état des lieux alimentaire le plus exhaustif possible. Le diagnostic, confié à une association de recherche sur la transition écologique, le Lab3S, met en évidence les nombreuses difficultés du département : la surface agricole utile y a baissé de 44 % en dix ans, pour atteindre 527 hectares en 2020 ; peu d’entreprises agroalimentaires y sont installées (85 établissements pour 1 670 emplois, en baisse de 2,6 % depuis 2012) et malgré une forte densité de population, le territoire compte une dizaine de poches de « quasi-déserts alimentaires », où les habitants ont difficilement accès à une alimentation fraîche, en raison de l’absence de commerces et de moyens de transport.
La demande d’aide alimentaire est par ailleurs très forte – en 2020, les services sociaux du département ont délivré pour 3,6 millions d’euros d’aide alimentaire, contre 2 millions en 2019 – et souvent peu adaptée, les bénéficiaires souhaitant avoir davantage le choix dans les produits proposés.
> Lire aussi Peu de commerces et de produits frais : voyage dans un « désert alimentaire »
Avec le PAT, l’objectif fixé par Stéphane Troussel est de fédérer les nombreuses initiatives, publiques, privées ou associatives, afin de « changer d’échelle ». Pour le lancement de ce projet, plusieurs élus, entreprises et associations étaient réunis jeudi à la Ferme des possibles, une coopérative agricole et entreprise d’insertion installée à Stains, pour partager leur expérience : ferme maraîchère dans le parc du Sausset, plate-forme logistique pour l’aide alimentaire à Aubervilliers, entreprise sociale de restauration à Romainville… L’enjeu est de mettre en commun ces initiatives pour les amplifier : « Il faut agir à chaque étape – production, logistique, distribution – pour créer des boucles locales vertueuses », a détaillé Frédérique Denis, conseillère départementale chargée de ce projet, qui insiste sur « l’obligation de résultats ».
Un lycée agricole
Sur les secteurs dont il a la charge, le département se fixe l’objectif d’atteindre 100 % de produits bio dans les cantines des crèches et des collèges du département d’ici à 2028 (contre 30 % aujourd’hui), au-delà du cap de 20 % fixé par la loi agriculture et alimentation. Le conseil s’engage aussi à doubler les terrains départementaux consacrés à l’agriculture urbaine (20 hectares en 2028 contre 10 hectares aujourd’hui).
> Lire aussi A Sevran, un jardin maraîcher pour allier deux « besoins essentiels » : se nourrir et travailler
Pour Stéphane Blanchet, maire divers gauche de Sevran, « il faut s’inscrire dans le temps long, mais on n’a pas non plus beaucoup de temps ». Dans sa commune, qui figure dans une aire particulièrement peu pourvue en commerces, la municipalité a définitivement abandonné, en juin 2021, un projet controversé de vague de surf artificielle sur d’anciennes friches.
En lieu et place de la vague d’eau, la commune accueillera, à partir de septembre 2022, un lycée agricole, unique établissement de ce type dans le département depuis la fermeture en 2020 du lycée Fénelon à Vaujours. Quarante élèves sont attendus pour la première rentrée, cent cinquante les années suivantes. De quoi former les futurs acteurs de la transition alimentaire en Seine-Saint-Denis.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/03/un-plan-alimentaire-territorial-pour-la-seine-saint-denis-departement-parmi-les-plus-peuples-et-urbanises-de-france_6112236_3244.html>
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10- Golfe de Gascogne : des dizaines de milliers de poissons morts, le gouvernement demande une enquête, Le Monde, 04/02/22, 15h50

« L’armateur a reconnu un accident à bord », a expliqué la ministre de la mer, Annick Girardin. Selon l’ONG Sea Shepherd France, ce banc de poissons morts est le résultat de « captures accessoires ». 
Les images donnent à voir ce qui ressemble à une importante marée grise. Des dizaines de milliers de poissons morts ont été découverts à 300 kilomètres au large de La Rochelle par l’ONG Sea Shepherd France jeudi 3 février.
Au lendemain de cette découverte, après ce qui semble être un accident de pêche, la ministre de la mer Annick Girardin a demandé l’ouverture d’une enquête administrative.
Images à l’appui, Sea Shepherd France a dénombré pas moins de 100 000 merlans bleus, « habituellement destinés à la fabrication du surimi », explique-t-elle.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/04/des-milliers-de-poissons-morts-decouverts-dans-le-golfe-de-gascogne_6112345_3244.html>
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11- L’Islande compte cesser la chasse à la baleine à partir de 2024, Le Monde avec AFP, 04/02/22, 15h57 

L’Islande, la Norvège et le Japon sont les seuls pays au monde à autoriser cette chasse. 
Face à une demande au plus bas, l’Islande, un des trois derniers pays au monde à encore pratiquer la pêche à la baleine, compte cesser l’activité à partir de 2024, a annoncé vendredi 4 février la ministre de la pêche.
« Sauf indication contraire, il y a peu de raisons d’autoriser la chasse à la baleine à partir de 2024 », date à laquelle les quotas actuels expirent, a déclaré la ministre Svandis Svavarsdottir, membre du parti de gauche écologiste au pouvoir en Islande. « Il y a peu de preuves qu’il y a un avantage économique à pratiquer cette activité », souligne-t-elle dans une tribune publiée par le quotidien Morgunbladid.
L’Islande, la Norvège et le Japon sont les seuls pays au monde à autoriser la chasse à la baleine. Réévalués en 2019, les quotas islandais autorisent chaque année 209 prises pour le rorqual commun, deuxième plus grand mammifère marin après la baleine bleue, et 217 pour la baleine de Minke (aussi appelée petit rorqual), l’un des plus petits cétacés, jusqu’à la fin 2023.
> Lire aussi Le gros appétit des baleines, un atout pour les océans
Concurrence difficile avec le Japon
Mais depuis trois ans, les deux principales entreprises détentrices d’une licence sont à l’arrêt, et l’une d’elles a annoncé au printemps 2020 définitivement remiser ses harpons. Seul un animal a été harponné au cours des trois dernières saisons estivales, un petit rorqual en 2021. En cause : la concurrence difficile avec le Japon – principal marché pour la viande de baleine – où la chasse commerciale a repris depuis 2019 après le retrait de Tokyo de la Commission baleinière internationale (CBI).
En 2018, le dernier été de chasse à la baleine dans les eaux islandaises, 146 rorquals communs et six baleines de Minke ont été harponnés. La chasse commerciale à la baleine a été interdite en 1986 par la CBI mais l’Islande, qui s’était opposée à ce moratoire, l’a reprise dès 2003. Seule la chasse à la baleine bleue, interdite par la commission, l’est aussi en Islande.
+ En video : Pourquoi les Japonais pêchent (encore) des baleines <https://www.youtube.com/watch?v=fa4URVHXFl8&t=1s>, Le Monde, 21/09/18
<https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/04/l-islande-compte-cesser-la-chasse-a-la-baleine-a-partir-de-2024_6112355_3210.html>
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12- Golfe de Gascogne : la thèse d’un « rejet » de milliers de poissons récusée par le navire impliqué, Le Monde, 05/02/22, 02h48 
Grégor Brandy

Le bateau-usine « Margiris » a reconnu avoir subi un « accident » mais dément s’être volontairement débarrassé de milliers de merlans bleus. Interdits, ces rejets sauvages de poissons concerneraient 10 % des prises à l’échelle mondiale. 
Les images sont impressionnantes. Au milieu de l’océan, une grande tache blanche semble recouvrir l’eau. Cette grande tache, ce sont des milliers de merlans bleus morts qui flottent à la surface sur presque 3 000 mètres carrés, comme l’a montré l’ONG Sea Shepherd, jeudi 3 février. Sur Twitter, l’association estime que « plus de 100 000 » de ces poissons flottent ainsi à la surface de l’océan Atlantique au large de La Rochelle (Charente-Maritime).
Après la diffusion de ces images, qui ont suscité un tollé, la ministre de la mer, Annick Girardin, a annoncé, jeudi en fin d’après-midi, qu’elle avait « demandé au Centre national de surveillance des pêches de faire la lumière sur ce sujet afin d’identifier les causes de ces rejets importants de poissons. Bien sûr, ces images choquent. » Selon elle, « si une infraction devait être avérée, des sanctions seraient prises vis-à-vis de l’armateur responsable qui sera identifié ». 
Le commissaire européen chargé de l’environnement, des océans et de la pêche, Virginijus Sinkevicius, a également fait savoir qu’il avait demandé l’ouverture d’une enquête de la part des autorités françaises et de l’État dont le bateau bat pavillon, « pour avoir toutes les informations et les preuves sur cette affaire ».
Vendredi, la piste d’un rejet volontaire semblait s’éloigner. Le Margiris, l’un des quatre navires soupçonnés par Sea Shepherd, « s’est identifié de lui-même en bout de course. L’armateur a reconnu un accident à bord, c’est un filet qui a lâché », a ainsi annoncé Annick Girardin, qui précise que « l’accident a été déclaré dans le journal de bord ».
Cette version avait été avancée dès jeudi soir par l’Association européenne des chalutiers-congélateurs de pêche pélagique (PFA). Celle-ci affirmait qu’un peu avant 7 heures du matin (heure française), jeudi, « le Margiris a signalé aux autorités compétentes un incident de pêche au large de La Rochelle ». Selon la PFA, « le chalut (…) s’est brisé accidentellement, relâchant ainsi de manière involontaire des poissons en mer ».
> Lire aussi La pêche française inaugure le « Scombrus », un chalutier géant… néerlandais
La politique du « rejet »
En attendant les conclusions définitives de l’enquête, le problème des rejets volontaires reste d’actualité. Interrogée par France 3, jeudi, la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, dénonçait cette pratique prohibée, qui se maintient pour des raisons économiques quand les poissons pêchés ne sont pas ceux recherchés par le navire et viennent encombrer ses cales.
Youen Vermard, halieute au centre Atlantique de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), à Nantes, cite ainsi une étude australo-canadienne de 2017 qui estime qu’environ 10 % des prises mondiales, soit autour de 10 millions de tonnes chaque année, sont rejetées à la mer, même si ces rejets varient énormément d’une espèce à l’autre.
Le rejet, « c’est toute la part de la capture qui n’est pas désirée et qui est remise à la mer », explique Clara Ulrich, aujourd’hui directrice scientifique adjointe de l’Ifremer, qui a longtemps étudié cette pratique au Danemark. Les motivations sont multiples, qu’elles soient d’ordre « biologique, économique ou technique ». « Les poissons peuvent ne pas être réglementaires – parce qu’ils sont trop petits, par exemple, ou parce que ce sont des espèces interdites – ou ne pas avoir de valeur commerciale. Ou alors ce sont des espèces que les pêcheurs n’ont pas le droit de débarquer parce qu’ils n’ont pas les autorisations réglementaires. » 
Si pendant longtemps ces rejets n’ont pas fait l’objet d’une réglementation dans l’Union européenne, depuis 2014 et la réforme de la politique commune de la pêche (PCP), ils ont été progressivement interdits, rappelle Pascal Le Floc’h, maître de conférences à l’université de Bretagne occidentale (à Brest) et chercheur au laboratoire Amure, spécialisé dans le droit et l’économie de la mer : « Les pays membres ont inscrit comme élément majeur l’obligation de débarquer ce qui auparavant était du rejet. »
Pas de miracle
En clair, les pêcheurs doivent revenir au port avec leurs prises, même s’ils n’en sont pas satisfaits. Cela ne veut pas dire que tout rejet est impossible. Mais un certain nombre d’espèces protégées ne peuvent pas être débarquées, comme les requins.
Cependant, la législation n’a pas fait de miracles. De façon générale, « il y a eu des progrès, mais on n’a pas atteint les objectifs fixés dans les textes européens, qui prévoyaient une réduction progressive jusqu’à une élimination quasiment systématique », souligne Clara Ulrich. Youen Vermard estime même que, « dans les faits, la plupart des poissons censés être débarqués continuent d’être jetés par-dessus bord ».
Des contrôles satellitaires ainsi que des contrôles des polices des pêches de l’Union européenne ont pourtant bien été mis en place, explique Pascal Le Floc’h. Mais ils ne sont pas suffisants, considère, de son côté, Thibault Josse, de l’association Pleine Mer, qui assure que des pêcheurs « retrouvent assez régulièrement des espèces de nuages de poissons », comme celui révélé par Sea Shepherd.
+ Twitt de Sea Shepherd France <https://twitter.com/SeaShepherdFran/status/1489207092791721987?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1489207092791721987%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/05/golfe-de-gascogne-la-these-d-un-rejet-de-milliers-de-poissons-recusee-par-le-navire-implique_6112412_3244.html>
« Il y a tout un système derrière », accuse-t-il, pointant du doigt les bateaux-usines et les grands groupes. « Ils doivent faire du “mono” spécifique. Tout est surgelé et mis en cartons sur le bateau. Donc si c’est mixé [s’ils capturent plusieurs espèces ensemble], c’est compliqué, ça veut dire qu’ils doivent trier le poisson. Ce n’est pas toujours intéressant. Parfois, il vaut mieux refaire un trait propre avec une seule espèce plutôt que de perdre du temps à trier. » 
« Echec relatif »
Si elle préfère ne pas se prononcer sur le cas du Margiris, Clara Ulrich constate cependant que les gros navires de la pêche pélagique (en pleine eau), industrielle et minotière n’ont généralement pas des taux de rejet de leurs captures très élevés, même si cela peut représenter de grosses quantités : « Ils prélèvent des volumes tellement importants qu’ils n’ont pas la possibilité de trier et que tout va dans la cale. Les taux de rejet sont les plus forts dans les pêcheries chalutières de fond, là où il y a le plus de mixte, où l’on attrape des espèces petites et d’autres grosses, certaines à forte valeur commerciale et d’autres qui n’en ont pas vraiment. »
« Ce n’est pas simple de trier au fond avant la capture, poursuit-elle. C’est extrêmement compliqué pour un pêcheur d’être capable d’attraper uniquement ce qu’il veut, parce que ça peut être intéressant commercialement, et d’éviter ce qu’il ne veut pas. » « Même avec des engins très sélectifs comme les chaluts, il est évident qu’on est amené à pêcher des espèces non désirées », confirme Pascal Le Floc’h.
A côté de ces raisons, sur le site Internet de l’Ifremer, Youen Vermard affirme que le partage historique des quotas de pêche « est un autre point de blocage. Il est inégal entre pays et entre pêcheurs d’un même pays, et mène à rejeter des poissons de bonne taille et de qualité, même quand le quota global n’est pas atteint », détaille-t-il, pointant l’exemple des merlus pris dans les filets des pêcheurs danois. « Plutôt que de les débarquer, d’épuiser leur maigre quota et de voir leur pêcherie fermée prématurément, ils les rejettent. »
Au fond, résume Pascal Le Floc’h, si la réglementation sur les rejets est un « échec relatif » depuis huit ans, c’est le résultat d’une « incompréhension entre l’obligation juridique et l’impossibilité pratique ». « Mais ce n’est pas une raison pour ne pas maintenir les efforts pour améliorer la sélectivité de la pêche », conclut Clara Ulrich.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/05/golfe-de-gascogne-la-these-d-un-rejet-de-milliers-de-poissons-recusee-par-le-navire-implique_6112412_3244.html>
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13- Chronique. Le glyphosate, l’expertise et la défiance, Le Monde, maj le 06/02/22 à 00h52 
Stéphane Foucart

La défiance envers les politiques vaccinales contre le Covid-19 prospère sur les scandales sanitaires et environnementaux récents, permis par des expertises contestables, estime dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
« On peut débattre de tout, sauf des chiffres. » Avec ce slogan, la communication gouvernementale pour la vaccination contre le Covid-19 résume bien la transformation en cours du débat public. Sur une variété de sujets, les choix politiques disparaissent de plus en plus derrière la rationalité – réelle ou supposée – de l’expertise scientifique. Le désaccord n’est alors plus possible, sauf à être soupçonné de complotisme ou de dérive antiscience.
Indépendamment de toute autre considération sur la gestion de la crise sanitaire, il est incontestable que les grandes orientations de la politique vaccinale du gouvernement ont suivi l’état le plus à jour de la connaissance scientifique, à mesure que celle-ci apparaissait dans les revues savantes.
D’où vient, alors, cette défiance qui traverse la société, et qui va probablement bien au-delà d’une petite minorité de militants antivaccins ? La réponse se trouve sans doute, en partie, dans l’accumulation de scandales sanitaires ou environnementaux rendus possibles par une expertise défaillante. Galvauder l’autorité de la science pour défendre des décisions politiques ou des intérêts particuliers est l’un des creusets de la défiance. Ce n’est pas un hasard si c’est aux Antilles, où les autorités ont jadis permis l’empoisonnement à grande échelle de l’environnement et de la population par un pesticide toxique et persistant, le chlordécone, que la défiance vaccinale a atteint son paroxysme.
> L’enquête : Les Antilles empoisonnées pour des générations
C’est un autre pesticide célèbre, le glyphosate, qui a alimenté le soupçon ces dernières années. Il n’a été réautorisé en 2017 en Europe que pour cinq ans, après les avis favorables des agences réglementaires de l’Union européenne (UE), qui ont conclu à l’opposé du Centre international de recherche sur le cancer. Ce dernier avait classé la même substance « cancérogène probable » en mars 2015. Sept ans plus tard, la controverse n’a pas bougé, et une nouvelle expertise européenne s’achève en vue de la réautorisation du célèbre herbicide, en décembre 2022.
Eventuels conflits d’intérêts
En janvier, la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (CNDASPE) a pris ses responsabilités en demandant que soient examinées les expertises européennes conduites, depuis 2014, sur le fameux produit.
Le gouvernement n’a, à ce jour, donné aucune réponse publique à ces demandes, à savoir constituer deux groupes de personnalités qualifiées pour, d’une part, juger de la validité des choix scientifiques opérés dans le cadre de l’expertise et, d’autre part, analyser les éventuels conflits d’intérêts des experts européens y ayant participé.
> Lire aussi Glyphosate : une expertise indépendante de l’évaluation européenne en cours réclamée
Pour saisir toute la pertinence de l’exercice proposé par la CNDASPE, peut-être faut-il résumer les épisodes précédents.
Les experts, d’abord. Pour pouvoir déterminer leurs éventuels conflits d’intérêts, peut-être faudrait-il d’abord connaître leur identité. Ce n’est aujourd’hui pas le cas. L’agence allemande – le Bundesinstitut für Risikobewertung (BfR ) – qui a rendu l’expertise préliminaire européenne de 2015 (socle de la réautorisation de 2017) n’a pas divulgué l’identité de l’ensemble des rédacteurs du rapport. Tout juste sait-on qu’un tiers du groupe d’experts chargés des pesticides au BfR était alors directement salarié de l’industrie (Bayer, BASF, Eurofins), mais l’agence suggère que d’autres cénacles ont participé au travail. Sans plus de précisions.
Questions légitimes
L’identité des auteurs de ce rapport est peut-être finalement accessoire : en septembre 2017, on apprenait que certains de ses chapitres avaient été presque intégralement copiés-collés depuis le dossier réglementaire fourni aux autorités par Monsanto. Une révélation confirmée quelques mois plus tard par un rapport parlementaire européen. Sans surprise, les chapitres plagiés considéraient la totalité des études publiées dans la littérature scientifique (montrant des effets délétères) comme non fiables, alors que les études non publiées et confidentielles fournies par les industriels (ne montrant aucun effet) étaient au contraire dignes de foi – sans que quiconque puisse s’en assurer.
Finalement rendues publiques par une décision de la Cour de justice de l’UE, ces études industrielles ont pu être analysées par deux toxicologues internationalement reconnus, Siegfried Knasmüller et Armen Nersesyan. Dans un rapport rendu en juillet 2021, les deux scientifiques estiment qu’elles sont, dans leur grande majorité, non conformes aux critères de qualité qu’elles sont supposées remplir.
> Lire aussi Réautorisation du glyphosate en Europe : la qualité des études réglementaires en cause
Tout cela ne forme qu’une petite part des questions légitimement posées à l’expertise européenne. Les documents internes de la société Monsanto – les fameux « Monsanto Papers » – ajoutent encore au trouble, en mettant en évidence différentes interventions de la firme dans l’expertise américaine, voire la littérature scientifique.
Dans un arrêt rendu le 9 août 2021 et déboutant de ses demandes la firme agrochimique, les juges de la cour d’appel de Californie estiment même qu’en première instance « le jury a recueilli des éléments de preuve indiquant que Monsanto n’a pas agi de bonne foi et a manipulé le consensus scientifique et réglementaire mondial » sur la sûreté du glyphosate.
Pourquoi en faudrait-il plus pour qu’une commission de scientifiques indépendants, mandatés par les pouvoirs publics, se penche sur la question ? Pour le professeur de santé publique Denis Zmirou-Navier, président de la CNDASPE, c’est une question majeure, avec des conséquences potentielles à long terme, qui est posée : celle de la confiance dans l’expertise. A défaut de réponses, il sera compliqué de continuer à plaider, sur ce sujet comme sur d’autres, que l’« on peut débattre de tout, sauf des chiffres ».
§ Le second volet de cette chronique paraîtra dans l’édition du « Monde » des 20-21 février.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/05/galvauder-l-autorite-de-la-science-pour-defendre-des-decisions-politiques-ou-des-interets-particuliers-est-l-un-des-creusets-de-la-defiance_6112479_3232.html>
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14- Reportage. En Gambie, la petite ville côtière de Gunjur se bat contre une usine chinoise de farine de poisson, Le Monde Afrique, 07/02/22, 18h00 
Théa Ollivier (Gunjur, Gambie, envoyée spéciale)

Au sud de la capitale Banjul, les habitants de la localité subissent la pollution d’une installation de l’entreprise Golden Lead. 
Une haute palissade rouillée sépare le jardin potager des énormes silos de l’usine de farine de poisson de l’entreprise chinoise Golden Lead. Ici, dans la petite ville côtière de Gunjur, à 50 kilomètres au sud de Banjul, la capitale de la Gambie, des femmes essaient encore tant bien que mal de faire pousser des légumes.
Mais, malgré la clôture, l’agricultrice Fatou Maneh constate avec dépit que les plants d’aubergines ont été inondés par une eau jaunâtre qui s’échappe en continu de l’usine et se déverse dans les cultures maraîchères. « La plupart de la production sert à nourrir directement ma famille et je vends le surplus. Nous nous battons pour garder ces champs car, si je ne travaille pas ici, où est-ce que je peux aller ? », se désole la mère de famille.
> Lire aussi En Gambie, la lutte s’organise contre l’invasion du sel dans les rizicultures
Implantée depuis 2016, la société Golden Lead a très vite tenté d’agrandir son site. C’était sans compter la colère des habitants. Après une plainte initiée en 2017 par des membres de la société civile locale, l’affaire a été jugée le 2 décembre 2021 au tribunal de Banjul. Depuis, une ordonnance a été rédigée pour interdire tout projet d’extension sur les terres cultivables du village.
Mais la décision n’a pas été officialisée, l’entreprise chinoise ne l’ayant pas encore signée. Et la bataille est loin d’être terminée. Une autre plainte a été déposée pour protester contre la pollution de la rivière et les dégâts pour l’environnement engendrés par l’activité de l’usine. L’affaire devait être présentée le 14 décembre au tribunal, mais l’audience a été reportée sans qu’aucune échéance ne soit fixée.
Atermoiements de la justice
Des affaires qui dérangent, alors que les relations diplomatiques – rompues pendant vingt et un ans – entre le gouvernement gambien et la Chine ont repris en 2016, contre la promesse de n’entretenir aucune relation officielle avec Taïwan. L’ancien dictateur Yahya Jammeh avait misé sur les investissements du géant asiatique pour relancer une économie en difficulté. L’actuel président Adama Barrow a maintenu ce cap, comme il l’a affirmé à son homologue chinois Xi Jinping, rencontré à Pékin en 2017, l’année de son arrivée au pouvoir.
Les atermoiements de la justice sont une déception pour Ahmed Manjang, un militant écologiste de Gunjur. En 2017, ce dernier avait découvert, stupéfait, une eau rouge et de l’huile flottant à la surface de la lagune, ainsi que des poissons et des crabes morts aux abords de la mangrove. « Les problèmes ont commencé quand ils ont déversé leurs déchets non traités dans l’environnement, puis dans la mer via des tuyaux qui vont à plus de 300 mètres dans la mer », explique-t-il.
Aussitôt, il contacte l’agence nationale environnementale, qui commence par prendre le dossier à bras-le-corps en accusant Golden Lead de déverser ses eaux usées sans autorisation. Mais l’agence retire finalement sa plainte contre des promesses de réparations de la part de l’entreprise chinoise.
Ahmed Manjang pointe du doigt la corruption et assure que c’est l’intervention du gouvernement qui a bloqué la procédure. Le secrétaire général du ministère de la pêche a d’ailleurs été suspendu de ses fonctions en octobre 2020 suite à des suspicions de corruption avec des industriels chinois.
Phosphate, nitrogène, arsenic
Microbiologiste de formation, Ahmed Manjang décide alors de prendre l’enquête en main. En 2017, il prélève un extrait de l’eau rougeâtre et un échantillon de déchets à l’intérieur de l’usine, qu’il envoie à un laboratoire en Allemagne pour les analyser et vérifier que les deux sont bien liés. Les résultats sont alarmants.
« Les indicateurs concernant le phosphate ou le nitrogène sont 40 fois plus élevés que les standards internationaux », note le biologiste, également préoccupé par la présence d’arsenic, une substance chimique extrêmement toxique et cancérigène. Interrogé à ce sujet, le ministère de la pêche n’a pas donné suite à nos sollicitations.
> Lire aussi L’Afrique de l’Ouest privée de nourriture par la demande mondiale en huile et farine de poisson
Karamo Touray, jeune militant écologiste local, jette un regard désapprobateur sur l’usine et ses cheminées. La silhouette imposante du complexe industriel casse l’image de carte postale de la longue plage blanche qui borde Gunjur où les pêcheurs vont et viennent, déchargeant leurs pirogues de lourds paniers de poissons.
« Gunjur n’attire plus les touristes étrangers ou locaux depuis que les Chinois sont arrivés. Avant, des petites boutiques vendaient des jus frais à la place de l’usine qui dégage maintenant une odeur nauséabonde », constate Karamo Touray, qui se dit prêt à se battre. « Très peu de personnes de notre communauté ont profité de leur installation », tranche-t-il.
« Ils pillent toutes nos ressources »
A son arrivée, Golden Lead avait pourtant promis, assure Karamo Tourau, d’aménager le marché aux poissons, de créer 600 emplois et de construire une route goudronnée pour remplacer la piste entre le village et le quai de pêche. Mais rien de tout cela ne s’est réalisé. Dans cette localité qui vit essentiellement du produit de la pêche, les femmes qui s’occupaient de transformer la ressource en poisson séché ou braisé, des aliments très prisés dans la région, ont même perdu du travail.
« Le prix du panier de poisson a augmenté de 50 dalasis à 350, voire 500 dalasis [de 0,8 euro à 8 euros]. Les pêcheurs préfèrent alors vendre aux Chinois dont les besoins sont tellement grands que, parfois, ils achètent tout. Et je n’ai plus rien à transformer », se plaint Anta Jobe, 40 ans et mère de huit enfants.
> Lire aussi Gambie : la commission Vérité, réconciliation et réparations recommande des poursuites contre l’ex-dictateur Yahya Jammeh
Selon Greenpeace, plus de 500 000 tonnes de poissons sont prélevées chaque année dans les eaux ouest-africaines et sont transformées en farine ou en huile pour l’aquaculture et l’alimentation animale, principalement à destination des marchés européens et asiatiques.
Dans le village, des pêcheurs partagent un thé, préparé sur un petit réchaud au charbon. Tous affirment que les prises sont nettement moins bonnes depuis que l’usine est installée à Gunjur. « Avant, je revenais de la pêche avec 200 à 250 paniers de poisson. Depuis que les Chinois sont ici, je n’en prends que 25. Et chaque année cela diminue », précise Salif Ndoure, pêcheur qui refuse de vendre quoi que ce soit aux Chinois.
« Ils pillent toutes nos ressources, ils ne respectent pas la mer, ils attrapent même les juvéniles [les poissons jeunes qui, normalement, ne doivent pas être pêchés pour leur permettre de grossir et de se reproduire] et ils cassent les habitats de reproduction », dénonce le pêcheur. Lui n’attend qu’une chose : que l’usine disparaisse.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/07/en-gambie-la-petite-ville-cotiere-de-gunjur-se-bat-contre-une-usine-chinoise-de-farine-de-poisson_6112693_3212.html>
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15- Protestations contre le rôle de l’Inrae dans la réautorisation des néonicotinoïdes, Le Monde, 08/02/22, 11h08
Stéphane Foucart

Pour les chercheurs du syndicat SUD-Recherche, l’institut, qui s’est montré favorable à l’usage de ces substances controversées, devrait jouer son rôle de conseil scientifique et se garder d’intervenir dans la décision publique. 
La réautorisation partielle des néonicotinoïdes ne suscite pas seulement l’émoi des apiculteurs et des associations de protection de l’environnement, elle agite aussi les milieux scientifiques. Dans une lettre ouverte adressée le 2 février à la direction de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), les chercheurs du syndicat SUD-Recherche protestent contre le rôle joué par l’organisme dans la décision de remettre en selle ces pesticides décriés pour leur impact sur les abeilles, les pollinisateurs et les oiseaux. La veille, l’arrêté de réautorisation pour 2022 était publié au Journal officiel.
> Lire aussi Les pesticides néonicotinoïdes en voie de réautorisation pour 2022
Pour comprendre, il faut revenir à la loi du 14 décembre 2020 qui encadre le retour, sur la betterave à sucre, des néonicotinoïdes. Le texte instaure un conseil de surveillance ad hoc, initialement composé de représentants de la filière betteravière, de syndicats agricoles, d’ONG, d’élus, de l’Inrae et d’une scientifique de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Chaque année jusqu’en 2022, ce conseil vote pour ou contre l’usage des néonicotinoïdes l’année suivante.
Dans leur interpellation, les chercheurs de SUD-Recherche déplorent notamment que le représentant de l’Inrae au conseil de surveillance ait voté en faveur du retour de ces substances. « Siéger [au conseil de surveillance] est une chose, écrivent-ils. Mais en participant aux votes qui s’y tiennent, l’Inrae s’engage une nouvelle fois sur le terrain dangereux d’une intervention directe dans la décision publique, alors que l’institut a précisé et réaffirmé depuis plusieurs années déjà un positionnement très différent, celui d’éclairer la décision publique. »
« Contradiction avec le principe de transparence »
L’Inrae siège au conseil de surveillance mais y apporte aussi une expertise, sous la forme de courtes notes dont le rôle est de faire le point sur des éléments susceptibles de justifier, ou non, l’utilisation dérogatoire des néonicotinoïdes. Par exemple, l’analyse des données de prévisions météorologiques saisonnières peut indiquer, bien qu’avec une forte marge d’incertitude, si les pucerons vecteurs de la jaunisse (une maladie virale de la betterave) bénéficieront de conditions propices à leur prolifération dans les régions betteravières.
> Lire aussi Les néonicotinoïdes, « l’arbre qui cache la forêt » de la crise de la betterave en France
Là encore, proteste SUD-Recherche, l’Inrae déroge aux règles de transparence que l’institution s’est elle-même fixées. Les notes d’appui scientifique rendues par l’Inrae au conseil de surveillance sont en effet produites « sans noms d’auteur (…) et sans références bibliographiques », c’est-à-dire en « complète contradiction avec le principe de transparence inscrit dans la charte de l’expertise à l’Inrae ». « Sachant la portée que vont avoir ce genre de notes dans la décision publique, dans un contexte extrêmement controversé, l’Inrae devrait redoubler de prudence et ne pas se soumettre à des exigences du comité de surveillance qui soient en contradiction complète avec ses propres règles », précise le syndicat de chercheurs.
Enfin, le syndicat déplore que l’Inrae limite son expertise aux demandes qui lui sont adressées par le conseil de surveillance, et qui concourent à justifier l’usage des produits controversés : « L’Inrae devrait être capable de s’autosaisir et d’apporter au conseil de surveillance des informations qu’il ne sollicite pas nécessairement : sur les impacts des néonicotinoïdes sur l’environnement et en particulier sur les insectes pollinisateurs, avec toutes les conséquences économiques que l’effondrement de ces populations fait potentiellement peser sur les productions agricoles qui en dépendent. »
> Lire aussi Le plan « pollinisateurs » du gouvernement suscite la colère des apiculteurs
Ce n’est pas la première escarmouche entre le syndicat de chercheurs et la direction de l’Inrae. Le 10 janvier, une première lettre interrogeant l’utilisation de certaines données transmises par l’institut au conseil de surveillance avait été adressée à Philippe Mauguin, le PDG de l’organisme de recherche. Ce dernier avait défendu l’action de l’organisme, réaffirmant que celui-ci était engagé dans « une sortie des pesticides pour une agriculture performante et protégeant l’environnement ». L’Inrae n’était pas en mesure, le 7 février, de commenter la nouvelle interpellation de SUD-Recherche.
L’organisme est représenté au conseil de surveillance par son directeur scientifique agriculture, Christian Huyghe, mais une autre chercheuse de l’organisme, Fanny Mondet, l’y rejoint. Elle remplace une autre spécialiste de l’abeille, Marie-Pierre Chauzat, qui siégeait intuitu personae et qui a cessé sa participation en décembre. Interrogée le 7 février, l’Anses disait ignorer les raisons de cette démission.
> Lire aussi L’organisme public de recherche en agriculture et alimentation attaqué pour sa communication sur la viande
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/08/protestations-contre-le-role-de-l-inrae-dans-la-reautorisation-des-neonicotinoides_6112778_3244.html>
En savoir plus :
> Commentaires SUD sur les réponses du PDG de l’INRAE à notre lettre ouverte du 10 janvier 2022 sur la ré-autorisation des néonicotinoïdes sur semences de betterave <https://www.sud-recherche.org/SPIPprod/spip.php?article3793>, Sud Recherche EPST, 02/02/22
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16- La famine menace 13 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique, Le Monde Afrique avec AFP, 08/02/22, 12h04 

Selon le Programme alimentaire mondial, la région connaît sa pire sécheresse depuis des décennies, une situation qui exige « une action humanitaire immédiate ». 
Treize millions de personnes au Kenya, en Somalie et en Ethiopie sont confrontées à une famine grave, alors que la Corne de l’Afrique connaît sa pire sécheresse depuis des décennies, a indiqué le Programme alimentaire mondial (PAM), mardi 8 février. Trois années ont passé sans véritable saison des pluies et la région enregistre ses conditions les plus sèches depuis 1981, a indiqué l’agence des Nations unies.
La sécheresse a détruit les cultures et provoqué une mortalité animale « anormalement » élevée, obligeant les familles rurales qui vivent de l’élevage et de l’agriculture à abandonner leurs foyers. L’eau et les pâturages se font rares et les prévisions de précipitations, inférieures à la moyenne pour les mois à venir, ne font qu’aggraver la misère, a déclaré Michael Dunford, directeur régional du PAM en Afrique de l’Est.
> Lire aussi Ethiopie : « Ce qui se passe au Tigré est sans aucun doute une catastrophe humanitaire »
« Les récoltes sont ruinées, le bétail meurt et la faim augmente, alors que des sécheresses récurrentes affectent la Corne de l’Afrique », a-t-il indiqué dans un communiqué : « La situation exige une action humanitaire immédiate » pour éviter la répétition d’une crise comme celle de la Somalie en 2011, où 250 000 personnes sont mortes de faim pendant une sécheresse prolongée. L’aide alimentaire est distribuée à travers une bande aride du Kenya, de l’Ethiopie et de la Somalie, où les taux de malnutrition sont élevés et où 13 millions de personnes risquent de souffrir de la faim au premier trimestre de cette année.
Des chocs climatiques récurrents
Quelque 5,7 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire dans le sud et le sud-est de l’Ethiopie, dont un demi-million d’enfants et de mères souffrant de malnutrition. En Somalie, le nombre de personnes classées comme souffrant gravement de faim devrait passer de 3,5 à 4,6 millions d’ici au mois de mai, à moins que des interventions urgentes ne soient menées. Dans le sud-est et le nord du Kenya, où une situation d’urgence liée à la sécheresse a été déclarée en septembre, 2,8 millions de personnes supplémentaires ont besoin d’aide.
> Lire aussi En Afrique, la crainte d’une crise alimentaire de grande ampleur
Selon le PAM, 327 millions de dollars (environ 286 millions d’euros) sont nécessaires pour répondre aux besoins immédiats au cours des six prochains mois et aider les communautés pastorales à devenir plus résilientes face aux chocs climatiques récurrents.
En 2011, l’absence de pluies avait conduit à l’année la plus sèche depuis 1951 dans les régions arides du Kenya, de la Somalie, de l’Ethiopie, de Djibouti et de l’Ouganda. Selon les experts, les événements météorologiques extrêmes se produisent avec une fréquence et une intensité accrues en raison du changement climatique et c’est l’Afrique qui en fait les frais en premier, alors que c’est le continent qui contribue le moins au réchauffement de la planète.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/08/la-famine-menace-13-millions-de-personnes-dans-la-corne-de-l-afrique_6112797_3212.html>
En savoir plus : 
> 13 millions de personnes font face à une grave faim alors que la sécheresse s'empare de la corne de l’Afrique <https://fr.wfp.org/communiques-de-presse/13-millions-de-personnes-font-face-une-grave-faim-alors-que-la-secheresse>, Programme alimentaire mondial (PAM), 08/02/22
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17- Chlordécone aux Antilles : deux plaintes d’associations jugées irrecevables, Le Monde avec AFP, 08/02/22, 18h44

Les plaintes visaient les anciens ministres de la santé ou de l’agriculture Xavier Bertrand, Marisol Touraine, Dominique Bussereau, Louis Mermaz, Jean-Pierre Soisson, Agnès Buzyn et Didier Guillaume. 
La Cour de justice de la République (CJR) a déclaré irrecevables les plaintes déposées par deux associations contre d’anciens ministres dans le dossier de l’utilisation du chlordécone aux Antilles, a annoncé le parquet général près la Cour de cassation, mardi 8 février auprès de l’Agence France-Presse.
La juridiction a conclu à la fin du mois de janvier que l’Association médicale de sauvegarde de l’environnement et de la santé (Amses) et l’Association guadeloupéenne d’action contre le chlordécone (AGAC), affiliée au syndicat UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe), ne remplissaient pas les critères pour pouvoir déposer plainte et n’avaient pas d’« intérêt à agir ».
> Lire aussi « Le scandale du chlordécone n’est pas un accident, c’est un crime hors norme »
Le fond du dossier non examiné
La CJR, seule juridiction habilitée à juger les actes des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, n’a donc pas examiné le fond du dossier et ne s’est pas prononcée sur les faits dénoncés au printemps 2021 par les plaignants.
L’Amses – qui compte 25 médecins exerçant en Martinique ou retraités – visait les anciens ministres de la santé ou de l’agriculture Xavier Bertrand, Marisol Touraine, Dominique Bussereau, Louis Mermaz et Jean-Pierre Soisson. Ainsi que l’UGTG, Agnès Buzyn et Didier Guillaume.
> L’enquête : Les Antilles empoisonnées pour des générations
Les avocats de l’Amses reprochaient aux anciens membres du gouvernement d’avoir « prolongé l’autorisation d’utilisation du chlordécone » et signé des arrêtés, notamment en 2005, qui autorisaient des résidus de chlordécone dans l’alimentation avec des seuils tolérables, d’après eux, bien trop élevés.
Depuis 2008, le pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris est chargé d’une information judiciaire, mais les juges d’instruction ont fait part en 2021 à plusieurs parties civiles de leur analyse, selon laquelle les faits seraient, dans leur grande majorité, prescrits. Dans le cadre de cette enquête, les ex-ministres de l’agriculture Jean-Pierre Soisson (1992-1993) et Louis Mermaz (1990-1992) ont été entendus comme témoins les 24 juin et 22 juillet derniers.
En 2006, plusieurs associations martiniquaises et guadeloupéennes avaient déposé trois plaintes pour empoisonnement, mise en danger de la vie d’autrui et administration de substance nuisible.
> Lire aussi Les cancers de la prostate liés à l’exposition aux pesticides reconnus comme maladie professionnelle
Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990, mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, a provoqué une pollution importante et durable des deux départements.
Plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
+ En vidéo : Chlordécone : le scandale sanitaire expliqué <https://www.youtube.com/watch?v=a7AqWZbwOJQ>, Le Monde, 28/07/18
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/08/chlordecone-aux-antilles-deux-plaintes-d-associations-jugees-irrecevables_6112839_3244.html>
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En images
18- Agriculture : les exploitations réduisent progressivement l’utilisation de glyphosate, France 2, journal de 13h, 04/02/22

Comment palier la probable fin de l’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture ? En Normandie, trente-six exploitations agricoles se sont engagées à supprimer de manière progressive l’utilisation des herbicides à base de glyphosate. Les journalistes de France 2 ont rencontré un céréalier qui a pris cet engagement.
En Normandie, Gaylord Couture, céréalier, essaye de réduire depuis deux ans sa consommation de glyphosate. Pour y arriver, il a dû changer ses pratiques. "Je suis revenu au labour parce que c’est la seule alternative pour ne pas épandre de glyphosate sur les parcelles avant de semer. On a besoin de deux tracteurs au lieu d’un, donc de deux chauffeurs", explique l'agriculteur. Plus de personnel et plus de temps à travailler la terre, mais le labour lui permet de se débarrasser des mauvaises herbes sans glyphosate, tout comme la rotation des cultures qu’il a aussi développée. 
Des agriculteurs subventionnés par la Région
Conséquence : l’utilisation de produits phytosanitaires a baissé de plus d’un tiers dans son exploitation, sans baisse de rendements pour l’instant. Ce céréalier fait partie d’une expérimentation menée par la Région Normandie. Elle a versé des subventions à 36 agriculteurs pendant deux ans pour les accompagner. Gaylord Couture a reçu 8 000 euros. En France, en 2021, plus de 8 600 tonnes de glyphosate ont été utilisées. Un chiffre quasiment stable depuis 10 ans alors que la France en prévoyait la fin en 2022.
Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-les-exploitations-reduisent-progressivement-lutilisation-de-glyphosate_4942929.html>
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19- Golfe de Gascogne : un navire lituanien a-t-il rejeté volontairement 100 000 poissons morts ?, France 2, journal de 20h, 04/02/22


Des poissons morts par dizaines de milliers flottant à la surface de l’eau. Cette nappe morbide de 3 000 mètres carrés a été découverte dans le golfe de Gascogne par l’association de défense des océans Sea Shepherd. Il s’agit d’un banc de merlans bleu asphyxiés, sortis du filet géant d’un gigantesque chalutier lituanien. Le navire aurait-il rejeté volontairement du poisson jugé peu rentable ? C’est la question posée par l’association dont les membres suivent et surveillent ces chalutiers-usines. 
Le capitaine du navire dément
L’ONG dénonce un gaspillage "inutile" et "choquant" des ressources marines. De son côté, le capitaine du navire dément et affirme que son filet s’est rompu accidentellement à cause d’un volume de poissons trop élevé. Ces chalutiers sont suivis 24h/24 par le centre de surveillance des pêches. Ce dernier confirme que le navire lituanien a bien déclaré un incident et ne serait donc pas en infraction. Pour autant, ce chalutier n’est pas à sa première polémique. Déjà en 2019, il avait été accusé de rejet de poissons. Il a été interdit de pêche dans les eaux australiennes.

<https://www.francetvinfo.fr/animaux/bien-etre-animal/golfe-de-gascogne-un-navire-lituanien-a-t-il-rejete-volontairement-100-000-poissons-morts_4943337.html>
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