[revue-presse-FNH] Dans le contexte du SIA, petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (mercredi 2 mars)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Mer 2 Mar 07:53:15 CET 2022
Bonjour à tous,
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1- Reportage. Sur les routes d’Europe, des veaux transportés au détriment des règles du bien-être animal <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/21/sur-les-routes-d-europe-la-traque-des-veaux-transportes-au-detriment-des-regles-du-bien-etre-animal_6114550_3244.html>, Le Monde, 21/02/22, 04h48
2- Modèle ou utopie ... « Terres en ville » au pays d’Aubagne - Trente ans d’action politique pour inscrire l’agriculture en ville <https://sentiers.eu/marcher-avec/academie-d-agriculture-de-france/article/terres-en-ville-au-pays-d-aubagne>, Sentiers entre deux, 21/02/22
3- Quand les terres agricoles disparaissent, le modèle conventionnel gagne du terrain <https://www.actu-environnement.com/ae/news/terres-agricoles-disparition-modele-conventionnel-39141.php4>, Actu-environnement, 22/02/22, 06h00
4- La surpêche diminue en France, mais beaucoup d’espèces de poissons s’effondrent <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/23/la-surpeche-diminue-en-france-mais-beaucoup-d-especes-de-poissons-s-effondrent_6114862_3244.html>, Le Monde, 22/02/22, 09h56
5- Ressources halieutiques : nette amélioration en 20 ans <https://marine-oceans.com/actualites/ressources-halieutiques-nette-amelioration-en-20-ans/>, AFP, 22/02/22, 19:00
6- LEAK : la Commission européenne mise sur le biogaz pour protéger les agriculteurs de la crise énergétique <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/leak-la-commission-europeenne-mise-sur-le-biogaz-pour-proteger-les-agriculteurs-de-la-crise-energetique/>, EurActiv, 22/02/22
7- Sécheresse, gel, grêle... dernière ligne droite pour la réforme de l'assurance récolte <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220224-s%C3%A9cheresse-gel-gr%C3%AAle-derni%C3%A8re-ligne-droite-pour-la-r%C3%A9forme-de-l-assurance-r%C3%A9colte>, AFP, 24/02/22, 05:00
8- Présidentielle 2022 : « L'agriculture doit retrouver sa juste place » pour Claire et Geoffrey Andna, à la tête d'une ferme urbaine <https://www.20minutes.fr/elections/3240083-20220224-presidentielle-2022-agriculture-doit-retrouver-juste-place-claire-geoffrey-andna-tete-ferme-urbaine>, 20 Minutes, 24/02/22, 11h05
9- Plan de relance et PAC : quelle place pour la transition agro-écologique en France ? <https://www.euractiv.fr/section/economie/news/plan-de-relance-et-pac-quelle-place-pour-la-transition-agro-ecologique-en-france/>, EurActiv, 24/02/22
10- Stockage du carbone dans les sols agricoles : la France comme modèle pour l’UE <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/stockage-du-carbone-dans-les-sols-agricoles-la-france-comme-modele-pour-lue/>, EurActiv, 24/02/22
11- L’agriculture bio en quête d’un nouveau souffle <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/25/l-agriculture-bio-en-quete-d-un-nouveau-souffle_6115161_3234.html>, Le Monde, 25/02/22, 02h10
12- Analyse. Briser le silence sur la souffrance des poissons <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/25/briser-le-silence-sur-la-souffrance-des-poissons_6115157_3232.html>, Le Monde, 25/02/22, 02h12
13- Chronique. Agriculture : « Le plus grand “plan social” des cinquante dernières années » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/25/agriculture-le-plus-grand-plan-social-des-cinquante-dernieres-annees_6115200_3234.html>, Le Monde, 25/02/22, 10h08
14- Betterave : nouvelle dérogation validée pour les néonicotinoïdes <https://information.tv5monde.com/info/betterave-nouvelle-derogation-validee-pour-les-neonicotinoides-446371>, AFP, 25/02/22, 17:00
15- Entretien. « L'agriculture est au cœur des enjeux environnementaux et sociétaux de demain » <https://www.actu-environnement.com/ae/news/agriculture-enjeux-environnementaux-societes-greenflex-39170.php4>, Actu-environnement, 25/02/22
16- Les six chantiers prioritaires pour l’avenir de l’agriculture française <https://theconversation.com/les-six-chantiers-prioritaires-pour-lavenir-de-lagriculture-francaise-175198>, The Conversation, maj le 26/02/22 à 13:14
En images
17- Une idée pour la France : un restaurant gastronomique à 1 euro le menu <https://www.francetvinfo.fr/france/provence-alpes-cote-d-azur/une-idee-pour-la-france-un-restaurant-gastronomique-a-1-euro-le-menu_4974030.html>, France 2, journal de 13h, 21/02/22
18- Agriculture : court-on vers une inévitable artificialisation des sols ? <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-court-on-vers-une-inevitable-artificialisation-des-sols_4975809.html>, France 3, Le 12/13/, 22/02/22
19- Écologie : des enfants aident à replanter des arbres <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/ecologie-des-enfants-aux-mains-vertes_4975716.html>, France 2, journal de 13h, 22/02/22
20- Trouver des terres : un défi pour les jeunes agriculteurs <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/trouver-des-terres-un-defi-pour-les-jeunes-agriculteurs-09309159.html>, TF1, journal de 20h, 22/02/22
21- "Un poulet, il vit sur une surface d'une feuille A4, il faut arrêter ça" <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/video-un-poulet-il-vit-sur-une-surface-d-une-feuille-a4-il-faut-arreter-ca_4977393.html>, Brut, 23/02/22, 16:41
Bien à vous,
Florence
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REPORTAGE DU JOUR : Suivi de l’eurodéputée Caroline Roose et de l’ONG Animal Welfare Foundation dans une mission de contrôle du transport d’animaux, un secteur où les entorses à la réglementation sont « systématiques », selon un rapport du Parlement européen. (cf. item 1)
MONOGRAPHIE DU JOUR : Le pays d’Aubagne s’est doté depuis trois décennies d’une politique partagée visant à ancrer les productions agricoles et alimentaires dans son territoire. (cf. item 2)
RAPPORT DU JOUR : Terre de liens s’alarme : un quart des exploitants a plus de 60 ans et 5 millions d'hectares de surface agricole utile devraient changer de main, dans les dix ans à venir, sur un total de 27 millions. Mais pour quels usages ? (cf. item 3, suite, 18 & 20)
BILAN DU JOUR : Plus de la moitié des espèces commercialisées de poissons sont désormais exploitées de manière durable, selon un bilan de l’Ifremer, mais la dégradation des conditions environnementales continue à affecter les ressources halieutiques. (cf. item 4, 5 & suite)
CHOIX DU JOUR : La production de biogaz a été désignée comme un moyen essentiel pour aider à renforcer le secteur agricole de l’UE en difficulté face à la hausse des coûts énergétiques. (cf. item 6)
QUESTIONNEMENT DU JOUR : Le Plan Stratégique National (PSN) de la France est en cours d’examen par la Commission européenne. Mais alors que la nouvelle PAC va entrer en vigueur l’année prochaine après de longues négociations au Parlement européen, les avis divergent sur son ambition environnementale. (cf. item 9)
MODÉLISATION DU JOUR : Pour Julien Denormandie, ministre français de l’Agriculture, un cadre européen de rémunération pour le stockage du carbone dans les sols agricoles devrait s’inspirer du système français déjà existant qui repose sur une base volontaire. (cf. item 10)
CITATIONS DU JOUR : — "Ce qui est terrible, c’est qu’il n’y a pas de soutien de l’Etat, pas de reconnaissance par la société des pratiques vertueuses pour l’environnement et la santé. On laisse les agriculteurs se décourager", Gwenaël Le Berre, propriétaire de la ferme de Kerdroual, à Gourlizon (Finistère), qui est passé d’un élevage laitier conventionnel à un élevage bio de race à viande angus. (cf. item 11)
— "L'agriculture est au cœur des enjeux environnementaux et sociétaux de demain", Elise Bourmeau, Directrice en Conseil agriculture durable et bioéconomie chez Greenflex. (cf. item 15)
— "Un poulet, il vit sur une feuille d'une surface A4, toute sa vie, il faut qu'il se couche, qu'il mange sur une petite surface comme ça, il faut arrêter ça", Francis, éleveur qui a refusé de faire de l'élevage intensif. (cf. item 21)
ANALYSE DU JOUR : Les images de poissons agonisants et maltraités présentées par l’association L214 et prises sur deux chalutiers jettent une lumière crue sur des pratiques de pêche qui ne se soucient pas du bien-être animal. (cf. item 12)
CHIFFRES DU JOUR : — Le nombre d’exploitations est passé de 1,6 million en 1970 à 389 000 en 2020, le plus grand “plan social” des 50 dernières années. (cf. item 13)
— Avec 77 milliards d’euros de production en valeur pour 2019, la France est la première puissance productrice agricole européenne. Sur 48,5 % du territoire métropolitain, les 390 000 exploitations agricoles recensées en 2020 façonnent les paysages. (cf. item 16)
DÉCISIONS DU JOUR : — Le Parlement a adopté par un ultime vote du Sénat une réforme de l'assurance récolte attendue de longue date par le monde agricole, en première ligne face aux conséquences du changement climatique. (cf. item 7)
— La dérogation autorisant pour 2022 l'utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des néonicotinoïdes est légale, a tranché le Conseil d'État en rejetant le recours d'opposants à des insecticides "tueurs d'abeilles ». (cf. item 14)
INITIATIVES DU JOUR : — Claire et Geoffrey Andna ont créé en 2014 une ferme urbaine en plein Strasbourg, sans grandes aides de l’Etat, qu’ils trouvent peu concerné. (cf. item 8)
— A Marseille (Bouches-du-Rhône) un restaurant vient d’ouvrir avec une formule totalement inédite : pour le même menu gastronomique, deux tarifs sont proposés, 25 euros pour ceux qui ont les moyens et 1 euro pour les plus démunis. (cf. item 17)
— Près de 90 élèves de sixième sont venus planter des arbres dans la Ferme des Clos (Yvelines). L'objectif est de former une haie de 400 arbres afin de protéger l'exploitation agricole. (cf. item 19)
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> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Reportage. Sur les routes d’Europe, des veaux transportés au détriment des règles du bien-être animal, Le Monde, 21/02/22, 04h48
Mathilde Gérard (Rozvadov, République tchèque ; Kappelen (Haut-Rhin), envoyée spéciale)
« Le Monde » a suivi l’eurodéputée Caroline Roose et l’ONG Animal Welfare Foundation dans une mission de contrôle du transport d’animaux, un secteur où les entorses à la réglementation sont « systématiques », selon un rapport du Parlement européen.
Il est 15 heures, jeudi 10 février, quand les veaux, âgés de quatre semaines pour la plupart, se hissent les uns après les autres à l’arrière du semi-remorque, dans un bruit de meuglement et de rampes métalliques.
A mi-chemin d’un trajet qui les mène de Krizanov, en République tchèque, à Lérida, en Espagne, ils ont fait étape en Alsace, dans un « poste de contrôle » à Kappelen, dans le Haut-Rhin. Cette ferme est un lieu de transit officiellement agréé pour le transport longue distance d’animaux, chargé d’accueillir les bêtes pendant leur halte, de les nourrir… « Un hôtel-restaurant pour animaux », comme aime le présenter Alain Muller, le propriétaire de ce site situé dans un charmant village alsacien, à l’orée d’un stade de foot et de champs vallonnés.
Pourtant, lorsque se présente, cet après-midi-là, l’eurodéputée française Caroline Roose (Les Verts), membre d’une commission d’enquête parlementaire sur le transport d’animaux, qui souhaite observer les installations, la gêne des opérateurs est manifeste et les chauffeurs font aussitôt sortir les bêtes du camion. « Le camion vient d’arriver, ils sont en train de décharger les bêtes », assure d’abord le responsable des lieux. En quelques minutes, tous les veaux montés à bord sont descendus et reprennent place dans l’étable.
En réalité, ce semi-remorque, roulant pour le compte d’une compagnie polonaise, Inter Express Trans, est arrivé il y a déjà plusieurs heures, au milieu de la nuit, à 0 h 30, comme en attestent les observations de Caroline Roose et du Monde, ainsi que le carnet de route du véhicule que nous avons pu consulter. Près de 220 veaux y sont transportés, sur trois niveaux.
Si l’embarras est tel, c’est que charger les veaux pour reprendre la route après seulement 14 h 30 de pause est contraire à la réglementation européenne. Celle-ci stipule en effet que pour les animaux non sevrés, comme ces veaux, les camions doivent faire une halte de vingt-quatre heures après dix-neuf heures de route. Une règle fréquemment enfreinte par les transporteurs et que souhaitait contrôler l’eurodéputée en suivant un trajet entre la République tchèque et l’Espagne, avec l’aide de l’ONG Animal Welfare Foundation (AWF), spécialisée dans le suivi des transports d’animaux.
« Pour la commission d’enquête du Parlement européen, nous avons fait des missions officielles, en Bulgarie notamment, où les installations visitées étaient tellement propres qu’on se demandait si elles avaient jamais accueilli des animaux, raconte Caroline Roose. Et on a aussi fait des missions non officielles, où on a systématiquement vu des infractions. »
Si la commission d’enquête a officiellement pris fin en décembre 2021, l’élue entend poursuivre les missions de terrain, car les travaux se sont heurtés aux restrictions de voyage liées à la pandémie, et la Commission européenne s’est engagée à réviser la réglementation sur le transport d’animaux d’ici à 2023.
Au moins vingt-cinq heures sans nourriture
Dans le cas observé en Alsace, le responsable du poste de contrôle assurera finalement que si les animaux sont montés à bord du camion dans l’après-midi, c’était pour libérer le box de l’étable qui les accueillait et permettre d’y changer la paille.
Alain Muller juge la règle des vingt-quatre heures inadaptée, tout comme une partie de la législation sur le transport d’animaux, « pondue par des gens qui n’y comprennent rien ». « Je le dis haut et fort, c’est beaucoup trop long. Le transport, c’est un stress. Ces veaux, ce qu’ils veulent, c’est arriver le plus vite possible à destination. » Et de filer la métaphore : « C’est comme lorsque vous partez en vacances, vous avez envie de prendre l’avion et d’arriver le plus vite possible à l’hôtel. »
Lorsque les camions font halte chez lui, les transporteurs lui paient une prestation de service : 500 euros par camion pour que les animaux soient déchargés, nourris (un par un, ces veaux ne pouvant s’alimenter seuls, à raison de dix minutes par animal), le camion rechargé en eau, les litières nettoyées, etc. Pour ce tarif, les chauffeurs disposent également d’une salle de repos, d’une salle de bain, et d’une salle à manger-kitchenette.
Le responsable du poste de contrôle doit également veiller, selon la réglementation, à ce que les animaux soient inspectés par un vétérinaire avant leur départ, et déclarés aptes au transport. Dans le cas observé, les veaux ont bien été vus par un vétérinaire dans la matinée, et les papiers de transport tamponnés, mais Alain Muller précise qu’il ne garde pas les documents vingt-quatre heures : « Ils sont à disposition sur cette table, les chauffeurs les prennent quand ils veulent », certains repartant au milieu de la nuit.
D’autres surprises attendent l’eurodéputée lors de cette visite. Lorsque le camion est arrivé à 0 h 30, les bêtes ont été déchargées mais pas nourries. « Je ne me lève pas la nuit, quand les camions arrivent, indique M. Muller, et puis après un long voyage, les veaux ont surtout envie de se reposer. » A quelle heure ont-ils été nourris ? A 6 heures ? 7 heures ? « Vers 8-9 heures », nous répond-on d’abord. « Non, non, plus tard : à midi », corrige un autre membre de l’équipe.
Le camion étant parti à 11 heures le mercredi de République tchèque, cela signifie que les animaux n’ont pas été alimentés pendant au moins vingt-cinq heures, et probablement plus, car les veaux sont généralement nourris au moins deux ou trois heures avant de prendre la route pour leur laisser un temps de digestion. Par ailleurs, le camion n’est pas équipé de système d’abreuvement adapté, les tétines métalliques dont il est doté, comme sur la majorité des camions de transport, étant destinées… aux cochons.
A Kappelen, nourrir l’ensemble des 219 veaux du camion nécessite deux heures de travail à quatre employés du poste de contrôle, à raison d’une dizaine de minutes par animal. Une solution de réhydratation, appelée électrolyte, leur est fournie mais pas de lait ou de substitut. « Le lait leur donnerait la chiasse », assure Alain Muller.
Sans donner plus de précisions, la réglementation européenne stipule que « de l’eau, de la nourriture et des périodes de repos sont proposées aux animaux à intervalles réguliers et sont adaptées, en qualité et en quantité, à leur espèce et à leur taille ». Or selon la littérature scientifique, l’électrolyte seul ne peut remplir les besoins nutritionnels des veaux non sevrés, qui ont besoin de lait.
Chargée de l’organisation de ce voyage, l’entreprise Inter Express Trans n’a pas répondu aux questions du Monde, malgré plusieurs relances.
1,5 million de veaux échangés dans l’UE par an
La route entre la République tchèque et l’Espagne est devenue en quelques années un classique des circuits européens de transport d’animaux. En 2013, le pays d’Europe centrale n’exportait que 100 veaux vers la péninsule ibérique. Mais le marché a rapidement pris de l’ampleur : 21 000 veaux exportés en 2017, et plus de 55 000 en 2020, selon les données d’Eurostat. « Sous-produits » de l’industrie laitière, environ 1,5 million de veaux sont échangés chaque année entre pays européens – la France étant le deuxième exportateur européen après l’Allemagne ; et l’Espagne, le deuxième importateur après les Pays-Bas.
Pour continuer à fournir du lait, les vaches doivent vêler et leurs petits, trouver un débouché. La République tchèque, qui compte 360 000 vaches laitières, valorise peu ses veaux, particulièrement les mâles qui ne produiront pas de lait, et l’Espagne s’est fait une spécialité de les engraisser.
Un modèle de spécialisation régionale que défend la Copa-Cogeca, premier syndicat professionnel agricole européen, qui estime qu’il participe du « dynamisme des territoires », mais qui nécessite des transports longue distance d’animaux et fait débat.
Dès 2004, l’Agence européenne de sécurité des aliments concluait dans un avis scientifique que « le transport d’animaux devrait être évité autant que possible, et les trajets être les plus courts possibles. » En 2016, la Fédération des vétérinaires d’Europe, appelait, de son côté, à « décourager autant que possible les transports longue distance » et demandait que les animaux soient élevés et abattus « aussi près que possible des lieux où ils sont nés ».
Des différentes catégories d’animaux, les animaux non sevrés sont reconnus comme étant particulièrement sensibles au transport. Entre deux et quatre semaines, les veaux sont en « déficit immunitaire », c’est-à-dire qu’ils ne bénéficient presque plus des anticorps fournis à leur naissance par le colostrum (premier lait secrété par la mère), et qu’ils n’ont pas encore construit leurs défenses immunitaires propres.
« C’est à l’âge où ils sont le plus vulnérables que l’on transporte les veaux, dans un environnement hostile, avec des changements de température, du bruit, du mouvement, résume Téa Dronjic, vétérinaire slovène et membre d’AWF. A leur arrivée à destination, beaucoup souffrent de diarrhée, de champignons ou d’infections. »
Documenter les conditions de transport
Sur les routes européennes, les entorses à la réglementation sur le transport d’animaux sont légion : dans leur rapport adopté en décembre 2021, les eurodéputés membres de la commission d’enquête sur le transport d’animaux ont conclu à des « violations systématiques et une application disparate et inégale des règles, qui accentue les risques pour les animaux. » Les élus européens relèvent également que le respect aléatoire des règles « crée une concurrence déloyale au sein de ce secteur, puisque les entreprises et les Etats membres qui [les] respectent sont bien moins compétitifs que ceux qui les enfreignent, ce qui, en retour, peut conduire à une “course au moins-disant”. »
> Lire aussi Le Parlement européen se prononce en faveur de timides mesures encadrant le transport des animaux
Comme l’atteste un recensement du centre de recherche du Parlement européen, la fréquence des contrôles et des sanctions par les forces de l’ordrevarie d’un Etat membre à un autre. En 2018, la France a déclaré avoir procédé à seulement cinquante-cinq sanctions sur la question du transport d’animaux, contre 294 pour l’Espagne, 949 pour les Pays-Bas, et 4 354 pour Allemagne (dont toutefois 74 % d’avertissements).
Face à ces contrôles officiels aléatoires, l’ONG AWF s’est donné pour mission de documenter autant que possible les conditions de ces transports. « Cela fait plus de vingt ans qu’on suit les transports d’animaux, et les problèmes sont toujours les mêmes, déplore Iris Baumgärtner, d’AWF. La différence, c’est qu’aujourd’hui, les pouvoirs publics ne peuvent plus dire qu’on est face à des faits isolés. » Géographe de formation, la militante allemande a observé de nombreux camions, traversées de frontières, chargements et déchargements. A raison d’une à deux missions par mois depuis 1998, soit quelques centaines de missions d’observation de terrain, elle a sillonné l’Europe en compagnie de Téa Dronjic, connaissant toutes les compagnies de transport, les routes, les étapes.
L’objectif est de faire un maximum de constats et si des infractions sont relevées, de prendre contact avec les forces de police ou de gendarmerie locales. A Kappelen, l’ONG et Caroline Roose n’ayant pu confirmer avec certitude que le transporteur contrevenait à la règle des vingt-quatre heures de pause, la gendarmerie n’a pas été contactée.
> Lire aussi Des cargos vétustes agréés pour le transport des animaux par l’Union européenne
Après leur étape alsacienne, les veaux tchèques repartiront bien pour l’Espagne, où ils passeront environ dix mois dans une ferme d’engraissement. Leur destinée finale sera déterminée plus tard : ils pourront être abattus en Espagne, en fonction des cours des marchés, à moins qu’un autre voyage les attende, maritime cette fois, à destination de pays extra-européens (Turquie, Liban, Arabie saoudite…).
La ferme d’arrivée, à Lérida en Catalogne, se situe d’ailleurs opportunément à 100 kilomètres de Tarragone, un port connu pour être le point de départ de cargos bétaillers. Or, une fois à bord des bateaux, d’autres irrégularités peuvent attendre les animaux, les autorités européennes elles-mêmes admettant, dans un rapport de mai 2019, ne pas avoir d’informations « sur l’état de santé et le bien-être des animaux pendant les voyages en mer ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/21/sur-les-routes-d-europe-la-traque-des-veaux-transportes-au-detriment-des-regles-du-bien-etre-animal_6114550_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/21/sur-les-routes-d-europe-la-traque-des-veaux-transportes-au-detriment-des-regles-du-bien-etre-animal_6114550_3244.html>>
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2- Modèle ou utopie ... « Terres en ville » au pays d’Aubagne - Trente ans d’action politique pour inscrire l’agriculture en ville, Sentiers entre deux, 21/02/22
André-Jean Guérin
L’habitat, les activités commerciales et industrielles, les infrastructures de transport ont grignoté, grignotent toujours, les campagnes et les espaces naturels. Chacun l’observe à son échelle. Déjà plus de la moitié de la population mondiale vit en ville [1]. En France, entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année. Les agriculteurs maintiennent ou modifient leurs activités, plus ou moins facilement, au contact des villes ou des bourgs en croissance. Dans le même temps, d’autres acteurs tentent d’incruster dans les interstices des productions maraîchères, fruitières, vivrières, ornementales. Ces initiatives se multiplient, héritées de pratiques anciennes, portées soit par des exploitants agricoles, soit par des habitants-citoyens, regroupés tantôt sous des formes associatives ou d’entreprises de l’économie solidaire et sociale, tantôt soutenues par des municipalités. Ces diverses agricultures urbaines sont entre engouements et utilités : les motivations sont multiples, comme les fonctions que remplissent les espaces qui leur sont dédiés ; on va de l’entreprise agricole à des pratiques informelles ; et les intérêts en jeu peuvent converger ou s’opposer.
Dès lors, il est apparu intéressant d’éclairer les évolutions observées sur un territoire particulier dans une sorte de monographie. Le pays d’Aubagne s’est doté depuis trois décennies d’une politique partagée visant à ancrer les productions agricoles et alimentaires dans son territoire.
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<https://sentiers.eu/marcher-avec/academie-d-agriculture-de-france/article/terres-en-ville-au-pays-d-aubagne>
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3- Quand les terres agricoles disparaissent, le modèle conventionnel gagne du terrain, Actu-environnement, 22/02/22, 06h00
Nadia Gorbatko
Dans un gros rapport sur l'état des terres agricoles en France, Terre de liens s'alarme d'une disparition croissante des surfaces agricoles utiles et dresse le portrait d'un secteur peu ouvert aux nouvelles installations et aux modèles alternatifs.
C'est un véritable cri d'alarme que pousse la fédération Terre de liens, à travers son gros rapport sur l'état des terres agricoles en France, publié ce 22 février. Aujourd'hui, constate le mouvement citoyen, un quart des exploitants a plus de 60 ans et 5 millions d'hectares de surface agricole utile devraient changer de main, dans les dix ans à venir, sur un total de 27 millions. Pour quels usages ? Chaque année, sont artificialisés entre 50 000 à 60 000 hectares de terres agricoles, qui sont détruits de manière irréversible, prévient Tanguy Martin, responsable de plaidoyer au sein du réseau Terre de liens. « C'est l'équivalent d'un terrain de football toutes les sept minutes ! »
Une situation fâcheuse pour l'environnement, comme pour la souveraineté alimentaire du pays, d'autant plus préoccupante qu'elle découle d'une tendance forte, installée depuis des décennies et bien plus marquée que dans n'importe quel autre pays d'Europe. En 1950, la surface agricole française représentait 72 % du territoire. Désormais, elle n'est plus que de 52 %. « Notre consommation de terre est plus importante et plus rapide que l'augmentation de la population », souligne Tanguy Martin.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/terres-agricoles-disparition-modele-conventionnel-39141.php4>
En savoir plus :
> Rapport. État des terres agricoles en France <https://terredeliens.org/etat-des-terres-agricoles.html>, Terre de liens, février 2022
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4- La surpêche diminue en France, mais beaucoup d’espèces de poissons s’effondrent, Le Monde, 22/02/22, 09h56
Martine Valo
Plus de la moitié des espèces commercialisées sont désormais exploitées de manière durable, selon un bilan de l’Ifremer, mais la dégradation des conditions environnementales continue à affecter les ressources halieutiques.
Moins de surpêche en France : la façon dont les bateaux puisent dans les ressources halieutiques qu’ils débarquent dans les ports de métropole a globalement tendance à moins peser sur ces dernières. Selon l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), plus de la moitié (56 %) des espèces commercialisées sont désormais exploitées de manière durable, qu’elles soient en bon état ou bien en phase de reconstitution.
Il s’avère difficile de comparer les résultats d’une année sur l’autre car les critères d’évaluation changent et sont révisés à chaque nouveau calcul. Mais enfin, dans la durée, l’Ifremer indique que le nombre de stocks – c’est-à-dire les adultes présents dans une zone marine donnée – sollicités excessivement « a fortement diminué », passant de 52 à 22 entre 2000 et 2020, tandis que ceux en bon état ou possiblement en train de se reconstituer ont progressé de 15 à 63 dans le même temps. Mais les halieutes émettent un bémol et soulignent que le rythme des améliorations a ralenti depuis la décennie 2010. Il n’y a au demeurant pas de quoi triompher si l’on se souvient qu’en 2013, l’Union européenne (UE) s’était fixée collectivement pour objectif une pêche 100 % durable en 2020.
> Lire aussi Moins d’espèces de poissons décimées par la surpêche dans les eaux françaises
Or, 10 % des volumes débarqués proviennent de stocks qui s’effondrent, et cette part augmente. La sardine du golfe de Gascogne compte pour beaucoup dans ce résultat : elle décline, comme sa cousine de Méditerranée, devenue plus petite et nettement plus rare. Le cabillaud des mers du Nord et Celtique s’effondre aussi, ainsi que le merlu de Méditerranée. Ce dernier est très mal en point depuis plusieurs années. La zone de restriction de pêche au merlu mise en place dans le golfe du Lion ne lui a pas apporté de secours, à la différence de ce qui s’est passé avec succès en Italie. Sur la façade ouest, la sole est elle aussi surpêchée ; celle du golfe de Gascogne se classe même un cran en dessous, dans la catégorie« surpêchée et dégradée ». La situation du chinchard de l’Atlantique se redresse, il n’est plus considéré comme « effondré » mais comme « reconstituable », comme le bar de la mer du Nord et de la Manche.
Un exercice complexe
Parmi les stocks considérés comme en « bon état », l’Ifremer compte sur la façade ouest, de la mer du Nord au golfe de Gascogne, les coquilles Saint-Jacques de la Manche, les baudroies, les merlans, les églefins et les merlus. Tandis qu’en Méditerranée le thon rouge demeure classé dans la catégorie « en reconstitution »tant que des données manquent encore à son propos. Dans l’ensemble, « il s’agit d’une amélioration notable, certainement due à une plus grande sélectivité des engins de pêche et à un meilleur respect des quotas », s’est félicité Alain Biseau, chercheur à l’Ifremer et chargé de présenter ce bilan communiqué pour la quatrième année consécutive.
L’exercice est complexe, son interprétation aussi. Si pour certaines espèces, comme le lieu noir de la zone nord-ouest Ecosse, les volumes surpêchés diminuent, ce n’est pas parce que des quotas plus sévères sont mieux respectés, mais parce que les pêcheurs capturent de moins en moins de cette ressource devenue plus rare. Néanmoins, l’impact de la pêche n’est pas seul en cause, il va souvent de pair avec la dégradation des conditions environnementales. Ainsi les jeunes soles qui se développent sur les sols vaseux des estuaires pâtissent des changements des débits des fleuves, relate Alain Biseau.
Autre exemple, le sud de la mer du Nord constitue désormais une limite extrême du territoire du cabillaud, compte tenu du réchauffement des températures. Il s’y trouve dans un état catastrophique, s’y reproduit difficilement, alors qu’il montre un bien meilleur état de santé dans la mer de Barents. Quant aux sardines, une étude récente a montré qu’elles souffrent d’une moindre qualité des nutriments – le plancton étant devenu plus petit, moins riche et moins fourni en raison du changement climatique.
> Lire aussi Pourquoi la santé de nos océans se dégrade
Comme le reconnaît l’Ifremer, son bilan a tendance à minimiser le phénomène des espèces effondrées, car si leur nombre reste stable, leurs volumes augmentent fortement. Par ailleurs, les évaluations halieutiques comportent beaucoup de zones d’ombre, même si la part des poissons non classifiés et non évalués a nettement baissé, passant de 37 % à 23 % entre 2000 et 2020. Ainsi, 336 espèces sont débarquées en France métropolitaine, mais 249 le sont en très petites quantités, moins d’une tonne chacune. Dans les faits, une cinquantaine de poissons et de fruits de mer représentent 95 % des captures qui arrivent à terre.
Enfin, certaines voix commencent à s’élever pour réclamer des estimations des états de santé des écosystèmes marins, qui rendraient mieux compte des interactions entre prédateurs notamment, plutôt qu’une comptabilité par stock, qui ne dit rien de l’état de la biodiversité marine devant les côtes françaises.
> Lire aussi Les Etats européens ne parviennent pas à supprimer la surpêche
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/23/la-surpeche-diminue-en-france-mais-beaucoup-d-especes-de-poissons-s-effondrent_6114862_3244.html>
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5- Ressources halieutiques : nette amélioration en 20 ans, AFP, 22/02/22, 19:00
Les scientifiques observent une nette amélioration de l'état de la ressource halieutique parmi les espèces débarquées par les pêcheurs français depuis 20 ans mais la marge de progrès reste importante, a annoncé mardi l'Ifremer.
"Il y a une grosse amélioration. En 2000, seules 15% (des espèces débarquées) n'étaient pas en surpêche. En 2020, 56% (des débarquements de poissons) proviennent d'espèces qui ne sont pas en surpêche et sont conformes à un objectif de durabilité (...). Mais l'objectif est de parvenir à 100% de pêche durable", a résumé Alain Biseau, coordonnateur des expertises halieutiques à Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), lors d'une conférence de presse consacrée à l'état des ressources halieutiques débarquées en France.
Parmi les espèces en bon état, le scientifique a énuméré la lotte, la coquille Saint-Jacques, le merlu de l'Atlantique, merlan et églefin. Parmi celles "pas encore en bon état mais en voie de reconstitution", le thon rouge et le bar. Au nombre des espèces surpêchées, la sole dans le golfe de Gascogne, et parmi les populations "effondrées", le merlu de Méditerranée ou le cabillaud en mer du Nord ou mer Celtique.
Pour M. Biseau, cette amélioration est due à plusieurs facteurs, parmi lesquels des "décisions de gestion plus conformes aux recommandations des scientifiques" avec l'imposition de quotas pour certaines espèces en mauvais état, mais aussi "les professionnels de la pêche qui ont probablement amélioré leurs pratiques notamment en respectant mieux les quotas".
"Tout ça joue pour expliquer cette amélioration très notable", a-t-il relevé, tout en observant des disparités entre Atlantique, Manche, mer du Nord et Méditerranée où, dans ce dernier cas, "on n'a pas vraiment de population en bon état".
En Méditerranée, on constate une "population effondrée" pour "le merlu ou le rouget barbet". De plus, "presque les deux tiers des débarquements proviennent d'espèces pour lesquelles on n'a pas assez d'informations", a noté M. Biseau.
En revanche, toujours en Méditerranée, la biomasse pour le thon rouge, qui "représente un tiers des débarquements" sur ces côtes, a "considérablement augmenté". "La situation est plutôt bonne, on est revenu à ce que c'était il y a 20 ou 30 ans" car "la surpêche a été maîtrisée" et les quotas "mieux respectés".
Outre la surpêche, l'environnement joue également un rôle dans la durabilité des espèces. M. Biseau a pris l'exemple de la sole dans le golfe de Gascogne. "L'évaluation 2021 montre une (...) reproduction en très forte baisse (...) liée en partie à une légère surpêche mais surtout à l'environnement". Car, a-t-il expliqué, "la petite sole se développe dans les estuaires, dans des milieux sensibles à des pollutions venues de la terre" et pouvant être également affectés par le débit des fleuves. Les scientifiques préconisent une baisse de plus d'un tiers des quotas pour cette population, a-t-il dit.
Autre espèce en mauvais état, le cabillaud, à l'exception de la mer de Barents: "C'est clair qu'il y a une combinaison de surpêche sur une population très fragilisée par l'élévation de la température. Les deux conjugués entraînent une situation dramatique pour cette espèce".
Mais il y a aussi de "vraies success stories", comme celle du merlu du golfe de Gascogne. Cette espèce, "dans une situation catastrophique dans les années 1990", a fait l'objet d'un plan d'urgence au niveau européen. "Ces efforts ont contribué à une très forte amélioration pour cette population", s'est réjoui M. Biseau.
Plus de 300 espèces sont débarquées chaque année dans les ports français mais une cinquantaine représentent 95% des volumes débarqués, selon l'Ifremer.
<https://marine-oceans.com/actualites/ressources-halieutiques-nette-amelioration-en-20-ans/>
En savoir plus :
> État des populations de poissons en France en 2021 <https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/Etat-des-populations-de-poissons-en-France-en-2021>, Ifremer, 21/02/02
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6- LEAK : la Commission européenne mise sur le biogaz pour protéger les agriculteurs de la crise énergétique, EurActiv, 22/02/22
Natasha Foote | translated by Anne-Sophie Gayet
La production de biogaz a été désignée comme un moyen essentiel pour aider à renforcer le secteur agricole de l’UE en difficulté face à la hausse des coûts énergétiques, si l’on en croit une ébauche de la communication de la Commission européenne sur les prix de l’énergie qui devrait être publiée le mois prochain.
Le projet de communication, obtenu par EURACTIV, dresse un tableau sombre de la situation des prix de l’énergie, à savoir la persistance de prix de l’énergie élevés et instables dans les années à venir. Cela aura de graves conséquences pour toute une série de secteurs, notamment celui de l’agriculture.
Les prix des engrais ont augmenté de 142 % l’année dernière, fait remarquer le projet de document, soulignant que l’énergie et les engrais représentent 20 % des coûts de production des agriculteurs.
Et cette situation pourrait encore se détériorer si la hausse des prix de l’énergie continue à faire grimper les prix des engrais, avec un risque de réduction des plantations, de baisse des rendements, et donc de pressions encore plus fortes sur les revenus des agriculteurs et les prix des denrées alimentaires, indique le document.
Cela placera le secteur agricole dans une situation de « désavantage concurrentiel par rapport aux concurrents des pays tiers ».
Afin de soutenir le secteur face à la hausse des prix de l’énergie, la Commission européenne met l’accent sur la création et le stockage de biogaz.
Le biogaz est un combustible renouvelable produit par la décomposition de matières organiques, telles que les restes de nourriture et les déchets animaux.
« Avec des revenus compressés pour les agriculteurs, l’utilisation du biogaz peut offrir une opportunité de sources de revenus supplémentaires et diversifiées pour les agriculteurs, conformément au Pacte vert européen », peut-on lire dans la communication, qui précise que le biogaz est une « source d’énergie propre, renouvelable et fiable » ainsi qu’une nouvelle source de revenus pour les agriculteurs.
L’utilisation de biogaz stocké réduit les émissions de méthane, il peut être utilisé comme source de puissance-crête et réduire la dépendance aux combustibles fossiles, tout en contribuant à la transition verte du secteur agricole.
L’exécutif européen proposera donc de fixer une ambition au niveau de l’UE, celle de produire 35 milliards de mètres cubes de biogaz d’ici à 2030, indique la communication.
Dans l’intervalle, les États membres devraient adopter des stratégies en matière de gaz renouvelable, en parfaite adéquation avec cet objectif, précise la communication.
Afin de favoriser l’augmentation de la production de biogaz, la Commission encouragera également les États membres à exploiter au maximum les possibilités offertes par la réforme de la Politique agricole commune (PAC) pour encourager son développement par le biais de leurs plans stratégiques nationaux (PSN) (Pour plus d’informations sur le contexte, voir ci-dessous).
Les paiements directs de la PAC, quant à eux, continueront à constituer un « important filet de sécurité » pour les revenus des agriculteurs.
En outre, la Commission propose de mettre en consultation publique les possibilités de soutien accru aux agriculteurs dans le cadre de la révision en cours des règles relatives aux aides d’État afin de permettre l’octroi d’aides à l’investissement dans le domaine de l’énergie durable.
Cela offrirait, par exemple, la possibilité d’accorder des aides pour l’utilisation d’engrais moins conventionnels qui sont actuellement très affectés par la hausse des prix du gaz.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/leak-la-commission-europeenne-mise-sur-le-biogaz-pour-proteger-les-agriculteurs-de-la-crise-energetique/>
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7- Sécheresse, gel, grêle... dernière ligne droite pour la réforme de l'assurance récolte, AFP, 24/02/22, 05:00
A la veille du Salon de l'Agriculture, le Parlement s'apprête à adopter jeudi par un ultime vote du Sénat une réforme de l'assurance récolte attendue de longue date par le monde agricole, en première ligne face aux conséquences du changement climatique.
Le projet de loi, qui selon Julien Denormandie "pose les fondations" de la "nouvelle maison de la couverture des risques climatiques", a été adopté une dernière fois mardi par l’Assemblée nationale, dans la version de compromis obtenue en commission mixte paritaire.
Face à "un système à bout de souffle" et une multiplication doublée d'une intensification des aléas climatiques, le ministre de l'Agriculture vante "une des réformes les plus importantes pour notre agriculture depuis la PAC".
Esquissée en septembre par le président Emmanuel Macron lors d'un rassemblement de jeunes agriculteurs, elle doit être opérationnelle au 1er janvier 2023.
Concrètement, le texte crée "un régime universel d'indemnisation" à trois étages: un premier niveau relève de l'agriculteur, qui aura à assumer les pertes les plus modestes, jusqu'à un seuil de franchise; un deuxième niveau relève de l'assureur, et un troisième incombe à l'Etat, qui, au-dessus d'un seuil de pertes, mobilisera les fonds publics pour répondre à des situations de catastrophe.
Un guichet unique est créé pour simplifier les démarches.
Le texte prévoit la création d'un pool d'assureurs. Y adhérer serait obligatoire pour les assureurs du secteur, permettant ainsi un partage de données et une mutualisation des risques, pour établir une prime d'assurance la plus juste possible.
L'indemnisation des pertes de récolte reposait jusqu'ici sur le fonctionnement parallèle de deux régimes.
Le premier, celui des calamités agricoles, existe depuis les années 1960. Cofinancé par les agriculteurs et l’État, il exclut certains pans de l'agriculture (viticulture et grandes cultures) et ses délais sont jugés trop longs.
Le second est le système assurantiel, privé, mais subventionné à 65% par l’État, déficitaire et encore peu souscrit par les agriculteurs (environ 18% toutes cultures confondues, selon le ministère).
L'épisode de gel tardif du printemps 2021 a clairement montré les limites du système: l’État avait dû annoncer un financement exceptionnel d'un milliard d'euros et rendre éligibles à l'indemnisation les zones viticoles.
- "Climat de confiance" -
Les sénateurs ont bataillé pour transformer le texte "en une ambitieuse loi d'orientation", en introduisant des éléments chiffrés. Sera ainsi inscrit dans la loi l'engagement à hauteur de 600 millions d'euros annuels de dépenses publiques pour accompagner le déploiement de la réforme, sur la période 2023-2030 et en annexe, les objectifs à atteindre de surfaces agricoles assurées, par type de culture, à l'horizon 2030, ainsi que des objectifs indicatifs pour les niveaux d'intervention de l’État par production.
Pour la présidente de la commission des Affaires économiques Sophie Primas (LR), "les sénateurs ont fait œuvre utile pour créer le climat de confiance nécessaire à cette nouvelle architecture de l'assurance récolte".
Le ministère ambitionne qu'environ la moitié des cultures soient assurées d'ici à 2030.
Les agriculteurs sont largement incités à s'assurer: les indemnisations versées au titre de la solidarité nationale seront minorées pour les exploitants non assurés. Un dispositif de "modulation" de l'aide à l'installation incitera les jeunes agriculteurs à souscrire une assurance multirisque climatique dès leur entrée en activité.
Le projet de loi "va pouvoir mieux protéger nos agriculteurs" qui "ne peuvent supporter seuls le coût du changement climatique", s'est félicité le chef de file des députés LREM Christophe Castaner.
"La réussite de la réforme dépend désormais d'une volonté politique clairement affichée pour résolument renforcer la résilience de notre agriculture face au changement climatique", a affirmé de son côté le rapporteur au Sénat Laurent Duplomb (LR).
Pour la FNSEA, "le travail doit se poursuivre", sans "perdre de temps". "Dès la promulgation de la loi, la concertation avec les représentants des filières et l'ensemble des parties prenantes devra s'engager au sein de la commission chargée de l'orientation et du développement des assurances", a déclaré la première organisation agricole dans un communiqué.
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220224-sécheresse-gel-grêle-dernière-ligne-droite-pour-la-réforme-de-l-assurance-récolte>
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8- Présidentielle 2022 : « L'agriculture doit retrouver sa juste place » pour Claire et Geoffrey Andna, à la tête d'une ferme urbaine, 20 Minutes, 24/02/22, 11h05
Thibaut Gagnepain
Portraits de familles. Avant l’élection, « 20 Minutes » vous fait partager les attentes des familles d’aujourd’hui. Claire et Geoffrey Andna ont créé en 2014 une ferme urbaine en plein Strasbourg. Sans grandes aides de l’Etat, qu’ils trouvent peu concerné…
• Avant l’élection présidentielle, 20 Minutes a rencontré des familles qui composent la société française d’aujourd’hui. Elles évoquent ce qui a changé au cours de ce mandat, leurs attentes et leur vision du monde politique actuel.
• A Strasbourg, Claire et Geoffrey Andna appartiennent à la grande famille des agriculteurs. Ils ont lancé en 2014 une ferme urbaine.
• Depuis, l’exploitation a bien grandi. Aujourd’hui, 20 personnes y travaillent et le chiffre d’affaires était de « 1,8 millions d’euros » en 2021.
• L’élection présidentielle 2022 ? « La politique ne nous touche pas vraiment. On aimerait juste que l’Etat soit beaucoup moins interventionniste », répond l’entrepreneur, qui ne manque quand même pas d’idées afin de faire évoluer le système.
Le lieu est rare. Surprenant dans une agglomération aussi densément peuplée que Strasbourg. Des champs de légumes en plein cœur de la ville ? Bienvenue à « l’îlot de la Meinau ». C’est là, enclavé entre une usine, la rivière Krimmeri et une zone industrielle que s’est installée une ferme urbaine.
« On a même vu sur la flèche de la cathédrale », rigole Geoffrey Andna en faisant le tour du propriétaire. Soit deux énormes serres, de 6.500 et 4.000 m², sur un total de 11 hectares d’exploitation. D’anciens champs de maïs qu’il a complètement transformés depuis 2014, année où il s’est lancé « en partant de rien ».
Enfin, pas tout à fait. « Je suis venu avec le petit tracteur vigneron de mon grand-père, ma caisse à outils bon marché et beaucoup d’envie », poursuit l’entrepreneur, qui travaillait alors comme conseiller technique dans le secteur agricole. Sa femme Claire l’a vite rejoint et depuis, le couple a largement développé l’affaire. En 2021, « l’îlot de la Meinau » a réalisé un chiffre d’affaires « de 1,8 million d’euros ». Aujourd’hui, ce sont environ « 20 personnes » qui y travaillent à l’année. Que ce soit dans l’exploitation, au magasin de vente directe installé sur place ou pour la livraison.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/elections/3240083-20220224-presidentielle-2022-agriculture-doit-retrouver-juste-place-claire-geoffrey-andna-tete-ferme-urbaine>
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9- Plan de relance et PAC : quelle place pour la transition agro-écologique en France ?, EurActiv, 24/02/22
Alix Le Bourdon | Euractiv France
Le Plan Stratégique National (PSN) de la France est en cours d’examen par la Commission européenne. Mais alors que la nouvelle PAC va entrer en vigueur l’année prochaine après de longues négociations au Parlement européen, les avis divergent sur son ambition environnementale.
Sur les 40 milliards d’euros que va recevoir la France au titre du plan de relance européen NextgenerationEU, seule une petite partie est consacrée directement au secteur agricole. Deux stratégies vont être soutenues : le plan Protéine à hauteur de 200 millions d’euros et le plan Reforestation pour un montant de 100 millions d’euros.
« En terme de montant, c’est relativement bas puisqu’on est autour d’1 % du plan de relance environ, jusqu’à 5 à 6 % si on inclut le développement rural, » souligne Carole Labbé, analyste de données économiques à la représentation de la Commission européenne en France.
Première explication : l’hexagone est le premier bénéficiaire de la Politique Agricole Commune (PAC). Le plan de relance a d’ailleurs accordé à cette politique une rallonge en 2020 et 2021. En tout, 8 milliards d’euros pour le développement rural dont la France a perçu 10 %.
La PAC repose sur deux piliers. Le premier vient en soutien aux revenus agricoles et représente plus de 70 % du budget de cette politique ; le second est tourné vers l’aide au développement rural.
« C’est le second pilier qui aurait été affecté si le plan de relance n’avait pas été là alors que c’est ce pilier qui aide à soutenir les transitions écologiques » avance Benoît Biteau, eurodéputé, membre de la commission de l’Agriculture et de Développement durable (AGRI). « Mais maintenant, la question, c’est de savoir si on relance ou si on transforme ? Je ne peux pas m’empêcher de regarder ce que nous disent les derniers rapports de la Cour des comptes qui sont plutôt accablants sur l’utilisation qu’on fait de la PAC. »
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/economie/news/plan-de-relance-et-pac-quelle-place-pour-la-transition-agro-ecologique-en-france/>
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10- Stockage du carbone dans les sols agricoles : la France comme modèle pour l’UE, EurActiv, 24/02/22
Julia Dahm | translated by Anne-Sophie Gayet
Pour le ministre français de l’Agriculture, Julien Denormandie, un cadre européen de rémunération pour le stockage du carbone dans les sols agricoles devrait s’inspirer du système français déjà existant qui repose sur une base volontaire.
Julien Denormandie a profité d’une réunion informelle des ministres de l’Agriculture qu’il a organisée à Strasbourg début février pour présenter le système français de crédits carbone à ses homologues européens.
Les ministres ont notamment visité une exploitation laitière qui applique déjà le système et ont entendu les personnes qui y participent expliquer le fonctionnement pratique de la certification.
Le stockage du carbone dans les sols agricoles désigne les pratiques agricoles visant à capter le carbone de l’atmosphère et à le stocker dans les sols. Alors que la Commission européenne travaille actuellement sur une proposition de cadre législatif européen pour la certification et la rémunération de ces pratiques, la France a fait de cette question une priorité de sa présidence actuelle au Conseil des ministres de l’UE.
M. Denormandie a insisté à plusieurs reprises sur le système « déjà opérationnel » de la France lorsque des questions se sont posées sur la mise en pratique d’un système de certification carbone à l’échelle européenne.
« La France a régulièrement été précurseur sur cette question, sur laquelle elle est active depuis de nombreuses années maintenant », a-t-il affirmé en marge de la réunion.
En France, la politique de stockage du carbone en agriculture relève du système de labellisation bas carbone destiné à l’ensemble de l’économie, que le ministère de la Transition écologique a mis en place en 2018 pour aider à atteindre les objectifs nationaux en matière d’émissions.
Ce système volontaire permet aux entreprises et autres organisations de connaître leur empreinte carbone, d’échanger des crédits carbone et de faire connaître leurs résultats en matière d’émissions.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/stockage-du-carbone-dans-les-sols-agricoles-la-france-comme-modele-pour-lue/>
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11- L’agriculture bio en quête d’un nouveau souffle, Le Monde, 25/02/22, 02h10
Laurence Girard
Le ralentissement de ce marché, jusqu’alors très dynamique, était perceptible dès 2019. Mais l’irruption de la crise liée au Covid-19 a brouillé les repères de consommation.
« Tout Bio Tout Roose ». Comme son nom l’indique, cette ferme de l’Oise a opté pour une agriculture respectueuse de l’environnement et sa destinée est entre les mains de la famille Roose. Les curieux désireux de la découvrir pourront s’y rendre, dimanche 6 mars. En effet, elle participe, avec 250 autres fermes réparties sur tout le territoire national, à la deuxième édition de l’opération « Salon à la ferme », organisée par le syndicat de la Confédération paysanne, parallèlement au Salon de l’agriculture.
La visite d’une ferme bio est l’occasion de redécouvrir ce qui fait la spécificité de cette agriculture. Un moment plus que jamais nécessaire, alors que le lien semble s’être quelque peu distendu avec le consommateur. C’est en tout cas ce que montrent les chiffres de vente dans les linéaires de la grande distribution. « Les produits alimentaires bio ont fini l’année 2021 sur une baisse en valeur dans les grandes surfaces de 3,6 % comparé à 2020, tandis que l’ensemble des produits alimentaires a terminé à – 0,4 %. Le poids du bio au sein des produits de grande consommation est passé de 5,7 % du chiffre d’affaires en 2020 à 5,5 % en 2021 », estime Emily Mayer, de l’institut d’études IRI, qui scrute les achats des Français en magasin.
> Lire aussi L’agriculture biologique continue de susciter des vocations
Elle précise que des signes avant-coureurs d’un ralentissement de ce marché, jusqu’alors très dynamique, étaient perceptibles dès 2019. Mais l’irruption de la crise liée au Covid-19, avec le bouleversement du confinement, a brouillé, un temps, les repères de consommation.
La rupture de rythme est finalement apparue au grand jour en avril 2021, avec un passage en territoire négatif. Pour l’heure, la tendance n’est pas au redressement. « L’année [2022] démarre durement. Le chiffre d’affaires du bio en janvier est à – 8,7 % comparé à janvier 2021, quand l’ensemble des produits de grande consommation alimentaires est à – 2,9 % en grandes surfaces », affirme MmeMayer.
Baisse du prix payé à l’éleveur
Ce brusque ralentissement a provoqué une onde de choc dans la production. La crise a touché la filière des œufs, des légumes, mais surtout celle du lait. Même si, à l’été 2021, le géant laitier Lactalis et son concurrent Sodiaal ont annoncé l’arrêt de l’accompagnement des agriculteurs dans la transition vers l’agriculture biologique (AB), difficile de freiner rapidement le flux. En 2022, près de 100 millions de litres de lait estampillés AB devraient encore s’ajouter au 1,3 milliard de litres collectés un an plus tôt. Des éleveurs qui ont amorcé leur conversion il y a deux ans arrivent sur le marché.
Résultat, une partie du lait bio, victime de la surproduction actuelle, est déclassée. Un phénomène qui se traduit par une baisse du prix payé à l’éleveur. En 2021, Lactalis avait négocié auprès de ses producteurs une baisse de 6 euros la tonne sur l’ensemble de l’année, passant sous la barre des 470 euros. Sodiaal avait embrayé en août, avec une baisse de 12 euros par tonne. Début 2022, Lactalis a une nouvelle fois réduit le prix, le fixant désormais à 460 euros la tonne. Sodiaal se trouve sur la même ligne.
> Lire aussi Une production trop importante de lait bio fragilise la filière
La situation est encore plus tendue pour la coopérative Biolait, un acteur historique qui collecte le lait bio auprès de 1 400 fermes dans tout l’Hexagone, même les endroits reculés. « Nous sommes collecteurs de lait, que nous revendons aux grands groupes industriels. Ce n’est pas dans leur intérêt de maintenir les prix. Ils nous payent actuellement 430 euros ou 440 euros la tonne, ce qui se traduit par un prix pour l’éleveur en dessous des 400 euros la tonne », explique Emilien Roose, membre de Biolait et installé dans l’exploitation laitière familiale depuis 2016, avec le projet de basculer vers le bio.
Chacun croise les doigts, car le pic de collecte laitière est attendu au printemps.« On a un afflux de production, qu’il faudrait absorber par la demande. Or la demande est parasitée par de nombreux labels concurrents, et le bio est aphone. Le ministère de l’agriculture nous a accordé une rallonge de 200 000 euros pour la communication de l’Agence Bio. Mais nous avons besoin de 15 millions d’euros »,souligne Laure Verdeau, directrice de l’Agence. Des discussions sont en cours avec les interprofessions du lait, des œufs, des fruits et légumes, de la viande pour coordonner des campagnes de communication.
« Pas de soutien de l’Etat »
« Il faut réexpliquer aux consommateurs ce qu’est le bio, ce qui le distingue des autres labels. Il faut des moyens que l’Agence Bio n’a pas. Les interprofessions doivent y contribuer », renchérit Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique, qui s’interroge sur la politique du gouvernement.
+ Infographie : Une augmentation des surfaces en mode de production biologique en France <https://img.lemde.fr/2022/02/24/0/0/1050/2349/1328/0/45/0/b21d465_18354477-webco-0722-agriculture2-4-350.png>
« Ce qui est terrible, c’est qu’il n’y a pas de soutien de l’Etat, pas de reconnaissance par la société des pratiques vertueuses pour l’environnement et la santé. On laisse les agriculteurs se décourager », ajoute Gwenaël Le Berre, propriétaire de la ferme de Kerdroual, à Gourlizon (Finistère), qui est passé d’un élevage laitier conventionnel à un élevage bio de race à viande angus. Avec un troupeau de 160 vaches, sa situation est plutôt favorable. Il vend les deux tiers de sa viande directement aux consommateurs, et le reste soit dans des écoles soit dans des épiceries.
Cependant, la vente directe n’est pas une mince affaire. M. Roose en sait quelque chose. Après avoir installé un atelier de production de produits laitiers, il a ouvert une boutique dans sa ferme, en 2019. « Pendant le confinement, en 2020, nous sommes montés à 90 clients par semaine. Nous en sommes actuellement à une vingtaine. Des magasins concurrents se sont ouverts et les gens retournent dans les supermarchés », témoigne-t-il.
> Lire aussi Le chemin de croix des agriculteurs bio pour obtenir leurs aides
Le gouvernement a supprimé l’aide au maintien des agriculteurs bio, qui prenait le relais de l’aide à la conversion. Il a juste accepté de prolonger jusqu’en 2025 le crédit d’impôt bio. « Encore faut-il payer des impôts. Je me verse un salaire de 1 200 euros par mois », réagit M. Roose. « L’agriculture bio répond aux attentes d’une agriculture saine pour les sols, l’eau, le consommateur. Il faut que celui qui la pratique gagne bien sa vie, car il prend des risques. Vous n’avez plus de béquilles pour sauver une récolte ou des animaux », estime Loïc Guines, polyculteur-éleveur laitier à Rives-du-Couesnon (Ille-et-Vilaine) et président de l’Agence Bio. Aujourd’hui, plus de 53 000 fermes françaises ont fait le choix de l’agriculture biologique. Combien seront-elles demain ?
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/25/l-agriculture-bio-en-quete-d-un-nouveau-souffle_6115161_3234.html>
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12- Analyse. Briser le silence sur la souffrance des poissons, Le Monde, 25/02/22, 02h12
Martine Valo
Les images de poissons agonisants et maltraités sont encore peu communes. Celles présentées par l’association L214 et prises sur deux chalutiers jettent une lumière crue sur des pratiques de pêche qui ne se soucient pas du bien-être animal.
Une raie qui agonise, bouche ouverte, sur le pont d’un bateau de pêche ; un petit requin qui se tord désespérément dans ses derniers instants ; des lieus aux yeux exorbités par la décompression, écrasés par des milliers de congénères au fond d’un filet… Qui pourraient-ils émouvoir ? Pas les pêcheurs en tout cas qui piétinent dans une indifférence manifeste l’épais tapis tressautant encore de vie, de poissons et de crustacés agglomérés, tout juste sortis de l’océan. Ceux qui ne valent pas la peine d’être commercialisés vont peu ou prou connaître le même sort, poussés moribonds vers un sas d’évacuation, à coups de pied.
Ces images tournées en 2021 par une ONG allemande, Soko Tierschutz, à bord de deux chalutiers, un normand et un britannique, montrent les marins en action en train d’éviscérer des poissons, d’arracher les pinces des araignées de mer, de découper les ailes de raie, tous remuant encore. Mais après tout, la plupart de ces animaux ne sont-ils pas voués à finir prochainement dans nos assiettes, tout à fait morts ?
Il n’empêche, l’association L214 livre ce témoignage pas si fréquent, qui interroge. Est-ce d’être capturée loin de tout regard qui vaut ce traitement à la faune marine, encore plus loin des yeux des consommateurs que les cochons, poules ou lapins dont l’association dénonce régulièrement les conditions d’élevage et d’abattage ?
Récepteur de la douleur
Dans l’Union européenne, les truites ou les bars dans leurs bassins piscicoles, les saumons encagés dans des fjords visibles de la côte ont droit à des mesures de protection au nom du bien-être animal, au moins au moment de leur abattage, où ils sont censés être étourdis préalablement. Rien de tel pour la pêche. Le règlement européen de 2009 sur le traitement des bêtes ne se penche pas sur les poissons sauvages, mais ne les exclut pas non plus du principe général selon lequel : « Toute douleur, détresse ou souffrance évitable est épargnée aux animaux lors de la mise à mort et des opérations annexes. »
+ Vidéo : La pêche au chalut : le grand massacre <https://www.youtube.com/watch?v=U5mrc8sFzVc>, L214 éthique et animaux, 22/02/22
Mais qui se soucie de la souffrance des congres, des thons, des poulpes ? Pour l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), l’étude du bien-être animal est axée sur la santé des espèces d’aquaculture et la bonne tenue des stocks halieutiques. La question de savoir si le chalutage de fond est ou non le mode de pêche le plus cruel n’est pas de mise.
Pourtant, des chercheurs progressent dans leurs découvertes sur les comportements de la faune marine, la mémoire des poissons injustement moquée, leurs formes de socialisation, le sens de l’orientation de grands migrateurs. L214 a demandé à la biologiste Lynne Sneddon (université de Göteborg, Suède) de commenter son film. Cette pionnière qui a montré l’existence de récepteurs de la douleur chez des poissons estime qu’à terre « personne n’accepterait ce genre de traitement pour les vaches, les porcs, les moutons ou les poulets ».
> Lire aussi : François Sarano, « Il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant »
Les poissons comptent si peu que nul ne les comptabilise. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) recense des tonnages, pas des centaines de milliards d’individus sortis de l’eau. Et les rejets colossaux des prises non vendables sont évidemment inconnus, comme le nombre de requins passés par-dessus bord sans leurs nageoires – une pratique encore largement répandue dans certains océans. Impossible de connaître l’ampleur du gaspillage mondial.
Prises accidentelles
La pêche – une activité aussi vieille que l’appétit des humains pour la chair fraîche – devrait-elle changer ses façons de faire parce que les consciences évoluent, que le régime végétarien progresse, ou se contenter de dénoncer une sensiblerie accrue ?
Généralement attentive à limiter autant que possible le récit de ce qui se passe à bord, elle n’est plus à l’abri de tout regard, même au large. Elle n’échappe pas non plus toujours au mouvement d’opinion. La pétition lancée en 2013 par l’association Bloom pour exiger la fin du chalutage en eau profonde dans l’Atlantique Nord-Est avait atteint un record de 900 000 signatures. Assez pour obtenir trois ans plus tard un répit pour le grenadier de roche et le sabre noir des grands fonds.
> Lire aussi Les poissons, suppliciés en silence
Les progrès de la technologie jouent à la fois en faveur d’un secteur devenu industriel et de ses détracteurs qui en tirent des images édifiantes. Ainsi, début février, Sea Shepherd a filmé une immense tache claire composée de dizaines de milliers de merlans bleus dans le sillage d’un chalutier géant néerlandais, Le Margiris. Ces 3 000 mètres carrés de poissons morts flottant à la surface – présentés comme un accident de chalut – donnent à voir à quelle échelle ce genre de bateaux-usines opère.
> Lire aussi Golfe de Gascogne : la thèse d’un « rejet » de milliers de poissons récusée par le navire impliqué
Les militants de Sea Shepherd se trouvaient ce jour-là au large du golfe de Gascogne pour documenter les raisons de l’hécatombe de dauphins communs. Ces derniers arrivent chaque hiver sur les côtes françaises, victimes « accessoires », selon l’expression consacrée, des kilomètres de filets déployés par les professionnels en travers du golfe ou bien tirés entre deux navires. La vision des carcasses échouées sur les plages dérange d’autant plus lorsqu’il s’agit de cétacés apparemment en pleine forme mais marqués de coups de gaffe. En réponse, la majorité des pêcheurs refuse de se plier à la déclaration – en principe obligatoire – des prises accidentelles, d’entendre parler de caméra embarquée et encore moins de fermeture temporaire d’une zone de pêche critique.
Mais le secteur échappera-t-il longtemps à la force des images ? Celles-ci viennent même de l’espace désormais. Ainsi l’ONG Global Fishing Watch est-elle née du partenariat de Google avec la coalition écologiste Oceana et les développeurs informatiques de SkyTruth. Ensemble, ils ont développé un outil de surveillance de l’activité des bateaux qui surpêchent en haute mer ou braconnent devant les côtes de pays manquant de moyens pour défendre leurs eaux. Sur son site, SkyTruth avertit pourtant : « Si vous pouvez le voir, vous pouvez le changer. »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/25/briser-le-silence-sur-la-souffrance-des-poissons_6115157_3232.html>
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13- Chronique. Agriculture : « Le plus grand “plan social” des cinquante dernières années », Le Monde, 25/02/22, 10h08
Jean-Michel Bezat
Le nombre d’exploitations est passé de 1,6 million en 1970 à 389 000 en 2020, observe Jean-Michel Bezat, journaliste économique au « Monde ».
Pertes & profits. On se souvient du livre d’Henri Mendras (1927-2003), La Fin des paysans, publié en 1967. Le sociologue y décrivait le déclin inéluctable d’une civilisation paysanne millénaire, familiale et autarcique, et l’apparition de la figure de l’agriculteur, intégré à un système dont il n’était que le premier maillon, alimentant les usines agroalimentaires qui fournissaient elles-mêmes la grande distribution. Il soulignait le basculement du monde de la terre dans un modèle productiviste, qui a désormais atteint ses limites, avec ses excès d’intrants, ses pollutions, ses élevages hors-sol…
« Paysan » ou « agriculteur », la sémantique divise toujours les universitaires et les intéressés eux-mêmes. Au moins le premier renvoie-t-il à une vision nostalgique de celui qui nourrit, vit dans un « petit pays » et façonne le paysage – avec d’autres acteurs venus de la ville. Au-delà de la querelle des mots, les chiffres expriment une réalité implacable : le nombre d’exploitations, et donc de leurs propriétaires, est passé de 1,6 million en 1970 à 389 000 en 2020. Le plus grand « plan social » des cinquante dernières années.
> Lire aussi La France a encore perdu 100 000 agriculteurs en dix ans
II y a seulement trente ans, à l’ouest d’une ligne courant de Lille à Perpignan, et à l’exception du Bassin parisien, ils pouvaient représenter plus de 20 % des habitants de l’espace rural ; cette forte présence ne perdure que dans les zones de montagne et le « rural profond ». Ceux qui restent comptent-ils encore ? Malgré cet effondrement démographique, ils sont encore 13 % des maires des 35 000 communes, ce qu’il reste de leur ancrage dans la République, mais ils ne sont les élus que de 4 % des citoyens.
Leur « voix ne pèse plus »
On ne décompte d’ailleurs plus les agriculteurs dans les sondages. « Depuis plus d’une dizaine d’années, la ligne “agriculteurs” n’apparaît plus », relèvent Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely dans La France sous nos yeux. Economie, paysages, nouveaux modes de vie (Seuil, 2021). Ils expliquent cet effacement par un effectif trop faible (de 10 à 15 individus) dans la construction d’un échantillon de 1 000 personnes pour qu’une analyse de leurs réponses soit pertinente. « Le symbole est fort, notent-ils. [Leur] voix ne pèse plus dans la France d’aujourd’hui. »
> Lire aussi Salon de l’agriculture : des exploitants agricoles moins nombreux et de plus en plus âgés
Cette voix ne porte pas davantage dans la morne campagne présidentielle. Est-ce parce qu’Emmanuel Macron a su les amadouer en revenant à une approche moins écologique et plus productiviste, encore dominante dans les campagnes, après un début de quinquennat où sa « nouvelle France agricole » avait braqué le monde paysan ? Qu’il a globalement sauvé les aides agricoles européennes ? Que l’ingénieur agronome Julien Denormandie, ministre de l’agriculture depuis 2020, sait y faire sans rien céder sur la modernisation du secteur ?
Les paysans se sont effacés, mais les candidats vont consacrer des heures à arpenter le Salon de l’agriculture, grand carrefour de la France des terroirs, du bon vin et du bien manger. Ils savent qu’il ne faut pas remonter bien haut dans l’arbre généalogique d’une famille pour y trouver un homme de la terre, au moins un ancêtre issu du monde rural. Il y a toujours un « paysan » qui sommeille en chaque Français.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/25/agriculture-le-plus-grand-plan-social-des-cinquante-dernieres-annees_6115200_3234.html>
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14- Betterave : nouvelle dérogation validée pour les néonicotinoïdes, AFP, 25/02/22, 17:00
La dérogation autorisant pour 2022 l'utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des néonicotinoïdes est légale, a tranché vendredi le Conseil d'État en rejetant le recours d'opposants à des insecticides "tueurs d'abeilles".
Le gouvernement avait pris début février un arrêté autorisant cet usage pour les seules cultures betteravières par dérogation à l'interdiction générale des néonicotinoïdes prise en 2018.
L'association Agir pour l'environnement, la Confédération paysanne, la fédération Nature et progrès et la Fédération française des apiculteurs professionnels avait déposé un référé (procédure d'urgence) contre cette dérogation.
Mais le juge a relevé que la loi avait expressément prévu cette possibilité de dérogation pour ces cultures, si certaines conditions sont remplies, tenant notamment aux risques pour ces cultures.
Au vu des éléments transmis par les parties, le risque d'une "infestation massive de pucerons porteurs des maladies de la betterave est sérieux et il n'existe encore, à ce stade, malgré les recherches en cours, pas d'autres moyens disponibles pour maîtriser effectivement ce danger".
Le Conseil d'État a donc validé la décision gouvernementale.
Fin 2020, le Parlement avait autorisé le retour temporaire des néonicotinoïdes pour voler au secours de la filière betteravière qui venait de faire face à la prolifération de pucerons verts, vecteurs de la maladie de la jaunisse qui affaiblit la plante et réduit les rendements.
La loi précisait que les dérogations ne pourraient être accordées, jusqu'en juillet 2023, uniquement pour les semences de betteraves sucrières.
Le gouvernement a lancé en 2020 "un plan national de recherche et d'innovation (PNRI)" de sept millions d'euros visant à développer des alternatives aux semences enrobées.
Ces alternatives sont en cours d'expérimentation et devraient permettre "de se passer définitivement des néonicotinoïdes au plus tard à partir de la saison 2024 dans la conduite des cultures betteravières", selon le gouvernement.
Ce qui laisse entendre qu'une nouvelle dérogation pourrait être accordée pour la campagne 2023 en l'absence de résultats probants d'ici là.
<https://information.tv5monde.com/info/betterave-nouvelle-derogation-validee-pour-les-neonicotinoides-446371>
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15- Entretien. « L'agriculture est au cœur des enjeux environnementaux et sociétaux de demain », Actu-environnement, 25/02/22
Propos recueillis par Nadia Gorbatko
Directrice en Conseil agriculture durable et bioéconomie chez Greenflex, Elise Bourmeau a piloté une étude sur les leviers d'accélération de l'atténuation du changement climatique dans ce secteur, pour le ministère de l'Agriculture.
Actu-Environnement : Dans votre rapport, vous insistez sur l'importance de l'éducation et de la formation au vivant, pourquoi ?
Elise Bourmeau : Parce que l'on ne peut pas raisonner seulement en termes de stockage carbone ou de biodiversité, mais plutôt en termes d'agronomie et notamment de qualité des sols. Les enrichir en matières organiques, c'est augmenter leurs capacités à retenir l'eau et à la relâcher en cas de besoin, à résister à l'érosion, à la sécheresse… C'est aussi un moyen de réduire l'utilisation d'engrais. De même qu'en plus du stockage du carbone, la plantation de haies favorise la biodiversité, la pollinisation ou l'accueil des oiseaux qui peuvent limiter le recours aux insecticides. Il faut sensibiliser le monde agricole à cette approche par la formation, le partage d'expérience ou en living lab.
Par ailleurs, de nombreux exploitants vont partir à la retraite. Cela pose la question du développement des pratiques agroécologiques à l'échelle d'exploitations dont la taille a tendance à s'agrandir. Pour assurer notre souveraineté alimentaire, il est urgent de susciter des vocations et d'en recruter de nouveaux, y compris dans les zones urbaines, attentifs à la question du vivant. Encore plus si l'on veut développer les circuits-courts, qui permettent d'alléger l'empreinte carbone de l'alimentation, mais aussi une bioéconomie respectueuse des écosystèmes, afin de décarboner l'industrie française.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/agriculture-enjeux-environnementaux-societes-greenflex-39170.php4>
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16- Les six chantiers prioritaires pour l’avenir de l’agriculture française, The Conversation, maj le 26/02/22 à 13:14
Par Cécile Détang-Dessendre, Directrice de recherche en économie, Inrae, Christian Huyghe, Directeur scientifique pour l’agriculture, Inrae, Hervé Guyomard, Chercheur, Inrae & Xavier Reboud, Chercheur en agroécologie, Inrae
Avec 77 milliards d’euros de production en valeur pour 2019, la France est la première puissance productrice agricole européenne. Sur 48,5 % du territoire métropolitain, les 390 000 exploitations agricoles recensées en 2020 façonnent les paysages.
En 2022 et dans les années qui viennent, les défis à relever demeurent toutefois nombreux.
L’agriculture française a d’une part un impact négatif sur l’environnement et le climat, étant source d’émissions brutes de gaz à effet de serre non compensées par le carbone stocké dans les sols et les biomasses. Elle ne réussit pas d’autre part à générer un revenu décent à de nombreux agriculteurs, en dépit de soutiens publics importants. Le fossé se creuse également entre agriculteurs et consommateurs, exigeants, mais souvent peu enclins à dépenser davantage pour leur alimentation.
Dans un tel contexte, l’agriculture française doit résolument s’engager sur une autre voie en répondant à six grands défis.
1. Réduire (enfin) l’usage des pesticides
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture « intensive » s’est construite sur la mécanisation et la chimie. Ses impacts négatifs sur la santé des hommes et des écosystèmes sont établis.
Depuis 2008, le gouvernement français porte un plan de réduction massive des produits phytosanitaires, traduction de la directive européenne 2009/128/CE, ambition reprise à l’échelle européenne dans le cadre du Pacte vert. Mais si elle a permis d’accélérer le retrait de certaines molécules parmi les plus préoccupantes et en particulier les CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques), cette initiative n’a pas produit la baisse escomptée.
Les différents plans Ecophyto auront néanmoins permis d’identifier de nombreux axes de progrès :
- les pratiques agroécologiques pour gérer la fertilité des sols et contenir les ravageurs ;
- l’agriculture de précision portée par la géolocalisation et le numérique de façon à augmenter l’efficacité des usages de pesticides (avec un gain espéré d’environ 10 %) ;
- la sélection variétale orientée sur la résistance génétique des cultures aux maladies, avec de réels progrès déjà enregistrés sur le blé et la vigne notamment ;
• le développement du biocontrôle.
Le réseau des fermes Dephy mis en place dans le cadre d’Ecophyto montre que de telles évolutions sont possibles. D’autre part, le dispositif du conseil en agriculture, réellement séparé de la vente de produits phytosanitaires, doit être mis au service de la généralisation de ces expérimentations.
Les politiques publiques, notamment la politique agricole commune (PAC), doivent être mobilisées en renforçant la redevance pour pollutions diffuses appliquée aux achats de pesticides, en obligeant les vendeurs de ces produits à participer à l’effort de réduction (par l’offre d’alternatives dans le cadre du dispositif des certificats d’économie de produits phytosanitaires), en rémunérant les agriculteurs pour les efforts importants de réduction (y compris en couvrant la prise de risque) et en soutenant les investissements de matériels permettant de réduire les usages de pesticides.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/les-six-chantiers-prioritaires-pour-lavenir-de-lagriculture-francaise-175198>
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En images
17- Une idée pour la France : un restaurant gastronomique à 1 euro le menu, France 2, journal de 13h, 21/02/22
Dans la rubrique "Une idée pour la France" du 13 Heures lundi 21 février, la journaliste Valérie Heurtel nous emmène à Marseille (Bouches-du-Rhône) dans un restaurant qui vient d’ouvrir avec une formule totalement inédite : pour le même menu gastronomique, deux tarifs sont proposés, 25 euros pour ceux qui ont les moyens et 1 euro pour les plus démunis.
Merlan frit avec crème de blette, ou effilochée d’agneaux, gnocchis et citrouille confite. Un type de menu d’habitude inaccessible pour des personnes en situation de précarité. Mais au restaurant Le République à Marseille (Bouches-du-Rhône), elles peuvent régler leur repas un euro seulement. La formule solidaire est simple : à chaque service, la moitié des clients payent le tarif normal de 25 euros et c’est une partie de leur addition qui sert à financer les menus des bénéficiaires. Après une semaine d’ouverture, le restaurant affiche complet chaque midi.
Des astuces pour payer moins cher au restaurant
C’est un chef étoilé qui a lancé ce restaurant à double clientèle. Sébastien Richard est lui-même entièrement bénévole. Pour que le concept soit viable financièrement, il a obtenu des subventions et fédéré autour de lui une multitude de mécènes et partenaires. À partir du 1er avril, le restaurant solidaire ouvrira le soir également, sept jours sur sept. À Paris, il existe un restaurant qui fonctionne plus ou moins sur le même principe : La Salle à manger, dans le quartier de La Défense.
Il y a également des astuces pour payer moins cher dans les restaurants. "Il y a des créneaux en semaine où les restaurants cassent les prix à condition de réserver sur Internet, comme sur le site The Fork", explique la journaliste Valérie Heurtel. Autre bon plan pour payer moins cher : les restaurants des écoles hôtelières.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/france/provence-alpes-cote-d-azur/une-idee-pour-la-france-un-restaurant-gastronomique-a-1-euro-le-menu_4974030.html>
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18- Agriculture : court-on vers une inévitable artificialisation des sols ?, France 3, Le 12/13/, 22/02/22
La France compte de moins en moins de fermes. Selon un rapport, plus d'un agriculteur sur quatre partira à la retraite d'ici 10 ans, et ne sera pas forcément remplacé. Conséquence, des millions d'hectares de terres pourraient changer de main, à cause notamment des droits de succession.
À Morey-Saint-Denis (Côte-d'Or), des vignes de grands crus appartiennent à une famille bourguignonne depuis 40 ans. Hubert Lignier, viticulteur, les a d'abord transmises à son fils. Il ignore si son petit-fils pourra prendre la relève. "Quand on entend parler des prix actuels, ça va être difficile pour les jeunes de s'étendre, et les successions sont de plus en plus compliquées", explique-t-il. D'ici 10 ans, un agriculteur sur quatre sera en retraite, ce qui représente 20% de terres agricoles à céder. Toutes ne seront toutefois pas récupérées par des agriculteurs.
Des terres grignotées par les villes
D'année en année, ces parcelles sont grignotées par les villes pour la construction de routes, de logements ou encore de jardins publics. Avec les promoteurs qui font grimper les enchères, les terres agricoles valent aujourd'hui de l'or : leur prix a doublé en 20 ans. "Quand on est dans des zones à forte affluence démographique, (...) le prix de ces terres est considérablement plus élevé que la terre agricole. Donc on peut avoir des pressions localement, pour qu'une terre qui était agricole devienne constructible, pour pouvoir gagner de l'argent à la vente", explique Coline Sovran, porte-parole de l'association "Terre de liens". De nombreuses terres sont également rachetées par de grandes fermes industrialisées, qui ne créent pas d'emploi.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-court-on-vers-une-inevitable-artificialisation-des-sols_4975809.html>
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19- Écologie : des enfants aident à replanter des arbres, France 2, journal de 13h, 22/02/22
Dans la rubrique "13h en France", France Télévisions vous présente une belle initiative qui se multiplie partout en France : des agriculteurs replantent des arbres avec des jeunes. Cela permet aussi de créer du lien entre les jeunes et les anciens. Le 13 Heures a suivi une de ces plantations dans les Yvelines.
Près de 90 élèves de sixième sont venus planter des arbres dans la Ferme des Clos (Yvelines). L'objectif est de former une haie de 400 arbres afin de protéger l'exploitation agricole. "Ça me permet d'avoir une meilleure récolte de fleurs, de fruits, et ça protège éventuellement l'élevage de volailles", explique Johann Laskowski, agriculteur de la ferme.
Sensibiliser à l'écologie
C'est également un moyen d'éduquer ces jeunes citoyens à l'écologie. Pour atteindre les objectifs des accords de Paris, 25 000 kilomètres de haies devraient être plantées chaque année. Dans les faits, elles perdent pourtant du terrain, souvent au profit des terres agricoles. La Ferme des Clos est une ferme partagée qui pratique l'agroforesterie, ce qui signifie planter des arbres au milieu des cultures et des animaux afin de développer un écosystème. Cette année, les actions associatives vont permettre de planter près de 10 000 arbres sur tout le territoire.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/ecologie-des-enfants-aux-mains-vertes_4975716.html>
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20- Trouver des terres : un défi pour les jeunes agriculteurs, TF1, journal de 20h, 22/02/22
Difficile d'imaginer que Nino Fillos, 35 ans, est un ancien ingénieur du son. Sa famille n'est pas issue du monde agricole, mais il a grandi sur ces terres, au cœur de l'Aveyron. L'enfant du pays a finalement voulu devenir paysan. Lorsque l'ancien propriétaire de son exploitation est parti à la retraite, Nino a pris la relève. Il élève aujourd'hui 300 brebis et cultive également le blé, l'orge et l'avoine pour les nourrir. Il n'est pas seul. Pour pouvoir s'installer, il s'est associé à Léa et Ghislain Cabal-Zinck, qui étaient chercheurs en biologie et qui avaient envie de changer de vie. Ces trois nouveaux paysans ne possédaient pas de terre. Le trio s'est donc tourné vers une association, Terre de Liens. À leur place, elle a racheté la ferme et les champs à hauteur de 500 000 euros. Pour acquérir le cheptel et le matériel, les trois associés n'ont eu qu'à débourser 180 000 euros et ils paient un loyer de 13 000 euros par an. L'objectif est de préserver, mais aussi de partager les terres agricoles. Ces nouveaux venus valorisent également leur production. Le blé sert à fabriquer du pain, vendu directement à la ferme. Une boulangerie qui est également un atout pour le village. Le regain d'intérêt pour les métiers de la terre pourrait permettre de redynamiser la profession, alors qu'un agriculteur sur quatre partira à la retraite d'ici dix ans.
> Reportage de J. Roux & J. Berville à voir à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/trouver-des-terres-un-defi-pour-les-jeunes-agriculteurs-09309159.html>
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21- "Un poulet, il vit sur une surface d'une feuille A4, il faut arrêter ça", Brut, 23/02/22, 16:41
Éleveur, Francis n'a pas voulu céder aux industriels et a refusé de faire de l'élevage intensif. En guerre contre le système agroalimentaire, il témoigne.
Dans son bâtiment, Francis élevait près de 52 000 poulets. Mais depuis plus de 3 ans et demi, il refuse de faire de l'élevage intensif. "Un poulet, il vit sur une feuille d'une surface A4, toute sa vie, il faut qu'il se couche, qu'il mange sur une petite surface comme ça, il faut arrêter ça", explique l'éleveur qui est un des rares agriculteurs à parler publiquement du fonctionnement de ce système agroalimentaire. En ayant refusé d'augmenter le nombre de volaille par m2 comme l'exigeait sa coopérative agricole et les industriels qu'il fournit, il se retrouve aujourd'hui dans l'incapacité de travailler. "Nous, éleveurs, on n'est pas du tout maîtres de la situation parce qu'au niveau des coopératives et des opérateurs, ils ont tout le pouvoir, ils ont le pouvoir des usines d'aliments, ils ont le pouvoir des couvoirs, c'est un monopole qui est bien structuré", fustige Francis.
80 % de la volaille française produite de façon intensive
Aujourd'hui, Francis a une vision de l'agriculture claire : il veut faire de l'élevage raisonné avec un système de allant de 10 à 11 poulets au m2 soit de diviser par deux la production au m2. "Sur la fin, l'éleveur ne peut plus ramasser les cadavres, les morts, parce qu'il n'y a même plus de place pour marcher dans le bâtiment", raconte l'agriculteur. 80 % de la volaille française est produite de manière intensive et pour les éleveurs, c'est très compliqué de changer de mode de production car ce type d'élevage nécessite d'investir énormément dans les bâtiments et ils sont souvent très endettés. "L'éleveur, c'est un esclave, il n'est condamné qu'à travailler, il est menotté et il ne peut rien faire", souffle Francis.
> Témoignage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/video-un-poulet-il-vit-sur-une-surface-d-une-feuille-a4-il-faut-arreter-ca_4977393.html>
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