[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur énergies, ressources, transports, habitat, urbanisme & aménagement du territoire (vendredi 11 mars)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 11 Mar 07:58:46 CET 2022


Bonjour à tous,

Un grand tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Air pur et surplus d'énergie : l'Irak veut traiter le gaz issu du torchage <https://information.tv5monde.com/info/air-pur-et-surplus-d-energie-l-irak-veut-traiter-le-gaz-issu-du-torchage-447290>, AFP, 04/03/22, 13:00
2- Simple piste ou "scandale écologique" ? A Spéracèdes (Alpes-Maritimes), les gravats de la discorde <https://information.tv5monde.com/info/simple-piste-ou-scandale-ecologique-speracedes-les-gravats-de-la-discorde-447277>, AFP, 04/03/22, 13:00
3- Tribune. Guerre en Ukraine : « Cette crise doit être l’occasion de remettre les mesures de taxation des énergies fossiles au cœur du débat politique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/04/guerre-en-ukraine-cette-crise-doit-etre-l-occasion-de-remettre-les-mesures-de-taxation-des-energies-fossiles-au-c-ur-du-debat-politique_6116168_3232.html>, Le Monde, 04/03/22, 14h38
4- L’AIE présente dix mesures pour réduire la dépendance du gaz russe en Europe <https://www.natura-sciences.com/decider/aie-10-mesures-dependance-gaz-russe-europe.html>, Natura-sciences, 04/03/22
5- TotalÉnergies s'allie à la FNSEA pour l'agrivoltaïsme, le biométhane et les biocarburants <https://www.actu-environnement.com/ae/news/totalenergies-FNSEA-agrivoltaisme-biomethane-biocarburants-39206.php4>, Actu-environnement, 04/03/22
6- Une ONG ukrainienne plaide pour que les importations d’énergie cessent de financer la guerre de Poutine <https://www.euractiv.fr/section/energie/news/stop-financing-putins-war-with-energy-imports-ukrainian-ngo-pleads/>, EurActiv, 04/03/22
7- Témoignages. Face à la hausse du prix des carburants, la débrouille des automobilistes <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/05/face-a-la-hausse-du-prix-des-carburants-la-debrouille-des-automobilistes_6116287_3234.html>, Le Monde, 05/03/22, 13h30
8- Entretien. Guerre en Ukraine : « Au sein de l’Europe, la politique des nouveaux gazoducs a créé beaucoup de tensions » <https://www.lemonde.fr/energies/article/2022/03/05/guerre-en-ukraine-au-sein-de-l-europe-la-politique-des-nouveaux-gazoducs-a-cree-beaucoup-de-tensions_6116290_1653054.html>, Le Monde, 05/03/22, 18h19
9- Chronique. « Notre addiction aux énergies fossiles nourrit le réchauffement climatique et finance la guerre qui nous menace » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/06/l-incapacite-a-se-defaire-de-notre-addiction-aux-energies-fossiles-ne-nourrit-pas-seulement-le-rechauffement-elle-finance-la-guerre-qui-nous-menace-desormais_6116333_3232.html>, Le Monde, 06/03/22, 11h01 
10- Guerre en Ukraine : les matières premières en ébullition <https://information.tv5monde.com/info/guerre-en-ukraine-les-matieres-premieres-en-ebullition-447640>, TV5Monde, maj le 08/03/22, 10:49
11- Le financement des hydrocarbures russes, nerf de la guerre économique <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/le-financement-des-hydrocarbures-russes-nerf-de-la-guerre-economique_6116591_3234.html>, Le Monde, 08/03/22, 11h02 
12- Guerre en Ukraine : comment l’Europe peut réduire son ultradépendance au gaz de la Russie <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/comment-l-europe-peut-reduire-sa-dependance-au-gaz-russe_6116588_3234.html>, Le Monde, 08/03/22, 15h36 
13- Guerre en Ukraine : les Etats-Unis et le Venezuela entament un rapprochement autour du pétrole <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/guerre-en-ukraine-les-etats-unis-et-le-venezuela-entament-un-rapprochement-autour-du-petrole_6116579_3234.html>, Le Monde, 08/03/22, 16h56 
14- Nucléaire : l'Allemagne ne prolongera finalement pas la durée de vie des centrales malgré la guerre en Ukraine <https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/nucleaire-l-allemagne-ne-prolongera-finalement-pas-la-duree-de-vie-des-centrales-malgre-la-guerre-en-ukraine_AV-202203080520.html>, BFMTV, 08/03/22, 17:56
15- Reportage. « J’ai tellement honte d’afficher ces prix » : l’angoisse des petits pompistes en Vendée <https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/03/08/j-ai-honte-d-afficher-ces-prix-en-vendee-l-angoisse-des-petits-pompistes-face-a-une-flambee-jamais-vue_6116636_3224.html>, Le Monde, 08/03/22, 18h04
16- Les émissions de CO2 du secteur énergétique ont remonté fortement en 2021, selon l’AIE <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/03/08/les-emissions-de-co2-du-secteur-energetique-ont-remonte-fortement-en-2021-selon-l-aie_6116657_3244.html>, Le Monde avec AFP, 08/03/22, 18h52 
17- A Fukushima, une transition énergétique pour exorciser la catastrophe nucléaire <https://information.tv5monde.com/info/fukushima-une-transition-energetique-pour-exorciser-la-catastrophe-nucleaire-447879>, AFP, 09/03/22, 09:00
18- L'AIEA dit avoir perdu le contact avec les systèmes contrôlant les matériaux nucléaires de Tchernobyl <https://information.tv5monde.com/info/l-aiea-dit-avoir-perdu-le-contact-avec-les-systemes-controlant-les-materiaux-nucleaires-de>, AFP, 09/03/22, 10:00
19- Éditorial. Pétrole, gaz : se dégager d’une emprise toxique <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/09/petrole-gaz-se-degager-d-une-emprise-toxique_6116750_3232.html>, Le Monde, 09/03/22, 11h30 
20- Tribune. « En coupant le gaz et le pétrole russes, nous allons avoir plus froid, mais nous pourrons nous regarder en face avec moins de honte » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/09/ukraine-en-coupant-le-gaz-et-le-petrole-russes-nous-allons-avoir-froid-mais-nous-pourrons-nous-regarder-en-face-avec-moins-de-honte_6116779_3232.html>, Le Monde, 09/03/22, 17h56 
21- Analyse. Pour la paix et pour le climat, il faut faire la « chasse au gaspi » du gaz, du pétrole et du charbon <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/10/energies-fossiles-pour-la-paix-et-pour-le-climat-il-faut-chasser-le-gaspi_6116869_3232.html>, Le Monde, 10/03/22, 18h22
En images
22- Centrales nucléaires, gaz… Les autres armes de Poutine <https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/3115601-emission-du-mardi-8-mars-2022.html>, France 5, C dans l’air, 08/03/22, 17h45
23- Prix de l’énergie : comment limiter votre consommation ? <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/prix-de-lenergie-comment-limiter-votre-consommation-04582533.html>, TF1, journal de 20h, 10/03/22

Bien à vous,
Florence

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CITATION DU JOUR : "Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire", Albert Einstein
M’ENFIN DU JOUR : Dans le sud de l'Irak, les flammes s'échappant des cheminées des champs pétrolifères font partie du paysage depuis des décennies mais elles nuisent à l'environnement et gaspillent de l'énergie. Si les autorités veulent désormais en finir avec le torchage du gaz, la route est encore longue et l’Irak est loin d’être le seul pays à pratiquer le "flaring" ou destruction contrôlée et volontaire d'un gaz combustible dans une torchère. (cf. item 1 & suite)
VERRUE DU JOUR : Près de Grasse (Alpes-Maritimes), une piste de 400 mètres de long et 15 mètres de haut constituée de milliers de tonnes de gravats pollués est apparue peu à peu. (cf. item 2)
IMPÉRATIF DU JOUR : La crise gazière suscitée par l’invasion de l’Ukraine doit accélérer la substitution des énergies renouvelables aux énergies fossiles et pousser les Européens à réduire fortement leur consommation d’énergie. . (cf. item 3, 12 & 21)
PROPOSITONS DU JOUR : L'Agence internationale de l’énergie (AIE) a présente à la Commission européenne un plan en 10 points visant à réduire les importations de gaz en provenance de Russie. (cf. item 4, suite & 12)
CHIFFRES DU JOUR : — "[Aujourd’hui], l’Europe paiera à la Russie 600 millions d’€ pour le gaz naturel et 350 millions d’€ pour le pétrole, soit environ 1 milliard d’euros en une seule journée ", a écrit sur Twitter Simone Tagliapietra, chargée de recherche au think tank Bruegel (cf. item 6 & 11)
— Les prix au litre affichés, en cette semaine du 7 mars, pourront figurer dans les livres d’histoire, témoins hébétés des désordres du XXIe siècle : 2,14 euros le gazole plus, 2,11 le SP95. Le seuil des 2 euros franchi et le gazole au-dessus de l’essence : c’est "inimaginable" ! (cf. item 14)
— L’énergie, premier secteur producteur de gaz à effet de serre, a vu ses émissions progresser de 6 % en 2021, pour atteindre 36,3 gigatonnes, leur « plus haut niveau », précise l’Agence internationale de l’énergie. (cf. item 16 & 7)
DOUBLE TOXICITÉ DU JOUR : Notre addiction aux énergies fossiles alimente le bras armé de Poutine qui nous menace et nourrit le réchauffement climatique. (cf. item 9 & 19)
ÉBULLITIONS DU JOUR : La Russie est 1er exportateur mondial de blé, 2ème exportateur mondial de pétrole brut, 3ème producteur de minerai de nickel et le groupe russe Rusal est le 2ème producteur industriel d'aluminium du monde tandis que l'Union européenne importe 40% de son gaz de Russie. Quant à l’Ukraine, elle est 4ème exportateur mondial de maïs et 1er producteur mondial d’huile de tournesol. (cf. item 10)
POSITIONNEMENTS DU JOUR : — Soucieux de contenir la flambée du baril et d’isoler la Russie, Joe Biden envisagerait de lever partiellement les sanctions américaines qui pèsent sur le Venezuela et grèvent, depuis 2019, ses ventes de pétrole brut. (cf. item 13)
— Après un audit, le gouvernement allemand affirme qu'une prolongation des trois dernières centrales nucléaires du pays "ne pourrait apporter qu'une contribution très limitée à la résolution du problème" de la dépendance énergétique à la Russie. (cf. item 14)
EXORCISME DU JOUR : Des fermes solaires, des projets d'hydrogène "vert" et des circuits courts énergétiques : 11 ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, ce département japonais meurtri mise massivement sur les énergies renouvelables pour se reconstruire un avenir. (cf. item 17)
IMPACT DU JOUR : Avec la coupure de l’alimentation électrique de de la centrale de Tchernobyl en Ukraine, les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires ont cessé de transmettre des données à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA). (cf. item 18)
ÉDITORIAL DU JOUR : "Le fait que le prix du litre d’essence dépasse les 2 € ou que les factures de chauffage atteignent des montants prohibitifs ne doit pas être seulement interprété comme un accident conjoncturel, qui se résorbera après quelques mois de fièvre inflationniste. D’abord parce que le conflit risque de durer, surtout parce que cette crise est simplement un avant-goût de ce qui nous attend." (cf. item 19)
TRIBUNE DU JOUR : Le Prix Nobel de physique (2012) Serge Haroche estime que continuer à commercer avec la Russie revient non seulement à abandonner l’Ukraine à son sort, mais en plus à aider « cyniquement et objectivement son bourreau à la martyriser ». (cf. item 20)
ÉCONOMIES DU JOUR : Comment faire baisser sa factures d'énergie de 15% en prenant de bonnes habitudes. (cf. item 23)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
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> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Air pur et surplus d'énergie : l'Irak veut traiter le gaz issu du torchage, AFP, 04/03/22, 13:00
Laure Al Khoury

Dans le sud de l'Irak, les flammes s'échappant des cheminées des champs pétrolifères font partie du paysage depuis des décennies. Mais si les autorités veulent désormais en finir avec le torchage du gaz, la route est encore longue.
Aussi vieille que l'industrie pétrolière, cette pratique extrêmement polluante consiste à brûler le gaz s'échappant lors de l'extraction de brut et reste moins coûteuse que de traiter le gaz associé pour le commercialiser.
Possédant d'immenses réserves d'hydrocarbures, l'Irak est selon la Banque mondiale le deuxième pays du monde à recourir autant à ce procédé, juste derrière la Russie.
"Capturé et traité, le gaz torché pourrait fournir de l'électricité à trois millions de foyers", assure Yesar Al-Maleki, analyste au Middle East Economic Survey (MEES), déplorant des "milliards de dollars de pertes" pour un pays confronté à une crise énergétique.
L'Irak traite chaque jour seulement la moitié de la quantité totale de gaz s'échappant de ses infrastructures pétrolières, soit 1,5 milliard de pieds cubes de gaz.
- "Argent brûlé dans les airs" -
En décembre, le ministre du Pétrole Ihsan Ismail a promis de réduire de 90% le torchage du gaz d'ici 2024.
Malgré des contrats avec plusieurs entreprises étrangères, dont le géant français Total, ces ambitions pourraient se heurter à la bureaucratie freinant généralement toute réforme, dans un pays tirant 90% de ses recettes de l'or noir.
De fait, ces deux dernières années, les autorités ont seulement réduit de 5% la quantité de gaz brûlé.
Le torchage, "c'est de l'argent brûlé dans les airs et encore plus de pertes financières avec les importations de gaz des pays voisins", regrette M. Maleki.
Le paradoxe est d'autant plus frappant que l'Irak importe 750 millions de pieds cubes de gaz par jour de l'Iran voisin pour alimenter ses centrales électriques, Téhéran fournissant à Bagdad un tiers de ses besoins.
Cette dépendance se ressent au quotidien: l'Iran coupe ou réduit parfois son approvisionnement et l'Irak peine à répondre à la demande électrique. Dans les foyers, les délestages électriques sont courants.
Bassora abrite les cinq plus grands champs pétroliers d'Irak, selon la Banque mondiale. La Basra gas company récupère un milliard de pieds cubes du gaz émis, soit les deux tiers du gaz traité quotidiennement.
Le consortium veut "accroître la capacité de traitement à 1,4 milliard de pieds cubes", indique à l'AFP Malcolm Mayes le directeur général du groupe (détenu à 51% par la South Gas Company (SCG) du ministère irakien du Pétrole, 44% Shell et 5% Mitsubishi).
Pour cela, deux nouvelles stations de traitement entreront en service, "en 2023, la première en mai et la deuxième en novembre", ajoute-t-il.
- "Électricité plus propre" -
L'Irak a aussi signé un méga-contrat avec TotalEnergies, prévoyant notamment la construction d'une "unité de traitement du gaz issu du torchage sur trois champs pétroliers", indique le groupe français à l'AFP.
"Le lancement de l'usine est prévu en 2026", a précisé le groupe.
Outre une "réduction des émissions de CO2", le gaz collecté alimentera les centrales de la région pour "une électricité plus propre", selon TotalEnergies.
Selon Bagdad, 300 millions de pieds cubes seront d'abord collectés par jour, puis le double dans un deuxième temps.
Les équipes de Total sont déjà sur le terrain pour des études préliminaires.
Evoquant ce contrat, les autorités irakiennes assuraient mi-février que certaines clauses "nécessitaient du temps et ne pouvaient être exécutées ou réglées dans des délais courts", notamment la répartition des investissements - 40% pour l'Irak et 60% pour Total.
Pour un employé du secteur, la coopération avec des entreprises étrangères "permet de développer nos compétences, essoufflées par des années de guerre, de négligence et l'émigration des spécialistes irakiens".
Parmi les initiatives similaires, un projet confié à des entreprises chinoises pour 300 millions de pieds cubes est à moitié achevé dans la province de Missane (sud-est).
En attendant, les habitants doivent vivre avec les conséquences environnementales du torchage, source de pollution et d'émissions de gaz à effet de serre.
"Tout est pollué à cause de ces feux, l'eau, les animaux, tout meurt", confie Salem, berger de 18 ans, dans son village de Nahr Ben Omar, au pied d'un champ pétrolier de Bassora, d'où s'échappent une épaisse fumée noire.
<https://information.tv5monde.com/info/air-pur-et-surplus-d-energie-l-irak-veut-traiter-le-gaz-issu-du-torchage-447290>
Sur le même sujet : 
> Une filiale d’Engie relâche volontairement des millions de mètres cubes de gaz dans l’atmosphère <https://vert.eco/articles/une-filiale-dengie-relache-volontairement-des-millions-de-metres-cubes-de-gaz-dans-latmosphere>, Vert.eco, 10/03/22
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2- Simple piste ou "scandale écologique" ? A Spéracèdes (Alpes-Maritimes), les gravats de la discorde, AFP, 04/03/22, 13:00
Eric Bernaudeau

Une verrue gigantesque, dans un paysage de rêve : près de Grasse (Alpes-Maritimes), une piste de 400 mètres de long et 15 mètres de haut constituée de milliers de tonnes de gravats pollués est apparue peu à peu, et le combat est désormais judiciaire. 
Pendant deux ans, à la suite d'une simple autorisation de défrichement, une société de BTP, la SEETP, a déversé des matériaux de chantiers sur la commune de Spéracèdes, village des Alpes-Maritimes d'à peine 1.400 habitants. Dans les remblais de cette piste, des résidus de fer, de plastique, de bitume et même d'amiante.
"Un scandale sanitaire et écologique" selon Florence Pintus, élue municipale d'opposition et membre de l'Aspic, une association locale de protection de l’environnement. 
Pire, selon l'association, qui a interpellé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, la sous-préfecture des Alpes-Maritimes aurait renoncé à la remise en état du site pour "privilégier une solution de régularisation" de cette décharge illégale, et ce avant même la conclusion de l'enquête judiciaire.
Tout débute en 2019, à Spéracèdes donc, à 10 kilomètres de Grasse, la "capitale du parfum". Le panorama est somptueux, la Méditerranée d'un côté, le massif enneigé de l'Audibergue de l'autre. 
Le maire de l'époque, Joël Pasquelin, podologue de profession, souhaite construire une piste "pour desservir six villas qui se trouvent au col de Cabris", sur la commune limitrophe de Saint-Cézaire, et en faire ensuite "une piste DFCI", réservée donc aux services de lutte contre les incendies, comme il l'explique à l'AFP.
Contre un simple accord verbal, 35.000 m3 de terre vont être déversés, soit "plus de 4.000 rotations de camions", selon Me Gérard Germani, l'avocat mandaté par l'Aspic. Des barres rocheuses, refuge de chauve-souris et lézards, sont détruites, ainsi que de nombreux arbres.
La SEETP "nous faisait la piste gracieusement", se défend M. Pasquelin.
- "De l'amiante ?" -
Le seul document existant est pourtant un devis, de 11.000 euros, à la charge de la mairie. Non seulement l'entreprise aurait été rémunérée, mais de surcroît elle se serait débarrassée à bon compte de déchets dont le traitement dans une décharge légale "lui aurait coûté des millions d'euros", dénonce Mme Pintus.
Contactée à plusieurs reprises par l'AFP, la SEETP, basée à Grasse, n'a jamais répondu. 
Selon M. Pasquelin, la Direction départementale des territoires et de la mer "devait envoyer les documents officiels" : "Mais comme il y a eu cette histoire du Covid, je n'ai rien reçu jusqu'en juin 2020", explique-t-il.
A cette même date, ce sont les élections municipales. Et l'ancien maire perd son écharpe tricolore. 
Sur place, des observations avaient "démontré la présence de divers déchets plastiques, bitumeux, de métaux, filets, céramiques et carrelages", et même d'amiante, comme "confirmé par un laboratoire indépendant", ainsi que l'a souligné Me Germani dans un courrier à la sous-préfecture.
"De l'amiante ? Je l'ignorais", s'étonne M. Pasquelin, interrogé au téléphone depuis sa maison du Morvan où il s'est retiré : "Je tombe des nues (...) Ça me surprend de la part de SEETP, une société très sérieuse, qui faisait des travaux sur la commune".
- Permis d'aménager rétroactif -
En 2011, cette entreprise avait en effet déversé des tonnes de terre sur un autre site communal, destiné à devenir une piste de BMX. Mais le projet avait finalement été abandonné : "Ils n'avaient plus de terre propre, alors ils avaient arrêté", avance l'ex-élu.
C'est après une plainte de France Nature Environnement (FNE), en janvier 2020, devant le procureur de la République de Grasse, qu'une enquête pénale est enfin ouverte. Elle "est toujours en cours", a confirmé à l'AFP Fabien Cézanne, substitut du procureur de Grasse, en précisant que les analyses sur la nature des matériaux déversés sont attendues et qu'"à présent les auditions de toutes les personnes concernées doivent être réalisées".
Parmi elles, Jean-Marc Macario, maire depuis 2020, déjà entendu par les gendarmes et accusé par l'Aspic d'avoir tardé à arrêter les travaux, qui ont duré jusqu'en décembre 2021.
Le 14 octobre, une réunion s'est tenue à la sous-préfecture de Grasse, au cours de laquelle "une stratégie a été élaborée, sous l'égide de la sous-préfète, consistant à ne pas verbaliser SEETP et à habiller la piste par un permis d'aménager" rétroactif, accuse Mme Pintus. 
Dans des courriels de la fin octobre 2021, consultés par l'AFP, le secrétaire général de la sous-préfecture remercie ainsi une élue pour les documents transmis, expliquant qu'il lui adressera "dès que possible le projet de calendrier pour la mise en œuvre de la démarche de régularisation de cette situation". 
Contactée par l'AFP, la sous-préfecture s'est refusée à tout commentaire, "cette affaire étant placée sous l'autorité du parquet de Grasse". Quant à la sous-préfète en poste lors de cette réunion, elle n'est plus à Grasse.
<https://information.tv5monde.com/info/simple-piste-ou-scandale-ecologique-speracedes-les-gravats-de-la-discorde-447277>
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3- Tribune. Guerre en Ukraine : « Cette crise doit être l’occasion de remettre les mesures de taxation des énergies fossiles au cœur du débat politique », Le Monde, 04/03/22, 14h38
Par Lola Vallejo, Experte du climat

L’experte du climat Lola Vallejo estime, dans une tribune au « Monde », que la crise gazière suscitée par l’invasion de l’Ukraine doit accélérer la substitution des énergies renouvelables aux énergies fossiles.
Tribune. La crise en Ukraine est pour l’Europe un coup de semonce qui doit l’amener à accélérer sa transition énergétique, pour des raisons autant géopolitiques que climatiques. En moins d’une semaine, le séisme de la guerre a permis une coordination stratégique inédite au niveau européen et fait sauter plusieurs verrous politiques, aussi bien sur des questions militaires (fourniture d’armes létales à Kiev) que stratégiques (mesures de rétorsion économiques envers Moscou).
Mais les sanctions épargnent pour l’instant certaines entreprises d’Etat, comme Gazprom, rappelant cruellement au passage que la Russie fournit près de 40 % du gaz, plus de 25 % du pétrole et près de 50 % du charbon importés par l’Union européenne (UE). La Russie est le premier fournisseur d’énergies fossiles de l’UE, et la dépendance européenne n’a fait que s’accroître ces dernières années. Les importations d’énergies fossiles depuis la Russie représentent une facture comprise entre 60 et 100 milliards d’euros par an pour l’UE (probablement le double en 2021, au vu des prix actuels), une somme équivalant à l’intégralité du budget militaire du Kremlin (autour de 60 milliards d’euros).
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Face à cette menace, l’UE n’est pas démunie. Elle a déjà un projet politique, le Pacte vert, et une boussole utile pour répondre à la crise actuelle : l’objectif de neutralité climatique en 2050. Consacré dans la loi climat européenne, cet objectif est assorti d’une stratégie de long terme pour décarboner le système énergétique, qui prévoit une réduction de 30 % de la consommation de gaz fossile en Europe dès 2030, soit approximativement le niveau des importations russes, et une division par six en 2050.
Mesures boucliers
Pour accélérer la mise en œuvre de ces objectifs à l’aune de la crise actuelle, la Commission européenne prépare de nouvelles propositions pour encourager les Etats membres à réduire leur dépendance au gaz importé, et aux énergies fossiles en général. D’abord à court terme, pour des raisons géopolitiques, et à plus long terme, pour des raisons climatiques, tout en protégeant les ménages d’une hausse des prix trop soudaine. Car la crise actuelle est double : l’instabilité géopolitique qui menace les approvisionnements s’ajoute à l’explosion des prix de l’énergie de ces derniers mois, notamment du gaz et du pétrole.
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Cette hausse des prix a déjà conduit plusieurs Etats (la France en tête) à prendre des mesures fortes pour amortir en grande partie le coût de ces hausses de prix pour les consommateurs, agissant comme un bouclier contre la volatilité. La nécessité d’agir face à l’urgence sociale ne fait pas débat, mais requiert d’être vigilant dans la mise en œuvre de mesures efficaces et bien ciblées vers les ménages les plus modestes et les plus exposés. Mal ciblées, de telles mesures seront d’autant plus coûteuses que les prix du pétrole et du gaz ne vont pas spontanément redescendre après l’hiver. D’après les analyses de la Commission européenne, il faut se préparer à une ou plusieurs années plus difficiles, avec des prix structurellement plus élevés.
Au-delà d’un meilleur ciblage de ces mesures boucliers, la priorité est maintenant de renforcer massivement le financement des solutions à moyen et long termes permettant de réduire drastiquement la dépendance aux énergies fossiles. Cela concerne d’abord, pour le gaz, la maîtrise, voire la réduction de la demande d’énergie, en particulier l’efficacité énergétique et la rénovation thermique des bâtiments existants, ainsi que le déploiement d’énergies renouvelables pour le chauffage (solaire, pompes à chaleur) et la production d’électricité (parc automobile).
Sécurisation des approvisionnements
La répartition de l’effort financier consenti par les pouvoirs publics doit être équilibrée. Pour chaque euro dépensé afin de compenser l’impact de la crise des prix des énergies, il faut investir au moins 1 euro supplémentaire pour encourager l’ensemble des acteurs à opérer la transition à leur niveau. Autrement dit, il faut arrêter d’opposer les priorités à court terme : les pays européens doivent pouvoir à la fois répondre à l’urgence sociale, et accélérer la transition pour assurer leur résilience.
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La crise actuelle démontre de façon douloureuse notre dépendance aux énergies fossiles et doit également être l’occasion de remettre les mesures de taxation des énergies fossiles et la fin de leurs subventions au cœur du débat politique. Le paquet « Fit for 55 » de l’UE contient plusieurs propositions importantes : directive sur la taxation de l’énergie, réforme du système d’échange de quotas d’émissions et création d’un tel système pour le transport et le bâtiment.
Il s’agit d’envoyer un « signal prix » aux agents économiques, sous réserve qu’elles soient accompagnées de mesures suffisantes et ciblées en faveur des ménages les plus vulnérables. Les revenus de ces mesures représenteront également une manne financière utile pour financer les politiques publiques de transition de façon pérenne.
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En parallèle, la Commission doit continuer à impulser une stratégie d’approvisionnement pour éviter des dépendances futures liées à la transition énergétique, autour de métaux comme le cobalt ou le cuivre, de terres rares ou de la localisation de la production d’hydrogène. Certes, ces besoins ne pourront être satisfaits en totale autarcie, mais l’UE peut et doit intégrer dès le départ l’objectif de sécurisation des approvisionnements, avec des pratiques extractives plus durables et une coopération avec les pays tiers.
§ Lola Vallejo est directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri)
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/04/guerre-en-ukraine-cette-crise-doit-etre-l-occasion-de-remettre-les-mesures-de-taxation-des-energies-fossiles-au-c-ur-du-debat-politique_6116168_3232.html>
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4- L’AIE présente dix mesures pour réduire la dépendance du gaz russe en Europe, Natura-sciences, 04/03/22
Sophie Cayuela

Les sanctions commerciales envers la Russie demandent à l’Union Européenne de revoir sa dépendance à l’égard des approvisionnements en gaz russe. L’AIE a présenté, ce jeudi 3 mars, un plan en dix points à la Commission européenne visant à réduire les importations de gaz en provenance de Russie. Ces mesures, soucieuses de respecter le Green Deal européen, seraient applicables dans les prochains mois.
Une stratégie établie dans l’urgence. Malgré les ambitions « zéro carbone » de l’Union Européenne (UE), la guerre en Ukraine impose un nouveau défi. Comment réduire les importations provenant de Russie alors que l’UE s’avère dépendante de son gaz ? Pour résoudre cette problématique d’ordre géopolitique, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a présenté ses stratégies à l’UE. Un plan en dix points rapporte comment l’UE pourrait réduire de plus d’un tiers les approvisionnements russes. Et ce, tout en contribuant également à la baisse d’émissions carbone. Le rapport a été présenté ce jeudi 3 mars par Fatih Birol, directeur de l’AIE, durant un point de presse. Barbara Pompili, ministre française de la Transition Écologique, et Kadri Simson, commissaire européen à l’Énergie , soulevaient les difficultés auxquelles devra faire face l’UE dans les prochaines saisons, ainsi que les issues à déterminer en urgence.
Ces dix mesures ont été remises à Barbara Pompili qui préside actuellement l’Union Européenne. Accompagnées d’options supplémentaires, celles-ci visent aussi à contribuer aux ambitions du Green Deal européen. « L’utilisation par la Russie de ses ressources en gaz naturel comme arme économique et politique montre que l’Europe doit agir rapidement pour être prête à faire face à une incertitude considérable sur l’approvisionnement en gaz russe l’hiver prochain », a déclaré Fatih Birol. Il ajoute à cela que des alternatives doivent se trouver et se décider « à court terme ».  Si l’on se réfère aux derniers chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’UE a importé 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie. Soit environ 45% des importations de gaz de l’UE et près de 40% de sa consommation totale de gaz.
>> Suite à lire à :
<https://www.natura-sciences.com/decider/aie-10-mesures-dependance-gaz-russe-europe.html>
Sur le même sujet : 
> Guerre en Ukraine : quatre pistes pour réduire la dépendance énergétique de l'Europe à la Russie <https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-quatre-pistes-pour-reduire-la-dependance-energetique-de-l-europe-a-la-russie_4999953.html>, France info, 10/03/22, 17:57
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5- TotalÉnergies s'allie à la FNSEA pour l'agrivoltaïsme, le biométhane et les biocarburants, Actu-environnement, 04/03/22
Félix Gouty 

Pour TotalÉnergies, la transition énergétique passe par des partenariats. Après avoir conclu une alliance internationale avec Veolia concernant la production de biométhane le mois dernier, l'énergéticien français a annoncé la signature d'un nouvel accord, ce vendredi 4 mars, à l'occasion du Salon international de l'agriculture à Paris. Ce « partenariat novateur » a été noué avec la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) dans le but de « favoriser l'émergence de réseaux économiques circulaires » et de « garantir l'acceptabilité des projets et le partage de la valeur avec les agriculteurs ».
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/totalenergies-FNSEA-agrivoltaisme-biomethane-biocarburants-39206.php4>
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6- Une ONG ukrainienne plaide pour que les importations d’énergie cessent de financer la guerre de Poutine, EurActiv, 04/03/22
Kira Taylor et Oliver Noyan | translated by  Charles Szumski

L’Union européenne doit cesser toute importation de pétrole et de gaz en provenance de Russie pour éviter de financer indirectement la guerre de la Russie en Ukraine, ont déclaré à l’UE, jeudi 3 mars, 25 ONG, dont le Centre écologique national d’Ukraine.
« La Russie continue de recevoir des paiements de la part de gouvernements européens qui financent par inadvertance l’assaut de la Russie en Ukraine. Cela doit cesser », a déclaré Heorhiy Veremiychyk, du Centre écologique national d’Ukraine.
« Les missiles et les bombes russes tuent des centaines de défenseurs et de civils ukrainiens. Cela ne fera qu’empirer. Nous devons agir de toute urgence pour paralyser la capacité du régime de M. Poutine à financer la guerre », a-t-il ajouté.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Union européenne a importé en moyenne plus de 380 millions de mètres cubes de gaz par jour de Russie en 2021, soit environ 140 milliards de mètres cubes pour l’ensemble de l’année.
Et l’Europe continue d’importer du pétrole, du gaz et du charbon russes. Grâce à la flambée des prix, l’Europe envoie à Moscou des millions d’euros par jour, même si son armée se déplace en Ukraine.
« [Aujourd’hui], l’Europe paiera à la Russie 600 millions d’euros pour le gaz naturel et 350 millions d’euros pour le pétrole, soit environ 1 milliard d’euros en une seule journée », a écrit sur Twitter, jeudi, Simone Tagliapietra, chargée de recherche au think tank Bruegel.
« Chaque jour, l’UE envoie 800 millions d’euros à la Russie pour obtenir du pétrole et du gaz. Comme cela sert aussi à financer la guerre, l’UE pourrait bientôt devoir y faire face et agir », avait-il prévenu un jour plus tôt.
Dans ce contexte, les 25 ONG demandent à l’UE et au Royaume-Uni d’instaurer un tarif sur les exportations russes de combustibles fossiles, puis de mettre en place un embargo sur celles-ci.
« Les roquettes qui détruisent les villes ukrainiennes sont achetées avec l’essence des voitures européennes. Pendant 20 ans, nous avons versé le prix du sang à Poutine. Mettre fin à notre dépendance au pétrole n’est pas seulement un impératif moral pour lutter contre le changement climatique, c’est crucial pour mettre fin à cette guerre », a déclaré William Todts, directeur exécutif de l’ONG Transport & Environment.
Les ONG ont également ajouté que le pays d’origine devrait également être indiqué aux consommateurs dans les stations-service. Elles appellent également l’UE et le Royaume-Uni à réduire leur consommation de pétrole, au lieu de passer des sources russes aux approvisionnements du Moyen-Orient, et à accroître le soutien aux véhicules électriques et aux énergies renouvelables.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/energie/news/stop-financing-putins-war-with-energy-imports-ukrainian-ngo-pleads/>
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7- Témoignages. Face à la hausse du prix des carburants, la débrouille des automobilistes, Le Monde, 05/03/22, 13h30
Jordan Pouille (Blois, correspondant régional) 

En Loir-et-Cher, face à la flambée des prix à la pompe, tout le monde tente de s’adapter. 
Dans cette grosse station-service franchisée en périphérie de Blois, le gazole ordinaire s’affiche ce jeudi 3 mars au soir à 1,89 euro, contre 1,79, dans la station automatisée du supermarché mitoyen. Les prix grimpent chaque jour, pour l’une comme pour l’autre. A tel point que le grand totem lumineux de l’autre côté de la chaussée ne tient plus la cadence : il indique encore 1,69, un tarif « vieux » de dix jours. « On a déjà reçu deux réclamations mais le réparateur ne vient pas », soupire Sophie (prénom d’emprunt), l’affable vendeuse qui, depuis ce comptoir protégé par une paroi de Plexiglas, voit les comportements des automobilistes évoluer.
« En début de mois, les gens font toujours le plein sans réfléchir. Là, beaucoup serrent les dents, ne dépassent pas des montants ronds, 30, 40 ou 50, comme pour tenir leur budget, comme si c’était déjà la fin du mois. » Malgré les tarifs de la station-service, beaucoup de ses clients sont jeunes et leurs véhicules fatigués : les stations automatiques du supermarché, où l’on entre et retire sa carte bancaire avant de décrocher le pistolet, nécessitent d’avoir au moins 130 ou 150 euros sur son compte bancaire : « Ici, pas de caution, si t’as 20 euros sur ton compte, tu peux encore rouler. » Depuis cet hiver, son chef a tout de même imposé le prépaiement au comptoir, après des vols à répétition. « Certains pensent qu’on applique la règle à la tête du client mais c’est pour tout monde, même les messieurs en Porsche. D’ailleurs ils râlent aussi », confie-t-elle.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/05/face-a-la-hausse-du-prix-des-carburants-la-debrouille-des-automobilistes_6116287_3234.html>
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8- Entretien. Guerre en Ukraine : « Au sein de l’Europe, la politique des nouveaux gazoducs a créé beaucoup de tensions », Le Monde, 05/03/22, 18h19
Propos recueillis par Eric Albert (Londres, correspondance)

Helen Thompson, professeur d’économie politique à l’université de Cambridge, revient sur la dépendance historique de l’Europe au gaz russe. 
Helen Thompson, professeure d’économie politique à l’université de Cambridge, vient de publier un livre passionnant (Disorder : Hard Times in the 21st Century, Oxford University Press, 2022, non traduit), éclairant les turbulences politiques actuelles à la lumière de trois histoires parallèles : celles de l’énergie, de l’économie (en particulier les questions monétaires), et des démocraties. Elle revient sur la façon dont la dépendance européenne à l’énergie russe s’est construite depuis un siècle.
> Lire aussi Les cours du pétrole retrouvent des sommets inquiétants
Votre livre commence à la fin du XIXe siècle. L’ère du charbon se termine, celle du pétrole commence. Quel est l’impact pour l’Europe ?
La Grande-Bretagne aurait difficilement pu être la puissance qu’elle était au XIXe siècle sans le charbon, qui a permis l’industrialisation. Mais elle n’avait pas de pétrole. Idem en France et dans le reste de l’Europe. En revanche, les Etats-Unis en avaient. Quand, dans les cercles gouvernementaux européens, on a compris que le monde était en train de changer, la montée en puissance des Etats-Unis a fait naître une profonde crainte. Winston Churchill (député à partir de 1901) en particulier était obsédé par l’idée de faire passer la marine britannique du charbon au pétrole. Il s’est dit qu’il lui fallait trouver un approvisionnement au Moyen-Orient, en particulier du côté de la Perse, où du pétrole avait été découvert en 1888. Il pense alors que quiconque contrôlera le Moyen-Orient sera la puissance européenne capable de rivaliser avec les États-Unis.
> Lire aussi « L’économie russe n’est jamais parvenue à se dégager de la rente pétrolière »
A quel moment le pétrole russe est-il arrivé ?
Dès la première décennie du XXe siècle, la Russie devient le plus grand producteur de pétrole au monde, mais à cause des conflits dans la Russie tsariste, la production ralentit. L’Europe veut se diversifier des États-Unis. Mais l’approvisionnement en Iran, par exemple, n’est pas aussi important que les Britanniques et les Français l’espéraient. Aussi, lorsque Staline relance l’industrie pétrolière, tous les pays européens se tournent-ils vers l’achat de pétrole soviétique, à la fin des années 1920 et dans les années 1930.
Mais après la fin de la seconde guerre mondiale, l’administration américaine de Harry Truman n’y est pas favorable. Elle veut que les Européens achètent du pétrole venant de l’hémisphère occidental : Etats-Unis, Mexique, Venezuela… Pour les Européens, la seule alternative qui reste est le Moyen-Orient avec, en cas de crise, les Américains, qui sont le fournisseur en dernier ressort.
Mais le fiasco de la crise de Suez en 1956, avec la tentative échouée de la France et du Royaume-Uni de prendre le contrôle de ce couloir indispensable au transport du pétrole, survient…
La France se dit alors : on ne peut pas compter sur les Américains, ils ne prennent pas nos besoins énergétiques au sérieux. Après Suez, tous les pays européens décident une nouvelle fois de se tourner vers l’Union soviétique, en particulier l’Allemagne de l’Ouest, qui n’a pas d’accès au Moyen-Orient, et l’Italie.
A l’époque, y a-t-il des pipelines ?
C’est le moment où on décide d’en construire. Un oléoduc, qui traverse notamment ce qui est aujourd’hui l’Ukraine, est lancé (en 1958).
> Lire aussi Guerre en Ukraine : « Il est impératif que les pays européens remettent en cause leurs politiques énergétiques »
Quel est l’impact de cette diversification européenne vers l’Union soviétique sur le Moyen-Orient ?
Dans un sens, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est apparue en partie à cause de ce revirement européen. En 1962, pour concurrencer les Soviétiques, les compagnies pétrolières occidentales décident de réduire leurs prix. L’Arabie saoudite et l’Iran sont très mécontents. On commence à voir la nationalisation des grandes entreprises pétrolières, dont Aramco en Arabie saoudite. Et, en 1973, les membres de l’OPEP sont prêts à utiliser l’arme pétrolière lors de la guerre du Kippour (qui provoque le premier choc pétrolier).
Puis la guerre froide prend fin et, deux décennies plus tard, la révolution du gaz de schiste a lieu aux États-Unis, qui deviennent de nouveau un exportateur mondial d’hydrocarbures. Qu’est-ce que cela a changé ?
Pour certains pays, comme la Pologne et les pays baltes, le gaz et le pétrole américains ont été comme un cadeau tombé du ciel. Ils pensaient pouvoir enfin rompre leur dépendance à l’égard de la Russie. Ils ont construit des ports de gaz naturel liquéfié (pour recevoir le gaz américain). Mais pas les Allemands.
> Lire aussi La guerre en Ukraine oblige l’Allemagne, dépendante du gaz et du pétrole russe, à revoir ses choix énergétiques
Pourquoi ?
La relation énergétique de l’Allemagne avec la Russie était vraiment ancrée très profondément dans sa politique étrangère. L’Ostpolitik avait une base matérielle, les pipelines, qui profitait aux deux parties. Au début des années 2010, lors de l’arrivée du gaz de schiste, un revirement aurait constitué un changement extrêmement profond, qui aurait dépassé la question de l’énergie elle-même. Et, par ailleurs, Nord Stream (gazoduc reliant directement la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique) venait juste d’ouvrir, en 2011. Or il est plus coûteux d’importer du gaz naturel américain que de faire venir du gaz par pipeline. D’autant que le gaz liquéfié transporté par bateau est ouvert à la concurrence avec l’Asie, qui peut faire monter les prix et réduire l’approvisionnement.
A l’époque, près des trois quarts du gaz russe passent par l’Ukraine. Quelle est la réaction de Poutine ?
Poutine a systématiquement cherché à contourner l’Ukraine. Il a développé Nord Stream avec l’Allemagne (puis Nord Stream 2). Vers la Turquie, il a ouvert Blue Stream, en 2003, puis il a voulu en développer un autre (Turkstream, en 2020). Au sein de l’Union européenne, cette politique des nouveaux gazoducs a créé beaucoup de tensions, avec de nombreux conflits d’intérêts. Les Polonais et les Allemands – qui, en plus, ont pris la décision de sortir du nucléaire en 2011 – n’ont pas le même point de vue sur l’Ukraine et la mer Baltique. Les Italiens, eux, étaient en colère contre la Commission européenne qui était beaucoup plus sévère à l’égard de leur projet de gazoduc South Stream (qui serait passé sous la mer Noire, de la Russie à la Bulgarie) qu’à l’égard de Nord Stream… Puis Macron est entré en scène : il s’inquiétait de la position de la Turquie dans tout cela, en particulier après la découverte de beaucoup de gaz en Méditerranée orientale. Mais les Allemands, eux, ne s’intéressaient pas à Méditerranée orientale.
<https://www.lemonde.fr/energies/article/2022/03/05/guerre-en-ukraine-au-sein-de-l-europe-la-politique-des-nouveaux-gazoducs-a-cree-beaucoup-de-tensions_6116290_1653054.html>
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9- Chronique. « Notre addiction aux énergies fossiles nourrit le réchauffement climatique et finance la guerre qui nous menace », Le Monde, 06/03/22, 11h01 
Stéphane Foucart

Sur les deux menaces que constituent la guerre en Ukraine et le changement climatique plane le même parfum d’hydrocarbures, analyse dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
Deux événements sans rapport apparent, deux registres de traitement de l’information, deux causes de profonde inquiétude. A quelques jours d’écart, les 24 et 28 février, Vladimir Poutine lançait l’armée russe sur l’Ukraine et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendait public le second volet de son sixième rapport, le plus alarmant rendu à ce jour par l’organisme onusien. Celui-ci décrit l’impact catastrophique, actuel et à venir, du réchauffement climatique sur la biosphère et les sociétés humaines.
> Lire aussi Climat : le GIEC s’alarme des conséquences vertigineuses d’un monde toujours plus chaud
La guerre aux portes de l’Union européenne d’une part, le changement climatique de l’autre : rien ne semble a priori rapprocher ces deux menaces. La première est fulgurante ; la seconde est chronique. La première sature l’espace médiatique ; la seconde n’y a fait qu’une brève apparition. La première tient enfin au désir et à la folie d’un seul homme, quand la seconde tient aux lois intangibles de la physique. Sur ces deux menaces plane pourtant le même parfum d’hydrocarbures.
On le sait, le charbon, le pétrole et le gaz sont les principaux fauteurs de réchauffement, mais ils sont aussi les principales sources de financement de la Russie de Vladimir Poutine. Depuis le début des hostilités, ce paradoxe a été maintes fois souligné : notre addiction aux énergies fossiles a armé le maître du Kremlin et permis à son régime de prospérer depuis près d’un quart de siècle.
Ironie du calendrier
Le journal en ligne Politico a fait ce cruel calcul : avec 2020 pour année de référence, les dépenses militaires russes (56 milliards d’euros) correspondent peu ou prou à la valeur des exportations de combustibles fossiles de la Russie vers l’Europe (59 milliards d’euros). En particulier, la dépendance de l’Union européenne – Allemagne et Italie en tête – au gaz russe est majeure. Au total, 40 % de la consommation de gaz des pays de l’Union proviennent de Russie. L’incapacité à se défaire de notre addiction aux fossiles ne nourrit pas seulement le réchauffement, elle finance la guerre qui nous menace désormais.
Comment ne pas noter une forme d’ironie du calendrier ? Le 2 février, la Commission européenne inscrivait, sous pression allemande, le gaz naturel dans sa désormais fameuse taxonomie des activités « vertes », permettant de bénéficier de financements destinés à la transition écologique. Trois semaines plus tard, la guerre en Ukraine mettait crûment en évidence le caractère géopolitiquement non durable de la dépendance européenne au gaz russe. Et dans le même temps, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) confirmait que les fuites de méthane issues du complexe pétro-gazier sont sans doute environ deux fois plus importantes que les chiffres officiels colligés dans les inventaires nationaux d’émission.
Ce constat est, du point de vue climatique, d’une importance majeure : le méthane n’est pas seulement un combustible, mais aussi un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone. L’ampleur des fuites structurelles liées à son exploitation est telle qu’elle est susceptible de remettre profondément en cause le bilan carbone flatteur du gaz naturel par rapport au pétrole et même au charbon.
Même déni à l’œuvre
Ces jours-ci, des voix s’élèvent pour rappeler que le danger que représente Vladimir Poutine pour la stabilité de l’Europe est connu de longue date. Que le scénario ukrainien était écrit depuis la fin des années 2000 et l’invasion de la Géorgie. Et qu’au cours des quinze dernières années, les démocraties occidentales ont fait preuve d’une complaisante cécité vis-à-vis de Moscou.
> Lire aussi Russie-Occident, vingt ans d’autoradicalisation de Poutine
Le même déni est à l’œuvre dans l’assertion sans cesse ressassée – et gravée dans le marbre de la taxonomie européenne – faisant du gaz naturel une « énergie de transition ». Depuis plus de dix ans, des chercheurs du monde académique alertent sur les mirages environnementaux du gaz naturel, et s’alarment de son développement récent grâce aux techniques d’extraction non conventionnelles, en particulier la fracturation hydraulique.
Résumant dix années de recherches sur le sujet, le géochimiste américain Robert Howarth (université Cornell), estimait en 2019, dans la revue Biogeosciences : « Le gaz naturel (tant le gaz de schiste que le gaz conventionnel) étant responsable d’une grande partie des récentes augmentations des émissions de méthane, nous suggérons que la meilleure stratégie consiste à s’éloigner le plus rapidement possible du gaz naturel, en réduisant à la fois les émissions de dioxyde de carbone et de méthane. Le gaz n’est pas un combustible de transition. »
Non seulement l’Europe s’est rendue dépendante du gaz russe, mais le prétexte environnemental à cette compromission est sujet à caution.
La probabilité est pourtant faible que le conflit en cours soit synonyme d’un début de sortie des fossiles. Le spectre de la guerre est peu compatible avec un tel scénario. Les projets qui s’échafaudent visent plutôt à permettre une plus grande ouverture du marché européen aux ambitions exportatrices américaines, rendues possibles par le développement de la fracturation hydraulique.
> Lire aussi Sur fond de crise ukrainienne, les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe
Le gaz joue un rôle central dans le conflit et il suffit pour s’en convaincre de voir comment Vladimir Poutine agite chez ses adversaires-clients la peur d’une source concurrente d’énergie. Derrière l’attaque de la centrale de Tchernobyl par les troupes russes aux premiers jours de la guerre, et les frappes, le 4 mars, contre la grande centrale nucléaire de Zaporijia, se cachent des mouvements autant tactiques que stratégiques. En jouant ainsi avec les nerfs des populations européennes, le maître du Kremlin semble nous susurrer : « Voyez comme ces centrales nucléaires vous rendent vulnérables au moindre de mes caprices. Ne préférez-vous pas rester au gaz ? »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/06/l-incapacite-a-se-defaire-de-notre-addiction-aux-energies-fossiles-ne-nourrit-pas-seulement-le-rechauffement-elle-finance-la-guerre-qui-nous-menace-desormais_6116333_3232.html>
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10- Guerre en Ukraine : les matières premières en ébullition, TV5Monde, maj le 08/03/22, 10:49

Résultat de l'invasion de l'Ukraine et des lourdes sanctions imposées à la Russie, un certain nombre de matières premières stratégiques n'ont jamais coûté aussi cher ! Flambée des cours des hydrocarbures mais aussi d'un certain nombre de métaux : où en est-on et avec quelles conséquences ? 
Gaz et pétrole au sommet
Les consommateurs européens commencent à subir l'une des conséquences économiques très concrètes de la guerre en Ukraine lancée le 24 février par le président russe Vladimir Poutine. En France, le très médiatique patron des magasins de distribution qui portent son nom, Michel-Edouard Leclerc, l'annonce le 7 mars : "les prix de l'essence vont augmenter de huit à dix centimes cette semaine". Des prix déjà très élevés en raison de la reprise économique post-Covid19. Au sein de l'Union européenne, la barre des 2 euros le litre est déjà franchie dans la plupart des stations-services, et c'est du jamais vu.
La Russie est l'un des premiers producteurs mondiaux de gaz et de pétrole, et les investisseurs s'affolent d'éventuelles ruptures d'approvisionnement en hydrocarbures. Pour l'instant, les sanctions économiques évitent soigneusement le secteur de l'énergie, mais les Etats-Unis, moins dépendants que l'Europe grâce à leur production nationale et leurs autres sources d'approvisionnement, évoquent désormais une interdiction d'importer du pétrole russe.
> La Russie est le deuxième exportateur mondial de brut. Les cours du pétrole, qu'il s'agisse du Brent de mer du Nord ou du WTI américain, se sont approchés le 7 mars de leurs plus hauts historiques, dépassant brièvement 130 dollars le baril pour la première fois depuis 2008.
> Le prix du gaz atteint le même jour un record historique en Europe, à 345 euros le mégawattheure. L'Union européenne importe 40% de son gaz de Russie.
>> Suite à lire à :
<https://information.tv5monde.com/info/guerre-en-ukraine-les-matieres-premieres-en-ebullition-447640>
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11- Le financement des hydrocarbures russes, nerf de la guerre économique, Le Monde, 08/03/22, 11h02 
Véronique Chocron et Adrien Pécout

Lorsqu’ils ont débranché en partie la Russie du système financier international, le 2 mars, les Européens ont épargné les deux banques essentielles aux importations de gaz russe, dont ils dépendent. 
L’Union européenne (UE) ne s’en est pas cachée. Lorsqu’ils ont, le 2 mars, pris la décision inédite de débrancher sept banques russes du système financier international Swift, les 27 Etats membres ont pris soin d’épargner le géant Sberbank et Gazprombank, au cœur du commerce des hydrocarbures, en raison de la forte dépendance de plusieurs Etats européens au gaz russe. La majeure partie des paiements pour les livraisons de gaz et pétrole russes à l’UE transitent par ces deux établissements.
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Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a aussitôt réagi, jugeant sur Twitter cette situation « inacceptable ». « La Pologne, a-t-il dit, exige que les sanctions englobent pleinement toutes les entités russes par lesquelles la guerre est financée. » Les revenus du pétrole, de produits raffinés et du gaz apportent une manne considérable à la Russie : plus d’un tiers de son budget général en 2021.
Par des sanctions graduelles, les dirigeants de l’UE pourraient toutefois convenir cette semaine de réduire la dépendance de l’Union aux importations d’hydrocarbures russes. Déjà, « même si les importations de pétrole russe ne sont pas interdites, les banquiers sont inquiets des sanctions qui ne cessent d’évoluer, qui peuvent cibler certains navires transportant du pétrole, par exemple », explique Joydeep Sengupta, avocat au sein de l’équipe conformité et réglementation du cabinet Mayer Brown.
« Impératif moral » pour les fonds
L’activité des groupes bancaires auprès des énergéticiens russes ne se limite pas à assurer leurs flux financiers. Le 3 mars, une coalition internationale d’ONG a appelé banques, assureurs et gestionnaires d’actifs à cesser tout nouveau soutien, dans le pays, à des projets gaziers, pétroliers et charbonniers. « Les institutions financières ont l’impératif moral d’agir pour enrayer la machine de guerre de[Vladimir] Poutine et, donc, pour cesser tout soutien aux industries qui contribuent à l’alimenter », déclare Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance, à propos du président russe.
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Le fonds d’investissement BlackRock assure avoir cessé, depuis le 28 février, d’acheter des titres russes. Reclaim Finance appelle la société américaine à « immédiatement élargir ses positions aux entreprises non russes actives en Russie, à commencer par TotalEnergies ». La major française du pétrole et du gaz – dont BlackRock est actionnaire à près de 6 % – a, jusque-là, maintenu ses activités en Russie, à l’inverse de BP, de Shell ou d’Exxon.
Plusieurs institutions françaises font également partie des principaux financeurs et investisseurs dans le secteur russe des hydrocarbures. Le Crédit agricole a ainsi accordé des prêts et autres financements à la société Gazprom à hauteur de 800 millions de dollars (737 millions d’euros) entre 2019 et 2022, selon les données de l’agence Bloomberg. Par ailleurs, le groupe bancaire français a investi, à ce jour, 21 millions de dollars dans le pétrolier Rosneft. Contacté, il affirme qu’« il n’y a plus de nouveau financement consenti à des contreparties russes depuis le début du conflit » – sans préciser combien de temps cela durera.
Le groupe Carmignac Gestion a, jusque-là, investi 230 millions de dollars dans Gazprom. Il annonce au Monde s’interdire désormais, « jusqu’à nouvel ordre, tout achat de titres russes » et s’engage « à gérer la sortie des titres encore présents dans les portefeuilles ». La Société générale, qui a financé Lukoil à hauteur de 500 millions de dollars entre 2019 et 2022, refuse de commenter la situation de ce client.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/le-financement-des-hydrocarbures-russes-nerf-de-la-guerre-economique_6116591_3234.html>
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12- Guerre en Ukraine : comment l’Europe peut réduire son ultradépendance au gaz de la Russie, Le Monde, 08/03/22, 15h36 
Adrien Pécout

Les Etats membres de l’Union cherchent à diversifier leurs fournisseurs, à développer les énergies renouvelables et à contenir leur consommation, afin de limiter leurs importations. 
L’hiver, avec ses besoins en chauffage, touche à peine à sa fin qu’une question essentielle se profile pour le suivant. Comment réduire, à très court terme, l’ultradépendance de l’Union européenne (UE) aux livraisons de gaz russe ? Dit autrement : comment faire sans environ 40 % du gaz consommé et 45 % du gaz importé en 2021 à l’échelle de l’UE ? Ces pourcentages varient de pays en pays, la France étant largement en deçà (17 % de ses importations gazières en 2020), et l’Allemagne bien au-dessus (plus de 50 %). Mais le problème de l’UE reste entier vis-à-vis de la Russie, qui lui livre également pétrole et charbon.
Depuis le 24 février et l’attaque de l’Ukraine par l’armée russe, la sanction la plus efficace contre Moscou consisterait à assécher les importations en hydrocarbures, principales sources de devises du président Vladimir Poutine. Les Etats européens, pourtant, s’y refusent jusque-là ; la mesure les mettrait eux-mêmes en péril.
+ Infographie : Les pays littoraux importateurs de GNL moins dépendants du gaz russe <https://img.lemde.fr/2022/03/08/0/0/0/0/1800/0/0/0/5c0ec21_645798304-cartegaz700.png>
« L’utilisation par la Russie de ses ressources en gaz naturel comme une arme économique et politique montre que l’Europe doit agir rapidement », a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), rattachée à l’Organisation de coopération et de développement économiques. Le 3 mars, sans remettre en cause la libéralisation du marché, l’AIE a proposé des mesures pour sabrer plus d’un tiers de ces livraisons russes. En 2021, celles-ci s’élevaient à 140 milliards de mètres cubes (m3) par gazoduc, et 15 milliards de m3 par navire sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL).
• Diversifier ses fournisseurs
Pour l’hiver prochain, la perspective de sanctions européennes ou d’une rétention russe fait planer « une incertitude considérable sur l’approvisionnement en gaz russe », selon M. Birol. Le 22 février, deux jours avant l’éclatement du conflit en Ukraine, le gouvernement allemand gelait déjà l’autorisation de mise en service du gazoduc Nord Stream 2. Par mesure de rétorsion, la Russie menace désormais de couper les vannes de… Nord Stream 1, selon la déclaration télévisée du vice-premier ministre, Alexander Novak, le 7 mars, cité par l’agence Bloomberg.
D’emblée, l’AIE préconise le non-renouvellement de tout contrat de long terme avec la Russie, soit 15 milliards de m3 à expiration dès 2022. L’UE pourrait remplacer 30 milliards de m3 russes par ceux d’autres fournisseurs. A travers des gazoducs (10 milliards de m3), par exemple depuis la Norvège ou l’Azerbaïdjan, la production de l’UE étant en déclin. Ainsi que par voie maritime (20 milliards de m3), les Etats-Unis et le Qatar ayant fait du commerce de GNL une spécialité. Là où les tuyaux contraignent le gaz à un marché régional, les navires le mondialisent – avec pour corollaire de le monnayer au prix fort, profitant de la concurrence entre la demande en Europe et en Asie.
+ Infographie : La dépendance au gaz russe depuis l’invasion de la Crimée en 2014 a augmenté pour…/ a diminué pour… <https://img.lemde.fr/2022/03/08/0/0/0/0/1400/0/0/0/cce9995_556552516-graphdependancegazrusse700.png>
Encore faudra-t-il les infrastructures suffisantes en amont, pour liquéfier le GNL. En bout de chaîne, la France dispose ensuite de quatre terminaux méthaniers pour le regazéifier. Pas l’Allemagne, qui a toutefois annoncé à la hâte, le 5 mars, la future construction de sa première infrastructure de ce genre, dans le nord du pays, à l’embouchure de l’Elbe.
« L’électricité se déplace à la vitesse de la lumière via les interconnexions, mais ce n’est pas le cas du gaz, dont le transport à travers l’Europe n’a pas la même fluidité », tempère cependant Patrice Geoffron, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine-PSL.
• Assurer ses stocks
Une fois acheminé, le gaz peut se conserver sous terre. L’AIE recommande de remplir au moins 90 % des capacités de stockage au 1er octobre de chaque année, en préparation de l’hiver. En 2021, la France se prévalait déjà de ce niveau à pareille période. Une réglementation nationale impose, en effet, aux fournisseurs de financer les coûts liés à la capacité de stockage. Au même moment, la moyenne européenne descendait à 75 %.
Plusieurs pays, dont l’Espagne, proposent désormais l’achat de réserves stratégiques en commun. « Constituer des stocks stratégiques ne pourra pas se faire spontanément, étant donné que les prix du gaz pour livraison à l’été 2022 sont actuellement supérieurs à ceux de l’hiver prochain, prévient Boris Solier, maître de conférences en économie à l’université de Montpellier. Les Etats vont sans doute devoir mettre la main au portefeuille pour inciter les opérateurs à constituer leurs réserves de gaz. »
• Déployer les énergies renouvelables
Quelle qu’en soit la provenance, remplacer du gaz fossile par du gaz fossile navre les associations de défense de l’environnement. « Ce ne serait pas construire notre indépendance énergétique et ce ne serait pas non plus travailler à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre », affirme Lorette Philippot, représentante aux Amis de la terre.
Faute de gaz pour produire de l’électricité, le risque subsiste d’un recours accru au charbon, une énergie encore plus nocive pour le climat. Il concerne l’Allemagne au moins jusqu’en 2030, selon le dernier accord de coalition en date.
Le chemin escarpé de l’UE vers la neutralité carbone en 2050 passe plutôt par un abandon progressif des fossiles (pétrole, gaz, charbon) et par un déploiement massif des énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, avec toujours de l’hydraulique). D’ici un an, si l’Europe parvient à générer 35 térawattheures (TWh) de plus par rapport à ses plans, elle pourrait se passer de 6 milliards de m3 de gaz, selon l’AIE. Notamment grâce à la pose de panneaux photovoltaïques sur les toits.
+ Infographie : Avec la crise russo-ukrainienne, le GNL bondit <https://img.lemde.fr/2022/03/08/0/0/1050/1077/1328/0/45/0/a4f5e18_745306523-importationsgaz.png>
Produire davantage d’électricité à partir de biomasse (50 TWh de plus) et à partir du nucléaire (20 TWh de plus), la principale source d’électrons bas carbone en Europe, épargnerait aussi 13 milliards de m3 de gaz. De récents problèmes de corrosion laissent pourtant augurer, pour l’année en cours, d’une production française la plus faible depuis trois décennies.
L’AIE suggère de reporter la fermeture, prévue jusque-là pour 2022, des trois derniers réacteurs allemands et d’une unité en Belgique. Sujet clivant en vue, bien que le contexte géopolitique ait déjà poussé le premier ministre belge, Alexander De Croo, à admettre la nécessité de « réévaluer » sa stratégie nationale – celle d’une sortie totale de l’atome pour les sept réacteurs du royaume d’ici à 2025.
• Economiser de l’énergie
S’affranchir du gaz russe nécessiterait aussi de réduire la demande, et donc d’entreprendre la « chasse au gaspi » – pour reprendre un concept entendu dans les années 1970, au temps des chocs pétroliers. « La politique la plus efficace et la plus économique à mettre en place est, pour l’instant, malheureusement, celle la moins discutée », regrette ainsi Thomas Pellerin-Carlin, chercheur en politique européenne à l’Institut Jacques-Delors.
Selon l’AIE, baisser le chauffage des bâtiments de 1 °C permettrait d’abaisser la demande d’environ 10 milliards de m3. A des fins d’efficacité énergétique, une meilleure isolation de l’habitat éviterait, en outre, 2 milliards de m3.
« Il faudra jouer sur les deux volets, sur l’offre et sur la demande », résume l’économiste Boris Solier. Avec la nécessité de convaincre la population, déjà confrontée à un affolement sans précédent des cours européens du gaz depuis l’été 2021. D’abord sous l’effet de la reprise économique après la récession due au Covid-19. Désormais avec la guerre en Ukraine.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/comment-l-europe-peut-reduire-sa-dependance-au-gaz-russe_6116588_3234.html>
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13- Guerre en Ukraine : les Etats-Unis et le Venezuela entament un rapprochement autour du pétrole, Le Monde, 08/03/22, 16h56 
Marie Delcas(Bogota, correspondante)

Samedi 5 mars, une délégation de hauts fonctionnaires américains a rencontré le président vénézuélien, Nicolas Maduro. Soucieux de contenir la flambée du baril et d’isoler la Russie, Joe Biden envisagerait de lever partiellement les sanctions sur le pays. 
Sur fond d’envolée des prix du pétrole, les Etats Unis de Joe Biden et le Venezuela, socialiste et sous sanctions américaines, de Nicolas Maduro, ont entamé un début de rapprochement. Ce samedi 5 mars, une délégation de hauts fonctionnaires américains a discrètement fait le voyage à Caracas. La nouvelle, révélée par le quotidien The New York Times, a été confirmée, lundi 7 mars, par la porte-parole de la Maison Blanche et par M. Maduro. « L’objectif de la visite était de discuter plusieurs sujets parmi lesquels, évidemment, celui de la sécurité énergétique », a déclaré Mme Jen Psaki à la presse.
Soucieux d’isoler la Russie, de la couper de ses alliés et de contenir la flambée du prix du baril de pétrole, le gouvernement de Joe Biden envisage de lever partiellement les sanctions américaines qui pèsent sur le Venezuela et grèvent, depuis 2019, ses ventes de brut. C’est ce qu’affirme la presse américaine.
Aucune précision officielle n’a été fournie sur le résultat des discussions engagées à Caracas. Mais elles « continuent », a confirmé M. Maduro. Mme Psaki a indiqué qu’elles portent également sur la situation des six anciens cadres de Citgo, la filiale de l’entreprise Petroleos de Venezuela (PDVSA) aux Etats-Unis, qui sont incarcérés au Venezuela, depuis 2020, pour malversation de fonds. Cinq des six détenus ont la nationalité américaine.
Les plus grandes réserves mondiales de pétrole brut
« La menace d’une explosion du prix du pétrole a été déterminante pour que la Maison Blanche et le département d’Etat cherchent une communication plus directe avec le gouvernement de Nicolas Maduro, explique au Monde le juriste Mariano de Alba, conseiller senior de l’organisation International Crisis Group. Pour sa part, Nicolas Maduro doit obtenir une amélioration durable de la situation économique du pays, s’il veut être réélu en 2024. Il pourrait obtenir une levée partielle des sanctions sur le pétrole vénézuélien, contre la libération des prisonniers américains. » 
> Lire aussi Boycott du pétrole russe : les Européens sous pression des Américains
Le Venezuela, qui détient les plus grandes réserves mondiales de pétrole brut, produisait, en 1999, plus de 3 millions de barils par jour. Sa production est tombée à moins de 800 000 barils par jour, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). « Le chiffre est possiblement sous-estimé, puisque, du fait des sanctions américaines, le pays exporte une partie de sa production clandestinement », rappelle l’analyste José Antonio Gil, de l’Institut Datanalisis. Vingt ans de chavisme – et trois de sanctions – ont ruiné l’industrie pétrolière et l’entreprise publique PDVSA. « Mais il reste des puits, des installations et des compétences, poursuit M. Gil. Le Venezuela pourrait, en moins d’un an, doubler sa production, pour atteindre 1,5 million de barils par jour. » Lundi soir, Nicolas Maduro déclarait que PDVSA était prête à augmenter sa production à 3 millions de barils par jour « pour la stabilité du monde ». 
Depuis le début du conflit en Ukraine, Nicolas Maduro a manifesté son soutien inconditionnel à la Russie. Mais, lundi, devant les militants du Parti socialiste qui tiennent leur Congrès à Caracas, la vice-présidente Delcy Rodriguez a usé d’un langage plus prudent et appelé au dialogue entre la Russie et l’Ukraine : « Jamais vous ne verrez le Venezuela dans le camp de la guerre pour la guerre. Nous serons toujours du côté des droits humains. »
Une « occasion imprévisible et phénoménale »
M. Gil veut croire qu’un accord est possible. « La tragédie sans nom que vit l’Ukraine bouleverse l’échiquier géopolitique et offre paradoxalement au Venezuela l’occasion imprévisible et phénoménale de reconstruire son industrie pétrolière. Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux veulent réduire leur dépendance énergétique de la Russie, sur le long terme. » Mais la fracture entre Washington et Caracas est profonde.
> Lire aussi Guerre en Ukraine : les géants de l’or noir soulignent leur rôle-clé pour assurer la sécurité énergétique
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez, en 1999, et de son successeur Nicolas Maduro en 2013, les relations entre les deux pays n’ont cessé de se dégrader. En 2010, les deux gouvernements rappelaient leurs ambassadeurs. En 2019, ils rompaient leurs relations diplomatiques. Depuis, les Etats-Unis reconnaissent l’opposant Juan Guaido comme seul président légitime du Venezuela. En 2020, la justice américaine offrait 15 millions de dollars (13,8 millions d’euros) pour la capture de Nicolas Maduro, accusé de trafic de stupéfiants et de blanchiment d’argent. Début 2022, le gouvernement de Joe Biden réitérait que le Venezuela constitue une menace « inhabituelle et extraordinaire à la sécurité des Etats-Unis ».
C’est dire si les pourparlers s’annoncent difficiles. La possibilité d’un rapprochement entre Washington et Caracas a suscité quelques vives réactions. Côté américain, le sénateur républicain Marco Rubio a déclaré, sur Twitter : « Plutôt que d’augmenter la production américaine de pétrole, M. Biden veut remplacer le pétrole que nous achetons à un dictateur assassin par le pétrole d’un autre criminel assassin. » Au Venezuela, la droite dure a elle aussi condamné le virage américain. Mais, selon M. Gil, « les deux camps ont beaucoup à gagner à une levée des sanctions ».
> Lire aussi La crainte d’un embargo sur le pétrole russe provoque une panique financière, les Bourses chutent
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/guerre-en-ukraine-les-etats-unis-et-le-venezuela-entament-un-rapprochement-autour-du-petrole_6116579_3234.html>
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14- Nucléaire : l'Allemagne ne prolongera finalement pas la durée de vie des centrales malgré la guerre en Ukraine, BFMTV, 08/03/22, 17:56
Pauline Dumonteil

Après un audit, le gouvernement allemand affirme qu'une prolongation des trois dernières centrales du pays "ne pourrait apporter qu'une contribution très limitée à la résolution du problème" de la dépendance énergétique à la Russie.
La guerre en Ukraine a mis en lumière la dépendance énergétique de l'Europe à la Russie. Le pays est en effet le premier fournisseur de gaz naturel des Vingt-sept avec 40% des importations, et le deuxième fournisseur de pétrole, avec 20% des importations. Tous les pays ne s'y approvisionnent pas de manière égale.
L'Allemagne est particulièrement dépendante du gaz, du pétrole et du charbon russes. C'est pourquoi le gouvernement d'Olaf Scholz n'est pas favorable à un embargo sur les énergies russes, qui interdirait leur importation dans le but de frapper Moscou au portefeuille.
L'Allemagne a renoncé au nucléaire après l'accident de Fukushima et prévu de fermer progressivement tous ses réacteurs. Les trois dernières centrales du pays seront mises hors service cette année.
Face à la guerre en Ukraine, la prolongation de leur durée de vie a été un temps envisagée, notamment pour éviter des coupures d'électricité l'hiver prochain. Mais ce mardi, le gouvernement allemand a finalement balayé cette hypothèse.
>> Suite à lire à :
<https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/nucleaire-l-allemagne-ne-prolongera-finalement-pas-la-duree-de-vie-des-centrales-malgre-la-guerre-en-ukraine_AV-202203080520.html>
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15- Reportage. « J’ai tellement honte d’afficher ces prix » : l’angoisse des petits pompistes en Vendée, Le Monde, 08/03/22, 18h04
Camille Bordenet (Bazoges-en-Paillers, Saint-Fulgent, Les Herbiers, envoyée spéciale)

Les stations-service indépendantes, services de proximité précieux en milieu rural, sont obligées, depuis le début de la guerre en Ukraine, d’afficher des tarifs inimaginables pour l’essence et le gazole.
C’est une petite station-service traditionnelle indépendante comme on n’en voit plus beaucoup, accolée au garage familial Godet, au ras de la départementale 6, au sortir de Bazoges-en-Paillers et ses 1 460 habitants. Un chapelet ininterrompu de semi-remorques file sur la deux-voies, dans ce coin de bocage vendéen qui ne connaît pas le chômage. On y trouve deux pompes et une jeune employée, Valentine Sionneau, qui accourt depuis le bureau pour proposer le service. Pour un peu, on entendrait les klaxons des R5, de l’époque du pétrole conquérant et du moteur à explosion innocent.
Les prix au litre affichés, en cette semaine du 7 mars, pourront figurer dans les livres d’histoire eux aussi, témoins hébétés des désordres du XXIe siècle : 2,14 euros le gazole plus, 2,11 le SP95. Le seuil des 2 euros franchi et le gazole au-dessus de l’essence : c’est « inimaginable » ! Jérémy Godet a « tellement honte d’afficher ça » qu’il a décidé de vendre à prix coûtant, quelques centimes de moins, tant qu’il pourra. « Tant pis » pour ses marges, gringalettes. Fin février, avant la guerre en Ukraine, le pompiste de 37 ans pensait déjà avoir atteint des sommets avec l’inflation. Il ne cache pas sa crainte d’une pénurie à plus long terme, tandis qu’un choc énergétique menace l’Europe.
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Du jamais vu, ni du temps de son père, Rémy, ni de celui de son grand-père, Rémi, qui a ouvert la station en 1978 et bloquait des dépôts contre les hausses de prix à l’époque du premier choc pétrolier. Après un BTS en mécanique auto, reprendre l’entreprise familiale était une évidence pour Jérémy, qui a grandi dans ce décor de cambouis insouciant. Le petit-fils y récoltait ses premiers pourboires et tapait le ballon sur la dalle abritant les cuves. Loin d’imaginer que les gouttes d’or noir s’écoulant ici seraient un jour rattrapées par des crises environnementale, sanitaire, géopolitique… Ni que son travail incarnerait un monde carboné pointé du doigt.
Dans son bureau avec vue sur les pompes, le détaillant montre le tableur des ventes, litanie de cases rouges et de moins : les litres vendus régressaient déjà chaque année avant cette crise. Quand les clients lui demandent l’avenir de tel carburant, dans quelle technologie investir, il ne peut « pas mentir » : « On est dans le flou. Je suis moi-même perdu, y compris sur l’évolution de mon métier. »
> Lire aussi « Des fois, on se demande pourquoi on travaille » : dans la Vienne, le blues du garagiste indépendant
Triple peine
Par ici, « tout le monde roule ». Dans ce bassin d’emploi dynamique où les panneaux de recrutements fleurissent aux pieds des entrepôts, les foyers comptent deux, voire trois véhicules. Et 80 % de la clientèle tourne au diesel. Jérémy a donc du mal à croire à la fin du moteur thermique d’ici dix ans. Il ne vend plus de voitures neuves, incertitude et baisse de pouvoir d’achat obligent. « Mais les clients font réparer et le garage tourne. » 
La station, elle, est en sursis. Combien de temps avant de rejoindre la longue liste de celles qui ont fermé depuis trente ans ? Le compte à rebours est suspendu à la longévité des deux cuves, vieilles de l’âge du grand-père. Investir pour les remplacer ? Trop risqué : le paysage de la distribution de carburant subissait déjà une crise structurelle – fiscalité élevée, normes environnementales, arrêt des aides –, aggravée par la crise énergétique.
On comptait ainsi 41 500 stations en France au début des années 1980 au sortir du premier choc pétrolier, contre 11 160 en 2020, selon l’Union française des industries pétrolières. L’hémorragie touche en particulier les petites, au débit et aux marges moindres. En milieu rural, elles subissent la triple peine d’être plus chères, éloignées, et concurrencées par les grandes et moyennes surfaces – plus de 60 % du marché. « On ne se bat pas à armes égales », déplore M. Godet, citant leurs opérations à prix coûtant et la remise de Total de 10 centimes par litre dans ses stations rurales, pendant trois mois. Installer des bornes électriques ? Hasardeux, au vu de la faible demande locale – il croit plutôt à l’hydrogène. Des boîtiers de conversion au bioéthanol, prisé car moins taxé ? Le garage voisin le fait déjà.
Terminés, aussi, les dispositifs pour aider les stations à se diversifier et se mettre aux normes – faute de subvention de l’Etat – comme en avait bénéficié le père de Jérémy. Celles qui tiennent encore ont souvent une autre activité : garage, multiservices, dépôt de pain… Certaines se voient reprises par une intercommunalité ou une commune. S’il devait arrêter, Jérémy espère qu’une alternative serait étudiée.
« Ce réseau traditionnel fait partie de la réussite de la transition écologique du parc. Il ne doit pas être délaissé », estime Emilie Repusseau, secrétaire générale adjointe de la Fédération nationale automobile. Elle plaide pour un plan de soutien dédié au maillage territorial des stations, au vu de leur faible densité – « 2,5 pour 100 km² » –, alors que leur mission de proximité est précieuse dans certaines zones reculées.
> Lire aussi Carburants : « Face à la baisse du nombre de points de vente, des villages ouvrent leur propre station-service »
L’impression de « ne rien maîtriser »
En dépit des menaces au tournant, Jérémy Godet s’accroche : « On maintiendra ce service le plus longtemps possible, faute de rentabilité. » Les horaires d’ouvertures larges et la caisse en ferraille du grand-père en témoignent : on y consigne encore la petite monnaie et les chèques de ceux qui ne peuvent pas payer avec une carte – mineurs, travailleurs immigrés… Les premiers utilitaires passent faire le plein dès 7 h 30 avant d’embaucher. Certes, c’est environ 10 centimes par litre de plus par rapport aux grandes surfaces – écart qui pourrait se creuser avec la flambée.
En combinaison agricole, Edouard Pasquier passe la tête : « 118,7 euros », lance-t-il, avant de repartir pied au plancher nourrir ses 600 bovins. Il paiera en fin de mois. Ça, il ne pourrait pas le faire aux « super-hyper », et serait contraint de pousser dix kilomètres plus loin. Il continuera à s’approvisionner ici. « Pour la proximité, mais aussi la qualité du gazole plus, qui dure plus longtemps. » Ce sont moins les cotations du carburant routier que celles des matières premières agricoles et du gazole non routier (GNR) pour ses engins qu’il scrute, cardiogramme de son angoisse. « L’impact est déjà terrible. » Les aides aux filières annoncées par le gouvernement via le « plan de résilience économique » ne suffisent pas à rassurer, il a l’impression de « ne rien maîtriser ». Mêmes craintes pour un autre fidèle de la station, Loïc Baubry, à la tête d’une PME de métallerie-tôlerie, qui dépend de l’acier.
> Lire aussi Plan de résilience économique : le gouvernement prêt à « poursuivre les efforts » pour le pouvoir d’achat
Infirmière du travail dans une entreprise agroalimentaire, 44 kilomètres de trajet domicile-travail quotidien, Christelle R. continuera aussi de venir mettre « 20 euros » de gazole ici tant qu’elle pourra – « le plein est un luxe ». Des centimes de plus plutôt qu’un face-à-face avec l’automate et l’inflation dans des files anonymes. Elle tient à soutenir les petits commerçants. L’heure est à la débrouille : restrictions des sorties de loisirs, covoiturage envisagé malgré des horaires compliqués, pompe à chaleur pour remplacer la chaudière à gaz… « Bientôt la guerre au pétrole comme dans Mad Max ? Bienheureux ceux qui sont à Paris sans voiture. » Quant aux nouvelles aides gouvernementales annoncées, sur l’essence notamment, elle se demande s’il restera assez dans les caisses. Infirmière libérale, avec cent kilomètres de tournées par jour, Céline Méchineau, 42 ans, n’aura pas d’autre choix que de continuer à rouler pour soigner.
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Les courbes inflationnistes ne feront toutefois pas monter les coûts de la convivialité chère aux Godet. Retraité célibataire, Jean-Claude Boudaud, 71 ans, en connaît la valeur, qui a vu bien des petits commerces fermer. Des villages voisins, eux, ont perdu leurs pompes. L’emplacement de celles de Bazoges est un atout, sur une départementale traversante, de même que la démographie croissante.
« Les petits pris en étau »
Jean-Claude vient tous les jours. Il aime y bavarder avec « la petite », Valentine lui offre le café, il lui apporte ses légumes. Certes, on carbure désormais plus à l’abattement, causant bombardements plutôt que plantations. La présidentielle n’en est que plus secondaire. Voilà un scooter. Yanis Hatton-Lagainière, 14 ans, met pour 6,2 euros de combustible et de liberté dans sa nouvelle bécane. Il habite à deux pas, tend son billet de 10, fier. « Enfin », le collégien peut aller voir les copains au city-stade. Les convulsions géopolitiques n’ont pas entamé son horizon – il veut devenir architecte –, même si ses parents parlent de ce « tout qui augmente ».
L’envolée des prix et des tourments est partagée quelques kilomètres plus loin, à la station-service du garage de David et Séverine Retailleau. Eux sont directement voisins des pompes d’un Super U. Indépendants mais affiliés à la marque Elan – rattachée à Total –, le couple pensait au moins pouvoir proposer à sa clientèle la remise Total de 10 centimes par litre acheté. En vain. « Rageant », lorsqu’ils comparent leur manque à gagner avec les bénéfices du géant pétrolier. A l’annonce des prix par son fournisseur, lundi, Séverine a cru à l’erreur – diesel : 2,28 ; diesel Excellium : 2,32 ; SP95 : 2,26. « On se demande où cette folie va s’arrêter. »
La présidentielle ? Ricochets de soupirs, des pompes Retailleau aux pompes Godet. L’impression d’être « la dernière roue du carrosse », « les petits pris en étau », images qui résonnent parmi les enjoliveurs et les clés à mollette. Assurer un égal accès territorial au carburant – « surtout s’il venait à manquer » –, oui mais jusqu’à quand ? Depuis la fenêtre de leur cuisine, les parents de Jérémy Godet montrent une photo prise du même angle en 1998. Emboutissement d’époque. Le gazole s’affichait alors à 0,67 euros, le super à 0,99, et les chiffres de 2022 seraient passés pour un mauvais film d’anticipation. Jérémy, lui, habite la maison derrière avec sa femme et ses filles. Il n’y voit pas la station. « C’est mieux. »
> Lire aussi Les Herbiers, en Vendée, cherchent salariés désespérément
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/03/08/j-ai-honte-d-afficher-ces-prix-en-vendee-l-angoisse-des-petits-pompistes-face-a-une-flambee-jamais-vue_6116636_3224.html>
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16- Les émissions de CO2 du secteur énergétique ont remonté fortement en 2021, selon l’AIE, Le Monde avec AFP, 08/03/22, 18h52 

L’énergie, premier secteur producteur de gaz à effet de serre, a vu ses émissions progresser de 6 % en 2021, pour atteindre 36,3 gigatonnes, leur « plus haut niveau », précise l’Agence internationale de l’énergie. 
Les émissions de CO2 du secteur de l’énergie ont de nouveau augmenté, l’an dernier, en raison du rebond économique mondial et d’un recours accru au charbon, a annoncé, mardi 8 mars, l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
L’énergie, premier secteur producteur de gaz à effet de serre, a vu ses émissions progresser de 6 % en 2021, pour un total de 36,3 gigatonnes (Gt), leur « plus haut niveau jamais atteint », précise l’AIE. Les émissions de CO2 issues de l’énergie avaient reculé de manière inédite entre 2020 et 2021 (− 5,2 %), sous l’effet de la pandémie de Covid-19.
> Lire aussi Les émissions mondiales de CO2 rebondissent à leur niveau d’avant la crise sanitaire
Le charbon à l’origine de 40 % de cette croissance
Ce volume d’émissions, qui dépasse le précédent record (2019), a aussi été largement alimenté par les conditions météorologiques, ainsi que le boom des prix du gaz, qui ont poussé nombre de pays à se tourner vers le charbon, et ce, malgré une croissance inédite des capacités en énergies renouvelables.
Le charbon est à l’origine de 40 % de cette croissance, avec un niveau de 15,3 Gt de CO2. Le gaz a aussi dépassé le niveau de 2019, à 7,5 Gt. Le pétrole, en revanche, est à 10,7 Gt, en dessous des niveaux prépandémiques, les transports – et notamment l’aviation – n’ayant pas encore complètement repris.
> Lire aussi Energie : l’AIE appelle la France à investir « dans l’efficacité, les renouvelables et le nucléaire »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/03/08/les-emissions-de-co2-du-secteur-energetique-ont-remonte-fortement-en-2021-selon-l-aie_6116657_3244.html>
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17- A Fukushima, une transition énergétique pour exorciser la catastrophe nucléaire, AFP, 09/03/22, 09:00
Etienne Balmer et Harumi Ozawa

Des fermes solaires, des projets d'hydrogène "vert" et des circuits courts énergétiques: 11 ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, ce département japonais meurtri mise massivement sur les énergies renouvelables pour se reconstruire un avenir.
A Namie, à quelques kilomètres au nord de la centrale nucléaire dévastée, une mer scintillante de panneaux photovoltaïques s'étend face à l'océan Pacifique d'où le tsunami ravageur du 11 mars 2011 avait déferlé.
Le site est d'autant plus symbolique qu'il était autrefois destiné à accueillir la troisième centrale nucléaire de Fukushima, un projet abandonné après 2011.
Le parc solaire de 18 hectares - l'équivalent de 25 terrains de football - sert à produire sur place de l'hydrogène, une énergie propre si elle est générée à partir d'électricité verte, et sur laquelle le Japon compte beaucoup à terme.
Inauguré en 2020, ce "Fukushima Hydrogen Energy Research Field" (FH2R) pourra aussi absorber l'excédent d'électricité du réseau lors des pics de l'offre liés aux fluctuations des énergies renouvelables.
De cette façon il servira à "équilibrer" le réseau électrique et à éviter tout gaspillage, explique à l'AFP Eiji Ohira, un responsable de l'Organisation pour le développement des énergies nouvelles (NEDO), l'organisme public japonais de recherche exploitant ce site expérimental.
Depuis 2012, le département de Fukushima vise à produire suffisamment d'électricité d'origine renouvelable sur son territoire pour couvrir l'équivalent de 100% de sa consommation d'ici 2040.
"La volonté forte d'empêcher un tel accident (nucléaire, NDLR) de se reproduire a été le point de départ le plus important" de cette politique, rappelle à l'AFP Noriaki Saito, responsable de la planification et coordination énergétiques du département.
C'est aussi une manière "de se réapproprier notre terre" et de "se reconstruire", souligne-t-il.
- Aides "à double tranchant" -
Grâce à un soutien financier massif du gouvernement japonais, l'objectif est pour l'instant en bonne voie : un taux de 43,4% d'énergies renouvelables a été atteint sur l'année fiscale 2020/21, contre 23,7% en 2011/12, selon le département.
Des fermes solaires ont poussé comme des champignons sur son littoral, sur des terrains en friche à cause du tsunami ou des évacuations liées aux radiations.
Fukushima, qui comptait déjà des installations hydroélectriques, est aussi devenu une terre d'accueil de centrales à biomasse, et d'éoliennes dans ses montagnes.
Mais le chemin restant à parcourir est encore long, surtout dans les têtes, prévient M. Saito. 
Un avis partagé par Motoaki Sagara, le patron d'Apollo Group, un petit fournisseur local d'énergie qui a considérablement étoffé son offre dans les énergies renouvelables ces dernières années.
"Nous générons de l'électricité avec des parcs photovoltaïques et nous la vendons à des particuliers. Le prix est juste un peu plus élevé (que l'électricité venant d'énergies conventionnelles, NDLR). Mais souvent nos clients nous disent qu'ils préfèrent l'électricité la moins chère", dit M. Sagara à l'AFP.
Les subventions "nous aident et nous motivent" pour développer les énergies vertes. Mais elles sont "à double tranchant", juge-t-il, car si cette manne s'arrêtait des entreprises comme la sienne se retrouveraient en difficulté.
- Circuits courts -
Pour sensibiliser davantage sa population, Fukushima encourage la création de circuits courts énergétiques, où de l'électricité est produite et consommée sur place.
C'est le cas à Katsurao, un petit village niché dans une vallée boisée à une vingtaine de kilomètres de la centrale nucléaire dévastée.
La commune avait été évacuée entre 2011 et 2016 à cause des radiations et compte seulement 450 habitants aujourd'hui, moins d'un tiers de sa population d'avant.
Sur une ancienne rizière ayant servi à stocker des dépôts radioactifs lors des travaux de décontamination se tient désormais un parc solaire, dont l'électricité est directement consommée dans le village.
"C'est la première communauté autonome du pays dotée d'un micro-réseau" électrique, s'enorgueillit Seiichi Suzuki, le vice-président de Katsuden, la mini-compagnie d'électricité locale. A leur retour, "les habitants avaient exprimé leur forte envie de vivre avec des sources d'énergie naturelles", et les aides publiques ont suivi.
"Quand on utilise de l'électricité produite dans la communauté, c'est plus facile de voir comment elle est générée. Cela me rassure (...) et c'est bon pour l'environnement" commente Hideaki Ishii, épicier-restaurateur à Katsurao.
Cependant le parc solaire ne couvre que 40% des besoins en électricité du village en moyenne par an, précise M. Suzuki.
Une centrale à biomasse est en projet. Mais certains habitants sont contre, craignant qu'elle ne dégage des émissions radioactives si elle employait par mégarde des matières organiques contaminées, confie M. Suzuki. A Fukushima, même quand il s'agit d'énergies renouvelables, les démons de l'accident nucléaire ne sont jamais loin.
<https://information.tv5monde.com/info/fukushima-une-transition-energetique-pour-exorciser-la-catastrophe-nucleaire-447879>
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18- L'AIEA dit avoir perdu le contact avec les systèmes contrôlant les matériaux nucléaires de Tchernobyl, AFP, 09/03/22, 10:00

Les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale de Tchernobyl en Ukraine ont cessé de transmettre des données à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA), a-t-elle indiqué mardi. 
La Russie a envahi l'Ukraine le 24 février, prenant le contrôle de la centrale nucléaire de Tchernobyl, lieu de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire en 1986.
Rafael Grossi, le chef de l'AIEA - organisme de surveillance des Nations unies dans le domaine du nucléaire - "a indiqué que la transmission à distance des données des systèmes de contrôle des garanties installés à la centrale nucléaire de Tchernobyl avait été coupée", a affirmé l'AIEA dans un communiqué.
L'AIEA utilise le terme "garanties" pour décrire les mesures techniques qu'elle applique aux matières et activités nucléaires, dans le but de dissuader la propagation des armes nucléaires par la détection précoce de l'utilisation abusive de ces matières.
Plus de 200 techniciens et gardes sont bloqués sur le site, travaillant 13 jours d'affilée sous surveillance russe.
L'organisme a demandé à la Russie de les autoriser à effectuer des rotations, le repos et les horaires fixes étant essentiels à la sécurité du site.
"Je suis profondément préoccupé par la situation difficile et stressante dans laquelle se trouve le personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl et par les risques potentiels que cela comporte pour la sécurité nucléaire", a averti M. Grossi.
Avec une transmission de données à distance coupée et le régulateur ukrainien ne pouvant contacter la centrale que par courrier électronique, M. Grossi a réitéré son offre de se rendre sur le site, ou ailleurs, pour obtenir de toutes les parties un "engagement en faveur de la sûreté et de la sécurité" des centrales électriques ukrainiennes.
L'armée russe occupe depuis vendredi également la centrale nucléaire de Zaporojie, dans le sud-est de l'Ukraine, où des frappes de son artillerie, selon les Ukrainiens, ont provoqué un incendie - dont Moscou nie être à l'origine.
L’agence de presse russe RIA Novosti a publié mercredi plusieurs vidéos avec des déclarations à la presse d’un responsable de la Garde nationale russe, tournées devant la centrale de Zaporojie.
"Actuellement, la centrale fonctionne normalement. L’administration du site remplit ses fonctions. La situation est entièrement contrôlée par la Garde nationale russe", a-t-il assuré sur ces images.
"Un grand nombre d’armements et de munitions, y compris des armes lourdes, ont été découverts dans les réacteurs de la centrale", a-t-il également affirmé.
Zaporojie est la plus importante centrale d'Europe. Ses réacteurs ont été mis en service entre 1984 et 1995. Ils sont de conception moderne comparé à Tchnernobyl, première centrale construite dans le pays, en 1970, où les réacteurs étaient bien moins sécurisés.
<https://information.tv5monde.com/info/l-aiea-dit-avoir-perdu-le-contact-avec-les-systemes-controlant-les-materiaux-nucleaires-de>
Sur le même sujet :
> Ukraine : l’alimentation électrique de la centrale de Tchernobyl « complètement » coupée <https://information.tv5monde.com/info/direct-ukraine-l-alimentation-electrique-de-la-centrale-de-tchernobyl-completement-coupee>, TV5Monde, 09/03/22, 16:02
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19- Éditorial. Pétrole, gaz : se dégager d’une emprise toxique, Le Monde, 09/03/22, 11h30 

La flambée des cours des énergies fossiles, entraînée par les sanctions occidentales contre l’invasion russe en Ukraine, doit nous pousser à intensifier les efforts que la lutte contre le réchauffement climatique va nous imposer.
Editorial du « Monde ». L’invasion russe en Ukraine a provoqué un choc énergétique mondial. La flambée des cours du pétrole et du gaz entraînée par les sanctions occidentales contre l’initiative de Moscou représente une menace pour le pouvoir d’achat des Européens. Mais cette déstabilisation d’une économie encore trop dépendante des énergies fossiles doit nous faire prendre conscience que c’est aussi une opportunité pour accélérer la transition écologique.
De la même façon que la crise pandémique a été un révélateur de nos fragilités sur le plan de nos approvisionnements, l’offensive russe illustre la nécessité urgente de se dégager d’une emprise toxique aussi bien sur le plan environnemental que politique. Le soutien à l’Ukraine aura un prix économique lourd pour les pays européens, qui doit nous pousser à intensifier les efforts que la lutte contre le réchauffement climatique va – bon gré, mal gré – nous imposer.
Le fait que le prix du litre d’essence dépasse les 2 euros ou que les factures de chauffage atteignent des montants prohibitifs ne doit pas être seulement interprété comme un accident conjoncturel, qui se résorbera après quelques mois de fièvre inflationniste. D’abord parce que le conflit risque de durer, surtout parce que cette crise est simplement un avant-goût de ce qui nous attend.
> Lire aussi « Avec le prix de l’essence, est-ce que travailler vaut encore le coup ? »
Au-delà du conflit, l’énergie décarbonée coûtera nécessairement plus cher. L’objectif de neutralité carbone en 2050 que s’est fixé l’Union européenne implique une mutation complète de notre économie et de nos modes de vie. Jusqu’à présent, rares sont les dirigeants qui ont le courage de préparer les esprits à cette perspective. Le choc énergétique actuel doit nous inciter à regarder la réalité en face.
Alors que la campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite, le réflexe du gouvernement conduit à parer au plus pressé, c’est-à-dire amortir le choc pour les Français qui n’ont pas les moyens d’absorber une telle hausse sur un laps de temps aussi court et pour les entreprises grosses consommatrices d’énergie les plus fragiles. Cet accompagnement est nécessaire, mais très coûteux.
Double enjeu
Un plan de « résilience » doit être annoncé dans les prochains jours. L’Etat se dit prêt à débourser au total une vingtaine de milliards d’euros. Cette nouvelle version du « quoi qu’il en coûte » ne sera pas tenable très longtemps. Certains candidats n’hésitent pas à réclamer une baisse des taxes sur l’énergie. Cette décision serait encore plus coûteuse sur le plan budgétaire. Surtout, elle ne ferait que subventionner notre dépendance au pétrole et au gaz, sans chercher à la réduire. De la même façon, la diversification des approvisionnements ou le renoncement à certains efforts de décarbonation sous prétexte d’alléger notre facture énergétique ne peuvent être que des solutions de court terme.
> Lire aussi Plan de résilience économique : le gouvernement prêt à « poursuivre les efforts » pour le pouvoir d’achat
Dans cette période troublée, Emmanuel Macron tente de s’imposer comme le président qui protège face à des adversaires qui font assaut de surenchère pour préserver le pouvoir d’achat. De fait, il manque à ce stade un discours de mobilisation sur le double enjeu qui est devant nous : la solidarité vis-à-vis de l’Ukraine et une transition énergétique à parachever. C’est d’autant plus regrettable que les deux objectifs se rejoignent. Consommer moins d’énergies fossiles conduira à limiter le financement de l’agression russe tout en consolidant les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
Les deux causes font l’objet d’un large consensus dans l’opinion. Le gouvernement doit s’appuyer dessus afin d’inciter les Français à faire des efforts pour anticiper ce virage inéluctable.
> Lire aussi «  Notre addiction aux énergies fossiles nourrit le réchauffement climatique et finance la guerre qui nous menace  »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/09/petrole-gaz-se-degager-d-une-emprise-toxique_6116750_3232.html>
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20- Tribune. « En coupant le gaz et le pétrole russes, nous allons avoir plus froid, mais nous pourrons nous regarder en face avec moins de honte », Le Monde, 09/03/22, 17h56 
Par Serge Haroche, Professeur émérite au Collège de France et Prix Nobel de physique en 2012

Le Prix Nobel de physique (2012) Serge Haroche estime, dans une tribune au « Monde », que continuer à commercer avec la Russie revient non seulement à abandonner l’Ukraine à son sort, mais en plus à aider « cyniquement et objectivement son bourreau à la martyriser ».
Tribune. « L’Europe peut-elle se passer du gaz russe ? » s’interrogeait Le Mondehier. La vraie question est : « Comment peut-on encore se poser la question ? » Nous assistons depuis deux semaines à une guerre implacable à nos portes qui a déjà fait des milliers de morts, des dizaines de milliers de blessés et des millions de personnes fuyant leur pays dévasté.
Face à cela, nous, les Européens, les membres de l’OTAN, avons déclaré que bien entendu nous ne pouvons intervenir militairement, qu’il n’est pas question de faire la guerre à la Russie ni même de la provoquer en empêchant l’aviation russe d’accéder au ciel ukrainien. Cela nous pose déjà un grave problème éthique et moral.
> Lire aussi Le recours à l’embargo énergétique divise les Européens
Nous avons certes engagé des sanctions financières, mais elles ne touchent pas le secteur essentiel de l’énergie parce que, disent nos experts économiques et certains de nos dirigeants, nous ne pouvons pas nous passer du gaz et du pétrole russes. Alors posons-nous la question symétrique : pourquoi la Russie continue-t-elle à nous livrer ce gaz et ce pétrole ? Puisque nous la sanctionnons si sévèrement, ne devrait-elle pas, en représailles, nous couper de ces ressources pour nous vitales ?
Le besoin de devises de Poutine
La réponse à cette question est limpide : Poutine a besoin des devises de ce commerce pour financer sa sale guerre qui lui coûte très cher en armes et en dépenses logistiques. Il est évident qu’en continuant à commercer ainsi avec la Russie, non seulement nous abandonnons l’Ukraine à son sort, mais en plus nous aidons effectivement, cyniquement et objectivement son bourreau à la martyriser.
Oui, nous avons besoin du gaz russe, ce qui pose par ailleurs la question de l’imprévoyance et des erreurs passées de pays qui n’ont pas su ou voulu assurer leur indépendance énergétique avant cette tragédie. Mais la question n’est plus là. En tergiversant à propos de l’embargo sur le gaz et le pétrole, nous disons aux Ukrainiens : nous n’allons pas risquer de mourir pour vous en vous envoyant des soldats ou même en protégeant votre ciel et, pour tout vous dire, nous ne voulons pas même risquer d’avoir froid l’hiver prochain.
> Lire aussi Paolo Gentiloni, commissaire à l’économie de l’UE, prône « une politique de croissance en temps de guerre »
Confrontés au tragique de l’histoire, nous devrions au contraire accepter pour nous, sinon le sang dont parlait Churchill en 1940, mais au moins les larmes d’un renoncement relatif à notre confort. Oui, en coupant le robinet du gaz et du pétrole russes immédiatement (pas en y réfléchissant pour la fin de l’année ou pour plus tard encore), nous allons avoir plus froid, nous paierons notre essence plus cher, nous devrons restreindre nos déplacements et nos voyages, en un mot accepter de souffrir un peu, mais nous pourrons peut-être nous regarder en face avec moins de honte.
§ Serge Haroche est professeur émérite au Collège de France, membre de l’Académie des sciences et Prix Nobel de physique (2012).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/09/ukraine-en-coupant-le-gaz-et-le-petrole-russes-nous-allons-avoir-froid-mais-nous-pourrons-nous-regarder-en-face-avec-moins-de-honte_6116779_3232.html>
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21- Analyse. Pour la paix et pour le climat, il faut faire la « chasse au gaspi » du gaz, du pétrole et du charbon, Le Monde, 10/03/22, 18h22
Nabil Wakim

La guerre en Ukraine illustre une nouvelle fois le danger de la dépendance aux énergies fossiles. Les Européens doivent saisir l’occasion pour réduire fortement leur consommation d’énergie. 
Analyse. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Occidentaux mettent tout en œuvre pour tenter d’asphyxier tous les secteurs de l’économie russe. Tous ? L’un résiste aux assauts des sanctions européennes : les énergies fossiles. Le pétrole, le gaz et le charbon sont aussi vitaux pour l’économie russe que pour les pays d’Europe continentale. Dans l’arsenal des sanctions financières, il a fallu préserver deux banques russes – dont celle affiliée au géant gazier Gazprom – qui continuent de pouvoir utiliser le réseau international Swift. Dans les jours qui ont suivi l’attaque russe, les Européens ont continué d’acheter pour 700 millions d’euros par jour de produits énergétiques russes, selon l’agence Bloomberg.
« Plus personne ne peut se bercer d’illusions », résume Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « la Russie utilise le gaz comme une arme politique et économique ». Tous les pays européens ne sont pas dépendants de la même manière : la France n’importe que 20 % de son gaz de Russie, l’Allemagne 55 %, et plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, comme la Hongrie ou la République tchèque, 100 % . Mais le moindre soubresaut sur les livraisons de gaz russe fait flamber les prix pour tous : ils ont été multipliés par deux au lendemain de l’offensive.
Déstabiliser les économies européennes
Il est très difficile pour les Européens de se libérer de cette tutelle gazière à brève échéance : la production mondiale n’est pas extensible, et il n’est pas possible de remplacer dans les mêmes volumes la Russie par d’autres fournisseurs. Cette dépendance est utilisée par Vladimir Poutine pour déstabiliser les économies européennes. Dès le déclenchement des premières sanctions, l’ancien président russe Dmitri Medvedev a tweeté : « Bienvenue dans le nouveau monde où les Européens paieront 2 000 euros pour 1 000 mètres cubes de gaz » – un tarif très largement supérieur à celui payé habituellement par les Européens.
Cette augmentation va avoir des conséquences massives en Europe. D’abord pour les particuliers chauffés au gaz et les industries qui l’utilisent. Plus grave encore, elle va pousser à la hausse les prix de l’électricité, souvent tirés par les prix du gaz qui est très utilisé pour faire tourner les centrales électriques. Plus le gaz est cher, plus le prix de l’électricité va augmenter. Quel dirigeant européen sera prêt à assumer une multiplication par trois ou quatre des prix de l’électricité par solidarité avec l’Ukraine ? Ou un arrêt de certaines usines qui cesseraient d’être rentables avec un prix de l’énergie aussi élevé ?
> Lire aussi «  Notre addiction aux énergies fossiles nourrit le réchauffement climatique et finance la guerre qui nous menace  »
D’autant que la crise va installer les cours du pétrole à un niveau élevé, bien au-delà de 100 dollars le baril, estiment de nombreux analystes. La Russie, deuxième producteur de pétrole au monde, a acquis ces dernières années un poids considérable auprès de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le cartel mené par l’Arabie saoudite. Les prix du carburant vont donc rester à un niveau élevé, avec là aussi un impact fort sur les ménages – en particulier les plus fragiles – et les entreprises.
Paradoxe énergétique
C’est le paradoxe énergétique de cette guerre : plus la pression sur la Russie s’accroît, plus les cours du gaz et du pétrole augmentent. Ce qui risque de remplir les caisses du Kremlin – et des oligarques qui détiennent les grands groupes énergétiques – alors que le reste de son économie s’effondre. Cette inflation massive des prix de l’énergie ne saurait être comparée à la souffrance des civils ukrainiens. Pourtant, les responsables politiques auraient tort de la minimiser. Le gouvernement français affirme vouloir prendre des mesures pour minimiser ces hausses de prix, mais cette stratégie, très coûteuse pour les finances publiques, ne pourra pas durer éternellement. Il s’agit d’une nouvelle illustration de la dépendance de nos économies vis-à-vis des énergies fossiles : la France importe 98 % de son gaz et de son pétrole.
Est-il nécessaire de souligner que ces mêmes énergies fossiles sont les premières responsables du changement climatique ? Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié lundi 28 février, est venu rappeler que la vie sur terre va devenir extrêmement difficile – voire impossible dans certaines régions – si la combustion des énergies fossiles se poursuit à ce rythme. La France et l’Union européenne se sont engagées sur un objectif de « neutralité carbone » en 2050. Derrière cette appellation curieuse se cache une réalité concrète : l’Europe aura diminué massivement sa consommation d’énergie d’ici là. Emmanuel Macron a fixé pour la France un objectif de 40 % de réduction d’ici à 2050.
> Lire aussi Environnement : le quinquennat de « petits pas » d’Emmanuel Macron
L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe est aussi un rappel à l’ordre : pour tenir nos engagements climatiques, pour nous libérer de la tutelle énergétique russe, et limiter les dégâts sur l’économie française, il est impératif de baisser massivement notre consommation d’énergie.
Cet objectif ne peut être atteint que par un engagement rapide des ménages, des entreprises, des collectivités locales et de l’Etat. La France a déjà connu un tel moment. Au moment du premier choc pétrolier, en 1973, elle avait lancé la « chasse au gaspi », une grande campagne qui avait permis d’économiser plusieurs centaines de millions de tonnes de pétrole.
> Lire aussi Guerre en Ukraine : comment l’Europe peut réduire son ultradépendance au gaz de la Russie
Les pouvoirs publics et les candidats à la présidentielle seraient bien avisés de se positionner sur le sujet. Réduire la consommation peut passer par des gestes simples et rapides : remplacer les ampoules par des LED ou réduire la vitesse sur les routes, par exemple. Mais surtout par des programmes d’ampleur : lancer véritablement la rénovation globale des bâtiments privés et publics – l’un des échecs des deux précédents quinquennats –, obliger les entreprises à se doter d’objectifs de réduction de consommation, imposer des politiques de sobriété dans la production industrielle, etc.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/10/energies-fossiles-pour-la-paix-et-pour-le-climat-il-faut-chasser-le-gaspi_6116869_3232.html>
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En images
22- Centrales nucléaires, gaz… Les autres armes de Poutine, France 5, C dans l’air, 08/03/22, 17h45

Les invités :
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance  
- Nabil Wakim, journaliste  - Le Monde
- Général Trinquand, ancien chef de la mission militaire auprès de l’ONU
- Caroline de Camaret, rédactrice en chef Europe - France 24
> Magazine (65 min) à revoir à :
<https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/3115601-emission-du-mardi-8-mars-2022.html>
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23- Prix de l’énergie : comment limiter votre consommation ?, TF1, journal de 20h, 10/03/22

Entre le gaz et l'électricité, la facture d'énergie de Mathieu s'élève à 1 200 euros par an. Pour un 100 m² qu'il occupe avec sa femme et ses 3 enfants, c'est bien moins que la moyenne. Son secret, on vous le montre. D'abord, le chauffage. En passant son thermostat de 20 à 19 degrés, il économise 133 euros par an. Chez lui, aucun appareil électrique ne reste en veille. Chaque multiprise est systématiquement éteinte, c'est 77 euros en moins sur la facture. Ses ampoules ont été changées pour des basses consommations. Il économise ainsi 70 euros. Et dans la cuisine, son congélateur est toujours bien dégivré, ce qui fait 27 euros d'économie. En couvrant la casserole, l'eau chauffe plus vite et chaque année, c'est 14 euros en moins sur la facture. On a trouvé quand même une possible économie qu'il ne fait pas. Sa box Internet est toujours allumée. En la débranchant quand personne n'est là, il économiserait 20 euros par an. Le bilan de Mathieu et de sa famille est très positif puisqu'en additionnant tous ces petits gestes, cela fait 321 euros d'économie. Mais pour cette association, on peut aller encore plus loin avec un geste trop souvent oublié qui concerne le ballon d'eau chaude. En moyenne, l'association estime qu'en prenant de bonnes habitudes, la plupart des Français peuvent faire baisser leurs factures d'énergie de 15%.
> Reportage de T. Jarrion & C. Chapel à voir à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/prix-de-lenergie-comment-limiter-votre-consommation-04582533.html <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/prix-de-lenergie-comment-limiter-votre-consommation-04582533.html>>
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— L’affaire du siècle <https://laffairedusiecle.net/>, une campagne de mobilisation pour soutenir l'action en justice contre l'Etat pour le climat. 
— The Freaks <https://www.the-freaks.fr/>, un collectif d'artistes et de personnalités qui s'engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la sur-consommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité.
— Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/>, 100 propositions pour prendre la mesure des changements à entreprendre pour opérer une transition écologique socialement juste.
— Baromètre des mobilités <http://barometremobilites-quotidien.org/>, une analyse annuelle des pratiques de mobilité des Français.
LES PUBLICATIONS DU THINK TANK
— Les rapports et contributions  <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?category=think-tank&think-tank=rapport-contributions>
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