[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international (lundi 14 mars)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 14 Mar 07:53:35 CET 2022


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- En abusant de la formule "neutralité carbone", les entreprises s'exposent à "'l'effet boomerang" <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/en-abusant-de-la-formule-neutralite-carbone-les-entreprises-s-exposent-a-l-effet-boomerang-150603.html>, Novethic, 22/02/22
2- Entretien. Les jeunes veulent des décisions politiques audacieuses et tournées vers l’avenir pour l’Europe <https://www.euractiv.fr/section/avenir-de-lue/interview/les-jeunes-veulent-des-decisions-politiques-audacieuses-et-tournees-vers-lavenir-pour-leurope/>, EurActiv, 23/02/22
3- Devoir de vigilance des entreprises : la Commission européenne dévoile son projet de directive <https://www.actu-environnement.com/ae/news/commission-europeenne-projet-directive-devoir-vigilance-entreprises-39161.php4>, Actu-environnement, 24/02/22
4- Guerre en Ukraine : pétrole, blé, colza, aluminium, nickel… les prix de certaines matières premières flambent <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/25/guerre-en-ukraine-le-marche-des-matieres-premieres-s-affole_6115199_3234.html>, Le Monde, 25/02/22, 10h20
5- Tribune. La transition écologique passe par un seul mot d’ordre : décarboner <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/26/la-transition-ecologique-passe-par-un-seul-mot-d-ordre-decarboner_6115347_3232.html>, Le Monde, 26/02/22, 10h00
6- « Ni la fast fashion ni les grandes maisons » : les étudiants en mode aspirent au renouveau <https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/03/01/ni-la-fast-fashion-ni-les-grandes-maisons-les-etudiants-en-mode-aspirent-au-renouveau_6115623_4401467.html>, Le Monde, Campus, 01/03/22, 09h48
7- Métaux stratégiques : la guerre en Ukraine pourrait freiner la transition écologique de l’union européenne <https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/metaux-strategiques-la-guerre-en-ukraine-pourrait-freiner-la-transition-ecologique-de-l-union-europeenne-150623.html>, Novethic, 02/03/22
8- Editorial. Guerre en Ukraine : 104 prix Nobel appellent à ne pas utiliser les armes nucléaires <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/guerre-en-ukraine-104-prix-nobel-appellent-a-ne-pas-utiliser-les-armes-nucleaires_161960>, Sciences & Avenir, 03/03/22, 17h29
9- Le grand entretien. Dennis Meadows : « Il y a encore assez de ressources sur la planète pour permettre un niveau de vie décent et une société équitable si nous faisons les changements nécessaires » <https://vert.eco/articles/dennis-meadows-il-y-a-encore-assez-de-ressources-sur-la-planete-pour-permettre-un-niveau-de-vie-decent-et-une-societe-equitable-si-nous-faisons-les-changements-necessaires>, Vert.eco, 03/03/22
10- Entretien. Jean Jouzel : « Face au changement climatique, nous devons faire de la nature notre alliée » <https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/03/04/jean-jouzel-face-au-changement-climatique-nous-devons-faire-de-la-nature-notre-alliee_6116082_1652612.html>, Le Monde, 04/03/22, 06h30 
11- La Chapelle Darblay, papeterie de papier recyclé, va pouvoir redémarrer <https://reporterre.net/La-Chapelle-Darblay-papeterie-de-papier-recycle-va-pouvoir-redemarrer>, Reporterre, 04/03/22, 15h31
12- Tous écolo-imparfaits ! Nos petits arrangements avec la culpabilité écologique <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2022/03/05/tous-ecolo-imparfaits-nos-petits-arrangements-avec-la-culpabilite-ecologique_6116228_4497916.html>, Le Monde, 05/03/22, 01h41
13- Entretien. « Vivre avec moins, c’est beaucoup mieux. Il y a du plaisir dans la sobriété » <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2022/03/05/laure-noualhat-vivre-avec-moins-c-est-beaucoup-mieux-il-y-a-du-plaisir-dans-la-sobriete_6116291_4497916.html>, Le Monde, 05/03/22, 18h54 
14- La jeunesse lance un tour de France pour l’écologie <https://mrmondialisation.org/la-jeunesse-lance-un-tour-de-france-pour-lecologie/>, Mr Mondialisation, 05/03/22
15- Enquête. « Mining Secrets » : nouvelles révélations sur les pratiques controversées d’un géant de l’industrie minière au Guatemala <https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/06/mining-secrets-nouvelles-revelations-sur-les-pratiques-controversees-d-un-geant-de-l-industrie-miniere-au-guatemala_6116375_3210.html>, Le Monde, maj le 07/03/22 à 06h01
16- Ukraine-Russie : les industriels craignent que les pénuries freinent la transition écologique <https://information.tv5monde.com/info/ukraine-russie-les-industriels-craignent-que-les-penuries-freinent-la-transition-ecologique>, AFP, 10/03/22, 10:00
17- Tribune. "Le système éducatif est un très puissant levier de changement" : scientifiques, ONG ou citoyens appellent à l'instauration de l'écologie comme matière à l'école <https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/tribune-le-systeme-educatif-est-un-tres-puissant-levier-de-changement-scientifiques-ong-ou-citoyens-appellent-a-l-instauration-de-l-ecologie-comme-matiere-a-l-ecole_5003084.html>, France info, 10/03/22, 17:04
18- Green_e : la start-up française qui imagine des accessoires tech écologiques <https://www.wedemain.fr/inventer/green_e-la-start-up-francaise-qui-imagine-des-accessoires-tech-ecologiques/>, We Demain, 10/03/22, 10/03/22
19- L’Italie inscrit la protection de l’environnement dans sa constitution <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/l-italie-inscrit-l-environnement-dans-sa-constitution-150615.html>, Novethic, 10/03/22
20- Bon anniversaire au Service Civique ! Unis-Cité lui souhaite d’être enfin universalisé ! <https://mailchi.mp/uniscite/cp-bon-anniversaire-au-service-civique-unis-cite-lui-souhaite-d-etre-enfin-universalise?e=aff6414a6e>, communiqué du 10/03/22

Bien à vous,
Florence

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DÉCRIDIBILISATION DU JOUR : Les allégations de "neutralité carbone" qui foisonnent dans les publicités et engagements des entreprises pourraient bien se retourner contre elles. (cf. item 1)
ASPIRATIONS DU JOUR : — Les jeunes engagés dans la Conférence sur l’avenir de l’Europe (CoFoE) veulent que les politiciens prennent des décisions audacieuses concernant l’Europe tout en tenant compte des générations futures. (cf. item 2)
— Les jeunes diplômés de la mode veulent s’émanciper des grandes marques du luxe. Critiques de la « fast fashion », ils aspirent à d’autres modèles, plus conformes à leurs valeurs, mais plus précaires. (cf. item 6)
— Le Relais Jeunes :  une marche-relais apartisane de trois mois, sur 3.000 km ralliant 20 villes-étapes, pour mobiliser les jeunesses autour des enjeux de démocratie, d’environnement et de justice sociale. (cf. item 14)
— Scientifiques, ONG et citoyens appellent à enseigner l'écologie comme une matière principale, pour préserver la vie et s'adapter aux bouleversements écologiques. (cf. item 17)
PROPOSITION DU JOUR : La Commission européenne a publié sa proposition de directive qui vise à obliger les grandes entreprises à veiller à ce que leurs activités respectent les droits humains et environnementaux. Les ONG appellent toutefois à améliorer le texte. (cf. item 3)
SURCHAUFFE DU JOUR : L’invasion russe en Ukraine a provoqué une réaction épidermique des investisseurs, alors que nombre de matières premières étaient déjà en surchauffe. Les prix du baril de brent, du blé, de l’aluminium, du nickel ou du colza ont flambé. (cf. item 4)
APPEL DU JOUR : 104 lauréats du prix Nobel conjurent, dans un "appel à la paix", à "ne jamais utiliser d’armes nucléaires". (cf. item 8)
DÉPENDANCE DU JOUR : Derrière la très grande dépendance de l'Union européenne au gaz russe, se cache également celle de plusieurs métaux indispensables à la transition écologique comme le nickel, le palladium ou encore l'aluminium. Un enjeu stratégique qui pourrait freiner le développement des batteries électriques, des pales d'éoliennes ou des panneaux solaires. (cf. item 7 & 16)
ENTRETIENS DU JOUR : — Quelques jours seulement après la sortie à bas-bruit du dernier rapport du Giec, Dennis Meadows revient sur "Les limites à la croissance", un rapport scientifique qui, il y a 50 ans, fit l’effet d’une bombe et confie son espoir pour le futur. (cf. item 9 & suite)
— Le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du conseil scientifique du GIEC, invite à redonner une place aux écosystèmes, notamment aux océans, pour s’adapter aux dérèglements du climat et à la perte de biodiversité. (cf. item 10)
— Journaliste, autrice et réalisatrice de documentaires spécialisée dans les questions environnementales, Laure Noualhat propose à ceux qui essaient de diminuer leur empreinte carbone de relativiser leur culpabilité écologique. (cf item 13)
MAUVAISE CONSCIENCE DU JOUR : Désolés de participer au réchauffement climatique, de savoir que la calotte polaire et les glaciers fondent plus vite que prévu, que nos enfants vivront de petits accidents nucléaires et seront pris dans l’œil de deux ou trois cyclones sans peut-être jamais voir de mésanges, comment survivre à notre mauvaise conscience ? (cf. item 12)
ENQUÊTE DU JOUR : A El Estor, dans le sud-est du Guatemala, Fenix, l’un des plus gros gisements de nickel d’Amérique centrale, est accusé de polluer les terres et les eaux alentour. Le collectif international de journalistes Forbidden Stories lève le voile sur les secrets du propriétaire de Fenix, le groupe Solway, basé en Suisse et dirigé par des Russes et des Estoniens. (cf. item 15)
SAUVETAGE DU JOUR : Près de Rouen, la Chapelle Darblay, le dernier site français à même de fabriquer du papier journal et d’emballage 100 % recyclé, est en passe d’être sauvée. (cf. item 11)
INITIATIVES DU JOUR : — Câble, clavier, souris, chargeur… Green_e imagine des accessoires éco-conçus et recyclables. Avec un objectif : réussir un jour à tout produire en France. (cf. item 18)
— L’Italie intègre "la protection de l'environnement, de la biodiversité et des écosystèmes" dans le texte de sa constitution afin de "protéger les générations futures". Un vote qualifié d'historique par les observateurs. (cf. item 19) 
CHIFFRES DU JOUR : — 2.7%, c’est le temps consacré aux enjeux climatiques dans la campagne présidentielle actuelle en France. (cf. item 14)
— En 12 ans, 600 000 jeunes se sont engagés dans une mission de Service Civique ! Ils ont servi les autres tout en s’aidant eux-mêmes. (cf. item 20)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- En abusant de la formule "neutralité carbone", les entreprises s'exposent à "'l'effet boomerang", Novethic, 22/02/22
Marina Fabre Soundron

C'est désormais un risque réputationnel et juridique. Les allégations de "neutralité carbone" qui foisonnent dans les publicités et engagements des entreprises pourraient bien se retourner contre elles. Cibles de collectifs citoyens luttant contre le greenwashing et bientôt de la loi, ces mentions provoquent l'effet inverse, décrédibilisant l'ensemble des démarches, parfois sincères, des entreprises. 
Un trajet en taxi neutre en carbone, une livraison zéro carbone, une station-service 100 % carbone-compensé… Les allégations de neutralité carbone se multiplient dans l’espace public. Or, comme le note l’Agence de la Transition écologique (Ademe), l’objectif de neutralité carbone n’a réellement de sens qu’à l’échelle de la planète. Ce matraquage en règle, au mieux, brouille le message censé exposer l’engagement de l’entreprise dans la lutte contre le changement climatique, au pire, jette l'opprobre sur tous les acteurs se revendiquant "neutre en carbone". De plus en plus de citoyens, formés en collectifs, débusquent d’ailleurs ces allégations. Sur LinkedIn, les étudiants du Réveil écologique s’en donnent à cœur joie, de même que la page "Perle de Greenwashing".
"L’utilisation systématique de l’argument de "neutralité" expose les organisations à des risques de controverses, en particulier sur les réseaux sociaux, et, bientôt, à des risques juridiques, et contribue à la fragilisation de la relation de confiance déjà particulièrement émoussée entre les publics et les organisations", indique l’Ademe qui a publié le 18 février un rapport sur l’utilisation de l’expression "neutralité carbone". Si son avis est si incisif, c’est que l’usage abusif de la "neutralité carbone" est particulièrement problématique car il induit le public en erreur.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/en-abusant-de-la-formule-neutralite-carbone-les-entreprises-s-exposent-a-l-effet-boomerang-150603.html>
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2- Entretien. Les jeunes veulent des décisions politiques audacieuses et tournées vers l’avenir pour l’Europe, EurActiv, 23/02/22
Michał Rybacki | JEF Europe (Young European Federalists) | translated by Anne-Sophie Gayet

Les jeunes engagés dans la Conférence sur l’avenir de l’Europe (CoFoE) veulent que les politiciens prennent des décisions audacieuses concernant l’Europe tout en tenant compte des générations futures. C’est ce qu’affirme Viola Bianchetti, membre du plus grand réseau des organisations de jeunesse en Europe. 
Entretien avec Viola Bianchetti, chargée de projet au Forum européen de la jeunesse (YFJ).
Vous coordonnez le « Projet 25 pour cent » qui a pour but d’engager les jeunes dans la CoFoE.Pouvez-vous décrire ses objectifs, son impact jusqu’à présent et ses perspectives d’avenir ?
Viola Bianchetti. Le premier objectif du « Projet 25 pour cent » est d’impliquer les jeunes dans la CoFoE. L’idée est de leur faire comprendre ce qu’est la Conférence et comment ils peuvent y participer et, surtout, de leur faire comprendre pourquoi la participation politique et civique est cruciale de manière générale. Nous le faisons par le biais de formations, d’évènements en ligne et en présentiel ainsi que via notre communication en ligne. Nous avons également mis au point un ensemble d’outils sur la participation à l’intention des jeunes, afin qu’ils obtiennent davantage d’informations sur la manière dont ils peuvent apporter un changement dans leur communauté et lancer un projet ou une campagne sur un sujet qui leur tient à cœur.
Le deuxième objectif est de recueillir les opinions des jeunes et de les transmettre aux décideurs dans le cadre de la CoFoE et au-delà. Nous avons recueilli quelque 6 000 idées sur l’avenir de l’Europe soumises par des jeunes de 30 États, membres et non membres de l’UE. Toutes les propositions recueillies ont maintenant été analysées et compilées dans un rapport, qui servira de base à la prochaine étape de notre projet. Le 24 février, nous réunirons une centaine de jeunes qui rédigeront des recommandations politiques basées sur le rapport. Ces dernières seront présentées aux membres de la plénière de la CoFoE.
Nous aimerions poursuivre ce projet au-delà de la Conférence, car l’un de ses principaux objectifs est d’impliquer et de responsabiliser les jeunes et de leur donner des compétences, des outils, des connaissances et des contacts pour leur permettre de contribuer à la société et d’apporter des changements. Nous pensons que cela sera de plus en plus pertinent à l’approche des élections européennes de 2024.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/avenir-de-lue/interview/les-jeunes-veulent-des-decisions-politiques-audacieuses-et-tournees-vers-lavenir-pour-leurope/ <https://www.euractiv.fr/section/avenir-de-lue/interview/les-jeunes-veulent-des-decisions-politiques-audacieuses-et-tournees-vers-lavenir-pour-leurope/>>
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3- Devoir de vigilance des entreprises : la Commission européenne dévoile son projet de directive, Actu-environnement, 24/02/22
Rachida Boughriet 

La Commission européenne a publié sa proposition de directive qui vise à obliger les grandes entreprises à veiller à ce que leurs activités respectent les droits humains et environnementaux. Les ONG appellent toutefois à améliorer le texte.
Le 23 février, la Commission européenne a présenté son projet attendu de directive qui impose aux entreprises un devoir de vigilance en matière d'atteintes aux droits humains et à l'environnement. « La présente proposition vise à atteindre deux objectifs. Premièrement, répondre aux préoccupations des consommateurs qui ne souhaitent pas acheter des produits issus du travail forcé ou détruisant l'environnement, par exemple. Deuxièmement, soutenir les entreprises en apportant une sécurité juridique quant à leurs obligations au sein du marché unique. Cette législation promouvra les valeurs européennes dans les chaînes de valeur, de manière équitable et proportionnée », a déclaré Věra Jourová, vice-présidente de la Commission européenne, en charge de la défense des valeurs de l'Union et de la transparence.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/commission-europeenne-projet-directive-devoir-vigilance-entreprises-39161.php4>
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4- Guerre en Ukraine : pétrole, blé, colza, aluminium, nickel… les prix de certaines matières premières flambent, Le Monde, 25/02/22, 10h20
Laurence Girard

L’invasion russe a provoqué une réaction épidermique des investisseurs, alors que nombre de matières premières étaient déjà en surchauffe. 
Le lancement de l’offensive sur l’Ukraine orchestrée par Vladimir Poutine, jeudi 24 février, a affolé les marchés des matières premières. Le blé et l’aluminium ont même battu, en séance, des records historiques. Le cours du baril de brent, qui a passé la barre des 100 dollars (89,20 euros), un plus haut depuis 2014, ou celui du colza, ont tout autant flambé.
Une réaction épidermique des investisseurs, alors que nombre de matières premières étaient déjà en surchauffe. Mais qui prouve aussi le poids stratégique de la Russie et de l’Ukraine dans le jeu économique mondial. Voire les dépendances des Occidentaux aux ressources russes. La plus marquante étant liée au gaz, mais aussi, dans une moindre mesure, au pétrole, première source de devise pour Moscou.
« L’énergie est le secteur le plus touché par la situation géopolitique », estime Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine. Lors de la présentation de son rapport CyclOpe, baromètre annuel des marchés mondiaux des matières premières, fin janvier, il avait pronostiqué que « si la Russie envahissait l’Ukraine le baril de pétrole exploserait le plafond des 100 dollars ». Toutefois, le cours de l’or noir se détendait quelque peu, après la promesse faite par le président américain, Joe Biden, de puiser dans les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis, afin de tempérer la hausse des carburants outre-Atlantique.
> Lire aussi Guerre en Ukraine : les prix du pétrole, du blé et de l’aluminium s’envolent, les Bourses s’effondrent
« Rupture des flux et défaut de livraison »
Le cours du blé a, lui, été propulsé, jeudi à la mi-journée, à un prix inédit, à 344 euros la tonne, avant de clôturer à 316,50 euros sur le marché européen Euronext. A Chicago, la hausse a atteint le maximum autorisé par les mécanismes de marché, soit 5,7 %, et le boisseau de blé s’est négocié à 9,3475 dollars. La Russie est devenue, depuis 2018, le premier pays exportateur de blé, et l’Ukraine, en quatrième position, dispose encore de près de 6 millions de tonnes de blé et de 15 millions de tonnes de maïs prêtes à être expédiées aux quatre coins de la planète.
« De manière très factuelle, les flux logistiques à travers la mer Noire sont arrêtés. Il n’y a plus d’exportations possibles depuis la Russie et l’Ukraine. Il y a donc une rupture des flux, mais aussi un défaut de livraison de ce qui a été contractualisé. Les marchés s’affolent », explique Michel Portier, du cabinet Agritel. Reste à savoir si les blés français en profiteraient. « Nous pourrions retrouver des débouchés comme celui de l’Algérie, pays qui s’est détourné de la France pour des raisons géopolitiques », précise M. Portier. L’inquiétude des marchés porte également sur les prochaines récoltes céréalières. La question de l’accès aux engrais azotés, dont le coût a triplé, en lien direct avec la fulgurante progression du prix du gaz, est cruciale. La dépendance à la Russie est forte, mais aussi à la Biélorussie, pour la potasse.
« La situation était déjà tendue »
La fièvre s’est étendue aux huiles. Il est vrai quetendue sur le marché des huiles, avec des inquiétudes sur la production de soja en Amérique du Sud, liées au phénomène météorologique de la Niña et une production d’huile de palme sous pression », souligne M. Chalmin. La hausse du pétrole, qui entraîne celle des agrocarburants, pèse aussi dans la balance. Résultat, le colza s’est négocié sur Euronext à 780 euros la tonne, s’approchant de son record atteint en février.
Les investisseurs, qui s’interrogent sur les risques de rupture d’approvisionnement, ont également poussé les feux sur les métaux, comme l’aluminium ou le nickel. Le groupe russe Rusal est le deuxième producteur mondial d’aluminium. Le métal a atteint un nouveau record historique, jeudi matin, sur le marché London Metal Exchange de Londres, à 3 382,50 dollars la tonne. Le pays dirigé par M. Poutine est le troisième producteur mondial de minerai de nickel, de quoi faire grimper le prix du métal.
Cette flambée des cours des matières premières tombe au plus mal, alors que les économies, après avoir été rudement touchées par la crise liée au Covid-19, renouaient avec l’inflation. L’évolution du prix du carburant, du pain ou de l’huile est en jeu.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/25/guerre-en-ukraine-le-marche-des-matieres-premieres-s-affole_6115199_3234.html>
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5- Tribune. La transition écologique passe par un seul mot d’ordre : décarboner, Le Monde, 26/02/22, 10h00
Cyrille Poirier-Coutansais, directeur de recherches du Centre d’études stratégiques de la marine (CESM), enseignant à Sciences Po et rédacteur en chef de la revue Etudes marines

Malgré la déception à l’issue de la 26e conférence sur le climat de Glasgow (COP26), ne perdons plus de temps et attaquons-nous à la décarbonation de la production d’électricité, des transports et de l’industrie, préconise le chercheur Cyrille Poirier-Coutansais dans une tribune au « Monde ».
Tribune. La Conférence des parties (COP26) de Glasgow sur le climat vient de se refermer, et il semblerait que rien ne se soit passé. La feuille de route pour la transition écologique est pourtant très claire et tient en trois mots : urgence, croissance et transition.
L’urgence tout d’abord, celle de faire en sorte que le réchauffement climatique – dont les effets se marquent déjà de façon très concrète à travers les gigantesques incendies qui ont affecté l’Amérique du Nord et une partie du bassin méditerranéen ou les pluies diluviennes à l’origine d’inondations spectaculaires en Allemagne, en Chine ou en Belgique – soit contenu sous 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, objectif assigné par l’accord de Paris de 2015 pour la seconde moitié du siècle.
> Lire aussi Climat : la COP26 accouche d’un accord en demi-teinte
La croissance ensuite. Car, en réalité, le débat entre croissance et décroissance ne se pose que dans les pays développés : dans les pays émergents, la question n’est pas même évoquée. La très grande majorité des milliards d’êtres humains de notre monde n’aspirent qu’à se nourrir, se vêtir, se loger, à un mode de vie à l’occidentale. Et cela n’est pas près de s’arrêter, notre humanité devant s’accroître encore de près de 2 milliards d’individus d’ici à 2050. L’enjeu n’est donc pas d’arbitrer entre croissance et décroissance, mais de parvenir à une croissance décarbonée, de produire plus en émettant moins de gaz à effets de serre. Or, ce découplage a commencé : depuis un demi-siècle, le PIB mondial a quadruplé tandis que les émissions de CO2 n’ont que doublé. Mieux encore : la quantité d’énergie requise par unité produite est en recul d’un tiers depuis 1990. Sauf que ce découplage n’est pas suffisant pour contenir la hausse des températures. Pour parvenir à un monde « zéro émission nette de CO2 », il faut aller beaucoup plus loin.
Le tout-électrique n’opère partout
Et c’est ici, parce que l’urgence commande, que le terme de transition est essentiel. Car, en ce domaine, le mieux est l’ennemi du bien. Passer à une croissance décarbonée suppose en effet de s’en remettre à l’électricité, générée aux deux tiers par du charbon, du gaz et du pétrole. Et l’on ne peut pas dire que rien n’a été fait ces dernières années, les énergies renouvelables, solaires comme éoliennes, produisant de nos jours une électricité au prix du marché, offrant une alternative crédible. Crédible mais non unique : quand la sécheresse sévit, comme cet été en Chine, les barrages hydroélectriques ne peuvent fonctionner, tout comme les champs d’éoliennes dans la Manche et en mer du Nord à la même période, faute de vent. Nous aurons un jour des solutions de stockage opérationnelles et bon marché, mais, dans l’intervalle, l’urgence commandant, il faut accepter que nous soyons en transition et miser bien entendu sur les renouvelables, le stockage, les économies d’énergie mais aussi le nucléaire.
Cela d’autant plus qu’il va nous falloir de plus en plus d’électricité pour accompagner la croissance démographique de notre monde, mais aussi la décarbonation de très nombreux secteurs de l’économie. Car la production d’électricité n’est à l’origine que de seulement 40 % des émissions de CO2, suivie par les transports (25 %) et l’industrie (19 %).
La grande nouveauté dans les transports est l’apparition d’une solution fiable sur le segment des voitures particulières où le véhicule électrique apparaît en mesure, sur la durée, d’offrir une alternative à son homologue thermique. Reste, et c’est là encore que le terme de transition prend tout son sens, qu’il ne représente qu’une partie d’un secteur pour lequel le tout-électrique n’est pas opérant. Ainsi, les camions, les trains – dont une bonne partie est à motrice diesel –, les navires, les avions sont des véhicules dont la masse est trop conséquente pour bénéficier d’une propulsion électrique.
Une industrie 4.0 qui change tout
C’est ici que l’hydrogène semble en mesure d’apporter, en partie, une solution : le train Coradia iLint d’Alstom, en Allemagne, fonctionne sur ce modèle, et la voie semble prometteuse pour les utilitaires, les poids lourds, les avions et les navires, ces deux derniers s’efforçant pour l’heure d’adopter des solutions transitoires – dose de biocarburants pour les premiers, gaz naturel liquéfié (GNL) pour les seconds. Cependant, même si l’hydrogène devenait une sorte de pierre philosophale de la transition énergétique, il faudrait encore le produire de façon décarbonée, ce qui, de nos jours, est encore très loin d’être le cas.
> Lire aussi En Europe, l’opération survie de l’industrie lourde
Ce domaine est à l’image de l’ensemble d’un secteur industriel qui doit repenser la totalité de son mode de production, ce qui n’est pas une mince affaire, il suffit pour en avoir une idée de songer à la sidérurgie. Mais, là aussi, une transition est engagée, différentes briques technologiques arrivées à maturité – des robots industriels dopés à l’intelligence artificielle à la fabrication additive en passant par la 5G – laissent entrevoir une industrie 4.0 en mesure de fabriquer au plus près des marchés de consommation, à la demande – et non plus en espérant écouler sa production –, ce qui change tout.
La feuille de route est donc claire : décarboner la production d’électricité à court terme, le transport à moyen terme et enfin l’industrie à plus long terme. Ne reste plus qu’à la respecter.
§ Cyrille Poirier-Coutansais est directeur de recherches du Centre d’études stratégiques de la marine (CESM), enseignant à Sciences Po et rédacteur en chef de la revue Etudes marines. Il est l’auteur de La (Re)localisation du monde (CNRS Editions, 2021).
> Cet article est tiré du « Bilan du Monde » 2022. La nouvelle édition est en vente dans les kiosques à partir du lundi 24 janvier ou par Internet en se rendant sur le site Boutique.lemonde.fr
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/26/la-transition-ecologique-passe-par-un-seul-mot-d-ordre-decarboner_6115347_3232.html>
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6- « Ni la fast fashion ni les grandes maisons » : les étudiants en mode aspirent au renouveau, Le Monde, Campus, 01/03/22, 09h48 

Les jeunes diplômés de la mode veulent s’émanciper des grandes marques du luxe, qui défilent cette semaine à la fashion week de Paris. Critiques de la « fast fashion », ils aspirent à d’autres modèles, plus conformes à leurs valeurs, mais plus précaires. 
Ce soir-là, le Fiasco Club se réunit dans son bar fétiche du 3e arrondissement de Paris. Autour d’un verre, le groupe échange à bâtons rompus sur ses projets, évoque les dernières actualités de la mode et partage ses doutes. Ils sont sept, ils ont 24 ans et sont photographes, peintres, stylistes, brodeurs, designers 3D… Ils ont créé ce collectif pendant leurs études de mode et de design graphique à l’école Duperré, où, déjà, ils avaient l’habitude de collaborer. « Ensemble on se sent plus fort, on cumule les compétences », avancent-ils. Diplômés d’un master pendant la pandémie, ils se présentent comme « la promo maudite », celle qui doit faire sa place sur un marché du travail qui n’offre que de rares occasions d’embauche. Alors, autant prendre les devants et « créer son propre modèle de développement ».
A sept, ils ont donc fondé le Fiasco Club, un laboratoire d’expérimentation, « sans chef ni ego, qui mise tout sur l’horizontalité ». Une critique à peine voilée du « système archaïque et monarchique » de l’industrie de la mode, dans lequel un directeur artistique star domine, au sommet de la pyramide. En fondant leur studio, ils espèrent préserver leur créativité qu’ils craignent de voir s’éteindre en entreprise, piégés par la machine du salariat. « On a l’impression qu’il faut attendre des années pour se voir confier des missions intéressantes, on n’est pas forcément prêt au sacrifice. Avec le collectif, on travaille sur des projets avec des responsabilités qu’on n’aurait jamais pu avoir dans une grosse boîte », résument-ils.
Figures très punk
Ils ne gagnent pas encore d’argent avec cette structure mais espèrent bien « percer » rapidement. D’autres l’ont fait avant eux, comme le collectif Gamutfondé en 2018 par des designers diplômés de La Cambre, l’école des arts visuels de Bruxelles. En attendant, ils travaillent en free-lance – tous sont autoentrepreneurs –, acceptant des missions ponctuelles, sans savoir de quoi demain sera fait. Un choix plus ou moins contraint qui leur permet « d’avoir du temps pour s’investir dans le collectif ». 
Comme de plus en plus de jeunes diplômés et d’étudiants d’école de mode, intégrer une grande maison, comme celles qui défilent cette semaine pour la fashion week de Paris, ne les fait plus vraiment rêver. Et encore moins une enseigne de « fast fashion ». « Durant nos études, on met sur un piédestal des figures très punk de l’histoire de la mode… tout en nous encourageant à rentrer dans le rang. Je n’ai pas envie d’être absorbé par l’industrie, je préfère défendre mon nom, mon identité et ma culture », souligne Marvin M’toumo, 27 ans, diplômé en 2019 d’un master en mode et accessoires à la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève.
> Lire aussi A la fashion week de Paris, l’Institut français de la mode invente le défilé du futur
Ce jeune designer fait partie d’un collectif artistique baptisé Club Poisson qu’il a cofondé avec trois camarades de promotion de l’école publique suisse. Ensemble, ils créent des objets – des vêtements, du mobilier, des sculptures, des bijoux – en collaborant avec d’autres artistes. « Dans la mode, on parle plus souvent de compétition que de partage. L’idée d’une association peut sembler naïve mais, d’une certaine façon, ça permet de réhumaniser le milieu », avance Marvin M’toumo.
A l’Institut français de la mode (IFM) ou à l’école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, le corps enseignant constate l’évolution des aspirations professionnelles des étudiants. Quitte à être parfois déboussolé face à une génération ni dupe ni docile, qui n’hésite pas à pointer du doigt les failles de l’industrie. Le basculement a été rapide : il y a quelques années encore, les étudiants étaient bien plus révérencieux vis-à-vis des marques établies.
« Poules pondeuses de vêtements »
Faire carrière chez un grand nom était l’objectif. Aujourd’hui, avant de postuler, ils jettent un œil sur le compte Instagram Interncheap qui publie des témoignages anonymes de stagiaires dans des entreprises de mode, distribuant bons et mauvais points. Sont notamment épinglés : le manque de considération, la faiblesse des rémunérations, les tâches ingrates, la surproduction et le gaspillage textile…
« Cette année, nous accueillons une promotion particulièrement critique et lucide sur le système de la mode, témoigne Gilles Rosier, coordonnateur du secteur design vêtement à l’école des arts décoratifs. Depuis cinq ans, on voit apparaître des profils alternatifs qui souhaitent développer leur singularité artistique. Ils ne sont pas prêts à faire des compromis, pas plus qu’ils ne s’embarrassent d’hésitation. Ils se refusent à devenir des poules pondeuses de vêtements. » A choisir, ils préfèrent intégrer une structure à taille humaine ou s’investir dans des missions sociales.
« Cette nouvelle génération porte un regard plus réflexif sur les pratiques des marques de mode : elle questionne leurs discours, les corps qu’elles représentent, les identités qu’elles produisent. Elle est plus politisée, plus engagée socialement aussi. Ces étudiants ont grandi avec les scandales de la mode, ils ont suivi les accusations de racisme, d’appropriation culturelle, de “greenwashing”… Pour eux, le compte Instagram Diet Prada [qui recense les divers scandales dans la mode] est le justicier idéal du secteur », souligne Manon Renault, enseignante à l’IFM.
> Lire aussi Un master pour accélérer la transition écologique de la mode
Une fois les études et la phase de stage terminées, la désillusion est souvent au rendez-vous. « A l’école, on nous laisse beaucoup de liberté, c’est très stimulant intellectuellement et d’un point de vue créatif. Se retrouver dans une maison de couture à dessiner une boucle de ceinture, ça me fait peur, ça me semble très étriqué. Depuis des années, j’en entends des vertes et des pas mûres sur le milieu. Il y a un parfois un tel décalage entre la beauté des produits et la dureté des conditions de travail que ça devient absurde », fait valoir Anouk Ferradou, 27 ans, diplômée en 2020 du master « design vêtement » de l’école des arts décoratifs, qui a intégré en stage un petit studio de création de bijoux dans lequel elle dit s’épanouir. Elle se voit bien créer le sien un jour, les occasions d’emploi sont peu nombreuses :
« C’est triste, un ami me disait l’autre jour : la seule façon d’avoir un poste aujourd’hui, c’est de remplacer une personne en congé maternité ou une autre qui part en dépression… »
Certains, plus rares, préfèrent quitter le secteur. « La mode ne me fait plus rêver. Avec la culpabilité environnementale, je ne veux absolument pas appartenir à ce monde. Je ne veux pas être un designer qui met sa créativité au service de la consommation, du capitalisme. On sait que le monde va mal, mais on continue à produire. Créer à mon échelle me paraît plus honnête, même si c’est un peu la précarité… », raconte Farès Hadj-Sadok, diplômé en 2020, aujourd’hui plasticien, qui a rejoint un collectif d’artistes.
Morceaux de tuyaux d’arrosage
A Casa 93, l’école de mode alternative et gratuite fondée en 2017 par Nadine Gonzalez, aujourd’hui installée à Montreuil (Seine-Saint-Denis), les valeurs d’entraide et de partage sont placées au cœur de la formation. Les projets de plusieurs diplômés sont aujourd’hui incubés par Positive Planet, l’association de Jacques Attali qui promeut l’entreprenariat social. Ils planchent sur le lancement d’une marque de « slow fashion » (création de pièces uniques fabriquées à partir de matériaux recyclés) et sur la création d’un tiers-lieu artistique.
« C’est à nous d’inventer nos propres structures collaboratives et éthiques, nous n’avons pas d’autre choix, résume Idriss Bellouti, 27 ans, diplômé de l’école en 2019. La “fast fashion” a abruti le monde entier et il faut reconscientiser les gens sur le travail qu’il y a derrière un vêtement. »
Un constat partagé par Lora Sonney, diplômée de la HEAD en 2021, qui a remporté le prix du master « mode » de l’école avec sa collection réalisée à partir de morceaux de tuyaux d’arrosage recyclés et assemblés à chaud grâce à une presse textile. Elle aimerait lancer sa marque de prêt-à-porter. « Je ne me vois pas faire carrière dans une marque de mode, je crains trop de perdre ma liberté. Mais on reste jugé sur les grands noms pour lesquels on a travaillé. Si on n’est pas passé par une maison réputée, ça fait tache sur un CV. C’est dommage que ça reste encore perçu comme le critère ultime de réussite… », avance la créatrice de 25 ans. Lucide, cette génération avoue aussi sa dépendance économique vis-à-vis des groupes du secteur. « Si demain je dois payer mes factures, est-ce que je ne serais pas obligé de devenir un agent du système que je critique ? C’est notre grand dilemme à tous », conclut Marvin M’toumo.
<https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/03/01/ni-la-fast-fashion-ni-les-grandes-maisons-les-etudiants-en-mode-aspirent-au-renouveau_6115623_4401467.html>
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7- Métaux stratégiques : la guerre en Ukraine pourrait freiner la transition écologique de l’union européenne, Novethic, 02/03/22
Marina Fabre Soundron

Derrière la très grande dépendance de l'Union européenne au gaz russe, se cache également celle de plusieurs métaux indispensables à la transition écologique comme le nickel, le palladium ou encore l'aluminium. Un enjeu stratégique qui pourrait freiner le développement des batteries électriques, des pales d'éoliennes ou des panneaux solaires. Une situation qui rappelle l'urgence pour le continent de diversifier ses sources d'approvisionnement alors que la demande ne cesse d'augmenter. 
C’est une menace qui pèse sur les Européens. Alors que les sanctions des Occidentaux se multiplient contre la Russie après son invasion en Ukraine, l’extrême dépendance de l’Europe au gaz Russe fait craindre un risque de rupture. Derrière cette crise énergétique, largement chroniquée dans la presse, se cache un autre conflit sous-jacent : l’approvisionnement en métaux stratégiques. Aujourd’hui, la Russie fournit près de 40 % du palladium mondial, un métal très utilisé par les constructeurs automobiles dans les pots catalytiques pour, entre autres, limiter les émissions nocives. Mais sa demande devrait croître avec le développement de la pile à combustible pour les voitures électriques. 
Le pays est également un des plus gros producteurs de nickel au monde, le troisième derrière l’Indonésie et les Philippines. Le "métal du diable" comme le surnomment les experts, est l’un des ingrédients essentiels des batteries électriques. Côté aluminium, les Russes pèsent 6 % de l’approvisionnement mondial, une part faible mais assez importante pour faire flamber les prix, dépassant même des niveaux jamais atteints jusqu’ici. "Les prix de l'aluminium et du nickel ont fortement augmenté dans le contexte de l'escalade du conflit entre la Russie et l'Ukraine", commente pour l’AFP Daniel Briesemann, analyste chez Commerzbank. "Les acteurs du marché craignent clairement que l'approvisionnement en aluminium de la Russie ne soit affecté en cas de sanctions sévères de l'Occident et - probablement - de mesures de représailles de la part de la Russie." 
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/metaux-strategiques-la-guerre-en-ukraine-pourrait-freiner-la-transition-ecologique-de-l-union-europeenne-150623.html>
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8- Editorial. Guerre en Ukraine : 104 prix Nobel appellent à ne pas utiliser les armes nucléaires, Sciences & Avenir, 03/03/22, 17h29
Par Dominique Leglu, directrice éditoriale du pôle Sciences du groupe Challenges

La menace nucléaire militaire n’ébranle pas les seules populations, effarées par l’annonce du président russe Vladimir Poutine, le 27 février 2022, selon laquelle il avait mis les forces de dissuasion nucléaire en état d’alerte. Après les déclarations et pétitions anti-guerre en Ukraine par de nombreux scientifiques, en Russie même - dont plusieurs prix Nobel - ce sont aujourd’hui 104 lauréats de la prestigieuse récompense qui conjurent, dans un "appel à la paix", à "ne jamais utiliser d’armes nucléaires".
Les armes nucléaires "peuvent rendre la Terre inhabitable aux humains et éradiquer toute civilisation"
On y retrouve pour la France les biologistes Françoise Barré-Sinoussi, Emmanuelle Charpentier et Jules Hoffmann, comme le physicien Albert Fert et les chimistes Jean-Marie Lehn et Jean-Pierre sauvage. Les scientifiques du monde entier (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Canada…), de la physique à la chimie, en passant par la médecine, ont la mémoire longue. Ils / elles n’ont pas oublié la "Déclaration de Mainau" remontant à 1955, époque d’escalade des armements, qui appelait toutes les nations "à renoncer à l’usage de la force comme ultime recours politique. Sinon, elles n’existeront plus". A l’époque, un grand chimiste comme Otto Hahn, découvreur avec Lise Meitner du phénomène de fission des noyaux atomiques, premier président de la Société Max Planck en Allemagne, avait été un des initiateurs de la déclaration, en connaisseur au premier chef de la puissance des armes issues de cette découverte fondamentale. Aujourd’hui, la célèbre organisation allemande de recherche est à nouveau à l’origine de l’appel des 104, recevant le soutien de tous ces Nobel qui ont pris l’habitude de se réunir très régulièrement à Lindau sur les bords du lac de Constance, en Bavière.
Même si de nombreux experts ont rappelé que l’annonce faite par Poutine devait être prise avec toute la circonspection nécessaire – comme un rappel plus que concret de dissuasion, en version optimiste – brandir la menace a toujours été considéré comme parfaitement irraisonnable. "Ces armes ne doivent jamais être utilisées", martèlent à nouveau les scientifiques. Et de souligner que leur nombre et puissance sont telles qu’elles "peuvent rendre la Terre inhabitable aux humains et éradiquer toute civilisation".
>> Suite à lire à :
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/guerre-en-ukraine-104-prix-nobel-appellent-a-ne-pas-utiliser-les-armes-nucleaires_161960>
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9- Le grand entretien. Dennis Meadows : « Il y a encore assez de ressources sur la planète pour permettre un niveau de vie décent et une société équitable si nous faisons les changements nécessaires », Vert.eco, 03/03/22
Entretien conduit par Audrey Boehly, autrice de Dernières limites, une série en podcast consacrée à l’héritage du rapport Meadows (voir plus bas)

il y a 50 ans jour pour jour paraissait Les limites à la croissance, un rapport scientifique qui fit l’effet d’une bombe. Cette étude du Massachusetts institute of technology (MIT), supervisée par le professeur Dennis Meadows, concluait que la poursuite de la croissance économique nous mènerait inévitablement à dépasser les limites planétaires, provoquant un effondrement de la population humaine. Devenu une référence, ce document a pourtant été ignoré pendant plusieurs décennies. Alors qu’une nouvelle édition paraît aujourd’hui chez Rue de l’échiquier – quelques jours seulement après la sortie à bas-bruit du dernier rapport du Giec – Dennis Meadows s’exprime au sujet de l’actualité brûlante de son étude et confie son espoir pour le futur.
Quelles étaient les conclusions de votre rapport, paru en 1972 ?
Notre projet avait pour but de comprendre les conséquences de la croissance d’un point de vue physique. Il était évident que cette dernière ne pouvait pas se poursuivre éternellement. C’est comme lorsque vous voyagez en voiture, vous comprenez que votre véhicule ne peut pas avancer continuellement. Il doit finir par s’arrêter. Et il était clair qu’il devait y avoir un ralentissement de la croissance. Malheureusement, il y a de longs délais de réaction dans notre système, de sorte que si vous ne commencez pas à agir avant de voir les problèmes se produire, il est déjà trop tard. C’était la principale conclusion de notre rapport : si nous ne commencions pas immédiatement à stabiliser le système, il allait dépasser les limites, ce qui conduirait ensuite à un déclin. 
> À lire aussi : L’humanité a franchi une cinquième limite planétaire
>> Suite à lire à :
<https://vert.eco/articles/dennis-meadows-il-y-a-encore-assez-de-ressources-sur-la-planete-pour-permettre-un-niveau-de-vie-decent-et-une-societe-equitable-si-nous-faisons-les-changements-necessaires>
En savoir plus :
> Édition spéciale 50 ans. Les Limites à la croissance (dans un monde fini) <https://www.ruedelechiquier.net/l-ecopoche/375-les-limites-a-la-croissance-50-ans.html>, de Dennis Meadows, Donella Meadows & Jorgen Randers, Editions Rue de l'échiquier, 03/03/22
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10- Entretien. Jean Jouzel : « Face au changement climatique, nous devons faire de la nature notre alliée », Le Monde, 04/03/22, 06h30 
Propos recueillis par Marjorie Cessac

Le climatologue, ancien vice-président du conseil scientifique du GIEC, invite à redonner une place aux écosystèmes, notamment aux océans, pour s’adapter aux dérèglements du climat et à la perte de biodiversité. 
Le 28 février, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat(GIEC) a publié le 2e volet de son sixième rapport en trente ans. Concentré sur les impacts, les vulnérabilités et l’adaptation à la crise climatique, il est encore plus alarmant que le précédent, daté de 2014. Le paléoclimatologue et glaciologue Jean Jouzel livre son analyse de la situation actuelle et de ses perspectives.
Le sixième rapport du GIEC vient de paraître. Que vous inspire le côté souvent inaudible de ce type de documents sur le dérèglement climatique ?
C’était en partie attendu et, en même temps, cela montre que les problèmes environnementaux, en dépit de leur extrême urgence et de leur gravité, ne sont que rarement prioritaires. Même si la guerre actuelle en Ukraine, compte tenu de ses enjeux énergétiques, a indiscutablement une dimension climatique, elle a, plus encore, mis en évidence notre dépendance au gaz russe, la nécessité de tendre vers l’autonomie énergétique et, en premier lieu, de développer de façon significative les énergies renouvelables.
Ce rapport met plus que jamais en lumière l’interdépendance entre les écosystèmes et les sociétés humaines. Pourtant, la conscientisation collective à ce sujet tarde. Pourquoi ?
Oui, nous continuons d’être très égoïstes et de voir le réchauffement climatique depuis notre seule hauteur de vue. Or, la nature souffre autant que nous. Les vagues de chaleur ont des conséquences sur les animaux domestiques, sur le bétail, au point que certains agriculteurs étudient en France la climatisation de leurs étables. N’oublions pas que le réchauffement est la troisième cause d’affectation de la biodiversité. Et que, s’il n’est pas maîtrisé, la capacité de déplacement d’une partie de la faune et de la flore sera inférieure à la vitesse du changement climatique. Certaines espèces ont d’ores et déjà disparu. Au-delà de 2 oC, tous les récifs coralliens risquent d’être affectés. Les preuves scientifiques selon lesquelles le changement climatique menace le bien-être et la santé de l’humanité sont désormais « sans équivoque ».
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/03/04/jean-jouzel-face-au-changement-climatique-nous-devons-faire-de-la-nature-notre-alliee_6116082_1652612.html>
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11- La Chapelle Darblay, papeterie de papier recyclé, va pouvoir redémarrer, Reporterre, 04/03/22, 15h31
Alexandre-Reza Kokabi 

Travailleurs, syndicats et écologistes sont soulagés. Près de Rouen, la Chapelle Darblay, le dernier site français à même de fabriquer du papier journal et d’emballage 100 % recyclé, est en passe d’être sauvée.
« On va réussir à la redémarrer, cette putain d’usine ! » Ce cri du cœur est celui de Cyril Briffault, délégué syndical CGT au sein du site UPM Chapelle Darblay de Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime). Il se bat depuis plusieurs années pour la survie du dernier site français à même de fabriquer du papier journal et d’emballage 100 % recyclé. Au téléphone avec Reporterre, il évoque son « espoir » après le rachat de l’usine mardi 1ᵉʳ mars. Celle-ci avait été fermée en 2020 après quatre-vingt-dix années de fabrication de papier journal.
> Lire aussi : La dernière usine en France de papier 100% recyclé menacée de fermeture
Le 11 février dernier, l’horizon s’est éclairci pour les défenseurs de l’usine. Agissant par délégation de la commune de Grand-Couronne, le président socialiste de la Métropole de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, annonçait la préemption du site, estimée à environ 6 millions d’euros. En achetant le site, l’intercommunalité évite son rachat par le groupe Samfi-Paprec, qui souhaitait produire de l’hydrogène et ne comptait pas préserver l’activité initiale de l’usine. Ce projet « aurait écarté l’activité de recyclage et de traitement in situde papiers et de carton », indique la Métropole, dans un communiqué.
Moins d’un mois plus tard, une nouvelle étape a été franchie. Pour maintenir l’activité de recyclage papier-carton, les élus métropolitains ont voté à l’unanimité, mardi 1ᵉʳ mars, une enveloppe de 3,6 millions d’euros pour racheter les équipements de l’usine — machines, pièces de rechange, stocks…
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/La-Chapelle-Darblay-papeterie-de-papier-recycle-va-pouvoir-redemarrer>
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12- Tous écolo-imparfaits ! Nos petits arrangements avec la culpabilité écologique, Le Monde, 05/03/22, 01h41
Maroussia Dubreuil

Devenir végan, faire pipi sous la douche, acheter en vrac… Des efforts plus ou moins contraignants qui contribuent à la lutte contre le changement climatique. Mais faut-il pour autant se flageller dès la première entorse à ses éco-principes ? 
Il nous arrive de manger des fraises en hiver. A cela s’ajoute l’achat de roses éthiopiennes passées par les Pays-Bas, la brosse à dents en bambou dont on a oublié d’enlever les poils en nylon avant de la jeter, les canettes de Coca-Cola, les livraisons Amazon Prime Express, les terrasses chauffées… C’est ainsi qu’un léger sentiment de culpabilité gagne 85 % de nos concitoyens « préoccupés par les questions environnementales » (Elabe, 2019), mais somme toute imparfaits. Comment donc justifier l’acquisition d’un iPhone 13, quelques jours après la parution, le 28 février, du nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), selon lequel le pire reste à venir ?
> Lire aussi « Plus d’excuses ni de greenwashing » : après le rapport du GIEC, de nouveaux appels au sursaut
Désolés de participer au réchauffement climatique, de savoir que la calotte polaire et les glaciers fondent plus vite que prévu, que nos enfants vivront de petits accidents nucléaires et seront pris dans l’œil de deux ou trois cyclones sans peut-être jamais voir de mésanges, comment survivre à notre mauvaise conscience ? A moins de nous planquer dans un cercueil en papier mâché – et encore, il restera nos plombages et hanches en polyéthylène –, nous tentons souvent de nous arranger avec les chiffres de notre bilan carbone (qui indiquent en moyenne 9 tonnes équivalent CO2 par individu et par an au lieu des 2 tonnes idéales pour atteindre la neutralité en 2050). Tiraillés entre un pull en polyester ou un road trip en Jeep et notre bonne volonté écologique, nous tentons d’échapper, au moyen de petites négociations intérieures, à cet état de tension fort désagréable que les psychologues appellent la « dissonance cognitive ». « Il y a des animaux plus touchants que d’autres, estime ainsi Cathy Morin, jeune retraitée de l’enseignement. Pour apprécier des côtelettes d’agneau, j’ai besoin de verbaliser ma barbarie. Et j’évacue de mon esprit toutes ces images qui fleurent bon les prés. »
Des doses de dopamine
La viande, particulièrement, nous donne du fil à retordre. Malgré nos connaissances (plus ou moins précises) en matière d’impact environnemental et notre sensibilisation à la cause animale, seuls 2,2 % d’entre nous déclarent avoir adopté un régime pescetarien (poissons et crustacés autorisés), végétarien ou végan (Ifop, 2020). Pour les autres, ce qui se joue autour de la dégustation de la bavette à l’échalote, des chipolatas barbecue et du lapin sauté chasseur, est hautement stratégique : comment faire taire notre culpabilité pour envoyer allégrement notre repas au gosier sans gêner le plaisir de nos papilles ? Il y a la procrastination (demain j’arrête), la relativisation (qui vous dit que mon cochon en tranches a souffert ? Et, inversement, qui vous dit qu’une petite plante ne souffre pas à sa façon ?), la pulsion (devant une entrecôte saignante, je sors de mon état normal), la minute de silence (je déplore et je passe à autre chose) et la très en vue compensation (je ripaille = je trie les déchets) sur le modèle de certaines compagnies aériennes (un voyage = un arbre planté). Mieux : grâce au « plogging » ou éco-jogging, qui consiste à courir propre en ramassant les déchets trouvés sur la route, j’éteins doublement mon sentiment d’avoir démérité : le mien et celui suscité par les autres, dont je collecte les errements plastifiés.
« Nous nous arrangeons avec notre culpabilité comme nous le faisons avec nos phobies, compare la psychiatre Aurélia Schneider. Cela dit, elle n’est pas un sujet de consultation : les patients prennent rendez-vous parce qu’ils ont peur de prendre l’avion, pas parce qu’ils sont désolés de polluer. » Pourquoi donc craignons-nous davantage de nous crasher aujourd’hui que de crasher le monde de demain ? La faute à un petit truc logé dans notre cerveau : le striatum. Selon Sébastien Bohler, docteur en neurosciences, auteur du Bug humain (Robert Laffont, 2019), cet organe utile pour notre survie immédiate, incapable de voir à long terme, nous pousse à assouvir nos besoins fondamentaux (consommer, nous reproduire, nous assurer un statut social) en nous injectant des doses de dopamine. « Le striatum prend tout ce qu’il peut avoir. C’est un des gros défauts de fabrication de notre cerveau », formule-t-il, avant d’ajouter que le striatum ne fait tout cela que dans la mesure où il peut le faire toujours plus.
C’est pourquoi il est plus simple de ripoliner nos écarts écologiques avec de bonnes excuses que de nous libérer de l’emprise de cet organe. « Sans compter que nous sommes pris dans le récit sociétal de l’hyperconsommation, explique Séverine Millet, cofondatrice de la lettre d’informations Nature humaine, où elle exerce en tant que consultante sur le changement humain lié aux questions écologiques. On y croit tellement qu’on a oublié que c’était une fiction créée de toutes pièces par le plan Marshall : après la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont prêté de l’argent aux pays européens pour qu’ils achètent leurs produits. Dans le même esprit, on a oublié que, dans les années 1920, on mangeait deux fois moins de viande qu’aujourd’hui, ce qui prouve qu’on peut s’en passer. Pour changer de récit sociétal, informer est indispensable mais ce n’est pas suffisant. On sait par exemple que lorsque les entreprises sont conseillées sur le plan écologique, dans 80 % des cas les changements restent à la marge. La seule solution est de les accompagner jusqu’au bout. » Sans sevrage, nous sommes donc condamnés à parlementer avec notre striatum.
Leonardo DiCaprio et le super yacht
A Paris, Antoine prend un bain par jour, souvent deux, depuis l’âge de 18 ans. « Juste pour le plaisir », avoue-t-il sous anonymat, embarrassé de s’octroyer ce luxe alors qu’une personne sur trois n’a pas d’accès à l’eau potable dans le monde et que la planète devrait faire face à un déficit hydrique global de 40 % d’ici à 2030. Ballotté entre son passe-temps favori et les mots alarmants de l’« Al Gore de l’eau » – l’Américain Jay Famiglietti, passé récemment sur Ushuaïa TV –, ce directeur artistique de 41 ans à l’épiderme gondolé s’est résolu à amortir ses interminables trempettes grâce à une planche en bois – « une ancienne étagère, de la récup » – qui lui permet de travailler en même temps sur son ordinateur : « Ainsi ramené à l’état du fœtus qui baigne dans son liquide amniotique, je fais avec beaucoup plus de facilité des tâches laborieuses. » Comme Stève Stievenart, le nageur de l’extrême surnommé « le Phoque », Antoine a désormais appris à s’adapter à son élément : « Pour ne pas faire exploser mon compteur électrique, j’attends le plus longtemps possible avant de faire à nouveau couler l’eau chaude. A cet égard, grelotter n’a pas que des mauvais côtés, ça me permet de rester éveillé. Travailler dans son bain est bien plus efficace que dans son lit ! » Et puis, à l’inverse de Marilyn Monroe qui se livrait à des ablutions sans fin, il n’utilise pas de savon. D’ailleurs il ne se lave pas, il se « purifie ».
Mieux informées mais fort polluantes, les classes moyennes et supérieures sont, en toute logique, plus susceptibles de culpabiliser, selon le sociologue du climat au Groupe International pour l’évolution du comportement (Gieco) Stéphane La Branche. Imaginez la détresse dans laquelle se trouve Leonardo DiCaprio, écologiste convaincu, quand il achète une île du Belize où il prévoit de construire un éco-hébergement de luxe et une piste d’atterrissage pour jet privé ? A la tête d’une fondation qui, en vingt-trois ans, a levé plus de 80 millions de dollars et à l’affiche de la satire écologiste Don’t Look up, un des plus gros succès de Netflix, la star gominée a trouvé la parade ultime : agir pour la bonne cause lui permet de conserver son intégrité lorsqu’il commet un faux pas écologique. En janvier, par exemple, lors d’un séjour sur Vava-II, un super yacht de 96 mètres de long, doté d’un héliport et de six ponts. Qualifié par la presse britannique d’« écolo-hypocrite », il fit dire à une « source proche » qu’il avait simplement accepté l’invitation des propriétaires du bateau, resté à quai la plupart du temps.
Comme DiCaprio, Brigitte Walkowiak, la dirigeante de la société Jet 33, qui propose des randonnées de motomarines à Arcachon (Gironde), agit pour la bonne cause. En juin 2020, en réponse à une pétition qui vise à interdire les scooters des mers sur le bassin, elle fait connaître ses arguments en faveur des fonds marins au micro de France 3 Nouvelle-Aquitaine : « Les scooters ne polluent pas plus que certains bateaux à moteur. Contrairement aux idées reçues, les engins ne peuvent pas sentir le gasoil puisqu’ils fonctionnent à l’essence. Et puis, sur un jet, vous ne pouvez ni fumer, ni boire, ni manger, pour des raisons de sécurité. Donc pas de déchets à la mer. Pas d’hélice non plus pour détruire les petits poissons. Et, parfois, les plaisanciers sont bien contents qu’un scooter vienne les secourir. » Mouais.
A-quoi-bonisme et « panic room » intérieure
Parfois, il devient même difficile de croire à ses propres arguments quand un mini-flic vert rôde à la maison : « La planète te dit “merci”, papa, la planète ne te dit “pas merci”, papa », scande Emilie, 9 ans, depuis l’intervention d’un animateur environnemental à l’école. « Sans doute avec cette idée que les enfants vont toucher les adultes », s’agace son père, sous pression. Arrosés de consignes écologiques – des couches en fibre de bambou au « fait maison » –, les parents savent mieux que personne négocier avec leur panic room intérieure. Particulièrement les femmes, qui se sentent plus concernées par le changement climatique que les hommes (Pew Research Center, 2015). Mais jusqu’à un certain point.
A Nantes, Claire Alberstein, professeure de violoncelle et mère de jumelles de 5 ans, a cessé de vouloir à tout prix tranquilliser sa conscience : « Quand je glisse le goûter bio de mes filles dans des boîtes en plastique dessinées aux Pays-Bas et fabriquées en Chine, avec des koalas dessus, pour éviter qu’elles ne mettent des miettes partout dans leurs sacs, je refuse de penser à ces fleuves au Niger que j’ai vus, il y a quinze ans, couverts de plastique noir et bleu, que les locaux appellent les “oiseaux d’Europe”. »
Dans le même esprit, pour ne plus se laisser boulotter par la culpabilité, certains d’entre nous se posent une question fatale : « A quoi bon ? » A quoi bon payer un euro de plus un colis TPR (« toujours plus responsable »), fabriquer sa lessive, mettre un couvercle sur la casserole, faire pipi sous la douche, rapporter les médicaments périmés chez le pharmacien, se priver de viande, quand, même en bonzes verts approchant la perfection, nos actions restent insuffisantes ? De fait, selon le rapport « Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’Etat face à l’urgence climatique » du cabinet Carbone 4, sorti en 2019, « même avec un comportement individuel proprement héroïque, (…) un Français ne peut espérer réduire son empreinte de plus de 2,8 tonnes par an, soit environ 25 % de l’empreinte carbone annuelle (…), un peu moins d’un tiers de l’effort à faire pour atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris ».
« A quoi bon », se dit de temps en temps Dorothée Cadiot, une graphiste de 34 ans à la protection de l’environnement chevillée au corps. Récemment est venu s’agréger à son engagement un sentiment d’impuissance qui l’aide à prendre de la distance avec ses petites bavures écologiques. « Pourquoi m’embêter à acheter en vrac, autrement dit prévoir mes contenants, marcher vingt minutes de plus pour aller dans un magasin spécialisé et payer plus cher, si tout le monde s’en tape ? Pourquoi me résoudre à être végétarienne à 100 % si, à chaque fois que je vais chez mes parents, mon père, qui n’a toujours pas compris mon engagement, me cuisine un steak ? Si cette viande est là, produite et cuisinée, pourquoi la jeter ? Je suis un peu revenue de cette histoire du colibri [selon laquelle chacun doit faire sa part] quand je vois que j’utilise un hébergeur Web vert et que tout le monde m’envoie des documents sur Google… », se désole cette « écolo-imparfaite ». A trop vouloir se serrer la ceinture, ne risque-t-on pas, par effet de balancier, de se laisser happer par la ruée marchande du Black Friday ?
« Le pays des châteaux d’eau ! »
La lecture de La Société ingouvernable (La Fabrique, 2018), du philosophe Grégoire Chamayou, aide à modérer notre culpabilité. Ce dernier explique que nos écogestes s’avèrent contre-productifs quand ils sont présentés comme la seule solution possible par certains pouvoirs industriels et étatiques. De fait, en nous maintenant dans « un état d’affairement », ils nous donnent l’illusion d’agir et nous conduisent à ne plus rien exiger à une échelle plus large, ce qui en l’occurrence permettrait de transformer en profondeur les effets de la mondialisation. De même, il faut relire l’édito « Forget Shorter Showers »(« oubliez les douches raccourcies »), de l’activiste américain Derrick Jensen, cofondateur de l’organisation Deep Green Resistance, écrit en 2009 pour Orion Magazine, en réaction au documentaire Une vérité qui dérange, d’Al Gore, sorti trois ans plus tôt. « Individuellement, nous n’avons qu’une marge de 25 %… Le plus dur, c’est de vivre avec ça sans abandonner, sans cesser de faire les choses. Mais culpabiliser à tort et à travers ne sert à rien », ajoute Laure Noualhat, auteure de Comment rester écolo sans finir dépressif (Harper Collins, 2021).
Matthias Debureaux, lui, est heureux depuis qu’il a parcouru à vélo les routes du pays pour concevoir le Guide mondain des villages de France (Allary, 670 pages, 20 euros, en librairie le 24 mars) et inciter tout un chacun à partir sur la piste d’illustres personnages sans griller de kérosène. Aussi, quand il dépasse les cinq minutes de douche éco-conseillées, il s’en remet à l’histoire de France, « le pays des châteaux d’eau ! s’exclame-t-il. N’oublions pas que, vers 1870, quand le docteur François Merry Delabost, médecin-chef des prisons de Rouen, fit aménager dans une salle huit compartiments munis de pommeaux, on découvrit, au-delà de l’hygiène, les vertus délassantes de la douche chaude, apte à calmer les plus nerveux. Si on fait le ratio Sécurité sociale-réchauffement climatique, je ne suis pas sûr qu’on y perde ».
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2022/03/05/tous-ecolo-imparfaits-nos-petits-arrangements-avec-la-culpabilite-ecologique_6116228_4497916.html>
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13- Entretien. « Vivre avec moins, c’est beaucoup mieux. Il y a du plaisir dans la sobriété », Le Monde, 05/03/22, 18h54 
Propos recueillis par Maroussia Dubreuil

Journaliste, autrice et réalisatrice de documentaires spécialisée dans les questions environnementales, Laure Noualhat propose à ceux qui essaient de diminuer leur empreinte carbone de relativiser leur culpabilité écologique. 
Ancienne journaliste à Libération, engagée en faveur de la protection de l’environnement, Laure Noualhat est aussi autrice et réalisatrice de documentaires. Elle partage avec humour son expérience pour faire baisser son empreinte carbone et tente de relativiser la culpabilité écologique. Son dernier ouvrage, Comment rester écolo sans finir dépressif (Tana Editions, 2020), est paru en poche en octobre 2021.
Journaliste spécialisée dans les questions environnementales depuis bientôt vingt ans, à quoi ressemble votre quotidien écologique ?
Avant 2013, je vivais à Paris, je n’avais pas de voiture mais je partais souvent en reportage pour Libération. Aujourd’hui, je vis à la campagne, à Joigny, dans l’Yonne, j’ai un véhicule que je mutualise, 95 % de ce qu’il y a dans mon frigo est local et je ne prends plus l’avion. Mon bilan carbone a clairement diminué mais je reste emprisonnée à vie avec mes petits arrangements éthiques et carboniques. Le dernier en date : la viande, dont je n’ai pas encore pu me passer. Je ne mange donc que des animaux morts que j’ai connus vivants, privilégiant l’agriculture extensive et locale. Ici, à l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne [Amap], on a les vaches et le buffle Galloway sous les yeux, l’agneau du producteur… C’est ma négo à moi.
> Lire aussi Tous écolo-imparfaits ! Nos petits arrangements avec la culpabilité écologique
Cela vous évite-t-il de vous flageller (avec votre fouet végétal) ?
Oui, mais à terme, ces arrangements personnels ne sont pas tenables, car tout ce qu’on fait, il faut le multiplier par près de 8 milliards d’individus. Le problème avec la négociation, c’est que vous relativisez vos efforts : vous vous dites : « Pourquoi me priver alors que ça ne changera rien à l’échelle mondiale ? » J’ai aussi l’habitude de me dire que, comme je n’ai pas d’enfants, mon bilan carbone s’arrêtera quand je mourrai. J’ai longtemps fait des blagues en disant que le meilleur geste écolo, c’était le suicide. Mais une fois qu’on comprend que toute activité humaine entraîne des pollutions, l’idée, c’est de faire son équation personnelle entre ce à quoi on ne peut pas renoncer et ce qu’on peut transformer.
Comment ne pas laisser tomber ?
Il y a un effort à fournir tout au long de sa vie, celui d’accepter qu’on ne va pas être la personne qui va changer les choses et que, quoiqu’on fasse aujourd’hui, même si on était tous à 2 tonnes équivalent CO2 par an, il y aurait quand même un réchauffement de plus de 2 °C [d’ici à la fin du siècle, objectif fixé dans l’accord de Paris de 2015]. Se flageller parce qu’on n’arrive pas à modifier nos modes de consommation, c’est dommage, parce que notre société a été organisée pour qu’on utilise la voiture, qu’on mange de la viande… Et puis c’est paradoxal : plus les gens agissent, plus les émissions de CO2 augmentent. Au niveau mondial, elles ont dépassé les 400 ppm [« parties par million », équivalant au nombre de molécules polluant sur un million de molécules d’air] tandis qu’il y a vingt ans, elles étaient à 250. Le plus dur, c’est de vivre avec ça, sans cesser de faire les choses.
> Lire aussi Le monde sur le chemin « catastrophique » de 2,7 °C de réchauffement climatique
Difficile en effet…
Entre 2000 et 2010, nous étions très peu nombreux à nous sentir concernés, alors nous nous comportions comme des « ayatollahs du vert ». A constamment essayer d’éviter le CO2 partout, j’avais l’impression de jouer à Mario Bros. Nous cherchions des alternatives, mais il n’y en avait pas. Quand vous parliez aux copines des coupes menstruelles, elles vous regardaient d’un air dégoûté. Aujourd’hui, je connais de moins en moins de gens névrosés au point de foutre leur vie en l’air à cause de leur culpabilité écologique.
Que diriez-vous à celles et ceux qui ont mauvaise conscience aujourd’hui ?
Calmez-vous. Voyez le nombre d’options qui s’offrent à vous pour faire baisser votre empreinte carbone, amusez-vous à faire un jeu de rôle, comme le propose par exemple l’atelier immersif 2tonnes.org. On a un grand travail à faire sur la question du renoncement, qui a une connotation négative, ce qui explique qu’elle n’est jamais mise en avant par les politiques. Sauf qu’on n’est pas dans Sex and the City, on n’a pas besoin de nouveaux escarpins Manolo Blahnik tous les quatre matins. Vivre avec moins, c’est beaucoup mieux : on a plus de vide autour de nous qu’on peut remplir avec des choses vraiment intéressantes. Tout le travail à venir est de montrer que le plaisir se trouve aussi du côté de la sobriété.
Quelles sont les associations écologiques qui nous permettent de déculpabiliser tout en agissant pour la planète ?
L’organisation Deep Green Resistance (DGR) dit qu’il « faut arrêter les douches courtes » car elle considère que les efforts individuels dépolitisent les enjeux politiques et industriels de l’écologie. De fait, nous représentons 25 % du problème. Les 75 % restant viennent entre autres des politiques urbanistiques qui décident d’installer un centre commercial à l’orée d’une ville, ce qui va nécessiter des échangeurs, et donc des bagnoles, etc. Et puis pourquoi culpabiliser quand on sait qu’il n’y a rien de parfait ? Prenez la voiture hybride Toyota Prius : comme elle a deux motorisations, il lui faut deux fois plus de matière, et c’est aussi carboné qu’un 4 × 4 Hummer… Quant à la production mondiale de riz, elle émet autant de méthane que l’élevage. Comme on regarde tout par la lorgnette du CO2, on déplace les problèmes. C’est un peu comme si votre mec arrêtait de vous tromper mais devenait alcoolique.
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2022/03/05/laure-noualhat-vivre-avec-moins-c-est-beaucoup-mieux-il-y-a-du-plaisir-dans-la-sobriete_6116291_4497916.html>
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14- La jeunesse lance un tour de France pour l’écologie, Mr Mondialisation, 05/03/22

2.7%. C’est le temps consacré aux enjeux climatiques dans la campagne présidentielle actuelle en France. Pour faire de l’urgence écologique une priorité médiatique, de plus en plus d’organisations tirent la sonnette d’alarme, de diverses manières. Parmi elles, le Relais Jeunes :  une marche-relais apartisane de trois mois, sur 3.000 km ralliant 20 villes-étapes, pour mobiliser les jeunesses autour des enjeux de démocratie, d’environnement et de justice sociale.
Depuis 2019, des millions de jeunes sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère, leur angoisse, leur désespoir et leurs aspirations. Pourtant le débat des présidentielles se désintéresse complètement de l’avenir de la jeunesse, comme en témoigne le temps de parole du climat dans la campagne présidentielle actuelle : soit 2.7%.
Cette semaine, le mouvement Extinction Rebellion France, avec d’autres organisations, organisait devant les locaux de France Télévisions, une action pour interpeller les rédactions des médias français sur la nécessité « de faire de l’urgence climatique une priorité médiatique ».
Parmi les organisateurs, de nombreux jeunes comme Léna, qui affirme ne pas vouloir « que l’écologie soit confinée dans une seule et même rubrique (…) pour avoir une pensée systémique. Les médias ont une part de responsabilité dans l’inaction climatique ». Cela n’est pas surprenant, quand on sait que, selon une étude de la revue The Lancet Planetary Health, les trois quarts des 16-25 ans de dix pays, du Nord comme du Sud, jugent le futur “effrayant” et que 45% affirment même que l’éco anxiété affecte leur vie quotidienne. Le Relais Jeunes a alors décidé de prendre les choses en main. A travers une marche-relais apartisane, qui se tiendra de février à juin sur 3.000km, en ralliant 20 villes-étapes, des jeunes se sont unis pour mobiliser les jeunesses autour des enjeux de démocratie, d’environnement et de justice sociale. Cap vers cette initiative porteuse d’espoir. 
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/la-jeunesse-lance-un-tour-de-france-pour-lecologie/>
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15- Enquête. « Mining Secrets » : nouvelles révélations sur les pratiques controversées d’un géant de l’industrie minière au Guatemala, Le Monde, maj le 07/03/22 à 06h01
Anne Michel, Paloma Dupont de Dinechin (Forbidden Stories), Léa Peruchon (Forbidden Stories) et Phineas Rueckert (Forbidden Stories)

A El Estor, dans le sud-est du pays, Fenix, l’un des plus gros gisements de nickel d’Amérique centrale, est accusé de polluer les terres et les eaux alentour. Le collectif international de journalistes Forbidden Stories lève le voile sur les secrets du propriétaire de Fenix, le groupe Solway, basé en Suisse et dirigé par des Russes et des Estoniens.
Mars 2019, à El Estor, dans le sud-est du Guatemala. Il fait nuit noire sur le lac Izabal. A la lumière d’ampoules vacillantes, une petite équipe de journalistes, réunie par le collectif Forbidden Stories, fait le point. Tous sont venus d’Europe pour enquêter sur les pratiques controversées d’un géant de l’industrie minière, Solway, qui exploite, à quelques kilomètres de là, la mine Fenix, l’un des plus gros gisements de nickel d’Amérique centrale. Ce métal, utilisé pour la fabrication d’alliages et d’acier inoxydables, est si difficile à raffiner qu’il traîne, depuis l’origine des temps, le surnom de « cuivre du diable ».
Pour les journalistes, le contexte s’annonce tendu. Arrivée au début des années 2010 dans cette agglomération de quelque 100 000 habitants, succession de maisons en dur et de baraques en tôle, la compagnie Solway, basée en Suisse mais dirigée par des Russes et des Estoniens, et dotée d’une holding à Malte, est soupçonnée de graves atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement. Le sujet est d’autant plus inflammable que le lac Izabal, le plus vaste du pays avec ses 590 kilomètres carrés, abrite un écosystème unique. Il est vital pour cette région, largement dépendante de l’agriculture et de la pêche.
Les habitants, en majorité des Mayas de langue kekchie, entretiennent un rapport sacré à cette terre et à cette immense étendue d’eau, aujourd’hui menacée par les rejets résultant de l’activité minière à ciel ouvert. D’aussi loin que remonte la mémoire collective, ils ont subi l’expansion brutale des multinationales minières. La trouée rouge provoquée par la mine Fenix sur les flancs des montagnes de la sierra de Santa Cruz en est la dernière preuve en date, et elle ne cesse de s’étendre, au milieu de la forêt tropicale.
Avec une sacrée dose de courage, l’agence de presse régionale, Prensa Comunitaria, se démène pour dénoncer cette situation. Mais son travail est empêché, à coups d’intimidations, de menaces et de poursuites judiciaires. C’est précisément ce qui a décidé Forbidden Stories à lancer son projet baptisé « Green Blood » : cette coopération entre médias de différents pays est une main tendue à ces journalistes réduits au silence ou poussés à la clandestinité, à l’image de Carlos Choc, un reporter maya kekchi de 39 ans. La mine, qui emploie 2 000 salariés, le poursuit en justice pour six crimes et délits, quand son seul tort est de vouloir exercer son métier. Au nom du droit d’informer, il s’agit, pour Forbidden Stories, de poursuivre les investigations de Carlos Choc et d’autres reporters, en donnant à leur combat une résonance internationale.
Briser la loi du silence
A El Estor, ce soir de mars 2019, les journalistes ont avancé : de précieux témoignages ont été recueillis auprès d’une population sous emprise, qui voudrait briser la loi du silence imposée par l’empresa (l’« entreprise »), comme on l’appelle ici, sans risquer de représailles. Des échantillons, prélevés dans le lac et les cours d’eau, ont été expédiés à des laboratoires indépendants. Un rendez-vous a même été décroché, le lendemain, pour visiter les installations minières, propriétés de Solway : la Compañia guatemalteca de niquel (CGN) et l’usine de traitement de métaux Pronico, qui jouxtent les carrières, entre lac et montagnes. Le complexe se voit de loin, avec son ballet frénétique d’engins et de camions qui soulèvent des nuages de poussière ocre. Les jours de vent, un drôle de voile opaque enveloppe la ville.
> Lire aussi Carlos Choc, journaliste clandestin au Guatemala : « Ici, la liberté a un prix et c’est le prix que je paie »
A cet instant précis, les reporters sont loin d’imaginer que la compagnie minière a organisé, depuis leur arrivée, la surveillance de leurs faits et gestes, qu’ils ont été pris en photo, filmés et fichés à leur insu. Solway a recours aux mêmes méthodes, depuis des mois, avec les journalistes guatémaltèques. Ainsi, Carlos Choc se retrouve sur des dizaines de documents et de photos. On le voit dans la rue, en forêt, au volant de son pick-up rouge. Même sa vie privée est consignée. Le message sous-jacent est clair : la mine, du point de vue de Solway, est un sujet interdit. Dans ces archives, auxquelles Le Monde a eu accès, les journalistes européens décidés à enquêter sont qualifiés de « gauchistes », dotés d’un « jugement négatif » envers le groupe. Il faut « suivre ces individus et leurs intentions », peut-on lire dans un rapport destiné au service de sécurité de la mine, qui justifie l’usage du drone de l’entreprise lorsqu’une deuxième équipe du collectif s’est rendue au Guatemala en octobre 2019.
Les preuves du fichage des journalistes proviennent d’une fuite d’informations internes de la mine Fenix : 8 millions de documents et le contenu de plusieurs centaines de boîtes mail ont été transmis par des sources anonymes à Forbidden Stories au printemps 2021, deux ans après la parution, en juin 2019, du premier volet du projet « Green Blood ». Le collectif les a alors partagés avec vingt médias, dont Le Monde, The Guardian, au Royaume-Uni, ou The Intercept, aux Etats-Unis, afin d’en explorer le contenu. Le travail du consortium a duré six mois et peut désormais être révélé.
Une tache sur le lac
Baptisée « Mining Secrets », cette « saison 2 » de l’enquête expose les secrets d’une multinationale devenue leader mondiale du ferronickel – cet alliage dont elle inonde le marché mondial. Au-delà du fichage de journalistes, ces documents montrent que la société minière s’est employée à dissimuler les preuves de plusieurs graves épisodes de pollution. Les données de « Mining Secrets » exposent aussi au grand jour les méthodes des responsables de la mine pour s’assurer la paix sociale : des cadeaux ou des dons financiers à destination de chefs communautaires, de policiers et de juges. Au total, entre dissimulation de preuves, mensonges et achat de faveurs, cette réalité est aux antipodes du tableau dépeint par l’empresa, laquelle, dans ses discours officiels et ses réponses à la presse, vante sa responsabilité sociale et environnementale. Le PDG de Solway, dans une lettre adressée à Forbidden Stories, nie tout acte répréhensible. « Solway Investment Group opère en totale conformité avec les lois nationales applicables et les réglementations internationales, écrit Dan Bronstein. Nous réfutons toutes les allégations évoquées sans fondement factuel. »
Ainsi, lors de la première phase de l’enquête « Green Blood », les dirigeants de la mine et de Solway avaient récusé les accusations d’atteintes à l’environnement que Prensa Comunitaria documente depuis des années : déforestation et décapage de la montagne ; érosion des sols et glissements de terrain ; contamination des cours d’eau au nickel et disparition de la flore et de la faune ; pollution de l’air aux particules cancérigènes. Or les données de « Mining Secrets » racontent une tout autre histoire. En témoigne un épisode daté de 2017 qui a durablement marqué El Estor et sur lequel la vérité peut enfin être faite.
> Lire aussi Au Guatemala, les morts du lac Izabal
En mars de cette année-là, des pêcheurs partis appâter le poisson-chat remarquent une tache rouge à la surface du lac. « Ça ressemblait à de l’huile rouge, précise Cristobal Pop, le président de l’Union des pêcheurs artisanaux. Depuis 2016, nous voyions mourir les lamantins, les poissons, les lézards, les tortues. Mais jusqu’alors personne n’y avait prêté attention. »Pour les pêcheurs, pas de doute : cette tache vient de la mine. Ils descendent donc dans la rue afin de demander des comptes aux autorités. La tension est palpable dans le centre d’El Estor, une ville calme d’ordinaire. La police antiémeute a été mobilisée. Les manifestations sont si violemment réprimées qu’un pêcheur meurt, le 27 mai 2017, tué par balles. Carlos Choc, présent pour couvrir l’événement, photographie la scène. Plombé par le drame, le mouvement s’arrête net.
Que s’est-il réellement passé sur le lac Izabal ? Pour les dirigeants de la mine comme pour les responsables publics, dont les déclarations et les rapports d’expertise concordent, la faute revient à une algue invasive, Botryococcus braunii, qui a contaminé le lac. Le diagnostic est avalisé par l’agence gouvernementale chargée de surveiller le plan d’eau. « L’augmentation de l’azote et du phosphore favorise la croissance des algues, ce qui a donné cette teinte, réaffirme encore Gustavo Garcia, le chef du département environnemental de la mine, interrogé en janvier par le consortium de journalistes. Les endroits où [la tache] a été identifiée étaient éloignés de nos zones d’exploitation. » « Nous ne rejetons rien dans le lac ni ailleurs, tout est contenu et géré par nous, se défendent des responsables de la mine, lors d’une nouvelle visite du site, toujours en janvier. Nous ne laissons pas non plus le nickel s’échapper, car cela fait partie de notre activité, sinon la ressource disparaît. »
Branle-bas de combat
Une pollution à l’algue invasive ? « Mining Secrets » révèle une réalité très différente. Les pêcheurs d’El Estor avaient raison : si de telles algues ont pu être observées à l’époque, l’origine de la tache n’a rien de naturel. Car, en mars 2017, justement, le même Gustavo Garcia informe sa direction que quelque chose de grave s’est produit. « La présence de sédiments dans le canal de sortie de l’usine de traitement a été constatée, annonce-t-il, dans un mail. Il a été observé qu’après de fortes pluies le matériau atteignait le lac Izabal. » Autrement dit, dès le 11 mars 2017, au moment où la tache rouge est visible, l’entreprise était au courant que « la libération de sédiments dans le lac était évidente en raison de la couleur rougeâtre de l’eau à cet endroit », comme l’indique un rapport traduit en russe, envoyé à plusieurs hauts responsables de la mine. Ce rapport figure parmi les millions de documents issus de la fuite remis à Forbidden Stories.
Sollicité par le consortium, Marvin Mendez, le responsable administratif de la mine, confirme l’existence du rapport en question, dans une lettre datée de février. Mais, selon lui, « l’eau transportée dans le canal ne relève pas de [leur] responsabilité, car elle provient de zones naturelles », non exploitées par l’entreprise. L’eau de pluie qui tombe sur leurs installations est réorientée vers un barrage et non vers ce canal. Une nouvelle fois, la filiale guatémaltèque de Solway affirme donc ne pas être responsable. Pourtant, sitôt le rapport du 11 mars 2017 diffusé en interne, le sujet est pris très au sérieux, comme le montrent d’autres documents : aussitôt, c’est le branle-bas de combat, les équipes multiplient les rapports d’incidents, photographient le fameux canal de sortie de l’usine, dont la couleur rouge contraste avec le vert de la nature.
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Des réunions d’urgence sont organisées par les responsables de la mine. De fait, les sédiments de limonite, un minerai riche en fer extrait des montagnes par CGN-Pronico et entreposé dans la zone 212 de l’exploitation, ont pour particularité de produire cette couleur rouille lorsqu’ils sont exposés à l’oxygène. « Je suis préoccupé par ce qui s’est passé, surtout car cela peut déclencher une possible visite du MARN [le ministère de l’environnement] », écrit Marco Aceituno, chargé de l’exploration. Dans la foulée, un employé détaille, par courriel, les interventions à effectuer « pour atténuer la contamination provenant de la zone 212 ». Il évoque l’installation de « barrières à base de planches de bois pour retenir les sédiments ». Nul ne sait si ces propositions ont été mises en œuvre, mais la fuite de données nous apprend que d’autres taches font surface, cinq mois plus tard, en août 2017, puis à nouveau en avril 2018.
Cette fois, pourtant, les habitants ne se mobilisent pas. La mort du pêcheur Carlos Maaz a marqué les esprits. « La protestation des communautés de l’époque a été anéantie. Les gens ont très peur », déplore Me Rafael Maldonado, l’avocat des pêcheurs artisanaux d’El Estor, un groupe de plusieurs centaines d’hommes.
A en croire les archives de la compagnie minière, ces épisodes de contamination sont loin d’être les seuls incidents survenus sur les rives du lac. Car il y a, dans cette fuite de données, des centaines d’échantillons, de prélèvements et de rapports sur la qualité de l’eau du lac et du bassin versant, méthodiquement classés, qui battent en brèche la communication du groupe. Ainsi, les analyses effectuées en interne par CGN-Pronico livrent des conclusions sans équivoque : des résidus miniers se retrouvent dans le lac et les rivières alentour, du fait du processus d’extraction des roches nécessaire à l’élaboration du ferronickel. Entre 2017 et 2020, des taux particulièrement élevés de fer, de nickel, de manganèse, mais aussi d’aluminium, sont enregistrés près du canal de sortie de l’usine. La concentration de nickel au pied du canal est près de vingt fois supérieure aux taux enregistrés au centre du lac. Autre constat : les sédiments au fond de l’eau portent des traces de chrome.
Contaminations multiples
Ces analyses ont été soumises à plusieurs experts indépendants sollicités par Forbidden Stories. « On a des risques sur la santé des écosystèmes aquatiques à partir de 90 microgrammes de chrome par gramme de sédiments, or là on est entre 580 et 2 800. C’est vraiment énorme », déclare Laurence Maurice, directrice de recherche en géochimie environnementale à l’Institut de recherche et de développement de Toulouse. « Ce qu’il faut faire, face à un cas pareil, c’est alerter, tout simplement, confirme Thierry Adatte, professeur à l’Institut des sciences de la Terre de l’université de Lausanne. Il y a un réel problème. » Pour les spécialistes, il faudrait des tests de toxicité à large échelle pour savoir si la chaîne alimentaire est contaminée.
L’eau n’est pas la seule ressource à retenir l’attention des spécialistes. Selon d’autres documents confidentiels qui leur ont été montrés – des dizaines de tableaux de mesures d’air effectuées en divers endroits, dans l’enceinte de la mine, au pied des habitations proches du site et au cœur même d’El Estor –, des particules fines nocives se cachent dans les fumées de l’usine de raffinage et la poussière soulevée par les camions acheminant le nickel vers la côte Caraïbe. Ces particules respirées par les familles mayas kekchies et les travailleurs dépassent très souvent les seuils fixés par l’Organisation mondiale de la santé, souligne Gaëlle Uzu, géochimiste de l’atmosphère à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble. « On a des stations de prélèvement avec des concentrations de particules de l’ordre de deux ou trois fois les normes admissibles en Europe », constate-t-elle. Le taux de nickel dans ces particules explose aussi les compteurs : au centre d’El Estor, « c’est cinq fois la norme, et quarante fois dans l’enceinte de la mine ». « Or, poursuit la géochimiste, l’inhalation de ces poussières expose à des risques d’intoxication aiguë » et, après plusieurs années, à des risques de cancer. La mine nie catégoriquement être à l’origine de la pollution.
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Tandis que la population se plaint de maladies respiratoires, de maux de tête et de problèmes de peau, aucune étude scientifique n’a été réalisée pour poser la question du lien entre ces troubles et les activités minières. Un hasard ? De nouveau, un document interne accable la mine : une discussion entre l’attachée de presse de Solway et le directeur russe de la mine, Dmitry Kudryakov, au lendemain de la parution du projet « Green Blood », en 2019. Ils cherchent à riposter, à discréditer l’enquête. Ils veulent éviter que des études épidémiologiques ne les mettent en cause. C’est alors que Dmitry Kudryakov repousse l’idée de créer une base statistique, à l’initiative de l’entreprise : « Le pire pour nous serait que cela provoque un flux massif de plaintes, écrit-il dans un mail.Les plaignants imputeront leur maladie à l’entreprise dans l’espoir d’en tirer quelque chose. Tous ces recours seront documentés au Caimi [le centre de soins prénatals] et des statistiques seront disponibles pour les journalistes. »
En l’absence de statistiques, Forbidden Stories a tenté de recueillir l’avis de soignants. Mais rares sont ceux qui sont prêts à témoigner. Le directeur du Caimi, Paulo Mejia, admet diagnostiquer des « maladies diarrhéiques et respiratoires » mais lorsque la question d’un possible lien avec la mine lui est posée, il coupe court : « Je n’ai pas la base scientifique ou administrative pour donner mon avis. » « Le médecin ne signalera jamais une situation qui compromet la société minière, car c’est [Solway]lui-même qui subventionne le centre de santé », fait valoir l’avocat des pêcheurs, Me Maldonado.
Tirer les ficelles
L’histoire ne s’arrête pas là. « Mining Secrets » lève aussi le voile sur les méthodes employées par Solway pour s’arroger les faveurs de décideurs et influencer les décisions : l’octroi de cadeaux ou de dons d’argent à des dirigeants communautaires importants, à des policiers et à des juges. Des noms figurent sur les listes que s’échangent, par courriels, des responsables du groupe minier. C’est ainsi que Solway a discrètement tiré les ficelles de la consultation organisée avec le gouvernement guatémaltèque et les leaders communautaires de la région d’El Estor, en décembre 2021, ce qui a abouti à une reprise d’activité de la mine. Depuis 2019, en effet, l’extraction y était suspendue, la concertation avec les communautés locales sur les questions environnementales et sociales ayant été jugée insuffisante par la Cour constitutionnelle du pays. Une véritable consultation devait être engagée, à propos de laquelle le gouvernement déclarerait, peu de temps après, qu’elle s’était déroulée dans une ambiance harmonieuse. Et le 6 janvier 2022, Alberto Pimentel, le ministre guatémaltèque de l’énergie et des mines, pouvait donc signer une résolution en faveur de la reprise d’activité de la mine Fenix. « Ce processus est parti des dirigeants – des communautés –, avec la contribution des habitants des communautés de la zone d’influence », soulignait même Oscar Perez, vice-ministre du développement durable, au ministère de l’énergie et des mines.
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Mais la fuite de données révèle la face cachée de ce processus et les efforts de Solway pour obtenir gain de cause. Selon des relevés bancaires et des factures consultés par Forbidden Stories, les filiales de Solway ont effectué, à travers une fondation dénommée Raxché, des dons réguliers aux chefs communautaires impliqués dans la consultation depuis au moins un an avant le début du processus. Entre octobre 2020 et janvier 2021, Raxché a transféré 38 500 quetzales (5 000 dollars) par mois à l’Association nationale pour le développement mutuel, afin de « renforcer » l’un des deux conseils indigènes qui a voté en faveur de la réouverture de la mine. Par deux fois, 10 000 quetzales ont été versés sous forme de « soutien économique » directement à quatre membres du conseil – une somme considérable dans un pays où le salaire mensuel moyen est de 3 700 quetzales.
D’autres irrégularités ont pu être commises. Un document interne de préparation du scrutin propose « l’achat de leaders » dans trois quartiers de la ville et une hausse de dons pour les « acteurs-clés et les parties intéressées » liés à la consultation. « C’est complètement contraire aux standards internationaux, réagit Me Quelvin Jiménez, un avocat qui défend les populations autochtones. La cooptation des dirigeants, les négociations parallèles avec certaines parties impliquées, ne devraient pas être autorisées par l’Etat. »
« Soutien stratégique »
En outre, à travers la Fondation Raxché, Solway a abreuvé de dons les communautés les plus pauvres, telle celle de Las Nubes, située sur des terres proches de la mine : plus de 200 000 dollars lui ont été versés entre 2016 et 2019. Des opérations séduction ont été lancées : embellissement de l’église pour « améliorer les relations avec les chefs religieux locaux », match de football pour « se rapprocher des leaders-clés de la communauté dans la prise de décision »… L’objectif a été écrit dans des rapports internes : « Obtenir la relocalisation volontaire de la population en dehors de la zone d’intérêt minier dans les délais les plus courts possibles. » Malgré tout, les membres de la communauté refuseront in fine de quitter Las Nubes. Des mesures coercitives radicales seront alors envisagées, comme de contaminer les cultures de cardamome, de répandre des rumeurs d’épidémie de VIH ou de payer des criminels pour déclencher des incendies dans les champs… Interrogé par Forbidden Stories, la filiale guatémaltèque Solway affirme qu’il n’y a « jamais eu de projet de déplacement de Las Nubes ». « Nous voyons au contraire [les habitants] comme des alliés, des voisins. Le plan consiste à maintenir cette relation cordiale avec eux. »
Toutefois, des documents internes laissent supposer que de telles pratiques auraient été déclinées à plus grande échelle. Dans un fil de mails datés de décembre 2016, sous l’objet « URGENT », de hauts responsables de CGN-Pronico font circuler la liste des cadeaux de Noël pour des leaders locaux. Un autre document, intitulé « Acteurs à qui offrir des cadeaux pour Noël 2016 », inclut des journalistes, des prêtres, des dirigeants syndicaux, des juges et des maires de plusieurs régions autour d’El Estor. Cette année-là, l’avocat de Pronico propose d’ajouter un nom à la liste, celui du tribunal de première instance de Puerto Barrios. Il précise que le destinataire est le juge lui-même, Edgar Anibal Arteaga Lopez. Ce dernier statuera plus tard en faveur de Solway, dans une procédure intentée par l’entreprise contre les pêcheurs locaux et les journalistes.
D’autres échanges attestent l’existence d’une relation étroite entre CGN-Pronico et la police nationale civile, condamnée en 2021 par la Commission interaméricaine des droits de l’homme, pour « usage excessif de la force contre des manifestants et membres des communautés mayas kekchies » et « actes de répression à l’encontre des journalistes et des médias ». Or, en 2020, Pronico transfère 45 000 dollars à Raxché, pour un « soutien stratégique » à la police nationale civile – ce que dément la mine. Des policiers stationnés à divers endroits, dans et autour de la mine, auraient été nourris par la société. Dans un mail adressé à « Señor Director » (vraisemblablement, le directeur de la mine), Roberto Zapeta, le chef de la sécurité de CGN, estime que les paiements alimentaires se révèlent « plus rentables ou mieux reçus par la police nationale civile ». Il recommande que « le soutien nécessaire soit apporté à tous ». « La nature humaine est réactive : si vous cessez de les soutenir, vous prenez un risque stratégique potentiel qui mérite d’être analysé », avertit M. Zapeta.
Industrie faiblement régulée
Publiées trois ans après le projet « Green Blood », les révélations de « Mining Secrets » viennent donc en conforter toutes les conclusions. Pour autant, auront-elles un impact sur la situation à El Estor ? A ce jour, la liberté de la presse n’a pas progressé d’un pouce, même si le sort de Carlos Choc a été médiatisé. De fait, le secteur minier est ultra-protégé au Guatemala, comme dans de nombreux autres pays en développement dont les ressources sont convoitées et qui dépendent des investissements étrangers. L’industrie minière reste ainsi faiblement régulée. Et Solway, pour sa part, paraît décidé à extraire du Guatemala tout le nickel qu’autorisera l’Etat.
> Lire aussi Le projet « Green Blood » ou l’efficacité du journalisme collaboratif
Reste que cette fuite de données, qui regorge d’informations sur lesquelles la mine a toujours refusé de communiquer, prouve son intérêt public. L’opération de contrôle qu’avait conçue Solway sur la presse internationale a manqué son but. En 2019, lors de la visite de la mine pour « Green Blood », un courriel interne renseigne sur le scénario qu’avait échafaudé la responsable de la communication du groupe, Arina Birstein. Celle-ci suggère de « montrer [aux journalistes] une production propre, un laboratoire de pointe pour le contrôle de l’impact sur l’environnement, un suivi médical, des travailleurs guatémaltèques heureux et des habitants satisfaits – c’est-à-dire toutes les choses que CGN affiche sur son profil Facebook –, alors il leur sera plus difficile de nous montrer comme des capitalistes cyniques parasitant l’économie sous-développée et la population locale du Guatemala ».
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Une fuite de données massive, qui a mobilisé soixante-cinq journalistes dans vingt médias
Au printemps 2021, le collectif international de journalistes Forbidden Stories (« histoires interdites ») a reçu d’un groupe de hackeurs se faisant appeler « Guacamaya Roja » – du nom d’une espèce de perroquet présente au Guatemala – des informations comprenant 8 millions de données et 470 boîtes e-mail. Ces données proviennent d’une société minière, CGN-Pronico, opérée par des Russes et des Estoniens et propriété du groupe Solway, dont le siège se trouve en Suisse. Elle exploite une mine de nickel au Guatemala.
Ce n’est pas un hasard si Forbidden Stories a bénéficié de cette fuite : en juin 2019, ce collectif, créé pour poursuivre les enquêtes des reporters censurés, menacés ou assassinés en tout point du globe, avait publié une enquête, intitulée « Green Blood » (« sang vert »), portant sur les dégâts environnementaux causés par cette compagnie minière. Dès lors, Forbidden Stories a reconstitué, en plus grand, l’équipe d’investigation mobilisée sur « Green Blood » : soixante-cinq journalistes de vingt médias ont travaillé ensemble pendant six mois pour ce second volet baptisé, « Mining Secrets ». Leurs révélations confirment les conclusions de la première enquête, pour laquelle Forbidden Stories et Le Monde sont poursuivis en diffamation par la compagnie.
<https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/06/mining-secrets-nouvelles-revelations-sur-les-pratiques-controversees-d-un-geant-de-l-industrie-miniere-au-guatemala_6116375_3210.html>
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16- Ukraine-Russie : les industriels craignent que les pénuries freinent la transition écologique, AFP, 10/03/22, 10:00
Isabel Malsang

Avec la flambée des prix de l'énergie et des matières premières depuis l'invasion russe de l'Ukraine, certains industriels français craignent que la transition écologique ne soit retardée, et s'inquiètent pour la relance industrielle.
"Le cours du nickel explose alors que les constructeurs se sont lancés dans la transition vers l'électrique" et ont besoin de ce métal stratégique pour les batteries des voitures, a souligné mercredi Éric Trappier, PDG du groupe Dassault Aviation et président de l'UIMM, lors du grand oral qu'a fait passer cette organisation patronale de la métallurgie aux candidats à la présidentielle.
"Avant que le tuyau ne se vide complètement, il va se passer quelques semaines, mais on risque des ruptures de stock entre juin et septembre", estime Bruno Russo, PDG de la PME strasbourgeoise Esaris qui fabrique des composants pour l'aéronautique, présent à la manifestation.
Nickel, mais aussi titane très utilisé dans l'aéronautique pour sa robustesse et sa légèreté, acier ou aluminium, la plupart des métaux industriels flambent sur le marché de Londres depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a tout juste deux semaines, en raison notamment des sanctions appliquées par l'Occident à la Russie, pourvoyeur de ces métaux. 
"J'avoue avoir découvert il y a deux semaines que le nickel qu'on utilise dans les batteries était surtout russe", admet le patron d'un groupe constructeur de bus, un brin embarrassé, en requérant l'anonymat. 
Faute de métaux stratégiques pour fabriquer les batteries des véhicules électriques, "la guerre va retarder la transition énergétique", juge-t-il.
- "Période transitoire compliquée" -
"On est pourtant sur un secteur porteur avec les batteries électriques, mais le nickel, le lithium ou les terres rares sont un vrai sujet. Et toute cette crise risque de favoriser la Chine, en avance sur la voiture électrique depuis 20 ans, qui continue, elle, de converser avec la Russie", avance-t-il.
"Si on est trop dépendant d'autres puissances pour vivre, on peut se demander à quoi bon voter", lâche pour sa part Hervé Bauduin, président de l'UIMM Lorraine, qui défend à fond "le nucléaire" comme source de souveraineté énergétique pour la France.
De fait, la seule hausse des prix de l'énergie pèse pour 60% dans l'excédent brut d'exploitation des entreprises du secteur de la chimie et pour 72% dans celui des groupes sidérurgiques, très utilisateurs de gaz, ou d'énergie en général, a calculé Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, devant un parterre de plusieurs centaines de patrons membres de l'UIMM venus de toute la France.
À la Mutualité à Paris, ils ont écouté mercredi toute la journée les propositions de quatre candidats à la présidentielle en matière d'industrie : Éric Zemmour, Anne Hidalgo, Marine Le Pen et Valérie Pécresse. Les huit autres n'étaient pas venus.
"Je retiens l'unanimité des quatre présents pour insister sur l'importance de l'industrie pour les prochaines années et d'arrêter la désindustrialisation à l’œuvre", se rassure Bruno Berthet, PDG de la société Rafaut Group à l'issue des présentations.
Mais le tableau est chargé pour une industrie convalescente après plusieurs décennies de désindustrialisation suivies de deux ans de crise du Covid-19. 
Face au "choc énergétique (...) il va falloir qu'on trouve les méthodes pour aller de l'avant", avance M. Trappier, qui fait partie de la "cellule de crise" mise en place par l’Élysée et Matignon pour "cartographier" les besoins énergétiques des entreprises françaises et leur "dépendance vis-à-vis de la Russie", afin de déclencher des aides "ciblées" et un plan de "résilience".
Les hausses vertigineuses des prix de l'énergie et des métaux vont "générer en plus un choc inflationniste fort dans un contexte où l'inflation était arrivée déjà après la Covid et la relance", ajoute le responsable : "Il va falloir rebâtir des filières pour éviter de repasser par la dépendance russe, simplement il va y avoir une période transitoire compliquée."
<https://information.tv5monde.com/info/ukraine-russie-les-industriels-craignent-que-les-penuries-freinent-la-transition-ecologique>
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17- Tribune. "Le système éducatif est un très puissant levier de changement" : scientifiques, ONG ou citoyens appellent à l'instauration de l'écologie comme matière à l'école, France info, 10/03/22, 17:04

A quelques semaines de l'élection présidentielle, les signataires de cette tribune appellent les candidats à œuvrer pour "enseigner l'écologie comme une matière principale, pour préserver la vie et s'adapter aux bouleversements écologiques".
Ils veulent "instaurer l'écologie comme matière principale à l'école". Sur franceinfo, jeudi 10 mars, scientifiques, sportifs, personnalités, ONG et membres de la Convention citoyenne pour le climat signent une tribune "pour interpeller les candidat.e.s à l'élection présidentielle". "Les gens se rendent compte que si on veut pouvoir répondre à l'effondrement du vivant et à la crise climatique, il faut des connaissances", argumente auprès de franceinfo Gilles Bœuf, professeur en physiologie environnementale et ex-président du Muséum d'histoire naturelle. Il déplore un "immense manque de connaissances, mais une soif d'apprendre" sur ces sujets. 
"L'écologie n'est pas un parti, n'est pas une opinion, mais une vraie discipline essentielle pour remettre de l'harmonie dans nos systèmes", continue le scientifique. "Il faut que ça chemine dans les esprits pour entamer une transformation" de notre mode de vie. Et pour ce faire, les signataires veulent une matière transversale qui traite tout au long de la scolarité à la fois de physique, de mathématiques, de biologie, d'anthropologie, de géographie, de philosophie, etc. "Enseigner l'écologie comme une matière principale, autant en classe qu'en pleine nature, pour préserver la vie et s'adapter aux bouleversements écologiques", défendent les signataires de cette tribune. Ils s'expriment ici librement. 
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Tribune. Répondre aux grands enjeux écologiques et sociétaux, ça commence à l'école ! Nous unissons donc nos forces pour porter un message fort auprès du grand public, des candidat.es et des futur.es élu.es afin d'engager un changement profond et essentiel à l'école !
Nous, scientifiques, sportifs de haut niveau, personnalités publiques, associations, professeurs, directeur.trices d'établissements scolaires, agent.es de l'Education nationale, entreprises engagées, citoyen.ne.s, élu.es et non élu.es, parents et enfants, réunissons nos forces et nos voix pour qu'en 2022, tous.tes les candidat.es aux élections présidentielles puis législatives, ainsi que le futur gouvernement, portent une ambition forte dans leur programme : enseigner l'écologie comme une matière principale, autant en classe qu'en pleine nature, pour préserver la vie et s'adapter aux bouleversements écologiques !
Nous savons que principalement entre 0 et 12 ans, l'enfant construit sa conscience et ses valeurs tout en passant 90% de son temps à l'école. Nous savons également qu'actuellement, moins d'un lycéen sur trois dispose d'un socle de connaissances approfondi sur l'écologie et le changement climatique. Et aujourd'hui en France, 12 millions d'écoliers, collégiens et lycéens suivent tous le même programme éducatif, qui inclut l'éducation à l'environnement comme un thème, mais pas encore une matière à part entière. En 2020, la Convention citoyenne pour le climat a travaillé sur la mise en place d'une nouvelle matière dans les programmes scolaires. Avec la loi "climat et résilience", le gouvernement actuel en a fait une thématique transversale dans les programmes. Nous félicitons ces avancées qui ont permis de faire évoluer les lois ainsi que les dernières mesures en matière d'éducation à l'environnement et au développement durable. 
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/tribune-le-systeme-educatif-est-un-tres-puissant-levier-de-changement-scientifiques-ong-ou-citoyens-appellent-a-l-instauration-de-l-ecologie-comme-matiere-a-l-ecole_5003084.html>
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18- Green_e : la start-up française qui imagine des accessoires tech écologiques, We Demain, 10/03/22, 10/03/22
Florence Santrot

Câble, clavier, souris, chargeur… Green_e imagine des accessoires éco-conçus et recyclables. Avec un objectif : réussir un jour à tout produire en France.
Qui n’a jamais pesté contre le câble de recharge de son smartphone qui casse trop vite ? Fils sectionnés, connecteur de piètre qualité… les raisons sont nombreuses. Alors quand une start-up française entreprend de trouver une solution à la fois plus écologique et plus résistante à ce problème récurrent, on ne peut qu’applaudir. La société Green-e (e pour écologique), née en 2015, s’est en effet spécialisée dans la fabrication d’accessoires tech éco-conçus, recyclables et… garantis 10 ans.
Le fondateur de la marque, Guillaume Bensi, a eu l’idée de ce projet au moment de la COP21. Face aux chiffres – déjà inquiétants – de l’urgence climatique, il a voulu agir à son niveau. Vendeur d’accessoires tech, il décide d’agir à son niveau et de trouver des solutions, même en faisant fabriquer en Chine, faute de mieux. “En 2015, quand j’ai voulu dresser le bilan de l’empreinte carbone des chargeurs que je vendais, j’ai vite compris que c’était énorme et que rien n’était recyclé du fait de la construction des produits, explique à We Demain Guillaume Bensi. J’ai décidé que ça allait changer.” Green_e était né.
>> Suite à lire à :
<https://www.wedemain.fr/inventer/green_e-la-start-up-francaise-qui-imagine-des-accessoires-tech-ecologiques/>
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19- L’Italie inscrit la protection de l’environnement dans sa constitution, Novethic, 10/03/22
Concepcion Alvarez

Alors que la France a enterré la proposition de la Convention citoyenne pour le climat d'introduire la protection de l'environnement dans la Constitution, l'Italie, vient de franchir le pas. Elle intègre "la protection de l'environnement, de la biodiversité et des écosystèmes" dans le texte afin de "protéger les générations futures". Un vote qualifié d'historique par les observateurs.
Lors d’un vote qualifié d'historique, début février, l'Italie a intégré la protection de l'environnement dans sa Constitution. "La République protège l’environnement, la biodiversité et les écosystèmes" afin de "protéger les générations futures", est-il désormais inscrit dans la Constitution italienne. Le texte stipule notamment que "toute initiative économique privée ne doit pas nuire à la santé ou à l'environnement". La protection des animaux a également été intégrée. 
"Je pense que c'est une journée mémorable", a déclaré Roberto Cingolani, le ministre de la Transition écologique italien, dans un communiqué. "Enfin, la protection de l'environnement est devenue un principe fondamental de la République, dont la législation future et la législation passée doivent s'inspirer", a réagi la présidente italienne du WWF, Donatella Bianchi. L’ONG appelle ainsi à ce que le Parlement adapte la législation existante sur les questions environnementales.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/l-italie-inscrit-l-environnement-dans-sa-constitution-150615.html>
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20- Bon anniversaire au Service Civique ! Unis-Cité lui souhaite d’être enfin universalisé !, communiqué du 10/03/22

En 12 ans, 600 000 jeunes se sont engagés dans une mission de Service Civique ! Les jeunes ont fait leur part, à charge maintenant aux candidats et candidats à la Présidentielle 2022 d’écouter leur jeunesse et de déployer plus largement le dispositif ! Aux côtés de l’Agence du Service Civique, qui a célébré aujourd’hui cet événement en mettant en avant l’engagement de la jeunesse européenne, Unis-Cité, association qui a inspiré la création du dispositif en France, reste plus que jamais persuadée que cette politique publique très réussie pour la jeunesse doit être généralisée à tous les jeunes !
Le Service Civique : servir les autres tout en s’aidant soi-même 
Conçu comme une sorte de service national civil et volontaire, le Service Civique permet aux jeunes de consacrer 6 à 12 mois de leur vie (8 en moyenne), à un engagement citoyen dans une association, un service public d’Etat, ou une collectivité territoriale. Notamment à Unis-Cité où le Service Civique est vécu de manière collective, il est aussi une expérience de mixité sociale, qui permet aux jeunes de côtoyer des jeunes d’autres milieux et d’apprendre la richesse de l’action collective dans la diversité.
82% des jeunes qui sortent d’Unis-Cité sont en emploi ou formation qualifiante à la sortie de leur Service Civique, alors même qu’ils sont à l’image de la diversité de la jeunesse de France.
En mettant les jeunes en position d’être acteurs de la société, il leur permet de prendre conscience de leur pouvoir de citoyen et de développer des compétences nouvelles tout en aidant les autres. Le Service Civique s’est imposé comme une école de l’engagement et de la citoyenneté, mais aussi comme un outil innovant d’orientation, de formation et d’insertion professionnelle des jeunes.
>> Suite à lire à :
<https://mailchi.mp/uniscite/cp-bon-anniversaire-au-service-civique-unis-cite-lui-souhaite-d-etre-enfin-universalise?e=aff6414a6e>
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)…
NOS PROGRAMMES
— Génération climat <http://www.generation-climat.org/>, un programme de soutien aux jeunes porteurs de projets en France et à l’étranger.
— J’agis pour la nature <https://jagispourlanature.org/>, des activités de bénévolat nature partout en France.
— Mon Restau Responsable <https://www.monrestauresponsable.org/>®, un outil gratuit destiné à accompagner les restaurants collectifs qui souhaitent proposer à leurs convives une cuisine saine, de qualité et respectueuse de l’environnement.
— L’affaire du siècle <https://laffairedusiecle.net/>, une campagne de mobilisation pour soutenir l'action en justice contre l'Etat pour le climat. 
— The Freaks <https://www.the-freaks.fr/>, un collectif d'artistes et de personnalités qui s'engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la sur-consommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité.
— Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/>, 100 propositions pour prendre la mesure des changements à entreprendre pour opérer une transition écologique socialement juste.
— Baromètre des mobilités <http://barometremobilites-quotidien.org/>, une analyse annuelle des pratiques de mobilité des Français.
LES PUBLICATIONS DU THINK TANK
— Les rapports et contributions  <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?category=think-tank&think-tank=rapport-contributions>
— Les Points de vue & Editos <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-points-de-vue-editos&category=think-tank> 
— Les Talks <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-talks&category=think-tank> 
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