[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 annonce (mercredi 23 mars)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 23 Mar 07:51:04 CET 2022


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Marseille : "Changer les règles du jeu économique" <https://www.laprovence.com/article/economie/6686959/changer-les-regles-du-jeu-economique.html>, La Provence, 10/03/22, 18H07
2- "Ne pas agir, c’est être dans une maison en feu et dire que tout va bien" : quand de jeunes ingénieurs cherchent à combattre leur "éco-anxiété" <https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/03/11/ne-pas-agir-c-est-etre-dans-une-maison-en-feu-et-dire-que-tout-va-bien-quand-de-jeunes-ingenieurs-cherchent-a-combattre-leur-eco-anxiete_6117030_4401467.html>, Le Monde Campus, 11/03/22, 07h00
3- Ces 7 fausses idées qui nuisent à la prise de conscience écologique <https://www.franceinter.fr/environnement/ces-7-fausses-idees-qui-nuisent-a-la-prise-de-conscience-ecologique>, France Inter, 11/03/22, 17h20
4- Élections présidentielles : I4CE lance un comparateur des propositions environnementales des principaux candidats <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/elections-presidentielles-i4ce-lance-un-comparateur-des-propositions-environnementales-des-principaux-candidats-150644.html>, Novethic, 12/03/22
5- Incitative, radicale ou optimiste… L’écologie vue par cinq candidats à l’élection présidentielle <https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/03/13/incitative-radicale-ou-optimiste-l-ecologie-vue-par-cinq-candidats-a-l-election-presidentielle_6117367_1652612.html>, Le Monde, 13/03/22, 22h00
6- Présidentielle 2022 : le climat, ligne de clivage entre les candidats <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/03/14/presidentielle-2022-le-climat-ligne-de-clivage-entre-les-candidats_6117377_3244.html>, Le Monde, 14/03/22, 05h00
7- Sortir du modèle productiviste : des entreprises réinventent tout <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/14/sortir-du-modele-productiviste-des-entreprises-reinventent-tout_6117403_3234.html>, Le Monde, 14/03/22, 08h00
8- Tribune. « Les “crédits plastiques” visent à permettre aux entreprises d’atteindre la “neutralité plastique” » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/14/les-credits-plastiques-visent-a-permettre-aux-entreprises-d-atteindre-la-neutralite-plastique_6117470_3232.html>, Le Monde, 14/03/22, 15h00
9- Que retenir du « débat du siècle », première causerie de la campagne sur l’écologie ? <https://vert.eco/articles/que-retenir-du-debat-du-siecle-premiere-causerie-sur-lecologie-de-la-campagne>, Vert.eco, 14/03/22
10- Dix-huit nouvelles entreprises rejoignent la charte environnementale du e-commerce <https://www.actu-environnement.com/ae/news/18-entreprises-signature-charte-environnementale-e-commerce-39270.php4>, Actu-environnement, 15/03/22
11- Taxe carbone aux frontières de l'UE : accord de principe des Etats membres <https://www.linfodurable.fr/politique/taxe-carbone-aux-frontieres-de-lue-accord-de-principe-des-etats-membres-31357>, L’Info Durable avec AFP, 15/03/22
12- Décryptage. Taxe carbone aux frontières de l’Union européenne : le début d’un long chemin <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/03/16/taxe-carbone-aux-frontieres-de-l-union-europeenne-le-debut-d-un-long-chemin_6117820_3244.html>, Le Monde, 16/03/22, 22h43 
13- Entretien. Les crèches intergénérationnelles pour apprendre à faire société ensemble <https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/les-creches-intergenerationnelles-pour-apprendre-a-faire-societe-ensemble/>, Entrepreneurs d’avenir, 16/03/22
14- Entretien. « La sobriété est un enjeu de justice et de solidarité, avec les “gilets jaunes” hier ou les Ukrainiens aujourd’hui » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/17/la-sobriete-est-un-enjeu-de-justice-et-de-solidarite-avec-les-gilets-jaunes-hier-ou-les-ukrainiens-aujourd-hui_6117843_3232.html>, Le Monde, 17/03/22, 05h13 
15- Interview. « Mettons la même ambition sur le sujet de l’impact que sur celui des ventes et du produit ! », Kat Borlongan, directrice de l’impact chez Contentsquare, ancienne directrice générale de la French Tech <https://reportersdespoirs.org/itw-kat-borlongan/?_thumbnail_id=26322>, Reporters d’Espoirs, 17/03/22
16- « Écologies du smartphone » : quelle culture mobile pour l’Anthropocène  ? <https://usbeketrica.com/fr/article/ecologies-du-smartphone-quelle-culture-mobile-pour-l-anthropocene-cologies-du-smartphone---quelle-culture-mobile-pour-lanthropocne>, Usbek & Rica, 18/03/22
17- Dans son nouveau projet présidentiel, Emmanuel Macron oublie (encore) l’écologie <https://vert.eco/articles/dans-son-nouveau-projet-presidentiel-emmanuel-macron-oublie-encore-lecologie>, Vert.eco, 18/03/22
En audio
18- Pourquoi sommes-nous consuméristes ? <https://www.franceinter.fr/emissions/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-lundi-14-mars-2022>, France Inter, la Terre au carré, 14/03/22
Une annonce
19- Conférence. La primauté du vivant : et si la pensée était là où on ne la pense pas ? par Dominique Bourg <https://www.eventbrite.fr/e/billets-la-primaute-du-vivant-et-si-la-pensee-etait-la-ou-on-ne-la-pense-pas-219827248217>, Nantes-Le Lieu Unique, le 06/04/22, de 18h30 à 20h  

Bien à vous,
Florence

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MÉMOIRE DU JOUR : "Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays", John Fitzgerald Kennedy, discours inaugural du 20 janvier 1961
DOSSIERS DU JOUR : — Propositions, budget… demandez le programme pour l'environnement des principaux candidats à l’élection présidentielle, comment ils voient l’écologie et en quoi la question climatique est une ligne de clivage. (cf. item 4, 5, 6, 9 & 17)
— Les Etats membres de l'UE ont entériné leur feuille de route sur le projet de taxe carbone aux frontières, mais sans trancher sur certaines modalités clé qui divisent encore les 27 et seront débattues ultérieurement. (cf. item 11 & 12)
ENTRETIENS DU JOUR : — "Nous plaçons l’intergénérationnel au cœur de chaque décision : opérationnelle (l’architecture, la restauration…), RH (dans le recrutement des professionnelles), dans le lien avec les familles et le projet pédagogique de la crèche". (cf. item 13)
— Le politiste Bruno Villalba considère que la guerre en Ukraine agit comme un « révélateur » du lien entre nos modes de vie et leurs conséquences sur les équilibres planétaires. (cf. item 14)
— "Si on mettait la même ambition, le même investissement et les mêmes profils sur le sujet de l’impact que sur celui des ventes, du produit, etc., alors on pourrait potentiellement réussir à faire de grandes avancées concrètes en la matière". Kat Borlongan, directrice de l’impact chez Contentsquare (cf. item 15)
IMPULSIONS DU JOUR : — Un manifeste de l'économie de demain signé par près de 5 000 entrepreneurs. (cf. item 1 & suite)
— A Lunas, dans l’Hérault, une bande de vingtenaires confrontent leurs angoisses face à la crise climatique et mobilisent leur énergie afin d’y remédier. (cf. item 2)
— Vendre l’usage d’un bien plutôt que sa possession, réduire notre consommation de ressources, développer la coopération plutôt que la guerre des prix… C’est la promesse de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. (cf. item 7)
— 18 nouvelles entreprises ont signé la « charte d'engagements pour la réduction de l'impact environnemental du commerce en ligne ». (cf. item 10)
— L’ouvrage collectif 'Écologies du smartphone - Sur les traces de l’extraction et au-delà' est une invitation à « décoloniser » cet objet iconique de notre époque et à inventer une nouvelle culture mobile respectueuse des limites planétaires. (cf. item 16 & suite)
CITATION DU JOUR : "On est arrivé au point ultime d'une mythologie qui considère aujourd'hui qu'il faut tout changer au niveau énergétique, mais que d'un autre côté, il faut garder intact l'objectif de la croissance économique. Alors que la situation nécessite vraiment des changements structurels quant à la mainmise de l'économie sur nos sociétés". Eloi Laurent, économiste (cf. item 3)
TRIBUNE DU JOUR : Laura Peano, consultante pour l’environnement, plaide dans une tribune pour le développement d’un marché incitant les entreprises à lutter contre la pollution plastique, similaire à celui des « crédits carbone ». (cf. item 8)
QUESTIONNEMENT DU JOUR : Qu’est-ce que le consumérisme ? Est-il vraiment à considérer sous l'angle d'une pratique individuelle ? Comment en sommes-nous arrivés à un tel système de dépendance à la consommation ? (cf. item 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Marseille : "Changer les règles du jeu économique", La Provence, 10/03/22, 18H07
Jean-Luc Crozel

Telle est l'ambition des mouvements Impact France et Convention des entreprises pour le climat réunis à Marseille
Quel lien y a-t-il entre Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture, à la tête du projet Odysseo et actionnaire de la maison d'édition arlésienne Actes Sud ; Arnaud Montebourg, ancien ministre du Redressement productif et cofondateur de la Compagnie des amandes qui relance la filière en Provence ; ou encore Julie Davico-Pahin, cofondatrice de la start-up aixoise Ombrea et à la tête de la French tech ? Réponse : le mouvement Impact France. Une structure dont le co-président, Jean Moreau - il est aussi à la tête de Phénix, une jeune pousse championne de l'anti-gaspi - et la co-présidente Eva Sadoun, fondatrice de la plateforme d'investissement Lita, ont impulsé un manifeste de l'économie de demain signé par près de 5 000 entrepreneurs. "Mais le trait … 
>> Suite à lire en édition abonné :
<https://www.laprovence.com/article/economie/6686959/changer-les-regles-du-jeu-economique.html>
Sur le même sujet  
> Manifeste de l'économie de demain : les entrepreneurs se rencontrent partout en France <https://www.impactfrance.eco/nos-actus/manifeste-de-leconomie-de-demain-les-entrepreneurs-se-mobilisent-partout-en-france>, Mouvement Impact France, 01/03/22
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2- « Ne pas agir, c’est être dans une maison en feu et dire que tout va bien » : quand de jeunes ingénieurs cherchent à combattre leur « éco-anxiété », Le Monde Campus, 11/03/22, 07h00
Alice Raybaud [Envoyée spéciale à Lunas (Hérault)]

Ils s’unissent pour agir. Reportage à Lunas, dans l’Hérault, où de jeunes ingénieurs confrontent leurs angoisses face à la crise climatique et mobilisent leur énergie afin d’y remédier. 
La bâtisse, sur trois étages, a l’allure d’un centre de colonies de vacances. C’est d’ailleurs ce qu’a pensé sa future propriétaire, un jour où elle passait par Lunas, petit village de l’Hérault, au beau milieu des monts des Cévennes méridionales. Elle a donc décidé d’acheter cette maison pour en faire un éco-lieu qu’elle pourrait mettre à disposition d’associations. L’espace semble en effet idéal pour repenser un chemin d’action pour la planète. Ce jour de février, une bande de vingtenaires assis dans le jardin sont réunis dans ce but, invités à identifier ce qui pourrait freiner leur engagement écologiste.
Emmitouflée dans son écharpe, Laurine Capdeville, 22 ans, se lance. « Pour l’instant, je suis dépendante de mes parents, de leur manière de consommer et de leur vision de l’avenir et du travail », constate l’étudiante ingénieure, qui pense difficile de mettre en place, dans son cadre actuel, les alternatives de vie « bas carbone » esquissées la veille avec le groupe. Dans ces conditions, elle n’envisage pas de bifurquer radicalement de manière immédiate, ni d’abandonner la perspective d’un futur diplôme. Pour autant, elle éprouve un mal-être profond à constater que son mode de vie n’est pas en accord avec ses valeurs écologistes. « Ne pas agir, c’est comme être assise dans une maison en feu et dire que tout va bien », affirme-t-elle.
Mobiliser l’intelligence collective
Face à elle, deux camarades écoutent sans intervenir. Quand retentit le gong qui ouvre leur temps de parole, ils esquissent des conseils – en parlant à la première personne, sans jamais être prescriptifs. « A ta place, j’enclencherais des discussions sur ce point avec mes parents, même si cela risque d’être difficile. Mais j’essaierais de ne pas me mettre la pression pour être 100 % cohérente tout le temps. Me dire aussi que l’année d’études qui me reste est une chance pour mûrir mon projet », propose ainsi l’un des participants.
> Lire aussi Tous écolo-imparfaits ! Nos petits arrangements avec la culpabilité écologique
Dans ces petits ateliers, menés par l’association et « école itinérante » Fertîles – en lien avec le mouvement La Bascule –, l’enjeu est de dépasser le sentiment d’impuissance face à la crise écologique en mobilisant l’intelligence collective. Et d’apaiser du même coup les angoisses qui tenaillent intimement cette jeune génération, sommée de se positionner face aux conséquences déjà inéluctables du dérèglement climatique, dans un monde qui n’a pourtant pas l’air de vouloir changer. Le temps d’une semaine en immersion, une quinzaine de jeunes de moins de 30 ans, étudiants ou diplômés d’écoles d’ingénieurs, tous écolos, viennent chercher des clés concrètes pour s’engager pleinement dans leur vie quotidienne et professionnelle. Mais aussi le soutien d’un groupe.
« Ce sont des jeunes qui ont conscience qu’il y a un problème, mais ne savent pas comment agir, analyse Raphaëlle Colas des Francs, elle-même ingénieure de formation et coordinatrice du parcours. On leur montre qu’ils ne sont pas seuls. On les sécurise, dans leur bascule, en leur disant qu’ils peuvent utiliser les compétences qu’ils ont déjà acquises au profit de la transition et agir en tant que citoyens, consommateurs mais aussi ingénieurs. » Les participants sont alors formés aux enjeux écologiques actuels, se voient présenter des secteurs et des métiers dans lesquels ils pourront concourir à limiter la hausse des températures à 2 degrés : le reconditionnement, l’économie de la fonctionnalité, la planification de la « résilience alimentaire », les transports et la filière du vélo…
> À découvrir : « Nos Futurs », la parole à la relève
Constance Pons, 22 ans, est venue « s’outiller ». En fin de cursus à l’école Sup’EnR de Perpignan, l’étudiante a du mal à reconnaître ses aspirations écologistes dans ses cours et se sent « un peu perdue ». Durant le premier confinement, où elle s’est plongée dans divers documentaires sur le climat et séries comme L’Effondrement, sur Canal+, elle a été assaillie par un sentiment d’angoisse sur l’avenir. « J’étais déjà sensibilisée, mais cela a été un moment de bascule, où j’ai senti dans mes tripes l’urgence de la situation. C’était vraiment une sensation de danger imminent, qui me faisait monter des crises de larmes », se souvient la jeune femme.
> Lire aussi Sexualité, apparence, menstruations… Chez les jeunes femmes, quand le plus intime devient politique
Depuis, elle a progressivement modifié son mode de vie : abandonner le smartphone, se déplacer en stop ou en train, ne plus rien acheter de neuf… Mais elle veut sentir qu’elle fait aussi « aussi [s]a part » professionnellement et ainsi trouver des modèles d’inspiration pour guider ses choix, en dehors d’un modèle classique du métro-boulot-dodo et du CDI à tout prix – qui rebute d’ailleurs beaucoup des jeunes du stage. « Ici, je me sens profondément à ma place », confie Constance, à propos de cette semaine immersive.
Trouver « la force d’agir »
C’est avant tout l’expérience collective qui est recherchée par les participants, comme moteur d’engagement et de motivation. La formation est fondée sur la convivialité : repas végans pris en commun, jam de musique le soir… « On tient à montrer qu’une vie sobre peut être très joyeuse », insiste Raphaëlle Colas des Francs. Des règles de collectivité ont été transmises aux participants en début de stage, avec un langage de communication spécifique qu’on retrouve dans d’autres milieux militants pour permettre une meilleure écoute. Et dénouer la parole :« Ils se livrent ici sur des choses qu’ils n’ont parfois jamais dites à des proches »,observe-t-elle.
« Je venais chercher des épaules, témoigne Alice, 25 ans, qui a grandi à Nancy. Dans mon entourage, je me heurte à un mur quand j’aborde le sujet, et cela me stresse beaucoup, l’impression que personne ne se bouge. Je ressens souvent une grande solitude. » La signature de son premier CDI dans une grande entreprise agrochimique a été, pour l’ingénieure, le déclencheur d’un vrai malaise. « Je me suis enfermée dans un confort dont j’ai une peur bleue de me séparer. Et en même temps je ne me sens pas à ma place dans un job où j’ai trop peu d’impact. »Rencontrer des gens qui partagent ses convictions lui permet d’envisager plus sereinement des alternatives. « La dynamique collective est hyperpuissante », dit-elle.
> Lire aussi Simplicité, sobriété… La conversion aux « low tech » de jeunes ingénieurs
Assis en tailleur face au groupe, Adrien Acket, 23 ans, explique aussi : « Avant cette semaine, je pensais que continuer la transition allait être très difficile. » Etudiant à l’Estia, à Biarritz, il s’est spécialisé dans le développement durable, mais ses enseignements ne lui semblaient pas assez complets. Adrien est allé chercher par lui-même des informations, qui ont généré chez lui un « grand choc ». Il en est ressorti très abattu. Se sentir moins seul lui redonne aujourd’hui « la force d’agir », confie-t-il. Un objectif que l’association Fertîles veut faire perdurer au-delà du stage, en créant une communauté d’anciens. Un réseau sur lequel se reposer, pour tenir dans la longueur ce « marathon » que représente l’engagement.
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« Nos futurs », la parole à la relève | Un événement dédié aux jeunes, du 22 au 27 mars, à Rennes
Donner la parole à la jeunesse. Ecouter ses préoccupations. Imaginer des solutions pour l’avenir. C’est l’ambition du festival « Nos futurs », un événement organisé par « Le Monde Campus », Les Champs Libres et la métropole de Rennes, autour des grandes préoccupations de notre temps : climat, travail, alimentation, médias, sexualité, genre et engagement… 
Au programme : débats, rencontres, ateliers, expositions, vidéos, podcasts, concours d’éloquence, live Twitch... Voir le programme complet. 
« Nos futurs », du 22 au 27 mars 2022 
Aux Champs Libres à Rennes. Accès libre et gratuit 
> Retrouvez toute l’actualité de l’événement sur les réseaux sociaux avec le hashtag #NosFuturs et dans la newsletter en vous inscrivant ici <https://leschampslibres.us15.list-manage.com/subscribe/post?u=5023a284fbbef80c6fdfefdab&id=af887946ab>.
<https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/03/11/ne-pas-agir-c-est-etre-dans-une-maison-en-feu-et-dire-que-tout-va-bien-quand-de-jeunes-ingenieurs-cherchent-a-combattre-leur-eco-anxiete_6117030_4401467.html>
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3- Ces 7 fausses idées qui nuisent à la prise de conscience écologique, France Inter, 11/03/22, 17h20

Nombreuses sont les idées reçues qui continuent de bercer les esprits d'illusions quant aux enjeux alarmants qui concernent le réchauffement climatique. Celles-ci sont aussi bien défendues par des climato-sceptiques que par de nombreux écologistes et empêchent souvent de se poser les bonnes questions.
Le début de l'année a été marqué par la publication du deuxième volet du rapport du GIEC, qui rappelle que l'urgence climatique est de plus en plus forte, traduisant toujours une très grande inaction à l'échelle globale. Pourtant, aujourd'hui, l'écologie est devenue un thème essentiel dans nos débats d'actualités et représente pour une large part de l'opinion publique, l'un des enjeux les plus fondamentaux de notre société. 
Toutefois, si rien ne semble véritablement changer aujourd'hui, c'est avant tout parce qu'une série d'idées reçues autour de la question continueraient d'éloigner notre regard du principal changement à opérer pour réaliser la transition énergétique : la décroissance. C'est ce que sont venus expliquer le géographe Renaud Duterme et l'économiste Eloi Laurent au micro de Mathieu Vidard et de Camille Crosnier dans l'émission La Terre au carré. Ces "mythologies écologiques" détourneraient aussi le regard de nos décideurs politiques quant au besoin urgent de passer d'un système de croissance à un système de décroissance. 
1 - "Pas de transition sans croissance"
Au cœur du débat sur la transition écologique, il y a une mythologie essentielle qui est qu'on ne peut pas envisager un changement sans croissance économique, car c'est elle qui amène le progrès social et qui conduit à la paix civile. Renaud Duterme considère que c'est une mythologie centrale dans les esprits, qui bloque au contraire la transition écologique, car, selon lui, "on considère encore qu'on ne pourrait pas envisager une transition sans réduire drastiquement notre consommation et notre production actuelle. Or, il n'est pas possible de surmonter les défis écologiques et climatiques actuels sans envisager une décroissance".
L'économiste Eloi Laurent ajoute "qu'on est arrivé au point ultime d'une mythologie qui considère aujourd'hui qu'il faut tout changer au niveau énergétique, mais que d'un autre côté, il faut garder intact l'objectif de la croissance économique. Alors que la situation nécessite vraiment des changements structurels quant à la mainmise de l'économie sur nos sociétés".
« Tout changer sauf la croissance économique, c'est une catastrophe pour l'ensemble de la biosphère »
>> Suite à lire à :
<https://www.franceinter.fr/environnement/ces-7-fausses-idees-qui-nuisent-a-la-prise-de-conscience-ecologique>
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4- Élections présidentielles : I4CE lance un comparateur des propositions environnementales des principaux candidats, Novethic, 12/03/22
Concepcion Alvarez

Le climat est le grand absent de la campagne présidentielle - éclipsé par la guerre en Ukraine mais déjà peu évoqué avant l'invasion russe. Alors que le premier tour de l'élection se tient dans moins d'un mois, le think tank I4CE a voulu voir ce qu'il en était du côté des programmes. Et la bonne nouvelle, c'est que la majorité des candidats font des propositions sur le sujet, un budget cohérent et chiffré. Demandez le programme ! 
À moins d’un mois de l’élection présidentielle, le think tank I4CE lance un comparateur des propositions environnementales des principaux candidats (ceux qui étaient en tête des sondages début janvier) : Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse et Eric Zemmour. Celui d’Emmanuel Macron sera analysé dès sa publication. Et la bonne nouvelle est que si le climat est totalement absent de la campagne présidentielle – 1,5% du temps médiatique pour la semaine du 28 février – il n’est pas absent des programmes, à l’exception de ceux de Marine Le Pen et Eric Zemmour, qui contiennent à ce jour très peu de mesures.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/elections-presidentielles-i4ce-lance-un-comparateur-des-propositions-environnementales-des-principaux-candidats-150644.html>
En savoir plus :
> Climat : Le décryptage de la présidentielle <https://i4ce.org/presidentielle-2022-budget-climat/>, Insitut for Climate Economics (I4CE), 09/03/22
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5- Incitative, radicale ou optimiste… L’écologie vue par cinq candidats à l’élection présidentielle, Le Monde, 13/03/22, 22h00

Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Fabien Roussel, Valérie Pécresse et Philippe Poutou ont détaillé leurs mesures pour l’environnement, dimanche, sur la plate-forme Twitch. 
Le format du « grand oral », déjà choisi par de nombreuses organisations pour entendre les candidats à la présidentielle (comme sur la santé ou la sécurité), a aussi été retenu, dimanche 13 mars, par quatre ONG de protection de l’environnement. Elles ont fait défiler cinq des douze prétendants à l’Elysée sur la chaîne Twitch du streameur Jean Massiet, qui posait les questions avec Paloma Moritz, journaliste environnement chez Blast.
Ouvrant le bal des interventions, le candidat écologiste, Yannick Jadot, a rappelé une mesure centrale de son programme, à savoir la « règle d’or climatique », par laquelle « pas un euro d’argent public » ne sera soustrait au respect des exigences climatiques et de justice sociale. Les deux perspectives sont liées, a-t-il répété, dans la mesure où les conséquences des atteintes à l’environnement touchent d’abord les classes populaires, citant notamment la pollution de l’air et la « malbouffe », qui favorise des maladies comme le diabète ou l’obésité. D’ici à 2030, s’il accède à l’Elysée, « il y aura 5 millions de passoires énergétiques, liées aux familles les plus précaires de notre pays, qui auront été rénovées, ça veut dire qu’elles vivront avec 700 ou 800 euros de plus par an », a-t-il promis.
« Je ne dis pas que ça va être indolore »
En matière d’énergie, le candidat s’est livré à la promotion du photovoltaïque. Outre le reste de ses défauts, le nucléaire n’est pas un gage de souveraineté de la France, à ses yeux, dans la mesure où « notre uranium vient du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, sous tutelle russe ». « Je ne dis pas que ça va être indolore », a reconnu M. Jadot au sujet des réformes qu’il propose, mais « c’est faire des efforts qui vont nous permettre de mieux vivre ».
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Prenant la parole après le candidat écologiste, la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, s’est efforcée de lutter contre l’idée que « l’écologie est l’affaire d’un seul parti ». Elle s’est dite en faveur d’une écologie « de l’incitation », « pas décroissante », qui permette de continuer à créer de l’emploi.
Parmi les mesures qu’elle a mises en avant : demander aux loueurs de voitures de passer au tout-électrique en 2030, et développer une « filière française des batteries ». Elle a dit vouloir relancer de grands projets pour le train, TGV et lignes régionales : « Or, aujourd’hui, j’ai un certain nombre d’activistes qui disent “Ah non, il ne faut pas passer dans les champs, ah non, il ne faut pas couper un arbre” », a-t-elle déploré, estimant qu’il faut « hiérarchiser les priorités ».
Elle a aussi mis l’accent sur le recyclage et le réemploi, avec l’objectif de recycler « 100 % des déchets ménagers d’ici à 2030 ». Elle propose enfin de récupérer et revaloriser les « 110 millions de téléphones usagés dans les tiroirs des Français », en proposant à leurs propriétaires 10 euros par appareil.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/03/13/incitative-radicale-ou-optimiste-l-ecologie-vue-par-cinq-candidats-a-l-election-presidentielle_6117367_1652612.html>
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6- Présidentielle 2022 : le climat, ligne de clivage entre les candidats, Le Monde, 14/03/22, 05h00
Audrey Garric et Stéphane Mandard

A moins d’un mois du premier tour, « Le Monde » a décrypté les programmes rendus publics en matière climatique. Si une grande partie de la gauche en fait un axe majeur de réforme et prône une évolution des comportements, la droite défend une vision tournée vers la technologie, et l’extrême droite minimise le sujet. 
« Look up ! » A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont marché un peu partout en France, samedi 12 mars, pour réclamer que la campagne électorale se préoccupe de « l’urgence climatique ». Un écho aux protagonistes du film Don’t look upconfrontés à une comète qui s’apprête à anéantir l’humanité. « Il y a une forme de déni de débat démocratique sur le climat, malgré la forte attente de la population », estime la climatologue Valérie Masson-Delmotte, présente à la marche.
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Si le climat est très peu présent dans les débats, qu’en est-il dans les programmes ? Le Monde a sollicité les équipes de campagne (seule celle de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, n’a pas répondu) et passé au crible les propositions des huit principaux candidats pour lutter contre le dérèglement climatique.
Elles sont parfois bien cachées (le « programme environnement » du candidat de Reconquête !, Eric Zemmour, tient sur un feuillet quand son « programme automobiliste » se décline sur cinq pages) voire introuvables (parmi les « 22 mesures pour 2022 » de Marine Le Pen, pas une seule ne concerne la question climatique et aucun « livret thématique » ne lui est consacré à la différence du tourisme ou de la protection animale). Le projet pour la France de Valérie Pécresse (Les Républicains, LR) n’oublie pas le sport mais fait pour l’heure l’impasse sur le climat : « c’est une question de jours », assure Jean Rottner, l’un de ses conseillers « urgence écologique » et président du conseil régional du Grand-Est, qui en a donné les grandes lignes au Monde.
A contrario, les réponses à la crise écologique constituent la colonne vertébrale des projets portés par Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts, EELV), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, LFI) et, dans une moindre mesure, Anne Hidalgo (Parti socialiste, PS), qui imbriquent les problématiques écologiques et sociales. Sur les 180 propositions du candidat communiste, Fabien Roussel, près d’une trentaine vise à « relever l’enjeu climatique ». Quant à Emmanuel Macron, l’un des ses « relais transition écologique », le député (La République en marche, LRM) de l’Isère Jean-Charles Colas-Roy assure qu’elles trouveront toute leur place dans le programme que le candidat doit dévoiler prochainement et qu’elles dessineront les contours d’« une grande nation écologique » tout juste esquissée dans sa récente lettre aux Français.
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Un clivage droite-gauche « bien plus clair que par le passé »
Un constat se dégage, « l’écologie fait apparaître un clivage entre droite et gauche en termes d’ambition, bien plus clair que par le passé », relève le politologue Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof. Alors qu’à l’extrême droite, « le climat n’est pas un sujet », LR et LRM proposent une « réponse technologique sans remise en cause des modes de vie, qui ne permettra pas d’atteindre les objectifs climatiques », évalue Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau action climat. « Le lien de causalité entre un système économique basé sur les énergies fossiles et la crise climatique est escamoté par tous les candidats de Macron à Zemmour », abonde Clément Sénéchal, chargé de mission climat à Greenpeace France.
Au final, seuls EELV, LFI, et le PS détaillent des « mesures complètes permettant de lutter contre le changement climatique dans un esprit de justice sociale », estime Anne Bringault. En particulier, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon montrent « une volonté de réarticuler l’ordre économique et social autour de l’impératif climatique, plutôt que d’en faire une réflexion annexe ou une case à cocher en bas du programme », selon Clément Sénéchal.
Illustration de cette place centrale, Yannick Jadot (tout comme Anne Hidalgo) souhaite instaurer une « règle d’or climatique », c’est-à-dire considérer toutes les décisions au regard de leur empreinte carbone, et inscrire la protection du climat dans la Constitution – l’une des demandes de la convention citoyenne pour le climat.
Jean-Luc Mélenchon, qui fait de la planification écologique le pivot de son projet, défend lui une « règle verte » (ne pas prélever dans la nature plus de ressources qu’elle ne peut reconstituer), également inscrite dans la norme suprême. Tous les trois portent un ISF climatique, un impôt de solidarité sur la fortune qui inclurait l’empreinte carbone des avoirs financiers.
Valérie Pécresse, dont la lutte contre le dérèglement climatique s’inscrit dans la « réindustrialisation » de la France, défend de son côté une « croissance durable », qui s’appuierait sur le recyclage, la production locale, et des « innovations de rupture », avance Jean Rottner, comme l’hydrogène ou le captage et stockage du CO2. Une approche voisine de celle revendiquée par Emmanuel Macron durant son quinquennat.
Exception notable à ce clivage droite-gauche, celle du communiste Fabien Roussel dont « le discours reprend le thème ancré à droite de “l’écologie punitive” », note Daniel Boy, auquel le candidat oppose son « pragmatisme ». « Nous devons faire en sorte que la France des jours heureux s’engage dans la révolution écologique, mais sans en faire pâtir ceux qui vivent déjà difficilement », a ainsi déclaré le candidat tout en promettant de reprendre « 90 % » des propositions de la convention citoyenne sur le climat.
Fabien Roussel s’exprimait lors du premier débat consacré au climat, organisé par les ONG de l’Affaire du siècle, dimanche 13 mars, sur Twitch, les chaînes de télévision ayant refusé de l’organiser. « Il tente de reconquérir un électorat populaire qui hésite souvent avec l’extrême droite, n’est pas séduit par l’écologie, et est davantage préoccupé par l’emploi », analyse Daniel Boy.
Un front pro-nucléaire large et hétéroclite
L’examen des objectifs climatiques confirme ces divergences. Alors que l’extrême droite n’aborde pas le sujet, Emmanuel Macron et Valérie Pécresse plaident pour une accélération des efforts afin d’appliquer le nouvel objectif européen de −55 % d’émissions d’ici à 2030. Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot vont plus loin, en proposant de viser −65 %, le premier à l’échelle française, le second à l’échelle européenne.
Les mesures proposées pour limiter les émissions du secteur de l’énergie, et en particulier d’électricité, illustrent les différences d’approche. D’un côté, une grande partie de la gauche défend l’atteinte de 100 % d’énergies renouvelables et une sortie de l’atome, plus ou moins rapide, en raison des risques en termes de sûreté, rendus très concrets par la guerre en Ukraine, et de la question non résolue de la gestion des déchets. De l’autre, un front pro-nucléaire large et hétéroclite se dessine. Emmanuel Macron, qui avait débuté son mandat en fermant la centrale de Fessenheim, a décidé de relancer massivement le nucléaire, avec la construction de six EPR 2 ainsi que la prolongation de la durée de vie de « tous les réacteurs qui peuvent l’être ». Il souhaite également développer fortement le solaire et l’éolien en mer.
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Fabien Roussel se rapproche de cette position : il prône la construction d’au moins six nouveaux EPR et un moratoire sur la fermeture des 14 réacteurs qui était prévue d’ici à 2035. De la même manière, Valérie Pécresse souhaite supprimer l’objectif de baisse du nucléaire à 50 % du mix électrique, lancer la construction de 6 EPR dont 4 à démarrer d’ici à 2035, développer l’hydroélectricité et permettre aux habitants de refuser des projets éoliens.
Eric Zemmour va plus loin en revendiquant « au moins » 14 EPR supplémentaires et la prolongation de la durée de vie des réacteurs actuels jusqu’à au moins 60 ans. A l’instar de son rival d’extrême droite, Marine Le Pen propose d’« arrêter les projets éoliens et de démanteler progressivement les parcs existants ».
Le domaine des transports, principal secteur émetteur du pays (31 % des rejets carbonés), fait apparaître un consensus sur la nécessité d’électrifier le parc automobile « mais pas sur la vitesse à laquelle on fait la transition de cette industrie, qui est l’un des enjeux clés pour le climat », note Anne Bringault. Le 7 mars, à Poissy (Yvelines), Emmanuel Macron a annoncé qu’il voulait « démultiplier » les primes à la conversion dont environ un million d’automobilistes ont bénéficié pendant le quinquennat pour acheter un véhicule moins polluant.
Seul Yannick Jadot souhaite mettre fin à la vente des voitures thermiques dès 2030, tandis qu’Emmanuel Macron et Valérie Pécresse s’en tiennent à l’objectif actuel de 2040. « Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Fabien Roussel ne s’expriment pas sur la fin de vente des véhicules essence et diesel de manière explicite », poursuit Anne Bringault. Le candidat communiste se démarque une fois encore à gauche : il propose d’accorder la prime à la conversion y compris pour l’acquisition de véhicules essence et diesel récents (Crit’air 2) quand elle exclut ces derniers aujourd’hui.
Consensus sur l’accélération de la rénovation des bâtiments
La voiture reste centrale dans beaucoup de programmes et « très peu de candidats assument de réduire véritablement sa place, même avec un accompagnement », note Lucile Schmid, vice-présidente du think tank La Fabrique Ecologique, un « malaise » hérité du conflit des « gilets jaunes ». Une partie des candidats évoquent toutefois des mesures en faveur du vélo (Yannick Jadot propose d’en fournir un à chaque jeune, Valérie Pécresse veut augmenter à 500 euros la prime à l’achat d’un vélo à assistance électrique pour tous les Français), et la majorité se prononce en faveur des transports en commun (Fabien Roussel souhaite leur gratuité en milieu urbain).
A l’exception de l’extrême droite, la plupart des candidats défendent des investissements massifs dans le ferroviaire notamment au bénéfice des « petites lignes ». Enfin, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent d’interdire les lignes aériennes lorsque le trajet en train dure moins de quatre heures, comme le préconisait la convention citoyenne pour le climat.
Pour l’agriculture, autre grand secteur émetteur de gaz à effet de serre, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon défendent tous deux, avec des différences sur les dates, 100 % de produits bio, locaux et moins carnés dans la restauration collective, la baisse du cheptel bovin ou la sortie de l’élevage industriel.
Valérie Pécresse propose de rémunérer les services environnementaux rendus par les agriculteurs, via la vente de crédits carbone, une idée également défendue par Emmanuel Macron. A ce stade, elle n’a en revanche pas de proposition spécifique concernant l’élevage – la principale source d’émissions –, pas plus que Marine Le Pen ou Eric Zemmour. Tous deux désirent développer globalement le bio, le local et favoriser les produits français.
Point de consensus, les candidats appellent tous à accélérer la rénovation des bâtiments. Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Fabien Roussel promettent un plan massif respectivement de 5 milliards d’euros par an, 10 milliards et jusqu’à 20 milliards avec l’ambition d’en finir avec les « passoires thermiques ». La candidate du PS veut instaurer une « prime climat » pour permettre « la rénovation complète » de 760 000 logements privés par an. Emmanuel Macron mise aussi sur la rénovation de 700 000 logements par an. Quant à Valérie Pécresse, elle veut doubler le rythme actuel des rénovations énergétiques dites « performantes » des logements, avec des aides transférées aux régions, et atteindre 50 % de bâtiments publics rénovés d’ici à 2030.
Enfin, Marine Le Pen souhaite mettre en place un plan de réhabilitation de l’habitat ancien et propose de subventionner le remplacement des chaudières à fioul par des pompes à chaleur électriques. « La grande différence entre les candidats porte sur les moyens alloués à la rénovation. Seule la gauche et les écologistes font des propositions précises sur le financement, la formation [des artisans] et l’accompagnement des ménages », indique Anne Bringault.
Le financement, nerf de la guerre
Le nerf de la guerre de la transition écologique réside dans son financement. L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) a évalué les budgets climat d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse et Eric Zemmour afin de « tester la cohérence de leur stratégie ». Ils présentent de fortes disparités. Seuls trois candidats, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et, dans une moindre mesure, Anne Hidalgo sont « prêts » et arrivent devant les électeurs avec « des propositions qui relèvent en grande partie les défis budgétaires clés » (énergie, rénovation, alimentation, etc.) identifiés par l’I4CE, analyse Charlotte Vailles, sa cheffe de projet industrie, énergie et climat.
Valérie Pécresse, elle, n’a pas, dans l’immédiat, de budget complet et chiffré mais« nous voyons se dessiner une stratégie de financement de la transition », affirme Charlotte Vailles. Marine Le Pen et Eric Zemmour n’ont quant à eux « ni l’un ni l’autre ». I4CE analysera le budget climat du candidat Macron lorsqu’il sera disponible : « Il sera ambitieux et responsable, crédible dans sa mise en œuvre », promet Jean-Charles Colas-Roy.
Sans surprise, les stratégies de financement sont contrastées. Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo assument une forte intervention de l’Etat, en proposant une hausse des investissements publics de 45 milliards, 25 et 14 milliards d’euros par an respectivement, et un renforcement du cadre réglementaire et fiscal. « Cela pose des questions d’acceptabilité », prévient I4CE. A l’inverse, Valérie Pécresse veut mobiliser l’épargne en créant un Livret vert (fusion des livrets A et développement durable) qui permettrait d’affecter 120 milliards d’euros à la transition écologique, selon son équipe. « On peut douter que cela soit suffisant, notamment pour la rénovation des logements », estime le think tank. Fabien Roussel, dont le programme n’a pas été analysé par l’institut, promet quant à lui un « fonds écologique et social » de 140 milliards d’euros abondé par le public, le privé et la création monétaire.
L’I4CE note toutefois des consensus comme la volonté de supprimer progressivement les subventions aux énergies fossiles, la transparence sur l’usage des recettes de la fiscalité écologique et l’accompagnement des ménages – des « héritages » de la crise des « gilets jaunes », note Benoît Léguet, le directeur d’I4CE.
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Les positions des candidats évolueront-elles devant la guerre en Ukraine, qui illustre le danger de la dépendance aux énergies fossiles et relance le débat sur la sobriété énergétique ? Cette question, présente chez Yannick Jadot, irrigue le programme de Jean-Luc Mélenchon, qui veut diviser par trois la consommation d’énergie primaire d’ici à 2050. Valérie Pécresse se prononce pour « la chasse au gaspi ». Le président candidat, quant à lui, a prévenu qu’il faudrait diminuer de 40 % la consommation énergétique d’ici à 2050. « Sobriété n’est pas décroissance », commente son « relais » Jean-Charles Colas-Roy.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/03/14/presidentielle-2022-le-climat-ligne-de-clivage-entre-les-candidats_6117377_3244.html>
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7- Sortir du modèle productiviste : des entreprises réinventent tout, Le Monde, 14/03/22, 08h00
Julia Zimmerlich 

Vendre l’usage d’un bien plutôt que sa possession, réduire notre consommation de ressources, développer la coopération plutôt que la guerre des prix… C’est la promesse de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, séduisante sur le papier mais complexe à mettre en œuvre. 
« J’ai voulu créer une imprimerie qui serve vraiment à quelque chose » : c’est ainsi que Julien Da Costa, patron de la TPE Flex’Ink, installée dans le Pas-de-Calais, résume son parcours pour réinventer son modèle économique. Son histoire est le symbole d’une économie à bout de souffle, basée sur l’impérieuse nécessité d’augmenter les volumes de vente et sur la pression toujours plus forte sur les prix. Pendant quinze ans, Julien Da Costa a travaillé en tant que commercial dans l’imprimerie familiale, spécialisée dans les étiquettes de boîtes de conserve. Mais, dans les années 2000, le secteur est bousculé par l’arrivée de concurrents en ligne, plus gros, moins chers et installés à l’étranger. « Le cercle vicieux s’est alors enclenché pour nous, raconte l’entrepreneur. Nous avons dû réduire nos marges, piloter l’entreprise de manière plus drastique en chronométrant chaque tâche, trouver des systèmes d’intensification de la production avec, en bout de chaîne, une pression de dingue sur l’atelier et les équipes dans les bureaux. »
Turn-over, mal-être au travail et épuisement sont les symptômes de cette agonie silencieuse de l’économie de marché. En quelques années, c’est toute l’entreprise qui surchauffe et finit par déposer le bilan. Fin de l’histoire ? Non. Julien Da Costa aime son métier, il ne veut pas le lâcher. Il rejoint alors un groupe de travail du Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) sur le thème de « l’économie de la fonctionnalité et de la coopération » (EFC) pour se « déformer » de la logique de volume et invente, au terme de trois ans de recherche et développement avec ses clients, une autre manière d’être imprimeur.
Au lieu de vendre un volume d’impressions fixe, « qui finissaient pour la plupart à la poubelle ou dans les placards de [ses] clients », il les forme à imprimer la juste quantité et leur offre la possibilité de mettre à jour leur document en ligne pour une réimpression contre un abonnement mensuel. « Moins j’imprime, plus je suis rentable », résume Julien Da Costa, qui tire ses bénéfices non plus des impressions, mais des abonnements souscrits par ses clients.
Le concept d’économie de la fonctionnalité a émergé dans les années 1980, développé par l’architecte Walter Stahel et repris par le philosophe Dominique Bourg dans les années 2000. « Dans sa forme la plus basique, c’est le passage du produit au service, détaille Elisabeth Laville, fondatrice et directrice d’Utopies, cabinet de conseil en développement durable. On va louer plutôt que posséder, vendre l’usage plutôt que le bien lui-même. » La valeur du produit se retrouve alors dans les bénéfices que le consommateur en retire, ce que l’économiste Philippe Moati appelle les « effets utiles ». Au lieu de posséder une voiture en ville, le consommateur va en louer une quelques heures, disponible dans sa rue, sans se soucier de son entretien ou des frais d’assurance. « Cela démocratise l’idée que la possession est une servitude, poursuit Elisabeth Laville. Les offres d’abonnements sur iTunes, Spotify ou Netflix ont répandu l’idée que posséder des montagnes de CD ou DVD n’avait plus aucun sens. »
Passage du produit au service
Un cheminement qui devrait plaire aux citoyens de l’Hexagone qui se déclarent favorables à 80 % à l’idée que « l’important, c’est de pouvoir utiliser un produit plus que de le posséder », selon le dernier Observatoire du rapport des Français à l’économie circulaire de L’ObSoCo (L’Observatoire société et consommation), publié en 2019. « En dix ans, on a vu émerger cette prise de conscience des consommateurs qu’ils ont un rôle à jouer dans la transition écologique, détaille Véronique Varlin, directrice associée de L’ObSoCo. Ils sont en attente vis-à-vis des entreprises qu’on leur donne les moyens d’agir, de consommer de manière responsable. »
> Lire l’enquête : Vendre avant de fabriquer : quand la précommande bouscule la mode
Depuis quelques années, les offres de location de biens pour les particuliers se sont ainsi multipliées : Seb loue des appareils culinaires, Decathlon des packs complets pour le camping ou encore Bocage commercialise des abonnements pour des chaussures. A priori, une bonne idée pour réduire l’utilisation de ressources. « Ces offres ont un certain succès, sont séduisantes sur le plan intellectuel, mais c’est tellement à la marge dans le chiffre d’affaires de ces grands groupes qu’on ne peut pas parler d’une évolution réelle », relativise Elisabeth Laville. Tout au plus c’est « une manière de fidéliser les clients, de faire exister sa marque dans l’esprit du consommateur », poursuit Laurence Grandcolas, fondatrice de MySezame, start-up qui forme les dirigeants et leurs équipes aux transformations et innovations business liées aux enjeux sociétaux.
Elle alerte aussi sur les « effets rebonds » de cette forme d’économie de la fonctionnalité. Dans le secteur automobile, le leasing (location avec option d’achat) – qui représente 47 % des financements de voitures neuves en 2021 contre 21 % en 2015, selon le cabinet C-Ways – « ne fait que recréer des effets de surconsommation en changeant plus souvent encore de modèle de voiture, poursuit la spécialiste. L’économie de la fonctionnalité est une bonne idée pour la planète à condition qu’elle s’accompagne d’une prise en compte du cycle de vie complet du bien ».
De belles réussites dans le B to B
Pour être vraiment vertueux sur le plan écologique, il est donc indispensable d’aller un cran plus loin dans la réflexion. « Comment rester rentable tout en faisant en sorte que les clients consomment moins ? » C’est la question que l’équipe du laboratoire d’intervention et de recherche Atemis (Analyse du travail et des mutations des industries et des services) s’est posée au début des années 2000, sous la houlette de l’économiste Christian du Tertre. « Pour y arriver, il faut forcément changer le modèle d’affaires et apporter des services qui vont permettre une performance d’usage des biens et de générer une autre source de revenus, détaille le chercheur. La rentabilité devient alors fondée sur la réduction d’usage. Et pour obtenir cette performance, on comprend que l’entreprise a besoin de la coopération des usagers. » C’est ainsi que le cadre théorique de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération est né.
Sur le marché « business to business », l’EFC compte quelques belles réussites, « les mêmes que l’on cite depuis vingt ans », tacle Elisabeth Laville. Ce sont les cas de Xerox, Michelin et Signify (le nom de Philips Eclairage, depuis 2018). Xerox ne vend plus des photocopieurs aux entreprises mais les loue avec un service de gestion de leur parc, d’approvisionnement en papier et cartouches d’encre. Michelin vend des kilomètres plutôt que des pneus aux grands groupes de transport de marchandises en Europe de l’Ouest et dans les mines de surface d’Amérique latine.
Ainsi, « le premier effet positif de l’économie de la fonctionnalité va être de pousser les entreprises non plus à produire au prix le plus bas, mais à innover pour fabriquer un produit le plus performant possible, explique Gaël Quéinnec, directeur prospective chez Michelin. L’une des difficultés de l’innovation, c’est de réussir à en extraire toute la valeur. Si par exemple on met au point un pneu qui dure en moyenne 20 % de kilomètres en plus, on ne va pas réussir à le facturer 20 % plus cher, tout simplement parce que les gens vont douter de la promesse. Avec la logique de l’EFC, il y a un partage de la valeur avec le client. » Ainsi les clients de Michelin sont formés au bon usage de leurs pneus avec, en ligne de mire, la perspective de faire des économies en achetant des kilomètres, plutôt qu’en en étant propriétaires.
Accompagner les TPE-PME
Enfin, dans le secteur de l’énergie et de l’éclairage, Signify ne vend plus des ampoules à ses clients industriels, mais « un engagement de performance » sur l’éclairage d’une usine, d’un entrepôt, d’un aéroport ou encore d’une ville. La bascule vers ce modèle s’est opérée avec l’arrivée des ampoules à LED dans les années 2010, une rupture technologique qui bouleverse toute l’entreprise, à commencer par son modèle économique. D’un produit « consommable », jetable, l’ampoule à filament, Signify passe à un produit avec une durée de vie de plus de vingt ans et un prix quatre fois plus élevé à son lancement. « C’est un de nos clients qui nous a dit : “Ne me vendez pas vos produits, vendez-moi de la lumière” », raconte François Darsy, chef de marché industrie et tertiaire. Le modèle est simple : pour l’équipement d’une usine, Signify prend en charge financièrement tous les travaux pour l’optimisation du système d’éclairage, assure son entretien et se rémunère sur les économies d’énergies (consommation jusqu’à cinq fois moindre) réalisées à long terme par son client.
> Lire aussi « Partout, des adaptations majeures seront à apporter pour faire face aux impacts du réchauffement »
C’est l’architecte hollandais Thomas Rau, visionnaire sur la durabilité des bâtiments et l’architecture circulaire, qui fait le premier cette demande à Philips pour équiper ses nouveaux bureaux. « Le modèle de l’EFC est vertueux sur le plan de l’utilisation des ressources, les économies d’énergie oscillent entre 50 et 90 %, affirme François Darsy. Mais pour que le deal soit intéressant, il faut des clients avec un usage intensif de l’éclairage. »
Une approche à saluer donc, « avec un triple alignement d’intérêt entre l’entreprise, le client et la planète qui fait toute sa force », estime Laurence Grandcolas, mais qui reste toujours limité dans la part du chiffre d’affaires de ces grands groupes. Moins de 10 % au niveau mondial pour Michelin, 16 % en 2020 pour Signify qui projette de doubler cette part d’ici à 2025. Ainsi depuis 2010, le laboratoire Atemis concentre ses efforts sur les TPE-PME, avec la création de clubs d’entreprises sur tout le territoire et de parcours d’accompagnement de dirigeants. Un travail de dentelle et de longue haleine, qui permet d’aboutir à des résultats prometteurs, comme celui de l’imprimeur Julien Da Costa, qui ambitionne de créer un nouveau standard pour son secteur. Le premier club du genre, le club NOE, est né en 2014 dans les Hauts-de-France, porté par le CJD, la chambre de commerce et d’industrie, la région, le réseau Alliance et Atemis.
Il compte aujourd’hui 80 membres, tous confrontés aux mêmes impasses de l’économie de marché. Ainsi le chauffagiste Dumont ne vend plus simplement des chaudières, mais des « solutions de performance énergétique » pour le confort et la santé des occupants de locaux. La TPE Les Paniers de Léa, qui vendait des corbeilles de fruits à des particuliers sur leur lieu de travail, propose désormais un programme complet pour changer de comportement alimentaire. « La démarche EFC nécessite du temps et une gymnastique intellectuelle, analyse Delphine Cabalion, animatrice du Club EFC Grand Est chez Initiatives durables. Par exemple, sur la question de la rémunération des commerciaux, poussés à vendre plus pour décrocher des primes, il faut imaginer une autre forme de rémunération. Cela oblige les entreprises à repenser leur métier, à développer de nouvelles compétences… c’est de la conduite de changement. »
L’Institut européen de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, lancé par Atemis en 2014, fédère ainsi une dizaine de clubs en France et reçoit le soutien de l’Ademe, l’Agence de la transition écologique. La démarche EFC se révèle aussi intéressante à l’échelle d’un territoire pour repenser les grandes fonctionnalités de la vie : se nourrir, se déplacer, habiter, se former, se soigner etc. « La fin des voitures, ce n’est pas seulement sortir de la propriété, détaille Christian du Tertre. Il faut s’intéresser au système de mobilité dans sa globalité et apporter des réponses adaptées à chaque bassin de vie. »
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Ainsi l’Ademe et Atemis ont lancé, en 2020, le programme de recherche-intervention Territoires de services et de coopérations (Coop’ter). « Depuis quarante ans, l’économie se résume à la seule dimension monétaire, poursuit le chercheur. Nous avons oublié de nous demander si ce que nous produisons est utile pour les personnes et les territoires. Cela implique de sortir du principe de concurrence et d’inventer ce que j’appelle des écosystèmes coopératifs territorialisés qui requièrent une multiplicité d’acteurs. Ce changement de culture ne va pas se faire en quelques années. C’est le programme des trois ou quatre prochaines décennies. » Etre utile à la société : et si c’était le rôle de l’économie ?
§ Cet article a été rédigé dans le cadre de la conférence organisée par « Le Monde », « De la propriété à l’usage des biens : la fin de l’accumulation ? », qui se tiendra le 22 mars, à Châtellerault en partenariat avec l’Etape de l’innovation Novaq. Avec la participation de Gaël Quéinnec (Michelin), François Darsy (Signify), Véronique Varlin (ObSoCo), Laurence Grandcolas (MySezame) et Christian du Tertre (Atemis).
Pour s’inscrire : <www.adi-na.fr/agenda/etape-de-linnovation-novaq-economie-a-impact-positif-de-la-propriete-a-lusage-des-biens-la-fin-de-laccumulation>.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/14/sortir-du-modele-productiviste-des-entreprises-reinventent-tout_6117403_3234.html>
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8- Tribune. « Les “crédits plastiques” visent à permettre aux entreprises d’atteindre la “neutralité plastique” », Le Monde, 14/03/22, 15h00
Par Laura Peano, Responsable « plastique » chez Quantis, cabinet de conseil en environnement

Laura Peano, consultante pour l’environnement, plaide dans une tribune au « Monde » pour le développement d’un marché incitant les entreprises à lutter contre la pollution plastique, similaire à celui des « crédits carbone ».
Tribune. Le sujet de l’impact désastreux de la pollution plastique n’est pas nouveau. Le passage à l’action de la communauté internationale tardait pourtant à venir. L’Assemblée des Nations unies pour l’environnement semble enfin prendre le sujet à bras-le-corps, avec, le 2 mars, le lancement d’un processus qui devrait conduire à un traité international visant à lutter contre cette pollution.
Et le défi est immense : la production de produits chimiques a été multipliée par cinquante depuis le début des années 1950 et devrait encore tripler d’ici à 2050, d’après les chercheurs du Stockholm Resilience Centre.
Des seuils à ne pas dépasser
Neuf limites planétaires ont été identifiées comme les seuils que l’humanité ne doit pas dépasser pour que la Terre puisse se réguler. La cinquième de ces limites, la pollution chimique, vient d’être franchie, en raison de l’énorme quantité de produits chimiques et de plastique que nous fabriquons et n’arrivons pas à bien recycler.
Certains secteurs – l’agroalimentaire, les cosmétiques, la grande distribution… – ont certes, sous la pression légale ou celle des associations de consommateurs, commencé à prendre des mesures. Ces engagements, au même titre que certains accords volontaires entre pays, sont positifs, mais restent à date largement insuffisants.
> Lire aussi Pollution plastique : l’ONU fait un pas de plus vers un texte « juridiquement contraignant »
En parallèle des initiatives internationales, gouvernementales ou sectorielles,certains acteurs, tels que l’organisme certificateur international Verra, tentent d’organiser la riposte pour fournir aux entreprises et territoires un cadre et des moyens de réduire leur impact en termes de pollution plastique.
Depuis quelques mois émerge un outil encore peu diffusé et pourtant essentiel : les « crédits plastiques ». A l’image des crédits carbone déjà connus, les crédits plastiques visent à permettre aux entreprises d’atteindre la « neutralité plastique » : pour chaque quantité de plastique créée, un équivalent mesuré de déchets plastiques est collecté et éventuellement recyclé.
Mesurer, réduire, compenser
Pour y parvenir, les entreprises doivent suivre le sacro-saint triptyque : mesurer, réduire et compenser. Cette comptabilisation permet de dégager des crédits plastiques, qui devront financer prioritairement des projets de collecte des déchets plastiques dans des pays très exposés, notamment en Asie et en Afrique.
> Lire aussi Coca-Cola, champion du monde de la pollution plastique
Il faut en revanche éviter de tomber dans des travers parfois rencontrés avec les crédits carbone – notamment le « droit à polluer », où l’entreprise achète simplement un stock de crédits (carbone ou plastiques) et appose un logo sur son rapport RSE (de responsabilité sociale et environnementale) sans modifier ses pratiques…
Pour procéder convenablement, une entreprise doit avant tout mesurer son empreinte plastique et identifier les « points chauds » de sa chaîne de valeur.
Le premier changement essentiel est la réduction drastique et systématique des quantités d’emballages plastiques à usage unique, et de plastique tout court. Le tout en évitant tout transfert d’impact, comme par exemple substituer au plastique issu du pétrole des emballages à base de maïs, canne à sucre ou betterave, dont la culture entre en concurrence avec des sols vivriers ou forestiers.
Le deuxième est de recourir à l’écoconception, en utilisant des matières moins polluantes, ou a minima du plastique 100 % recyclé et recyclable, et en recourant aux filières de collecte et de recyclage. Les entreprises doivent étudier les filières existantes de chaque pays, se rapprocher de leurs acteurs (comme Citeo en France) ou participer à leur création le cas échéant.
Le troisième est de faire le « pas de plus » en essayant de contribuer positivement à la réduction de la pollution plastique au-delà de son propre périmètre, par exemple en participant à la mise en place de filières de recyclage, en récupérant de la matière et en la recyclant au-delà de sa propre production, etc.
Parce que la démarche est longue et doit prendre une forme très concrète, l’entreprise ne pourra dégager de crédits plastiques sur les volumes résiduels qu’après avoir démontré la réalité des réductions de pollution sur toute sa chaîne de valeur.
> Lire aussi Pollution : un Américain produit huit fois plus de déchets plastiques qu’un Chinois
L’une des difficultés principales réside dans la nature même de la matière plastique, qui se présente sous des formes très diverses. Il conviendra de statuer sur ces différentes catégories et sur leur « poids dans la balance » : le plastique fait à partir de matières biologiques est-il plus ou moins vertueux ? qu’en est-il du plastique compostable ? etc.
Des déchets sans valeur
Autre problème de taille : contrairement à d’autres déchets (l’aluminium par exemple), les déchets plastiques n’ont aucune valeur ! Le défi va donc être de parvenir à augmenter la demande de déchets plastiques sur le marché pour leur donner de la valeur. Il faudra s’appuyer sur des obligations légales ou des incitations financières, comme une TVA avantageuse pour les plastiques de réemploi.
Enfin, alors que l’entreprise doit pouvoir évaluer l’impact de chaque maillon de sa chaîne de valeur, les solutions apportées restent locales et territorialisées : on ne vend pas et on n’utilise pas un emballage plastique de la même manière en Suède et au Cambodge.
> Lire aussi La pollution plastique a atteint « toutes les parties des océans », alerte le WWF
A ce jour, le marché des crédits plastiques reste volontaire : les entreprises peuvent choisir ou pas de prendre part au mécanisme d’échange de crédits plastiques. Il est donc, pour le moment, moins régulé que celui des crédits carbone, car non lié à une réglementation internationale. C’est donc aux entreprises de se préoccuper de la qualité de ces crédits, de façon à investir dans ceux qui apportent de véritables garanties sociales et environnementales.
Mais, au-delà du fonctionnement propre à ce marché, le traité des Nations unies sur la pollution par les plastiques et la coopération mondiale pour assurer la transition vers une économie circulaire seront décisifs.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/14/les-credits-plastiques-visent-a-permettre-aux-entreprises-d-atteindre-la-neutralite-plastique_6117470_3232.html>
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9- Que retenir du « débat du siècle », première causerie de la campagne sur l’écologie ?, Vert.eco, 14/03/22
Anne-Sophie Novel

Le talk chaud. Imaginé par les quatre ONG à l’origine de « l’Affaire du siècle » – Oxfam, Notre affaire à tous, la Fondation pour la nature et l’Homme et Greenpeace – le « débat du siècle » s’est tenu ce dimanche 13 février sur la plateforme en ligne Twitch. Cinq des douze candidat·es à la présidentielle ont eu l’opportunité de présenter plus amplement leur vision de l’écologie. 
Je
« Nous méritons une discussion de fond pour savoir comment les candidat·es comptent sortir la France de l’illégalité climatique », annonçait l’Affaire du siècle en amont de ce « débat présidentiel 100 % consacré au climat ». En parallèle d’une pétition qui avait rassemblé quelque 2,3 millions de signataires, ces ONG sont parvenues à faire condamner l’État pour son inaction en la matière. Celui-ci doit désormais rattraper son retard sur ses propres objectifs (Vert). Après avoir essuyé le refus de plusieurs chaînes de télévision, la coalition a organisé ce débat avec le streamer politique Jean Massiet et la journaliste Paloma Moritz (Blast).
>> Suite à lire à :
<https://vert.eco/articles/que-retenir-du-debat-du-siecle-premiere-causerie-sur-lecologie-de-la-campagne>
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10- Dix-huit nouvelles entreprises rejoignent la charte environnementale du e-commerce, Actu-environnement, 15/03/22
Philippe Collet

Le 14 mars, le ministère de la Transition écologique a annoncé que 18 nouvelles entreprises ont signé la « charte d'engagements pour la réduction de l'impact environnemental du commerce en ligne ». Cette dernière avait été lancée en juillet 2021 par les pouvoirs publics et la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Le ministère annonce aussi que « le premier comité de suivi de la charte aura lieu en juillet 2022 pour dresser un bilan d'étape, qui sera publié chaque année ».
Les nouveaux signataires sont Afibel, Agrizone, Blancheporte, Boulanger, Damart, E.Leclerc, Électro Dépôt, Fleurance Nature, FM Logistic, Kadolis, Leroy Merlin, Manutan, Mondial Relay, Quel Bon Plan, Sédagyl, Tikamoon, Topaz et Vitrine magique. Ils rejoignent les quatorze enseignes du commerce en ligne engagées depuis l'été dernier, parmi lesquelles La Redoute, Cdiscount, Rakuten France, Fnac-Darty ou encore Ebay et Veepee. À noter qu'Amazon, le géant du secteur, n'a toujours pas signé la charte.
Cette charte s'appuie sur trois piliers : un engagement en amont à sensibiliser et informer le consommateur de l'impact environnemental de la livraison de son achat (les enseignes devraient notamment proposer plusieurs modalités de livraison à partir du 1er janvier 2023) ; une réduction du suremballage et de l'impact environnemental des emballages lors de la préparation de l'expédition des colis ; et le recours à « une logistique respectueuse de l'environnement », grâce, par exemple, au regroupement de l'expédition des produits commandés en même temps par un même consommateur.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/18-entreprises-signature-charte-environnementale-e-commerce-39270.php4>
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11- Taxe carbone aux frontières de l'UE : accord de principe des Etats membres, L’Info Durable avec AFP, 15/03/22

La Commission européenne avait proposé en juillet d'établir un "mécanisme d'ajustement carbone aux frontières" de l'UE, pour taxer dès 2023 certaines importations (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité) au prix du marché carbone européen, en fonction des émissions liées à leur production.
Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Finances ont approuvé mardi à "une très large majorité" un compromis sur ce texte, dont la France fait une priorité pour les six mois de sa présidence tournante de l'UE. Cette "orientation générale" des Etats intervient alors que le Parlement européen doit se prononcer d'ici l'été sur le projet de la Commission. Ensuite, les Vingt-Sept arrêteront leur position finale et engageront des pourparlers avec les eurodéputés pour trouver un accord définitif.
"C'est une décision majeure pour l'UE", a salué le ministre français Bruno Le Maire. "Nos efforts pour décarboner nos industries, notre métallurgie, nos cimenteries, nous ne voulons pas les perdre en réimportant des produits largement carbonés et moins chers qui nous livrent une compétition inéquitable", a-t-il plaidé.
>> Suite à lire à :
<https://www.linfodurable.fr/politique/taxe-carbone-aux-frontieres-de-lue-accord-de-principe-des-etats-membres-31357>
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12- Décryptage. Taxe carbone aux frontières de l’Union européenne : le début d’un long chemin, Le Monde, 16/03/22, 22h43 
Cédric Vallet (Bruxelles, correspondance)

Si le conseil des ministres des Vingt-Sept a trouvé, mardi, un accord sur un « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » de l’UE, les étapes sont encore nombreuses avant l’adoption du texte. 
La taxe carbone aux frontières de l’Union européenne (UE) progresse, mais le chemin est encore long et tortueux pour qu’elle soit adoptée. Mardi 15 mars, les ministres de l’économie et des finances des Vingt-Sept se sont mis d’accord sur leur approche commune du « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières »(MACF). Dans le domaine de l’environnement, l’adoption d’un tel dispositif fait figure de priorité numéro « 1 » de la présidence française du Conseil de l’UE.
A l’issue de la réunion, Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances a vanté une « décision majeure pour l’UE ». Sur Twitter, Emmanuel Macron a salué l’issue favorable du Conseil d’une exclamation : « L’Europe avance ! » Pourtant, la partie est loin d’être terminée.
> Lire aussi Le casse-tête de la taxe carbone aux frontières de l’UE
Le Parlement européen n’a pas encore voté sa position sur le texte et ne le fera pas avant le mois de juin. Il ne devrait donc pas engager les négociations avec le Conseil avant septembre. « Il est malgré tout très positif de savoir que le Conseil est en faveur de ce mécanisme d’ajustement », reconnaît Mohammed Chahim, eurodéputé néerlandais, du groupe des socialistes et démocrates (S&D), rapporteur du texte pour le Parlement européen.
Car la taxe carbone aux frontières de l’UE, traditionnellement portée par la France, est loin d’être une évidence. C’est un véritable serpent de mer européen, qui fut d’abord évoqué par Jacques Chirac, puis repris par ses successeurs, et finalement jamais retenu.
S’armer face à la concurrence déloyale
En juillet 2021, la Commission européenne a présenté la taxe carbone comme l’une des pièces maîtresses du « Green Deal ». Son principe : imposer un surcoût aux produits importés dans l’UE, calculé en fonction des émissions de CO2 que cette production a générées. La tarification carbone de ces biens importés sera équivalente à celle payée par les entreprises européennes dans le système d’échange de quotas, le marché européen du carbone.
L’UE cherche ainsi à éviter les « fuites carbone », donc les délocalisations d’entreprises européennes vers des pays aux normes environnementales plus lâches et à s’armer face à la concurrence déloyale d’entreprises venue de pays sans tarification carbone. Selon la Commission européenne, ce mécanisme poussera les pays tiers à « verdir leurs procédés de production ». Dans un premier temps, cinq secteurs sont concernés : le fer et l’acier, le ciment, les engrais, l’aluminium et la production d’électricité.
> Lire aussi « La mécanique de la taxe carbone aux frontières de l’Europe ressemble à une bombe économique »
La taxe carbone est associée à un autre dossier brûlant : la réforme du système d’échange de quotas d’émissions de l’UE. Et c’est là que le bât blesse. Les ministres veulent engranger des succès sur la taxe carbone et repoussent à plus tard leur positionnement sur la réforme des quotas de CO2. « Cet accord ignore complètement des éléments essentiels au bon fonctionnement du MACF, regrette Mohammed Chahim. On ne peut pas finaliser un texte sans l’autre. Les deux sont étroitement liés. »
En effet, le MACF a pour vocation de remplacer progressivement le précédent système de protection des « fuites carbones », c’est-à-dire l’allocation de quotas gratuits d’émissions de CO2, dont bénéficient de larges pans de l’industrie européenne, surtout ceux dont la production implique une consommation intense d’énergie. Ces droits de polluer sans frais, dont bénéficient 94 % de l’industrie européenne selon une étude de l’Institut Jacques Delors, sont régulièrement dénoncés par des ONG. « Ces quotas gratuits n’ont pas été efficaces pour décarboner l’industrie », déplore Camille Maury du bureau européen de WWF.
Pour l’ONG Action Climat, « c’est un accord sans fond »
La Commission européenne propose que la taxe carbone soit introduite progressivement, à partir de 2026, à mesure que le volume des quotas gratuits diminuera, jusqu’à leur disparition en 2035. « Le succès du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières dépend du rythme de sortie des quotas gratuits », lance Mohammed Chahim, qui préconise une fin définitive de la gratuité dès 2028. Sur ce thème, le Conseil « doit encore faire des progrès », estime-t-il dans un communiqué de presse.
D’autres points devront encore être tranchés. Par exemple sur l’utilisation des revenus issus de cette taxe aux frontières. Le Conseil privilégie le remboursement de la dette commune contractée dans le cadre du plan de relance européen alors qu’au Parlement, des voix s’élèvent pour que les futures rentrées d’argent aident à la décarbonation des pays du Sud.
> Lire aussi L’Europe se divise sur l’élargissement du marché du carbone
La saga de la taxe carbone est donc loin d’être terminée. Pour le réseau Action Climat cet accord « rapide » a été obtenu « en vue des élections » françaises. Car aux yeux des ONG, « un accord sans mention de la fin des allocations gratuites n’aura presque pas d’impact. C’est un accord sans fond ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/03/16/taxe-carbone-aux-frontieres-de-l-union-europeenne-le-debut-d-un-long-chemin_6117820_3244.html>
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13- Entretien. Les crèches intergénérationnelles pour apprendre à faire société ensemble, Entrepreneurs d’avenir, 16/03/22

A la suite de leur master HEC Entrepreneurs, Pauline et Astrid se lancent dans un projet qui met en lumière un enjeu qui leur tient à cœur : l’intergénérationnel ! 
Tom&Josette est une crèche intergénérationnelle née en 2018. Comment ce projet a vu le jour ?
Pauline Faivre : Nous avons fondé Tom&Josette avec mon associée Astrid Parmentier pendant le master HEC Entrepreneurs.
Tom&Josette est né de deux constats : il y a aujourd’hui 2,5 millions de personnes qui ont plus de 85 ans en France et il manque 350 000 places en crèches.
On a pensé que la réponse à ces deux enjeux était l’intergénérationnel : concrètement on intègre des crèches de 12 enfants dans des établissements qui accueillent les personnes âgées comme des EHPAD, des résidences sénior et on permet à Tom et Josette de se voir tous les jours !
>> Suite à lire à :
<https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/les-creches-intergenerationnelles-pour-apprendre-a-faire-societe-ensemble/>
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14- Entretien. « La sobriété est un enjeu de justice et de solidarité, avec les “gilets jaunes” hier ou les Ukrainiens aujourd’hui », Le Monde, 17/03/22, 05h13 
Propos recueillis par Claire Legros

Le politiste Bruno Villalba considère, dans un entretien au « Monde », que la guerre en Ukraine agit comme un « révélateur » du lien entre nos modes de vie et leurs conséquences sur les équilibres planétaires. 
Bruno Villalba est professeur de science politique à l’école AgroParisTech, membre du laboratoire de recherches Printemps, où il travaille sur les effets des contraintes écologiques sur l’organisation de la démocratie. Il a dirigé (avec Luc Semal) Sobriété énergétique. Contraintes matérielles, équité sociale, perspectives institutionnelles (Quæ, 2018).
Comment analysez-vous les appels à modérer la température des logements, au nom du refus de financer la guerre de la Russie en Ukraine ?
Cette réaction traduit une prise de conscience bienvenue que notre mode de vie contribue à financer les bombes qui pleuvent sur les Ukrainiens. Cette guerre agit comme un révélateur du lien tangible entre nos actes quotidiens – la température de nos appartements, la vitesse de nos déplacements, notre niveau de consommation – et leurs conséquences sur des familles qui fuient la guerre ou, ailleurs, le réchauffement climatique.
Mais cette prise de conscience doit être nuancée. Si nous sommes prêts collectivement à faire un effort de solidarité, très vite se pose la question du pouvoir d’achat, qui reste en tête des motivations des intentions de vote à la présidentielle. La stabilité du prix de l’essence à la pompe demeure aussi une priorité pour nos gouvernants.
> Lire aussi Election présidentielle 2022 : le pouvoir d’achat hante la campagne
Tout cela témoigne d’une forme de dissociation entre le constat et les actes. Il est regrettable que la plupart des appels à baisser la température de nos chauffages négligent la notion de justice sociale. Tout le monde ne va pas souffrir de la même façon de la crise énergétique qui s’annonce.
Nombreux sont ceux qui dénoncent une « sobriété subie », parce qu’ils vivent aujourd’hui dans la précarité. Que leur répondez-vous ?
La justice sociale est une question centrale quand on parle de sobriété, comme on l’a vu lors du mouvement des « gilets jaunes ». Les mesures de sobriété doivent être pensées en tenant compte des inégalités. Faire peser des politiques d’économie d’énergie sur les catégories sociales qui sont déjà en situation de sobriété contrainte sur le plan de la mobilité, de la consommation ou de l’énergie n’est pas tenable.
> Lire aussi Guerre en Ukraine : « L’impérialisme carbure encore et toujours aux énergies fossiles »
A l’inverse, l’idée, largement partagée dans la classe politique, que la productivité pourrait résoudre les inégalités sociales est un leurre, car elle se heurte aux limites planétaires. Maintenir l’idée d’un « rattrapage pour tous » grâce à la relance, c’est faire de fausses promesses qu’on ne pourra pas tenir durablement, parce que le stock de ressources est fini. Et c’est encore plus vrai si on raisonne à l’échelle de la planète. Il y a plutôt un travail de péréquation à établir pour accéder à un bien-être équitablement partagé.
Nous sommes incités à faire des efforts en attendant que l’on ait substitué au pétrole et au gaz russes d’autres ressources énergétiques. La sobriété peut-elle être transitoire ?
Cette vision montre bien que l’on reste dans une logique d’abondance, et pas de sobriété. Ces appels à la modération s’inscrivent dans le même registre que la « chasse au gaspi » de la fin des années 1970, après les chocs pétroliers, quand les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) imposaient une augmentation drastique des prix.
Cette politique d’économies visait alors à accompagner le passage de la dépendance au pétrole du monde arabe vers le déploiement du programme nucléaire français. Dès que la ressource nucléaire a été prête, on a pu repartir comme avant, sans remettre en cause la finalité des dépenses énergétiques, bien au contraire, puisque c’est à partir de cette époque que s’est généralisé le passage au tout-électrique individuel dans les appartements, une catastrophe dont les locataires payent depuis le prix fort.
> Lire aussi Pierre Veltz : « L’économie de sobriété que nous devons construire doit rompre avec l’accumulation d’objets inutilement complexes »
Aujourd’hui encore, on reste dans l’idée que l’on va pouvoir apporter une solution technique et rebondir par l’innovation, sans voir que l’on ne fait que déplacer le problème. La réduction de l’usage de la voiture n’est pas au programme ; on va remplacer les véhicules thermiques par des véhicules électriques, c’est-à-dire nucléaires, et accroître notre dépendance aux pays producteurs d’uranium et à une ressource qui est, elle aussi, limitée en stock, sans parler des 
menaces nucléaires et de la charge que nous imposons aux générations futures.
La substitution pourra fonctionner pendant un court délai, mais après, nous nous retrouverons dans une situation encore plus dégradée.
La crise d’approvisionnement d’énergie doit nous interroger sur notre besoin frénétique de consommer de l’énergie et l’inégale répartition de cette consommation. La sobriété ne peut pas être une étape transitoire, sauf à méconnaître la réalité et les limites de la planète, ainsi que les conséquences de ce déni pour des millions de personnes.
Comment expliquer que nos gouvernants aient du mal à mobiliser durablement l’idée de sobriété face aux crises ?
La sobriété est un sujet très compliqué à manier en politique, car elle remet en cause un imaginaire de l’abondance qui imprègne profondément depuis trois siècles nos sociétés.
C’est une notion ancienne, présente dans la plupart des grands courants philosophiques dès l’Antiquité, mais de façon différente. Chez les stoïciens, la modération était un impératif moral individuel. Il s’agissait de réduire ses aspirations pour rester maître de soi-même. A l’ère chrétienne, au contraire, la sobriété n’était pas un choix personnel, mais une obligation religieuse, nécessaire à l’ordre du monde. Comme l’ont décrit les historiens Jacques Le Goff et Régine Pernoud, l’objectif de l’organisation sociale au Moyen Age n’était ni le travail ni la production, mais la célébration de Dieu. Les corporations professionnelles limitaient la quantité de biens que chaque artisan avait le droit de produire, car le but de l’existence n’était pas de s’enrichir mais de sauver son âme. L’idée de modération a donc joué un rôle important dans l’organisation sociale au Moyen Age avant d’être marginalisée dans les sociétés modernes.
Comment s’est diffusé l’imaginaire de l’abondance qui prévaut aujourd’hui ?
Le tournant date du XVIIe siècle, une époque où se conjuguent des découvertes exceptionnelles, notamment géographiques, des connaissances scientifiques et techniques, et la naissance d’idées nouvelles. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se construit l’idée d’un monde sans limite que décrivent très bien les atlas de l’époque, une « terra incognita », comme l’a décrit le livre du même nom d’Alain Corbin [Albin Michel, 2020], où les frontières reculent au fur et à mesure des découvertes.
> Lire aussi La sobriété, cette « évidence » devenue un angle mort de la société de consommation
A cela s’ajoute l’imaginaire d’une profusion du vivant. Lewis et Clark, les premiers explorateurs des Etats-Unis, décrivent des hordes de bisons de plusieurs kilomètres, des nuées d’oiseaux qui « obscurcissent le ciel ». Le monde semble s’offrir aux Occidentaux qui vont pouvoir l’exploiter autant qu’ils le veulent, car ils disposent – et c’est nouveau aussi – des techniques et de la connaissance scientifique pour le faire.
Les économistes des XVIIIe et XIXe siècles produisent un récit selon lequel les ressources sont sans fin. Il suffit presque de taper sur le sol pour que le charbon jaillisse. L’économiste français Jean-Baptiste Say [1767-1832] écrit, en 1803, dans son Traité d’économie politique que « les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement ». Naît aussi l’idée que de toute façon, si elles viennent à s’épuiser ici, on ira les chercher ailleurs. On colonisera d’autres territoires, et les peuples qui y vivent, pour maintenir cette abondance.
De quelle façon ces découvertes s’articulent-elles avec l’idée de liberté individuelle ?
Ce bouleversement s’accompagne d’une philosophie et d’un modèle politique. Mis à part Jean-Jacques Rousseau, tous les philosophes modernes définissent la liberté de l’individu par sa capacité à déterminer ses propres choix et à les réaliser. Pour y parvenir, la démocratie va construire une extension constante des droits – droit de propriété, droits politiques, sociaux et économiques – et une infinité de choix possibles pour les satisfaire.
Ce modèle politique développe à son tour un imaginaire d’une société sans limite ; il se constitue « hors sol », comme l’ont montré les travaux des philosophes Timothy Morton, Dominique Bourg ou Corine Pelluchon.
> Lire la tribune de Corine Pelluchon : « L’écologie politique doit être un projet d’émancipation »
L’utilisation intensive des ressources fossiles permet le développement des régimes démocratiques au prix d’une externalisation des contraintes environnementales. Si le modèle a fonctionné, surtout pour une partie des habitants de la planète, il se heurte aujourd’hui aux limites planétaires.
Comment renoncer à cette abondance dans un cadre démocratique ?
Dans une logique d’abondance, la sobriété peut être perçue comme une forme de renoncement à la liberté individuelle. « On n’a plus le droit de faire ce qu’on veut », entend-on parfois. Il n’est pas facile d’admettre que la multiplicité des possibilités qui nous ont été offertes jusqu’à maintenant est source de guerres et de catastrophes liées au changement climatique et qu’elle n’est plus compatible avec les limites planétaires. Il est sans doute plus facile de rechercher des alternatives plutôt que de réévaluer cette extension continue des droits.
> Lire aussi Pour la paix et pour le climat, il faut faire la « chasse au gaspi » du gaz, du pétrole et du charbon
Mais c’est oublier que la démocratie n’est pas seulement le régime politique qui donne des droits, c’est aussi celui qui organise la façon dont les citoyens s’imposent des normes communes. Organiser démocratiquement la sobriété dans un monde fini, c’est négocier collectivement ce qui est nécessaire pour que chacun ait accès à des conditions de vie décentes et définir ensemble des priorités : va-t-on utiliser l’énergie dont nous disposons pour satisfaire le confort de quelques-uns – c’est le cas de la vitesse automobile, par exemple – ou pour ce qui relève du commun ?
La revue scientifique The Lancet a publié un rapport sur les conséquences d’une baisse des approvisionnements en pétrole sur les soins dans les hôpitaux : il conclut à un inévitable rationnement des soins, car les systèmes de santé dépendent étroitement des ressources énergétiques. Comment voulons-nous prioriser l’accès aux soins ?
La sobriété n’a de sens que si elle est portée par la collectivité. Elle nécessite une définition compatible avec la pression démographique, la raréfaction des ressources et le dérèglement climatique. Elle a aussi besoin d’indicateurs qui permettent d’en modéliser les effets et de mécanismes décidés démocratiquement.
Après trois siècles d’abondance, peut-il y avoir une sobriété heureuse ?
Le seul moyen d’y parvenir est d’inventer d’autres formes de liberté, d’émancipation, d’autonomie, où l’accumulation de biens matériels n’est plus une preuve de l’épanouissement de soi. Certains l’ont compris et organisent des sociétés fondées sur de nouveaux imaginaires, dans les ZAD – les zones à défendre – par exemple.
Le philosophe Jean Baudrillard [1929-2007] avait mis en évidence, dès les années 1970, cette confusion entre le besoin et le désir, ainsi que le caractère infini des aspirations au bien-être. Aujourd’hui s’impose petit à petit l’idée que la réalisation de soi ne peut pas dépendre seulement de la satisfaction des désirs. Mais cela nécessite de remettre en débat ce que l’on considère depuis longtemps comme des évidences, par exemple le fait que la consommation est nécessaire à l’épanouissement.
> Lire aussi «  Notre addiction aux énergies fossiles nourrit le réchauffement climatique et finance la guerre qui nous menace  »
La sobriété est un enjeu de justice et de solidarité, avec les « gilets jaunes » hier ou les Ukrainiens aujourd’hui. Nos modes de vie ont des conséquences sociales qu’on connaît bien désormais sur les autres humains et sur les « autres terrestres », comme les animaux, selon l’expression de Val Plumwood [1939-2008]. L’intérêt de la sobriété, c’est de remettre au cœur de la question politique ces interactions avec tous les vivants.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/17/la-sobriete-est-un-enjeu-de-justice-et-de-solidarite-avec-les-gilets-jaunes-hier-ou-les-ukrainiens-aujourd-hui_6117843_3232.html>
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15- Interview. « Mettons la même ambition sur le sujet de l’impact que sur celui des ventes et du produit ! », Kat Borlongan, directrice de l’impact chez Contentsquare, ancienne directrice générale de la French Tech, Reporters d’Espoirs, 17/03/22

Nommée directrice de la Mission French Tech en 2018, Kat Borlongan a contribué à façonner l’image startup de la France en lançant le French Tech Visa et French Tech Tremplin, deux programmes au service de l’égalité des chances. Décidée à faire évoluer les choses, elle vient de rejoindre l’une des plus belles licornes françaises en tant que directrice de l’Impact. Elle est l’une des rares, sinon la première, personne à occuper ce poste dans une entreprise du secteur de la technologie, rattachée au plus haut niveau de l’entreprise.
Vous avez dirigé la Mission French Tech pendant trois ans et demi. De quel programme êtes-vous la plus fière ?
J’ai sans aucun doute deux programmes favoris.
Le premier est le Visa French Tech : je suis naturalisée française depuis décembre 2021 et le drame de la carte de séjour, pour l’avoir vécu, est une expérience désagréable et blessante. Le fait de créer un visa pour dire « Vous êtes bienvenus en France, venez écrire l’histoire avec nous » me tient à cœur. En octobre 2018, je parlais pour la première fois publiquement en tant que Directrice Générale de la French Tech aux côtés du président de la République. Nous avons annoncé que nous mettrions en place ce programme d’ici mars. Cela me surprenait moi-même de penser qu’on arriverait à faire bouger le système de l’immigration mais on a réussi à le faire, avec même un peu d’avance !
Le deuxième, c’est Tremplin : un programme qui va chercher des personnes éloignées de la technologie –en raison d’obstacles culturels, économiques ou sociaux-, pour les amener dans cet univers et leur donner les mêmes chances qu’à des personnes de milieux plus privilégiés. Beaucoup d’expérimentations témoignent qu’injecter ainsi davantage de diversité dans l’écosystème peut le faire grandir.
>> Suite à lire à :
<https://reportersdespoirs.org/itw-kat-borlongan/?_thumbnail_id=26322>
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16- « Écologies du smartphone » : quelle culture mobile pour l’Anthropocène  ?, Usbek & Rica, 18/03/22
Sophie Kloetzli 

Dirigé par Laurence Allard, Alexandre Monnin et Nicolas Nova, l’ouvrage collectif Écologies du smartphone. Sur les traces de l’extraction et au-delà (éd. Le Bord de l’eau), en librairie ce vendredi 18 mars, est une invitation à « décoloniser » cet objet iconique de notre époque et à inventer une nouvelle culture mobile respectueuse des limites planétaires.
Clarifions d’emblée les choses : il n’est pas question ici d’imaginer un smartphone véritablement « écolo » ou « éthique », comme cherche à le faire Fairphone et une poignée de constructeurs alternatifs. L’ouvrage s’attache plutôt à exposer les multiples facettes du problème écologique posé par cette « technologie zombie ». Une expression du physicien José Halloy pour décrire une invasion d’appareils difficiles à recycler, qui peinent à « mourir » et s’accumulent dans la biosphère, tout en étant d’une certaine façon « déjà morts au-delà du siècle » parce que « la criticité des matériaux va enclencher un processus de restriction forcée.  »
Si la sobriété numérique s’impose aujourd’hui, le chemin pour l’atteindre est semé d’embûches. À la fois technologie « mortifère » et « compagnon d’existence connecté et support d’attachements en tout genre » (Laurence Allard), le smartphone révèle tout au long des textes de cet ouvrage précieux son ambivalence fondamentale. Une tension qui ne fait que s’exacerber à mesure que l’« habitabilité de la Terre pour l’humanité » se réduit et qu’émergent les nouvelles générations «  endogènes au numérique », de telle sorte qu’il apparaît difficile d’imaginer des trajectoires «  de renoncement ou de détachement  » collectives, soulève Alexandre Monnin dans la continuité de la réflexion exposée dans Héritage et fermeture (Divergences, 2021). Que l’on pense aussi à quel point cet outil devient de plus en plus indispensable en France pour les activités les plus ordinaires (services bancaires, services de l’État, etc.).
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/fr/article/ecologies-du-smartphone-quelle-culture-mobile-pour-l-anthropocene-cologies-du-smartphone---quelle-culture-mobile-pour-lanthropocne>
En savoir plus : 
> Ecologies du smartphone <https://www.editionsbdl.com/produit/ecologies-du-smartphone/>, de Laurence Allard, Alexandre Monnin & Nicolas Nova, Editions Le Bord de l’eau, 18/03/22
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17- Dans son nouveau projet présidentiel, Emmanuel Macron oublie (encore) l’écologie, Vert.eco, 18/03/22
Anne-Sophie Novel et Mathilde Picard

Make our planet great again, again ? Ce jeudi, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Emmanuel Macron a présenté son nouveau projet présidentiel. Bien plus à droite qu’il y a cinq ans, celui-ci repose sur « trois éléments de philosophie » : « souveraineté populaire, progrès et humanisme ». L’écologie attendra.
Pendant cette longue conférence de presse, le président, en lice pour un second mandat, a annoncé vouloir « poursuivre ce qui a été commencé » – comme la réforme du marché du travail et de l’assurance chômage – tout en lançant de nouvelles mesures clairement empruntées à la droite, telles que le report de l’âge légal de la retraite à 65 ans, le durcissement des conditions du droit d’asile ou la réforme des droits de succession. S’il n’a jamais mentionné clairement les sujets liés à l’écologie, son discours s’est attardé sur certains secteurs majeurs, comme les mobilités, l’énergie ou l’alimentation.
>> Suite à lire à :
<https://vert.eco/articles/dans-son-nouveau-projet-presidentiel-emmanuel-macron-oublie-encore-lecologie>
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En audio
18- Pourquoi sommes-nous consuméristes ?, France Inter, la Terre au carré, 14/03/22
Mathieu Vidard

Qu’est-ce que le consumérisme ? Est-il vraiment à considérer sous l'angle d'une pratique individuelle ? Comment en sommes-nous arrivés à un tel système de dépendance à la consommation ?
Gobelets, vitrines, mouchoirs, déodorants, smartphones. A travers les achats de ces objets banals et utilitaires, rapidement jetés, la chercheuse Jeanne Guien analyse notre goût pour tout ce qui est neuf, rapide, personnalisé et payant.
Dans Le consumérisme à travers ses objets, publié aux éditions Divergences, elle montre ainsi que les industries qui fabriquent notre monde ne se contentent pas de créer des objets, mais créent aussi des comportements. 
Pour Jeanne Guien le consumérisme n'est donc pas à considérer sous l’angle individuel, comme la tendance personnelle à aimer consommer, mais sous l’angle de la société comme le résultat d’un ensemble d’industries de production, de distribution et qualification d’objets. 
Comprendre ce qui fonde le consumérisme dans notre société est indispensable pour réfléchir à la façon de sortir de notre système de dépendance à la consommation.
C’est aussi ce que cherche à faire Marine Foulon et l’association Zéro Waste avec le défi « rien de neuf en 2022 »…
> Emission (53 minutes) à réécouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-lundi-14-mars-2022>
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Une annonce
19- Conférence. La primauté du vivant : et si la pensée était là où on ne la pense pas ? par Dominique Bourg, Nantes-Le Lieu Unique, le 06/04/22, de 18h30 à 20h   

La modernité occidentale est née de l’affirmation que la nature se réduisait à un agrégat mécanique de particules inertes, auquel les êtres humains étaient par nature et par destinée étrangers, puisque seuls au monde capables de penser. Quelques siècles plus tard, nous sommes sous la menace de chocs et d’effondrements successifs : l’essor impulsé par le mécanicisme moderne a fini par susciter les conditions de son propre dépassement, en rendant insoutenables ses conséquences environnementales et sociétales. Dominique Bourg, dans Primauté du Vivant, montre comment notre époque commence à comprendre à la fois que le vivant est un tout, et que ce tout pense.
Le Collège des transitions sociétales, en partenariat avec le CNAM des Pays de la Loire, le Lieu Unique et la Région des Pays de la Loire, accueillera Dominique BOURG, philosophe, professeur émérite à l’institut de Géographie et de Durabilité à l’université de Lausanne. Il a contribué à l’émergence dans le monde francophone de la pensée environnementale, et a présidé jusqu’en décembre 2018 le conseil scientifique de la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme.
Auteur notamment de : Le marché contre l’humanité (2019), Retour sur Terre : 35 propositions (2020) et Primauté du Vivant (2021).
Cette soirée introduira un nouveau cycle de conférences porté par le Collège des transitions sociétales et le CNAM des Pays de la Loire, qui sera évoqué par Samuel AUBIN, directeur du Collège des transitions sociétales, et Laurence VAN ASTEN, directrice du CNAM des Pays de la Loire.
Mercredi 6 avril 2022 de 18h30 à 20h   
Lieu Unique | Entrée libre   
2 Quai Ferdinand Favre 
44000 Nantes
> Inscription dans la limite des places disponibles <https://www.eventbrite.fr/e/billets-la-primaute-du-vivant-et-si-la-pensee-etait-la-ou-on-ne-la-pense-pas-219827248217>
<https://www.eventbrite.fr/e/billets-la-primaute-du-vivant-et-si-la-pensee-etait-la-ou-on-ne-la-pense-pas-219827248217>
<https://www.imt-atlantique.fr/fr/l-ecole/ddrs/college-des-transitions-societales>
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À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
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— Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/>, 100 propositions pour prendre la mesure des changements à entreprendre pour opérer une transition écologique socialement juste.
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